- La Monnaie
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La Monnaie Façade actuelle du Théâtre de la MonnaieType Salle d'opéra Lieu Bruxelles, Belgique Coordonnées Architecte(s) (Gio Paolo Bombarda) - Joseph Poelaert Inauguration (novembre 1700) - 24 mars 1856 Capacité 1 152 Gestionnaire Peter de Caluwe, directeur Site web http://www.lamonnaie.be Résidence Place de la Monnaie Le Théâtre de la Monnaie (De Munt en néerlandais) est la salle d'opéra de Bruxelles située sur la place de la Monnaie.
Le premier bâtiment fut édifié en 1700 par Gio Paolo Bombarda et était réputé comme l'un des plus beaux théâtres du XVIIIe siècle.
Quatre-vingt-cinq ans plus tard, la vétusté du bâtiment fit l'objet de plusieurs expertises (Louis Montoyer, Laurent-Benoît Dewez, Claude Fisco, Gilles-Barnabé Guimard) et suscita plusieurs projets de rénovation, voire de reconstruction (dont celui de l'architecte Charles De Wailly), mais il fallut attendre 1818 pour que la ville de Bruxelles, propriétaire, en fasse construire un nouveau à l'arrière de l'ancien. C'est à ce moment également (1817-1819) que la ville de Bruxelles, soucieuse d'un environnement de qualité, fit construire par Jean-Alexandre Werry les immeubles qui encadrent le nouveau théâtre de la Monnaie.
Le bâtiment actuel, construit par Joseph Poelaert en 1855 et orné de sculptures par son frère Victor Poelaert et Égide Mélot, le fronton étant d'Eugène Simonis, succède au bâtiment inauguré en 1819 et incendié. Ce bâtiment fut le témoin du déclenchement de la révolution de 1830 qui mena à l'indépendance de la Belgique : alors qu'on y représentait la Muette de Portici d'Auber, lors du fameux air « Amour sacré de la patrie », la salle se leva et sortit dans la rue pour bouter les Hollandais hors de la ville.
La loi du 19 avril 1963 en fait un établissement public dénommé « Théâtre Royal de la Monnaie »[1]. Puis en 1985, une importante rénovation conduite par l'architecte Charles Vandenhove, a permis de moderniser la salle et de lui restituer ses couleurs d'origine, même si le résultat fut sujet à controverse.
C'est une des plus grandes maisons d'opéra d'Europe, surtout depuis que Gérard Mortier en a assuré la direction de 1982 à 1992. Bernard Foccroulle lui a succédé durant quinze ans et a ouvert l'institution sur la danse contemporaine, notamment en mettant en résidence à la Monnaie la chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker. Depuis le 1er août 2007, c'est Peter de Caluwe qui en est le directeur.
Sommaire
Histoire
Construit après le bombardement de Bruxelles par l'armée française (1695) sur les ruines de l'hôtel où l'on battait monnaie, le Théâtre sur la Monnoye est dû aux architectes vénitiens Paolo et Pietro Bezzi. L'électeur Maximilien-Emmanuel de Bavière, gouverneur des Pays-Bas espagnols, avait chargé son trésorier, Gio Paolo Bombarda, d'établir une nouvelle salle de spectacle publique au cœur de la ville. L'inauguration a lieu dans le courant de l'année 1700, sans qu'on soit parvenu jusqu'à présent à en connaître la date exacte. La première représentation mentionnée par la gazette est celle d’Atys, le 19 novembre 1700, qu'on donne pour les dix-sept ans du roi Philippe V d’Espagne, en présence des gouverneurs. Le répertoire de Lully et Quinault occupe l'essentiel de la scène durant vingt-cinq ans et cède le pas, en 1727, aux opéras vénitiens dont la gouvernante Marie-Élisabeth est friande. Les années 1730 à 1745 se caractérisent par un changement incessant de direction, certaines troupes essuyant une banqueroute après quelques semaines seulement. En 1744, Charles-Alexandre de Lorraine devient gouverneur des Pays-Bas autrichiens et va, après la parenthèse française, donner un nouveau coup de projecteur sur la scène bruxelloise, souvent considérée comme la deuxième après Paris.
En 1745 arrive à Bruxelles Jean-Nicolas Servandoni, dit D'Hannetaire, mais l'invasion des troupes françaises du maréchal de Saxe ne lui laisse pas le temps de s'installer à la tête du Théâtre de la Monnaie. Maurice de Saxe fait en effet appel à Favart pour diriger la scène bruxelloise, entouré d'une troupe nombreuse. Il y présentera la plupart des œuvres qu'il avait données à l'Opéra-Comique de Paris.
Après le départ des troupes françaises, les directeurs se succèdent à une cadence soutenue : D'Hannetaire reprend la direction du théâtre en 1748, puis Jean-Benoît Leclair, frère du musicien Jean-Marie Leclair, la reprend l'année suivante, pour la céder aussitôt à d'autres directeurs, comme l'Italien Francesco Crosa ou les frères Hus. En 1752, Jean-François Fieuzal, dit Durancy (qui était venu dans les Pays-Bas avec Favart), inaugure une ère de plus grande stabilité. Il cède pourtant la main, trois ans plus tard, à D'Hannetaire, qui s'associe au comédien Gourville. En 1766, les « Comédiens ordinaires de S.A.R. » (le prince Charles de Lorraine) s'associent à l'instar de la Comédie-Française et cette société de comédiens régnera sur « la Monnaie » une douzaine d'années. Cette période est fortement marquée par l'essor de l'opéra-comique, que Favart avait apporté à Bruxelles, pour le plus grand plaisir du public.
Dès 1772, une figure marquante prend la tête des comédiens associés et donne une nouvelle impulsion au répertoire de la scène bruxelloise : Ignaz Vitzthumb, ancien timbalier de la cour et chef d'orchestre du Théâtre de la Monnaie, met à l'honneur des productions de grande envergure et, avec son comparse Louis Compain-Despierrières, il invite des artistes parisiens à remonter leurs œuvres à Bruxelles, voire à en créer spécialement pour la Monnaie.
Ainsi, en 1774, Vitzthumb demande à Pleinchesne et à Philidor de monter le nouvel opéra Berthe. Philidor ayant décliné l'offre, c'est finalement Vitzthumb qui en composera la musique.
Tandis que Vitzthumb dirige la troupe, Compain prospecte à Paris : il découvre de nouveaux talents comme Dazincourt, Larive, Florence et Grandmesnil qui, après avoir débuté à Bruxelles, poursuivront tous une brillante carrière à la Comédie-Française.
À partir de la saison 1773-1774, sous l'impulsion du co-directeur Vitzthumb et vraisemblablement inspirée par des soucis d’ordre financier, la Monnaie commence à programmer des pièces traduites en néerlandais et jouées par une troupe flamande appelée Opéra ou Spectacle flamand, issue des compagnies locales de Bruxelles et ostensiblement sous-payée par rapport aux acteurs de l’Opéra français.
Mais en 1776, la direction Vitzthumb court à la faillite et, l'année suivante, le théâtre passe aux mains de trois associés, Louis-Jean Pin, Alexandre Bultos et Sophie Lothaire, tandis que Vitzthumb garde la direction musicale de l'orchestre. Cette période s'avère aussi ruineuse que la précédente, d'autant plus que Charles-Alexandre de Lorraine meurt en 1780 et, avec lui, l'intérêt que le gouvernement porte aux spectacles. Dix ans plus tard, la Révolution brabançonne bouleverse non seulement l'effectif de la troupe et les finances, mais aussi le répertoire : avec l'arrivée des troupes françaises de Dumouriez en 1792, Mademoiselle Montansier prend possession du Théâtre de la Monnaie et y fait jouer des pièces révolutionnaires, reléguant aux oubliettes la plupart des opéras-comiques prisés par le public.
En 1795, le régime français se met en place à Bruxelles et la Monnaie n'aura plus qu'un statut de « théâtre de province », mais où de nombreux acteurs français viendront cependant « faire leurs planchers ».
Complètement délabré et atteint de vétusté, le bâtiment de Bombarda est rasé en 1818 et l'architecte Louis Damesme conçoit une nouvelle salle inaugurée le 25 mai 1819 par une représentation de La Caravane du Caire de Grétry. Le théâtre passe dès lors sous l'administration de la Ville de Bruxelles et se dégage de la tutelle du régime hollandais. De grands artistes viennent en représentation, tels que Talma, Mlle Mars, Laure Cinti et la Malibran, la troupe s'enrichit de personnalités comme Jenneval, le ballet est dirigé par Petipa et Marie Lesueur en est la première danseuse.
Le 25 août 1830, pour le 59e anniversaire de Guillaume Ier, on donne La Muette de Portici, grand opéra d'Auber, sur un livret de Scribe et Delavigne : l'air Amour sacré de la patrie déclenche la Révolution de 1830. Le théâtre est fermé pendant plusieurs semaines et ne reprend ses activités régulières que l'année suivante.
La plupart des opéras de Rossini, Auber, Meyerbeer, Boieldieu, Donizetti et Verdi restent longtemps à l'affiche et de nombreuses œuvres sont représentées pour la première fois en français.
Le 21 janvier 1855, le théâtre est entièrement détruit par les flammes, ne laissant debout que les quatre murs. Rebâti presque à l'identique, le nouveau théâtre est inauguré le 24 mars 1856 par une représentation de Jaguarita l'Indienne, opéra-comique d'Halévy.
Après la chute de Tannhäuser à Paris (1861) et suite à la guerre franco-prussienne de 1870, Richard Wagner trouve à Bruxelles le lieu idéal pour créer ses œuvres en français : le Théâtre de la Monnaie devient ainsi, de 1870 à 1914, la capitale française du wagnérisme.
Après la création du Ballet du XXe siècle en 1960 et les immenses succès populaires des ballets de Maurice Béjart, le Théâtre devient l’« Opéra national » sous la direction de Maurice Huisman à partir de la saison 1963-1964[2] et acquiert une dimension et une réputation internationale.
Les directeurs du Théâtre de la Monnaie
Archives
La plupart des archives anciennes concernant le Théâtre de la Monnaie sont conservées aux Archives de la Ville de Bruxelles. Il existe également un fonds Administration du Théâtre de Bruxelles aux Archives générales du Royaume, qui couvre principalement les années 1772 à 1811.
Depuis 1995, La Monnaie a engagé un archiviste dont la mission est de recenser et conserver l'ensemble des données, documents, maquettes de décors, revues de presse, etc. Une base de données se constitue progressivement et est accessible sur le site Internet « CARMEN » (Computerised Archival Retrieval in Multimedia Enhanced Networking). Elle permet de retrouver tout l'historique des productions de la Monnaie depuis 1945, ainsi que d'autres informations antérieures. Les recherches peuvent se faire grâce à un thésaurus multilingue (français, anglais et néerlandais). C'est une base de données relationnelle et multilingue. Elle est d'une part un catalogue des archives mais elle est aussi orientée vers la gestion électronique de documents, pour assurer leur conservation et leur disponibilité. L'encodage de ces données dans CARMEN est basé sur les normes AFNOR et ISBD. L'encodage des données suit une procédure générale incluant les étapes suivantes :
- une description générale incluant le titre, la mention de responsabilité, la langue, l'adresse bibliographique, la collation, le numéro d'identification standardisé, zone de note, descripteur issus du thésaurus. Bien entendu ces éléments ne sont pas tous obligatoires, la description s'adapte aux types de documents ;
- l'identification physique et la localisation des documents, de façon à ce qu'on voie clairement s'ils appartiennent au fond de La Monnaie ou à des collections extérieures ;
- un lien vers une représentation digitale du document ;
- la création de relations avec d'autres éléments de la base de données.
Accessibilité
Descendre à la station de métro : De Brouckère. Bibliographie
- Frédéric Faber, "Histoire du Théâtre français en Belgique depuis son origine jusqu'à ce jour ", Fr. J. Olivier à Bruxelles 1878, 5 vol.
- Jacques Isnardon, Le Théâtre de la Monnaie, Bruxelles, Schott Frères, 1890.
- Henri Liebrecht, Histoire du théâtre français à Bruxelles aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Édouard Champion, 1923.
- Arthur de Gers, Théâtre royal de la Monnaie, 1856-1926, Bruxelles, Dykmans, 1926.
- Lionel Renieu, Histoire des théâtres de Bruxelles, Paris, Duchartre & Van Buggenhoudt, 1928, 2 vol.
- Jules Salès, Théâtre royal de la Monnaie, 1856-1970, Nivelles, Havaux, 1971.
- Claude Gantelme et Francis Michielsen, Théâtre royal de la Monnaie, Opéra national, Ballet du XXe siècle, de 1959 à nos jours, Bruxelles, Paul Legrain, 1981.
- Jean-Marie Piemme (dir.), Un théâtre d'opéra : l'équipe de Gérard Mortier à la Monnaie, Paris ; Gembloux, Duculot, 1986.
- Éric Cabris, La Monnaie, chronique architecturale de 1696 à nos jours, Bruxelles, Racine, 1996.
- Manuel Couvreur (dir.), Le Théâtre de la Monnaie au XVIIIe siècle, Bruxelles, GRAM-ULB, 1996.
- Manuel Couvreur (dir.), La Monnaie wagnérienne, Bruxelles, GRAM-ULB, 1998.
- Roland Van der Hoeven, La Monnaie au XIXe siècle, Bruxelles, GRAM-ULB, 2000.
- Laurent Busine (dir.), L'Opéra, un chant d'étoiles, Bruxelles, Renaissance du Livre, 2000.
- Manuel Couvreur et Roland Van der Hoeven, La Monnaie symboliste, Bruxelles, GRAM-ULB, 2003.
Notes et références
- http://staatsbladclip.zita.be/moniteur/lois/2007/06/28/loi-2007014184.html Loi du 19 avril 1963 au moniteur belge.
- Jules Salès, Théâtre royal de la Monnaie 1856-1970, Havaux, Nivelles, 1971, p., p. 381.
Voir aussi
Liens externes
- Le site officiel qui contient également CARMEN
- Toutes les représentations données au Théâtre de la Monnaie au XVIIIe siècle sur le site CÉSAR
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