- Lebensborn
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Le Lebensborn e. V. (Lebensborn Eingetragener Verein, en français « Association enregistrée Lebensborn ») était une association de l'Allemagne nationale-socialiste, patronnée par l'État et gérée par la SS, dont le but était d'augmenter le taux de naissance d'enfants « aryens » en permettant à des filles-mères d'accoucher anonymement et de remettre leur nouveau né à la SS qui en assurerait la charge puis l'adoption.
C'est dans le cadre d'une politique de promotion des naissances exacerbée que les Lebensborn virent le jour à l'initiative de Heinrich Himmler, le 12 décembre 1935.
Il s'agissait à l'origine de foyers et de crèches, mais il semble sur la base de témoignages de voisinage[réf. nécessaire], que la SS transforma rapidement ces centres en lieux de rencontre, où des femmes allemandes considérées comme « aryennes » pouvaient concevoir des enfants avec des SS. Le but ultime de ces centres était la création et le développement d'une race aryenne parfaitement pure et dominante. Les femmes accouchaient dans le plus grand secret. Les enfants nés dans les Lebensborn étaient pris en charge par la SS en vue de constituer l'élite du futur « Empire de 1 000 ans ».
Le terme « Lebensborn » est un néologisme formé à partir de « Leben » (« vie ») et « Born » (« fontaine », en allemand ancien). Marc Hillel l'a traduit en français par « Fontaines de vie ».
Sommaire
Histoire
En vertu du concept de « pureté raciale » inscrit dans les principes fondateurs du nazisme, Heinrich Himmler ouvrit le premier établissement à Steinhöring, près d'Ebersberg, en Haute-Bavière, le 15 août 1936. Ce centre comportait 30 lits pour les mamans et 55 pour les enfants à naître. Leur nombre fut doublé en 1940.
Le service du Lebensborn était placé sous l'égide du général SS Sollmann. La « pureté de la race aryenne » répondait à plusieurs critères, qui déterminaient l'appartenance à une typologie aryenne qui comportait plusieurs niveaux de « pureté ». Le niveau le plus élevé était celui des pays nordiques. Chacun des niveaux de pureté était connu pour les qualités de ses membres : attachement à la patrie, attachement au Führer, attachement au pays.
Une dizaine d'établissements furent créés en Allemagne avant la Seconde Guerre mondiale — 8 000 enfants y naquirent —, puis deux en Autriche et un en Pologne, après l'invasion de ce pays en septembre 1939.
La fascination des nazis pour la « race aryenne nordique » les conduisit à ouvrir une dizaine de centres en Norvège. On estime le nombre d'enfants nés dans ces centres à 9-12 000 selon certaines sources. [réf. nécessaire]
Un seul centre fut ouvert aux Pays-Bas.
Pour les pays francophones, on retiendra :
- en France, l'institution de Lamorlaye, près de Chantilly ;
- au Grand-Duché de Luxembourg, celle de Bofferding, près de Luxembourg ;
- en Belgique, celle de Wégimont, aujourd'hui domaine de loisirs provincial situé dans la commune de Soumagne (province de Liège).
Rôle
L'objectif du Lebensborn était de permettre à des femmes, mariées ou célibataires, de « race pure » de donner naissance à des enfants dont les pères appartenaient à l'élite raciale, notamment des membres de la SS.
Outre la reproduction de la race aryenne, le Lebensborn se chargeait aussi de la germanisation d'orphelins issus de couple mixtes, mais peut-être aussi d'enfants arrachés à leurs parents en provenance de Norvège, de Pologne et de Tchécoslovaquie. Ainsi, plus de 200 000 enfants furent emmenés en Allemagne et confiés à des familles allemandes sélectionnées.
Le Lebensborn mit en pratique les principes hitlériens. Le pouvoir en place décida d'élargir son recrutement en allant, par la suite, prélever des enfants dans des pays conquis (Pologne) où certains enfants dits racialement valables (2 millions d'enfants enlevés à leurs parents polonais) auraient été littéralement kidnappés pour être germanisés. La proportion d'enfants arrachés à leurs véritables parents aurait atteint un cinquième des effectifs des Lebensborn. [réf. nécessaire]
La Maternité des Ardennes
Beaucoup de ces Lebensborn étaient consacrés à l'éducation des enfants nés de l'union de soldats allemands et de femmes des pays occupées.
Les Allemands baptisèrent « Maternité des Ardennes » l'institution de Wégimont (commune de Ayeneux, province de Liège), qui ouvrit ses portes en novembre 1942 et les ferma le 1er septembre 1944. Celle-ci accueillit des femmes belges convaincues par les thèses nazies, mais aussi quelques Néerlandaises et Françaises du Nord. La contribution masculine était assurée par des soldats des régiments belges nazis, comme la Légion Wallonie, ou leurs homologues flamands, ainsi que des SS stationnés en Belgique.
Mais ce centre ne fonctionna jamais véritablement ainsi que les Allemands l'auraient voulu, car le personnel belge y montra toujours de la mauvaise volonté. Il reste peu de documents sur cette affaire et la population locale évoque rarement ces faits.
Bibliographie
- Marc Hillel, Au nom de la race, Éditions Fayard, 1975 (ISBN 2-2530-1592-X)
- Nancy Huston, Lignes de faille, Ed. Actes Sud, 2006 (ISBN 2-7427-6259-0)
- Katherine Maroger, Les racines du silence, Éditions Anne Carrière, 2008 (ISBN 978-2-8433-7505-7)
Article connexe
- Femmes sous le Troisième Reich
Catégories :- Troisième Reich
- Entre-deux-guerres
- Organisation de la SS
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