National-Socialiste

National-Socialiste

Nazisme

Symbole du nazisme, le drapeau du NSDAP, puis du Troisième Reich a été dessiné par Adolf Hitler.

Le nazisme ou national-socialisme est l'idéologie politique du NSDAP, parti politique fondé en Allemagne en 1920. Cette vision du monde divisait hiérarchiquement l'espèce humaine en races, hiérarchie au sommet de laquelle était censée se situer la « race aryenne ».

En tant que sujet de science politique, la définition du nazisme divise les historiens. En particulier, reste ouverte la question de savoir si le nazisme ne fut que l'une des formes du fascisme ou, parce qu'ayant fait du racisme une doctrine d'État, le nazisme doit être considéré comme un phénomène historique unique. En effet, l'antisémitisme officiel du régime nazi, dès 1933, et la persécution des opposants, des homosexuels, etc., se concrétisera par l'installation dès 1933 des premiers camps de concentration en Allemagne. Cette politique ne fera que s'amplifier jusqu'à 1945. Ce sont ainsi plus de six millions de personnes qui périront dans les camps d'extermination hitlériens, dont une majorité de Juifs (voir Shoah).

En 1935, appel de soldats allemands faisant partie de la SA, de la SS ou de la NSKK. Photo prise à Nuremberg le 9 novembre 1935.

Sommaire

Présentation

L'acronyme « nazisme » est la contraction de « national-socialisme » (Nationalsozialismus en allemand). En effet, le « national-socialisme » se veut distinct du « socialisme international », c'est-à-dire des mouvements socialistes internationalistes, d'inspiration marxiste ou non, tels que l'Internationale socialiste ou l'Internationale communiste, dont la vocation « antipatriotique » était à l'opposé du nationalisme pangermaniste hitlérien. L'idéologie nazie se distingue également d'autres doctrines nationalistes de l'époque comme, en France, le « socialisme national » de Maurice Barrès, qui disait combiner nationalisme et « socialisme », mais rejetait les théories racistes du nazisme allemand[réf. nécessaire].

Le fameux Programme en 25 points, programme politique du nazisme, fut exposé pour la première fois dans une réunion publique le 24 février 1920 à la Hofbräuhaus de Munich (célèbre brasserie toujours debout, pourvue d'une vaste salle propice aux réunions politiques) par Adolf Hitler lui-même. Suite à cette assemblée fondatrice, le DAP (Deutsche Arbeiter Partei, Parti ouvrier allemand) prendra désormais le nom de NSDAP (National Sozialistische Deutsche Arbeiterpartei, Parti national-socialiste des travailleurs allemands) : le parti nazi est né.

En 1925 (soit plus de quatre ans après, un coup d'état manqué et plusieurs séjours en prison après la proclamation initiale), Adolf Hitler publie Mein Kampf (Mon Combat) (à la fois autobiographie, idéologie et programme politique), ouvrage écrit en prison, et qui deviendra le texte de référence du nazisme. La thèse selon laquelle le national-socialisme n'était rien d'autre, en somme, qu'un hitlérisme[1], est fort discutée. Néanmoins l'opportunisme politique sera, dés le début de sa carrière, une constante dans les discours et écrits d'Adolf Hitler. L'historien britannique Ian Kershaw, auteur d'une imposante biographie d'Hitler montre ainsi que l'apparition de certaines expressions ou concepts pourtant propres au discours hitlérien (par exemple le slogan Lebensraum, soit : espace vital) sont assez tardives. Et c'est Hitler lui-même qui rappellera que ce n'est qu'en juin 1919 que les cours d'économie de Gottfried Feder sur « l'esclavage par l'intérêt » fournirent le levier qui lui manquait pour animer un véritable parti politique :

« Après avoir écouté le premier cours de Feder, l'idée me vint aussitôt que j'avais trouvé le chemin d'une condition essentielle pour la formation d'un nouveau parti. »

— Adolf Hitler, Mein Kampf, p. 208

Peu après l'accession d'Hitler à la Chancellerie le 30 janvier 1933, les autres partis politiques sont progressivement éliminés ou interdits. Le 14 juillet 1933, le NSDAP devient un parti unique en Allemagne et le restera jusqu'à la chute du Troisième Reich en 1945.

Idéologie

Pour les nazis, les pays et territoires germanophones avaient vocation à dominer le reste du monde. Ils alléguaient à cette fin l'appartenance des peuples germaniques à une « race supérieure », les « indo-européens » (Indo-Germanisch) ou encore « aryens », dont auraient été issus tous les génies de l'humanité. Les peuples désirant survivre devaient ainsi s'incliner devant la « race des seigneurs ».

En conséquence, cette idéologie, du reste clairement évoquée dans Mein Kampf, prône le recours systématique à la force. Pour Hitler, la diplomatie ou la négociation ne sont que des leurres :

« Les territoires opprimés [c'est à dire les Sudètes et l'Autriche] ne sont pas réincorporés à la patrie commune par des protestations enflammées, mais par les coups victorieux qu'assène le glaive. Forger ce glaive, telle est la tâche de la politique intérieure du gouvernement; permettre au forgeron de travailler en toute sécurité et de recruter des compagnons d'armes, telle est celle de la politique étrangère. »[2][3]

Les nazis étaient clairement xénophobes, demandant par exemple que « que tous les non Allemands établis en Allemagne depuis le 2 août 1914 soient immédiatement contraints de quitter le Reich », et que « tous les directeurs et collaborateurs de journaux paraissant en langue allemande soient des citoyens allemands »[4]. Ils s’opposaient à la « conception matérialiste du monde », et se revendiquant d’un « Christianisme positif » [5].

Le programme national-socialiste prétendait également avoir une dimension sociale, symbolisée par le rouge dans le drapeau nazi, qu'il imposa à l'Allemagne[6]. D'après les travaux de l'historien Götz Aly, les nazis témoignaient d'un réel souci des classes populaires[7] : ils réorganisent les professions, créent des mutuelles et des prestations sociales, luttent contre le chômage, favorisent des loisirs et des fêtes pour les couches populaires, etc. Pour Aly, c'est d'ailleurs là l'une des clés de la popularité du régime. La tendance « socialisante » de la doctrine nazie fut cause de dissensions graves entre les dirigeants du parti. À ses débuts, Joseph Goebbels qualifiait ainsi le nazisme de « bolchévisme national ». Cependant, Hitler, par pragmatisme et opportunisme politique, sera conduit à accepter les financements d'industriels inquiétés par la montée du communisme et à abandonner certaines revendications et à éliminer sans pitié les courants par trop « socialisants » (les frères Strasser, Röhm, etc).

Des étudiants nazis brûlent les livres proscrits en public le 10 mai 1933.

Le nazisme prétend être une idéologie totalitaire, cherchant à dominer et à contrôler tous les aspects de la vie des citoyens, embrigadés dès l'enfance dans toutes sortes d'associations maîtrisées par le Parti qu'ils étaient destinés à servir : Napolas, Jeunesses hitlériennes, Association des jeunes filles allemandes, Association des femmes allemandes, Association des Allemands de l'étranger, Secours populaire du parti nazi, Secours d'Hiver du peuple allemand.

Le régime nazi, proche du fascisme, duquel il a pris le caractère démonstratif que celui-ci a initié, assurant le culte du chef et le respect de la doctrine du Parti par l'usage systématique de mise en scènes théâtrales, et aussi de la violence. Le culte de la personnalité est sans doute un élément central du nazisme, en ce qu'il permet au chef du mouvement d'exercer un pouvoir sans limite. Mais il s'inspire aussi du bolchévisme, adoptant le principe d'un parti unique constitué de militants professionnels, parmi lesquels il recrute des milices privées, les SA et les SS, enfin en organisant la toute puissante Gestapo dès la prise de pouvoir.

Procès des principaux dirigeants nazis, Nuremberg, 1946.

La doctrine nazie se fondait sur une classification raciale des hommes selon la « qualité de leur sang ». Les Tziganes, les Asiatiques et les Noirs étaient classés au plus bas dans l'échelle des races, juste avant les Juifs et après les Slaves et les Méditerranéens. Elle aboutit à pousser les applications de l'eugénisme dans ses conséquences extrêmes, en particulier l'expérience des lebensborns, et surtout la Shoah. Elle incitait à expulser hors d'Allemagne les hommes des « races inférieures », en particulier les Juifs envers lesquels elle a immédiatement pris des mesures vexatoires, favorisant l'émigration des plus riches et des plus déterminés vers d'autres pays, avant d'enfermer progressivement les autres dans des camps de concentration, avec les opposants politiques et religieux et les asociaux de tous ordres.

Pour Ian Kershaw, « étant donné sa nature, sa composition et ses forces dominantes, le mouvement nazi ne pouvait avoir qu’une conception du changement social négative (liquidation des organisations de la classe ouvrière, discrimination accrue contre les minorités) »[8].

Les Aryens

Les nazis utilisèrent le terme d'Aryen pour définir la race humaine qu'ils considéraient la plus pure, la plus supérieure et la plus noble, qui était appelée par certains scientifiques de cette époque race nordique. Les idéologues nazis prétendaient que cette théorie aurait été confirmée par l'Histoire, l'expérience pratique, et les traits uniques de l'Aryen (notamment les cheveux blonds et les yeux bleus).

Objectifs

Antisémitisme en Allemagne en 1933. Sur la pancarte : « Allemands, défendez-vous ! N'achetez pas chez les Juifs ! »

Le nazisme prône la supériorité de la « race aryenne » sur toutes les autres « races » humaines. Ce qu'il nomme « race aryenne » est en fait une notion à la fois morphologique, culturelle et religieuse. Le « véritable » aryen est celui qui est physiquement proche du canon germanique. La croyance commune fait correspondre cette « race aryenne » à l'image d'un homme pâle, blond aux yeux bleus et de culture germanique. En réalité, les critères, bien que restreints, étaient sensiblement plus larges (notamment au niveau des couleurs des yeux et des cheveux). D'après Hitler, cette race aryenne est l'unique source de tous les progrès de l'Humanité. Seuls ceux qui ont une trace de sang aryen peuvent avoir du génie. Les autres « races » ne font qu'imiter voire, comme les Juifs, spolier ou détruire le génie humain. A ce titre, la race aryenne doit conserver la pureté de son sang pour concentrer le génie humain dans une race qui dominera le monde. Pour la survie de l'Humanité, les nazis se doivent d'éliminer les races et « peuples inférieurs » qui en polluant la génétique humaine, l'amènent à sa perte. Les nazis classèrent ainsi les populations en fonction de ce qu'ils appelaient les « races à éduquer » (les Latins, les Japonais par exemple), les « races à réduire en servitude » (les Slaves, les Asiatiques, les Noirs) et les « races à exterminer » (les personnes de confession ou d'ascendance juive et le peuple tzigane).

Hiérarchie des « races »

La doctrine raciale nazie se basait surtout sur l’œuvre d’Hans Günther, professeur de « science raciale » à l’Université d'Iéna dont les idées étaient fortement soutenues par le gouvernement allemand[9]. Selon Günther tous les Aryens partagent un type nordique idéal qui crée un contraste avec les Juifs, qui constituent plutôt un mélange de plusieurs races. La lignée généalogique, les mesures anthropologiques de crânes et les évaluations de l’apparence physique étaient tous des outils utiles à la détermination de la race. Pour Gunther, même si l’apparence physique était la chose observée, « le corps est l’enveloppe de l’âme » et « l’âme est primaire. » Toutefois dans la doctrine raciale nazie les catégories de « sang allemand » et de « sang étranger à l’espèce » ne furent jamais clairement définies, et entre le pôle aryen et le pôle juif se trouvait toute une nébuleuse de races qu’il était parfois malaisé de situer sur une échelle. Concernant les races européennes Gunther les divisait en race nordique (nord de l'Europe), méditerranéenne (sud de l'Europe et Afrique du Nord), dinarique (Balkans), alpine et est-baltique[10].

Alfred Rosenberg, théoricien du nazisme dont l'influence fut également importante, qui développa ses théories raciales et anti-chrétienne dans Le Mythe du vingtième siècle (1930), où il réduit l’histoire à une lutte des races et met en valeur l’homme nordique menacé par le métissage, les juifs et les valeurs judéo-chrétiennes, considérait également les Berbères d'Afrique du Nord comme descendants des peuples Aryens atlanto-nordiques : « Les Berbères, dont une partie conservent encore la peau claire et souvent même les yeux bleus, ne remontent pas aux raids ultérieurs des Vandales, mais bien à la très ancienne vague atlanto nordique. De nombreux chasseurs Kabyles, par exemple, sont aujourd'hui encore irréfutablement d'origine nordique »[11]

Moyens utilisés

Libération du camp de Buchenwald, 16 avril 1945

Les nazis stérilisèrent ou emprisonnèrent aussi ceux qu'ils considéraient comme malades, ou ceux qui étaient considérés comme atteints de maladies héréditaires (cécité, alcoolisme, schizophrénie, etc.), ou de maladies mentales, en s'appuyant sur une lecture particulière des théories eugéniques du Britannique Francis Galton (cf. L'Eugénisme sous le nazisme).

Après avoir conquis le pouvoir absolu, les nazis éliminèrent selon des procédés systématiques et par cercles concentriques entre 5 et 6 millions de Juifs (notamment, mais pas uniquement, à l'aide de chambres à gaz) ainsi que de nombreux Tziganes, entre 500 000 et 1 million dont 23 000 ont été recensés dans le seul camp d'Auschwitz. Ils stérilisèrent aussi 400 000 Allemands et incarcérèrent tous les opposants au pouvoir dans des camps de concentration.

L'extermination des Juifs est appelée la Shoah, ce qui signifie « catastrophe » en hébreu.

Distinction entre fascisme et nazisme

Deux interprétations chez les historiens :

  • le nazisme est une variété (parmi d'autres) de fascisme.

Les termes fascisme et totalitarisme reposent souvent sur des définitions floues. Ils restent mal définis et il n'y a pas de consensus d'historiens sur leur utilisation. D'aucuns les récusent totalement.

À l'origine, le fascisme avait pour but l'édification d'un État fort, base d'un nouvel Empire, véritable « but » ultime, alors que le nazisme voyait dans l'État le « moyen » de mettre en œuvre la politique raciale et de domination mondiale de la nation allemande. Le fasciste mourait pour l'Italie, le nazi pour la race aryenne. La Seconde Guerre mondiale n'est donc pas un conflit de nations, à l'instar de la première, mais un conflit de visions du monde.

Dans la pratique, Mussolini enfermait et persécutait ses opposants, mais ne se livra pas à une politique d'extermination sur des bases culturelles et religieuses, alors que l'idéologie nazie organisait un système de déportations des « indésirables ». D'abord et principalement les juifs, qui tous devaient être éliminés, adultes comme enfants. Hitler avait décrété que tous devaient disparaître en vertu d'une purification de l'Europe planifiée « scientifiquement », c'est-à-dire avec des arguments pseudo-scientifiques, les théories raciales, et en mobilisant tous les moyens techniques. On visait leur élimination, non leur réduction en tant qu'ennemis. D'autres groupes sociaux subirent les déportations et les persécutions : communistes et autres marxistes, tsiganes, handicapés mentaux, « asociaux », homosexuels, catholiques, protestants, Témoins de Jéhovah... Les camps d'extermination tels Auschwitz, Treblinka, Maïdanek, furent construits ou transformés à des fins d'exterminations.

Le concept d'État totalitaire est forgé par le philosophe et théoricien du fascisme italien, Giovanni Gentile, qui écrivait les textes de Mussolini ayant un contenu théorique. L'État totalitaire doit prendre le contrôle de la société tout entière et de tous ses secteurs, jusqu'à faire disparaître celle-ci, englobée dans l'État, devenu « total ». On ne peut donc exclure le fascisme du système des États totalitaires, qu'il invente au contraire. Le fascisme voit le jour en Italie, avec la prise du pouvoir par Mussolini (Marche sur Rome, 1922) invente un nouveau mode d'État précisément, en pratique et en théorie. Il en fait la théorie et le réalise en vue de constituer un Empire, supposé faire renaître l'Empire romain.

Invention que Hitler recueillera et développera, en préparant la guerre en Europe, dans le but de créer un nouvel Empire européen, le « Reich de 1000 ans ». L'exploitation du mythe du « danger juif » (complot mondial en parallèle et/ou alliance avec le communisme international) sera reprise. On diffusera systématiquement un faux, fabrication de la police secrète du Tsar, les « Protocoles des Sages de Sion », supposé révéler ce « complot juif mondial ». Adolf Hitler mentionnera cette lecture dans Mein Kampf.

Ce qui distingue le nazisme du fascisme est, non pas le nationalisme, le racisme et l'antisémitisme, mais le fait que la politique nazie soit d'abord et essentiellement raciste et antisémite, et la décision en vue de l'élimination des juifs, et le recours à un plan d'extermination. La planification et l'organisation systématiques sont une spécificité nazie, et n'appartiennent ni au fascisme italien, ni aux divers fascismes qui apparurent en Europe. La diversité des expressions portent souvent à confusion.

Sources du nazisme

Les origines et les sources d'inspiration du nazisme sont extrêmement diverses. Ainsi, pêle-mêle sont reprises dans l'idéologie nazie[12] :

Les idéologies nationalistes allemandes

Le socialisme

Article détaillé : National-socialisme et socialisme.

La question des relations ou d'une parenté entre le national-socialisme et le socialisme, a été soulevée très tôt, et suscité des polémiques. Dans les années 1940, l'économiste Friedrich Hayek attribue des racines en partie socialistes au nazisme, et Hannah Arendt trace des parallèles entre le régime stalinien et le régime nazi. Au contraire, le théoricien marxiste Georges Politzer explique que le régime nazi se base sur l'idéologie de la race, abolissant la notion de classe indissociable du marxisme. La question rebondit avec des travaux contemporains controversés, comme ceux de Ernst Nolte ou Jean-François Revel, alors que pour Ian Kershaw, le nazisme fait partie des « mouvements extrémistes antisocialistes »[14].

Des idées philosophiques du XIXe siècle

Le culte de la force est propagé dans les universités par Heinrich von Treitschke.

C'est à tort que l'on rattache Nietzsche au nazisme. Celui-ci n'a cessé, toujours avec la même ferveur de manifester son écœurement à l'encontre de l'antisémitisme. C'est à son insu, pendant ses dernières années de « vie », malade; que sa sœur, Elisabeth Förster-Nietzsche mariée à Bernhard Förster, pour laquelle il exprimait également un grand mépris suite à son mariage avec un antisémite ayant tenté de fonder une nation arienne au Paraguay ; trafiqua son œuvre et composa « La Volonté de Puissance ». Elle en fit ce qui devait devenir plus tard une arme de propagande pour le régime nazi. Elle eut recours à un véritable travail de falsification, et de découpage, allant jusqu'à retirer les passages la concernant personnellement.

Aussi, encore aujourd'hui, les écrits de Nietzsche sont sujets à la controverse, souvent par mécompréhension ou interprétation douteuse. La critique la plus commune se rapportant au nazisme est celle qui consiste à dire que Nietzsche incitait à la haine contre le juif, de par les critiques qu'il peut faire à l'égard du prêtre, « les juifs, ce peuple de prêtres ». Or il ne condamne ici nullement les juifs mais bien les méthodes du prêtre, peu importe ses origines (cf Généalogie de la morale, IIIe traité et la fin d'Ainsi parlait Zarathoustra en référence au dernier Pape). Au banc des accusés, son idée du surhomme.

Pour plus d'informations, se reporter à cette partie de l'article sur le philosophe, au sujet des falsifications auxquelles son œuvre a pu être exposée : Les falsifications nazies de l'œuvre de Nietzsche.

Notons enfin que les nazis ne furent pas les seuls à falsifier la philosophie de Nietzsche. Encore aujourd'hui, elle se prête à toutes les interprétations et trouve sa place dans tous les discours, de la caricature à l'appropriation la plus totale. Par respect, il s'impose de prendre clairement connaissance du corpus Nietzschéen avant toute interprétation douteuse.

Les idées racistes développées antérieurement en Allemagne

Les idées nationalistes et racistes vont se retrouver dans les idées colportées par les mouvements völkisch qui vont fleurir en Allemagne à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. En répandant en Allemagne des idées ultra-nationalistes et racistes, ces mouvements ont fait le lit du National-socialisme.

Nazisme et homosexualité

Différents auteurs considèrent que l'idéologie nazie a tout d'abord entretenu des relations ambiguës avec l'homosexualité, sa fascination pour « l'homme nouveau » aurait été teintée d'homoérotisme.

Ainsi, Léon Poliakov a affirmé:

« L'art nazi s'avère être une des clefs d'analyse et de compréhension du régime national-socialiste. Il permet en effet d'appréhender la fascination exercée par l'homosexualité sur les nazis et son retournement en une impitoyable persécution. L'homoérotisme est plus que suggéré par l'art nazi qui prône le culte du corps masculin[15]. »

Ce thème est également abordé par Vladimir Jankélévitch :

« La nazisme se distingue par une inclinaison pédérastique très prononcée qui a toujours été en honneur chez les Allemands et que les traditions militaires ont exaltée; l'austérité spartiate, la nudité grecque, la gymnosophie furent, au XIXe siècle, les formes classiques du délire allemand. L'athlète hitlérien du XXe siècle est habillé, armé, sanglé, botté, casqué, décoré, mais l'inclinaison homosexuelle est plus forte que jamais. Tout l'indique : l'étalage de la force brutale et l'idôlatrie du muscle, des pectoraux de gladiateur sous les baudriers éblouissants, la folie des uniformes qui fascinèrent jadis la France vaincue comme la fascinèrent les beaux barbares blonds.  »

— Vladimir Jankélévitch, Une monstrueuse apothéose, in Quel Corps ?, éd. Passion, 1986, p.42

Cependant, les persécutions nazies contre les homosexuels commenceront dès 1933, les peines prévues contre eux par le paragraphe 175 du code pénal allemand seront doublées en 1935, et 50 000 d'entre eux seront mis en prison tandis que 15 000 autres seront déportés dans les camps de concentration.

Notes et références

  1. Ian Kershaw, Hitler, tome 1, p. 210
  2. Mon Combat, p. 314
  3. Naturellement, ces derniers ne manquèrent pas de nous attaquer avec la plus grande violence, mais seulement avec la plume, comme il fallait s'y attendre, de la part de telles oies. À vrai dire, ils ne goûtaient pas du tout notre principe : « Nous défendre par la violence contre quiconque nous attaquerait par la violence. » Ils ne nous reprochaient pas seulement très énergiquement d'avoir le culte brutal du gourdin, mais aussi de manquer de spiritualité.(…) Leur lâcheté congénitale ne les exposera jamais à un tel danger. Car ils ne travaillent pas dans la mêlée bruyante, mais dans le silence du cabinet. (Mon Combat p. 190)
  4. Points 8 et 23 du Programme en 25 points.
  5. Points 19 et 24 du Programme en 25 points.
  6. Dans Mein Kampf, Hitler justifie le choix du rouge par le souci de ne pas laisser le monopole de cette couleur ardente au seul Parti communiste
  7. Götz Aly, Comment Hitler a acheté les Allemands. Le IIIe Reich, une dictature au service du peuple, Flammarion, 2005.
  8. Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, Gallimard, coll. « Folio », 1992, p. 270.
  9. George L. Mosse, Nazi Culture; Intellectual, Cultural, and Social Life in the Third Reich, Schocken Books, New York, 1981, p. 57
  10. Hans Günther, Les peuples de l'Europe (1927), Editions du Lore, 2005
  11. Alfred Rosenberg, Le Mythe du XXe siècle, Deterna, 2005 (réédition 1930), ISBN 2-913044-21-2, p. 42.
  12. Michel Mourre, Dictionnaire d'Histoire Universelle, 1968.
  13. Peter Viereck écrit ainsi dans Conservatism Revisited page 70: « Jahn's organized gangs, praised by a contemporary nationalist as 'the Storm Troopers' of a future nationalist seizure of power, roamed the streets molesting citizens who looked 'un-German'. »
  14. Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, Gallimard, coll. « Folio », 1992, p. 93.
  15. De la fascination à la persécution par Blaise Noël

Voir aussi

Quelques ouvrages parmi lesquels le nazisme a puisé ses racines

Quelques ouvrages des théoriciens du IIIe Reich

(Voir aussi Pangermanisme, Nihilisme allemand, Mysticisme nazi.)

Articles connexes

Cet article fait partie
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Sujets connexes
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Idéologie

Histoire

À l'encontre des nazis :

Les crimes du nazisme

Bibliographie

  • Hanania Alain Amar, Thierry Feral, Michel Gillet, J. Maucourant, Penser le nazisme, L'Harmattan, Paris, 2007.
  • Hanania Alain Amar, Les Savants fous. Au-delà de l'Allemagne nazie, L'Harmattan, Paris, 2007.
  • Thierry Feral avec post face de Hanania Alain Amar, Suisse et nazisme, L'Harmattan, Paris, 2005.
  • Hannah Arendt, Les Origines du totalitarisme.
  • Pierre Ayçoberry, La Question nazie, Les interprétations du national-socialisme, 1922-1975, Seuil, coll. « Points Histoire », 1979, 314 p.
  • Daniel Guérin, La Peste brune, éditions Spartacus, 1996.
  • Friedrich Hayek, La Route de la servitude.
  • Ian Kershaw, Qu'est-ce que le nazisme ?, Folio histoire, réédition 2003.
  • Nicos Poulantzas, Fascisme et dictature. La IIIe Internationale face au fascisme, Paris, 1970.
  • Enzo Traverso, Le Totalitarisme. Le XXe siècle en débat, Points, Le Seuil, Paris, 2001.
  • Franz Neumann, Béhémoth. Structure et pratique du national-socialisme - 1933-1945, traduit de l'anglais par Gilles Dauvé et Jean-Louis Boireau, Paris, Payot, 1987.

Liens externes

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