- Mistral (vent)
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Rose des vents sur la Méditerranée1 1Cette rose des vents était utilisée par les marins sur la Méditerranée pour se repérer. La direction, le nom et les effets de chacun de ces vents peuvent varier suivant les régions (en particulier, les directions du Mistral et de la Tramontane sont permutées dans la région du Languedoc).Le mistral (en provençal mistrau, en languedocien magistrau, en catalan mestral, en corse maestrale) est un vent catabatique de nord-ouest à nord, très froid en hiver et chaud en été, et souvent violent, qui concerne le nord du bassin de la Méditerranée occidentale. Généralement sec et accompagné d'un temps très ensoleillé, son caractère dominant lui confère un rôle important dans l'originalité du climat provençal.
Il peut souffler à plus de 100 km/h en plaine, notamment dans la basse vallée du Rhône.
Sommaire
Historique
Les auteurs antiques nommeront Circius un vent violent de Narbonnaise. Selon l'auteur latin Sénèque, repris par plusieurs auteurs, l'empereur Auguste aurait érigé un temple à ce vent particulier[1]. Dans la tradition provençale, le mistral est l'un des trois fléaux de la Provence, les deux autres fléaux étant la Durance et le Parlement de Provence[2].
Il souffle en rafales selon une direction Nord-Nord-Ouest environ 130 jours par an, avec une vitesse variant de 30 à 120 km/h. Selon les régions, il porte différents noms : biso, cantaleso, cers, galerno, vent-terrau[2].
Ce vent sec qui semble glacial, propulse les masses d'air frais descendues du Massif Central (et parfois des Alpes) dans la vallée du Rhône dès que l'air de la Méditerranée est plus chaud que celui des terres. Il est dévastateur pour les cultures et attise les incendies[2].
Définition et extension du mistral
Le mistral concerne la Provence, du Languedoc (Est de Montpellier), au Var (Fréjus), et toute la vallée du Rhône (de Lyon à Marseille), ainsi que la Corse et la Sardaigne. Vers le sud, il atteint facilement la latitude des îles Baléares. Dans toutes ces régions, on parle de mistral lorsqu'un vent sec de secteur ouest à nord et soufflant par rafales "dégage le ciel" et rend l'air limpide[2]. Ce vent souffle généralement du nord-ouest au nord, mais dans certaines vallées préalpines et sur la côte d'Azur le relief le canalise à l'ouest. Quelquefois, il souffle du nord-nord-est sur l'est du Languedoc et jusqu'au cap Béar. Il n'est pas rare qu'un épisode de mistral ne concerne qu'une partie du domaine cité ci-dessus.
Circonstances des épisodes de mistral
Le mistral naît de la différence de pression entre une dorsale anticyclonique sur le proche Atlantique ou l'Europe du Nord et un minimum dépressionnaire sur la Méditerranée (Golfe de Gênes). Le flux de nord-est à nord-ouest engendré par cette configuration est canalisé et accéléré dans la vallée du Rhône jusqu'à une altitude d'environ 3 000 m (contournement de la chaîne alpine). Mais l'extension du phénomène dépend des circonstances dans lesquelles s'installe un régime de mistral. Le mistral peut souffler toute l'année, et c'est en hiver et au printemps qu'il est le plus fréquent.
Flux de nord-ouest généralisé
Cette situation est à l'origine des épisodes de mistral et de tramontane les plus fréquents. Un front froid associé à une dépression sur l'Europe du Nord se déplace vers l'est. Le flux s'oriente au nord-ouest, apportant de l'air océanique frais. Le vent de nord-ouest est frais. Il provoque des averses sur les haut-plateaux du Massif central. Par effet de foehn, l'air s'assèche brutalement dans les basses vallées de l'Ardèche et du Gard. Ceci dissipe tous les nuages très rapidement. L'accélération du vent est provoquée par un effet venturi lié à la formation d'une dépression dans le golfe de Gênes, sous le vent des Alpes. L'épisode de mistral concerne alors toute la vallée du Rhône, la Provence jusque dans l'arrière-pays et la Côte d'Azur, où il vient de l'ouest. Dans le Languedoc, c'est la tramontane qui souffle fort. Mistral et tramontane, ici associés, soufflent sur le Golfe du Lion et le nord-ouest de la Méditerranée occidentale, et peut être ressenti à l'est des Baléares, en Sardaigne et quelquefois jusqu'à la côte africaine.
Lorsque le flux est orienté au nord-nord-ouest, voire nord, avec un anticyclone très étendu en latitude sur l'Atlantique et un flux perturbé sur la France, l'air est plus froid, aussi bien en altitude qu'au sol. Le mistral engendré par cette circulation méridienne est plus violent et le temps moins clément, avec des gros cumulus parfois porteurs de faibles averses. Le mistral est alors moins ressenti à l'est de la Provence.
Lorsque le flux est plutôt d'ouest (régime zonal), la masse d'air n'est pas forcément froide et le mistral n'est ressenti que sur la plaine du delta du Rhône et sur la côte d'Azur. Il ne fait beau que près des côtes méditerranéennes et il peut pleuvoir dans l'arrière-pays. La Côte d'Azur a un ciel dégagé et un temps plus chaud grâce à un effet de Foehn.
De loin les plus courants, ces épisodes de mistral sont assez brefs : généralement pas plus d'un à trois jours.
Flux de nord-est généralisé
Cette situation est à l'origine d'un mistral très différent : il ne souffle que sur l'ouest de la Provence et jusqu'à Montpellier, d'une direction nord ou nord-nord-est. Ce «mistral» est de loin le plus froid en hiver, car l'air transporté est de l'air continental provenant d'Europe centrale voire de Russie. Il est dû à la présence d'un anticyclone sur l'Europe du Nord. Le vent peut alors souffler pendant plus d'une semaine, jusqu'à ce que l'anticyclone se soit assez déplacé vers l'est pour que le flux change de direction. Ce type de mistral peut être associé à une dépression sur la Méditerranée qui amène de la pluie voire de la neige à très basse altitude en hiver.
Mistral d'été
Ce type de mistral, contrairement aux précédents, n'est pas engendré par une configuration synoptique particulière. Il se produit essentiellement en juillet et concerne la vallée du Rhône et la côte provençale. Il est engendré par la formation d'une dépression thermique sur l'arrière-pays provençal (Var, Alpes-de-Haute-Provence) surchauffé en journée. L'appel d'air créé engendre un flux de nord sur l'ouest de la Provence et ce mistral est souvent annulé près du littoral par des brises maritimes. Il ne souffle qu'en journée, car sa formation est liée à l'évolution diurne. Ce type de mistral est redouté en Provence car il renforce l'effet de la sécheresse estivale, attise et propage les incendies de forêt.
Mistral et retour d'est
Le mistral n'est pas toujours synonyme de ciel clair. En particulier, lorsqu'une dépression méditerranéenne s'approche de la côte par le sud-est, le vent peut tourner et le temps se dégrader rapidement. La position de la dépression engendre un flux de secteur nord-ouest à nord-est, canalisé en vent de nord dans la vallée du Rhône. Si cette dépression repart vers le sud-est, le mistral reprend le dessus; mais si la dépression continue de s'approcher des terres, le mauvais temps peut s'installer pour plusieurs jours sur tout le bassin méditerranéen, voire se transformer en épisode cévenol, avec son cortège d'intempéries.
Effets du mistral
Ensoleillement et sécheresse
Le mistral est un vent sec, et son apparition dégage presque toujours le ciel et assèche l'air. Sa fréquence explique en partie l'ensoleillement exceptionnel (2700 à 2900 heures par an) et la limpidité de l'air en Provence. Pour les Provençaux, le mistral est un élément important dans l'identité régionale. Lorsque des perturbations traversent la France, la Provence est généralement très peu touchée et le mistral dégage très vite l'atmosphère : en moins de deux heures, ou en quelques kilomètres dans les Cévennes, on peut passer d'un ciel complètement couvert à un ciel complètement dégagé. La dispersion des poussières et des brumes rend l'air très limpide, de sorte que par temps de mistral on peut voir des montagnes distantes de 150 km ou plus.
Salubrité
Le mistral a la réputation d'être un vent salubre, car l'air sec qu'il véhicule assèche les eaux stagnantes et la boue, d'où son surnom de "mange-fange". Ce fait était déjà attesté par l'auteur Sénèque au Ier siècle de notre ère[3]. Aujourd'hui, il dissipe vers le large la pollution de l'air au-dessus des villes et des grands centres industriels.
Incendies de forêt
La sécheresse estivale génère un stress hydrique important sur la végétation en région méditerranéenne. Les plantes aromatiques réagissent aux fortes chaleurs en émettant une grande quantité d'aromates volatils. Le mistral accroît ce stress hydrique et rend la forêt très inflammable. En plus de faciliter l'oxygénation du feu (effet similaire à la stimulation d'un feu de cheminée en "soufflant sur les braises") le vent peut propager le moindre départ de feu à grande vitesse (plusieurs kilomètres par heure) et "sauter" par-dessus des éléments de relief, ce qui complique la tâche des pompiers dans la circonscription d'un incendie de forêt. De plus, la fumée est poussée par le vent, ce qui interdit presque toute intervention par le côté opposé à la direction du vent.
Croissance des végétaux
Dans la vallée du Rhône et sur la plaine de la Crau, la régularité et la violence du mistral fait que les arbres poussent penchés vers le sud. Et là où la forêt a disparu, les arbres repoussent difficilement à cause du vent fort que plus aucun arbre n'arrête. Les agriculteurs de la vallée du Rhône sont ainsi obligés de planter des haies de cyprès et de peupliers, pour éviter que leurs cultures se dessèchent. Un rapide survol de la région de Cavaillon sur une image satellite montre une disposition Est-Ouest frappante de ces haies. Mais le mistral peut sauver des récoltes du gel de printemps qui peut sévir jusqu'en fin avril, à l'occasion d'un coup de froid.
Refroidissement de la température de la mer
Phénomène très marqué l'été sur la côte touchée par le mistral, celui-ci repoussant au large les eaux chaudes de surface remplacées par les eaux froides plus profondes.
Prévision du Mistral
Bibliographie
Jean-Christophe Vincendon, Météo du Sud, Loubatières, 2005 (ISBN 2-86866-444-8)
Liens internes
Liens externes
- Le Mistral sur meteofrance.com
- Diagramme du mistral sur vigilance-meteo.fr
Notes et références
- SENEQUE, Questions Naturelles, XVII, 5. Trad P. Otramare, Les Belles Lettres, Paris, 1961. AULU-GELLE, Nuits Attiques, II, 22, 20. Trad R. Marache, Les Belles Lettres, Paris, 1969. PLINE, Histoires Naturelles, II, 46. J. Beaujeu, Les Belles Lettres, Paris, 1950.
- Le mistral sur le site notreprovence.fr
- SENEQUE, Questions Naturelles, XVII, 5. Trad P. Otramare, Les Belles Lettres, Paris, 1961.
- Vigilance Météo
Catégorie :- Vent d'Europe
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