Chabbat

Chabbat
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Le chabbat ou shabbat (hébreu : שבת - abstention) ou shabbes en yiddish est le jour de repos assigné au septième jour de la semaine juive, qui commence le dimanche, ou plus exactement le samedi soir.

Il est observé par beaucoup de juifs, indépendamment de leur degré de pratique. Il commence le vendredi, 18 minutes avant le coucher du soleil et se termine le samedi après l'apparition des 3 premières étoiles, soit une durée variant entre 25 heures et 25 heures 30 selon les saisons. La période supplémentaire ("Tosefet Shabbat") avant le coucher du soleil n'est pas partout de 18 minutes, pour certains, elle est de 22 ou 24 minutes, à Jérusalem et Petach Tikvah, elle est de 40 minutes. Il existe des tableaux (lou'hot) des heures dites distribuées dans la plupart des communautés.

« Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.
Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes. Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour : c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. »
Exode 20:8-11 »

Le chabbat est également jour chômé officiel en Israël, et outre les magasins, les transports publics ne fonctionnent pas.

Le mot a donné « sabbat » en français, « sabbath » en anglais, « sabt » (السبت) en arabe, « chabat » (Շաբաթ) en arménien, « sábado » en espagnol, et « ŝabato » en espéranto.

De façon plus indirecte, « samedi » en est dérivé à partir de « sambe-di » en vieux français, ainsi que « Samstag », « samedi » en allemand, à travers le gothique, sambaz-tac puis samez-tac.

Le concept d'« année sabbatique » y est également associé, bien que le concept dérive aussi du concept juif de l'année de jachère chemitta.

Sommaire

Étymologie

La racine bilitère[1] de chabbat est shev (שב), d'où lashevet (לשבת), s'asseoir. Shabbat, bien que couramment rendu par « repos », signifie « abstention (du travail) », « cessation », qui comporte une nuance de repos, mais pas nécessairement, comme dans shevita, qui signifie « (faire la) grève » -- c'est une abstention active et voulue. En revanche, il n'y a pas de rapport (immédiat) entre chabbat (שָׁבַת) et cheva (שְּבַע).

Yom chabbat ne signifie donc pas « le septième jour », qui se dit yom hachevii (יוֹם הַשְּׁבִיעִי), mais « le jour d'abstention », même s'il tombe le septième jour de chaque semaine.

Ceci répond par ailleurs à la question théologique pourquoi Dieu, pourtant considéré comme omnipotent, se serait reposé. Selon la religion, l'abstention des activités quotidiennes humaines est pour l'homme l'occasion de se reposer, et de régénérer son âme.

Institution biblique du chabbat

Le chabbat trouve son origine dans la création du monde, début du livre référence du judaïsme.

Genèse 2:2-3 : Dieu acheva au septième jour Son œuvre, qu'il avait faite, et Il S'abstint au septième jour de toute son œuvre, qu'il avait faite.

Et Dieu bénit le septième jour, et Il le sanctifia, car en ce jour, Il S'abstint de toute Son œuvre qu'il avait créée en la faisant. L'observance du chabbat est mentionnée en de nombreuses occurrences dans la Torah, les plus notables étant Exode 20:8-11 et Deutéronome 5:12-15.

Exode 20:8-11
Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.
Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes portes.
Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est contenu, et Il s'est reposé le septième jour: c'est pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié.
Le Shabbat est présenté ici comme un trait d'union entre l'humain et le divin, créature et Créateur, marquant les deux rythmes, les synchronisant, chacun à son échelle. « Soyez saints comme je suis Saint »

Deutéronome 5:12-15
Observe le jour du repos, pour le sanctifier, comme l'Éternel, ton Dieu, te l'a ordonné.
Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel, ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bœuf, ni ton âne, ni aucune de tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes portes, afin que ton serviteur et ta servante se reposent comme toi.Tu te souviendras que tu as été esclave au pays d'Égypte, et que l'Éternel, ton Dieu, t'en a fait sortir à main forte et à bras étendu : c'est pourquoi l'Éternel, ton Dieu, t'a ordonné d'observer le jour du repos.

Le chabbat n'est pas seulement le tribut à « Dieu le créateur » (Elohim), il est aussi celui à « Dieu le Sauveur » (YHWH), qui exige l'abolition des barrières non seulement professionnelles mais aussi sociales en ce jour. Toutefois, ainsi que le rappelle le Shema Israël, YHWH est Elohim, il est unique.

Il existe d'autres occurrences importantes à Ex. 31:12-37, Ex. 35:2-3,Lev. 19:3,Lev. 19:30,Lev. 23:3, et Nu. 28:9-10.

D'autres citations directes dans le Tanakh incluent Is. 56:4-6, Ezéchiel (ch. 20, 22, 23) et Neh. 9:14, sans compter les nombreuses allusions et citations dont le shabbat n'est pas le sujet central.

Statut dans le judaïsme

Le chabbat est le principe fondamental du judaïsme. Observer le chabbat, cesser tout travail à l’approche de la nuit de vendredi soir, c’est faire publiquement la profession de foi que Dieu a créé l’Univers en partant de rien, que Son Esprit domine la matière, qu’Il Est le Maître de notre force de travail, de notre vie.

Source : Choulhan Aroukh abrégé du Grand Rabbin Ernest Weill, cité par Joseph-Elie Charbit, in Siddour Pata’h Eliyahou

Le Tanakh et le Siddour (livre de prières juives) décrivent trois rôles au chabbat :

  • Une commémoration de la rédemption des israélites de l'esclavage en Égypte ;
  • Une commémoration de la création du monde par Dieu, et de l'abstention qu'il fit au septième jour ;
  • Un avant-goût du monde aux temps messianiques.

Bien que la plupart des autres cultures et religions ne considèrent pas le chabbat comme un jour saint (exception faite des Sabbatarianistes), le judaïsme lui accorde au contraire un statut prééminent, quasiment inégalé, au sein des célébrations religieuses :

  • le chabbat est le premier jour saint mentionné dans le Tanakh, et Dieu fut le premier à l'observer (cf. supra).
  • la liturgie qualifie le chabbat de fiancée (kala), l'arrivée du chabbat, le vendredi soir, étant comparée à celle d'une fiancée, que tout le monde doit accueillir à l'entrée du foyer ou de la synagogue, et de reine (malka), qu'un festin accompagne pour son départ (Mélavè Malka, cf. infra).
  • Le Sefer Torah est lu lors de la lecture de la Torah, partie intégrante de l'office du samedi matin, et la lecture est plus longue que celles du lundi et jeudi (instaurées par Ezra). La Torah, comportant 54 parachiot est entièrement lue au cours du cycle annuel, à raison d'une paracha par chabbat (parfois deux). Le chabbat, la lecture est divisée en sept sections, encore une fois plus nombreuses que le nombre de sections lues lors d'une autre célébration, y compris Yom Kippour. Après la Torah est lue la haftara, passage des livres prophétiques.
  • Rabbi Shimon bar Yohaï a enseigné que le Messie viendrait le jour où tous les Juifs observeront correctement deux chabbats consécutifs (Talmud, traité chabbat 118).
    • si c'est sur l'enseignement de ce sage qu'est basé le Zohar, il ne faut pas y voir un message exclusivement ésotérique : l'observance impeccable d'un Shabbat requiert déjà des efforts fortement considérables de la part d'une personne (certains n'ont jamais observé un seul chabbat de leur vie) ; l'observance du Shabbat par l'ensemble d'un peuple, y inclus les assimilés et les apostats, et ce pendant plus d'un chabbat, donc pas pour « marquer un coup » mais de façon continue, voire routinière, reviendrait à dire de ce peuple qu'il possède de si grandes vertus que le royaume de Dieu serait déjà sur terre. (voir également mitzvah et principes de foi du judaïsme)

Observance

La table typique du chabbat : une coupe de kiddouch, deux hallot (recouvertes d'un napperon) et deux bougies.

Le chabbat est un jour de célébration autant que de prière. Trois repas meilleurs que l'ordinaire, les shalosh seoudot, sont offerts à la fin de chaque office :

  1. Seouda richona le Erev chabbat, le vendredi soir
  2. Seouda chenit après chaharit + Moussaf, le samedi, un peu après midi
  3. Seouda chlichit, entre Minha et Arvit de Motsei chabbat (la prière du soir qui clôture chabbat), en fin d'après-midi Les meilleures denrées sont réservées pour chabbat. Dans certains milieux moins favorisés, c'est le seul jour où l'on mange de la viande, bien qu'il n'y ait pas de stricte obligation à en consommer, comme ce serait le cas à Yom tov.

Melave Malka représente le dernier repas à la sortie de shabbat destiné à retarder le départ de ce jour saint: seuls les plus pratiquants ajoutent ce dernier repas. L'affluence des fidèles est également plus importante le shabbat qu'en semaine (même si elle n'égale pas Yom Kippour). Elle est pour certains le seul jour de pratique religieuse.

Le chabbat étant un jour de fête et de réjouissance, tout jeûne est interdit. Tout autre jeûne que celui de Yom Kippour (qui n'est pas un jour de deuil malgré les signes extérieurs de mortification) tombant un chabbat doit être reporté au jeudi précédent, en règle générale. De même, les endeuillés en période de chiv'ah doivent se conduire « normalement » le chabbat, sans exprimer ouvertement les signes extérieurs de deuil (comme la Qeri'ah). Ils restent toutefois astreints au deuil en privé, ne se lavant pas et se réfrénant de toute activité joyeuse ou sexuelle.

Activités prescrites

Les rabbins interprètent Shamor vezakhor (Garde et souviens-toi) par une série de prohibitions d'activités (shamor) et d'activités spécifiques à ce jour (zakhor)., chamor et zakhor étant symbolisées par l'allumage de deux bougies avant l'entrée du chabbat (pas plus tard que 18 minutes avant l'heure prévue de coucher de soleil). Il s'agit d'une mitzvah spécifiquement réservée aux femmes (l'épouse ou la mère). Si l'épouse ne peut allumer les lumières (certaines utilisent de l'huile et non des bougies), c'est à l'homme de les allumer. De même, un homme vivant seul a le même devoir d'allumer ces lumières.

Bien que la plupart des lois chabbatiques soient restrictives (cf. infra), le Talmud enseigne que le quatrième des Dix commandements contient les allusions aux prescriptions positives du chabbat, à savoir :

  • la récitation du kiddouch chel yom chabbat (sanctification du jour de chabbat) sur une coupe de vin cacher, au commencement du chabbat, avant le premier repas (Séouda richona, cf supra) et après les prières du matin, lors du second repas (séouda chènit, cf. supra).
  • manger trois repas somptueux (cf. supra), les deux premiers repas devant être entamés avec deux tresses de 'hallah (pain traditionnel). Le troisième repas, la Seoudah chlichit, est généralement léger et souvent parve (neutre) ou halavi (laitier), ce qui contraste avec les précédents.
  • la récitation de la Havdalah, ou « séparation », à la tombée de la nuit du samedi, réalisée sur une coupe de vin, des épices odorantes et une bougie à deux mèches.
  • le délice du chabbat (Oneg chabbat), obligation de profiter de ce jour et de s'en réjouir : beaux habits, bonnes chaussures, bonne nourriture etc. sont recommandés, et, dans une certaine mesure, les rapports conjugaux, pour autant que l'union soit légitime et que chaque partenaire en éprouve du plaisir.
  • l'honoration du chabbat (Kavod chabbat), en faisant un effort pendant la semaine afin de préparer chaque chabbat à venir. Ceci peut inclure une douche le vendredi soir (avant Shabbat), une coupe de cheveux, des vêtements spéciaux, de préférence beaux et confortables, mais aussi s'abstenir de tenir des conversations déplaisantes.

Activités interdites

La loi juive interdit toute forme de melakha (au pluriel melakhot) à chabbat. Cette occurrence, qu'on traduit généralement par « travail » ne correspond ni à la définition usuelle, ni à la définition physique du travail. Elle provient de Gen. 2:2-3

Gen 2:2:
וַיִּשְׁבֹּת בַּיּוֹם הַשְּׁבִיעִי, מִכָּל-מְלַאכְתּוֹ אֲשֶׁר עָשָׂה
Vayichbot bayom hachevyi mikol-melakhto acher assa
(Et Il S'abstint au septième jour de toute sa 'melakha' qu'Il avait faite)

Gen 2:3 : כִּי בוֹ שָׁבַת מִכָּל-מְלַאכְתּוֹ, אֲשֶׁר-בָּרָא אֱלֹהִים לַעֲשׂוֹת
Ki bo Shabbat mikol melakhto asher bara Elokim la'assot
(car en ce jour Il S'abstint de toute la 'melakha' qu'Elohim avait créée pour la faire)

Les Sages ont enseigné qu'il y a trois degrés de création :

  1. la beri'a, création ex nihilo ou de novo
  2. la yetsira, formation
  3. la assi'a, finition, passage de la forme à la fonction.

Sur base de juxtapositions de passages bibliques correspondants, ils ont interdit toutes les activités qui avaient été nécessaires à la construction du Tabernacle, en d'autres termes, les activités « de finition », ou qui, selon une autre interprétation, permettent d'exercer un contrôle sur l'environnement.

Article détaillé : 39 catégories d'activité.

Statut des prohibitions

Chaque melakha entraîne des prohibitions dérivées. Par exemple, « produire un feu » s'étend à toute forme de courant ; « découdre » entraîne « déchirer », etc. En conséquence, la plupart des activités quotidiennes sont interdites. Réaliser une toledah (engendrement, c'est-à-dire activité directement dérivée) fait encourir une peine aussi sévère que l'accomplissement d'une melakha. Des activités plus indirectement dérivées, instituées par les Sages sous le nom de chevout, sont passibles de peines plus légères.

Par ailleurs, les melakhot ne sont pas tant des activités que des « catégories d'activités ». Par exemple, le « tri » pour « séparer grains et déchets », qui devrait se rapporter aux travaux des champs, est à comprendre au sens talmudique, c'est-à-dire « séparation entre comestible et incomestible » : filtrer l'eau pour la rendre potable, ôter le noyau des pêches, les arêtes des poissons, etc. Le gefilte fisch, la traditionnelle « carpe farcie » a été inventée par les Ashkénazes pour pallier cette situation.

Autre exemple, utiliser un interrupteur tombe sous l'activité de « construire » ou « démolir » (le mot hébreu pour définir cela peut être interprété comme « détruire en vue de reconstruire »). La solution classique est l'emploi de minuteries pré-réglées, encore que celle-ci ne fait pas l'unanimité parmi les Posqim.

En clair, le Talmud interdit pratiquement toute activité de travail et recense trente-neuf activités prohibées qui sont adaptées au monde moderne par les Sages (cuisiner, saler les aliments, écrire, éteindre un feu, transporter un objet hors la ville, utiliser l'électricité—si une lumière est allumée, on ne l'éteint pas, etc.)

Limites à ces interdictions

Dans toute situation où sa vie est en danger (pikoua'h nefech), un Juif a le devoir de transgresser toute règle religieuse pouvant compromettre le sauvetage de cette vie. Bien que non réservée au chabbat, cette règle fut instituée après la mort de Hassidim qui avaient refusé de se défendre un chabbat lors de la révolte des Maccabées. Les règles de chevout peuvent être transgressées dans des situations moindres (ex : un patient grippé). Il importe de préciser qu'il ne s'agit pas d'une entorse aux règles tolérée, mais d'un devoir humain et religieux.

D'autres principes légaux déterminent avec exactitude quelle activité constitue une désécration du chabbat.

Exemple : principe du shinouï (changement) - une violation normalement sévère, comme l'écriture, ne le serait pas si l'acte a été réalisé de façon inhabituelle pour un jour de semaine, par exemple, écrire de la main gauche pour un droitier.

Ce principe s'applique toutefois en post-facto (bedi avad) uniquement et dans des circonstances très spécifiques.

Si les franges orthodoxes et « traditionalistes » du judaïsme adhèrent à ces prohibitions de façon littérale, les mouvements progressistes pensent que, s'il faut étudier ces prohibitions, comme part de la Loi juive, c'est en dernier ressort à chacun de choisir lesquelles suivre, ou s'il faut les suivre. Ils tolèrent par exemple l'écriture à des fins de loisir, puisque ça contribue à l'Oneg chabbat.

Circonvenir légalement à la Loi

Lorsqu'un besoin humain ou médical se présente, sans être une situation d'urgence, il est possible de réaliser des actes interdits à première vue en modifiant la technologie qui les réalise de façon à ne pas enfreindre la loi :

  • « l'ascenseur chabbatique » s'arrête à tous les étages, évitant aux gens d'appuyer sur les boutons d'appel et d'étage.
  • les minuteries évitent d'utiliser les interrupteurs. On peut aussi laisser la lumière ou l'appareil fonctionner toute la journée. À ne pas confondre avec certains « interrupteurs » spéciaux, confectionnés de sorte à ne pas allumer/éteindre la lumière au cas où on activait malencontreusement l'interrupteur.
  • il n'est permis de porter que ses vêtements. Comment porter ses clés ? Certains religieux ont trouvé la solution en les « incorporant », par exemple en les attachant à leur ceinture, de sorte qu'elles soient considérées comme des vêtements.

Bien que dialectiquement et techniquement irréprochables, ces artifices ne sont pas toujours dans l'« esprit du jour », et beaucoup d'autorités rabbiniques tendent à les restreindre aux personnes faibles ou malades, ou aux situations pratiques (comme les clés)…

Activités permises

Les activités suivantes sont au contraire encouragées à chabbat :

  • Passer le chabbat en famille.
  • Rendre visite à la famille et aux amis (dans la distance de marche permise, à moins qu'un erouv n'ait été institué).
  • Inviter des hôtes (hakhnassat or'him, « faire entrer les invités » — hospitalité, autrement dit).
  • Chanter les zemirot de chabbat (chansons spécialement conçues pour le chabbat, généralement pendant les repas).
  • Avoir des rapports conjugaux avec son épouse, en particulier le vendredi soir. Le Shoulhan Aroukh en parle comme d'une « double mitzvah », vu qu'elle combine la procréation avec la réjouissance du chabbat, tous deux considérés comme des commandements toraniques.
  • Selon le judaïsme réformé, « l'on devrait éviter les activités ou professions habituelles quand c'est possible (ce qui indigne les orthodoxes) et ne s'engager que dans des activités procurant de la joie, du repos et de la sainteté à ce jour. »[2]
  • Selon le mouvement Massorti, Chabbat doit être observé selon les règles traditionnelles mais certains rabbins massorti autorisent l'usage de l'électricité si cela ne provoque pas une action clairement interdite ou encore l'usage de transports en commun pour se rendre à la synagogue si nécessaire.

Pratiques karaïtes

Tout comme les Juifs rabbanites, les Karaïtes se consacrent tout entiers à la prière dans les synagogues. Toutefois, leurs prières sont différentes, quasi-exclusivement constituées de passages bibliques. Ils pratiquent également la prosternation totale, ce que les autres Juifs ne font normalement qu'à Roch Hachana et Yom Kippour.

À la différence des Juifs rabbanites, les Karaïtes n'accueillent pas le chabbat à la lumière des chandeliers. Au contraire, estimant qu'il s'agit d'une contravention à l'interdiction de faire un feu à chabbat, telle qu'énoncée dans la Torah, certains appliquent celle-ci à la lettre, et éteignent tout feu domestique, naturel ou artificiel. Cependant, comme d'autres lectures de ce passage existent, il ne s'agit pas là d'une coutume universelle parmi les Karaïtes.

Par ailleurs, les Karaïtes s'abstiennent de relations sexuelles avec leur partenaire durant le chabbat.

Perceptions du chabbat dans les autres religions abrahamiques

Dans le Nouveau Testament

Article détaillé : sabbat chrétien.

Marc 2:27-28:

Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l'homme, et non l'homme pour le sabbat, de sorte que le fils de l'homme est maître même du sabbat.

Le pape Jean-Paul II explique dans la lettre apostolique, Le jour du Seigneur ou Dies Domini publiée le 31 mai 1998[3], l'importance de rentrer dans une théologie du chabbat pour mieux appréhender le mystère pascal. Le pape Jean-Paul II invite les chrétiens à redécouvrir le précepte du chabbat. La volonté de l'Église catholique de redécouvrir ses racines juives trouve sa source dans la reprise de dialogue entre juifs et catholiques initiée et voulue par le Concile Vatican II.

Dans le Coran

Sourate 2: 65. Vous avez réellement connaissance de ceux des vôtres qui avaient enfreint le Sabbat. Nous leur dîmes alors : « Soyez des singes chassés (de la miséricorde divine) ! » 66. Nous en fîmes une dure leçon pour leurs contemporains et pour les générations à venir et un avertissement utile aux gens pieux.

Sourate 16: 123. Puis Nous t'avons inspiré : « Suis la religion d'Abraham, pur monothéiste,et ce n'était guère un Associateurs ». 124. Le Sabbat n'a été imposé qu'à ceux qui divergeaient à son sujet. Ton Seigneur arbitrera sûrement entre eux le jour de la Résurrection dans ce qui était l'objet de leur discorde.

Selon Roger Caratini, « Dieu n'a pas éprouvé de « fatigue »  le septième jour – conception qui invalide le sabbat juif ou le dimanche chrétien : » [4]

« Oui. Nous avons créé les Cieux et la terre et leur entre-deux en six jours, sans que que Nous effleurât la moindre fatigue. »

— Sourate I

Traditions

Le principe d'un jour saint, consacré à Dieu au détriment des occupations quotidiennes, a été adopté dans toutes les religions abrahamiques. D'ailleurs tous les textes sont d'accord quant au terme sabbat et à sa signification liée à la création des cieux et de la Terre.

  • Les premiers chrétiens, (voir judéo-chrétien), des juifs suivant les enseignements de Jésus Christ, suivaient la Loi juive et en particulier le Sabbat. Après la crucifixion de Jésus, c'est dans les communautés polythéistes (appelées païennes dans les textes chrétiens), en particulier à Antioche et à Rome, le dimanche, Jour du seigneur, que l'on célèbre la mort et la résurrection du Christ. Pour beaucoup d'auteurs chrétiens actuels ce serait une création de la communauté nazaréenne de Jérusalem, « pour d'autres, c'est une adaptation du dies solis (jour du soleil) païen[5]. » Cela s'étend peu à peu à toutes les églises sous l'autorité de l'église de Rome. « En réalité, nous en sommes réduits à multiplier les hypothèses faute de données assurées relatives à un repas pris en commun par les frères, à jour fixe et à une heure précise[5]. » Les textes canonniques antérieurs à justin de Naplouse (v. 150), autorisent toutes les suppositions. On constate simplement qu'entre les données des écrits de Paul de Tarse (saint Paul v. 50-60) et ceux de Justin de Naplouse, un siècle plus tard, s'est opérée une mutation restituée par le témoignage d'Ignace d'Antioche[5].

Toutefois, dans la deuxième partie du IIe siècle cela provoque encore une violente polémique, au cours de laquelle l'évêque de Rome Victor Ier (appelé Pape de façon anachronique), tentera d'excommunier les églises d'Asie qui continuaient à célébrer Pâques, le même jour que les juifs[6]. Irénée de Lyon interviendra pour empêcher cette excommunication massive.

Article détaillé : Nazôréens.
  • Suite à la Réforme, certains courants protestants font retour à la loi juive et donc au Sabbat. Particulièrement en Europe de l'Est.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Josef Erlich, La Flamme du Shabbath, Plon, « Terre humaine », 1978
  • Aryeh Kaplan, Le Chabbat, avant-goût d'éternité, Emounah, 1982
  • Geoffrey Wigoder (dir.), Dictionnaire encyclopédique du judaïsme, article « Chabbat », Cerf-Laffont, coll. « Bouquins », Paris, 1996.

Notes

  1. composée de deux lettres
  2. Site shamash.org
  3. Voir Lettre apostolique Dies Domini du Saint-Père Jean-Paul II aux évêques, aux prêtres, aux familles religieuses et aux fidèles de l'Église catholique sur la sanctification du dimanche
  4. Roger Caratini et Hocine Raïs, Initiation à l'Islam : La foi et la pratique, Paris, Presse du Châtelet, 2003, 203 p. (ISBN 978-2-84592-076-7), partie I, chap. 4 (« Dieu et l'homme »), p. 58 
  5. a, b et c François Blanchetière, Enquêtes sur les racines juives du mouvement chrétien, Ed. Cerf, Paris, 2001, p. 459.
  6. François Blanchetière, Enquêtes sur les racines juives du mouvement chrétien, Ed. Cerf, Paris, 2001, pp. 459-461.
  7. Simon Claude Mimouni, « Les groupes chrétiens d'origine judéenne du IIe au VIe siècle », in S. C. Mimouni et P. Maraval, Le christianisme des origines à Constantin, Paris, éd. P.U.F./Nouvelle Clio, pp. 279-285
  8. Épiphane, Panarion, 29, 7, 5 ; 5, 4 ; 8.1s.
  9. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, pp. 143-144.
  10. a, b et c Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 142.
  11. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, pp. 121-124.
  12. François Blanchetière, Enquête sur les racines juives du mouvement chrétien, p. 123.
  13. (en) Shlomo Pines, The Jewish Christians Of The Early Centuries Of Christianity According To A New Source, Proceedings of the Israel Academy of Sciences and Humanities II, No. 13, 1966 (ISBN 102-255-998) 
  14. (en) Marcus N. Adler, The Itinerary of Benjamin of Tudela: Critical Text, Translation and Commentary, p. 70–72., Phillip Feldheim, 1907 
  15. a, b, c et d Simon Claude Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'antiquité, Ed. Albin Michel, Paris, 2004, p. 217.


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Chabbat de Wikipédia en français (auteurs)

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