- MARSEILLE 1944
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Débarquement de Provence
Le débarquement en Provence est une opération militaire menée pendant la Seconde Guerre mondiale (nom de code Anvil Dragoon) à partir du 15 août 1944 par les troupes Alliées dans le sud-est de la France (entre Toulon et Cannes).
À l'origine appelée Anvil (enclume en anglais), le nom a été changé en Dragoon par Winston Churchill car il était contre ce débarquement (il déclara y avoir été contraint dragooned[1]) préférant une percée des troupes déployées sur le front d'Italie vers les Balkans afin de prendre en tenaille l'armée allemande en Europe centrale et d'arriver à Berlin avant les Soviétiques. Il s'oppose notamment à De Gaulle, qui menace de retirer les divisions françaises du front italien. Les objectifs étaient de libérer Toulon, Marseille puis de remonter le Rhône jusqu'à effectuer la jonction avec les forces de l'opération Overlord débarquées en Normandie.
L'opération Dragoon incluait un atterrissage de planeurs (opération Dove) et un faux débarquement dans le nord de l'Italie (opération Span).
La défense allemande composée de la XIXe armée (essentiellement des troupes étrangères) est dégarnie, notamment de la XIe Panzerdivision, suite à l’envoi de renforts vers le front de Normandie. Ensuite Hitler opère un repli pour éviter l'encerclement mais ordonne la destruction des ports de Toulon et Marseille et de garder ces deux villes.
Sommaire
Forces en présence le 15 août 1944
Alliés Allemands[2] Soldats 50 000 (324 000 fin septembre) 80 000 Chars 500 (800 fin septembre) 36 Artillerie 1 161 (dont 551 de marine) 450 Avions 2 000 105 Navires 2 250 (dont 500 de guerre) 48 (dont 10 U-Boots) Unités de la Wehrmacht
La Wehrmacht, déjà engagée sur le front normand est en infériorité numérique. Elle dispose pour défendre les côtes méditerranéennes de la France de la 19e armée (général Friedrich Wiese)[2][3], elle-même subdivisée en :
- le 62e corps d’armée (LXII. AK, général Ferdinand Neuling) QG à Draguignan, comprenant :
- le 85e corps d’armée (LXXXV. AK), comprenant :
- le 38e corps d’armée, sur la côte de Toulon à Marseille, comprenant :
- DI (244. ID) (général Schaeffer) (de Sausset les Pins à Bandol) ;
- DI (338. ID) (de Mauguio à Sausset les Pins) ;
- un corps chargé de la défense du Languedoc :
- DI (271. ID) (Generalleutnant Paul Danhauser (du 10 décembre 1943 à août 1944, P.C.: Celleneuve) (de Maugio à Agde) ;
- 272e DI (272. ID) ;
- DI (277. ID) (Generalleutnant Albert Praun (5 avril 1944-10 août 1944) remplaçant du Generalleutnant Heinrich Huffmann (10 décembre 1943-15 avril 1944) (de Leucate à Valras, PC: Saint Félix). Envoyée en Normandie, elle fait retraite vers l’Allemagne en août 1944. Elle est ainsi remplacée par la 198.I.D du Generalmajor Otto Richter.
- DI (157. ID), au sud de Grenoble ;
- DI (189. ID) (de Sète à Aigues Mortes) ;
- DI (198. ID) (Generalmajor Otto Richter) (Brignoles, à la gauche de la 338. I.D. P.C.: Saint Félix ) ;
- DI (326. ID) (de la frontière espagnole à Leucate, P.C.: Thuir (66). Elle est envoyée en Normandie en juillet 1944).
- la 62e DI (62. ID) dans l’arrière-pays provençal (Draguignan)[4]. ;
- 716e DI (716. ID) Occupe le secteur de Perpignan depuis juillet 1944, après avoir été pratiquement anéantie en Normandie (de la frontière espagnole à Narbonne).
- 11. PzD (venant de Toulouse, Montauban, Albi, Carcassonne. P.C.Rouffiac (31)).
La Kriegsmarine, commandée par le Kom.Adm.D.Franz.Südküste. Commandement de la côte Méditerranéenne de la Kriegsmarine et commandé par le vice-amiral Paul Wever. C.Q.G. à Aix en Provence.
- Marine-Einsatzkommando 71. chargé du renseignement naval. P.C.: Aix en Provence.
- Le Sicherungs-Regiment.95: Situé entre le Grau de Vendres et Frontignan.
- Le Generalkommando IV. Luftwaffen-Feldkorps: General der Flieger Erich Petersen le 1er août jusqu’au 19 novembre 1944. Le P.C. du corps est établi à Montpellier, puis en juillet 1944, transféré à Capendu (11). Il Dépend tactiquement du Feughafenbereich 1/VII Carcassonne sous les ordres de l’Oberst Gieche. Il est réparti à Montpellier (I./FI.Rgt.71), Carcassonne (II./FI.Rgt.71 dont deux compagnies sont en poste à Perpignan) et Béziers (III./FI.Rgt.71).
- II./3. Brandenburg-régiment : Trois compagnies, la 5e, 7e et une compagnie italienne d’emploi spécial. (Aix en Provence).
- Un bataillon de sécurité du Sicherungregiment 200. (Aix en Provence).
- 2. Fliegerdivision: état-major installé à Montfrin (Gard) (JGr.200, II./JG 77., KG 26., KG 77., 1(F)./33., 2./SAGr128.).
Unités alliées
Les unité navales alliées étaient constituées de 880 navires navires de guerre, sur ce nombre 130 furent principalement engagés dont une trentaine de navires français[5]
- Cuirassé Lorraine
- 3e division de croiseurs
- Croiseur Émile-Bertin
- Croiseur Jeanne d'Arc
- Croiseur Duguay-Trouin
- 4e division de croiseurs
- Croiseur Montcalm
- Croiseur Gloire
- Croiseur Georges Leygues
- 10e division de croiseurs légers
- Le Terrible
- Le Fantasque
- Le Malin
- 3e division de torpilleurs
- Le Fortuné
- Le Forbin
- 6e division de torpilleur
- Le Tempête
- Le Simoun
- L'Alcyon
- 2e division de destroyers d'escorte
- Le Marocain
- Le Tunisien
- 5e division de destroyers d'escorte
- Le Hova
- L'Algérien
- Le Somali
- 6e division d'avisos
- La Gracieuse
- La Boudeuse
- Le Commandant-Lesage
- Le Commandant-Bory
- 10e division d'avisos
- Le Commandant-Domine
- La Moqueuse
Le débarquement
La veille, Radio Londres diffuse 12 messages pour la Résistance, des régions R1-R2, R3-R4 et R6, et dont les plus connus sont : « Le chasseur est affamé (Bibendum)" ou "Nancy a le torticolis (guérilla)" »...
Comme lors de l'opération Overlord, le plan de bataille prévoit une division des troupes en différentes « forces » avec toutes un but précis.
L'assaut naval eut lieu sur les côtes varoises entre Toulon et Cannes plus précisément de Cavalaire à Saint-Raphaël. 880 navires anglo-américains, 34 français et 1 370 navires pour le débarquement.
Durant la nuit du 14 août, les commandos français sont débarqués sur les flancs du futur débarquement :
- Au nord Force Rosie (groupe naval d'assaut français, capitaine de frégate Seriot) débarque à Miramar pour couper la route aux renforts allemands venant de l’est.
- Au sud Force Romeo (groupe français de commandos d'Afrique, lieutenant colonel Bouvet) débarque à Cavalaire pour réduire les défenses allemandes du Cap Nègre.
La Force Sitka constituée de la 1st Special Service Force et commandée par le Colonel Edwin E. Walker se charge la même nuit de détruire les batteries des îles côtières de Port-Cros et du Levant situées devant Hyères.
Trois divisions américaines ont formé la Force Kodak du Général Lucian Truscott. Les troupes d'assaut du 6° Corps Américain sont elles-mêmes divisées en trois forces :
- La Force Alpha du général John W. O'Daniel, composée de la 3e Division d'infanterie et du Combat Command 1 de la 1re division blindée française du général Sudre, débarque du côté gauche à Cavalaire et Saint-Tropez
- La Force Delta du général William W. Eagles, composée de la 45e division d'infanterie, au centre à La Nartelle.
- La Force Camel du général John E. Dahlquist, composée de la 36e division d'infanterie, du côté droit à Saint-Raphaël.
L'objectif était de débarquer et de constituer une ligne de front de 25 km de profondeur (appelé Blue Line). Puis, d’avancer vers la vallée du Rhône et prendre contact avec le 2e corps français.
L'assaut aérien
L'assaut aérien se composait d'un parachutage d'hommes et de matériel entre Muy et la Motte avec 5 000 parachutistes de la 2e Brigade indépendante britannique et des planeurs américains pour les véhicules. Ils étaient parachutés depuis l'Italie. L'objectif était de s’emparer du Muy et des hauteurs de Grimaud afin d’empêcher l’afflux de renforts ennemis depuis l’ouest.
C'est la Force Rugby du général Robert T. Frederick qui en eut la charge. Cette force se composait des unités suivantes :
- 1st Airborne Task Force
- 517th Airborne Regimental Combat Team: composé du 517th PIR (Parachute Infantry Regiment)
- 460th PFAB (Parachute Field Artillery Battalion), et du 596th PCEC (Parachute Combat Engineer Company)
- 509th Parachute Infantry Battalion.
- 1st Battalion du 551st Parachute Infantry Regiment
- 550th Glider Infantry Battalion
- 2nd Independant Airborne Brigade (British Army, du gén. Pritchard)
À l'aube du 15 août, les Alliés déploient la Task Force 88 au large de la Provence. Cette force tactique a pour mission d'assurer la couverture aérienne du débarquement dans un premier temps, puis d'aider les troupes débarquées dans leur progression dans un deuxième temps.
Après l'assaut
Le 16 août, à J + 1, débarque la Force Garbo de la 7e armée US commandée par le général Alexander Patch composée du 6e corps US et de l'armée B commandée par le général de Lattre de Tassigny.
Des divisions françaises accompagnent l'armée B :
- 2e corps d’armée français (armée B) du général de Larminat
- 1re DMI du général Brosset
- 3e DIA du général Monsabert
- 1re DB du général du Vigier
Les trois quarts de la Force Garbo étaient sous commandement français avec pour moitié de troupes des colonies.
L'objectif était de faire une poussée vers Toulon. Une semaine plus tard, l'armée B est complétée par :
Bilan
Au total, plus de 94 000 soldats et 11 000 véhicules ont été débarqués le premier jour. La nouvelle du succès rapide de cette attaque, avec une avancée profonde en vingt-quatre heures, a déclenché un soulèvement d'insurrection populaire dans Paris.
En deux semaines la Provence aura été libérée. Grenoble est prise le 22 août (soit 83 jours avant la date prévue), Toulon le 23 août, Montélimar le 28 août et Marseille le 29 août. Les forces alliées, remontant la vallée du Rhône, rejoindront le 12 septembre, à Montbard, au cœur de la Bourgogne celles du front de l'ouest.
Le débarquement de Provence à majorité établi par les forces françaises, a eu lieu le 15 août 1944. Mais, celui-ci s'étendra jusqu'au 30 août et même au mois de septembre 1944.
60e anniversaire du débarquement
Les cérémonies du 60e anniversaire du débarquement le 15 août 2004 eurent lieu successivement au Muy, au cimetière militaire américain de Draguignan, à Saint-Raphaël, à Cavalaire-sur-Mer et dans la rade de Toulon à bord du porte-avions Charles de Gaulle. Le président Jacques Chirac, en présence de seize chefs d'État et de gouvernement africains, a rendu hommage au « sacrifice immense » des « forces de la liberté » qui ont participé il y a soixante ans au débarquement de Provence. Quelque 200 000 personnes ont assisté des côtes toulonnaises à cette cérémonie, selon la préfecture du Var. Le président de la République a remis des décorations à vingt-et-un vétérans, essentiellement africains, et la croix de la Légion d'honneur « à la ville d'Alger en tant que capitale de la France combattante », pour son rôle d'hôte du Comité français de la Libération nationale.
Littérature
- Le Débarquement de Provence, de Jacques Robichon paru aux Éditions "J'ai lu leur aventure" n°A53/54/55.
Voir aussi
Liens internes
- Mémorial du débarquement en Provence situé au Mont Faron à Toulon
- Liste des opérations lors de la Seconde Guerre mondiale
Liens externes
- (fr) Article détaillé sur le débarquement de Provence
- (fr) Libération de la Provence
- (fr) Mémoire et monuments de la Guerre 1939-1945 (Var)
- (fr) Les forces armées allemandes à la veille du débarquement
- (fr) Anvil-Dragoon sur cheminsdememoire.gouv.fr
- (en) Operation Anvil/Dragoon sur u-s-history.com
- (fr) Musée communal d'histoire militaire locale du canton de Fayence
- (fr) Le débarquement en Provence
Sources
Notes
- ↑ (en) E. M. Flanagan Jr., Airborne, Ballantine Books, 2003 (ISBN 0891416889) (OCLC 49327051)
- ↑ a et b La 338e division d'infanterie ID et la 11e Pz-div ne sont pas pris en compte puisqu’elles ne participeront qu’au combat dans la vallée du Rhône.
- ↑ Source principale pour le § : Alain Chazette, L’armée allemande sur la côte méditerranéenne, A.O.K.19 Mittelmeerküstenfront », volume 1. Éditions Histoire & collection, Paris, 2004. p 96
- ↑ Stéphane Simonnet, Atlas de la Libération de la France, éd. Autrement, Paris, 1994, réimp. 2004 (ISBN 2-7467-0495-1), p 28
- ↑ Dominique Lormier, C'est nous les Africains : L'épopée de l'armée française d'Afrique 1940-1945, Calmann-Lévy, Paris, 2006, 263 p. (ISBN 2-286-02021-3)
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