Lecture biblique

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Bible

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Exégèse et critique

La Bible est le nom français donné au regroupement de textes sacrés du judaïsme, ou du christianisme, en un seul Livre, bien que chacune de ces religions, voire chaque courant en son sein respectif, ait un rapport différent à ces textes fondamentaux.

Le mot « bible » désigne l’ensemble du corpus des textes religieux judéo-chrétiens. Il désigne, sous l’apparence d’un ouvrage unique, une collection d’écrits très variés (récits des origines, textes législatifs, récits historiques, textes sapientiaux, prophétiques, poétiques, hagiographies, lettres) dont la rédaction s’est échelonnée sur plusieurs siècles.

La Bible judaïque se nomme TaNaKh, acronyme basé sur les noms de ses trois parties constituantes, la Torah est la loi, les Neviim sont les prophètes, les Ketouvim sont les autres écrits. Un article spécifique a pour objet l'étude du Tanakh[1].

La Bible hébraïque fut traduite en grec ancien à Alexandrie, suivant l'obligation faite à tout navire mouillant dans son port de livrer une traduction et un original des livres tenus à bord au dépôt de la Bibliothèque d'Alexandrie, et aussi pour permettre aux juifs résidant en Égypte d'étudier un texte devenu pour eux incompréhensible, car ils ne connaissaient plus l'usage de l'hébreu. Cette version dite des Septante fut utilisée plus tard par Jérôme de Stridon pour compléter sa traduction latine de la Bible à partir de l'hébreu (la Vulgate) et par les "apôtres des Slaves" Cyrille et Méthode pour traduire la Bible en slavon.

Les chrétiens nomment Ancien Testament la partie de la Bible qui reprend les textes canoniques du Tanakh et d'autres textes antiques non repris par la tradition judaïque[2]. La Bible chrétienne contient en outre un Nouveau Testament qui regroupe les écrits relatifs à l'avènement de Jésus-Christ[3]. Le mot « Testament » traduit du latin testamentum, correspond au mot grec διαθήκη qui signifie « convention » ou « disposition écrite » (d'où « testament ») qui devint dans le contexte biblique « pacte » ou « alliance »[4]..

Les églises chrétiennes se réfèrent souvent à la Bible comme à la parole de Dieu.

Sommaire

Étymologie

Le mot « bible » vient du grec ancien βιϐλία, c'est un mot neutre au pluriel qui signifie « livres ». Comme les papyrus égyptiens étaient particulièrement bien préparés à la ville du bord de mer de Byblos, les Grecs empruntèrent le terme de « biblios » pour désigner le « livre » et le mot s'est ainsi conservé jusqu'à nos jours[5]. Ce mot parvint au français par l’intermédiaire du latin bíblia de même sens, à savoir : « les Livres (Saints)[6] » ou « la Bibliothèque (sacrée) ».

Présentation

Un recueil d'écritures jugées saintes par les croyants

La Bible traite, du point de vue de la foi, de l'histoire du peuple d'Israël et de ses rapports avec son Dieu, YHWH/Elohim, l'Alliance, et de la façon dont le peuple d'Israël ressent sa présence dans l'Histoire[7]. Au fil des textes, le Dieu proclamé devient unique (hénothéisme), puis universel (monothéisme), depuis la création du monde jusqu'à la domination grecque.

Le moyen de l'Alliance, pour le judaïsme, est la Torah, ainsi que la tradition orale enregistrée dans le Talmud, et enseignée de génération en génération, relatée dans l'Ancien Testament. Pour le christianisme, c'est d'une part le double commandement donné par Jésus dans le Nouveau Testament: "Le premier, c'est: Ecoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur; tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas d'autre commandement plus grand que ceux-là." (Marc 12/28-31) qui constitue un tout indissociable, socle de base du judaïsme (prière bi-quotidienne du Ecoute Israël pour le premier et l'essence de l'enseignement de Hillel l'Ancien pour le second), d'autre part la foi en la Résurrection de Jésus-Christ et, plus généralement, l'adhésion à des confessions de foi, qui représentent la différenciation du socle judaïque. On fera la distinction entre Ancien Testament/Ancienne Alliance et Nouveau Testament/Nouvelle Alliance afin de bien appréhender le contenu de ces deux parties.

Le livre le plus diffusé dans le monde

Le premier livre qui soit sorti des presses de Gutenberg a été la Bible dans la version latine de saint Jérôme, la Vulgate.

Au 31 décembre 2007, la Bible, en totalité ou en partie, avait été traduite en 2 454 langues[8]. 95 % des êtres humains ont désormais accès à la Bible dans une langue qu’ils comprennent. À ce jour, on estime à 40 millions le nombre de bibles distribuées chaque année, dont 280 000 en France. Une grande partie de cette diffusion est due aux distributions gratuites par les Églises ou les sociétés bibliques ; l'une d'elles, les Gédéons s'en est fait une spécialité. Des chiffres auxquels il faut ajouter le nombre impressionnant d'exemplaires du Nouveau Testament diffusés (sans doute cinq fois plus que les bibles complètes). Aucun ouvrage à travers le monde n'a jamais eu un tirage aussi important constant au fil des siècles.

D’après une étude de 2008[9], 75 % des Américains, 38 % des Polonais et 21 % des Français déclarent avoir lu au moins un passage de la Bible au cours de l’année passée[10]. Plus de la moitié des Français ne possèdent pas de Bible chez eux, contre 15 % des Polonais et 7 % des Américains[10]

Structure des textes

Le canon biblique

Le corpus biblique réunit plusieurs livres d'origines diverses, d'où l'étymologie du mot Bible. La liste actuelle de ces livres, appelée canon (mot grec κανων signifiant règle), ne varie que sur quelques livres du judaïsme tardif se trouvant initialement présent dans les versions en langue grecque de l'Ancien Testament (la partie hébraïque) comme la Septante (voir la liste des livres de la Bible). Leur nombre varie de 22 à 73 livres (la différence est aussi due à des regroupements). Pour la liste des livres retenus dans le judaïsme, voir Tanakh (On remarquera que le nom des livres est différent ; la plupart du temps, il reprend le premier mot du livre).

L'histoire de la fixation du canon est complexe, d'autant que cela concerne les deux religions, elles-mêmes diverses, et qui se sont séparées à cette époque-là. Ainsi, par exemple, le Talmud garde trace des discussions pour savoir s'il fallait admettre dans le canon juif le Cantique des Cantiques et le livre d'Esther, qui ont été acceptés, ou la Sagesse de Ben Sira (Siracide ou Ecclésiastique), qui ne l'a pas été. La version hébraïque canonique est dite "massorétique", du nom de ses derniers éditeurs. La Biblia Hebraica Stuttgartensia en est la principale édition critique publiée pour la première fois en 1936. Elle est basée sur le codex de Léningrad (Manuscrit de Saint Petersbourg), un manuscrit du Xe siècle dont on dit qu'il fut mis au point par la famille d'éminents massorètes Ben Asher.

Chapitres et versets

Chaque livre biblique est divisé d'abord en chapitres, qui sont eux-mêmes divisés en versets. Ces divisions n'existaient pas dans les textes originaux. La King James Version (en anglais) comprend 1 189 chapitres et 61 171 versets. Les Massorètes ont divisé les Écritures hébraïques en versets. En 1227, Stephen Langton, professeur à l'Université de Paris, puis archevêque de Canterbury, divise la Bible en chapitres; auparavant, la taille du parchemin commandait la division. En 1250 le Cardinal Hugues de Saint-Cher reprend cette division. Les versets furent créés par Robert Estienne en 1539 à l'occasion de l'impression de la Bible d'Olivétan, 2e édition. En 1555 fut publiée l'édition de la Vulgate latine par Robert Estienne; c'était la première Bible complète avec la numérotation actuelle des chapitres et des versets.

Ce système permet de faire correspondre commodément les versions hébraïque, grecque, latine, et autres (pour peu qu'elles aient le même texte).

Dans les éditions récentes de la Bible, certains versets de la division établie par Robert Étienne ont disparu (en fait leurs nombres est limité) ou ont été remplacé par '-'. Les manuscrits les plus anciens ne contenant pas ces versets (c'est également vrai pour certains mots), ils ont été écartés des textes admis comme fiables par les spécialistes[11].

La Bible hébraïque connaît un autre type de division, celui des parashiot (singulier : parasha) (marquées par un phé dans le texte) qui représente la répartition des lectures hebdomadaires de la Torah.

La Bible hébraïque (ou Ancien Testament ou Première Alliance) et ses dérivées

Le texte en hébreu

Article détaillé : Tanakh.

La Bible hébraïque est écrite en hébreu (comme le nom l'indique) avec quelques passages en araméen. Une bonne connaissance de la grammaire hébraïque est requise pour lire le texte original transmis par les massorètes. La tradition juive divise la Bible en trois grandes parties, résumées par le terme de TaNaKh, initiales de leurs titres hébreux, la Torah, les Neviim, les Ketouvim :

  • la Loi, dont le nom hébreu est la Torah, constituée des cinq livres attribués à Moïse, et dont la narration couvre la période allant de la création du monde à la mort de Moïse, qui a amené le peuple d'Israël hors d'Égypte jusqu'aux portes de la Terre promise, en passant par le mont Sinaï où il a reçu les commandements de Dieu ;
  • les Prophètes, en hébreu Neviim, qui narrent l'installation d'Israël en Canaan jusqu'à l'Exil à Babylone, et relatent la prédication des prophètes envoyés par Dieu parler en son nom ;
  • les Autres Écrits, en hébreu Ketouvim, qui s'ouvrent par les Psaumes et des écrits de Sagesse, et complètent l'historiographie avec le retour de l'Exil.

Les Juifs considèrent traditionnellement que la Torah fut dictée par Dieu et écrite par Moise lui-même. Un travail de structuration est attribué à Esdras et à la Grande Assemblée. À l'époque romaine, les Prophètes ne sont pas reçus par la totalité du judaïsme, et la liste des Autres Écrits était encore ouverte. Avant même la traduction grecque ont existé en araméen, langue officielle de l'empire perse à l'ouest de l'Euphrate, des traductions commentées, appelées "Targoum", qui attestent une lecture publique des livres bibliques.

Les origines du TaNaKh ne font pas consensus ; La tradition attribue sa composition actuelle aux Pères de Yabné sans doute au début du IIe siècle de l'ère chrétienne. C'est la Bible selon le judaïsme. C'est ce texte-ci qui sera retenu en 1530 comme Ancien Testament par les protestants, qui l'éditeront pourtant dans l'ordre des livres de la Bible grecque.

La version grecque des Septante

Article détaillé : Septante.

Selon une légende rapportée par la Lettre du pseudo-Aristée (Sources chrétiennes no 91, Paris, Le Cerf, 1962) et amplifiée depuis, la traduction en grec de la Torah, dite des Septante ou alexandrine, est l'œuvre de soixante-douze savants juifs, six par tribu, qui, à la demande des autorités grecques d'Égypte (et isolés pendant soixante-douze jours, selon certaines versions), aboutirent à un texte commun.

Il s'agit là, vraisemblablement, d'un midrash fondé sur le chapitre 24 de l'Exode, qui voit Moïse monter au Sinaï pour recevoir la Loi, accompagné d'Aaron, de ses deux fils et de "soixante-dix des Anciens d'Israël". La traduction s'adresse aux Juifs parlant le grec. La version grecque devait être reçue comme ayant autant de valeur que le mot original (malgré certaines critiques). La Bible est alors conservée à la bibliothèque d'Alexandrie avec les "Lois": elle ne relève pas alors de la religion, mais du code coutumier du peuple Juif. Toujours est-il que le nom de Septante est resté à cette traduction du IVe ou du IIIe siècle av. J.-C. et à toute la Bible grecque par extrapolation. Les autres livres ont été traduits, voire écrits directement, en grec, au fil des siècles suivants.

Ce corpus, largement répandu dans la diaspora juive hellénophone du Ier siècle sera adopté tel quel par les premiers chrétiens[12], et constitue l'Ancien Testament.

Lors de l’instauration du Judaïsme rabbinique, pour se démarquer du christianisme naissant, le texte grec est abandonné dans le monde juif au profit du texte hébreu, pour des raisons à la fois linguistiques et religieuses[13]. Après avoir été la version la plus répandue dans le monde juif hellénistique, la Septante devient l'Ancien Testament des chrétiens. Dès lors, le judaïsme la rejette de plus en plus à partir de la fin du Ier siècle ap. è. c[14]. Dans le monde chrétien, en revanche, la Septante continue d'être la référence et connaît plusieurs traductions en latin. Elle ne sera remplacée par la Vulgate que tardivement, au VIIIe siècle[15].

Lors de sa traduction latine, la Vulgate, Jérôme choisit la version hébraïque lorsqu'elle existe, et met en annexe les livres pour lesquelles elle n'existe pas ou plus. Mais les Églises catholique et orthodoxe garderont l'ordre des livres de la Septante, à savoir :

  • le Pentateuque (= les cinq livres de la Loi, les cinq "étuis"),
  • les livres historiques (regroupant les premiers Prophètes et certains des autres écrits,
  • les livres poétiques et de sagesse,
  • les écrits des prophètes.

Les livres deutérocanoniques (apocryphes pour les protestants)

Article détaillé : Livres deutérocanoniques.

Ce sont des livres rajoutés au cours du temps au canon officiel de la Septante, que catholiques et orthodoxes considèrent comme faisant partie de la Bible, mais qui n'ont pas été acceptés dans le canon par Luther, puisque lui-même se base sur la Bible hébraïque. Luther les considérait néanmoins comme utiles. Les protestants les nomment apocryphes (du grec αποκρυφος, caché) ; les catholiques les nomment deutérocanoniques, c’est-à-dire entrés secondairement dans le canon (du grec δευτερος, deuxième), ce qui a été définitivement confirmé au concile de Trente en 1546.

Certains des livres de la Septante n'ont pas été reçus même comme deutérocanoniques. Ils ne sont reconnus par aucune Église et sont appelés apocryphes ou pseudépigraphes (= écrits sous une fausse signature). Ils forment avec d'autres de la même époque ce qu'on appelle aujourd'hui les écrits intertestamentaires.

Le Nouveau Testament

Article détaillé : Nouveau Testament.

Le Nouveau Testament, ou Nouvelle Alliance, est l'ensemble des vingt-sept livres canoniques pour le christianisme, qui témoignent de la personne de Jésus de Nazareth que les chrétiens déclarent être le Christ, le Messie, de sa prédication, de sa Résurrection, et de son annonce par les Apôtres de l'Église primitive. Il est rédigé, comme la Septante, en grec commun, κοινή (koinè), au Ier siècle avec de nombreuses formes syntaxiques "calques" de l'hébreu formant un judéo-grec.

Comme pour l'Ancien Testament, la canonicité de plusieurs livres du Nouveau Testament a longtemps été débattue. Il s'agit de l'Épître aux Hébreux, des Épîtres de Jacques, de la Deuxième épître de Pierre, des Deuxième et Troisième de Jean, de celle de Jude et de l'Apocalypse (celle-ci a fait l'objet de discussions jusqu'au Ve siècle). Plusieurs autres livres, les écrits des Pères apostoliques et les apocryphes du Nouveau Testament, pour la plupart du IIe siècle, n'ont pas été inclus dans le canon biblique.

L'exégèse biblique

Le Livre d'Isaïe dans une Bible anglaise

Bible hébraïque et Ancien Testament

L'exégèse biblique fut une activité majeure tant de la littérature rabbinique que des églises chrétiennes. Cependant, un champ de recherches bibliques fondé non plus sur l'appartenance confessionnelle mais sur la critique textuelle vit le jour à partir du seizième siècle, et est actuellement la plus répandue. Après avoir été répandue pendant le XXe siècle, l'hypothèse documentaire, partie de l'idée que les différents noms donnés à Dieu reflétaient des sources différentes, est aujourd'hui largement abandonnée. La recherche actuelle penche aujourd'hui en faveur d'une datation plutôt « basse » de la mise au point finale des différents corpus. Deux consensus s'organisent : L'un allant une rédaction s'étendant du VIIe siècle ou VIe siècle à l'époque perse, l'autre (l'école de Göttingen) reportant la rédaction finale à la période hellénistique.

Nouveau Testament

Article détaillé : Problème synoptique.

La théorie dominante aujourd'hui sur la composition des Évangiles est celle dite « des deux sources » : Matthieu et Luc auraient été écrits à partir de Marc et d'une source de paroles de Jésus (dite «  Q », de l'allemand Quelle, source) ; Jean viendrait d'une tradition indépendante, qui aurait aussi produit les épîtres et l'Apocalypse placées sous le même patronage. Les Actes sont incontestablement la suite de Luc. Les épîtres reconnues par tous comme étant de Paul sont celles aux Romains, aux Corinthiens, aux Galates, et la première aux Thessaloniciens (peut-être le plus ancien écrit du Nouveau Testament). La période de rédaction est donc très brève : trois générations au maximum, au plus tard au début du IIe siècle. Certains chercheurs (le théologien John A. T. Robinson, Jean Carmignac et Claude Tresmontant sur le plan de l'origine linguistique, le papyrologue Carsten Peter Thiede ou encore Jacqueline Genot-Bismuth en ce qui concerne l'archéologie) tendent à ramener la date de rédaction de tous les livres du Nouveau Testament à une date antérieure à 70 apr. J.-C.

Lectures de la Bible

Les lectures de la Bible peuvent être différentes entre le judaïsme et le christianisme, et entre les différentes branches du christianisme. C'est la raison pour laquelle, outre l'exégèse biblique, les études bibliques comportent une branche, l'herméneutique, qui s'attache à l'interprétation des Saintes Écritures pour trouver le sens des textes sacrés.

Judaïsme

Pour le judaïsme, la question de la composition de la Torah ne se pose pas. Maïmonide, pourtant suspect de rationalisme, pose en article de foi que la Torah a été donnée à Moïse, comme il est décrit dans l'Exode. Et comme la lecture littérale n'est que le premier niveau de la compréhension du texte, libre à chacun d'imaginer, sous la conduite des Sages, comment les choses se sont "réellement" passées. La lecture de la Torah est au centre du culte synagogal : à l'office du matin le lundi et le jeudi, le jour du Chabbat, au début du mois (Rosh Hodesh) et les jours de Fêtes (Yom Tov), on lit une section d'un des cinq livres de Moïse, nommée parasha ou se rapportant au sujet du jour, la même dans toutes les synagogues du monde, manifestation fondamentale de l'unité du peuple juif. La personne appelée récite la bénédiction qui précède et suit la lecture. La bar-mitsva représente l'accession à l'âge de responsabilité et de membre à part entière de la communauté du garçon, à 13 ans (de fait, 13 ans et un jour). Elle est l'occasion de célébration. Les commentaires de la Bible sont au centre de la littérature talmudique.

Christianisme

La doctrine chrétienne, pour les catholiques et les orthodoxes, provient d'une seule source : L'Évangile proclamé par le Christ connu par la Tradition apostolique. Celui-ci leur parvient par deux canaux qui se rattachent au témoignage apostolique : les Écritures et les Traditions non-écrites transmises de main en main, traditions pratiques conservées dans la continuité de la vie de l'Église. Le rôle du Magistère est de conserver cette tradition. Le Concile de Trente insiste sur cette unique source de la foi. Les Protestants s'en tiennent à la sola scriptura, l'Écriture seule. Les saints des derniers jours se réfèrent aux Saintes Écritures et à la révélation moderne.

Catholicisme romain

La Bible a toujours été lue et étudiée par les religieux et les intellectuels dans le monde catholique, mais, jusqu'au Concile Vatican II, la grande masse des fidèles la connaissaient surtout à travers le lectionnaire dominical. Dans l'Église catholique, l'importance a souvent été accordée à l'Eucharistie au-delà des diverses lectures bibliques.

La connaissance de la Bible s'est accrue chez les fidèles par la diffusion de la traduction, menée par l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, appelée la Bible de Jérusalem (première édition en un volume en 1956). En outre certains diocèses proposent une formation aux langues de la Bible (grec de la koinè, hébreu biblique, occasionnellement araméen). Les lectures se font généralement en langue vernaculaire (français en France, etc.).

Lors du concile Vatican II, la constitution conciliaire Dei Verbum (1964) a réaffirmé l'importance de la lecture de la Parole de Dieu.

Dans certaines cérémonies particulières, telle la liturgie de la messe tridentine, la lecture de l'évangile peut être en latin ; dans cette liturgie, est aussi lu un dernier évangile en fin d'office qui est le prologue de l'évangile selon Jean.

Le pape Pie XII a affirmé que l'exégèse permettait souvent de dépasser les interprétations des pères de l'Église et permettait une meilleure lecture de la bible[16].

Le pape Benoît XVI a réaffirmé le 2 mai 2007 l'attachement de l'Église à la lecture des Saintes Ecritures, telle qu'elle est pratiquée dans la tradition chrétienne depuis Origène (IIIe siècle), à savoir la Lectio divina.

Orthodoxie et Orthodoxie orientale

Protestantisme luthéro-réformé

La lecture et le commentaire de la Bible, qui sont le cœur du culte protestant, font aussi partie de la piété familiale et personnelle dans le protestantisme historique. Le texte biblique lui-même (Ancien et Nouveau Testaments), dans la mesure où il est prêché / actualisé, est porteur de la Parole de Dieu adressée par le Saint Esprit à chaque auditeur / lecteur. C'est cette rencontre occasionnée par la Bible qui fait naître et qui entretient tant l'Église que la foi personnelle. La Bible est donc aussi l'autorité dernière pour la foi comme pour la vie, étant entendu que personne ne détient de magistère pour imposer une interprétation plutôt qu'une autre. Certains comprendront littéralement les textes quand d'autres auront une interprétation plus symbolique ou spirituelle, certains considèreront chaque extrait comme portant toute la vérité biblique quand d'autres liront chaque passage pour lui-même, etc.

Un rapport aussi direct et fondamental au texte biblique suppose et entraîne des études bibliques poussées pour les futurs pasteurs, des études bibliques en paroisse, une catéchèse d'enfants elle aussi centrée sur la Bible, le recours aux langues d'origine, l'utilisation d'une multiplicité de traductions, des listes quotidiennes de lectures commentées, etc.

Protestantisme évangélique

Les évangéliques diffèrent des protestants en ce qu'il attachent énormément d'importance à la nouvelle naissance. Le protestantisme est né de la révélation que la salut s'obtenait par la foi et non par les œuvres. Les évangéliques vont plus loin et prônent, conformément aux paroles du Nouveau Testament, la conversion personnelle qui s'obtient par la foi et la repentance à Jesus Christ. Le péché originel a pour salaire la mort. Lorsqu'un homme croit en Christ et qu'il se repend de ce péché avec lequel il est né, il obtient le salut. Comme le dit la Bible, la véritable conversion sera suivi de fruits manifestes (1 Jean 2:6).

La Bible est la Parole de Dieu. Les fidèles de ces églises évangéliques la lisent en principe le plus souvent possible « pour écouter ce que Dieu veut leur dire ». Un extrait d'un cours biblique décrit cette tendance à une lecture normative de la Bible : « Au-delà de la création qui témoigne d'une façon extraordinaire de sa puissance et de sa sagesse, la Bible est la révélation de Dieu à l'homme. Elle est une "lettre" du créateur à l'homme, une lettre où toutes les questions fondamentales quant à l'origine, la destinée et le sens de la vie trouvent des réponses[17]..

Mormonisme

L'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours compte la Bible dans son canon des Écritures. Les saints des derniers jours lisent, étudient, citent et révèrent la Bible tout en croyant que le Seigneur continue à donner, dans les derniers jours, par l'intermédiaire de ses prophètes, de nouvelles révélations que sont : le Livre de Mormon, les Doctrine et Alliances et la Perle de Grand Prix (recueil contenant une version dite "inspirée" d'une partie de l'évangile de Matthieu par Joseph Smith). Les saints des derniers jours croient aussi en d'autres Écritures ainsi qu'en la révélation moderne, ce qui les distingue des chrétiens qui considèrent que le canon se termine avec la Bible.

Témoins de Jéhovah

Les Témoins de Jéhovah considèrent la Bible comme la Parole de Dieu. Ils sont en harmonie avec les Églises protestantes historiques sur la forme et la taille du canon biblique ; leur traduction diffère quelque peu cependant. Suffisamment pourtant pour qu'ils se différencient nettement des chrétiens puisqu'ils nient que le Christ soit le Dieu Tout-Puissant. Comme eux, ils rejettent les écrits deutérocanoniques qu'on trouve dans les Bibles catholiques, qu'ils jugent apocryphes[18]. Le mouvement religieux édite sa propre version de la Bible, la Traduction du Monde Nouveau des Saintes Écritures dans laquelle ils ont rendu le tétragramme du nom divin sous sa forme en alphabet latin, Jéhovah, qui est utilisée depuis le Moyen Âge par les chrétiens. À ce niveau, ils se sont démarqués de façon nette de la plupart des autres éditions qui rendent les quatre lettres hébraïques par des titres tels que Seigneur, Éternel, etc. Ils affirment qu'il n'est pas possible de comprendre la Bible individuellement et qu'il faut pour cela recevoir l'aide de l'Esprit Saint de Dieu qui est accordé à l' « esclave fidèle et avisé » mentionné en Matthieu 24:45-47[19], c'est-à-dire l’ensemble des chrétiens témoins de Jéhovah oints de l’Esprit Saint représenté par un Collège Central, censé fournir un enseignement affiné en son temps. Ce dernier utilise la Société Watchtower pour éditer des publications que les fidèles doivent utiliser, celles-ci étant jugées indispensables pour comprendre la Bible. Chaque Témoin est encouragé à prendre du temps quotidiennement pour lire la Bible.

Œcuménisme

À l'occasion des rapprochements interconfessionnels, on a vu se créer des groupes œcuméniques d'étude biblique rassemblant des chrétiens catholiques, protestants, orthodoxes et pré-chalcédoniens. Des expositions et conférences bibliques réunissent de plus en plus toutes les dénominations chrétiennes des villes concernées, ainsi qu'assez souvent les juifs et les organismes culturels laïques.

Recherches archéologiques et historiques

Les écrits

D'après des théories récentes, aussi bien linguistiques qu’archéologiques, la structure globale des textes de la Bible hébraïque auraient été compilée au temps du roi Josias au VIIe siècle av. J.-C. bien que la matière première soit issue d'écrits plus anciens; la mise en forme définitive s'étendrait du 1er siècle avant l'ère commune au IVe siècle[20]

Les lieux

Pour ce qui concerne l'Exode et le séjour au désert pendant quarante ans, les fouilles des lieux qui sont cités dans la Bible ne corroborrent pas les descriptions bibliques et pousent remettre fondamentalement en question la chronologie jusque là proposée[20].

En revanche, après la séparation du Royaume d’Israël en deux, dans la seconde moitié du IXe siècle, les descriptions de part et d'autre permettent de mieux recouper les résultats de l'archéologie biblique avec la chronologie biblique[21],[22]

Les faits géologiques, préhistoriques et protohistoriques

Jacques Debelmas trouve dans la bible la mention de phénomènes, géologiques, préhistoriques ou protohistoriques[23]. Il les regroupe en deux sujets majeurs qui ont marqués les consciences, puis rapportés jusqu'à nos jours oralement puis par l'écriture dont la Bible. Ce sont :

  • Les sujets « anecdotiques » :

Ce sont les événements locaux ou des observations ponctuelles (1 à quelques jours).

C'est la construction de l'Arche et de la tour de Babel, ou la destruction de Sodome et Gomorrhe, qui révèlent les ressources pétrolières de la basse Mésopotamie et de la mer Morte.

C'est aussi le cas d'un Sinaï volcanique du récit très différent d'aujourd'hui. Puis, la traversée de la « mer des Roseaux » par les Hébreux fuyant l'Égypte, confrontés à des sables mouvants ainsi qu'à de curieux phénomènes météorologiques.

  • Les sujets importants :

Ce sont les évènements s'étalant sur un millier d'année et dépassant le cadre du Proche et du Moyen Orient.

C'est la « révolution néolithique » (épisodes de Cain et Abel), un important changement climatique lié au réchauffement post-glaciaire et qui affecte d'énormes surfaces dans le bassin méditerranéen et une partie de l'Europe. On y voit le passage de la Préhistoire, une période chaude et humide qui avait laissé un souvenir agréable, pour ne pas dire « paradisiaque », à la Protohistoire où les conditions de vie sont devenues plus rudes.

L'autre cas est celui du Déluge dans lequel interviendrait pour une bonne part un raz de marée lié à une remontée générale du niveau des mers.

Théorie nomadiste

Les ancêtres des Hébreux et des Juifs seraient soit des nomades sédentarisés, soit des populations des plaines cananéennes, "retirées" sur les hautes terres, pour échapper au contrôle des cités. Ces positions sont défendues par Israël Finkelstein et Neil Silbermann, dans La Bible dévoilée, l'archéologue américain William Dever, dans Aux origines d'Israël, et Jean-Marie Husser, professeur à l'Université Marc Bloch de Strasbourg.

Éditions en français de la Bible

S'il y eut sept traductions en français au XVIe siècle, il n'y en eut qu'une au XVIIe siècle, sous la direction de Lemaître de Sacy, janséniste, entre 1657 et 1696, selon des principes de logique issus de Port-Royal (voir logique de Port-Royal et Histoire du français), mais il ne semble pas y avoir eu de traduction en anglais entre 1611 et 1800). Il y en eu deux au XVIIIe siècle, dix-neuf au XIXe siècle, et vingt-deux au XXe siècle. La dernière traduction française qui ne soit pas une révision et qui comporte la totalité de la Bible est La Nouvelle Traduction de la Bible, éditée en 2001 par les Éditions Bayard et Médiaspaul.

Notes et références

  1. Le texte hébraïque d'après la version massorétique se trouve dans l'ouvrage La Bible, traduction intégrale hébreu-français, texte bilingue, traduit du texte original par les membres du Rabbinat français sous la direction du grand-rabbin Zadoc Kahn, nouvelle édition avec traduction révisée datée de 1994, aux Éditions Sinaï, Tel-Aviv, Israël.
  2. il s'agit des livres de Judith, Tobie, Maccabées, Sirach, Baruch, une partie de Daniel, et la Sagesse de Salomon. Ces écrits deutérocanoniques ne sont pas reconnus par les églises protestantes.
  3. il s'agit des quatre Évangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean, des Actes des Apôtres, des Épitres de Paul, Jacques, Pierre, Jean et Jude, et de l'Apocalypse.
  4. les chrétiens disent que la venue de Jésus le Christ a ouvert une Nouvelle Alliance entre Dieu et les hommes.
  5. Civilisations mystérieuses de Ivar Lissner, Éditions Robert Lafont S.A. 1964.
  6. À la traduction littérale du grec « les livres », la chrétienté ajoute souvent le qualificatif « saint ». Ainsi « la Sainte Bible » traduite en français sous la direction de l'école Biblique de Jérusalem, fut éditée à Paris en 1956 aux Éditions du Cerf.
  7. Il faut donc comprendre le mot histoire dans un sens différent de la science historique
  8. L’Ecriture existe désormais dans 2 454 langues
  9. Étude réalisée pour le compte de la Fédération biblique catholique internationale dans neuf pays intitulée une «  lecture des Écritures dans certains pays » éditée en 2008
  10. a  et b Delphine de Mallevoüe et Hervé Yannou, « La France mauvaise élève pour la connaissance de la Bible », dans Le Figaro du 28-04-2008, [lire en ligne]
  11. Voir par ex. Novum Testamentum Graece de Nestlé-Aland
  12. « La plupart des textes de l'Ancien Testament cités dans le Nouveau Testament le sont dans la version grecque, laquelle s'écarte parfois sensiblement de l'original hébreu. » (Pierre Gibert, Comment la Bible fut écrite, Centurion-Bayard, 1995, p. 18). [[Marcel Simon (historien)|]] précise que Paul lisait la Bible dans la version des Septante (Les premiers chrétiens, PUF, 1967, p. 56) ; voir l'extrait de texte dans l'article Paul de Tarse.
  13. « Les citations de l'Ancien Testament dans le Nouveau lui furent empruntées, et [la Septante] devint le texte de l'Ancien Testament pour les chrétiens ; dès lors les Juifs eurent tendance à l'écarter. Au début de l'ère chrétienne, de nouvelles traductions furent entreprises [...]. Trois Juifs [...] tentèrent des révisions pour se rapprocher de l'hébreu des Massorètes » (André-Marie Gerard, Dictionnaire de la Bible, Laffont/Bouquins, art. « Septante ».)
  14. « Les détails proprement linguistiques ne sont pas les seules raisons pour lesquelles la Septante sera rejetée dès la fin du Ier siècle ap. è. c. : la polémique antichrétienne y a elle aussi contribué. En effet, la Septante, corpus de textes juifs, va devenir l'"Ancien Testament" de la jeune Église chrétienne. [...] À la longue, la Septante allait être de plus en plus décriée par les milieux juifs. » (Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, Laffont/Bouquins, dir. Geoffrey Wigoder, art. « Septante ».) Ce passage se poursuit par la "malédiction" de la Septante dans le monde juif (Sefer Torah, I, 8).
  15. Marguerite Harl, La Bible en Sorbonne, ou la revanche d'Érasme, Cerf, 2004. Recension dans Esprit et Vie, 2005.
  16. L'encyclique Divino afflante spiritu 1943 "Combien certaines questions sont demeurées aux Pères même difficiles et quasi inaccessibles, on s'en rend compte par les efforts répétés de beaucoup d'entre eux pour interpréter les premiers chapitres de la Genèse "... " C'est donc une erreur... qui fait dire à certains que l'exégète catholique n'a plus rien à ajouter à la contribution de l'Antiquité chrétienne"
  17. Site Info-Bible , P. Oddon
  18. Apocalypse delayed : The story of the Jehovah's Witnesses, James Penton, Toronto : University of Toronto Press, 1997, p. 172
  19. La Tour de Garde 1er avril 2007 p. 21-25
  20. a  et b Jean-Michel Maldamé, o.p., La Bible à l'épreuve de la science,la question de l'archéologie, in Domuni, 2004, article en ligne
  21. Voir pages 102-105 in From ancient writings to sacred texts: the Old Testament and Apocrypha, Solomon A. Nigosian, JHU Press, 2004
  22. Voir page 129 in Is the Bible fact or fiction?: an introduction to biblical historiography, Barbara E. Organ, Paulist Press, 2004
  23. Jacques Debelmas, professeur honoraire à l'Université de Grenoble 1, Bible et géologie : Peut-on trouver dans la Bible la mention de phénomènes géologiques, préhistoriques ou protohistoriques ?, ALPESGEO2003, 02/03/2009

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  • La Bible Chouraqui Traduction originale de l'hébreu par André Chouraqui (contient aussi le Nouveau Testament, traduit du grec).

Éditions catholiques

Éditions protestantes

  • La Bible Segond 21 "L'Original avec les mots d'aujourd'hui...", éditée en 2007 par la Société Biblique de Genève
  • La Bible en français courant : une traduction dynamique de la Bible, avec des phrases courtes et un style direct qui permettent un accès et une compréhension plus facile. Sa première édition date de 1982
  • La Bible du Semeur : une traduction par équivalence fonctionnelle réalisée sur le modèle de la Bible en français courant (1992).
  • La Bible en français fondamental ou "Parole de Vie" : une traduction de l'an 2000. Repartant des textes originaux, les traducteurs sont des missionnaires français qui ont cherché à proposer, au public francophone d'Afrique, une bible lisible et accessible. C'est ainsi qu'ils n'ont gardé que 3 500 mots du français fondamental.

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