- Saint-péray (AOC)
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Côtes du Rhône septentrionales Saint-Péray et ses vignobles,
au pied de la colline de Crussol.Désignation(s) Côtes du Rhône septentrionales Appellation(s) principale(s) saint-péray Type d'appellation(s) AOC Reconnue depuis 1936 Pays France Région parente vignoble de la vallée du Rhône Localisation Ardèche Saison vallée du Rhône septentrionale Climat tempéré méditerranéen dégradé avec influence continentale Sol granitique et limoneux-calcaire Superficie plantée 52 hectares Nombre de domaines viticoles 15 déclarants de récolte dont 8 produisant du vin mousseux Cépages dominants marsanne B et roussanne B Vins produits 70 % mousseux et 30 % blancs Production 1 682 hl Pieds à l'hectare minimum 4 000 pieds par ha Rendement moyen à l'hectare 45 à 52 hl/ha en blanc,
52 à 60 hl/ha en mousseux[1]modifier Le saint-péray[2] est un vin d'appellation d'origine contrôlée produit sur les communes de Saint-Péray et Toulaud, sur la rive droite du Rhône, en face de la ville de Valence. Il s'agit d'une appellation du vignoble de la vallée du Rhône septentrionale, dans le département de l'Ardèche, au sud de l'aire de production du cornas au nord.
Sommaire
Histoire
Antiquité
Un vaste domaine viticole appartenant à une famille gallo-romaine de la gens Atius prospéra entre Rhône et la montagne de Crussol. Après les invasions barbares, les survivants se réfugièrent dans les ruines de la « villa rustica » et ce hameau prit le nom d'Atacium.
Moyen Âge
Ici le vignoble est attesté depuis 936 où la grande abbaye du Vivarais, Saint Chaffre, cite les vignes de S. Petri d’Atiacum (nom qui évoluera vers Ay).
Au Moyen Âge, il devint le siège d'un prieuré dédié à saint Pierre et, dès lors, le village fut baptisé « Sanctus Petrus Atiacum ». Ce nom va évoluer au cours des siècles vers Saint-Pierre d'Ay qui devint Saint-Péray.
Le Cartulaire de Saint-Chaffre, en 936, mentionne la donation à cette abbaye d'une villa et de ses vignes sise sous le castrum de Crussol. Plus tard, au XIIe siècle, le Cartulaire de Bourg-lès-Valence, indique que les comtes de Crussol : Giraud Bastet, son épouse Agnès et son frère Guillaume, donnent 50 livres à l'abbaye de Saint-Estève, située à l'extrémité de la montagne de Crussol, et des vignes à l'église de S.Petri Ay.
Période moderne
Dès la fin du Moyen Âge et durant toute la Renaissance, Saint-Péray suivit l'histoire de la famille de Crussol, jusqu'à ce que ses descendants devinrent comtes puis duc d'Uzès et ce duché sera élevé au rang de premier duché de France.
En 1762, l'abbé Dode, curé de la paroisse, note que le village produit des céréales, en faible quantité, mais beaucoup de topinambours « et des vins blancs et rouges. La partie regardant le midi produit le meilleur des vins blancs du pays ». Au XVIIIe siècle, ces vins étaient déjà estimés de haute qualité puisque, sous la Révolution, Saint-Péray se débaptisa pour s'appeler fièrement « Péray Vin Blanc ».
Période contemporaine
La première prise de mousse à Saint Péray fut réalisée au château de Beauregard, en 1829, par la Maison Faure sur cent barriques : en 1825, le négociant Alexandre Faure fit venir un caviste champenois et lui demanda d’élaborer un mousseux[3]. La maison Faure devint fournisseur officiel des cours d’Autriche, d’Angleterre et du Wurtemberg. À ses royales ou impériale prédilections s’ajoute l’engouement d’un grand musicien. Une lettre autographe de Richard Wagner, datée de Bayreuth, en 1877, passe commande de 100 bouteilles de vins mousseux.
Les vinificateurs de Saint-Péray furent les premiers après les Champenois à maîtriser la prise de mousse de leurs vins par la « méthode traditionnelle »[4]. Un document établit avec certitude la date de cet évènement : une lettre datée du 11 mars 1829 et écrite par Louis Faure à son neveu en tournée d'affaires à Édimbourg.
« Tu apprendras sans doute avec plaisir que notre opération à champagniser les cent barriques vin blanc de Saint-Péray se poursuit très bien et nous doutons pas de la réussite... Ce premier essai de prise de mousse a été effectué dans les caves du château de Beauregerd et nous avons donc aussi notre Hautvillers : cette fierté s'ajoute à celle d'être la première localité viticole après la Champagne à produire en France des vins mousseux. »
En l'absence de toute législation, la Maison Faure Père & fils commercialisa ses cuvées sous le nom de « Champagne Saint-Péray », leurs successeurs MM. Giraud Louis et cie se contenteront de « Saint-Péray. Grand Mousseux ».
Les Faure obtinrent vers 1850 le brevet de « Fournisseur officiel de la Cour d'Autriche » puis en 1867 celui de la « Cour d'Angleterre ». Dès 1843, des lettres de commandes attestent que les négociants de la commune fournissaient également les caves de la Cour de S. M. le roi de Wurtemberg.
Situation géographique
Au pied de la colline de Crussol, lieu de passage entre la montagne ardéchoise et la plaine de Valence, le village est traversé par le Mialan, un affluent du Rhône.
Orographie
La colline s'étire sur trois kilomètres dans une orientation nord / sud en ligne de crêtes assez régulière dont l’altitude passe progressivement de 306 à 406 mètres. Transversalement, c'est un massif dissymétrique : vers l’est, une haute falaise calcaire, surplombant des éboulis, domine la vallée du Rhône, tandis que vers l’ouest, la pente s’abaisse moins brutalement jusqu'au Mialan.
Géologie
La Montagne de Crussol sépare en deux ce terroir. Les terrasses qui jouxtent le Rhône sur les flancs est et ouest de la Montagne sont constituées d’un sol de lœss et de calcaire anguleux. Les autres sont sur un socle de granit porphyroïde avec couvert d’éboulis et d’arènes granitiques où le quartz reste intact et d’argile de décomposition en provenance des feldspaths.
Climatologie
Ce terroir viticole bénéficie d'un climat tempéré dont la principale caractéristique est un vent quasi permanent qui souffle et assèche l'air le long du couloir rhodanien. Baptisé Mistral lorsqu'il vient du nord, il apporte beau temps et fraîcheur en été, mais une impression de froid glacial en hiver. Lorsqu'il provient du sud, il annonce généralement l'arrivée de perturbations orageuses. Il s'appelle alors « le vent du midi » ou « le vent des fous » car, pour certaines personnes, il rend l'atmosphère pénible à supporter, surtout en été.
À partir de cette latitude, l'influence du climat méditerranéen se fait directement sentir. L'ensoleillement annuel est élevé (environ 2400 heures à Valence, estimation de Météofrance) . Les étés y sont chauds et secs. La température moyenne du mois de juillet est de 22 °C (Montélimar 23 °C). Les hivers froids sans excès s'inscrivent plutôt dans un climat de type semi-continental dégradé. La température moyenne du mois le plus froid (janvier) est ainsi de 4 °C (5°à Montélimar 40 km plus au sud).
La pluviométrie annuelle est modérée : environ 900 mm par an étalés sur 85 jours de précipitations supérieur à 1 mm (Montélimar). Les pluies sont particulièrement importantes à la fin de l'été (particulièrement en septembre à cause de l'effet cévenol ou orage cévenol qui déverse des trombes d'eau).
Relevés météorologiques de la région de Tournon mois jan. fév. mar. avr. mai jui. jui. aoû. sep. oct. nov. déc. année Température minimale moyenne (°C) - 1 0 2 4 9 12 14 14 11 8 3 1 6,4 Température moyenne (°C) 3,5 4 7 8,5 14,5 17,5 20 20 16,5 12,5 6,5 3,5 11,1 Température maximale moyenne (°C) 6 8 12 15 20 23 26 26 22 17 10 6 15,9 dont pluie (mm) 42,7 34,7 39,5 61,8 63,9 44,4 42,3 43,6 70,9 78,6 63,2 43,5 431,5 Source : (fr) Données de Tournon 1961 à 1990Vignoble
Présentation
Le bourg de Saint-Péray, à l’ombre du château historique de Crussol, fait face à Valence sur l’autre rive du Rhône. Il a donné son nom à l’appellation qui s’étend sur Toulaud, une autre commune ardéchoise.
Encépagement
Cette appellation assemble marsanne et roussanne tant pour ses vins tranquilles que mousseux.
Méthodes culturales
Son vignoble couvre 51 ha et donne 1 897 hl de vin blanc dont la production atteint 45 hl / ha.
Vinification et élevage
Terroir et vins
Dominé par le château de Crussol, ce terroir, où le vignoble a colonisé des coteaux au relief tourmenté, est composé de sols granitiques couverts de limon, lœss et débris calcaires. La marsanne[5] et un peu de roussanne permettent l’élaboration d’un vin mousseux et d’un vin tranquille qui se vêtent d’une robe jaune aux reflets d’or pâle et dont le nez embaume les fleurs fraîchement cueillies.
Structure des exploitations
Type de vins et gastronomie
Effervescent ou tranquille, ces deux vins sont caractérisés par une belle robe d’or jaune à or pâle. Le vin tranquille et sec, qui assemblage de 96 % de marsanne et 4 % de roussanne, à un nez très floral où domine l’arôme de violette. Il est parfait sur les hors d’œuvre et les poissons blancs. L’effervescent, à base de marsanne, se sert en apéritif ou dessert. C’est un vin léger et sec, très vif grâce à une bonne acidité. Ces deux types de vins sont mis en bouteille après 2 à 3 ans passés en cuve, généralement des pièces de 225 litres.
La bouche du mousseux est vive, légère et rafraîchissante, celle du vin tranquille tonique et d’un bel équilibre. Toutes ces deux vins aromatiques sont marqués par des notes florales et de fruits secs où dominent la châtaigne ou l'abricot.
Millésimes
Ils correspondent à ceux du vignoble de la vallée du Rhône. Ils sont notés : année exceptionnelle , grande année , bonne année ***, année moyenne **, année médiocre *.
Millésimes 2000 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 2002 2001 2000 Caractéristiques *** *** *** Millésimes 1990 1999 1998 1997 1996 1995 1994 1993 1992 1991 1990 Caractéristiques *** *** ** *** ** ** ** *** Millésimes 1980 1989 1988 1987 1986 1985 1984 1983 1982 1981 1980 Caractéristiques *** ** *** Millésimes 1970 1979 1978 1977 1976 1975 1974 1973 19722 1971 1970 Caractéristiques ** *** *** ** ** Millésimes 1960 1969 1968 1967 1966 1965 1964 1963 1962 1961 1960 Caractéristiques ** * *** *** ** ** *** Millésimes 1950 1959 1958 1957 1956 1955 1954 1953 1952 1951 1950 Caractéristiques *** ** Millésimes 1940 1949 1948 1947 1946 1945 1944 1943 1942 1941 1940 Caractéristiques ** ** ** Millésimes 1930 1939 1938 1937 1936 1935 1934 1933 1932 1931 1930 Caractéristiques * *** ** ** ** ** Millésimes 1920 1929 1928 1927 1926 1925 1924 1923 1922 1921 1920 Caractéristiques ** ** ** Sources : Yves Renouil (sous la direction), Dictionnaire du vin, Éd. Féret et fils, Bordeaux, 1962 ; Alexis Lichine, Encyclopédie des vins et alcools de tous les pays, Éd. Robert Laffont-Bouquins, Paris, 1984, Les millésimes de la vallée du Rhône & Les grands millésimes de la vallée du Rhône Soit sur 90 ans, 24 années exceptionnelles, 26 grandes années, 16 bonnes années, 22 années moyennes et 2 années médiocres.
Commercialisation
Fête et marché des vins
Chaque année, le premier week-end de septembre, se déroule la « Fête des vins et du Jumelage », couplée avec le « Marché des Vins » qui se tient sous le gymnase. L'ensemble des producteurs et vignerons des différentes AOC de la vallée du Rhône y participent.
Anecdotes
Richard Wagner fut un amoureux inconditionnel de ce vin. En 1817, il écrivit de Bayreuth :
« Messieurs, je vous prie de me faire parvenir, dès que possible, les cent bouteilles de Saint-Péray mousseux fin, sec, que vous m'avez proposées ; je garderai également le vin doux reçu précédemment. En raison de quoi, je compte sur un délai de paiement accommodant pour le nouvel envoi. »
De la musique à la poésie, il suffit d'un pas pour découvrir Marc-Antoine Desaugiers, chansonnier et vaudevilliste, qui rimait au début du XIXe siècle :
« À vous je m'adresse, Mesdames,
Je vais chanter le Saint-Péray.
Il est surnommé vin des femmes,
C'est vous dire s'il est parfait,
La violette qu'il exhale
En rend le goût délicieux[6]. »Notes et références
- Décret du 28 octobre 2009
- Références sur la façon d'orthographier les appellations d'origine
- Appellation Saint-péray
- On disait alors « méthode champenoise ».
- La marsanne représentait plus de 90% de la surface plantée en 1995. Ce cépage avait supplanté complètement la roussanne, plus difficile à élever mais plus riche sur le plan aromatique.
- Simone Huser, Les vins de Saint-Péray, Études Rhodaniennes, Vol. 23, n° 22-3, 1948.
Bibliographie
- Pierre Le Roy de Boiseaumarié, Histoire de l'appellation Côtes du Rhône, Éd. Reflets Méditerranées, Avignon, 1978.
- Pierre Charnay, Vignobles et vins des Côtes-du-Rhône, Éd. Aubanel, Avignon, 1985.
- Robert W. Mayberry, Wines of the Rhône Valley, a guide to origins, Rowman & Littlefield Publishers, Totawa, New Jersey, U.S.A. , 1987.
- Guy Jacquemont et Patrick Galant, Le Grand Livre des Côtes-du-Rhône, Éd. du Chêne, Paris, 1988.
- Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.
- Jean-Pierre Saltarelli, Saint-péray : les vins de fêtes, La Journée Vinicole n° 19195, Montpellier, 29 décembre 1995.
- Jean-Pierre Saltarelli, Vallée du Rhône : de l’appellation à la notion de cru, Vins magazine, n° 41, décembre 2001, janvier-février 2002.
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Le site officiel de l'AOC Saint-Péray
- Le saint-péray sur www.vins-rhone.com
- Simone Huser, Les vins de Saint-Péray, Études Rhodaniennes, Vol. 23, n° 22-3, 1948, sur le site Persée
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