Syndrome d'épuisement professionnel

Syndrome d'épuisement professionnel
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Syndrome d'épuisement professionnel
Classification et ressources externes
Albert Lefeuvre - Apres le travail.jpg
Louis Albert-Lefeuvre, Après le travail, 1885.
CIM-10 Z73.0

Le syndrome dépuisement professionnel est une maladie caractérisée par un ensemble de signes, de symptômes et de modifications du comportement en milieu professionnel. Des modifications morphologiques, fonctionnelles ou biochimiques de lorganisme du sujet atteint sont observées dans certains cas. Le diagnostic de cet état de fatigue classe cette maladie dans la catégorie des risques psychosociaux professionnels et comme étant consécutive à lexposition à un stress permanent et prolongé. Ce syndrome est nommé burn out syndrome[n 1] chez les anglophones, d lexpression de burnout[n 2], et « mort par surcharge de travail » (過労死, Karōshi?) au Japon.

En 1969, H.B. Bradley est la première personne à désigner, dans son article «Community- based treatment for young adult offenders», un stress particulier lié au travail sous le terme de burnout. Ce terme est repris en 1974 par le psychanalyste Herbert J. Freudenberger puis par la psychologue Christina Maslach en 1976 dans leurs études des manifestations dusure professionnelle.

« En tant que psychanalyste et praticien, je me suis rendu compte que les gens sont parfois victimes dincendie, tout comme les immeubles. Sous la tension produite par la vie dans notre monde complexe leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous laction des flammes, ne laissant quun vide immense à lintérieur, même si lenveloppe externe semble plus ou moins intacte. »

— Herbert J. Freudenberger[1]

Pour ces premiers observateurs, le syndrome dépuisement professionnel vise principalement les personnes dont lactivité professionnelle implique un engagement relationnel important comme les travailleurs sociaux, les professions médicales, les enseignants.

Létude de ces catégories professionnelles a conduit ces chercheurs à considérer les confrontations répétées à la douleur ou à léchec comme des causes déterminantes dans les cas de manifestation de ce syndrome dépuisement professionnel. Il est, à lépoque des premières observations, conçu comme un syndrome psychologique spécifique aux professions « aidantes ». Cette notion a prévalu quelque temps et a marqué durablement la conceptualisation du phénomène et lorientation des premiers travaux de recherche. Mais les connaissances accumulées depuis ces premières observations ont conduit à étendre les risques de manifestations dun syndrome dépuisement professionnel à lensemble des individus au travail, quelle que soit leur activité.

Sommaire

Identifications

Herbert Freudenberger et la première description

La littérature spécialisée admet généralement que le psychothérapeute et psychiatre Herbert Freudenberger est lauteur des premières recherches sur le syndrome dépuisement professionnel[2]. Dans son article Staff burnout publié en 1974[3], première tentative de description de laffection, Herbert Freudenberger désigne en effet par le terme Burn-Out Syndrome[4] (« B.O.S. ») un état dépuisement dans lequel se trouve le personnel soignant des Free Clinics, très investi professionnellement et émotionnellement avec des patients toxicomanes. Il définit ce burnout comme la perte de motivation dune personne pour son travail, surtout quand sa forte implication na pas produit les résultats escomptés.

Freudenberger dirige dans les années 1970 un hôpital de jour, une free clinic, accueillant des toxicomanes dans le Lower East Side de New York. Létablissement fonctionne principalement grâce à de jeunes bénévoles. Freudenberger débute ses observations après avoir remarqué que nombre de ces bénévoles finissent par perdre toute motivation après environ un an dactivité. Il saperçoit que des symptômes physiques caractéristiques accompagnent ce changement, tels que lépuisement, la fatigue, la persistance de rhumes, les maux de tête, les troubles gastro-intestinaux et les insomnies.

Dans ses travaux, Freudenberger souligne davantage les symptômes comportementaux et dresse le portrait dindividus submergés par leurs émotions. Colère, irritation, incapacité à faire face aux tensions, aux nouvelles situations, mais aussi perte dénergie sont parmi les premiers signes de ce quil nomme « craquage » ou « épuisement émotionnel et mental ». Herbert Freudenberger estime que les attitudes négatives et le recours au cynisme sont également des manifestations faisant partie du tableau clinique. Il relève des stratégies de surenchère, comme passer de plus en plus de temps au travail et déployer une hyperactivité inefficace, mais aussi des stratégies dévitement, comme la recherche de lisolement et le refus du contact avec ses collègues.

Photo
Bougie
Le burnout dune bougie illustre la métaphore de Herbert Freudenberger.

Le terme burnout[5] est utilisé à lépoque pour désigner les effets de la toxicomanie ; il représente pour Freudenberger une métaphore efficace pour désigner lensemble des symptômes quil observe. Dans la langue anglaise courante, burnout signifie « suser, sépuiser, craquer en raison de demandes excessives, dénergie, de forces ou de ressources ». « Le terme qualifie par exemple, létat dune bougie qui, après avoir éclairé de longues heures noffre plus quune flamme désuète [ténue][n 3]. »

Du fait de son expérience, Herbert Freudenberger remarque que chez les jeunes bénévoles, lengagement initial et la certitude de faire un travail significatif suffisent un temps à alimenter la satisfaction et à maintenir les efforts. Cependant, les patients quils traitent dans sa clinique résistent fréquemment et sont souvent imperméables aux conseils. Dans un tel milieu, laide et lénergie déployées par ces jeunes bénévoles sont souvent vaines. Freudenberger remarque ainsi que « cest précisément parce que nous nous sommes consacrés à notre tâche que nous tombons dans le piège du craquage »[6]. Daprès Freudenberger et Richelson en 1980, le syndrome dépuisement professionnel se développe quand les individus ont une image idéalisée deux-mêmes, se perçoivent dynamiques, charismatiques, particulièrement compétents et finissent par perdre le lien avec leur soi véritable[7],[8].

Dans cette conceptualisation du burnout, les facteurs individuels se voient attribuer un rôle important dans le développement du syndrome dépuisement professionnel, car ce sont des individus engagés et dévoués à une cause qui sont frappés. Dans cette optique, le burnout est perçu comme la « maladie du battant[9] ». En 1980, Freudenberger et Richelson le définissent ainsi[10] :

« Un état de fatigue chronique, de dépression et de frustration apporté par la dévotion à une cause, un mode de vie[11], ou une relation, qui échoue à produire les récompenses attendues et conduit en fin de compte à diminuer limplication et laccomplissement du travail. »

Le rôle précurseur dHerbert Freudenberger ne doit pas occulter que le concept d'épuisement est posé en France par Claude Veil dès 1959. Même s'il ne le définit pas pas comme un syndrome, il décrit scientifiquement les états d'épuisement au travail[12]. De même, une psychopathologie consécutive à une situation professionnelle est décrite dans la littérature américaine dès 1936 par le médecin Hans Selye[13] et 1942 par le physiologiste Walter Bradford Cannon[14] : ils définissent la physiopathologie du stress notamment chez les infirmières (« stress des infirmières »).

Christina Maslach et les relations interpersonnelles

Christina Maslach, chercheuse en psychologie sociale, compte parmi ceux qui ont contribué à imposer le concept et à asseoir sa validité. Dans un texte datant de 1993, elle relate comment les recherches quelle a menées au cours des années 1970 lont conduite, un peu par hasard explique-t-elle, à découvrir elle aussi le syndrome dépuisement professionnel[15], alors quelle sintéresse aux stratégies utilisées pour faire face aux états dactivation émotionnelle, en particulier linquiétude distante et lobjectivation comme autodéfense[16],[17],[18].

L’« inquiétude distante » renvoie par exemple chez un médecin à lattitude idéale combinant compassion et détachement émotionnel. Si le médecin est soucieux du bien-être de son patient, il est également attentif à maintenir une objectivité en évitant une trop grande implication. Le concept d’« objectivation comme autodéfense », notion introduite par Philip Zimbardo en 1970[19], exprime lidée de se protéger du débordement émotionnel en considérant des « cas » plutôt que des personnes. Face à une maladie grave, à un état particulièrement préoccupant, il est en effet plus facile pour un médecin de soigner sil oublie lindividu qui souffre et se consacre au « cas » et à ses symptômes.

Armée théoriquement de ces deux concepts, Christina Maslach démarre ensuite un programme de recherches[20] par des entretiens auprès de professionnels du champ médical[n 4] puis du champ de la santé mentale (psychiatres, infirmier(e)s de secteur psychiatriqueetc.). Lanalyse dévoile plusieurs thèmes : dabord, si les expériences émotionnelles peuvent être gratifiantes (certains patients guérissent, en effet, suite aux efforts du professionnel), elles sont le plus souvent stressantes (travailler avec des patients difficiles, déplaisants, avoir de mauvaises nouvelles à annoncer, être en conflit avec les collègues font partie des facteurs de stress). Ensuite, les professionnels sont incapables datteindre le détachement. Avec le temps, ils adoptent en effet des attitudes négatives envers leurs clients. Enfin, ils interprètent leurs expériences émotionnelles comme des échecs et sinterrogent sur leurs capacités à travailler dans ce secteur, dépréciant ainsi leurs compétences.

Décrivant par hasard les résultats de ses premières analyses à un magistrat, Christina Maslach sentend dire quun phénomène similaire apparaît chez les avocats exerçant auprès de personnes en situation de difficulté sociale[21]. Ces avocats nomment métaphoriquement ce phénomène « burnout ». Le terme, que retient aussi Christina Maslach, est en effet « dans lair ». Il désigne une manifestation qui reste à étudier à ce moment-.

Puisque le burnout semble commun aux professionnels de la santé et aux avocats, Christina Maslach émet lhypothèse que travailler avec dautres, en particulier dans une relation daide, est au cœur du phénomène. À linverse dHerbert Freudenberger qui insiste sur les facteurs personnels[22], elle situe davantage les causes du burnout dans lenvironnement du travail et ses conditions. Elle cherche à valider cette idée en menant des entretiens auprès dautres groupes professionnels dont lactivité suppose aussi une implication relationnelle. Dans tous les cas des thèmes récurrents émergent de lanalyse : épuisement émotionnel, attitudes distantes, négatives envers les clients ou les patients. À lévidence, ces manifestations présentent une régularité à travers les différentes professions.

Ces manifestations ne sont pas une réponse produite par quelques individus, mais un problème relativement répandu. Ainsi le terme burnout a comblé un vide en étiquetant un phénomène jusquici sans nom mais pourtant prédominant dans le monde du travail[23]. Il a été séparé dès le départ des affections psychologiques inter-psychiques pour être apparenté aux désordres psychosociaux[24]. Certes, il partage des symptômes communs avec des affections telles que la dépression, mais il sen distingue clairement par son fondement.

Cest dans un texte tout aussi descriptif que celui de Herbert Freudenberger[25] que Christina Maslach[26] relate les résultats de ses premières investigations. Si Freudenberger parle du « dynamisme du burnout[27] », Maslach à plusieurs reprises dans son texte emploie a contrario le terme de « craquage » lié au burnout. Elle observe que ce « craquage » est suivi dune perte defficacité dans les services de santé et daction sociale, dun absentéisme et dun turnover élevé. Il provoque aussi une détérioration du bien-être physique : « Les professionnels sont épuisés, fréquemment malades et peuvent souffrir dinsomnies, dulcères et de maux de tête […] Afin de surmonter ces problèmes physiques, le travailleur peut se tourner vers les tranquillisants, la drogue […] Le burnout est encore associé à des manifestations comme lalcoolisme, la maladie mentale, les conflits conjugaux ou le suicide ».

Dans le même texte, Christina Maslach insiste particulièrement sur les modalités de mise à distance ou de désengagement, autant de stratégies verbales qui consistent à catégoriser les clients sous des labels abstraits (tels : « mes dossiers »), techniques (comme : « cest un coronaire »), ou encore stigmatisants (lappellation « pauvres » par exemple). Dautres stratégies existent par ailleurs : parmi les principales, mise à distance physique et strict respect du règlement sont autant dattitudes qui permettent de limiter les implications personnelles. Christina Maslach utilise le terme de « dépersonnalisation » pour désigner ces attitudes, bien éloignées de linquiétude distante.

Premières études cliniques

Cest donc à partir dobservations, dentretiens, voire danalyses dexpériences personnelles (Herbert Freudenberger a en effet lui-même été atteint de burnout)[28] que les recherches ont commencé à sorganiser.

Les années 1975 à 1980[29] ont vu paraître quantité darticles dans des revues professionnelles. Ces publications étaient traversées par des préoccupations plus pragmatiques quacadémiques. Le plus souvent la nature stressante dune activité était décrite, quelques études de cas cliniques illustraient le propos et les auteurs avançaient diverses recommandations. Les similitudes entre ces différents écrits sont :

  • certaines professions sont plus « à risque » que dautres, notamment celles :
    • à fortes sollicitations mentales, émotionnelles et affectives,
    • à forte responsabilité notamment vis-à-vis dautres personnes,
    • lon cherche à atteindre des objectifs difficiles, voire impossibles,
    • il existe un fort déséquilibre entre les tâches à accomplir et les moyens mis en œuvre,
    • il existe une ambiguïté ou un conflit de rôles ;
  • certaines personnes sont plus « à risque » que dautres :
    • personnes ayant des idéaux de performance et de réussite,
    • personnes liant lestime de soi[30] à leurs performances professionnelles,
    • personnes sans autre centre dintérêt que leur travail,
    • personnes se réfugiant dans leur travail et fuyant les autres aspects de leur vie ;
  • les différents symptômes rencontrés dans le burnout sont :

Cependant Christina Maslach et Wilmar Schautfeli[31] notent que ces premiers écrits se caractérisent par les points suivants :

  • dun auteur à lautre, la signification du terme burnout nest pas nécessairement la même ;
  • le terme inclut tout un ensemble de « crises » que peut connaître un individu, au risque de tout englober et ne plus rien désigner ;
  • ces premiers écrits ne reposent pas sur des données empiriques, mais sur des études de cas isolés. Ils sintéressent en particulier aux symptômes que développent les individus atteints de burnout.

Les psychologues Baron Perlman et Alan Hartman[32] montrent à quel point la première phase de cette recherche scientifique est marquée par une dispersion des conceptions. Ils recensent dans les articles publiés entre 1974 et 1980 quarante-huit définitions différentes. Parmi celles-ci, on trouve des idées aussi disparates que :

  • échouer, sépuiser ;
  • perte de créativité ;
  • perte dimplication au travail ;
  • dureté des collègues, du travail et de linstitution ;
  • réponse au stress[33] chronique lié au fait de réussir, « daller loin » ;
  • syndrome dattitudes inappropriées envers les clients et envers soi-même.

Ils avancent toutefois une synthèse de toutes ces définitions[34] :

« Le burnout est une réponse au stress émotionnel chronique avec trois dimensions :
  1. lépuisement émotionnel ou physique,
  2. la diminution de la productivité,
  3. la surdépersonnalisation. »

On comprend que ce syndrome ait dabord alerté les praticiens, puisquils encourent le risque de le rencontrer chez leurs collègues ou dêtre confrontés eux-mêmes à ces manifestations au cours de leurs activités, mais ils étaient peu entraînés à concevoir des recherches systématiques ainsi que plus préoccupés à élaborer des interventions que des théories. Autrement dit leur intérêt porte sur « la façon de résoudre le problème, plutôt que sur les moyens de le conceptualiser[35] ».

Inversement, les chercheurs se sont dabord détournés du problème estimant quils ont à faire, avec la notion de burnout, à « quelque-chose » de pseudo-scientifique.

« Le premier livre de Christina Maslach et Susan Jackson[36] consacré au développement dune échelle de mesure du burnout et à ses propriétés psychométriques a été retourné par une première maison dédition avec un mot stipulant : « nous ne publions pas de psychologie populaire ». Depuis, cet instrument de mesure est reconnu internationalement et utilisé dans des recherches publiées dans les revues scientifiques les plus prestigieuses[37] ».

Syndrome tridimensionnel

On peut passer des stresseurs à l’accomplissement personnel directement ou via l’épuisement émotionnel puis la dépersonnalisation
↑ Schéma 1 :
Processus du syndrome dépuisement professionnel daprès le modèle tridimensionnel de Christina Maslach et Susan Jackson[38]

Cest au début des années 1980 que les premières recherches empiriques systématiques ont été publiées. La notion de burnout fut alors plus clairement définie et conceptualisée. Christina Maslach, à partir de ses recherches basées sur des entretiens[39], utilise dans un premier temps une définition provisoire selon laquelle le syndrome recouvre deux dimensions. La première, lépuisement émotionnel, correspond à lassèchement des ressources et à la perte de motivation. La seconde, la dépersonnalisation, renvoie aux attitudes distantes et négatives envers les clients, patients et autres relations des professionnels étudiés par Christina Maslach.

Même si ses recherches révèlent des pistes prometteuses, elles reposent encore trop sur un nombre limité de cas individuels. Christina Maslach souhaite entreprendre des investigations plus systématiques, avec méthodologie et rigueur. Elle veut aussi sadresser à des échantillons plus larges, à des fins comparatives, et tenir compte des contextes situationnels. À ce stade, « la question clé était le développement dune définition plus précise du burnout et la construction dune mesure standardisée »[40] explique-t-elle. Elle a donc mené (avec Kathy Kelly[41], Ayala Pines[42] et Susan Jackson[43]) des enquêtes par questionnaire et conduit un programme de recherches psychométriques pour aboutir à une définition plus opérationnelle et à une échelle de mesure valide.

Au cours de ses recherches préliminaires par entretiens, Christina Maslach a recueilli un vaste registre démotions et dattitudes exprimant lusure ressentie, jalonnant ce phénomène quelle ambitionne de mieux cerner. Elle regroupe lensemble de ces expressions sur une échelle composée de quarante-sept items[44]. Cette échelle, représentant létendue des expériences associées au phénomène dépuisement professionnel, a été administrée à un échantillon de six cent cinq personnes réparties dans plusieurs corps professionnels[n 5]. Les analyses statistiques confirment bien la présence des deux dimensions déjà mises à jour, épuisement émotionnel et dépersonnalisation, même si, en fait, quatre dimensions présentent des poids factoriels suffisants pour être retenues. Ces analyses sont réparties sur vingt-cinq items. Soumis à un nouvel échantillon de quatre cent vingt personnes, ces derniers donnent toujours les quatre mêmes dimensions correspondant aux significations suivantes : épuisement émotionnel, dépersonnalisation, sentiments de réduction de laccomplissement personnel et implication. Le dernier facteur, limplication, ne sera retenu que provisoirement. Christina Maslach et Susan Jackson définissent ensuite le burnout comme « un syndrome dépuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de laccomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués professionnellement auprès dautrui »[45].

Lépuisement émotionnel renvoie au manque dénergie, au sentiment que les ressources émotionnelles sont épuisées. La personne est « vidée nerveusement[46] » et a perdu tout son entrain ; elle nest plus motivée par son travail qui devient dès lors une corvée. Elle ne réalise plus les tâches quelle effectue auparavant et en ressent frustrations et tensions. Lépuisement émotionnel est souvent lié au stress et à la dépression. Autant les conceptions théoriques que les résultats empiriques actuels lui donnent un rôle central dans le processus dépuisement professionnel.

La dépersonnalisation représente la dimension interpersonnelle du syndrome dépuisement professionnel. Elle renvoie au développement dattitudes impersonnelles, détachées, négatives, cyniques, envers les personnes dont on soccupe[n 6]. Lindividu ne se sent plus concerné par son travail et dresse une barrière qui lisole de ses clients et de ses collègues. Parler de « lappendicite de la chambre 22 » est un exemple de ces attitudes. La dépersonnalisation peut prendre des formes plus dures et sexprimer à travers des attitudes et des comportements de rejet, de stigmatisation, de maltraitance. Il sagit dune stratégie mal adaptée, destinée à faire face à lépuisement des ressources internes en mettant à distance les bénéficiaires de laide, ou en rendant leurs demandes illégitimes.

Cette attitude permet de sadapter à leffondrement de lénergie et de la motivation. Les clients, les usagers, les patients, les élèves étant perçus sur un mode négatif, leurs demandes, leurs besoins apparaissent moins pressants, moins urgents à résoudre. Le terme de « dépersonnalisation » peut prêter à confusion vu quil désigne aussi létat psychique domine limpression dêtre étranger à soi-même. Le terme de « déshumanisation »[47] aurait pu être choisi, mais sa connotation est évidemment trop extrême pour quil soit retenu.

Le manque ou la réduction de laccomplissement personnel concerne à la fois la dévalorisation de son travail et de ses compétences, la croyance que les objectifs ne sont pas atteints, la diminution de lestime de soi[48] et du sentiment dauto-efficacité. La personne ne sattribue aucune capacité à faire avancer les choses, convaincue de son inaptitude à répondre efficacement aux attentes de son entourage. Laccomplissement personnel représente la dimension auto-évaluative du syndrome dépuisement professionnel.

Quelques auteurs mis à part[49], un consensus se dégage dans les années 2000 pour affirmer que le syndrome dépuisement professionnel démarre avec lépuisement émotionnel. Celui-ci entraîne par la suite la dépersonnalisation. Lépuisement émotionnel réduit laccomplissement personnel[50] soit directement, soit à travers de la dépersonnalisation schéma 1. On considère que lépuisement émotionnel représente lélément affectif du syndrome dépuisement professionnel tandis que les deux autres dimensions, la dépersonnalisation et la réduction de laccomplissement personnel constituent les éléments attitudinaux ou cognitifs[51].

Le Maslach Burnout Inventory's comme outil de mesure

Fonctionnement : évaluer les affirmations des tableaux 1, 2 et 3 à l’aide de l’échelle de nimérisation des réponses ci-après, pour chaque évaluation additionner la valeur de l’échelle au score du tableau, interpréter le score du tableau. Numérisation des réponses : 1 : Jamais; 2 : Quelques fois par an ; 3 : Une fois par mois ; 4 : Quelques fois par mois ; 5 : Une fois par semaine ; 6 : Quelques fois par semaine ; 7 : Tous les jours. Tableau 1 : Épuisement professionnel : Je me sens émotionnellement vidé(e) par mon travail ; Je me sens à bout à la fin de ma journée de travail ; Je me sens fatigué(e) lorsque je me lève le matin et que j’ai à affronter une autre journée de travail ; Travailler avec des gens tout au long de la journée me demande beaucoup d’effort ; Je sens que je craque à cause de mon travail ; Je me sens frustré(e) par mon travail ; Je sens que je travaille « trop dur » dans mon travail ; Travailler en contact direct avec les gens me stresse trop ; Je me sens au bout du rouleau. Tableau 2 : Dépersonnalisation : Je sens que je m’occupe de certains patients/clients/élèves de façon impersonnelle comme s’ils étaient des objets ; Je suis devenu(e) plus insensible aux gens depuis que j’ai ce travail ; Je crains que ce travail ne m’endurcisse émotionnellement ; Je ne me soucie pas vraiment de ce qui arrive à certains de mes patients/clients/élèves ; J’ai l’impression que mes patients/clients/élèves me rendent responsable de certains de leurs problèmes. Tableau 3 : Accomplissement personnel : Je peux comprendre facilement ce que mes patients/clients/élèves ressentent ; Je m’occupe très efficacement des problèmes de mes patients/clients/élèves ; J’ai l’impression, à travers mon travail, d’avoir une influence positive sur les gens ; Je me sens plein(e) d’énergie ; J’arrive facilement à créer une atmosphère détendue avec mes patients/clients/élèves ; Je me sens ragaillardi(e) lorsque dans mon travail j’ai été proche de mes patients/clients/élèves ; J’ai accompli beaucoup de choses qui en valent la peine dans ce travail ; Dans mon travail, je traite les problèmes émotionnels très calmement. Interprétation des scores : Pour le tableau 1 : Épuisement professionnel : Score de 0 à 18 : correct; score de 18 à 30 : attention; score supérieur à 30 : dangereux. Pour le tableau 2 : Dépersonnalisation : Score de 0 à 6 : correct; score de 6 à 12 : attention; score supérieur à 12 : dangereux. Pour le tableau 3 : Accomplissement personnel : Score de 0 à 34 : dangereux; score de 34 à 40 : attention; score supérieur à 40 : correct.
Exemple déchelle de mesure du Maslach Burnout Inventorys :
daprès les écrits du professeur Maslach[52]

Ces trois facteurs et les items qui les composent ont été utilisés pour constituer la mesure du syndrome dépuisement professionnel. Cette mesure formée de trois sous-échelles est aujourdhui largement validée[53]. Il sagit du Maslach Burnout Inventorys (acronyme : « MBI »)[36]. Les premières études sur le MBI ont été publiées en 1996 par Susan Jackson, Michael Leiter et Christina Maslach. Simple dutilisation, cet inventaire a permis de mesurer le syndrome dépuisement professionnel auprès de groupes importants et den étudier systématiquement les causes. « Adapté en plusieurs langues, il est de loin linstrument le plus employé pour mesurer le syndrome dépuisement professionnel[54]. »

Le MBI est constitué de vingt-deux items : neuf pour lépuisement émotionnel, cinq pour la dépersonnalisation et huit pour laccomplissement personnel. Chaque item représente une facette de lévaluation que le sujet peut faire de son travail. La personne interrogée indique la fréquence selon laquelle elle éprouve le sentiment en question. Lépuisement, la dépersonnalisation et la réduction de laccomplissement personnel sont mesurés séparément. Autrement dit, lindividu na pas un score global de burnout, mais un score pour chacune des trois dimensions. Le terme burnout continue de désigner globalement ces trois dimensions qui pourtant sont distinctes, même si elles sont liées au sein dun seul construct théorique qui les subsume : « Les recherches qui ont étudié la validité du MBI ont confirmé quune structure à trois dimensions correspondait mieux aux données quune structure à deux ou à une seule dimension[55] ».

Définitions

Parallèlement au travail de Christina Maslach dautres définitions ou conceptions sont apparues à la même époque et ont marqué les recherches. Parmi celles-ci, se trouvent les modèles de Cary Cherniss et de Ayala Pines.

Vision transactionnelle de Cary Cherniss

Cary Cherniss propose une vision transactionnelle du syndrome dépuisement professionnel. Pour les approches transactionnelles, le stress et le burnout sont le produit dune relation humaine lindividu et lenvironnement ne sont pas des entités séparées, mais les composants dun processus dans lequel ils sinfluencent mutuellement et continuellement[56].

Le modèle de Cary Cherniss repose sur lanalyse qualitative dentretiens approfondis menés à plusieurs reprises entre 1974 et 1976[57] auprès de vingt-sept professionnels dans leur première année dexercice : avocats, enseignants, infirmières de santé publique, professionnels de santé mentale. Cary Cherniss observe une profonde désillusion chez ces débutants. Daprès lui, le syndrome dépuisement professionnel provient dun déséquilibre entre les ressources de lindividu, quelles soient personnelles[n 7],[58] ou organisationnelles[n 8] et les exigences du travail.

Ce déséquilibre résulte des écarts entre attentes initiales et réalité de terrain. Le comportement des clients difficiles, peu coopérants voire agressifs, tranche avec une vision souvent idéalisée de la relation humaine daide ou de lenseignement. Les règlements et les procédures à suivre, les tâches administratives également, limitent lautonomie daction espérée dans ces professions. Un travail souvent routinier contraste avec les envies de tâches variées, de stimulations, daccomplissement. Le manque de coopération entre collègues, voire les conflits interpersonnels, sajoutent à ces écarts entre attentes et réalité.

Face à un environnement de travail décevant, la motivation initiale sétiole et fait place à des attitudes de retrait. Dans ce modèle, les sources de stress se situent à la fois au niveau du travail (clients difficiles, conflits entre collèguesetc.) et au niveau de lindividu[n 9] même si les premières ont une place plus importante. Autrement dit, comme chez Herbert Freudenberger qui voit dans le burnout la « maladie du battant »[9], les caractéristiques individuelles ont leur part explicative dans lémergence du phénomène. Certains individus ont des attentes, des orientations de carrière qui constituent une charge de travail supplémentaire et les rendent plus sensibles au syndrome dépuisement professionnel. Pour Cheniss, les différences individuelles concernent également les stratégies développées pour faire face aux stresseurs. Certains adoptent des modalités actives pour résoudre les problèmes. Dautres adoptent des attitudes et des comportements négatifs. Dès lors, au fil du temps, le syndrome dépuisement professionnel sinstalle.

Il y a trois étapes dans cette transaction entre lindividu et son environnement[59]. La première, le stress perçu, provient du déséquilibre entre les exigences du travail et les ressources de lindividu. Ceci conduit à la deuxième étape, la tension (stain). Il sagit dune réponse émotionnelle à ce déséquilibre, réponse constituée de fatigue physique, dépuisement émotionnel, de tension et danxiété.

Enfin, ce sont les changements attitudinaux et comportementaux qui marquent la troisième étape. On note en particulier une réduction des buts initiaux et de lidéalisme, le développement dattitudes cyniques, détachées, mécaniques, ou encore une grande complaisance pour ses propres besoins. Cary Cherniss considère quil sagit dun « coping »[n 10],[60],[61] défensif.

Ces modifications des attitudes et des comportements représentent une « fuite » psychologique qui sinstalle quand le professionnel ne peut plus soulager son stress en affrontant directement le problème. Pour Cary Cherniss[62], le burnout est « un processus dans lequel un professionnel précédemment engagé se désengage de son travail en réponse au stress et à la tension ressentis ».

Des limites évidentes restreignent la portée du modèle de Cary Cherniss. Il se fonde sur un petit nombre dentretiens et sa rationalité est spécifique aux professionnels débutants. Or les spécialistes savent que le syndrome dépuisement professionnel apparaît tout au long dune vie de travail et quil en existe une forme plus tardive causé par dautres facteurs. Toutefois, ce modèle, qui explique une des formes possibles du burnout, a été validé empiriquement, notamment par Burke en 2004[63].

Approche motivationnelle d'Ayala Pines

Dessin
Le Dormeur de Georges Seurat, 1883.

Cest une approche motivationnelle que propose Ayala Pines. Daprès elle, le travail représente pour nombre dindividus une quête existentielle. Si cette quête échoue, le burnout survient. Dans des études quelle a menées entre 1988 et 2002, Ayala Pines[64] appuie son argumentation sur le fait suivant : les définitions du burnout les plus souvent citées en font un état de fatigue et dépuisement émotionnel qui représente létat final dun processus graduel de désillusion après un état initial de motivation et dimplication élevées. Elle explique ainsi que « Pour être « consumé », il faut dabord avoir été enflammé. La surcharge de travail, les contraintes administratives, la résistance des clients, nengendrent pas du syndrome dépuisement professionnel simplement parce quils entravent lutilisation des compétences, mais pour une raison plus profonde : limpossibilité dutiliser ses compétences prive lindividu de la signification quil recherche dans son travail »[65].

Cest parce que les professionnels ne peuvent avoir limpact souhaité quils deviennent victimes dépuisement professionnel. Plus ils simpliquent au départ, plus la probabilité dêtre atteint par le syndrome est forte si les conditions de travail sont défavorables. En fait, le modèle proposé par Ayala Pines sapparente à un ensemble de modèles détude psychologique du stress et du burnout pour lesquels les tensions de lindividu proviennent de lécart entre lattente ou la motivation individuelles et la réalité. Mais elle situe dans ce dernier, a contrario des autres modèles, les attentes individuelles à un niveau particulier, celui de la quête existentielle.

Ces attentes et motivations peuvent être universelles, partagées par la plupart de ceux qui entrent dans la vie professionnelle : avoir une influence significative, être apprécié. Elles peuvent aussi être spécifiques à une profession. Ayala Pines insiste sur le fait que, « si chaque profession attire des vocations particulières, les professions "aidantes" répondent toutes à une aspiration commune : faire pour et avec les autres »[66]. Les motivations peuvent être aussi personnelles, cest-à-dire inspirées par une image romantique, une figure charismatique qui a servi de modèle identificatoireetc. Quelles soient universelles, liées à une profession ou davantage personnelles, elles ne se réalisent que dans un environnement de travail propice.

Bénéficier dautonomie et de soutien social, avoir des activités diversifiées, participer aux prises de décision, sont des variables organisationnelles qui favorisent ces motivations. Leur réalisation renforce les visées initiales selon une boucle positive, ou « cercle vertueux » de limplication. Mais si lindividu doit se confronter à un environnement défavorable, avec par exemple une surcharge de travail quantitative et qualitative, des pressions bureaucratiques, des exigences contradictoires, il ne peut réaliser ses objectifs initiaux et tombera dans une boucle négative. Pourtant, ce nest pas léchec en tant que tel qui provoque le syndrome dépuisement professionnel, cest plutôt la perception que quels que soient les efforts, le sujet ne peut prétendre avoir un impact significatif. Bien sûr, Ayala Pines le fait remarquer, « un environnement de travail nest jamais totalement positif ou négatif mais consiste en un mélange complexe »[67].

En fait, ce modèle na pas été testé en tant que tel. Il a été pensé par Ayala Pines pour interpréter les résultats de ses recherches et observations menées au cours dateliers ou de formations sur le burnout. Ayala Pines ne limite pas le syndrome dépuisement professionnel aux professions « aidantes », ni même dailleurs aux situations de travail. Elle la également recherché dans les relations de couple, de 1993 à 1994[68] ou au cours de conflits politiques, de 1995 à 1996[69].

Différentes définitions du syndrome d'épuisement professionnel

Il existe une multitude de définitions du syndrome dépuisement professionnel parmi lesquelles sont répertoriées ci-dessous les principales (cette liste nest donc pas exhaustive:

  • « Un état de fatigue et de frustration, de dépression, provoqué par la dévotion à une cause, un mode de vie, ou une relation humaine et qui échoue à produire les résultats espérés[70] ».
  • « Un processus dans lequel un professionnel précédemment engagé se désengage de son travail en réponse au stress et aux tensions ressenties[71] ».
  • « Le burnout est caractérisé par un épuisement physique, par des sentiments dimpuissance et de désespoir, par un assèchement émotionnel et par le développement du concept de soi négatif, et dattitudes négatives envers le travail, la vie et les autres personnes[72] ».
  • « Le burnout est un syndrome dépuisement émotionnel, de dépersonnalisation et de réduction de laccomplissement personnel qui apparaît chez les individus impliqués professionnellement auprès dautrui[45] ».
  • « Le burnout est une réponse au stress émotionnel chronique avec trois dimensions :
    • Lépuisement émotionnel ou physique
    • La diminution de la productivité
    • la surdépersonnalisation[73] ».
  • « Une perte progressive didéalisme, dénergie et de buts, ressentie par les individus dans les professions daide à cause de leur travail[74] ».
  • « Un état dépuisement résultant de limplication avec des personnes dans des situations exigeantes émotionnellement[75] ».
  • « Pour moi, le burnout provient dinadaptations continues, rarement reconnaissables, et pour la plupart déniées entre les caractéristiques de lindividu et celles de lenvironnement. Ces inadaptations sont la source dun processus dérosion psychologique lent et caché. À la différence des autres phénomènes stressants, les mini-stresseurs liés aux inadaptations ne causent pas dalarme et sont rarement sujets à des efforts de coping. Ainsi le processus dérosion peut continuer longtemps sans être détecté[76] ».
  • « Un état dépuisement physique, émotionnel et mental causé par limplication à long terme dans des situations qui sont exigeantes émotionnellement[77] ».
  • « Le burnout relève d'une combinaison de fatigue physique, dépuisement émotionnel et de lassitude cognitive[78] ».
  • « Le burnout apparaît quand la réalisation dun rôle actif, participant à la définition de soi, est menacée ou interrompue et quaucun rôle alternatif nest sous la main[79] ».
  • « Le burnout est une réaction affective au stress permanent et dont le noyau central est la diminution graduelle, avec le temps, des ressources énergétiques individuelles, qui comprennent lexpression de lépuisement émotionnel, de la fatigue physique et de la lassitude cognitive[80] ».

Un mélange d'état et processus

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Statue de LHomme fatigué par József Somogyi, en Hongrie.

« Les définitions du burnout se complètent plus quelles ne sopposent. On peut les regrouper selon quelles envisagent le burnout comme un état, celui de la personne atteinte, ou comme un processus, celui conduisant à létat en question » selon Susan Jackson, dans son ouvrage La Gestion des ressources humaines[81]. En fait, les premières décrivent laboutissement du processus quenvisagent les secondes.

État

La définition de Christina Maslach et Susan Jackson[82] est la plus connue des définitions en termes détat. Pour Wilmar Schaufeli et Robert Enzmann[83], ces définitions varient en fonction de leurs étendues, de leurs précisions et de leurs dimensions. Cependant, elles partagent trois caractéristiques essentielles :

  1. les éléments dysphoriques dominent, en particulier lépuisement émotionnel et mental. Les individus manifestent des attitudes négatives envers autrui, leur efficacité et leurs performances diminuent ;
  2. au niveau de létiologie les attentes inappropriées et les exigences émotionnelles jouent un rôle majeur ;
  3. le burnout est causé par le travail et frappe des individus « normaux ». Il nest donc pas lexpression dune pathologie individuelle.
Processus

Les définitions de Cary Cherniss[84] ou de Yeor Etzion[85] conçoivent clairement le syndrome dépuisement professionnel comme un processus. Pour Wilmar Schaufeli et Robert Enzmann[86], les définitions en termes de processus affirment que :

  • le burnout débute avec des tensions qui résultent de lécart entre les attentes, les intentions, les efforts, les idéaux de lindividu et les exigences de la réalité quotidienne ;
  • les stress qui résultent dun tel déséquilibre se développent graduellement. Ils peuvent être ressentis consciemment par lindividu ou rester ignorés pendant une longue période ;
  • la manière avec laquelle lindividu fait face à ces stress est cruciale pour le développement du syndrome dépuisement professionnel.

Élargissement du domaine et de la forme

Différents domaines

Si la définition de Christina Maslach et Susan Jackson[82] a été largement retenue, cest entre autres parce quelle est doublée dun des seuls outils de mesure validés et de maniement facile, la définition et loutil ayant en effet été construits parallèlement[87]. Utiliser le Maslach Burnout Inventorys suppose évidemment daccepter la définition correspondante. Celle-ci limite le syndrome dépuisement professionnel à des professions particulières. Or, en fait, les recherches ont progressivement mis à jour les facteurs organisationnels qui agissent sur chacune des dimensions de ce syndrome[88]. Ces facteursmanque de participation aux prises de décision, surcharge du travail, traitement inéquitable entre autresne sont pas spécifiques aux institutions sociales ou médico-sociales[89]. Il semble bien que le syndrome dépuisement professionnel puisse frapper lensemble des champs professionnels. Par ailleurs, sil atteint ceux qui sengagent et entrent dans leur profession avec des attentes élevées, il semble alors inutile de le restreindre à certaines catégories.

Bien des professions en dehors du secteur social, médico-social ou de léducation, et plus généralement en dehors des relations de services, supposent aussi un engagement important. Wilmar Schaufeli décrit cela de la manière suivante : « le syndrome dépuisement professionnel est présent dans toute occupation dans laquelle les individus sont psychologiquement engagés dans leur travail. Les emplois psychologiquement engageants épuisent les ressources cognitives, émotionnelles et physiques »[90].

Mais la définition et la mesure de Christina Maslach et Susan Jackson[82],[91] doivent être modifiées pour englober toutes les professions. Voilà pourquoi le burnout a été reconceptualisé. Il est conçu comme une crise de relation avec son travail et non des relations au travail. Depuis 2007, le Maslach Burnout Inventory a été complété et adapté avec les recherches de Michael Leiter et Christina Maslach pour sadresser à lensemble des individus au travail[92].

Huit des vingt-deux items de la forme initiale du Maslach Burnout Inventorys font explicitement référence aux relations avec les clients et les usagers et quatre autres aux relations en général. Par exemple : « Jai limpression de ne pas me soucier vraiment de ce qui peut arriver à certain mes clients ». Ce genre ditem est inadapté pour évaluer le syndrome dépuisement professionnel dun opérateur de saisie ou dun militaire. Au niveau de la définition, la première dimension, lépuisement émotionnel na pas subi de modification, mais les items ont été en partie remaniés.

La deuxième dimension, la dépersonnalisation qui concerne les attitudes développées à légard des clients, patients ou étudiants, exclut bien des activités professionnelles. Elle a été remplacée, dans la forme générale par le cynisme, une des attitudes qui sous-tend la dépersonnalisation. Les items concernent le travail en général. Quant à la troisième dimension, laccomplissement personnel, elle a été renommée en efficacité professionnelle. « Elle inclut les évaluations personnelles dauto-efficacité, le manque daccomplissement, le manque de productivité et lincompétence »[93].

Différentes formes et évolution

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Le centre daffaires Main-hattan à Francfort, en Allemagne.

Avec Herbert J. Freudenberger, le syndrome dépuisement professionnel a été observé dans un contexte le travail représentait pour de nombreux jeunes professionnels un engagement qui saccorde avec la défense de causes collectives[94]. Ce sont de jeunes idéalistes quil nous décrit en 1974[95]. Pour lui, le syndrome dépuisement professionnel provient de lécart entre un idéal de changement et la réalité de lenvironnement de travail. Dans le domaine de laide sociale par exemple, les professionnels arrivent sur le terrain avec des images souvent idéalisées à la fois de leurs futures activités et des relations quils entretiennent avec leurs clients ou leurs patients[96]. Ainsi, on observe rapidement chez eux un niveau particulièrement élevé de burnout.

Il sagit ici dune des origines possibles du syndrome dépuisement professionnel. Les spécialistes saccordent aujourdhui sur le fait quil prend sa source dans lenvironnement de travail[97] et quil est le résultat dune interaction entre des stresseurs interindividuels[98] ou organisationnels[99] et des facteurs individuels[100] également. La nature du syndrome dépuisement professionnel peut changer si la nature des pressions qui sexercent sur lindividu change aussi[101].

Sil est vrai que lécart entre les attentes professionnelles et la réalité quotidienne de lemploi est toujours source dépuisement professionnel[102], dans les années 2000 il ne sagit plus des mêmes attentes ni de la même réalité. Le travail ne fait plus vivre les valeurs des années 1970. La réussite professionnelle nest plus lobjet des mêmes représentations. La poursuite du statut social, largent, la simple nécessité de trouver un emploi et de le garder, tous les motifs plus centrés sur soi, sont devenus des priorités[103]. À titre dexemple, Donna McNeese Smith[104] et John Crook[105] trouvent que des jeunes infirmières américaines valorisent davantage laspect économique que leurs aînées. Dans la même veine, des jeunes médecins français débutent davantage leur carrière avec des valeurs tournées vers leurs vies privées, comparativement à leurs collèges plus anciens qui commencent leurs vies professionnelles avec des valeurs dengagement social[106].

Lenvironnement du travail sest lui-même considérablement modifié. En quelques dizaines dannées, linfluence de facteurs économiques, socioculturels, politiques et technologiques, a redessiné le cadre de vie et les conditions de travail[107],[108]. Les spécialistes saccordent à dire que le syndrome dépuisement professionnel évolue selon 4 phases[109] :

  1. la phase dalarme : le stress persistant cause lapparition de réactions caractéristiques indiquant la présence de stresseurs ;
  2. la phase de résistance : les stresseurs persistent malgré la disparition physique des réactions caractéristiques de la phase dalarme, le métabolisme sadapte à la situation et le corps devient plus résistant ;
  3. la phase de rupture : lexposition continue aux stresseurs crée une rupture entraînant la réapparition des réactions caractéristiques de la phase dalarme tout en les rendant irréversibles sans traitement approprié ;
  4. la phase dépuisement : les défenses psychologiques du patient sont déréglées, il se rend donc émotionnellement invalide et vit dans une perpétuelle angoisse.

Trois formes d'épuisement professionnel ou davantage

Daprès Christine Färber dans une publication de 2000[110], les individus ne sont plus atteints par la forme traditionnelle du syndrome dépuisement professionnel, celle dans laquelle la poursuite utopique de buts élevés socialement significatifs se heurtait à la résistance dun environnement de travail qui anéantit les espoirs professionnels : « le syndrome dépuisement professionnel qui prévaut aujourdhui est marqué par le fait que les individus ont une multitude dobligations, des pressions externes croissantes, des exigences grandissantes de la part des autres, une limitation des possibilités de sengager et des salaires qui ne compensent que partiellement les efforts fournis. »[111].

Il existerait donc trois espèces dépuisement professionnel :

  1. le burnout-épuisement dans lequel lindividu, soit abandonne, soit fait parfaitement son travail, mais se trouve confronté à trop de stress et à trop peu de gratifications[112] ;
  2. le burnout classique ou frénétique dans lequel lindividu travaille de plus en plus dur, jusquà lépuisement, à la poursuite de gratifications ou daccomplissement pour compenser létendue du stress ressenti[113] ;
  3. le burnout néfaste contraste lui avec les deux précédents. Il apparaît non pas à cause de tensions excessives, mais à cause de conditions de travail monotones et peu stimulantes[114].

Cest donc une erreur de considérer le syndrome dépuisement professionnel sous une seule forme. Les recherches sur les liens entre justice perçue et syndrome dépuisement professionnel apportent indirectement appui à cette hypothèse[115]. Par exemple, le fait de trouver des degrés élevés de burnout à la fois chez les médecins qui jugent trop fort leur investissement auprès des patients et chez des médecins qui le jugent trop faible[n 11] corrobore bien lidée que le syndrome dépuisement professionnel est multiforme[116],[117]. Il est difficilement concevable que les surinvestisseurs et les sous-investisseurs ressentent le même type dépuisement professionnel. Cest un enjeu des travaux actuels que didentifier les états et processus qui contribuent aux diverses formes du syndrome dépuisement professionnel.

Selon lInstitut national de recherche et de sécurité, un tiers des travailleurs européens se plaignent de problèmes de santé liés à un travail stressant. D'après lOrganisation mondiale de la santé, les trois pays les dépressions liées au travail étaient les plus nombreuses en 2010[n 12] sont :

  1. les États-Unis,
  2. lUkraine,
  3. la France.

Ce phénomène a dabord été repéré dans des professions daide, de soins ou de formation[118]. Une étude réalisée en France estime en effet que le coût direct et indirect du stress peut être évalué entre 830 000 000 € et 1 656 000 000 € par an, ce qui équivaut à 10 à 20 % du budget de la branche accidents du travail / maladies professionnelles de la Sécurité sociale[119].

Causes

Contenu des cadres du schéma : Cadre A : Facteurs individuels (Attentes élevés, implications, dispositions, âge, etc.) ; Cadre B : Facteurs interindividuels ou organisationnels (conflits, agressions, surcharge de travail, conflit de rôle, insécurité, etc.) ; Cadre C : Disponibilité des ressources du faire face (soutien social, etc.) ; Cadre D : Disponibilité des ressources du faire face (soutien social, etc.) ; Cadre E : Facteurs suggérant que l’on est dans un système impersonnel, déshumanisant (manque de participation au décisions, de reconnaissance, etc.) ; Cadre F : Disponibilité des ressources du faire face (soutien social, etc.) ; Cadre G : Facteurs suggérant que l’on est peu apprécié, peu efficace (surcharge qualitative, peu d’opportunité d’exercer ses compétences, ambiguïté de rôle, etc.) ; Cadre H : Épuisement émotionnel ; Cadre I : Cynisme ; Cadre J : Accomplissement personnel réduit ; Cadre K : Conséquences ; Individuelles (troubles pathologiques, physiques, etc.) ; Interpersonnelles (conflits, divorces, etc.) ; Organisationnelles (absentéisme , etc.) ; Disposition des cadres du schéma : Les cadres A et B sont reliés au cadre H lui même relié aux cadres I et K. Le cadre C est relié au segment reliant les cadres A et B au cadre H. Le cadre D est relié au segment reliant le cadre H au cadre I. Le cadre E est relié au cadre I lui même relié aux cadres J et K. Le cadre F est relié au segment reliant le cadre I au cadre J. Le cadre G est relié au cadre J lui même relié au cadre K
↑ Schéma 2 :
Causes dépuisement professionnel daprès le modèle de recherche de Carol Cordes et Thomas Dougherty[120]

Les variables génératrices du syndrome dépuisement professionnel se situent schématiquement à trois niveaux : organisationnel, interindividuel et intraindividuel.

Organisationnelles

Au niveau organisationnel, on étudie linfluence du contenu de lactivité et celle du contexte dans lequel elle se déroule.

La surcharge de travail, le rythme des tâches à effectuer, la pression du temps, les horaires longs, imprévisibles, un travail monotone, peu stimulant, avec des procédures standardisées, sont des exemples de variables reflétant le contenu de lactivité[121]. Un des processus majeurs qui sous-tend leur lien avec le syndrome dépuisement professionnel est limpossibilité de contrôler son activité[122]. Mais les chercheurs se sont sans doute plus intéressés au contexte du travail. Des rôles mal définis, contradictoires, lisolement et le manque de soutien social, le conflit entre vie familiale et vie professionnelle, linsécurité, sont corrélés avec une ou plusieurs dimensions du syndrome dépuisement professionnel[123]. Les formes et les menaces nouvelles du travail[n 13] sont de plus en plus prises en compte. Cependant, les variables étudiées se situent plus à un niveau micro-organisationnel ou microsocial[n 14], au détriment des analyses macro-organisationnelles ou macrosociales, qui prennent en compte la structure de linstitution, lorganisation hiérarchique, le style de managementetc. Cette orientation sexplique de deux façons. Dabord, les travaux sont dominés par des théories locales, qui cherchent à expliquer un nombre restreint de phénomènes avec un nombre limité de variables, plus faciles à opérationnaliser et à étudier[124]. Ensuite, les entreprises montrent peu dempressement à laisser le chercheur sinterroger sur linfluence du mode de management sur la santé des employés. Certaines entreprises prônent même la gestion des ressources humaines par le stress[125].

Interindividuelles

À ce niveau, cest principalement leffet de relations déséquilibrées, injustes, des conflits[n 15], mais aussi du soutien social ou de son absence qui est étudié[126]. Étant donné le nombre élevé des emplois de services les relations avec autrui sont capitales, ces variables sont importantes. La théorie de léquité, celles du support social et de laffiliation fournissent à ce niveau des grilles de lecture pertinentes[127].

Intra-individuelles

Les chercheurs déploient beaucoup defforts pour identifier la part des variables de personnalité, ce qui tend à particulariser le syndrome dépuisement professionnel et risque den faire un problème à particulariser et à traiter individuellement, en rejetant ses causes organisationnelles et sa dimension sociale et collective[128]. Ceci sexplique en partie par linfluence quexerce actuellement le modèle transactionnel de Lazarus et Folkman[129]. Daprès ce modèle, les caractéristiques individuelles jouent un rôle essentiel dans lémergence de la réaction de stress. Lévaluation dun stresseur (comme une tâche supplémentaire à réaliser, des horaires de travail qui changent, une organisation de travail différenteetc.) varie dun individu à lautre. Certains peuvent y voir un défi permettant dexercer leurs compétences, dautres ne retiennent que la menace. En outre, les caractéristiques individuelles agissent sur les capacités de faire face à ces exigences, sur les ressources que lindividu cherche à mobiliser. Certains se sentent plus aptes que dautres à contrôler la situation, à mobiliser le soutien de leurs collègues et à utiliser ce support efficacement.

Au niveau individuel, on sintéresse aussi à la sphère attitudinale, notamment aux attentes des individus, ou à lécart entre attentes et réalité de travail[130]. Les variables sociodémographiques sont également prises en compte, lorsquon étudie les différences entre hommes et femmes, linfluence de lâge, du sexe ou du statut matrimonial[131]. Il va sans dire que, quel que soit le niveau danalyse, on recherche les facteurs qui déclenchent le processus de burnout, mais aussi ceux qui freinent sa progression. Les ressources disponibles ralentissent lévolution du processus schéma 2.

Manifestations et conséquences

Wilmar Schaufeli et Robert Enzmann[132] dressent la liste des symptômes du syndrome dépuisement professionnel. Ils en dénombrent cent-trente-deux, mais préviennent quen réalité, « la plupart de ces symptômes proviennent dobservations cliniques incontrôlées ou dinterviews analysées de façon impressionniste et non-spécifiée plutôt que détudes quantitatives conçues rigoureusement et conduites précisément. » Autrement dit, nombre de ces symptômes ont été repérés quand ont démarré les premières recherches. La liste des symptômes mis à jour par des études empiriques solides est allongée du fait de lexistence de plusieurs formes dépuisement professionnel[133], chacune pouvant sexprimer à travers des manifestations spécifiques. De plus, le syndrome dépuisement professionnel étant un processus, il est susceptible de sexprimer différemment au cours de son développement chez le même individu, selon sa phase dévolution. Il nest pas toujours aisé de séparer clairement les symptômes et les conséquences du syndrome dépuisement professionnel[134].

Certains auteurs emploient lexpression « symptômes du burnout » pour faire référence au trois dimensions du MBI : lépuisement émotionnel, la dépersonnalisation et laccomplissement personnel réduit[135],[136],[137]. Mais Arie Shirom considère que laccomplissement personnel est une conséquence du syndrome dépuisement professionnel[138]. Pour Wilmar Schaufeli par contre, « faire une distinction entre symptômes et conséquences du burnout revient à dresser une ligne arbitraire[139]. »

La classification de Carol Cordes et Thomas Dougherty distingue cinq catégories :

  1. Physique
  2. Émotionnelle
  3. Interpersonnelle
  4. Attitudinale
  5. Comportementale

Elles sobservent au niveau de lindividu, des interactions sociales et de lorganisation du travail[140].

Physiques et émotionnelles

Les atteintes psychologiques et physiques montrent à quel point le syndrome dépuisement professionnel peut être destructeur[141]. Le sentiment de fatigue, dépuisement, de sensation dêtre « vidé », est le symptôme le plus typique[142],[143]. Les individus atteints dun degré élevé dépuisement professionnel ont davantage de troubles du sommeil et une plus grande fatigue au réveil[144]. La fatigue liée au syndrome dépuisement professionnel nest pas celle que lon éprouve temporairement et qui disparaît après une période de repos. Il sagit dune fatigue chronique[145].

Le syndrome dépuisement professionnel se manifeste aussi par des troubles somatiques. Une étude longitudinale menée par Jacob Wolpin auprès de deux cent quarante-cinq enseignants canadiens montre que lapparition des symptômes somatiques ne peut être prédite quun an après lapparition du syndrome lui-même[146]. Arie Shirom trouve des résultats semblables auprès denseignants israéliens[147].

Le syndrome dépuisement professionnel est associé à des douleurs ou plaintes symptomatiques tels que :

  • maux de ventre,
  • douleurs musculo-squelettiques, en particulier le mal de dos,
  • désordres psychosomatiques tels quulcères et troubles gastro-intestinaux dans certains cas[148],
  • manifestations classiques du stress associées à des manifestations de transpiration ou dangoisseetc.,
  • réduction des défenses immunitaires[149],[150],
  • suivis de rhume prolongé[151],[152].

Des patients atteints dépuisement professionnel ont, par rapport à un groupe contrôle, un rythme cardiaque plus élevé au repos[153]. Des études longitudinales signalent, chez ceux qui ont un syndrome dépuisement professionnel aigu, une élévation du niveau de cholestérol, de triglycéride, de lacide urique et des anomalies de lélectrocardiogramme[154]. Le syndrome dépuisement professionnel est associé à des taux de cortisol plus élevé durant la journée de travail[155]. Il provoque aussi des inflammations conduisant à lathérome[156]. Il peut conduire également au diabète de type 2[157]. Ces modifications biochimiques exposent à des risques cardio-vasculaires[158].

Attitudinales et comportementales

L'enseignement est une profession touchée par le syndrome d'épuisement professionnel.

Les manifestations comportementales du syndrome dépuisement professionnel sont variées. On les observe tant au niveau de lindividu, de ses relations, que de lenvironnement de travail.

Au niveau de lindividu

Si le syndrome dépuisement professionnel saccompagne, dans sa phase préliminaire, dune période de grande activité, avec éventuellement des pratiques sportives, il est associé à une mauvaise hygiène de vie[159],[160],[161]. Dans une recherche menée auprès de médecins français[162], Susan Jackson a découvert un lien significatif entre lépuisement émotionnel et la consommation dalcool. La même association est observée auprès de groupes professionnels variés, comme des dentistes[163], des employés de services sociaux[164] ou des opérateurs de transit urbain[165].

Plus généralement, on trouve une diminution des ressources psychologiques[166] :

Blake Ashforth montre auprès de managers dun service social que lépuisement émotionnel et la dépersonnalisation sont suivis dun sentiment dimpuissance. Des troubles cognitifs font également partie de ces manifestations[168].

Au niveau de la vie privée

Les effets du syndrome dépuisement professionnel débordent sur la vie privée. Contredisant lidée que travail et vie privée sont des sphères séparées et autonomes, ce syndrome a des répercussions sur la sphère familiale et plus généralement sociale. Dans ses premiers comptes-rendus dobservation[169], Christina Maslach note que le syndrome dépuisement professionnel engendre des divorces. Au sein du couple, lépuisement professionnel du mari, provoqué par des menaces de restructuration et de réduction deffectifs, a un effet direct sur les tensions avec son épouse et accroît les comportements et attitudes négatives envers elle[170]. Dans une étude menée auprès de cent-quarante-deux couples[171], Ayala Pines et Christina Maslach trouvent que non seulement ceux atteints dépuisement professionnel tendent à sisoler de leurs amis, mais leur conjoint indique quils ou elles se comportent avec leurs enfants de façon « professionnelle ».

Lors dune étude poussée sur mille huit cent cinquante cas de syndrome dépuisement professionnel avérés, Yeor Etzion révèle un taux « anormalement inquiétant » de suicide chez les personnes atteintes de ce syndrome[172].

Au niveau du travail

Le syndrome dépuisement professionnel contribue à augmenter linsatisfaction au travail[173] et à diminuer lengagement[174],[175]. Des études longitudinales révèlent que les personnes atteintes dépuisement professionnel sont moins impliquées et ont davantage lintention de quitter leurs emplois que les autres[176],[177]. Chez des enseignants suivis plusieurs mois, lépuisement émotionnel mesuré par le MBI prédit non seulement les intentions de quitter le travail, mais aussi le fait de le quitter effectivement[178].

Le syndrome dépuisement professionnel contribue à la détérioration des relations entre collègues, mais aussi avec les clients, élèves et patients. Les médecins à lépuisement professionnel élevé répondent moins aux questions des patients, les négligent davantage (ils ne discutent pas des différentes options de traitement par exemple), et commettent des erreurs quon ne peut attribuer à leurs manques de connaissances ou dexpérience[179].

Prendre une décision savère coûteux pour lindividu épuisé émotionnellement. La dépersonnalisation ou le cynisme conduisent à prendre des décisions plus impersonnelles, voire stigmatisantes. Jacques Languirand a mené des recherches afin de tester explicitement limpact du syndrome dépuisement professionnel sur les prises de décisions. Les hypothèses ont été testées à partir de situations simulées les participants devaient réagir à un cas fictif de client ou de patient. Minirth montre que des travailleurs sociaux dun service de protection de lenfance, face au cas dun enfant en danger, prennent des décisions plus rapidement, et y restent fermement attachés sils ressentent de lépuisement professionnel. Il montre également que des médecins généralistes qui ont un degré élevé dépuisement émotionnel prennent, vis-à-vis dune patiente, des décisions moins coûteuses en temps, en énergie et en investissements futurs. Ce phénomène est dautant plus accentué que cette patiente est non compliante[180], ainsi « Le burnout définit une véritable pathologie sociale et nous avertit des dangers qui guettent le monde du travail »[181].

Dans la culture

Le burnout est le sujet de plusieurs films. Femmes au bord de la crise de stress, film danimation de 1993 est le premier film à évoquer le stress au travail. Le documentaire Harcèlements, de Bernard Cazedepats, date lui de 2002. Plusieurs longs métrages abordent également le thème : Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés, de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau en 2005, Le Couperet, de Costa-Gavras (2005), Lemploi du temps, de Laurent Cantet (2001) ou encore, dans une moindre mesure, Violence des échanges en milieu tempéré, de Jean-Marc Moutout, 2004. Dans les années 2000 les documentaires sur le sujet se multiplient : Jai (très) mal au travail : stress, harcèlement, violences de Jean-Michel Carré en 2007 ou Le salaire de la souffrance : harcèlement moral au travail réalisé par Marie-Christine Gambart en 2001, et Travailler à en mourir de Paul Moreira (2007). Enfin, lInstitut national de recherche et de sécurité (acronyme : « INRS ») a réalisé des films de sensibilisation : Le stress au travail, cest un problème de défaillance individuelle, Un peu de stress, ça ne peut pas faire de mal et Contre le stress on ne peut rien[182].

Notes et références

Notes

  1. À l'origine, burn-out est un terme de l'industrie aérospatiale. Il désigne une fusée à carburant solide montant à vive allure puis lorsque le combustible est « burn out » (épuisé), elle retombe à terre et explose.
  2. On rencontre aussi bien « syndrome dépuisement professionnel » que burnout en français.
  3. Lauteur sexprimant en françaisqui nest pas sa langue maternellea utilisé le mot « désuète » en voulant probablement dire « ténue ».
  4. Médecins, infirmier(e)setc.
  5. Services sociaux, santé, enseignementetc.
  6. Élèves, patients, clientsetc.
  7. Estime de soi, auto-efficacitéetc.
  8. Soutien reçu de la part des collègues, de la hiérarchieetc.
  9. Puisque ses attentes, sa formation, sont relativement inadaptées.
  10. Lazarus et Folkman écrivent que le coping est « lensemble des efforts cognitifs et comportementaux, constamment changeants, permettant de gérer les exigences externes ou internes - spécifiques à une situation - qui entament ou excèdent les ressources dune personne » (Stress, Appraisal, and Coping, p. 94).
  11. Par rapport à ceux qui lestiment équilibré.
  12. Consommation élevée dantidépresseursetc.
  13. Restructurations, délocalisations,réductions deffectifs, surveillance électronique des employés, télétravailetc.
  14. Du rapport direct entre lindividu et son environnement.
  15. Harcèlement, agressions, violenceetc.

Références

  1. Lépuisement professionnel : « la brûlure interne », p. 142.
  2. Burn Out : Quand le travail rend malade, p. 7.
  3. Journal of Social Issues, p. 159-165.
  4. Burnout: The High Cost of High Achievement, p. 198.
  5. swissburnout.ch.
  6. Journal of Social Issues, p. 160.
  7. Burnout: The High Cost of High Achievement, p. 14-15.
  8. Psychologie de lidentité, p. 17-32.
  9. a et b Banishing Burnout, p. 148.
  10. Burnout: The High Cost of High Achievement, p. 145.
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Voir aussi

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Bibliographie

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  • Jacques Languirand, Vaincre le Burnout [détail des éditions]  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
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  • Georg Simmel, Individualismus der modernen Zeit: und andere soziologische Abhandlungen [détail des éditions]  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Christine Färber, Jobwechsel [détail des éditions]  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
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  • Ina Grau, Hans Werner Bierhoff, Sozialpsychologie der Partnerschaft [détail des éditions]  Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
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Articles connexes

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