Rivière Illinois

Rivière Illinois

Mississippi (fleuve)

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Mississippi
Le Mississippi au point de confluence du Missouri, au sud de Saint-Louis.
Le Mississippi au point de confluence du Missouri, au sud de Saint-Louis.
Cartes du fleuve Mississippi.
Cartes du fleuve Mississippi.
Caractéristiques
Longueur 3 780 km
Bassin 3 238 000 km2
Bassin collecteur le Mississippi
Débit moyen 18 000 m3⋅s-1 (embouchure)
Régime Pluvio-nival
Cours
Source Lac Itasca
 · Localisation Parc d'Itasca, Minnesota, États-Unis
 · Altitude 450 m
 · Coordonnées 47° 14′ 23″ N 95° 12′ 27″ W / 47.239722, -95.2075
Embouchure Golfe du Mexique
 · Localisation Pilotown, Louisiane, États-Unis
 · Altitude 0 m
 · Coordonnées 29° 09′ 13″ N 89° 15′ 03″ W / 29.153611, -89.250833
Géographie
Principaux affluents
 · Rive gauche Ohio
 · Rive droite Missouri, Arkansas, Rouge du Sud, White River
Pays traversés États-Unis États-Unis
Principales villes Saint Paul, Saint-Louis, Memphis, Bâton-Rouge, La Nouvelle-Orléans
Le Mississippi à Minneapolis.

Le Mississippi[1] est un fleuve situé en Amérique du Nord traversant la partie centrale des États-Unis. Il coule du nord du Minnesota au golfe du Mexique et son cours a une orientation méridienne. Le Mississippi a une longueur de 3 780 km[2] : seul l'un de ses affluents, le Missouri, est plus long en Amérique du Nord. La longueur cumulée de ces deux cours d'eau, qui dépasse les 6 800 km[3],[4], et la superficie du bassin versant font du Mississippi l'un des fleuves les plus importants du monde et du Missouri-Mississippi l'un des plus longs systèmes fluviaux de la planète. Pendant l'époque précolombienne, le Mississippi constituait déjà une voie de navigation et les Amérindiens l'appelaient «Meschacebé», qui signifie « père des eaux ». Aujourd'hui encore, le fleuve reste un élément fondamental de l'économie et de la culture américaines.

Sommaire

Géographie

Le fleuve et ses affluents

Description du cours

La source du Mississippi est située à l'extrémité nord du lac Itasca[5] (au nord du Minnesota), à 450 mètres au-dessus du niveau de la mer. Le fleuve atteint bientôt les 220 mètres après les Chutes de Saint Anthony près de Minneapolis. Il est rejoint par l'Illinois et le Missouri, à Saint Louis et par l'Ohio à Cairo.

Lac en collier de bœuf (« ox-bow ») formé dans un ancien méandre du Mississippi

On peut diviser le cours du fleuve en deux parties, le Mississippi supérieur, de sa source jusqu'au confluent avec l'Ohio, et le Mississippi inférieur, de l'Ohio jusqu’à son embouchure. Le fleuve décrit de nombreux méandres, en particulier entre Memphis et le delta. La plupart appartiennent à la catégorie des méandres de plaine alluviale[6] : cela signifie qu'ils se déploient dans le lit majeur du fleuve de façon irrégulière et divaguent librement dans la plaine[7] ; il s'agit de méandres très mobiles qui concernent des secteurs humides ou abandonnés comme les bayous dans le Sud[8]. En plusieurs endroits, certains méandres se sont recoupés et ont laissé des bras morts appelés ox-bow[9] ou « lac en forme de croissant »[10].

La partie inférieure du Mississippi est complexe : bayous, lacs, défluents, affluents

Bassin hydrographique

Article détaillé : bassin du Mississippi.
Le bassin du Mississippi et ses principaux affluents

Le bassin hydrographique du Mississippi est le plus grand d'Amérique du Nord et le troisième du monde, derrière celui de l'Amazone et du Congo. Sa superficie totale est de 3 238 000 km²[3], soit un tiers du territoire américain et plus de six fois celui de la France métropolitaine. Le bassin-versant du Mississippi englobe complètement 31 États américains et deux provinces canadiennes[11]. Il est divisé en six sous-bassins, qui correspondent aux cours inférieur et supérieur, ainsi qu'aux affluents les plus longs : le Missouri (4 370 km), l'Arkansas, l'Ohio, etc. Enfin, la plaine inondable du système fluvial mesure environ 90 000 km²[3]. Plus de 72 millions de personnes vivent dans le bassin du Mississippi[12], soit un Américain sur quatre.

Le Mississippi draine la plus grande partie de la zone comprise entre les Montagnes Rocheuses et les Appalaches, sauf la partie proche des Grands Lacs. Il traverse ou longe dix États - Minnesota, Wisconsin, Iowa, Illinois, Missouri, Kentucky, Arkansas, Tennessee, Mississippi et Louisiane – avant de se jeter dans le Golfe du Mexique, 160 km à l'aval de La Nouvelle-Orléans. Une goutte de pluie tombant dans le lac Itasca met environ 90 jours à rejoindre le Golfe du Mexique.

Régime hydrologique et débit

Le Mississippi est un fleuve au débit important et aux crues puissantes, compte tenu de la nature du bassin qu'il arrose[13]. Ce dernier appartient en effet à la zone tempérée et non à la zone intertropicale comme l'Amazone ou le Congo. Ces fleuves ont un débit bien supérieur à celui du Mississippi, ce qui s'explique par l'abondance des précipitations qui tombent sur leur bassin.

Le régime hydrologique du Mississippi est complexe car le fleuve est alimenté par des affluents très différents : le cours supérieur connaît un régime pluvio-nival tandis que le cours inférieur traverse une région subtropicale humide[14]. Le Mississippi reçoit les eaux du Missouri qui sont gonflées par la fonte des neiges des Montagnes Rocheuses au printemps. Sa partie inférieure est alimentée par des pluies abondantes en été et au début de l'automne, avec des risques cycloniques sur la partie la plus méridionale.

Par conséquent, le débit du Mississippi se caractérise par de grandes variations en fonction du lieu et de la saison : il est généralement compris entre 8 000 m³/s, et 50 000 m³/s[15]. À l'embouchure, le débit moyen est de 18 000 m³/s[15],[3],[14], ce qui est beaucoup pour un fleuve situé dans la zone tempérée : le Mississippi se place au sixième rang mondial pour le débit[16]. Mais en période de crue, le débit peut monter facilement à 70 000 m³/s, voire 300 000 m³/s, mesurés au moment de la crue de 1927[17]. La rivière Ohio contribue pour plus de la moitié au débit total du Mississippi (8 000 m³/s[3],[14]). Mentionnons enfin que le module spécifique du Mississippi, rapporté à l'étendue de son bassin hydrographique, est de 5,9 litres par seconde et par km²[3].

Débits moyens mensuels du Mississippi (en m³/seconde) mesurés à la station hydrométrique de Vicksburg . Données calculées de 1965 à 1983

Transport des charges

Le Mississippi charrie des alluvions, des sables et des graviers qui proviennent en grande partie des Montagnes Rocheuses[18]. La charge solide déversée dans le Golfe du Mexique est comprise entre 312 et 450 millions de tonnes par an[19]. C'est par ces matériaux que se forment les nombreuses îles et le delta du Mississippi. Sur la plus grande partie du Mississippi, la pente est moyenne ou faible, si bien que les dépôts sédimentaires sont relativement importants. Cette charge est mixte, composée de particules en suspension et de charge de fond. Au total et sur une année, le fleuve transporte 131 millions de tonnes de matières en solution dans l'eau, soit deux fois moins que l'Amazone[20].

Tableau comparatif
des grands fleuves de la Terre : [15]
Amazone Nil Mississippi Congo
Longueur en km 7 025 6 671 3 779 4 700
Bassin hydrographique
(millions de km²)
7,0 2,9 3,2 3,7
Débit habituel
(milliers de m³/s.)
150 2-3 18 41

Milieux naturels

Le fleuve Mississippi et sa plaine alluviale abritent une faune et une flore très riches qui composent le plus grand système continu de marécages du continent nord-américain. Au moins 260 espèces de poissons soit un quart de toutes les espèces vivant en Amérique du Nord[21]. Le fleuve sert de couloir de migration pour de nombreux oiseaux. Sur le cours inférieur du Mississippi, on a pu dénombrer 60 espèces différentes de moules. Le cours supérieur abrite plus de 50 espèces de mammifères et 145 espèces d'amphibiens et de reptiles[21] (dont le célèbre alligator dont l'espèce prospère à nouveau après avoir été menacée d'extinction au milieu du XXe siècle). Dans toute la vallée du Mississippi et sous toutes les latitudes, on trouve des mammifères à fourrure tels que le castor, le raton laveur, la loutre de rivière, le vison d'Amérique, le renard roux, le rat musqué ou encore la mouffette rayée. D'autres animaux sont communs en Amérique du Nord : le coyote, le cerf de Virginie, l'écureuil gris, le tamia rayé, le petit polatouche ou encore le lynx.[réf. nécessaire]

Quelques mammifères présents dans la vallée du Mississippi :

Préservation des milieux naturels

De nombreuses portions du fleuve sont préservées grâce à des réserves naturelles et beaucoup d'espaces sont encore boisés et inondés[22]. L’écosystème du cours supérieur du Mississippi est protégé par l’Upper Mississippi River National Wildlife and Fish Refuge qui s’étend de Wabasha (Minnesota) à Rock Island (Illinois) sur un parcours de près de 500 km. Cette réserve couvre environ 80 000 hectares sur quatre États différents. Elle préserve des milieux très divers (marais, zones humides de bras de décharge, lacs, forêts de plaine alluviale, plages de sable et versants).

Cependant, l’environnement fluvial a été transformé par l’Homme pour les nécessités de la navigation et du développement économique : une grande partie de la plaine alluviale est intensivement cultivée et les affluents déversent d’importantes quantités d’alluvions, d’engrais et de pesticides dans le Mississippi. Les agglomérations et les zones industrielles riveraines représentent aussi une source de pollution. Cependant, selon une étude menée par l'USGS, les rejets d'eaux usées ont diminué en amont de Saint Louis depuis l'adoption du Clean Water Act en 1972[23]. La situation est moins satisfaisante à Saint Louis où les concentrations de coliformes sont importantes. Les concentrations de pesticides et d'herbicides viennent de l'activité agricole : elles augmentent en aval de la confluence avec le Missouri, ce dernier drainant la région céréalière des Grandes Plaines. L'EDTA, utilisé dans de l'industrie du papier, la photographie ou l'agro-alimentaire, est moins présent dans le Mississippi que dans les grands fleuves d'Europe[23]. Les PCB persistent dans les sédiments malgré leur interdiction. Une partie de l'azote et du phosphore présents dans le cours inférieur provient de l'Ohio qui draine des régions industrielles et agricoles.

Source

La source du Mississippi au lac Itasca

Le secteur du Mississippi situé en amont de Minneapolis, dans le Minnesota, est proche de la source du fleuve[24]. Le fleuve naît au nord du lac Itasca à environ 450 mètres d'altitude. Le climat de cette région est marqué par la continentalité et l'influence des masses d'air polaire en hiver. Le Mississippi est donc souvent gelé en hiver. À sa source, le Mississippi n’est qu’une petite rivière aux eaux claires ; mais à mesure qu’il s’éloigne, le fleuve grandit, se charge en alluvions et en particules organiques pour devenir brun rougeâtre. Il perd progressivement son caractère naturel et sauvage. Cette première partie du fleuve descend le plus grand dénivelé de son parcours. Elle traverse des zones marécageuses, des lacs et des rapides peuplés de nombreuses espèces de poissons, d'oiseaux et de mammifères à fourrure. La végétation de ce secteur inclut des pins, des aulnes, du riz sauvage et des colonies de massettes. Entre les villes d’Aitkin et de Brainerd, le cours d’eau traverse une région de collines, de reliefs morainiques couverts de forêts, de plaines d’origine glaciaire et des secteurs dunaires et marécageux. Avant leur exploitation par l’Homme, les forêts de conifères recouvraient cette région.

Le cours supérieur

Les chutes de Saint Anthony

Le cours supérieur du Mississippi (Upper Mississippi River) va des chutes de Saint Anthony (à Minneapolis) à l’embouchure de l’Ohio, près de la ville de Cairo dans l’état de l’Illinois. Il parcourt 1 462 km en suivant globalement une direction sud-est. Le régime du fleuve est pluvio-nival avec des crues au printemps et des pluies orageuses en été[14]. Le lit s’élargit considérablement après la confluence du Minnesota. Le fleuve traverse une vallée profonde creusée dans des couches sédimentaires dans une région qui n’a pas été affectée par les glaciers du Wisconsin. Le lac Pepin, qui s’est formé il y a environ 9 500 ans, s’étend sur 35 km de long pour une profondeur moyenne de cinq mètres. Il a la capacité de retenir une partie des sédiments et de la pollution venant de l’amont.

Juste au nord de Saint Louis, le Missouri se jette dans le Mississippi en venant l’ouest. Les eaux du Missouri sont chargées en sédiments et en particules arrachées par l’érosion. Dans les années 1950-1960, la construction de grands barrages dans le bassin hydrographique du Missouri a formé des réservoirs qui piègent les alluvions. Les aménagements humains ont grandement affecté le Mississippi supérieur et sa plaine alluviale.

La confluence de l'Ohio et du Mississippi

Le fleuve a reçu plus de sédiments, tandis que le ruissellement a augmenté du fait de l’urbanisation et du drainage des marais. L’endiguement et la canalisation ont accru la sédimentation du lit fluvial. La plaine alluviale a également été transformée par l’érection de levées afin de protéger les installations humaines des inondations. Les terres agricoles ont depuis longtemps supplanté les zones marécageuses et les forêts ; ces dernières sont désormais restreintes aux rives du fleuve, aux îles et ne mesurent plus que quelques kilomètres de large. Cependant, les efforts pour classer des portions des rives en réserve naturelle protégée ont permis de sauvegarder 800 km² de la vallée du cours supérieur du Mississippi[25]. Les principales essences d’arbres sont : l’érable argenté, le frêne vert, l'orme d'Amérique, le saule noir, le peuplier de Virginie, l'érable, le bouleau noir, le micocoulier, etc. La végétation aquatique comprend les typhaceae, le potamot, l'élodée, Vallisneria americana, etc. La salicaire commune est une plante d'origine européenne, introduite au début XXe siècle sur les rives du Mississippi.

Le cours inférieur

Carte du cours inférieur du Mississippi
Marécages et forêt de cyprès chauve au sud de la Louisiane

Le cours inférieur (Lower Mississippi River) coule au sud de la confluence avec le Missouri. Le Mississippi continue sa trajectoire vers le sud-est, puis le sud après la confluence avec l'Arkansas. La plaine alluviale se caractérise par de nombreux méandres chargés de vase qui multiplient par trois la longueur du cours[3]. Il s’agit d’un secteur relativement large, en pente douce vers le Golfe du Mexique, dominé par des terrasses alluviales peu élevées. Les altitudes sont faibles, en général quelques dizaines de mètres au-dessus du niveau moyen de la mer. En dehors des secteurs défrichés, il subsiste de grandes zones de marais et de forêts. On trouve également de nombreux lacs d’ox-bow et des méandres de grande amplitude. Au sud de Cairo, la plaine alluviale s’élargit et devient moins profonde à cause de l’érosion des couches tertiaires appelées bluffs [3]. Dans le bas-Mississippi, de nombreux affluents coulent parallèlement au fleuve sur une assez grande distance, avant de se jeter finalement dans le fleuve. Le sud du Mississippi est soumis à un climat tropical marqué par les cyclones à la fin de l'été et au début de l'automne. Le gel hivernal épargne généralement cette région. Le paysage se caractérise par des zones humides et marécageuses, souvent insalubres, dans le delta du Mississippi et le bayou : il s'agit de bras et de méandres abandonnés par le fleuve et qui forment de longues voies d'eau stagnante et constituent un réseau navigable de plusieurs milliers de kilomètres.

Delta du Mississippi

Article détaillé : Delta du Mississippi.
Le delta du Mississippi, vu de l'espace (fausses couleurs)

Le delta du Mississippi couvre une superficie de 75 000 km² (plus de 400 km de largeur (d'est en ouest) de 200 km de profondeur (du nord au sud)[26]), sur laquelle vivent quelque 2,2 millions d’habitants, la plupart vivant dans l’agglomération de la Nouvelle-Orléans[27]. Pourtant, comparé à d’autres deltas, la densité de la région est relativement faible.

L'embouchure du Mississippi s'est déplacée plusieurs fois. En 5 000 ans, le fleuve a changé neuf fois d'embouchures et l'actuelle ne date que du Xe siècle. Quand un canal a été construit au début du XIXe siècle, le fleuve a cherché à rejoindre le lit et l'embouchure de la rivière Atchafalaya, à 95 km de La Nouvelle-Orléans.

Dans les années 1950 et 1960, une structure de régulation appelée structure de régulation des eaux d'Old River (Old River Control Structure) fut construite par l'US Army Corps of Engineers au défluent du Mississippi et de l'Atchafalaya afin de préserver la distribution de l'eau entre les deux cours, à 70% et 30%, respectivement. L'ouvrage a été conçu pour arrêter l'augmentation du débit coulant depuis le Mississippi dans l'Atchafalaya, en raison du trajet plus court, au dénivelé de plus en plus grand, de ce dernier vers le golfe du Mexique. Le complexe est situé à 506 km en amont de l'embouchure dans le golfe du Mexique.

Le delta du Mississippi progresse environ de 100 mètres par an, alimenté par les 730 millions de tonnes[28] d'alluvions qu'il dépose à raison de 60 centimètres par an sur le fond de son lit, ce qui nécessite un dragage constant pour assurer la navigation. Ces dépôts forment un immense cône de déjection qui gagne facilement sur les eaux du golfe du Mexique en raison de la faible profondeur des eaux et de la faible amplitude des marées[3]. La vase et les argiles empêchent le fleuve de serpenter[29].

La plaine deltaïque du Mississippi inclut les marécages côtiers de la Louisiane et couvre 28 568 km²[30]. Elle se caractérise par un réseau complexe de bras et de levées naturelles qui rayonnent à partir du fleuve en aval de Baton Rouge.

Aménagements du fleuve et leurs conséquences

Les grands travaux d'aménagement du Mississippi et de ses affluents ont un triple objectif : limiter les inondations, favoriser la navigation et lutter contre l'érosion des berges.

Lutte contre les inondations

Le Mississippi, le Missouri et la rivière Illinois pendant les inondations de 1993 près de Saint Louis

Les projets visant à réduire les effets des débordements du Mississippi sont anciens et nombreux. Au début du XIXe siècle, l’idée d’un endiguement du fleuve est prépondérante : fondé dès 1775, le corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis (United States Army Corps of Enginneers) entreprend plusieurs études et de grands travaux en 1812-1815. Il faut attendre les années 1860 pour voir naître un débat entre ceux qui veulent endiguer le Mississippi (James Buchanan Eads par exemple) et ceux qui ne veulent pas (Andrew Humphrey) ; la première option l’emporte finalement. De grands travaux sont entrepris entre 1875 et 1880 dans la région du delta. Aujourd'hui, le Corps des ingénieurs de l'armée américaine entretient ces digues pour conserver le cours habituel du fleuve. Pourtant, le surlèvement des digues se révèle inefficace lorsque le niveau du fleuve augmente.

La crue de 1927 fait prendre conscience du problème : on décide de transférer une partie des eaux du Mississippi sur son affluent la rivière Atchafalaya (Project Flood). Des travaux visent également déverser trop plein d'eau dans les lacs du delta. Un système de stations permet également de surveiller le niveau du fleuve et donner l'alerte en cas de problème.

Le bassin hydrographique

Le lit supérieur a été aménagé avec 37 barrages et écluses (la plupart construits dans les années 1930), afin de maintenir un chenal de trois mètres de profondeur pour le trafic fluvial. Les lacs artificiels ainsi créés sont également utilisés pour la pêche et d'autres loisirs nautiques. Les barrages n'ont en revanche pas vocation à réguler le cours du fleuve. En période de crue, ils sont simplement ouverts et cessent de fonctionner. En aval de Saint-Louis le cours du fleuve est moins contraint, bien qu'il soit souvent entouré de digues.

D'autres changements sont intervenus suite à des tremblements de terre le long de la faille de New Madrid, proche de Memphis et Saint-Louis. En 1811 et 1812, des séismes, connus sous le nom de tremblements de terre de New Madrid, atteignirent une magnitude de 8, et l'on prétend qu'ils ont pour un moment inversé le courant du fleuve. Ces cataclysmes ont également créé le lac Reelfoot, dans le Tennessee. À l'exception de Davenport, la plupart des villes bordant le fleuve sont protégées par des quais surélevés ou des digues.

Voie de communication majeure aux États-Unis

Si le Mississippi a fait l’objet de travaux d’aménagement colossaux, c’est bien parce qu’il est une voie de communication essentielle au pays. Dix pour cent des marchandises des Etats-Unis sont transportés sur son cours. Depuis l’époque précolombienne, le Mississippi est une route majeure pour le transport des marchandises. Son orientation méridienne en fait un axe de pénétration essentiel à l’intérieur du continent nord-américain et une voie d’accès aux Grands Lacs. Située au débouché du Mississippi, la Nouvelle-Orléans s’est développée grâce à cette situation. Aujourd’hui, environ la moitié du Missouri-Mississippi est navigable. Des bateaux de 2,70 mètres de tirant d’eau y ont accès et peuvent remonter jusqu’à Minneapolis[31].

À partir de 1878, 29 écluses sont construites entre Minneapolis et Saint Louis afin de faire remonter les navires jusqu’à Minneapolis[32],[33]. Entre 1929 et 1942, 16 coupures de méandre ont été réalisées sur le cours inférieur pour raccourcir le parcours des bateaux d'environ 240 km[34],[35]. Les conséquences de ces travaux sont une augmentation de la pente et de la capacité d'érosion en amont, la sédimentation en aval.

Enfin, l’ensemble du réseau hydrographique du Mississippi et de ses affluents représente 8 000 km[36]. Un canal de jonction relie le Mississippi aux Grands Lacs de Saint Louis à Chicago[37]. Un autre permet de relier l'Illinois au grand fleuve (Illinois Waterway). Au sud, le Mississippi est en connexion avec la Floride et le Texas par l’intermédiaire d'un canal latéral à grand gabarit (Gulf Intracoastal Waterway). Plusieurs autoroutes relient les centres urbains du Mississippi aux différentes façades maritimes du pays.

Protéger la Nouvelle-Orléans

Article connexe : La Nouvelle-Orléans.

Dès l’installation des Français à la Nouvelle-Orléans, d’importants travaux d’endiguement sont réalisés. En 1726, un ensemble de digues hautes d’un à deux mètres, appelées « levees » en anglais, est mis en place afin de protéger la ville du crues brutales du « père des eaux ».

Économie

Quelques activités économiques dans les comtés du cours inférieur du Mississippi[38]
Activité Nombre
d'emplois
Revenu annuel
en milliards de dollars
Industries 383 000 87
Tourisme 180 000 13
Minerais, hydrocarbures 41 000 9
Agriculture, aquaculture 100 000 6,8
Navigation commerciale 29 000 6
Production d'énergie 11 000 4,7

Les principales activités économiques de la vallée du Mississippi sont l'industrie, le tourisme, l'agriculture et l'aquaculture.

Secteur primaire

Le secteur primaire comprend les activités liées à la pêche fluviale et à l'aquaculture (écrevisses, poisson-chat, huîtres, etc.) dans les états du sud. Le port d'Empire-Venice sur le delta est le premier de la région en volume et le sixième des États-Unis en valeur[39]. En milieu marin, les principales espèces pêchées sont le crabe, la crevette et le menhaden, dont le biotope dépend étroitement du Mississippi.

La production de bois pour le papier ou comme matériau de construction est importante surtout en Louisiane, dans l'état du Mississippi et de l'Arkansas. Les forêts du cours supérieur sont davantage préservées. Le braconnage et la chasse sont des activités anciennes, mais encore pratiquées dans la vallée du Mississippi : elles visent les animaux à fourrure (ratons laveurs, rats musqués, ragondins), mais aussi les alligators dont la prise a été de nouveau légalisée en 1972. La Louisiane a produit un total de 32 500 peaux en 2002.

Les produits cultivés dans la vallée du Mississippi varient en fonction de la latitude : au sud, le climat subtropical autorise la culture du riz, de la canne à sucre[40] et du coton. Dans certains secteurs (Arkansas), le recours à l'irrigation est nécessaire. Mais d'une manière générale, les comtés entourant le Mississippi se consacrent à la céréaliculture, en particulier le soja et le maïs[41]. Les récoltes sont facilement exportées par la voie d'eau. La partie centrale du bassin du Mississippi est également une région d'élevage, une activité qui est source de pollution (nitrates).

Les ressources minérales et en hydrocarbures se concentrent dans le sud : la Louisiane est l'un des premiers producteurs de pétrole, de gaz naturel et de sel aux États-Unis. Les 23 000 puits de la paroisse de Plaquemines (delta du Mississippi) ont ainsi produit plus de 21 millions de barils de pétrole brut en 2001. La plaine du Mississippi fournit également de l'argile (Louisiane, Missouri), du sable, du gravier. Dans les régions du cours supérieur, on exploite également du minerai de fer (Minnesota) et des gisements de charbon bitumeux et d'anthracites (Illinois)[42].

Secteur secondaire et production d'énergie

Raffinerie près de La Nouvelle-Orléans, sur le Mississippi

Les centrales électriques de la vallée du Mississippi fonctionnent pour la plupart au charbon. Les unités les plus importantes se trouvent près des grands centres urbains. Elles se servent des eaux du fleuve pour leur refroidissement. Sur le cours inférieur du Mississippi, on dénombre 92 centrales utilisant des énergies fossiles, 14 pour la biomasse et trois centrales nuclaires. La centrale hydroélectrique de Keokuk (Iowa) est la seule de ce type sur tout le Mississippi[3] : elle fut construite en 1913 et produit chaque année 105 MégaWatts.

L'industrie est la première activité économique en valeur et en nombre de salariés. Les principaux foyers industriels se trouvent dans les grandes agglomérations. Le Mississippi joue un rôle majeur dans la localisation des industries : il permet l'acheminement des matières premières et le transport des produits finis ou semi-finis. De plus, l'eau est utilisée dans de nombreuses activités telles que la fabrication de papier (Memphis et Baton Rouge) ou le raffinage. Sur le cours inférieur du fleuve, les principales industries sont la chimie (première industrie en valeur ; ex : plastiques, engrais), l'agro-alimentaire (premier secteur en nombre de salariés ; ex : produits de la mer, produits dérivés du soja, boisson), la transformation du pétrole et les transports (construction navale à Avondale (Louisiane)[43]). 75 installations pétrochimiques et raffineries[32] (Shell à Norco (Louisiane) et à St. Rose (Louisiane)) sont localisées dans le couloir entre Baton Rouge et La Nouvelle-Orléans, engendrant une importante pollution.

Secteur tertiaire et navigation commerciale

Le secteur tertiaire est dominé par le tourisme, les loisirs et la navigation commerciale : en 1996, à l'écluse de Dresbach dans le Wisconsin, le trafic total était de 13,9 millions de tonnes, dont 9,5 millions de tonnes de produits agricoles[44]. Les bateaux transportent des pondéreux (céréales, charbon, pétrole) ou des biens de consommation transportés en conteneurs, des machines ainsi que des produits chimiques. Le trafic fluvial ne cesse de croître : il est passé de 70 millions de tonnes en 1960 à 500 millions de tonnes en 2000[32]. Ce dynamisme est remarquable en comparaison avec le trafic d'autres fleuves.

Plusieurs ports fluviaux se sont développés sur les sites de confluence ou aux points de rupture de charge entre différents modes de transport. Les plus modestes ne disposent que de quelques murs de quais. Les grands complexes industrialo-portuaires se trouvent dans les grandes agglomérations. Les principaux terminaux fluvio-maritimes sont aménagés à La Nouvelle-Orléans et à Baton Rouge[45]. Ces ports exportent des céréales. L'arrière-pays du Mississippi représente 23 000 km de réseau navigable desservi par 800 entreprises[46]. 100 000 barges[46] passent par le port de La Nouvelle-Orléans chaque année. Certains convois de barges peuvent atteindre les 15 000 tonnes[47]. 60 % des céréales exportés par les États-Unis sont transportés sur le Mississippi vers les ports de La Nouvelle Orléans et de Louisiane du Sud[48] : le trafic total de ces deux ports est respectivement de 49 millions de tonnes et de 98 millions de tonnes en 2000[49]. LaPlace est un autre grand port sur le Mississippi.

Le Delta Queen sur le Mississippi

Les nombreux parcs d'état et réserves naturelles de la vallée du Mississippi attirent les touristes et les citadins de la région. La diversité du patrimoine historique (sites préhistoriques, forts, bateaux, plantations, Vieux carré de La Nouvelle-Orléans), font venir de nombreux visiteurs et stimulent l'économie de la région. Le patrimoine culturel constitue enfin l'une des richesses de la vallée du Mississippi : traditions amérindiennes, cuisine de la Louisiane, héritage musical à Memphis (blues), etc. La route touristique appelée The Great River Road longe le fleuve sur plusieurs centaines de kilomètres. Il est également possible de parcourir le fleuve en croisière, par exemple sur le Delta Queen. Les rives comptent également plusieurs casinosTunica par exemple) qui rapportent chaque année plusieurs centaines de millions de dollars et fournissent des milliers d'emplois.

Histoire

Hernando de Soto découvre le Mississippi

Histoire précolombienne

Les premières traces d’occupation amérindiennes sont anciennes : les archéologues ont retrouvé des vestiges amérindiens dans le delta qui datent d’au moins 11 000 ans[50]. La civilisation mississippienne, assimilée à la culture des Mound Builders, est connue pour ses grands tertres en terre (sites de Poverty Point, Jaketown Site), que les Natchez utilisaient encore au moment de la colonisation française de la Louisiane. Mais la plus grand cité était Cahokia qui comptait au XIIe siècle quelques 15 000[51] à 30 000 habitants[52]. Les spécialistes savent que le Mississippi servait de voie de communication avant l'arrivée des Européens : les Amérindiens le parcouraient à bord de canoës en écorce ; ils transportaient les troncs par flottage. À Cahokia étaient échangés du cuivre, de la nacre, de la viande de bison et de wapiti. Le fleuve et ses affluents fournissaient aussi du poisson.

Lorsque les Français explorent le Mississippi, ils rencontrent plusieurs peuples amérindiens : les Sioux au nord, les Quapaws à l'embouchure de l'Arkensas, les Tamarois au confluent du Missouri, les Chactas sur le Mississippi inférieur ou encore les Bayagoulas dans le delta.

Exploration et colonisation européennes

Le 8 mai 1541, Hernando de Soto fut le premier Européen à atteindre le Mississippi, qu'il baptisa Rio de Espiriti Santo (« rivière du Saint-Esprit »). À partir des années 1660, la France s'engage dans une politique d'expansion en Amérique du Nord, depuis le Canada. Les objectifs sont de trouver un passage vers la Chine (Passage du Nord-Ouest), d'exploiter les richesses naturelles des territoires conquis (fourrures, minerais) et d'évangéliser de nouveaux autochtones.

Le 17 mai 1673, les Français Louis Jolliet et Jacques Marquette se lancent dans l'exploration du Mississippi, qu'ils connaissaient sous le nom sioux Ne Tongo (« la grande rivière ») et qu'ils appellent « fleuve Colbert »[53]. Ils atteignent l'embouchure de l'Arkansas puis remontent le fleuve après avoir appris qu'il coulait vers le Golfe du Mexique et non vers la Mer de Californie (Océan Pacifique). Quelque temps plus tard, en 1682, Cavelier de la Salle et Henri de Tonti descendent à leur tour le Mississippi jusqu’à son delta. Ils construisent Fort Prud'homme qui devient plus tard la ville de Memphis. En avril 1682, l'expédition arrive à l'embouchure du Mississippi ; Cavelier de La Salle y fait dresser une croix et une colonne portant les armes du roi de France : la souveraineté française s'étend désormais sur l'ensemble de la vallée du Mississippi, appelée « Louisiane » en l'honneur du roi Louis XIV. L'expédition repart par le même chemin vers le Canada et La Salle retourne à Versailles. Là, ce dernier convainc le ministre de la marine de lui accorder le commandement de la Louisiane. Il fait croire que celle-ci est proche de la Nouvelle-Espagne en dessinant une carte sur laquelle le Mississippi paraît beaucoup plus à l'ouest que son cours réel. Il met sur pied une nouvelle expédition, mais celle-ci tourne au désastre : Cavelier de La Salle ne parvient pas à retrouver le delta du Mississippi et se fait assassiner en 1687.

En 1698, Pierre LeMoyne d'Iberville explore à son tour l'embouchure du Mississippi. Vingt ans plus tard, son frère Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville commande une nouvelle expédition en Louisiane. Celui-ci fonde la ville de La Nouvelle-Orléans, baptisée en hommage au Régent, le duc d’Orléans, ainsi qu'un fort à proximité de l'actuelle Baton Rouge. Au début du XVIIIe siècle, John Law crée la Compagnie d'Occident ou « Compagnie du Mississippi ». Des esclaves noirs sont transportés depuis les Antilles pour travailler dans les plantations. D'autres villes sont fondées par les Français telles que Saint Louis (1764).

Progressivement, les Français imposent leur présence en construisant des forts ou des postes de traite sur les positions stratégiques du fleuve : Fort Beauharnois sur le cours supérieur du fleuve, Cahokia à la confluence avec le Missouri, Fort de Chartres à celle du Meramec. La zone d'influence française s'étend considérablement et les voyages sur les affluents du Mississippi jettent les bases de la reconnaissance du Far West.

Le Mississippi, un enjeu dans les relations internationales

Les traités d'Utrecht (1713) mettent fin à la guerre de Succession d'Espagne en Europe. Ils consacrent le recul de la puissance française. La Louisiane reste française, mais s'inquiète de l'influence croissante des colonies britanniques. Le roi cherche désormais à contenir cette influence à l'est des Appalaches. Il tente un rapprochement avec la Nouvelle-Espagne, située à l'ouest de la Louisiane. Cette politique est motivée par ses liens familiaux mais aussi par l'espoir d'accéder aux mines et au commerce des colonies espagnoles.

Le traité de Paris (1763) met fin à la guerre de Sept Ans et donne à l'Angleterre toute la partie de la vallée à l'est du Mississippi, à l'Espagne les terres occidentales. Cependant, la France renégocie secrètement avec l'Espagne et recouvre la Louisiane par le Traité de San Ildefonso en 1800, avant de la revendre en 1803 aux États-Unis pour 60 millions de francs (acte du Louisiana Purchase). À l'est, les États-Unis prévoient déjà de se lancer à la conquête de l'Ouest : en 1795, le navigation commerciale sur le Mississippi est ouverte aux Américains ou aux réfugiés français[54]. En 1805, l'armée américaine construit le Fort Snelling à l'emplacement actuelle de la ville de Minneapolis.

Le cœur des États-Unis

Lithographie représentant le Mississippi River Squadron forçant le blocus confédéré à Vicksburg pendant la Guerre de Sécession

Au XIXe siècle, le Mississippi est connu pour ses bandits qui écument les alentours, dont le meurtrier John Murrell, voleur de chevaux et trafiquant d'esclaves à ses heures, qui a son quartier général sur une île. Sa notoriété est telle que Mark Twain lui consacre un chapitre de son livre La vie sur le Mississippi. Ce livre retrace également les courses de bateaux à vapeur (steamboats ou steamers) entre les années 1830 et 1870. Le premier navire à vapeur ayant navigué entre la confluence de l'Ohio et la Nouvelle-Orléans est le New Orleans en 1811, pendant la série de tremblements de terres de New Madrid.

L'économie de plantation esclavagiste se développe dans la première moitié du XIXe siècle et produit du coton et de la canne à sucre dans le sud. Les riches propriétaires fonciers se font construire de belles demeures, certaines sont surélevées sur des piliers de brique pour prévenir les risques d'inondation du fleuve.

Pendant la Guerre de Sécession, le contrôle du fleuve représente un enjeu majeur. Le 4 juillet 1863 après un siège de quarante jours, Vicksburg est prise par le Maj. Gen. Ulysses S. Grant, ceci permettait à l'Union de contrôler la totalité du fleuve Mississippi et de diviser la confédération en deux.

Avec l’avènement du chemin de fer, la voie du Mississippi connaît une concurrence sérieuse : le train permet de relier les côtes atlantique et pacifique des États-Unis. Le trafic des ports de l'est dépasse désormais celui de La Nouvelle-Orléans[47].

Au printemps 1927 le fleuve sortit de son lit en 145 endroits et inonda 73 000 km² de terres[3], jusqu’à une hauteur de 10 m et une largeur de 30 Km[55]. À Cairo, les eaux se sont élevées de 17 mètres[3]. Les inondations provoquèrent la mort de 200 personnes[3] et le déplacement forcé de 500 000 autres[47].

Cependant, c'est en 1993 que les États-Unis connurent l'inondation la plus dévastatrice et la plus coûteuse (12 milliards de dollars[56]) jusqu’à cette époque. Des précipitations exceptionnelles durant le printemps et l'été de cette année firent grossir le Mississippi et son principal affluent, le Missouri. Certaines villes furent inondées pendant plus de 200 jours. Le débit du fleuve dépassa les 70 000 m3/s à Saint-Louis[56].

En 2002, le nageur slovène Martin Strel a descendu le Mississippi sur toute sa longueur en 68 jours.

Le Mississippi dans la culture américaine

Surnoms

Un grand nombre de surnoms a été attribué au fleuve depuis l’époque précolombienne :

  • Le « Grand Fleuve » (Big River, The Great River)
  • Le « Père des eaux » (The Father of Waters) : « Misi sipi » en algonquin
  • Le « vieil homme » (Old Man River)
  • Le « Grand Rassembleur » (The Gathering of Waters)
  • Le « Cœur de la Nation  » (Body of a Nation)
  • Le « Nil d’Amérique »
  • Le « Grand Boueux » (The Big Muddy ou encore The Muddy Mississippi)

Littérature

Riverboat Natchez, sur le Mississippi

Les premières descriptions écrites du Mississippi sont faites dans les récits de voyage des Européens en Amérique du Nord. L'écrivain français François-René de Chateaubriand (1768-1848) a voyagé en Amérique du Nord à la fin du XVIIIe siècle siècle et a écrit plusieurs œuvres en rapport avec la région du Mississippi : Les Natchez, Atala (1801) et René (1802) se déroulent parmi les Amérindiens de Louisiane.

En littérature, le Mississippi est indissociable de l'œuvre de l'écrivain américain Mark Twain (1835-1910). De son vrai nom Samuel Langhorne Clemens, il a d'abord été pilote de bateau à vapeur sur le fleuve. C'est de cette époque que vient son pseudonyme : alors qu'il tire la corde de sondage pour vérifier la profondeur du fleuve, son capitaine lui crie : « Mark Twain !, Mark Twain ! », c'est-à-dire : « Marque deux sondes ! »[57]. L'un de ses premiers livres est intitulé La Vie sur le Mississipi (Life on the Mississippi). Quant aux Aventures de Tom Sawyer et aux Aventures de Huckleberry Finn, elles se situent en grande partie sur les rives de ce cours d'eau. Le Mississippi a inspiré un autre écrivain du XIXe siècle siècle américain, Herman Melville (1819-1891) : dans sa nouvelle The Confidence-Man, les passagers d'un bateau à vapeur se racontent des histoires tout en descendant le fleuve.

Le deuxième chapitre (intitulé Le maître du Mississippi) de la série de comics La Jeunesse de Picsou écrit par Don Rosa se déroule sur le fleuve. Picsou y travaille sur un bateau à aubes et rencontre pour la première fois les Rapetou.

En remontant le Mississippi est le 16e album mettant en scène le personnage de Lucky Luke, sorti en 1961. Les dessins sont de Morris sur un scénario de René Goscinny.

Arts plastiques

Avec sa multitude d'îles, ses nombreux méandres, ses forêts et sa faune, le Mississippi offre de nombreux thèmes d’inspiration aux artistes : le naturaliste John James Audubon (1785-1851) a descendu le fleuve et peint les oiseaux de cette région. George Catlin (1796–1872) s’intéresse aux sociétés amérindiennes et à l’exploration du Mississippi[58]. Les paysages du cours supérieur du Mississippi constituent une partie de l’œuvre d’Edwin Whitefield (1816–1892) alors que la navigation à vapeur apparaît chez d’autres peintres. Toujours au XIXe siècle, George Caleb Bingham (1811-1879), représente des scènes de chasse et de vie quotidienne sur le Mississippi : son tableau Mississippi Boatman (1850) fait partie d’une série consacrée aux bateliers. Cette tradition est reprise par les photographes du XXe siècle tels que Walker Evans (1903-1975), Arthur Rothstein (1915 -1985) ou encore Robert Frank (1924-) .

Musique

Article connexe : Blues.

Le Mississippi et son delta sont connus pour être le berceau du blues. Le Delta blues est un style qui fait directement référence à cette région : les musiciens avaient l'habitude de voyager à travers les différents états du delta comme le Mississippi, l'Arkansas, la Louisiane, le Texas et le Tennessee. Beaucoup d'entre eux sont nés sur les rives du fleuve. On peut citer James Cotton, Muddy Waters, Skip James et Robert Johnson.

Au XXe siècle, la comédie musicale The Show Boat, composée par Jerome Kern, a pour cadre l'univers des bateaux à aubes. Ferde Grofé a composé une Mississippi Suite. La chanson de Johnny Cash Big River fait également allusion au Mississippi. La chanson When the Levee Breaks (Lorsque les digues se rompent) est une chanson de blues écrite en 1929 par Kansas Joe McCoy et Memphis Minnie. Elle prend pour thème la grande crue de 1927. Elle a été reprise par le groupe de rock Led Zeppelin en 1971. Enfin, le 29 mai 1997, le chanteur et guitariste Jeff Buckley s'est noyé dans le fleuve.

On peut également ajouter la chanson country Louisiana Woman, Mississippi Man chantée par le duo Conway Twitty - Loretta Lynn : cette chanson évoque le barrage que le fleuve tente de dresser face à l'amour d'un homme du Mississippi et d'une fille de Louisiane.

Cinéma

Le Mississippi a été pris pour cadre dans de nombreux films : trois films musicaux appelés Show Boat ont été adaptés du roman d'Edna Ferber. La version de 1951, tournée par George Sidney avec Ava Gardner, connut un vif succès auprès des spectateurs américains. Les romans de Mark Twain ont été plusieurs fois portées à l'écran : par exemple, les studios Disney ont produit un long métrage sur les Aventures d'Huck Finn en 1993. Ces derniers préparent un film d'animation musical qui devrait sortir en 2009 et qui aura pour cadre La Nouvelle-Orléans et le Mississippi. En revanche, le film de François Truffaut, La Sirène du Mississippi (1969), se déroule sur l'île de la Réunion.

Principales villes traversées par le Mississippi

Plusieurs villes se sont implantées à proximité des sites de confluence : Saint Paul (sur le Minnesota), Cairo (Illinois) (sur l'Ohio), Saint Louis (sur le Missouri), Vicksburg (sur le Yazoo).

Principaux affluents

Les principales agglomérations traversées par le Mississippi du nord vers le sud[59]
Agglomération État(s) Nombre d'habitants Rang
Minneapolis-
Saint Paul-
Bloomington
Minnesota 3 142 779 1
Davenport-
Moline-
Rock Island
Iowa - Illinois 376 309 6
Saint Louis Missouri-Illinois 2 778 518 2
Memphis Tennessee-
Arkansas- Mississippi
1 260 905 4
Baton Rouge Louisiane 733 802 5
La Nouvelle Orléans-
Metairie-
Kenner
Louisiane 1 319 367 3

Les principaux affluents du Mississippi, à partir de la source. Leur longueur est indiquée entre parenthèses :

Voir aussi

Bibliographie

  • (fr) Mario Maffi, Mississippi. Un voyage aux sources de l'Amérique, Grasset, Paris 2008 (édition italienne 2004)
  • (fr) Rodolphe De Koninck, « Le delta du Mississippi : une lutte à finir entre l’homme et la nature », dans Hérodote, Paris, La Découverte, n°121, 2e trimestre 2006, (ISBN 2707149519), pp.19-41.
  • (fr) Joseph Macé-Scaron, Le Mississippi : Du Golfe du Mexique à la Nouvelle-Orléans, le voyage de Joseph Macé-Scaron, éditions Belem, 2005, (ISBN 291557717X)
  • (fr) Collectif, Le Mississippi, Time-Life, 1998, collection Les Grands Fleuves, (ISBN 2734407493)
  • (fr) Bernard Pierre, Sylvaine de La Porte, Alain de La Porte, Mississippi, éditions Alain Barthélémy, 1993, coll. Espaces, (ISBN 2879230179)
  • (fr) Nina Morgan, Denis-Paul Mawet, Laurence Fordyce (Photographies), Le Mississippi, éditions Gamma, 1994, coll. Les grands fleuves, (ISBN 2713016118)
  • (fr) Kadir van Lohuizen, Les grands fleuves du monde, Paris, Actes Sud, 2003, (ISBN 2-7427-4515-7), « le Mississippi, charnière de l'histoire des États-Unis ».
  • (fr) Eve Sivadjian (dir.), Fleuves du Monde, Paris, SOLAR, 2004, (ISBN 2-263-03697-0), « Les fleuves de légende : le Mississippi »
  • (fr) Pierre Carrière, article « Mississippi et Missouri », dans Encyclopædia Universalis, corpus 15, 2002, (ISBN 2852295504), pages 236-237
  • (fr) Jacques Bethemont, Les grands fleuves, Paris, Armand Colin, 2e édition, 1999, 2000, (ISBN 220026092X)
  • (en) Mark Twain, Life on the Mississippi, James R. Osgood and Company, Boston, 1883 ; en français et en édition de poche : Mark Twain, Michel le Bris (préface), Bernard Blanc (traduction), La Vie sur le Mississipi, Paris, Payot, 2003, deux tomes, (ISBN 2228894427)
  • (en) S.E. Ambrose et D.G. Brinkley, The Mississippi and the Making of a Nation. From the Louisiana Purchase to Today, National Geographic Society, Washington DC, 2002
  • (en) T. Guess, The Mississippi, University Press of Kentucky, Lexington, 1989

Liens internes

Liens externes

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Notes et références

Cet article s'appuie sur plusieurs ouvrages et sites web :

  1. La graphie « Mississipi » existe, mais est désuète.
  2. 3 800 km dans R. De Koninck, « Le delta du Mississippi », 2006, p.20
  3. a , b , c , d , e , f , g , h , i , j , k , l  et m P. Carrière, article « Mississippi et Missouri », dans Encyclopædia Universalis, 2002
  4. Roger Brunet (dir.), Géographie universelle : États-Unis, Canada, Paris, Hachette-Reclus, 1992, (ISBN 2010148290), p.186
  5. Coordonnées du lac : 47°13′05″N 95°12′26″W
  6. Max Derruau, Les formes du relief terrestre. Notions de géomorphologie, Paris, Armand Colin, 1969, 2001, 8e édition, (ISBN 2200210140), page 19
  7. Jean-Paul Amat, Lucien Dorize, Charles Le Cœur, Emmanuelle Gautier, Éléments de géographie physique, Paris, Bréal, coll. Grand Amphi, 2002, (ISBN 2749500214)
  8. Roger Brunet (dir.), Les mots de la géographie, Paris, Reclus-La Documentation française, 1993, (ISBN 2110030364), article « méandre », page 323
  9. Littéralement « collier de bœuf » ; lire Max Derruau, Les formes du relief terrestre. Notions de géomorphologie, Paris, Armand Colin, 1969, 2001, 8e édition, (ISBN 2200210140), page 19
  10. Roger Coque, Géomorphologie, Paris, Armand Colin, 1977, 1998, (ISBN 2200217390), p.159
  11. « National Research Program », site de l’USGS, (page consultée le 4 janvier 2007),[1]
  12. Monitoring the Water Quality of the Nation's Large Rivers. Mississippi River Basin NASQAN Program, site web de l'USGS, page consultée le 4 janvier 2007, dernière modification le 7 juin 1999, [lire en ligne]
  13. Jean-Paul Amat, Lucien Dorize, Charles Le Cœur, Emmanuelle Gautier, Éléments de géographie physique, Paris, Bréal, coll. Grand Amphi, 2002, (ISBN 2749500214), page 175
  14. a , b , c  et d J. Bethemont, Les grands fleuves, 2000, p.31
  15. a , b  et c Quid 2006 : géographie et sciences de la Terre : fleuves
  16. J. Bethemont, Les grands fleuves, 2000, p.22
  17. Chiffres de R. De Koninck, « Le delta du Mississippi », 2006, p.20 et 33
  18. François Michel, Roches et paysages, reflets de l’histoire de la Terre, Paris, Belin, Orléans, brgm éditions, 2005, (ISBN 2701140811), p.178
  19. Pierre Pech, Hervé Régnauld, Géographie physique, Paris, PUF, 1992, (ISBN 9782130447351), p.213
  20. 290 millions de tonnes pour l'Amazone, voir Quid 2006
  21. a  et b (en) General Information about the Mississippi River, [lire en ligne]
  22. J. Bethemont, Les grands fleuves, 2000, p.226
  23. a  et b Meade, R.H., ed., Contaminants in the Mississippi River, 1987-92 : U.S. Geological Survey Circular 1133, 1995 ; lire le compte-rendu en ligne : « National Research Program », site de l’USGS, (page consultée le 4 janvier 2007), < http://water.usgs.gov/nrp/highlights/mississippi.html >
  24. Carte topographique de la source du Mississippi sur Topozone
  25. Error
  26. Planète Terre, article de Pierre-André Bourque, Université de Laval, Canada
  27. R. De Koninck, Le delta du Mississippi, 2006, p.40
  28. Quid 2006
  29. Autin, W. J., S. F. Burns, B. J. Miller, R. T. Saucier, and J. I. Snead. 1991. « Quaternary geology of the Lower Mississippi valley », in R. B. Morrison, editor. Geology of North America. Volume K-2. Quaternary nonglacial geology: conterminous U.S. Geological Society of America, Boulder, Colorado
  30. Coleman, J. M. 1988. Dynamic changes and processes in the Mississippi River delta. Bulletin of the Geological Society of America
  31. D'après l'USGS ; lire aussi Yves Boquet, Les États-Unis, Paris, Belin, 2003, (ISBN 2701132304), p.146
  32. a , b  et c Yves Boquet, Les États-Unis, Paris, Belin, 2003, (ISBN 2701132304), p.146
  33. Fremling, C. R., J. L. Rasmussen, R. E. Sparks, S. P. Cobb, C. F. Bryan, and T. O. Claflin. Mississippi River fisheries: a case history, 1989
  34. Michel Goussot, Espaces et territoires aux États-Unis, Paris, Belin, 2004, (ISBN 2701132045), p.127
  35. J. Bethemont, Les grands fleuves, 2000, p.115
  36. R. De Koninck, « Le delta du Mississippi », 2006, p.20
  37. Roger Brunet (dir.), Géographie universelle : États-Unis, Canada, Paris, Hachette-Reclus, 1992, (ISBN 2010148290), p.188
  38. D’après les données de l'étude en anglais Economic profile of the lower Mississippi river region, 2004
  39. NOAA fisheries : Office of Science and Technology : Commercial fishery landings and value at major us ports 2003-2004
  40. Sur la rive droite du Mississippi, en Louisiane ; lire Roger Brunet (dir.), Géographie universelle : États-Unis, Canada, Paris, Hachette-Reclus, 1992, (ISBN 2010148290), p.176
  41. Le Mississippi traverse plusieurs états de la Corn Belt ; lire Yves Boquet, Les États-Unis, Paris, Belin, 2003, (ISBN 2701132304), p.27
  42. Roger Brunet (dir.), Géographie universelle : États-Unis, Canada, Paris, Hachette-Reclus, 1992, (ISBN 2010148290), p.70
  43. Roger Brunet (dir.), Géographie universelle : États-Unis, Canada, Paris, Hachette-Reclus, 1992, (ISBN 2010148290), p.177
  44. D'après les données de l'U.S. Army Corps of Engineers statistics, citées dans Dairynet.com
  45. Michel Goussot, Espaces et territoires aux États-Unis, Paris, Belin, 2004, (ISBN 2701132045), p.207
  46. a  et b Collectif, Géographie humaine des littoraux maritimes, Paris, SEDES, 1998, (ISBN 2718192178), p.270
  47. a , b  et c Roger Brunet (dir.), Géographie universelle : États-Unis, Canada, Paris, Hachette-Reclus, 1992, (ISBN 2010148290), p.187
  48. (en) General Information about the Mississippi River, [lire en ligne]
  49. Yves Boquet, Les États-Unis, Paris, Belin, 2003, (ISBN 2701132304), p.21
  50. R. De Koninck, « Le delta du Mississippi », 2006, p.25
  51. Estimation de Charles C. Mann, Marina Boraso (trad.), 1491. Nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb, Albin Michel, 2007, (ISBN 9782226175922), p.290
  52. Havard Gilles, Vidal Cécile, Histoire de l'Amérique française, Flammarion, 2003, p.201.
  53. http://www.memo.fr/article.asp?ID=MOD_DEC_009 mais aussi http://www.ambafrance-us.org/fr/franceus/histoire/histoire1.asp et également http://www.warmuseum.ca/vmnf/explor/henn_f2.html
  54. Jacques Binoche, Histoire des États-Unis, Paris, Ellipses, 2003, (ISBN 2729814515), p. 70.
  55. Quid 2006 : géographie humaine : catastrophes
  56. a  et b J. Bethemont, Les grands fleuves, 2000, p.51
  57. ou encore « deux brasses de profondeur »
  58. Par exemple avec son tableau conserve à la National Gallery of Art de Washington DC, La Salle's Party Entering the Mississippi in Canoes. February 6, 1682, (1847-1848)
  59. Agglomération de plus de 200 000 habitants en MSA, d'après les données du Bureau du recensement des États-Unis, [lire en ligne]
  60. Le Tennessee se jette dans l'Ohio
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