Tension nerveuse

Tension nerveuse

Stress

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Le stress ou tension nerveuse est le syndrome général d'adaptation. Il s'agit d'un anglicisme : ce mot signifie contrainte en anglais. Le stress fait partie des troubles psychosociaux.

Sommaire

Vers une définition

Au sens strict du terme la définition du stress ne comprend pas la réponse de l'organisme aux contraintes mais uniquement les contraintes elles-même, par contre le terme "syndrome général d'adaptation" est approprié pour parler des réponses aux contraintes.

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Voir « stress » sur le Wiktionnaire.

Biologiquement parlant le stress est une réponse de cet organisme pour maintenir l'équilibre biologique dans un état fonctionnel.

En psychologie, la notion de stress regroupe plusieurs notions :

  • le changement, la cause extérieure provoquant la réaction, l'agent stressant ; on peut désigner ceci par les termes de « contrainte » ou de « pression nerveuse » ;
  • la réaction d'adaptation à cette contrainte, que l'on peut désigner par le terme « tension nerveuse ».

L'étude du stress fait intervenir la médecine, la psychologie et la sociologie.

Ambiguïté du concept de stress, préambule à une définition

Chacun de nous à lheure actuelle a pu utiliser le mot « stress » pour définir ce quil ressentait à un moment ou un autre de son existence et à lheure actuelle, il est très à la mode dappliquer ce terme à toutes sortes de situations de la vie autant publiques que privées.

Mais lhomme « de la rue » ne donne pas vraiment de définition précise du stress dans la mesure il nen a pas besoin puisquil le ressent déjà corporellement. Ainsi le stress, à un niveau de compréhension relativement restreint, est déjà compris intuitivement par chacun de nous. Malheureusement, cette évidence du ressenti sert dalibi à une définition peu développée et non consensuelle.

La définition du stress est souvent liée au concept de performance. Cependant, le lien entre ces deux notions nest pas si évident et ne trouve pas de consensus. En effet, pour certains individus, le stress est vital à leur performance, il décuple leurs chances de mener à bien ce quils ont entrepris. Cest dans cette optique que lon peut entendre certains dire que le stressou plutôt dans leur terme le « défi », la « motivation » — est la condition sine qua non de leur réussite socioprofessionnelle. Pour dautres individus, le stress inhibe leurs capacités et les empêche de mener à bien ce quils ont entrepris. Dans cette optique , une quantité de thérapies anti-stress ont vu le jour sur le marché des services de bien-être. Ici, le stress est lennemi quil faut combattre à tout prix pour pouvoir accéder à une vie meilleure sous tous rapports.

On constate donc que la relation stress-performance, bien que toujours évoquée lorsquon parle de stress, nest pas sujette à un consensus et pourrait provenir dune définition du stress trop peu fouillée à la base ou encore dune relation complexe mais intéressante à étudier entre le stress et la performance. D'un point de vue scientifique, le problème du consensus est aussi présent et le concept de stress reste dans le vague, le global.

Une première source dimprécision réside dans le fait que le terme stress « est déjà tout un programme puisquil désigne à la fois lagent responsable, la réaction à cet agent et létat dans lequel se trouve celui qui réagit » (Dantzer, 2002).

Une seconde source dimprécision réside dans le fait quun grand nombre de disciplines se sont intéressées au stress et quelles ont toutes insisté sur les aspects leur tenant à cœur et en laissant tomber les autres. Ce quil faut comprendre cependant, cest que le stress, hormis le fait quil soit tout à la fois la situation, létat et la réaction, doit être expliqué selon un biais bio-psycho-social et relationniste puisquil est constitué dune foule de facteurs, mécanismes ou encore réponses, tous bio-psycho-sociaux dont linteraction demeure extrêmement complexe.

Le concept de stress

Le stress a souvent une connotation négative parce que les gens lassocient à la peur ou la colère, qui sont des émotions qui nous perturbent. Cependant, une grande joie, un grand succès peuvent aussi provoquer des réactions physiologiques (tension musculaire, fatigue, etc.). Il y a deux types de stress : le stress aidant, bénéfique pour notre organisme (« eustress ») et le stress nuisible, gênant (« dystress »). Si le niveau de tension est adapté à la situation, à laction, il est bénéfique. Si au contraire, il nest pas adapté, disproportionné, il y aura encore plus de tensions et donc, des conséquences physiologiques et psychologiques. On peut donc affirmer que le stress, c'est l'ensemble des réactions de l'organisme (positives ou négatives) à une demande d'adaptation.

Il faut savoir que le stress existe depuis très longtemps déjà. Les humains ont toujours faire face à des situations déstabilisantes et qui provoquent un déséquilibre. Aujourdhui, nous connaissons ces nombreuses situations. Ce sont par exemple, nos inquiétudes concernant notre avenir économique, la vieillesse, la santé, le décès dune personne proche, etc. La plupart du temps, nous nous contentons dessayer de résoudre le problème sans essayer de savoir d il vient.

Lhomme va donc percevoir les demandes de son environnement, les traiter, et tenter de réagir à ces dernières par le biais dune gamme de comportements innés et acquis qui constitue un « potentiel personnel » de réponse, potentiel pouvant différer grandement dune personne à lautre. La plupart des chercheurs sintéressant au stress saccordent à dire que le stress a un rôle à jouer dans ce potentiel personnel de réponse. Cependant, cest au niveau de la nature de ce rôle que les scientifiques nont pas trouvé daccords.

Le stress pouvait avoir comme cause une excitation émotionnelle. Ainsi la non-spécificité serait due à des stimuli présentants un point commun quest lémotion. Nous verrons par la suite que cette non-spécificité peut en effet être remise en doute, de même que le lien unique entre le stress et lémotion.

Clinique

Le stress est l'élément qui provoque un ensemble de réactions physiologiques (sueurs, accélération du cœur et de la respiration) et psychologiques (inquiétude, troubles du sommeil) qui se manifestent lorsqu'une personne est soumise à un changement de situation.

Plus simplement, le stress cest une sensation que lon éprouve lorsque lon est confronté à une situation à laquelle on ne croit pas pouvoir faire face correctement. Il provoque un sentiment de malaise. Cest comme un réflexe de lorganisme qui agit contre les agressions extérieures. Cela va déclencher un ensemble de réactions nerveuses et hormonales.

Le stress peut permettre une mobilisation des forces physiques et mentales. Par exemple, l'élévation du rythme cardiaque et respiratoire ( notamment à une décharge d'adrénaline) permet de mieux oxygéner les muscles ; c'est une réaction animale (préparation à la fuite ou au combat face à un danger). Mais il peut aussi faire perdre les moyens et nuire à l'action ; il s'agit probablement d'une autre réaction animale (camouflage impliquant l'immobilité).

Mais cette situation épuise l'organisme. Une situation prolongée de stress entraîne une fatigue et favorise l'apparition de maladies, notamment cardio-vasculaires ; le stress au travail est une des premières cause d'arrêt-maladie (surmenage, on parle parfois de burnout ou syndrome d'épuisement professionnel pour désigner une usure extrême au travail).

Les causes du stress

On a l'habitude d'associer le stress à des situations créées par des relations humaines (passage d'un examen, conflit interpersonnel...) mais ce syndrome se manifeste pour tout changement : voyage (choc culturel, décalage horaire), changement climatique (par exemple lorsque l'on sort dans le froid), événement professionnel (licenciement, nouveau travail, changement d'équipe, changement d'école), événement familial ou sentimental (déménagement, mariage, divorce, naissance, décès, nouvelle rencontre, dispute), changement corporel (adolescence, ménopause)...

La non spécificité du stress

En 2005, une étude reprenant plus de 2000 articles médicaux reconnaît limportance du stress chronique dans la genèse de multiples affections.[réfnécessaire]

Un concept de laboratoire

La peur engendre la réaction émotive de lamygdale, assez sommaire, qui se limiterait aux options de fuite ou de combat. L'inhibition de l'action peut être le facteur déclenchant de désordres neuro-psycho-immulogiques prolongés conduisant à des pathologies multiples, qui pour linstant nont aucune spécificité.

Mais le dogme fuite/combat comme solution à la confrontation en cas de peur est-il juste ? La trilogie anglosaxone fright/flight/fight que lon pourrait transcrire en français par frayeur/fuite/affrontement serait lunique réaction biologique de lanimal en situation de stress ou devant un stimulus menaçant. Comme son nom semble ly prédestiner, Laborit fut avant tout un génie de Laboratoire. Son expérimentation se réalise avec des rats délevage enfermés dans des cages, ce qui est loin de la condition de lanimal sauvage dans la nature. Si pour la santé/survie dun animal en cage (ou dun homme !) il est permis de faire léloge de la fuite (physique ou spirituelle), tout observateur de la vie animale sauvage libre sait que le scénario naturel est tout autre. La réaction habituelle dun grand nombre despèces animales est limmobilisation ou le mimétisme dissimulateur, souvent favorisé par la peur qui décolore les téguments. Le malaise vagal humain, encore si fréquent à notre époque, déclenché par la vue du sang ou une sensation aiguë de douleur, semble un réflexe sympathique vestigial de la protection quoffrait cette immobilité et cette pâleur lors de lattaque de prédateurs, compagnons fréquents de lhomme primitif !

Irréversibilité des événements stressants

Si la peur est la source principale de linhibition de laction et de la mise en mots, léloge de la fuite comme solution, proposée par Laborit, reste du domaine de lutopie car d'après la théorie de "la palette émotionnelle", la peur n'est qu'un signal d'avoir à s'adapter que ce soit par la fuite, le combat ou le camouflage, l'important est l'adéquation de l'action avec la survie personnelle.

Et puis, lhomme peut-il toujours modifier le cours des évènements par son action ? Il existe des situations dans lesquelles aucune action physique nest possible, des modifications de son environnement auxquelles lhomme ne parvient pas à sadapter, non pas parce quil est inhibé, mais parce quil existe une impossibilité réelle daction : soit lêtre humain na jamais vécu ni connu une telle situation à laquelle il na pas appris à faire face ou à répondre, soit il existe une irréversibilité de certaines situations quaucune action humaine ne pourra modifier ou faire revenir à un état antérieur. Par exemple dans un autre registre émotionnel (lié à la tristesse), il est évident que la mort est un évènement pour le moment irréversible et que nous navons personnellement aucune possibilité de faire ressusciter lun de nos proches qui vient de mourir. La mort dun être cher ou sa séparation font partie de la liste des situations énumérées par Jacques Salomé dans sa recherche du sens de nos maux.

Bien dautres événements de la vie ont ce caractère dirréversibilité mais ils sont moins dramatiques : un divorce, un déménagement, un licenciement, le départ dun enfant de la maisonpossèdent souvent cette irréversibilité pour laquelle lhomme ne peut que subir. Ces événements de vie ont fait lobjet dune évaluation scientifique reconnue par le monde médical, dans une échelle cotée, dès 1967, par une équipe américaine, effectuée sur un large échantillon de militaires, montrant un risque de maladies qui augmente à partir dun certain score atteint par lindividu.

Échelle des facteurs du stress

(daprès Holmes et Rahe, 1967)

  • Mort du conjoint : 100
  • Divorce : 73
  • Séparation conjugale : 65
  • Emprisonnement : 65
  • Décès dun proche parent : 63
  • Blessure ou maladie physique : 53
  • Mariage : 50
  • Perte demploi : 47
  • Réconciliation conjugale : 45
  • Retraite : 45
  • Maladie du conjoint : 44
  • Maladie dun proche : 44
  • Grossesse : 40
  • Naissance : 39
  • Arrivée dun nouveau membre dans la famille : 39
  • Modification de la situation financière : 38
  • Mort dun ami intime : 37
  • Changement de travail : 36
  • Modification du nombre de disputes avec le conjoint : 35
  • Modification de responsabilités professionnelles : 29
  • Départ de la maison dun enfant : 29
  • Difficultés avec la belle famille : 29
  • Début ou arrêt de travail du conjoint : 26
  • Début ou fin de scolarité : 26
  • Changement dans les conditions de vie : 25
  • Changement des habitudes personnelles : 24
  • Conflits avec employeur : 23
  • Déménagements : 20
  • Changement des loisirs : 19
  • Changement des activités sociales : 18
  • Changement dans les habitudes de sommeil ou repos : 15
  • Changement du nombre de personnes vivant dans la famille : 15
  • Petites infractions de la loi : 11

La majorité de ces événements de vie, surtout ceux situés en haut de léchelle, les plus puissants, correspond à des situations nouvelles auxquelles lhomme doit sadapter. Or, cette nécessité dadaptation aux modifications de lenvironnement est corrélée à la notion de stress. Linconvénient majeur du concept de stress est sa non spécificité, car le type de lagent stressant na encore jamais pu être relié à un type particulier de maladie, ni même à son déclenchement qui reste très variable dun individu à un autre. Dautres facteurs doivent être pris en considération avec, dun côté les qualités psychologiques et biologiques de résistance au stress de lindividu et, de lautre les caractéristiques de la situation stressante : intensité, dimension, durée, soudaineté, imprévisibilité, nouveautéIl est évident que la mort anticipée dun proche, alité depuis plusieurs mois à cause dune grave maladie, nengendre pas le même stress quune mort subite sans signes annonciateurs. Il est aussi manifeste quun deuil vécu dans un entourage familial affectif, avec un rituel social respecté, risque dêtre moins stressant que le deuil dun proche qui sest suicidé sans laisser de raisons à son acte. La médecine aura beau progresser, elle sera toujours incapable de mesurer réellement lintensité et la qualité dun événement stressant dont le ressenti est toujours subjectif. À noter que dans léchelle de stress de Rahe, le mariage suit de près le divorce en intensité de stress. Cela sexplique par le fait que le stress est un stimulus de désadaptation, comme pouvait lêtre un mariage dans les années 1960, car les époux quittaient leur famille, leurs amis avec à la clé un déménagement lointain selon les mutations de lArmée (à lépoque et dans ce milieu plutôt conservateur, le mariage à lessai ou la cohabitation prénuptiale nétaient pas à la mode !).

Un stress vital

Lêtre humain a été doté au cours dune évolution portant sur quelques millions dannées de mécanismes neurobiologiques lui permettant de sadapter à toutes les modifications de son environnement, quelles soient physiques, sociales et/ou psychiques. Comme la démontré Claude Bernard, lorganisme vivant doit maintenir son équilibre interne (homéostasie) en mobilisant lénergie utile aux processus dadaptation. Cette adaptation est nécessaire lors des variations de lenvironnement, en particulier vis-à-vis des stimuli dagression physiologique et psychologique. Cest cette réponse aux stimuli quon nomme désormais stress. Lhomme vit en état permanent de stress, stimulation nécessaire aux rythmes biologiques.

Mais si un certain niveau de stress est nécessaire à la vie, le dépassement dun certain seuil peut devenir dangereux voire fatal, sil outrepasse les capacités dadaptation de lorganisme, d lapparition de maladies qui peuvent être rapidement mortelles. Cette relation stress/maladie apporte bien une nouvelle dimension à lapproche médicale classique. Les travaux de Hans Selye Physiologie et pathologie de lexposition au stress ont fait de ce concept le nouveau « malaise dans la civilisation » et ont suscité maintes recherches surtout dans les pays anglo-saxons.

Actuellement le stress est le seul concept médical, admis par la communauté scientifique, qui fait un pont entre le psychisme et les maladies somatiques via les réactions neuro-hormonales. Cette réaction démontre la participation du cerveau dans la genèse des maux du corps. Le Professeur J. L. Dupond, Chef du Service de Médecine Interne du CHU de Besançon, est lun des pionniers français qui a mis en exergue le rôle du stress. Dès 1987, il écrivait que « la médecine moderne a rassemblé en quelques années suffisamment darguments cliniques, biochimiques, neurophysiologiques et immunologiques pour accorder à limmunopsychopathologie le droit de naître… » Le Professeur Dupond, sappuyant sur de multiples travaux internationaux, attirait lattention du monde médical, jusqualors sourd, sur laction du stress. Il montrait son influence sur léquilibre immunitaire, avec son intervention dans certains processus dimmuno-suppression, expliquant la survenue de diverses infections, dans les allergies ou dans certaines maladies auto-immunes (maladies de système), voire dans les cancers. Ladaptation de lorganisme à lenvironnement extérieur est en effet sous le contrôle de trois systèmes dintégration qui assurent lhoméostasie interne : ce sont les systèmes nerveux, endocrinien et immunitaire. Le premier permet la transmission de signaux de type électrique modulés grâce à des neuromédiateurs ; le second utilise des messagers moléculaires ou " hormones " qui circulent et transmettent une information spécifique à distance ; le troisième transmet des messages grâce à des cellules qui circulent dans lorganisme et produisent localement des molécules actives, les "cytokines " et les anticorps.

Approche biologique du stress : historique et approche actuelle

Pour autant que l'on se souvienne, le mot stress vient du latin stringere qui signifie « rendre raide », « serrer », « presser ». Cette racine latine est reprise par la langue anglaise et en 1303 déjà, Robert Mannyng dans son livre Handlyng Synne parle du stress.

Au XVIIe siècle, la notion de stress veut dire « état de détresse » et renvoie à l'idée d'oppression, de dureté de vie, de privation, de fatigue, d'adversité, de peine ou encore d'affliction.

Dès le XVIIIe siècle, le stress prend une connotation contemporaine en renvoyant à une force, pression, contrainte, influence, un grand effort de la matière, des organes et même du psychisme.

Le médecin physiologiste français Claude Bernard fut un des premiers à donner une interprétation des effets du stress sur notre comportement, en 1868. Selon lui, les réactions dues au stress visent à maintenir léquilibre de notre organisme. Puis, Walter Cannon, un neurophysiologiste américain, appela cette recherche « homéostasie » (qui veut dire : « tendance des corps vivants à stabiliser leur organisme ») .

Le mot « stress » est apparu autour de 1940. Au départ, cétait un mot anglais (qui a changé de signification par la suite) employé en mécanique ou en physique, qui voulait dire « force, poids, tension, charge ou effort ». Ce nest quen 1963 que Hans Selye utilise ce mot en médecine, et qu'il le définit comme étant « des tensions faibles ou fortes, éprouvées depuis toujours, et déclenchées par des événements futurs désagréables ou agréables » . Il y voit des « forces potentiellement destructrices » et parle « d'état de stress » pour décrire les « changements physiques provoqués par une situation stessante ». Cest la notion moderne du stress que nous employons couramment aujourdhui.

La science va prendre petit-à-petit ses droits sur la notion et l'on constate que le stress est tout d'abord utilisé en physique métallurgique avec la loi de Hooke qui stipule qu'une force extérieure (load) agissant sur un corps, provoque une tension de ce corps (stress) qui peut se transformer en déformation (strain) (Jürgen Nitsch, 1981, p. 43-38. In Maurer Milka, 1983).

La contrainte excessive exercée sur un matériau qui devient de ce fait fatigué, déformé, cassé, rend toute tentative de retourner à létat dorigine vaine, puisque le matériau est beaucoup plus vulnérable quil ne létait auparavant, comme un trombone quon aurait déplié et quil sagirait de remettre en place. On voit donc qu'avec cette utilisation du mot stress, il y a déjà un lien créé avec une certaine forme d'adaptation l'excès de stress rendrait le matériau plus vulnérable.

À partir de cette utilisation de la notion en métallurgie, une analogie se crée pour le vivant. Il survient alors l'idée que les situations excessivement agressives (load) provoquent un stress important pouvant entraîner des maladies physiques ou mentales (strain). C'est dans cette optique que William Osler (18491919), cardiologue, montre qu'un travail pénible et de lourdes responsabilités conduisent aux tourments et à l'anxiété dont la persistance peuvent entraîner des problèmes médicaux.

Dès le XXe siècle, l'usage de la notion de stress aux organismes vivants va se généraliser, ceci sur la base de notions telles que lhoméostasie, concept créé à partir de la théorie cellulaire, et ladaptation Darwinienne. Ce lien stress-homéostasie-adaptation va faire son chemin jusqu'à nos jours et produira une littérature abondante et féconde.

Le liage de ces trois notions constitue l'approche dite biologique du stress et va permettre d'expliquer à sa façon la fonction du stress qui est l'adaptation à l'environnement, ceci dans certaines limites, et donc qui sert au maintien de la vie.

Comme on vient de le dire, le modèle biologique attache beaucoup d'importance à l'adaptation darwinienne. En fait, c'est le noyau dur de cette pensée. Pour résumer la théorie de Darwin, on dira que ladaptation correspond à lensemble des corrélations internes et externes qui font quun organisme peut vivre dune certaine manière dans un habitat donné, et y contribuer à la perpétuation de lespèce à laquelle il appartient. Cette adaptation se fait en faveur de la sélection naturelle qui prend la forme de problèmes qui sont posés à lorganisme qui, sil narrive pas à les dépasser, le feront mourir. Cest ainsi que lon peut résumer la sélection naturelle.

Maints auteurs ont pu montrer que sadapter ou être adapté à un problème peut se faire de plusieurs manières. Et pour la théorie biologique du stress, ce dernier fait partie de l'effort adaptatif en préparant les organismes vivants à des réponses musculaires rapides et intenses augmentant par même la capacité de fuir ou de lutter et donc de survivre.

Nous verrons par la suite les apports et les limites d'une telle explication, mais auparavant, nous devons retracer quelque peu le décor dans lequel cette théorie a pris place.

Homéostasie et adaptation

Hippocrate en reprenant la théorie pythagoricienne des humeurs prétend que toute « dyscrasie » ou rupture de l'équilibre normal est la cause de maladie. Hippocrate pose ainsi les bases du concept d'homéostasie et des conséquences de son dépassement.

Scientifiquement parlant, cest en 1865 que Claude Bernard observe et décrit le concept dhoméostasie, sans toutefois le nommer comme tel :

Tous les mécanismes vitaux quelques variés quils soient, nont toujours quun seul but, celui de maintenir lunité des conditions de la vie dans le milieu intérieur.

Il y aurait donc une propriété essentielle chez les êtres vivants qui serait la faculté de maintenir la stabilité du milieu interne. Cette constance du milieu intérieur est la condition « dune vie libre et indépendante » face à un environnement toujours changeant, soulignant ainsi la fonction primordiale de lhoméostasie. Lhoméostasie permet par exemple dans une certaine mesure à un homéotherme dêtre indépendant de la température externe, chose quun poïkilotherme ne peut se permettre puisquil ne dispose pas de la thermogenèse et des processus thermolytiques pour réguler sa température interne. Par cet exemple, on comprend que lhoméostasie est obtenue non pas par un équilibre statique, mais plutôt mobile disposant de techniques de régulation pouvant gérer lexcès ou linsuffisance.

Mais lhoméostasie ne sarrête de loin pas quaux processus thermodynamiques, mais pour reprendre Claude Bernard, à « tous les mécanismes vitaux » (op.cit.). Il existe donc aussi une homéostasie chimique, alimentaire, etc. On peut ainsi citer entre autres le rôle prépondérant du système hypophysaire dont le stress entre autres dépend, ou plus généralement du système hormonal et ses multiples fonctions dans le maintien dune homéostasie « globale ». Dès 1878, Claude Bernard montre que lorsque la stabilité du milieu intérieur est perturbée, il y a une vulnérabilité à la maladie. Claude Bernard se situe donc dans la vision hippocratique de la maladie, comme quoi le germe maladif n'est pas le seul facteur, mais qu'un dérangement de l'équilibre normal conduit à une fragilisation.

Cest Walter Bradford Cannon (1871-1945), physiologiste américain, qui crée le nom dhoméostasie à partir du grec (stasis : état, position et homoios : égal, semblable à) et il y inclura en outre la notion de stress. A partir de l'observation sur des animaux des vagues de l'estomac et de l'intestin pendant la digestion et leurs modifications, voire disparition en cas de frayeur ou crainte, Cannon va s'intéresser aux réactions émotionnelles fortes et leurs relations au corps.

En parallèle aux modifications de la digestion, Cannon observe d'autres dérèglements comme l'accélération du rythme cardiaque, l'augmentation de la sécrétion gastrique.

Dès 1915, dans Bodily Changes in Pain, Hunger, Fear and Rage, Cannon énonce sa théorie de l'homéostasie sans sécarter pour autant du concept expliqué par Claude Bernard :

Les êtres vivants supérieurs constituent un système ouvert présentant de nombreuses relations avec lenvironnement. Les modifications de lenvironnement déclenchent des réactions dans le système ou laffectent directement, aboutissant à des perturbations internes du système. De telles perturbations sont normalement maintenues dans des limites étroites parce que des ajustements automatiques, à lintérieur du système, entrent en action et que de cette façon sont évitées des oscillations amples, les conditions internes étant maintenues à peu près constantes […]. Les réactions physiologiques coordonnées qui maintiennent la plupart des équilibres dynamiques du corps sont si complexes et si particulières aux organismes vivants quil a été suggéré quune désignation particulière soit employée pour ces réactions : celle dhoméostasie.
(The Wisdom of the Body, 1932).

Cannon va chercher la cause de cette homéostasie et il prouve par une série dexpériences sur lanimal que lorsque l'organisme est soumis à une violente émotion comme la peur ou la fureur, la production dadrénaline augmente (The Wisdom of the Body). Enfin, dans Stresses and Strain of Homeostasis, article publié en 1935, Cannon décrit comment la médullosurrénale, productrice de ladrénaline, permet de faire face aux changements de température, aux besoins énergétiques ou encore aux variations de pression partielle de loxygène dans lair.

Comme on peut le voir, Cannon associe les processus homéostatiques de maintien de la vie au phénomène du stress, ceci sur leur base d'une production d'adrénaline par la médullosurrénale.

Il convient alors de se demander, dans l'optique de ce travail, la raison du stress selon Cannon. Pour ce dernier, l'homéostasie est mise en danger si les substances essentielles manquent ou sont en excès (origines endogènes) ou encore si un facteur externe est délétère (facteurs exogènes) pour l'organisme. Cannon conçoit donc l'homéostasie comme ayant certaines limites dont la transgression provoque un stress, défini par Cannon comme un stimulus endogène ou exogène provenant du déséquilibre trop important de l'homéostasie. Chez Cannon, le stress se situe donc d'une certaine manière dans le pathogène car il est la conséquence de processus homéostatiques sollicités jusqu'aux limites de leurs marges d'adaptation fonctionnelle. Ainsi, à long terme, l'organisme est fragilisé, vulnérabilisé (position de Bernard et Hippocrate), et ne pourra reprendre sa capacité homéostatique d'origine. Pour prouver ce fait, Cannon citera les maladies carentielles qui une fois commencées rendent l'organisme plus faible à long terme, ceci même après une guérison.

Au niveau adaptatif à court terme cependant, le stress va conduire aux réactions de fuite ou de lutte qui sont la conséquence d'un hyperfonctionnement sympathique. Le stress a donc un rôle adaptatif essentiel à jouer car, « tout comme un matériau ne peut résister qu'à des contraintes modérées, l'homéostasie ne peut être maintenue que si les écarts à la normale restent relativement faibles. Au-delà, des processus correctifs permettant de faire face sont nécessaires : c'est le stress ». (Dantzer, 2002). Le stress pour Cannon est donc le complément à l'homéostasie qui permet de réduire au maximum les dégâts déjà engendrés à l'organisme. C'est une réaction d'urgence à court terme qui favorise la fuite ou la lutte, c'est-à-dire l'évitement de la situation pathogène. Et en ce sens, le stress est fondamental à l'adaptation d'un organisme.

Le Syndrome Général d'Adaptation ; la réaction physiologique face à la menace

Selon Eric (1994) ou encore Henri Laborit, les réponses comportementales innées préservant lintégrité de lorganisme face à la menace sont la fuite et lattaque. Ce sont deux moyens déviter la situation menaçante. Dans cette optique, la réaction physiologique de stress est totalement adaptée à la favorisation de telles réponses. En effet, les réponses physiologiques de stress préparent lorganisme à la fuite, à lattaque ou encore à lendurance de la situation menaçante.

Hans Selye est le chercheur qui a rendu populaire la notion de stress physiologique. Il a pu montrer que lorsque léquilibre homéostatique est perturbé par une demande environnementale, lorganisme réagit toujours par une double réponse. La première est spécifique et correspond à une réponse propre aux demandes environnementales, tandis que la deuxième est non spécifique car elle est identique en toutes situations. Cette dernière est une réponse innée et stéréotypée qui se déclenche delle-même dès que lhoméostasie est perturbée. Ainsi peu importe que lagent stressant soit dorigine physique ou psychique, interne ou externe, objectif ou subjectif, plaisant ou déplaisant, la réponse non spécifique, physiologique, humorale et endocrinienne, sera toujours la même :

Le fait que lagent (ou situation) que nous rencontrons soit plaisant ou désagréable nest daucune importance ; la seule chose qui compte cest lintensité de la demande de réajustement ou dadaptation.

Cette réponse non spécifique, Selye a pu lobserver au cours de ses études médicales dans les années 1920 (raconté dans Le stress de la vie, 1975). En effet, Selye avait été frappé du fait que les diverses formes de réaction de choc observées en cliniquele choc des brûlés, le choc septique, le choc hémorragique, etc. — étaient toutes associées à des manifestations cliniques identiques, à savoir :

En 1936, Selye retrouva ces mêmes symptômes chez des rats à qui il avait injecté des extraits placentaires et ovariens de vaches. À cette époque, il conclut que ces extraits doivent contenir une substance nocive dérangeant le receveur. Il va cependant sapercevoir que la réponse organique sera toujours la même quelle que soit linjection. Selye va donc en conclure quil existe une réaction non spécifique, toujours la même, de lorganisme pour répondre à lagression environnementale.

Selye va consacrer sa vie à létude de cette réaction non spécifique de lorganisme à toute demande qui lui est faite. Dès 1950, il lappellera le « Syndrome Général dAdaptation » (SGA) ou encore « stress ».

Le SGA représente pour son auteur lensemble des réactions de défense de lorganisme étant constant pour chaque individu. Ainsi chaque personne posséderait un SGA plus ou moins fort et ainsi aurait une capacité dadaptation différente.

Trois grandes phases sont présentes dans le SGA : il y a tout dabord la phase dalarme avec son choc et contre-choc, la phase de résistance et pour finir la phase dépuisement. Notez que les explications qui suivent sont pondérées de recherches plus actuelles qui agrémentent le discours de Selye.

La réaction dalarme

Cette première phase est aussi appelée « phase de choc ». En effet lorsque nous recevons le « stimulus stressant » (ce qui nous stresse, l'événement) notre corps est confronté à un choc. Notre organisme va tout faire pour s'adapter à cette situation : cette phase correspond à la réaction par des phénomènes généraux non spécifiques face à la présence dune demande environnementale dadaptation à laquelle lorganisme nest pas encore adapté. La réaction dalarme commence tout dabord par un choc, un état de surprise à lagression, et qui altère léquilibre fonctionnel. Cest un état généralisé et intense de souffrance, qui rend lorganisme encore plus vulnérable à la demande dadaptation qui lui a été faite. Cette phase peut durer de quelques minutes à 24 heures.

Si le choc ne conduit pas à la mort, lorganisme peut se ressaisir et met en jeu des moyens de défenses actives. C'est une réaction d'urgence à court terme qui favorise l'évitement de la situation pathogène. La réponse endocrinienne et neurovégétative de cette phase, appelée « réponse sympathique ou hypothalamo-sympathico-adrénergique », peut être expliquée assez brièvement comme nous allons essayer de le faire.

Tout commence à lhypothalamus. Par le biais du système nerveux sympathique, ce dernier stimule la médullosurrénale qui est la partie centrale des glandes surrénales (sur les reins). Cette dernière déclenche alors la sécrétion dadrénaline et de noradrénaline. Pour plus de précision, la médullosurrénale peut aussi être activée par le système nerveux à différents niveaux, autres que lhypothalamus (région du cerveau située en dessous du thalamus, qui est le centre nerveux qui commande les fonctions vitales). En effet, le bulbe, la moelle, la voie réflexe (zone sino-carotidienne, peau) ou encore le mécanisme humoral homéostatique (par la surveillance du taux dadrénaline circulant dans le sang), sont aussi capables de stimuler la médullosurrénale (Jean Rivollier, sous la direction de Le Scanff et Bertsch, 1995).

Il est à noter en outre que lhypothalamus est, entre autres, en lien avec le cortex (analyse cognitive et perceptive), le système limbique (intégration de lexpérience et des réactions affectives), etc. Il y aurait donc un lien entre la cognition, lémotion, bref la perception dune situation et la réaction de stress. Cependant, Selye na pas été aussi loin dans son développement en refusant limportance de la perception de lindividu dans la réaction de stress.

Comme nous lavons dit précédemment, après activation, la médullosurrénale se met en marche et produit ladrénaline et la noradrénaline. Ces hormones augmentent la pression artérielle, accélèrent notre rythme cardiaque et notre respiration puis augmentent le taux de sucre dans le sang. À ce moment , nos pupilles se dilatent et on voit mieux. La mémoire et la réflexion saméliorent. Notre digestion est ralentie.

Ces dernières visent tout dabord la mobilisation des stocks dénergie par les procédés de lipolyse (destruction des graisses) et glycogénolyse (mise en circulation du glycogène de réserve, par hydrolyse) dans le but de fournir une énergie suffisante aux muscles. En outre, en ce qui concerne les muscles squelettiques, les catécholamines favorisent la dégradation du glycogène et la production de lactate. En ce qui concerne le cœur, les catécholamines augmentent le débit cardiaque, la pression artérielle, le volume systolique, etc. En ce qui concerne la circulation sanguine (circulatoire), les catécholamines favorisent lapport en oxygène des muscles au détriment des organes digestifs. Pour finir, les catécholamines stimulent la libération dhormones au niveau de lhypothalamus pour favoriser une reconstruction de lénergie épuisée. Il est bien clair que la production de catécholamines a encore beaucoup plus deffets que ceux mentionnés. Nous avons cependant ne mentionner que les plus importants.

En conclusion, on peut dire que la production des catécholamines par la médullosurrénale vise la mobilisation puis la dépense de lénergie dans une réaction d'urgence à court terme (réaction ne dépassant pas quelques minutes) qui favorise la fuite ou la lutte en permettant aux organes liés au mouvement daccroître leur fonctionnement. Cette augmentation aigue des catécholamines peut cependant avoir des effets néfastes chez certaines personnes : palpitations jusqu'à l'arrêt cardio-circulatoire par fibrillation ventriculaire, de l'angine de poitrine jusqu'à l'infarctus du myocarde. Un stress intense, même court, peut provoquer une dysfonction transitoire, d'installation très rapide et importante du muscle cardiaque, régressive en quelques jours ou semaine, appelé syndrome de Takotsubo[1].

La phase de résistance

Cette deuxième phase constitue lensemble des réactions non spécifiques provoquées par un agent stressant qui persiste et auquel lorganisme sest adapté au cours de la phase de contre-choc.

Si le « stimulus stressant » persiste, notre organisme entame une phase de résistance. Il va essayer de rassembler des ressources pour trouver un nouvel équilibre. À ce stade, le stress est considéré comme bénéfique pour notre organisme. Par exemple, si un enfant doit réciter un poème devant la classe, il aura une poussée dadrénaline. Ceci va améliorer sa mémoire et stimuler sa pensée. Ce sera bénéfique pour lui. Par contre, sil accorde trop dimportance à ces conséquences, il va devenir plus nerveux, il aura plus de tension, etc. Ce ne sera pas favorable pour lui.

La phase dalarme est très coûteuse pour lorganisme et ce dernier se doit de compenser les pertes dénergie. Lors de la phase de résistance, la résistance vis-à-vis de lagent stressant est accentuée.

Au niveau endocrinien et neurovégétatif, cette phase de résistance peut sexpliquer par lactivité de laxe hypothalamo-hypophyso-surrénal, mis en place dès la phase dalarme : la sécrétion de corticolibérine ou « corticotropin releasing factor » par les noyaux antérieurs et latéraux de lhypothalamus induisent une production de corticotropine (ACTH) par le lobe antérieur de lhypophyse (adénohypophyse).

La présence de plus ou moins dACTH dans le sang, va moduler quant à elle la sécrétion de la corticosurrénale (couche périphérique de la glande surrénale) consistant entre autres :

  • dhormones métaboliques faites de glucocorticoïdes (cortisol, cortisone) destinées à mobiliser les réserves dénergie sous forme dhydrate de carbone. Par lactivation denzymes, la glycémie va être augmentée. À forte dose, les glucocorticoïdes sont anti-allergiques, anti-inflammatoire en inhibant le système immunitaire pour diminuer les réactions du corps face à lendommagement des tissus.
  • de minéralocorticoïdes (aldostérone et corticostérone) qui interviennent dans lhoméostasie ionique en favorisant par exemple la conservation du sodium dans le sang et les inflammations.

Par cette explication tributaire de la simplification, on voit donc bien que le corps est en recherche dune nouvelle énergie, combat les inflammations possibles et cherche à renforcer ses manques notamment au niveau ionique. Il vise donc une résistance optimisée face à la situation aversive.

Les conséquences médicales peuvent être notables : après le décès d'un membre d'un couple, la mortalité du survivant est très nettement augmentée dans les quelques mois qui suivent[2]. De même, le taux de troubles du rythme ventriculaire graves s'est fortement majorée dans le mois suivant l'effondrement des « twin towers »[3].

La phase dépuisement, les maladies de ladaptation

En revanche, si le stress continue trop longtemps, l'organisme se fatigue. La colère ou la dépression peuvent aussi apparaître. Le stress va non seulement avoir des effets physiologiques, mais aussi psychologiques. Quand la personne est face à une situation stressante, son comportement ainsi que sa perception de lenvironnement sont modifiés. Mais il ne faut pas oublier que chaque individu réagit de façon différente face à une situation semblable. Ce qui peut être véritablement stressant pour nous, peut être simplement gênant pour quelquun dautre. Cest notre façon de voir, de ressentir un évènement qui le rend plus ou moins stressant. Il y a des incidents, des situations qui sont considérées comme étant stressantes en général par la plupart des individus.

Donc, si la demande adaptative persiste, il arrive un moment lorganisme ne peut plus fournir l'effort qui lui est demandé; il est incapable de compenser les dépenses dénergie et nos défenses immunitaires faiblissen nous rendant plus sensibles aux agressions externes. Lépuisement va se caractériser par un retour à la phase initiale de choc, mais cette fois les phénomènes dépuisement lemportent sur la défense active et peuvent conduire jusquà la maladie ou la mort.

Lépuisement provient du fait que lorganisme a fonctionner en surrégime et que par décompensation il fonctionne mal. Le cœur, les artères, lestomac, les intestins, la peau ou les défenses immunitaires sont atteints de maladies telles que les ulcères, lhypertension voire linfarctus, lasthme, leczéma, le cancer, etc. Pour autant, les causes ne sont pas claires : même si le stress en lui-même peut induire des changements comportementaux délétères (prise de toxiques, hyper alimentation...), il semble qu'il puisse générer directement des anomalies et il s'agit, en particulier, d'un facteur de risque reconnu de maladies cardio-vasculaires[4].

Le SGA a donc ses limites, des limites physiologiques qui font que lorganisme ne peut pas aller au-delà de ses forces. Cette affirmation évidente est reprise par Holmes et Rahe (1963) qui montrent que la quantité dunité de changement a une influence sur la santé de lindividu. Ainsi, pour 10 personnes comptant plus de 300 unités de changement en une année, 8 souffraient de problèmes de santé, comparativement à 3,3 pour des individus ne dépassant pas le seuil des 150 unités de changement. On conçoit donc bien avec les observations de Holmes et Rahe que le capital dadaptabilité nest pas infini comme nous pourrions le penser et que chaque cause provoquant une réaction de stress entame ce capital.

Deux exemples prégnants soffrent à nous pour illustrer cette idée ; tout dabord laffaiblissement du système immunitaire par le SGA et puis leffet du stress sur le cerveau. Le système immunitaire est grandement affecté lors du déclenchement du syndrome général dadaptation. De nombreuses expériences sur lanimal et sur l'homme l'ont montré, et selon Baer et al., le cortisol en serait la conséquence. Il y aurait donc une fragilisation de la réponse immunitaire et donc de la défense de lorganisme face à des corps étrangers à lorganisme.

Selon Baer et al., le cortisol serait aussi la cause de modifications dans le cerveau. En effet, le cortisol, produit par la corticosurrénale, agirait sur le cytoplasme de nombreux neurones. Steve Kerr et al., (IN : Baer) ont pu montrer quun des effets du cortisol, à lintérieur des neurones, était quil permettait lentrée dun plus grand nombre de ions calcium (CA+). De cette manière le cortisol pourrait permettre au cerveau de mieux réagir au stress. Cependant, un stress chronique ( à nimporte quelle demande) serait aussi à la base datteintes contre le cerveau, car une surcharge de calcium à lintérieur de la cellule conduit à lexcitotoxicité, cest-à-dire à la mort du neurone par un processus combiné et sans fin de rentrée de calcium à lintérieur de la cellule, ce qui crée la libération de glutamate, ce dernier favorisant la rentrée de calcium en dépolarisant le neurone

Approche psychologique du stress

introduction

Avec lapproche biologique du stress, nous avons vu que lorsque lorganisme doit sadapter à une demande environnementale, le corps dispose dajustements physiologiques non spécifiques répondant à cette demande. On se rappelle que pour lapproche biologique du stress, il importe peu que lagent stressant soit dorigine physique ou psychique, interne ou externe, objectif ou subjectif, plaisant ou déplaisant, puisque la réponse non spécifique est toujours la même et que la seule chose qui compte cest lintensité de la demande de réajustement ou dadaptation.

Comme ont pu le remarquer maints chercheurs, les organismes ne réagissent pas de la même façon lorsquils sont confrontés aux mêmes événements. Par exemple, certains individus tomberont malades, alors que dautres non (Holmes et Rahe, 1963). Il y aurait donc des variables individuelles rentrant en ligne de compte lorsquon parle de stress. Lapproche biologique a pu expliquer ces différences individuelles par le biais dune capacité dadaptation différente chez chaque individu. Cependant, dautres expériences comme celle de Friedman et Rosenman avec leur pattern comportemental de type A (1959) ont montré que ces différences individuelles ne peuvent être expliquées seulement par une capacité dadaptabilité différente, mais aussi dans le fait que par un acte de pensée différent, certains individus parviennent à moduler leur stress. De cette manière le stress physiologique est diminué.

Dautres expériences, comme les effets du bruit sur l'exécution de certaines tâches, montrent aussi limportance de variables contextuelles. En effet, un niveau sonore habituellement considéré comme stressant et perturbant peut aider à maintenir un niveau de performance lorsque les sujets sont fatigués comme a pu le montrer entre autres Broadbent (1971). Lapproche biologique est incapable denglober une telle découverte puisque pour elle le contexte nest pas important. Les résultats prouvent malgré tout quil lest.

En outre, comme ont pu le montrer Scott et Howard en 1970, « Certains stimulus, en vertu de leur signification particulière pour certains individus, sont susceptibles de ne provoquer des problèmes qu'à une partie des personnes ; alors que d'autres stimulus, de part leur signification plus largement partagée, provoqueront des problèmes à un plus grand nombre de personnes ». Il y aurait donc aussi des variables socioculturelles lorsquon parle de stress.

La relation de cause à effet stresseur => stress est donc remise en cause petit-à-petit et on se rend compte quil faut ajouter quelque chose à lexplication, cest-à-dire la perception, au sens phénoménologique, qua lindividu de la demande qui lui est posée. Les chercheurs sur le stress vont alors aussi se pencher sur cette perception individuelle du stress en cherchant à mieux comprendre sa construction, son mode de fonctionnements, ses racines, ses effets sur lorganisme, etc.

Stress et épuisement professionnel

Le syndrome d'épuisement professionnel est un surmenage physique, épuisement professionnel ou autre, dont les répercussions psychiques manifestent un désordre "somato-psychique", alors que le stress est une angoisse d'inadaptation ou autre dont les répercussions physiques manifestent un désordre endocrinien "psycho-somatique". Le premier, de physique, arrive au psychique et le deuxième prend son origine psychique pour déboucher sur le physique.

Le phénomène "somato-psychique" est moins populaire que le phénomène "psycho-somatique" véhiculé par la psychanalyse, dès son origine freudien.

Le traitement de linformation, lapproche cognitive du stress

Lazarus (1984) est un des leaders de lexplication psychologique, il est le premier à montrer que le stress ne peut être envisagé par un simple lien de cause à effet du type « stresseur => stress » mais quil y a un phénomène perceptif dynamique et individuel qui est plus important que lagent provoquant le stress lui-même. Selye a dailleurs bien compris les manques de sa théorie à ce niveau en disant à la fin de sa vie : « le stress, ça nexiste pas, cest une abstraction ». Par cette phrase, il tend à souligner que lagent stressant nest pas celui objectivé dans la nature, mais plutôt celui qui est perçu par lindividu. Lindividu nest donc pas passif, il va rechercher activement des informations en donnant du sens à ce qui lentoure, en privilégiant certaines informations provenant de lenvironnement, tout en en oubliant dautres. Cest ainsi quaprès des années détudes du stress à partir dun pôle uniquement biologique, lexplication psychologique fait surface pour améliorer les manques de la précédente.

Le traitement de linformation est constitué de plusieurs variables, comme on a pu le voir précédemment : lindividualité, le contexte ou encore lapproche socioculturelle de tel ou tel événement.

Pour faire court, on peut dire que le stress ici est « un état psychologique issu de la perception dun déséquilibre entre les attentes perçues et lautoévaluation de ses propres capacités à rencontrer les exigences de la tâches ». Cette définition de Jacques Larue (sous la direction de Le Scanff et Bertsch, 1995) montre que le stress est ressenti par lindividu lorsque ce dernier ne se sent pas à la hauteur des demandes quil perçoit. Cette définition nintroduit cependant pas toute la dimension quantitative du stress, dimension modulée au niveau dun traitement de linformation très complexe dont nous allons essayer den comprendre au mieux les fondements.

Lorsquun individu est soumis à une demande environnementale, ce dernier procède, souvent de manière inconsciente, à une évaluation cognitive (cognitive appraisal). Lazarus et Folkman (1984) distinguent deux sortes dévaluation. Il y a dabords lévaluation de la situation même. Cette première évaluation (primary appraisal) se fait à partir de caractéristiques personnelles appelées ressources ainsi quà partir de la perception de certains facteurs environnementaux. Cette évaluation est une première ébauche de la situation telle quelle est perçue par lindividu. En second lieu, une seconde évaluation (secondary appraisal) est faite par lindividu, elle consiste en lestimation de ses propres capacités à faire face à la demande. Cette estimation se fait sur la base de différentes simulations internes pour « faire face » (coping) au mieux à la demande. Après le choix dune stratégie, lindividu peut réévaluer la situation une nouvelle fois. Lapproche de Lazarus et Folkman inclut donc une dynamique cyclique en intégrant un feed-back permettant au sujet de savoir si sa stratégie est efficace. Ce concept est intéressant dans la mesure dès le moment le sujet se croit capable de contrôler ou saccoutumer à la situation qui demande adaptation, alors cette dernière perd son effet perturbateur sur lorganisme.

On constate que le traitement de linformation dans le cas dune situation stressante découle de plusieurs variables. Nous allons les expliquer brièvement.

Les ressources personnelles

Les ressources personnelles contribuent à faire en sorte que chaque individu réagisse différemment au stress. En sappuyant entre autres sur Dorhenwend et Dorhenwend (1974. In Paulhan et Bourgeois, 1991, p. 34), on peut dire que les ressources personnelles pour faire face à une situation de crise, sont multiples. Citons-en quelques unes :

  • Les seuils de perceptions psychologiques et biologiques ;
  • lintelligence, qui peut favoriser une évaluation plus approfondie autant de la situation que de ses propres capacité à y répondre ;
  • Les types de personnalité notamment entrevus dans les observations de Matthews et al. (1982. In Spencer, 2000) ainsi que Holmes et Will (1985. In Spencer, 2000). Ces auteurs montrent quil existe plusieurs types de comportement ayant des buts dexistence fondamentalement différents. Ainsi un comportement de type A serait caractérisé par un sentiment durgence, de compétitivité et dhostilité, alors quun comportement de type B serait plutôt la recherche du temps libre, du plaisir, de la réalisation de soi, etc. Ces types de comportement seraient responsables dune évaluation différente de la situation et de ses capacités individuelles. Le taux de stress serait alors changé. Dautres pans de personnalité auraient en outre aussi une influence sur la réaction de stress, comme cest le cas avec lextraversion ou lintroversion (Dennebaker et Susman, 1986. Dennebaker et OHeron, 1984. In Spencer, 2000)), les personnes ne pouvant parler de leurs problèmes sont plus victimes de maladies ;
  • létat psychologique-physiologique (cognitif et émotionnel), qui interfère énormément dans lévaluation autant de la situation que de sa propre personne. Ainsi une personne déprimée sera bien moins à même de faire une double évaluation en sa faveur ;
  • lexpérience passée, puissant modulateur de stress qui permet autant de relativiser que de dramatiser la situation présente;
  • Les croyances, dont des croyances irrationnelles (Albert Ellis, 1977, 1985, 1987. In Spencer. 2000) qui sont des « ouvertures à la détresse », parce que créant un stress supplémentaire. Ces croyances sont du type : « tout le monde devrait maimer », ou encore « je devrais être le meilleur au moins dans un domaine », etc. Dautres formes de croyance peuvent aussi moduler notre stress, comme le fait de croire en Dieu, en la Science, en lAmour, etc. Ces croyances nous aident à supporter les aléas de lexistence, ils fixent une base solide sur laquelle reposer dans un environnement en perpétuel mouvement.
  • Le lieu de contrôle ou « locus of control » est un sentiment caractéristique différent chez chacun et relatif à la croyance irrationnelle de maîtriser (ldc interne) ou non (ldc externe) son existence. Il paraît bien évident quun lieu de contrôle interne est un puissant modérateur de stress, tandis quun lcd externe favorise une réaction de stress exacerbée. En outre, les individus disposant dun lcd interne avec un haut degré dattente defficacité sont encore moins sujets au stress que ceux qui nont guère confiance en eux.
  • Le sens de lhumour, prédisposant celui qui en a une meilleure résistance aux situations stressantes.
  • etc.

Les ressources personnelles sont donc, comme on peut le voir, multiples. Ces ressources sont toutes plus ou moins différentes pour chaque individu et il se peut aussi que certaines ressources soient partagées plus que dautres. Pourtant, si lon dressait le profil psychologique des ressources de chacun, il y a de fortes chances pour que chaque individu soit différent des autres. Cette différence pourrait être une explication de la diversité des réponses en situation stressante.

Les facteurs environnementaux

Certains facteurs environnementaux sont pris en compte par lindividu, dautres non. Un autre individu pourrait tout à fait sappuyer sur dautres indices situationnels pour donner sens à ce quil perçoit. En fait, tout dépend de ce qui est prégnant pour lui. Ce qui fait sens pour lindividu dépend de ses propres ressources personnelles.

Les caractéristiques de la situation, le soutien social perçu, les influences socioculturelles, lâge, le niveau socioculturel, la profession, etc. peuvent être des classes dindices utiles à lindividu pour son évaluation de la situation.

Certains facteurs environnementaux servent dindices presque chaque fois quils sont présents dans la situation qui demande adaptation, et ceci par presque tous les individus. Cest notamment le cas de la prévisibilité et de lhabituation :

La prévisibilité permettrait de réduire les effets du stress comme a tenté de le prouver Weiss (1972) avec son expérience sur des rats. Dans cette expérience la variable indépendante était la possibilité ou non de prévoir une décharge grâce à un signal lumineux puis dappuyer sur un bouton pour arrêter cette décharge. La variable dépendant était la grosseur moyenne des ulcères et il fut évident que les rats les plus touchés par des lésions stomacales étaient ceux qui navaient pas été avertis à lavance. Cependant, dautres études (Laborit) ont pu montrer que le fait dêtre averti dun danger et de ne pas pouvoir agir sur lui était encore pire que le fait de ne pas pouvoir agir sans être averti. Ainsi la prévisibilité est un modérateur de stress pour autant que lorganisme se sente en mesure de contrôler lagent stresseur.

Lhabituation, modérateur du stress, est un « terme désignant la diminution progressive et la disparition dune réponse normalement provoquée par un stimulus lorsque ce dernier est répété. [..]. Le terme dhabituation semploie pour une réponse inconditionnelle non apprise, telle que la réaction dorientation observée lorsquun stimulus nouveau apparaît dans le champ perceptif » (Richard, 2002). Ainsi dans lexemple dun stress, la chronicité de celui-ci désensibilise en partie lorganisme, ce qui permet une approche moins stressante de lagent provoquant le stress.

En conclusion, on peut donc dire que certains indices environnementaux sont utilisés par tout le monde dès que cest possible, tandis que dautres seraient en fonction dun consensus moins largement partagé et dépendent par exemple de la culture, de la profession, dune certaine croyance, etc.

La théorie de la motivation

Découlant principalement dauteurs tels que Dewey, Toynbee, Cohen (1980. In Daillard, 2002) ou encore Low et McGrath (1971. In Daillard 2002), cette théorie stipule que la perception dune situation stressante est un puissant stimulant et conduit toujours à une motivation supplémentaire. Par même, la performance est améliorée. Ici, le stress est vécu comme un défi que lindividu se fait un honneur de surmonter. Au contraire, un manque de stress conduirait à une motivation diminuée.

Cette théorie nous paraît de premier abord très simpliste lorsquon parle du lien quil y a entre le stress et la performance de ladaptation. En effet, un stress provoquant un supplément de motivation peut tout à fait être observé chez des individus ayant un comportement de type A qui se complaisent dans lurgence. Cependant, qu'en est-il des individus ayant des comportements de type B et qui ne sont en aucun cas motivés intrinsèquement par des conditions stressantes pour effectuer une performance ? Il semble bien clair que cela ne soit pas le cas.

En outre, le lien stress donc motivation supplémentaire ne fonctionne que si lindividu a un haut degré dattente defficacité (voir « traitement de linformation ») qui le motive intrinsèquement à performer au maximum de ses capacités.

La théorie de la motivation, malgré une validité douteuse, nous fait cependant remarquer que la réponse de stress nest pas le seul facteur influençant la performance. Dès lors, si lon veut étudier le lien entre le stress et la performance adaptative, il faut avant tout trouver les autres variables influencants elles aussi la performance. De cette manière, ces autres variables ne constitueront plus des variables parasites si elles sont prises en compte.

La motivation pourrait donc être un des multiples facteurs entrant en interaction avec le stress et déterminant la performance. Pour des raisons de scientificité, les chercheurs ont souvent substitué le terme « effort » à celui de « motivation », ce premier étant observable et objectif par la quantité dénergie dépensée par lorganisme, mais dépendant directement de la motivation.

La théorie de lattente de Vroom (1964) stipule que leffort consacré à une tâche est fonction de trois variables.

Il y a premièrement « lattente » qui est la conviction quun effort dune certaine intensité entraînera une certaine performance. Le sujet peut penser quil ny a pas ou peu de relation entre son effort et la performance quil obtient. Son attente serait alors faible ou nulle.

Deuxièmement, « linstrumentalité » qui est la perception des chances dobtenir la récompense escomptée si la tâche est réalisée.

Et pour finir, la « valence » qui correspond à limportance que le sujet donne à la récompense obtenue en cas de réussite.

Cette théorie, en décortiquant les raisons motivationnelles qui poussent un individu à fournir un certain effort, sous-entend aussi que les sources de stress inhibant la performance peuvent être multiples dans ce processus.

Tout dabord avec lattente : comme on vient de le voir, le sujet peut penser quil ny a que peu de rapport entre son effort et sa performance. Dans ce cas, il a un degré dattente bas. Pour nous, ce dernier correspond à un manque dattente defficacité tel que nous lavons défini dans lapproche cognitive du stress. Or nous avons vu que ce degré dattente defficacité était un puissant modérateur de stress. Bandura (1985. In Spencer, 2000) a pu le prouver en démontrant que lorsquune personne se trouve en présence dobjets qui lui font peur, un haut degré dattente defficacité est accompagné dun faible taux dadrénaline et de noradrénaline dans le sang. Bandura nest pas le seul chercheur à avoir pu montrer cet état de fait, dautres chercheurs, sintéressant notamment aux compétitions sportives, ont pu le montrer aussi.

Le « degré dattente defficacité » ou « attente » est donc une variable qui module tout à la fois le stress et la motivation. Ainsi, du moment quune performance est entre autres fonction de ces deux variables, le degré dattente defficacité est doublement bénéfique.

Pour linstrumentalité se pose le problème de lincertitude, cest-à-dire lorsque le sujet nest pas en mesure de savoir ses chances de réussite lors dune tache accomplie au mieux. aussi, ce facteur est constitutif en même temps de la motivation ainsi que de la réaction de stress. En effet, si lincertitude provoque la démotivation, elle est aussi à la base dune réaction de stress exacerbée. Cela peut être expliqué simplement : nous avons vu précédemment quun lieu de contrôle interne était capable de modifier fortement le stress. En effet, les individus pensant que tout sur terre est fondé sur le principe méritocratique- à chaque peine, son mérite et sa récompense- sont moins à même déprouver du stress que les gens comprenant que la principe méritocratique nest pas entièrement vrai et quil réside une grande part dincertitude dans la réussite de nos actions.

Lincertitude, entrevue dans un lieu de contrôle externe, est donc un facteur constitutif du stress et de la motivation, tout comme le degré dattente defficacité.

Pour finir, la valence, cest-à-dire limportance accordée à la récompense, peut elle aussi conduire a un stress supplémentaire. En effet, que dire dun individu qui désire fortement un résultat (valence haute) tout en ne pensant pas disposer des ressources nécessaires à la réussite de ce résultat ? Ce type d'individu sera clairement soumis à une forte dose de stress.

On voit donc que les variables constitutives de la motivation sont aussi toutes présentes dans lexplication de la réaction de stress. En outre, selon la théorie de la motivation de Vroom et la définition du stress que nous avons donné auparavant, stress et motivation sont fortement corrélés: la démotivation est synonyme de stress dysfonctionnel et conduit à une performance dégradée, tandis que la motivation est synonyme de stress fonctionnel et conduit à une performance améliorée.

La théorie de lattente de Vroom est donc complètement en accord avec la théorie de la motivation. Cependant, le pôle motivationnel du stress, bien que présent, nest pas le seul, et ce dernier est plus que le découlant automatique et unique de la motivation. Fort de ce propos, nous allons continuer sur une théorie complètement différente qui pense que le stress est contreproductif.

Les stratégies de coping et stratégies dajustement

Le mot « coping » vient du verbe anglais « to cope with » dont il faut retenir la signification de « faire face à ». Selon Lazarus (1984), les capacités à « faire face » ou « coping » correspondent à lensemble des pensées et des actes développés par le sujet pour résoudre les problèmes auxquels il est confronté et ainsi de réduire le stress quils engendrent, le coping vise donc la minimisation du lien stress-détresse. Le coping est toujours présent lorsque lindividu a perçu une demande dadaptation et comprend beaucoup de processus autant conscients quinconscients.

Concernant les processus inconscients, nous pouvons citer les mécanismes de défenses observés par Freud comme le déni, le déplacement, lagressivité objectale, lintellectualisation, etc.

Les processus de coping conscients sont soumis aux lois de lapprentissage; on les appelle alors les stratégies dajustement au problème. Ces stratégies sont constituées de trois grandes classes : les stratégies dajustement axées sur le problème, axées sur les émotions et pour finir sur lhygiène de vie (Spencer, 2000).

Toutes les stratégies dadaptation axées sur le problème visent la diminution ou lélimination du stress par un acte cognitif et comportemental en agissant directement sur la source du stress. Lattaque, lévitement, les techniques de résolution de problèmes constituent des stratégies axées sur la résolution du problème. Des fois cependant, le problème ne peut être changé et il faut sen accoutumer tant bien que mal. Les stratégies dadaptation axées sur les émotions peuvent rendre alors un grand service à lindividu. Elles correspondent à une stratégie cognitive et émotionnelle qui permet de diminuer, voire déliminer le stress en percevant la source de stress différemment. La relaxation sous ses diverses formes (training autogène, Jakobson-Wolpe, sophrologie, Yoga, méditation, oraison, etc.), lhumour, lexpression des émotions, la comparaison sociale, sont des stratégies dadaptation axées sur lémotion. Pour finir, les stratégies dadaptation axées sur lhygiène de vie favorisent la prévention à la guérison. En pleine forme lindividu sera plus à même de supporter les demandes environnementales.

Une approche cognitivobiologique du stress et sa fonction dans ladaptation

Lexplication biologique ne nous a paru pas suffisante pour expliquer un concept aussi complexe que le stress. En effet, comme nous lavons vu, une telle explication ninclut à aucun moment le psychisme de lorganisme qui perçoit la situation selon certains cadres de pensée ; dans lexplication biologique du stress la réaction de stress est directement liée à une situation provoquant la stress, cette dernière tenant lieu de référant objectif vis-à-vis du stress ressenti.

Cependant, comme on peut le constater par la suite même avec des procédés aussi simples évolutivement parlant que lhabituation, la réaction de stress est toujours fonction dune demande perçue par lorganisme, et non en fonction de la demande objective elle-même. Cette position est en accord avec la pensée cognitiviste qui pense quentre la situation réelle et la réaction de stress, il y a tout un traitement de linformation, fondamentalement différent chez chacun, et qui serait capable de moduler le stress ressenti.

Une autre limite de lexplication biologique a déjà été mentionnée, cest le concept de non-spécificité de la réaction de stress ; cest une réponse innée et stéréotypée qui se déclenche delle-même dès que lhoméostasie est perturbée. Ainsi peu importe que lagent stressant soit dorigine physique ou psychique, interne ou externe, objectif ou subjectif, plaisant ou déplaisant, la réponse non spécifique sera toujours la même. Si lon se souvient nous avions remis en doute cette non spécificité de la réaction de stress pour deux raisons principales.

Premièrement, le lien entre hypothalamus et cortex en plus du système limbique laisse présager que ce nest pas seulement la quantité dadaptation demandée (par le biais des émotions) qui est transmise à lhypothalamus, mais aussi la qualité de cette adaptation par une perception provenant du cortex.

Deuxièmement, plusieurs auteurs nuancent les travaux de Selye, et mettent en évidence des patterns de réponses au stress présentants des différences. Par exemple, Cox & Cox (1985. In Rivollier, sous la direction de Le Scanff et Bertsch, 1995) observent des différences de réponse sécrétrices d'adrénaline et de noradrénaline à diverses situations de stress. Ils montrent également une sensibilité de sécrétion en fonction des caractéristiques du travail telles que le mode de rémunération et la cadence de travail. La conclusion de cette étude est que l'activation de noradrénaline est en relation avec l'activité physique, les contraintes psychologiques et les frustrations engendrées par les types de tâches, alors que l'activation d'adrénaline est liée au sentiment d'effort et de stress.

Concernant lexplication physiologique, les conclusions de Cox et Cox sont très intéressantes. En effet, noradrénaline et adrénaline, bien quayant la même fonction durant la phase dalarme, nont pas le même potentiel de transmission de linformation : laction de ladrénaline est une forme atténuée de laction noradrénergique. Ceci sexplique par une sensibilité réduite des récepteurs noradrénergique alpha pour ladrénaline. Ainsi, lhypothèse que lon peut faire est que la médullosurrénale diminue la production de noradrénaline au profit de ladrénaline, conduisant à une phase dalarme diminuée avec les avantages que cela peut apporter dans certaines situations.

Non-spécificité de la réponse et objectivisme « contre-phénoménologique », sont donc les deux grandes critiques que lon peut faire à lexplication biologique et surtout lexplication de Hans Selye.

La position cognitiviste quant à elle, na pas eu le même genre de problèmes. Elle a eu cependant des difficultés à relier le psychisme aux points forts de lexplication biologique. Ainsi, on a pu voir des définitions du stress excluant le pôle physiologique du stress, comme cest le cas avec la position de Jacques Larue (sous la direction de Le Scanff et Bertsch, 1995: « un état psychologique issu de la perception dun déséquilibre entre les attentes perçues et lautoévaluation de ses propres capacités à rencontrer les exigences de la tâche ».

Mais le stress est aussi un état physiologique, comme peuvent nous le montrer de multiples exemples de la vie quotidienne. Dailleurs, des auteurs tels que Selye ont pu montrer limpact du stress sur le corps avec les maladies dites « de ladaptation ». De ce fait, on ne peut rayer le pôle biologique du stress et lon se doit de lintégrer à une définition englobante.

Si lon regarde la littérature sur le stress, il y a eu relativement peu dessais entrepris pour relier précisément les deux explications. Nous allons essayer den donner une comme hypothèse et qui rassemble ce que lon a vu depuis le début de ce travail :

Tout commence par la perception de la situation constituée dun traitement cognitif et émotionnel de linformation. Ce traitement de linformation est constamment remis à jour.

Le pôle émotionnel du traitement de linformation est en relation avec lactivation de la réaction de stress physiologique, comme a pu le montrer Cannon. Il a observé quune émotion déclenchait la sécrétion de catécholamines, provoquant ainsi la réponse immédiate du syndrome général dadaptation. Concernant l'aspect physiologique, lémotion pourrait transmettre comme information à lhypothalamus, la quantité dajustement (adaptation) à fournir.

Le pôle cognitif du traitement de linformation pourrait transmettre des informations à lhypothalamus sur la nature de la situation perçue. Ce renseignement pourrait permettre par la suite une plasticité de la réponse de stress en fonction de la situation.

Sans pour autant rentrer plus dans les détails physiologiques- cela prendrait trop de temps- lapport principal de ce schéma est quil lie dune manière directe le traitement cognitif et émotionnel de linformation à la réaction physiologique de stress, réaction quil considère comme spécifique. Pour ces deux raisons, le schéma sécarte de la définition du stress faite par Selye.

On a vu précédemment les avantages dune réponse spécifique de stress : le fait que la médullosurrénale diminue la production de noradrénaline au profit de ladrénaline, pourrait conduire à une phase dalarme moins violente. Ainsi la perception de certaines situations pourrait conduire à une phase dalarme moins violente.

Affinement du lien entre le stress et l'adaptation

Nous avons tenté jusquà présent de donner une définition globale du stress comme une réaction psychique et physiologique résultant de la perception dune attente de lenvironnement, cette attente demandant un effort dadaptation. À partir de cette définition, nous avons tenté de donner les conclusions directes de limplication de la réaction de stress dans ladaptation. La plus importante de ces conclusions était de dire que la perception de lindividu tenait une place centrale dans le déclenchement physiologique dune réaction de stress. En allant plus loin, nous avons suspecté que les effets du stress sur la performance étaient en partie le résultat de modifications au niveau du traitement de linformation.

Empiriquement parlant, nous avons pu justifier cette position en montrant quil existait des modulateurs psychologiques de stress (voir plus haut « le traitement de linformation »), modulateurs qui avaient lair davoir une influence sur la réaction de stress, et par la même sur la performance.

Certaines théories, plus ou moins dactualité, évoquant le lien entre le stress et ladaptation pourraient être mentionnées ici ; les théories de la motivation, de linterférence ou encore de la combinaison font partie de celles-. Ces diverses pensées, si elles ne sont pas toujours validées en totalité par la Recherche actuelle, ont néanmoins le mérite douvrir le débat sur de nouveaux facteurs influencés et influençant le stress ainsi que la performance adaptative.

Stress et performance adaptative

Il semble que la circularité des concepts de stress et de performance adaptative soit en partie la raison dun manque de précision en ce qui concerne le concept de performance de ladaptation :

Ce concept de performance de ladaptation est si englobant que nous pouvons le retrouver dans toutes les situations de la vie et dans nimporte quelle action de lindividu ; être performant signifie parfois être rapide, dautres fois être intelligent, dautres fois encore savoir sarrêter à temps, etc. À partir de cela, discourir sur le lien entre stress et performance adaptative paraît être une démarche illusoire car beaucoup trop globale et complexe. En fait, il paraît difficile de vouloir tirer un lien général entre stress et performance à partir dune multitude de situations aussi différentes les unes que les autres.

Dans cette optique, Hockey a pu montrer que la performance demandée était différente selon la situation. De même, il a pu montrer que le lien entre le stress et des performances spécifiques nétait pas toujours le même.

Le stress na pas la même influence sur les performances de vigilance, dattention de vitesse et de précision. Inutile donc de dire quun lien général entre stress et performance est illusoire.

De par son expérience, Hockey attire notre attention sur le fait que la provenance du stress influe aussi sur la performance. Ainsi, une situation stressante de bruit naura pas le même effet sur la vigilance quun excès de travail.

Hockey nous montre donc quil existe différents stress spécifiques, ainsi que des performances spécifiques et quil est illusoire de vouloir trouver un lien général entre stress et performance.

Dans loptique de Hockey, nous aurions donc préciser une situation précise avec la définition de performances demandées spécifiques. De même, le genre de stress auquel lindividu aurait été soumis, aurait être précisé. À partir de , nous aurions été en mesure de déterminer la relation exacte dune situation spécifique de stress sur certaines performances, elles-mêmes spécifiques.

Mais la spécificité des concepts de stress et de performance nest pas la seule raison qui empêche de trouver une relation entre eux; dans la Recherche il existe aussi plusieurs problèmes qui empêchent la découverte de liens stables entre stress et performance adaptative.

Par exemple, lexpérimentation ne peut pas vérifier la quantité de stress ressentie par lindividu puisquelle ninflue que sur la situation expérimentale elle-même. En effet, selon lapproche cognitiviste, toute la dimension perceptive ne peut être contrôlée expérimentalement. De plus, cette perception sera différente pour chacun, ce qui fait quà situation expérimentale égale, les gens ne seront pas stressés de la même manière.

En outre, la condition expérimentale, par mesure éthique, ne peut normalement se permettre de pousser lindividu dans ses retranchements et de créer chez lui un stress. En effet, créer de la souffrance chez quelquun nest pas acceptable moralement .

Pour finir, le stress étant un concept très "à la mode" depuis Selye, chaque individu a une conception spéciale de ce quest le stress et de sa relation avec la performance. Au début de ce travail, on a vu que les individus pensaient pour la plupart que le stress était un élément perturbateur dans lamélioration de leur performance. À partir de , des théories implicites peuvent apparaître et biaiser les résultats dexpériences étudiant le stress et la performance adaptative.

La relation entre le stress et performance adaptative est difficile à étudier car les concepts sont trop globaux et quils sont moralement difficiles à étudier, quils sont pris en compte dans des théories implicites et plus généralement perçus différemment par chacun. À partir de , il semble illusoire de construire une théorie du stress et de ladaptation. Cependant, les idées de Hockey pourraient constituer une voie possible en fractionnant les concepts. Elle permettrait une approche beaucoup plus fine des différents types de stress et de performances. De plus, elle éviterait les écueils de théories implicites.

La théorie de linterférence

Cette pensée stipule que le stress est contre-performant par le fait quil demande du temps et de lénergie pour lutter contre le stress par le biais des stratégies de coping. De cette manière, cette même énergie et temps ne sont pas utilisés pour résoudre la demande perçue par lorganisme (Daillard, 2002).

Si cette théorie de linterférence paraît de premier abord douteuse, elle introduit tout de même la notion dénergie. Cette énergie, limitée, ne peut être en aucun cas utilisée partout et en même temps. Le choix de lorganisme pour mettre en place une stratégie de coping va de ce fait favoriser la contre-performance.

Cette notion dénergie, bien que présente sous une autre forme, est un concept qui est déjà présent dans lapproche biologique du stress. En effet si lon se souvient, le corps durant la phase de résistance était beaucoup plus endurant face au stimulus aversif, tout en étant beaucoup plus vulnérable à une nouvelle phase dalarme. Nous verrons plus tard avec le modèle de Sanders (1983) que lénergie disponible ou manquante pourrait avoir un effet sur la performance adaptative.

La théorie de la combinaison

La brique centrale de cette théorie est constituée de la loi de Yerkes et Dodson (1908). Ces deux chercheurs ont été les premiers à décrire la relation quadratique entre le niveau dactivation et la performance dans une tâche dapprentissage.

Létude de Yerkes et Dodson portait sur des souris soumises à des chocs électriques dintensité variable sur chaque erreur discriminative visuelle. Les résultats montrèrent une moins bonne performance de rétention pour des chocs électrique de faible ou forte intensité, les meilleures performances des souris étant obtenues par des chocs dintensité moyenne.

Cette relation dite en « U inversé » qui prédit que la performance la meilleure sera atteinte par un niveau dactivation moyen, a été plus ou moins bien commentée par maintes recherches qui tentaient dexpliquer ce phénomène contre-intuitif. Ainsi certains chercheurs ont expliqué la relation en U inversé par un changement de stratégies cognitives (Tyler et Tucker, 1982 In Jean Rivollier. Sous la direction de Le Scanff et Bertsch, 1995) par le rétrécissement du champ attentionnel (Easterbrook, 1959. In Jean Rivollier. Sous la direction de Le Scanff et Bertsch, 1995), etc.

Une des meilleures explications fournies pour expliquer la loi de Yerkes et Dodson a été donnée avec la théorie de léveil de Scott (1966. In Daillard 2002). Cette théorie pense que le niveau déveil du cerveau détermine le degré dattention face à un stimulus. Ainsi léveil jouerait un rôle très important dans le traitement de linformation et par même dans la performance. De la même manière que la loi de Yerkes et Dodson qui évolue de manière quadratique, la théorie de léveil pense que seul un éveil moyen permet une performance accrue. En revanche, un éveil faible ou fort conduirait à une performance amoindrie.

Cette théorie de léveil peut paraître assez abstraite et contre intuitive. Elle est basée cependant sur des études solides telles que celle de Wilkinson (1963) qui a pu observer une relation quadratique entre linteraction du bruit et du manque de sommeil, et lefficacité-précision de temps de réaction.

Les résultats de cette recherche sont étonnants : le bruit, élément souvent considéré comme stressant peut être autant bénéfique que perturbant selon la fatigue du sujet. Pour le dire autrement, un sujet en forme et en présence de bruit est moins performant que sil était dans un environnement silencieux. Par contre un sujet fatigué et en condition de bruit environnemental sera beaucoup plus performant que sil était dans un environnement silencieux ! Cette expérience corrobore merveilleusement la théorie de léveil de Wilkinson.

On a souvent vu la loi de Yerkes et Dodson se généraliser au stress et à la performance. Mais tout comme la motivation, on ne peut pas dire que seul léveil est constitutif du stress et de la performance de ladaptation.

Le modèle énergético-cognitif du stress et de la performance de Sanders (1983)

Le modèle énergético-cognitif du stress et de la performance de Sanders (1983. In Davranche. 2003) présente les étapes et les mécanismes du traitement de linformation. Il a également l'avantage de prendre en compte leffet de leffort ( à la motivation, c.f. la théorie de la motivation) et de léveil (c.f. Wilkinson). Le concept dénergie (c.f. la théorie de linterférence) y est repris.

Le modèle de Sanders (1983) est le résultat dun conglomérat de deux approches du traitement de linformation. La première est lapproche computationnelle qui pense que la performance dépend de la qualité du traitement de linformation, traitement effectué par une succession de stades opérants des transformations de représentation (Sternberg, 1969. In Davranche). Dans cette optique, Sanders crée le « modèle sériel discret » (1980), modèle qui sera à la base de celui de 1983.

Le modèle sériel discret pense que le traitement de linformation est constitué de 4 étapes :

  1. À partir dun stimulus de départ, le cerveau effectue un pré-traitement de linformation. À ce stade, cest lintensité du stimulus perçu qui est dégagée ;
  2. La deuxième phase du traitement de linformation correspond à lextraction des caractéristiques (qualités) du signal ;
  3. Une troisième phase qui va consister dans le choix de la réponse en fonction du stimulus ;
  4. La dernière phase est un ajustement moteur face à une incertitude temporelle.

La deuxième approche adoptée par le modèle de Sanders (1983) est lapproche énergétique qui pense que la performance doit être expliquée en termes de quantité de ressources allouées à une tâche.

Sanders reprend les trois mécanismes énergétiques de Mcguiness et Pribram (1980. In Davranche, 2003:

  • a) léveil (mécanisme de base sous-tendu par le système noradrénergique (Locus cœruleus) et sérotoninergique (noyaux du raphé)) est le mécanisme énergétique permettant dextraire les caractéristiques du stimulus (qualité). Léveil est plus ou moins activé selon lintensité du stimulus extrait à partir du pré-traitement de linformation. Ce pré-traitement est activé par le stimulus. La fonction de léveil sur lextraction des caractéristiques peut être utile lorsque le stimulus perçu est dégradé ou enfouit dans un amas sensoriel. En effet, selon la pensée énergétique, il augmente les capacités de lextraction.
  • b) Lactivation (mécanisme de base sous-tendu par les systèmes dopaminergiques (Locus Niger pars compacta) et cholinergiques (Noyau de Meynert)) procure lénergie nécessaire à lexécution de la réponse (par les biais des muscles) et de sa préparation. De ce fait, on peut dire que lactivation détermine directement la performance.
  • c) Leffort (mécanisme supérieur sous-tendu par le système peptidergique (ACTH, Opioïdes)) qui coordonne léveil et lactivation afin que la qualité de la réponse corresponde à lintention initiale voulue. Il peut également aider au choix dune réponse, si ce choix se fait à partir de plusieurs alternatives. Comme on la déjà vu, leffort est soutenu par la motivation de lindividu.

Pour que lexplication soit complète, l'existence d'un mécanisme dévaluation est importante pour juger du fonctionnement approprié de léveil et de lactivation. Linformation utile à lévaluateur provient de deux retours d'information (feed-back).

Le premier feed-back renseigne lévaluateur sur létat physiologique du système. Il provient directement de léveil et de lactivation et il permet de déclencher une action immédiate de leffort en cas de déséquilibre entre ces mécanismes.

Le deuxième feed-back renseigne lévaluateur sur la performance cognitive ou comportementale réalisée. Il est comparé à la performance et à létat, obtenu par cette dernière, voulus par lindividu. Il paraît vraisemblable que la performance idéale et létat idéal voulus par lindividu soient changeants et dépendent de nouvelles informations sur le stimulus, de nouveaux buts voulus, etc.

Lorsque le feed-back de la performance obtenue nest pas jugé suffisant par lévaluateur, ce dernier active un peu plus leffort. Celui-ci quant à lui, active un peu plus léveil et lactivation puisque, en l'état, ils ne permettent pas dassurer une performance suffisante.

Nous avons vu jusque le traitement de linformation de Sanders sans y voir apparaître le stress. Nous y venons maintenant. Pour lauteur de ce modèle, le stress correspond à une sensation subjective désagréable de lévaluateur lorsqu'un déséquilibre énergétique ne peut être compensé par leffort. À partir dune telle définition, nous pouvons ressortir cinq causes principales de stress :

  1. il y a un déficit en éveil qui ne peut être compensé par un effort (ex : le sujet en privation de sommeil devant conduire sur lautoroute de nuit) ;
  2. il y a un déficit en activation qui ne peut être compensé par un effort (ex : la maladie de Parkinson avec une dégénérescence précoce des neurones dopaminergiques et ralentissement des fonctions motrices) ;
  3. il y a une sur-stimulation du mécanisme de léveil qui ne peut être enrayée par un effort (ex : le sursaut à une simulation sonore) ;
  4. il y a une sur-stimulation de lactivation qui ne peut être enrayée par un effort (ex : schizophrénie souffrant dune hyperactivité des systèmes dopaminergiques) ;
  5. leffort investi dans une tâche ne peut résoudre le problème posé (ex : problème trop complexe par rapport à la motivation).

Comme on peut le constater, Sanders a une vision très large de ce quest le stress. Nous pouvons constater que leffet de la loi de Yerkes et Dodson se fait ressentir, puisque le stress est autant dans la sur-stimulation que dans la sous-stimulation.

On comprend aussi dans cette définition de Sanders quun effort puissant, provenant dune motivation forte de lindividu, constitue une barrière protectrice contre un grand nombre de situations de stress. Un effort puissant permet une meilleure performance et donc une meilleure adaptation au problème. Dans ce modèle ce nest pas vraiment le stress qui a un effet sur la performance mais plutôt cette dernière, dans un rapport « performance perçue / demande perçue » Parce quelle ne peut pas être améliorée, tout étant insuffisante pour lindividu (demande perçue), la performance fait ressentir un stress de lévaluateur ! Cette conclusion pose le problème compliqué de la circularité de la relation stress-performance.

Remise en cause de la linéarité de la relation entre le stress et la performance

Lapproche cognitiviste face à lapproche biologique a aussi posé ce problème de la circularité des concepts de stress et de performance adaptative. En effet, on se souvient que la définition cognitiviste du stress était un état psychologique issu de la perception dun déséquilibre entre les attentes perçues et lautoévaluation de ses propres capacités à rencontrer les exigences de la tâche. Il nous apparaît maintenant très clair que cette définition inclut le fait que le rapport performance / demande influe sur le stress.

Dans le modèle cognitiviste du traitement de linformation, la performance prise en compte par lindividu se situe à deux niveaux :

  1. premièrement, au feed-back vers le traitement de linformation directement après un comportement adaptatif. Ce feed-back exprimerait à lévaluateur la nature et la quantité de la réponse restant à fournir. Ici, lon se rapproche du modèle de Sanders le stress serait à un rapport « performance perçue/Demande perçue » négatif.
  2. deuxièmement, et cest le génie de lapproche cognitiviste, le stress pourrait aussi être influencé par un rapport négatif entre la performance attendue et la demande perçue, la performance attendue correspondrait à une évaluation de la performance future obtenue avec des stratégies de "coping" choisies dans le présent !

Pour résumer, le stress proviendrait du fait que lon ne se sente pas à la hauteur de ce que lon pense devoir faire pour être adapté. En outre, le fait que lêtre humain soit capable de se représenter dans le temps à partir du présent, pourrait conduire à ce quil ressente un stress à un événement qui nest pas encore arrivé (cest le stress vu au deuxième) ou dun événement qui est déjà arrivé comme dans la cas d'un stress post-traumatique.

Par ailleurs, le stress joue aussi un rôle sur la performance de ladaptation, comme le démontrent toutes les études biologiques du stress. Selye a pu montrer par exemple, que la réaction de stress mettait lorganisme dans un état tel quil favorisait la lutte et la fuite qui sont des manières déviter une situation à laquelle on ne peut sadapter. Or, éviter effectivement une situation à laquelle on ne peut sadapter, signifie, entre autres, qu'on est adapté à son environnement.

De plus, Selye a pu montrer que lorsque lorganisme ne pouvait éviter la demande dadaptation qui lui était faite, alors ce dernier accroissait sa résistance à cette demande, ce qui montre encore le lien du stress avec la performance adaptative.

En conclusion, il semble impossible de supprimer la circularité de concepts tels que le stress et ladaptation sans léser une des théories du stress. De plus, est-il vraiment utile et possible de le faire ?

Le stress au travail

Le stress est très souvent présent dans le cadre de la vie professionnelle. Parfois, les entreprises exigent beaucoup de leurs cadres. Ceci va provoquer une situation de stress, de pression. Beaucoup de gens se plaignent dêtre stressés au travail. Il a un grand nombre de raisons pour stresser au travail : des clients impossibles, un patron trop exigent, des collègues affreux, des commérages au bureau, des délais trop courts, etc.

Il y a des personnes qui aiment la poussée dadrénaline au travail. Cela les stimule, leur redonne de lénergie dêtre confrontées au stress ; elles se sentent revitalisées. Néanmoins, ce nest pas le cas de tout le monde. Certains se sentent plutôt abattus et ceci est peut être au stress dans le cadre du travail. Voilà quelques signes qui exposent la situation de ces derniers :

  • Irritabilité, fatigue, difficulté à se concentrer, perte du sens de lhumour.
  • Ils tombent malade plus souvent, accordent moins dimportance à leur travail.
  • Ils sont impliqués dans plus de disputes que dhabitude.
  • Ils arrivent à faire moins de choses, éprouvent peu dintérêt pour leur vie en dehors du travail.
  • Ils ont du mal à se lever tôt les jours de semaine.

Le stress au travail est considéré sur le plan international, européen et national comme une préoccupation à la fois, des employeurs et des travailleurs. Ayant identifié la nécessité d'une action commune spécifique sur cette question et anticipant une consultation sur le stress par la Commission, les partenaires sociaux européens ont signé, le 8 octobre 2004, un accord sur le stress au travail dans le cadre de l'article 138 du Traité CE.

Statistiques

Voici maintenant quelques statistiques tirées du livre « gérer son stress » pour les nuls de Allen Enking:

Il existe, aux États-Unis, un institut et des métiers de sécurité et de la santé, le NIOSH (National Institute for Occupational Safety and Health). Celui-ci a réalisé le classement ci-dessous. Il a regardé dans les fichiers des hôpitaux et défini quels gens (appartenant à des professions précises) avaient le plus de symptôme liés au stress.

La liste gouvernementale des 10 emplois les plus stressants :

1. Ouvriers

2. Secrétaires

3. Inspecteurs

4. Managers

5. Opérateur de machines

6. Techniciens de laboratoire cliniques

7. Chefs de bureau

8. Contremaîtres

9. Serveur/euse

10. Propriétaires fermiers

La liste suivante a été élaborée daprès des informations remises par deux organismes américains, le National Institute on Workers Compensation et LAmerican Institute of Stress.

La liste des 10 jobs les plus stressants des instituts :

1. Instituteur/trice des écoles urbaines

2. Officier de police

3. Mineurs

4. Contrôleurs de trafic aérien

5. Interne des hôpitaux

6. Courtier en valeurs mobilières

7. Journaliste

8. Personnel des services clients/réclamation

9. Serveuses

10. Secrétaires


Un chercheur californien examine scientifiquement, depuis des années, le stress professionnel. Il a découvert deux facteurs importants dans le travail :

- La latitude de décision : le contrôle quun travailleur a la sensation davoir sur ce quil fait. - Les exigences psychologiques : les exigences et pressions du travail.

« Un job à "haute tension" est un job les exigences du travail sont fortes, mais le contrôle du travailleur est faible. »

La liste scientifique des jobs les plus stressants :

1. Serveurs/euses

2. Ouvrier sur chaîne de montage

3. Assistants soignants

4. Ouvriers de lindustrie du vêtement

5. Perforatrices

6. Opérateurs de téléphone

7. Caissiers

8. Typographes


Ces trois listes sont trois points de vue différents. Après avoir lu la première liste, on peut être surpris comme je lai été. Je me suis dit que ce ne sont pas des métiers particulièrement stressants. Quand on parle de job stressant à quelquun, il pense le plus souvent à des professions plus excitantes, comme officier de police, pompier, ambulancier, des personnes qui travaillent dans la bourse, etc. Le livre nous donne une explication possible toute simple : peut-être ny avait-il pas beaucoup de policiers et de gens exerçant ces métiers dans cet hôpital. On peut toutefois remarquer que la plupart des jobs stressants sont ceux les personnes sont constamment pressés, ou alors des métiers trop exigeants.

Nous constatons que les serveurs et serveuses sont ceux qui apparaissent sur les trois listes. Nous pouvons donc en déduire quils ont le job le plus stressant. Effectivement, ils sont toute la journée debout, en train de courir, de se dépêcher. Lorsquil y a beaucoup de monde dans le restaurant, ils sont dautant plus stressés. Les clients simpatientent souvent. Les serveurs doivent faire tout leur possible pour les servir rapidement. Dautant plus quil y a des clients qui rouspètent, qui narrivent pas à se décider rapidement, qui veulent être servis plus rapidement, qui ne sont pas contents.


La liste des jobs les moins stressants : Ces professions sont moins exigeantes et sont plus contrôlées.

1. Réparateurs

2. Chercheurs en sciences naturelles

3. Architectes

4. Programmeurs

5. Réparateurs de câbles électriques ou téléphoniques

6. Ingénieurs du génie civil

7. Bibliothécaires

8. Techniciens de la santé

9. Professeurs

Il nexiste pas vraiment de travail qui nest pas stressant. Les personnes exerçant ces métiers cités comme les moins stressants ne sont sûrement pas du même avis. De même, tous les jobs nous donnent à un moment ou à un autre des raisons pour stresser.


La première chose à faire pour mieux gérer ce stress, est de savoir d il vient. Une bonne chose à faire est de noter les déclencheurs de notre stress. Voici quelques sources du stress au travail :

  • Surcharge ou manque de travail (trop ou pas assez de choses à faire).
  • Trop ou pas assez de responsabilités.
  • Insatisfaction du rôle ou des tâches actuelles.
  • Mauvais environnement de travail (bruit, isolation, danger, etc.)
  • Longues heures de travail, insécurité de lemploi, voyages excessifs, absence de pause.
  • Espoir de promotion limité, salaire minable.
  • Problèmes avec les clients, à cause du patron, avec les collègues ou le personnel dirigé par la personne.
  • Discrimination à cause du sexe, de l'origine ou de la religion.
  • Un trajet éprouvant, intrigues politiques.

En second lieu, il faut se demander de quelle façon on peut éliminer ces déclencheurs ou au moins les limiter. On ne peut pas toujours éliminer les causes de notre stress ; dans ce cas, il faut faire un travail sur nous-mêmes.

Citations

« Le stress est létat de lorganisme dont le bien-être est menacé et qui na pas de réponses immédiate pour réduire cette menace », dans The stress of life'(Le stress de la vie), Hans Selye, McGraw-Hill, 1977.

Voir aussi

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Notes et références

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