Dieu juif

Dieu juif

Religion abrahamique

Une religion abrahamique est, dans l'étude des religions comparées, une des religions dérivées d'une ancienne tradition commune aux Sémites, remontant selon ses membres à Abraham (« père d'une multitude »), un patriarche dont la vie est narrée dans la Bible hébraïque, et en tant que prophète dans le Coran. Il est également qualifié de prophète dans Genèse 20:7.

Les religions abrahamiques forment un groupe important de religions, dans leur ensemble monothéistes, parmi lesquelles, entre autres, le judaïsme, le christianisme, l'islam, le babisme et le bahaïsme. En 2008, à peu près 3,7 milliards d'individus, plus de la moitié de la population mondiale, adhèrent à une religion abrahamique. Cependant, beaucoup de ces adhérents rejettent cette catégorisation, sur base d'incompatibilités inhérentes et fondamentales de points de vue concernant Abraham et Dieu.

Le terme de « monothéisme du désert » est quelquefois utilisé dans un but comparatif similaire dans des contextes historiques, mais pas dans des contextes contemporains.

Religion
religions abrahamiques :
judaïsme · christianisme · islam

Sommaire

La religion d'Abraham

Origines

Les origines du judaïsme, ou de la religion abrahamique ancestrale, restent obscures. La seule source considérée par toutes les religions abrahamiques comme canonique à traiter de la question est le Livre de la Genèse, premier livre de la Bible hébraïque, daté selon l'historiographie juive traditionnelle du second millénaire avant l'ère commune (les académiciens, tenants de la critique radicale et s'appuyant sur les données de l'archéologie, penchent quant à eux généralement pour le septième siècle avant l'ère commune au plus tôt).

Selon le récit biblique, le monothéisme fut la croyance originelle du premier couple, Adam et Ève. Ce système fut corrompu à l'époque d'Enosh, leur petit-fils, ne subsistant que chez une poignée d'individus, dont Noé et ses fils, puis, quelques générations plus tard, Melchisédek. Selon la tradition juive, qui entend combler les silences de la Bible sur le sujet, Abraham, fils d'un marchand d'idoles, remet en cause le système de croyance de son époque dès l'âge de trois ans et finit par redécouvrir le monothéisme de lui-même à l'âge de quarante ans. Les principes de l'hébraïsme sont révélés progressivement à ses descendants, Ismael Isaac et Jacob (également appelé Israël) ; cependant, les rituels et le culte ne sont codifiés que lors de la Révélation sur le Mont Sinaï, où Moïse et le peuple reçoivent le Décalogue. L'hébraïsme se constitue en judaïsme au retour de la captivité de Babylone, imprimant à ce rite le message éthique des prophètes de Dieu, ayant prêché entre la mort de Moïse et le retour des exilés judéens en Judée.

Les archéologues n'ont jusqu'ici trouvé aucune preuve directe permettant de confirmer ou infirmer cette version des faits. Les quelques inscriptions comme les stèles de Tel Dan et de Mesha, permettant, selon certains experts, de confirmer une partie des récits bibliques qui font référence à la période de la royauté, bien postérieure à l'époque des patriarches. Il ne subsiste aucun texte complet de la Bible hébraïque qui serait plus ancien que les manuscrits de la Mer Morte (IIe siècle av. J.-C., au plus tôt).
Néanmoins, l'archéologie a démontré que des peuples parlant divers langages sémitiques et pratiquant des religions polythéistes similaires vivaient au pays de Canaan et dans les environs, dès le IIIe millénaire avant l'ère commune. Certains de leurs dieux, dont Baal et Chemosh, sont mentionnés dans la Bible ; le dieu suprême du panthéon sémite, El, serait, selon certains experts, le dieu des patriarches bibliques.

Une école de pensée soutient que le monothéisme aurait commencé avec Akhénaton, le pharaon hérétique du XIVe siècle av. J.-C.. Les innovations d'Akhénaton ont toutefois été complètement éradiquées d'Égypte après sa mort, ne laissant aucune descendance, excepté leur hypothétique survie dans le royaume israélite voisin, qui commença sa domination sous hégémonie culturelle égyptienne.

Les patriarches

Il y a six figures notables dans la bible avant Abraham : Adam et Ève, leurs deux fils Caïn et Abel, Enoch, et son petit-fils, Noé, qui, selon l'histoire, a sauvé sa propre famille et toute la vie animale dans l'arche de Noé. Il n'est pas certain que ces personnages aient laissé un quelconque code moral — avec quelques églises chrétiennes maintenant la foi en livres antiques comme le livre d'Enoch -- mais la genèse mentionne les lois noahides données par Dieu à la famille de Noé. Pour la plupart, ces patriarches incarnent des archétypes comportementaux, « bons » ou « mauvais » (dans le cas de Caïn).

Dans le livre de la Genèse, Abraham est spécifiquement chargé de quitter la ville historique d'Ur en Mésopotamie, pour que la volonté de Dieu « fasse de vous une grande nation ».

Selon la Bible, le patriarche Abraham (ou Ibrahim, en langue arabe) a eu huit fils de trois épouses : l'un (Ismaël) de Hagar, la domestique de son épouse, un autre (Isaac) de son épouse Sarah, et six d'une autre épouse, Ketourah.

Moïse, Jésus, Mahomet, Bahá'u'lláh, et d'autres personnages se réclament être de la descendance d'Abraham par l'un de ces fils : selon les Juifs, Abraham est l'ancêtre du peuple d'Israël, par ses descendants Isaac et Jacob.

Les chrétiens voient en Abraham un exemple de la foi, et une préfiguration du sacrifice de Jésus, fils de Dieu, par son Père, ce même Jésus par lequel Dieu a promis de bénir toutes les familles de la terre.

Les musulmans, et les mouvances qui en dérivent, comme le mouvement Baha'i, le sikhisme et d'autres, se considèrent comme descendants, biologiques ou spirituels, d'Ismaël. En outre, les musulmans se réfèrent aux chrétiens et aux juifs (entre autres) comme les « Gens du Livre » (c'est-à-dire la Bible). Ces Gens du Livre ne peuvent être pris pour esclaves (toutefois, beaucoup l'ont fait -- par exemple la guerre contre les pirates Barbares était due au fait qu'ils avaient pris des esclaves chrétiens).

Tous voient Abraham comme l'un des plus importants prophètes envoyés par Dieu. Ainsi Abraham représente pour certains, un point de vulgarisation qu'ils cherchent à souligner au moyen de cette terminologie.

Ainsi, plutôt que d'être la seule « figure fondatrice », Abraham est plus correctement décrit comme le premier personnage de la Genèse qui (a) n'est pas d'origine divine (directe), comme le sont Adam, Ève et leurs enfants -- il descend au contraire d'idolâtres; (b) est accepté par les trois grandes fois monothéistes comme un acteur important dans la fondation de leur civilisation ; et (c) n'est pas présenté comme l'ancêtre génétique de toute l'humanité (comme Adam et Noé).

Le bahaïsme et, le judaïsme, traitent Adam et Noé comme des prophètes mineurs. Ils reconnaissent par ailleurs qu'il y a sûrement eu d'autres prophètes, oubliés de nos jours.

Abraham

Selon la tradition juive, Abraham fut le premier individu de l'ère postdiluvienne (c'est-à-dire postérieure au Déluge relaté dans la Genèse, avec le personnage biblique de Noé) à rejeter l'idolâtrie à la suite d'une analyse rationnelle (alors que Shem et Eber ne faisaient que perpétuer la Tradition de Noé). C'est pourquoi il représente tant une étape qu'une figure fondamentales pour les religions monothéistes. En ce sens, religion abrahamique serait synonyme de religion monothéiste, cependant tous les systèmes monothéistes ne sont pas abrahamiques.
Dans l'islam, il est considéré comme le premier monothéiste, et il est souvent mentionné comme Ibrahim al-Hanif, Abraham le Monothéiste.

Dans la Bible hébraïque et le Coran, Abraham est décrit comme un patriarche (la tradition juive le nomme Avraham Avinou, Avraham notre père, et les convertis au judaïsme sont souvent appelés Ploni ben Avraham Avinou), béni par Dieu, qui lui a fait de grandes promesses.

Il est pour les Juifs et les chrétiens l'ancêtre du peuple d'Israël via son fils Isaac, et pour les musulmans, l'ancêtre des Arabes via son fils Ismaël.

  • Dans la tradition juive, Abraham représente la Midat ha'Hassed, l'attribut de générosité, qui parle peu et fait beaucoup.
  • Dans la tradition chrétienne, Abraham est un modèle de foi, et son intention d'obéir à Dieu en offrant Isaac est considérée comme préfigurant Dieu offrant Son fils, Jésus.
  • Dans la tradition musulmane, Abraham (Ibrahim) a obéi à Dieu en offrant Ismaël, et est considéré comme l'un des plus importants prophètes envoyés par Dieu.

Principales religions abrahamiques

Toutes les religions abrahamiques proviennent plus ou moins directement du judaïsme tel qu’il est pratiqué dans les anciens royaumes d’Israël et de Juda avant l’exil à Babylone, au début du Ier millénaire av. J.-C. On pense généralement que le judaïsme de l’Israël décrit par la Bible fut réformé au VIe siècle av. J.-C. par Esdras et d’autres prêtres en Israël revenus d’exil. Le samaritanisme se sépara du judaïsme au cours des siècles suivants.

Le christianisme prend sa source en Judée, à la fin du Ie siècle, en tant que branche complètement réformée du judaïsme ; il s’étend à la Grèce antique et à Rome, et de là à toute l’Europe, puis plus tard au monde entier. Au cours des siècles le christianisme s’est scindé en de nombreuses Églises et dénominations. Un schisme important a lieu au Ve siècle entre les Églises catholiques orientales et l’Église catholique centrée sur Rome. D’autres schismes majeurs survinrent, comme le Grand Schisme d'Orient au XIe siècle, séparant l’Église catholique romaine des Églises orthodoxes ; puis la Réforme protestante au XVIe siècle, qui donna naissance à des centaines de dénominations protestantes.

L'islam débute au VIIe siècle, dans les cités arabes de La Mecque et de Médine. Bien qu'il ne s'agisse pas d'une branche dissidente du judaïsme ni du christianisme, il affirme explicitement être autant un prolongement qu'un remplacement de ces doctrines, et se fait l'écho de beaucoup de leurs principes. Selon la foi musulmane, le Coran (Qur'an) fut le dernier mot de Dieu et son message est celui de tous les prophètes. Comme exemple de similarité entre les fois, les musulmans croient en une version de l'histoire de la Genèse et en la lignée directe des Arabes depuis Abraham via Ismaël, fils de celui-ci et sa servante Hagar.

Le babisme fut fondé en 1844 en Perse par Siyyid Mírzá 'Alí-Muhammad (میرزا علی‌محمد en persan) (1819-1850). Ce marchand de Shiraz déclara à l'âge de 25 ans être le mahdi (ou Qá'im) attendu par les musulmans à avant le "Jour du Jugement", en prenant le titre de Báb (باب, "porte" en arabe).

Le bahaïsme fut fondé en 1863 en Iraq par un disciple du Báb nommé Mírzá Ḥusayn-`Alí Núrí (1817-1892, en persan: میرزا حسینعلی نوری) et surnommé Bahá'u'lláh (en persan : بهاء الله, baha-o-llah : « gloire de Dieu »), qui déclara être « celui que Dieu rendra manifeste » prophétisé par le Báb pour unifier l'humanité. Bahá'u'lláh déclare que, dans l'histoire du sacrifice d'Abraham, personne ne fut réellement sacrifié et que la même dignité est accordée à Isaac et à Ismaël[1]

Identité abrahamique

L'identité abrahamique est explicite dès l'origine dans l'islam : le Coran l'appelle « la religion d'Abraham[2] ». L'islam se présentant comme un retour à la soumission à Dieu, conformément à ce qu'était Abraham, le modèle musulman (c'est à dire, soumis à la volonté de Dieu), et par opposition aux juifs et aux chrétiens qui n'auraient pas voulu répondre à son appel. Pour le droit musulman, l'ensemble des héritiers d'Abraham sont juridiquement des gens du livre (arabe : ahl al-kitâb اهل الكتاب), et ont droit à ce titre à un statut spécial.

Le catholicisme n'aurait explicitement accepté le regroupement abrahamique que très tardivement, à partir du concile de Vatican II et de sa déclaration Nostra Ætate. Nostra Ætate rappelle que Allah est le même dieu que celui d'Abraham dans l'Ancien Testament, et que les chrétiens et les musulmans partagent la foi abrahamique ; en conséquence, l'Église catholique déclare qu'elle estime les musulmans pour leur adoration d'un seul dieu qui a parlé aux hommes.

L'identité abrahamique ne semble pas reconnue en tant que telle par le monde juif.

L'Être suprême

Le judaïsme, l'islam et le bahaïsme rendent un culte à un Dieu suprême, dont ils ont une conception strictement monothéiste -- un Être Un et Unique; le christianisme partage ce point de vue, mais considère Dieu à la fois Un et indivisible Trinité, un avis que les autres religions ne partagent pas. Certains courants chrétiens n'approuvent pas non plus cette doctrine trinitaire.

Judaïsme

Article détaillé : Judaïsme.

La théologie juive est basée sur la Bible hébraïque, où la « nature » et les commandements de l'Être suprême sont révélés au travers des écrits de Moïse (la Torah, connue dans le christianisme comme le « Pentateuque » et comme la Tawrat par l'islam), ceux des prophètes, des psalmistes et d'autres écrits canonisés avec la Torah, formant le corpus du Tanakh (l'Ancien Testament pour les chrétiens).

Le judaïsme rabbinique se fonde également sur sa Loi orale, consignée dans la Mishna et les Talmuds; le judaïsme karaïte n'accorde de créance qu'au seul Tanakh.

Cet Être suprême est désigné dans la Bible hébraïque de différentes façons, les deux plus fréquentes étant un Tétragramme ineffable formé des lettres Y-H-V-H (que le christianisme prononce YAHVEH, bien que le judaïsme n'accepte pas cette prononciation), et souvent rendu par Adonaï pour les usages rituels, HaShem pour les usages profanes; et Elohim. Les Juifs francophones l'appellent aussi tout simplement "Dieu", traduction d'Elohim.

Certains remplacent le H () par un K (), Elohim devenant Elokim, et écrivent « D'ieu », « D.ieu », « D », etc. en égard au Nom divin. De nombreux rabbins et décisionnaires, en majorité sépharades déconseillent ces pratiques.

Le nom Elohim ayant une forme grammaticale plurielle (-īm), certains biblistes ont émis l'hypothèse que les anciens Hébreux furent polythéistes, au moins à l'époque des patriarches, et selon certains, jusqu'au retour de la captivité de Babylone. Cette hypothèse est rejetée par la majorité des Juifs, le mot se conjuguant toujours au singulier (Ex: Gen. 1:26 Vayivra Elohim « Dieux créa »).

Il s'agit selon certains d'un pluriel de majesté, similaire au « vous » de politesse en Français; d'un pluriel de puissance (Lui qui commande tout et tous sur tout et tous); d'un pluriel pour désigner Dieu siégeant avec sa cour céleste (c'est-à-dire les anges); etc.

Christianisme

Article détaillé : Christianisme.

Les chrétiens croient que le Dieu auquel le peuple Juif rendit un culte pendant l'ère préchrétienne s'est toujours révélé comme il le fit à travers Jésus Christ ; mais cela ne fut jamais évident jusqu'à ce que le Verbe du Seigneur, la révélation divine, ne se soit fait chair et n'ait marchée parmi nous (voir Jean 1). Après que Jésus ressuscita des morts — selon les écritures chrétiennes — cet ancien témoignage juif selon lequel Dieu se révèle Lui-même comme Messie en vint à être perçu sous une lumière très différente. C'est alors que les disciples de Jésus commencèrent à parler largement de lui comme Dieu lui-même (voir Jean 20:28), bien que cela ait déjà été révélé à certains individus pendant son ministère, par exemple, la Samaritaine à Shechem, et à ses apôtres les plus proches.

Cette croyance s'est progressivement développée dans la formulation moderne de la Trinité, qui est la doctrine selon laquelle Dieu est un seul Dieu saint (YHWH, soit Yahvé), mais qu'il y a une réelle trinité dans le seul être de Dieu qui a toujours été évident mais pas toujours compris. Cette mystérieuse trinité a été décrite comme, par manque de meilleur terme, « hypostases » en grec ancien (« subsistances »), et comme "personnes" en anglais. Dans la conception traditionnelle christienne, Dieu le Père ne s'est jamais révélé que par sa Parole éternelle (qui s'est faite chair en Jésus, de la Vierge Marie), et son Esprit, qui, après la résurrection fut transmis aux hommes, établissant l'Église chrétienne).

La théologie trinitaire a été développée à partir de la « Bible chrétienne » (c'est-à-dire la Bible hébraïque et le Nouveau Testament) Développée plus tôt par les premiers Pères de l'Église, elle fut ensuite codifiée lors des Conciles œucuméniques de Nicée et de Chalcédoine. Une autre formulation connue est celle trouvée dans le symbole d'Athanase. Certaines Églises trinitaires ne reconnaissent pas le concile de Chalcédoine, puisqu'elles ont excommuniées. Elles sont connues sous le nom d'Églises « non chalcédoniennes », ou orthodoxes orientales.

Ce monothéisme « trinitaire » a été rejeté par plusieurs mouvances chrétiennes ou basées sur le christianisme, parmi lesquelles l'arianisme et l'unitarisme. Les Chrétiens strictement unitariens croient que "Dieu le Père" est le seul Être divin, mais les autres croient que Jésus est une divinité créée.

Islam

Article détaillé : Islam.

Allah est la traduction arabe standard pour « Dieu ». La tradition musulmane décrit également ses 99 noms.

Les musulmans croient que le Dieu des chrétiens, des juifs et des musulmans est le même : nommé Allah. Jésus est vu comme un grand prophète, mais pas le fils de Dieu. Il n'aurait pas été crucifié, ni tué et serait monté au ciel dans le but de revenir sur la Terre afin de détruire l'Antéchrist le dernier jour. Tous les prophètes descendant d'Abraham du judaïsme et du christianisme sont aussi considérés comme des prophètes dans l'islam. Mahomet serait un descendant direct d'Abraham et le dernier prophète, cependant il descend d'Ismaël, fils d'Abraham et de Hajar. Les prophètes descendant d'Ismaël ou d'Isaac sont tous considérés comme frères.

La Torah et les Évangiles sont vus comme des livres sacrés, mais erronés et modifiés artificiellement (du fait d'erreurs de transmission dus au temps entre l'écriture et la réception de ces paroles, d'une part, et d'autre part de façon intentionnelle ou non par des savants juifs et chrétiens). Les musulmans révèrent le Coran jugée parole divine finale et parfaite, transmise par le dernier prophète, Mahomet. Contrairement aux autres livres, le Coran aurait été écrit à la mort de Mahomet sans aucune modification humaine. L'islam est donc perçu par les musulmans comme la continuité du judaïsme et du christianisme, avec l'ultime correction.

Bahaïsme

Articles détaillés : Babisme et Bahaïsme.

La croyance en l'Unité de Dieu est un fait central dans le bahaïsme. Dieu est un Être, et a créé toutes les créatures et forces de l'univers. Il est transcendant, omnipotent et omniscient. Afin d'éduquer l'humanité, Dieu envoie ses Messagers, dont le plus récent fut Bahá'u'lláh. Ces Messagers révèlent la nature et la volonté de Dieu dans leurs enseignements, au travers de textes sacrés, parmi lesquels le Tanakh, le Nouveau Testament, le Coran, le Kitáb-i-Aqdas et le Livre de la Certitude. Les textes anciens sont considérés comme contenant des allégories, qui doivent être interprétées dans l'optique des révélations les plus récentes (et les plus parfaites).

Toutefois, l'Être Suprême est trop grand pour être totalement compris par les humains et ne peut être approché qu'à travers Ses "Messagers" que les écrits baha'is nomment "Manifestation de Dieu" (ẓuhúr'u'lláh pour la forme active : "manifestation de Dieu" ou maẓhar-i-ilahí pour la forme passive : "lieu de la manifestation du divin"). Cette notion de "manifestation" se retrouve dans les écrits du Báb, ainsi que dans ceux des mystiques persans comme Sohrawardi et Mullá Ṣadrá Shírází, ou encore dans l'école du Shaykhisme. Il s'agit d'une "épiphanie" (du grec épiphanéia : "apparition, manifestation", venant de épiphainéin : "paraître ou briller sur") et non d'une "incarnation" de Dieu, que l'on peut essayer de comprendre par la métaphore du reflet solaire dans un miroir : le soleil (Dieu) ne quitte pas le ciel pour descendre dans le miroir (l'homme), mais ses qualités s'y reflètent par l'intermédiaire de ses rayons (l'esprit saint). Les "grands éducateurs" de l'humanité sont considérés comme des hommes "parfaits" (al-Insán al-Kámil الإنسان الكامل), des "miroirs" parfaitement purs et polis dans lesquels le "soleil divin" peut manifester ses qualités dans toute sa splendeur. Si l'on considère les "miroirs", ils sont tous différents, mais si l'on considère le reflet du soleil, ils ne sont qu'Un[3].

Selon Bahá'u'lláh, la religion est composée de deux parties : une partie concerne les lois spirituelles permettant à l'homme de découvrir sa vraie nature, alors que l'autre concerne les lois sociales chargées d'assurer la paix et le développement de la société[4]. Il considère que puisque la nature humaine reste la même, ces lois spirituelles demeurent immuables d'âges en âges, mais que l'humanité étant en perpétuelle évolution, ces lois sociales doivent être modifiées selon le temps et le lieu. Bahá'u'lláh compare ces dernières à des vêtements que l'Homme doit changer à chaque stade de son développement pour être toujours habillé de la manière la plus convenable et la plus parfaite[5].

Écritures religieuses

Toutes ces religions reposent sur des écrits, dont :

  • certains sont considérés comme la Parole de Dieu — donc sacrés et ne pouvant être mis en question —
  • et d'autres qui sont le fruit d'hommes religieux, qui sont vénérés principalement par la tradition et dans la mesure où ils sont considérés comme étant inspirés, si ce n'est dictés, par l'être divin.

La controverse ptoléméo-copernicienne nécessita, dans la religion chrétienne, des travaux théologiques, et qu'il fallut à la fois revenir aux sources des écritures et réviser leur interprétation (herméneutique) (voir théologie catholique)

Judaïsme

Les écritures sacrées du judaïsme sont comprises dans le Tanakh, un acronyme pour Torah, Nevi'im (Prophètes), et Ketouvim (Écrits).
Le Tanakh est connu sous le nom de Bible hébraïque, appellation plus utilisée dans les milieux juifs et académiques que l'"Ancien Testament" (qui relève des notions chrétiennes de Nouveau Testament et verus Israël).
Le Tanakh fut étudié et suppléé par une tradition orale : le Midrash, la Mishna, les Talmuds, et la littérature rabbinique ultérieure, qui fut déclarée faisant autorité à l'égal de la Torah. Cette position ne fut toutefois acceptée que du pharisaïsme et des mouvances issues de celui-ci, dont le judaïsme actuel, dit "rabbinique". D'autres courants, tels que le sadduçaïsme puis plus tard le karaïsme ne reconnaissent pas l'autorité de la loi orale à l'égal de la loi écrite. Les samaritains ne reconnaissent pas non plus le Talmud.

Le texte hébraïque du Tanakh, et de la Torah en particulier, est considéré comme sacré jusqu'à la dernière lettre. La transcription ne peut être réalisée qu'au cours d'une procédure excessivement exigeante : la moindre erreur, fût-ce d'une lettre, une ornementation, un symbole sur l'ensemble des lettres (plus de 300.000) qui constituent le texte hébraïque rend l'ensemble du Sefer Torah passoul (impropre à l'usage rituel). C'est pourquoi être sofer ("scribe") est une affaire de spécialiste, demandant minutie, patience et concentration. Écrire et revérifier le texte prend un temps considérable.

Christianisme

Les écritures saintes de la plupart des communautés chrétiennes sont l'Ancien Testament, qui est largement identique à la Bible hébraïque ; et le Nouveau Testament, comprenant quatre récits de la vie et des enseignements de Jésus, traditionnellement attribués à ses apôtres Matthieu et Jean, et Marc et Luc (les Quatre évangiles) ; et plusieurs écrits des apôtres et des premiers Pères de l'Église comme Paul.

L'Ancien et le Nouveau Testaments (ou ancienne et nouvelle alliance) forment la Bible des chrétiens, qui est considérée comme inspirée par Dieu. Ainsi les chrétiens considèrent les enseignement fondamentaux de l'Ancien Testament, en particulier les Dix commandements, comme valides ; cependant ils croient que la venue de Jésus, Christos (oint, c'est-à-dire messie, et donc sauveur de l'humanité), ainsi que cela a été prédit dans l' Ancien Testament, et le fait que Jésus fut élevé chez les Juifs et devint un maître du judaïsme, rendrait compte de la véritable relation entre Dieu et l'humanité — en restaurant la force de l'amour universel et la compréhension (comme mentionné dans le Shema Israël) des autres commandements, en enlevant les préceptes les plus "légalistes" et matériels de la loi rabbinique (comme les contraintes sur la nourriture et les rites du temple).
Beaucoup de chrétiens croient que la relation entre l'ancien et le Nouveau Testaments dans la Bible signifie que le judaïsme a été remplacé par le christianisme comme le "nouvel Israel" — et certains pensent que les enseignements de Jésus décrivent Israël non pas comme un endroit géographique mais comme une association avec Dieu et une promesse de salut dans le Royaume de Dieu.

La grande majorité des religions chrétiennes (incluant le Catholicisme, le christianisme orthodoxe, et la plupart des formes de protestantisme, mais pas le restaurationnisme) tirent leurs croyances des conclusions du Concile de Nicée en 325, dans un document connu sous le nom de Symbole de Nicée. Cela correspond à la croyance selon laquelle Dieu (en tant que Trinité de personnes distinctes avec une seule substance) se fit homme sur la terre, sous le nom de Jésus accomplissant les écritures de l'Ancien Testament, et selon laquelle Jésus fut crucifié par l'humanité, mourut et fut enterré, pour ressusciter le troisième jour, puis monta aux cieux et entra dans le Royaume de Dieu et "s'assit à la droite de" Dieu. Conformément à l'enseignement de Jésus, les chrétiens croient en principe que la foi en Jésus et les œuvres sont les deux manières d'accomplir le salut et d'entrer dans le Royaume de Dieu.

A la différence des Juifs et des Musulmans, les chrétiens ne considèrent généralement pas une seule version de leur Bible comme sainte à l'exclusion des autres, et acceptent de bonnes traductions et re-traductions comme simplement conformes, en principe, à l'originale. Par exemple, les catholiques peuvent retenir la Bible de Jérusalem et la version œcuménique de la Bible. Ils croient que les évangiles sont passés par la tradition orale, puis ont été écrits quelques décennies après la mort de Jésus et de ses apôtres (à l'exception de Matthieu et Jean, qui écrivirent eux-mêmes leurs évangiles), et que les versions existantes sont seulement des copies de ces originaux.
En effet, la version de la Bible considérée comme la plus "valide" (dans le sens d'une meilleure transmission de la véritable signification de la Parole de Dieu) a varié : la LXX (Septante) en Grec , la Vulgate latine, the English King James Version of the Bible (cette version à vérifier), et la Bible synodale en russe ont fait autorité pour différentes communautés à différentes époques.
En particulier, les chrétiens consultent la version hébraïque de l'Ancien Testament en préparant de nouvelles traductions, bien que certains croient que la Septante soit préférable, celle-ci ayant servi de base à l'Église primitive, et parce qu'ils croient que ses traducteurs connaissaient probablement la Bible hébraïque mieux que les traducteurs actuels.

De nombreuses variantes des Manuscrits de la Mer Morte sont confirmées dans la Septante — indiquant que des changements significatifs au Texte massorétique (hébraïque) eurent lieu après le Concile de Yavneh (90 EC).
De même que la Torah est perçue dans le judaïsme comme vivante, et préexistante à tout texte, de même les chrétiens voient la Bible et Jésus lui-même comme le "Verbe" de Dieu (logos en Grec), transcendant les documents écrits.

Les écritures saintes de la Bible chrétienne sont complétées par un large ensemble d'écrits de personnalités chrétiennes et de conciles de responsables chrétiens. L'Église catholique, les orthodoxes, et certaines dénominations chrétiennes considèrent également la tradition comme une référence, et donc incluent des écrits comme ceux des Pères de l'Église ; d'autres communautés chrétiennes considèrent la Bible comme la seule référence (cas du protestantisme).

Il existe aux États-Unis d'Amérique certains courants se basant sur des références non reconnues par l'Église catholique[réf. nécessaire].

Islam

Le livre saint de l'islam est le Coran, comprenant 114 sourates (chapitres). Cependant, les musulmans croient aussi aux textes religieux du judaïsme et du christianisme, dans leur forme originelle, et non actuelle, car elle aurait été selon eux corrompue au fil des âges. Ils possèdent à cet effet leur version propre des Psaumes (le Zabur) et des Évangiles (l'Injil).
Selon le Coran lui-même, les sourates furent révélées par Dieu à Mahomet par l'intermédiaire de l'Archange Gabriel en diverses occasions, et préservées de la sorte par ses disciples, avant d'être compilées en un seul livre (en ne respectant pas l'ordre chronologique) plusieurs décennies après sa mort. À l'exception de Al Fatihah (l'Ouverture), qui est toujours la première sourate, les plus longues sourates apparaissent au début du Coran, tandis que les plus courtes apparaissent à la fin.

Le Coran inclut plusieurs histoires issues de ou fortement similaires à la Bible hébraïque (Notamment la 17e sourate, "Le Voyage Nocturne"), et mentionne Jésus à de nombreuses reprises, en tant que prophète divinement inspiré.
Toutefois, les nombreux commandements du Tanakh et les préceptes du Nouveau Testament ne sont pas adoptés tels quels, mais remplacés par de nouveaux commandements directement révélés à Mahomet par Dieu (à travers Gabriel) et codifiés dans le Coran.

Comme les Juifs avec la Torah, les musulmans considèrent le texte arabe originel du Coran comme non corrompu, incréé et saint jusqu'à la dernière lettre. Toute traduction est considérée comme étant une interprétation de la signification du Coran, l'original arabe étant considéré comme le seul texte divin.

De même que les juifs rabbanites possèdent un complément oral à la Loi écrite, le Coran possède les Hadith, un ensemble de livres écrits par des auteurs ultérieurs compilant les paroles de Mahomet. Martin Buber comparait davantage les hadith au Deutéronome, une somme des sermons de Moïse.
Les hadiths interprètent et développent les préceptes coraniques. Il n'y a pas de consensus au sein de l'islam sur l'autorité des compilations de hadiths, mais les érudits de l'islam ont catégorisé chaque hadith selon des degrés d'authenticité (isnad): véritable (sahih), correct (hasan), ou faible (da'if).

Les hadiths et la biographie de Mahomet (sira) forment la Sunnah, un élément scriptural supplémentaire au Coran, et ceux qui y adhèrent sont les musulmans sunnites. Au neuvième siècle, six compilations de hadiths avaient été jugées dignes de foi par les musulmans sunnites.
Les musulmans chiites (adeptes de la shî'at 'alî, le parti d'Ali), ne considèrent aucun Hadith comme sahih, et ne sont acceptés que ceux qui ne semblent pas de désaccord avec le Coran.

Les Collections sunnites sont:

  • al-Bukhari (m. vers 870)
  • Muslim b. al-Hajjaj (m. vers 875)
  • Abu Dawud (m. vers 888)
  • al-Tirmidhi (m. vers 892)
  • al-Nasa'i (m. vers 915)
  • Ibn Maja (m. vers 886).

Les opinions légales de juristes musulmans (fiqh) offrent une autre source pour la pratique quotidienne et l'interprétation de la tradition islamique.

Babisme

Epître de la main du Báb sous forme d'étoile Haykal

Le Livre saint principal dans la Foi babíe est le Bayān persan. Ce mot signifie « l'explication » en arabe, comme dans les versets 75/16-19 du Coran, où il est écrit qu'après la récitation (Qur'án), Dieu se chargera d'en envoyer l'explication (Bayán). Le Bayán est en grande partie une « explication » (tafsir) du Coran, mais il contient aussi des lois destinées à remplacer celles de la Charia islamique. Malgré sa jeunesse et la brieveté de sa vie missionnaire, le Báb révéla l'équivalent de 500 000 versets, dont la plus grande partie a été perdue.

Voici qu'environ cent mille lignes semblables à ces versets se sont répandus parmi les hommes, sans compter les prières invocatrices et les questions concernant la science et la philosophie[6]. Considère encore le sujet du "Point du Bayán" (le Báb). Ceux qui le connaissent savent quel est son rang avant la Révélation; mais après la Révélation, et bien que jusqu'à aujourd'hui il ait révélé plus de cinq cent mille versets sur divers thèmes, on parle cependant contre lui avec des mots tels que la plume refuse de les répéter[7]. L'univers cependant n'a jamais vu ni éprouvé une bonté comparable à celle qui émane aujourd'hui des Paroles divines, comme les pluies d'avril des nuages du Miséricordieux; car les plus grands Prophètes, dont le caractère divin et la gloire brillent comme le soleil, n'ont apporté qu'un seul Livre dont les versets sont connus de tous. Tandis que, de ce nuage de la miséricorde divine, il a été révélé tellement d'ouvrages que nul ne peut les compter. On n'en connaît jusqu'ici qu'une vingtaine de volumes, mais combien y en a-t-il qui ne nous sont pas parvenus, ou qui sont tombés entre les mains des ennemis qui en ont fait ce que personne ne sait ![8]

Dans son ouvrage Sources for Early Bab Doctrine and History, Denis MacEoin décrit un grand nombre des oeuvres du Báb encore disponibles.

Bahaïsme

Le livre saint principale dans la Foi bahá'íe est le Kitáb-i-Aqdas, dont le nom signifie en persan le « livre le plus saint ».

Bahá'u'lláh estime lui-même la production de ses écrits à plus de cent volumes[9], ce qui représente 70 fois le Coran et 15 fois la Bible[10]. Il écrivait parfois de sa main mais le plus souvent dictait à ses secrétaires et contrôlait ensuite les manuscrits qu'il certifiait de son sceau. Il prit de son vivant des dispositions pour l'édition lithographique de certains ouvrages à Bombay, comme le Kitáb-i-Íqán (le Livre de la certitude)[11] ou le Kitáb-i-Aqdas (le Livre le plus saint)[12].

Beaucoup de textes originaux en arabe et en persan n'ont pas encore été traduits mais sont conservés dans les archives du Centre mondial baha'i situé sur le Mont Carmel à Haïfa au nord d'Israël. Quelques textes, dont on connaît l'existence, n'ont cependant pas encore été retrouvés. La (en) Liste de Leiden recense les titres connus, mais est probablement incomplète.

L'oeuvre de Bahá'u'lláh couvre une vaste gamme de thèmes, depuis la poésie mystique comme les Paroles cachées (Kalimát-i-Maknúnih, 1857) ou les Sept vallées (Haft-Vádí, v1858), jusqu'aux textes législatifs comme le Livre le plus saint (Kitáb-i-Aqdas, 1873) et les tablettes révélées après lui dans les 15 dernières années, en passant par l'exégèse théologique dans le Livre de la certitude (Kitáb-i-Íqán, 1861) ou le Merveilleux Livre nouveau (Kitáb-i-Badí', 1867) et les conseils aux rois et dirigeants du monde comme dans son Appel du Seigneur des armées ou sa Proclamation (entre 1867 et 1870).

Les baha'is considèrent tous les écrits du Báb et de Bahá'u'lláh comme divinement révélés sous l'influence de l'Esprit Saint, mais ne reconnaissent aucun récit de témoins équivalent aux évangiles ou à la sunnah. Les baha'is affirment bénéficier d'une grande sécurité par la fiabilité historique de leurs écrits saints et par la désignation claire de « l'autorité d'interprétation » de ces écrits dans la « petite » Alliance de Bahá'u'lláh.

Le mouvement Rastafari

Si certains Rastafari utilisent la KJV comme source principale, la plupart la dédaignent. Beaucoup ont récemment fait de grands efforts pour étudier la version orthodoxe amharique.

Les Rastas affirment souvent que la Bible ne contient que la moitié du Verbe divin, l'autre partie étant écrite dans le cœur de l'humanité. Les enseignements de Marcus Garvey et du Saint Piby font partie des nombreux autres documents importants, ainsi que tous les écrits et discours de l'Empereur Haile Selassie Ier.

Le Millénarisme

Article détaillé : Millénarisme.

Dans l'ensemble des grandes religions abrahamiques, il existe l'attente d'un individu qui annoncera la fin du monde ou la venue du royaume de dieu sur terre. Le Judaïsme attend la venue d'un Messie juif (le concept du Messie juif diffère sur plusieurs points fondamentaux avec le messie chrétien même si le terme est appliqué de la même manière aux deux). Le Messie Juif n'est pas Dieu mais un mortel qui par sa sainteté est digne d'une telle appellation, il ne fera son apparition que lors d'une période de paix et de sainteté. La chrétienté, elle, attend le retour du Christ. L'islam attend également la venue du Christ (de manière à compléter sa vie et mourir car il est dit dans le Coran qu'il a été élevé vivant vers dieu et non crucifié) de même que le Mahdi dans sa première incaranation pour l'islam Sunnite et le retour de Muhammad al-Mahdi pour les Chiites. La branche de l'islam Al Ahmadiya croit elle que le Mahdi et la seconde venue du Christ ont tous les deux étés accomplis dans la personne de Mirza Ghulam Ahmad. Les Rastafari de leur côté attendent la venue de Hailé Sélassié.

Le babisme et le bahaïsme se présentent comme les accomplissements de ces promesses « millénaristes ». Le Bayán[13] du Báb et le Kitáb-i-Íqán de Bahá'u'lláh, que les baha'is considèrent comme l’achèvement du premier, abondent en explications sur la Bible et le Coran. Ils expliquent que leurs prophéties relatives au « Jour de la Résurrection et du Jugement » ne doivent pas être prise au sens littéral mais doivent être comprises métaphoriquement. Elles n’annonceraient pas la destruction de notre monde physique mais le passage entre deux cycles de l’humanité, et le Báb serait la porte ouverte entre l'ancien « cycle prophétique » et le nouveau « cycle de la splendeur » (bahá') de l’accomplissement des promesses prophétiques.

Selon le Báb, le « cycle prophétique » débuta avec Adam[14] 12210 années avant sa venue[15] et s'acheva avec la révélation de Mahomet désigné par le Coran[16] comme le "Sceau des prophètes" (Khátam an-Nabiyyín)[17]. Le Báb annonce dans ses écrits la venue après lui de « Celui que Dieu rendra manifeste », qui doit inaugurer ce cycle de la splendeur destiné à s'étendre sur une période d'au moins 500 000 ans[18] avec la venue dans le futur d'autres « Manifestations » de Dieu successives[19].

Bahá'u'lláh se présente comme le « Messager de Dieu » annoncé pour la « fin des temps » dans les écrits saints du passé et attendu par les zoroastriens, les juifs, les chrétiens, les musulmans et les babis : « Tous les livres divins et toutes les Ecritures ont prédit et annoncé aux hommes l'avènement de la révélation suprême. Personne ne peut dénombrer exactement les versets consignés dans les livres des âges passés lui annoncent cette bonté suprême, ce bienfait des plus puissants »[20]. Il annonce que se lève « le jour qui ne sera plus suivi par la nuit », le jour où l'on voit poindre l'instauration du « Royaume de Dieu » sur terre sous l'influence régénératrice de la Parole divine qu'il est chargé de transmettre. Et pour guider l'humanité dans sa transformation, Bahá'u'lláh édicte un corpus de lois et des directives, que les baha'is considèrent comme le plan directeur de la future civilisation mondiale.

La vie au-delà de la mort

La majorité des religions abrahamiques s'accorde à penser que les êtres en général, et les humains en particulier seraient doués d'un corps, "dépouille mortelle", et d'une âme, qui ne suit pas nécessairement la même voie. L'âme, capable de rester vivante après le trépas, porterait l'essence de la personne qui la véhicule, et c'est elle qui comparaît devant Dieu lorsqu'Il juge des actes de la personne après sa mort. L'importance de ceci, l'intérêt qu'on y porte, la nature de l'âme, son indépendance ou non par rapport au corps, partant sa participation à ses actes sont des sujets nettement moins consensuels entre les religions.

La réincarnation et la transmigration sont nettement moins proéminentes que dans les religions dharmiques. Bien que les religions abrahamiques conçoivent une forme de vie au-delà de la mort, elles tendent à la situer sur un autre plan, et dans d'autres conditions, plutôt qu'un retour (ou des retours) sur ce plan physique (ou un autre) pour répéter nouveau cycle.
Toutefois, la kabbale, système de foi basé sur une tradition d'interprétation ésotérique de la Bible, initialement juif, mais ayant fait des adeptes chez les chrétiens, accepte un concept approchant fortement de la réincarnation, appelé le Guilgoul haneshamot, cycle des âmes. Cette croyance est fort répandue parmi les Juifs hassidiques et ceux des Juifs orthodoxes qui prêtent foi à la Kabbale.

Judaïsme

Article détaillé : Olam Haba.

Il existe plusieurs points de vue dans le judaïsme sur l'au-delà (le Monde à Venir), et ce malgré des traditions assez précises en ce sens dans la Bible hébraïque (voir Naboth et la Sorcière d'Endor), car le judaïsme accorde plus d'importance à la vie en ce monde, et les moyens de la sanctifier envers Dieu, qu'à une future récompense.
Cette attitude, assez développée dans l'Ecclésiaste, est également résumée par cette observation rabbinique qu'au début du Pentateuque, Dieu habille les nus (Adam et Ève), et qu'à la fin, Dieu enterre le mort (Moïse), les Enfants d'Israël le pleurent 40 jours durant, puis continuent à suivre le cours de leurs vies.

L'immortalité de l'âme et la rétribution des actes font l'objet d'un accord général parmi les Juifs (ces croyances, qui distinguaient particulièrement les Pharisiens des Sadducéens, sont communes aux Rabbanites et aux Karaïtes, ce qui prouve que ces derniers ne descendent pas des Sadducéens).
Toutefois, si beaucoup croient que les justes sont promis au Gan Eden (le "Paradis"), le Guehinnom (l'"Enfer") comme lot des méchants et des impies est sujet à controverse et, si c'est le cas, ce n'est pas un lieu de damnation éternelle : rares sont ceux qui y restent plus de douze mois.
La Bible hébraïque, qui n'accorde pas au Guehinnom d'autre statut que lieu de culte idolâtre fortement répugnant (les enfants y sont passés par le feu au milieu d'ordures en combustion), mentionne également le Sheol, la tombe, lot commun des mortels.
Selon la mystique juive, les âmes (ou des étincelles de celles-ci) se réincarnent, au travers du Guilgoul haneshamot cité plus haut.

Des trois grandes religions abrahamiques, le judaïsme est le seul à enseigner que les justes de toutes les nations se retrouvent au ciel, ce qui est l'une des raisons pour lesquelles le judaïsme est peu enclin au prosélytisme[réf. nécessaire].

Islam

L'islam promet un Enfer au sens littéral (le Jahannam) à ceux qui désobéissent à Dieu et commettent de gros péchés. Bien que les pécheurs soient punis par le feu, de nombreuses formes de punition sont décrites, en fonction du crime commis. Il est divisé en de nombreux niveaux, les supplices s'amplifiant vers le bas, réservés aux plus grands fauteurs.

À ceux qui honorent et se soumettent à Dieu est promis le séjour au Paradis (le Jannah).
Selon l'islam, les cieux sont divisés en sept niveaux (d'où le terme de 'septième ciel'), cependant, ils ne sont pas rigoureusement équivalents au Paradis. Celui-ci, tout comme l'enfer, comporte de nombreux degrés, les plus hauts étant réservés aux plus vertueux, aux prophètes, aux martyrs pour la foi, à ceux qui aident les orphelins, à ceux dont les lèvres n'ont jamais proféré de mensonge, etc. (de nombreuses autres catégories sont citées dans le Coran et les hadiths).

Comme dans le judaïsme et le christianisme, de nombreux péchés peuvent être pardonnés par Dieu le Tout-Miséricordieux si le fauteur, l'impie, le mécréant ou autres se repentent. De plus, les pécheurs croyants peuvent n'être punis que pour un temps, avant de gagner le Jannah; il est dit que quiconque avec "un atome de foi" finira par atteindre le Paradis.
Le seul péché au-delà de tout repentir est, selon le Coran, le Shirk (l'association de Dieu par n'importe quel moyen, p.e en Le déclarant égal à quoi que ce soit ou en honorant tout autre que lui);

Bahaïsme

Les bahá'ís ont une vision de la vie après la mort basée sur les textes saint bahá'í révélés :

« Sache en vérité que l’âme, après qu’elle a été séparée du corps, continue de progresser dans un état et dans des conditions que ne sauraient changer ni les révolutions des âges et des siècles, ni les hasards et vicissitudes de ce monde, jusqu’à ce qu’elle ait accédé à la présence de Dieu. Elle durera autant que dureront le royaume de Dieu, sa souveraineté, son empire et sa puissance. Elle manifestera les signes et attributs de Dieu, et révélera sa tendre bonté et sa générosité. [...] La nature de l’âme après la mort ne peut jamais être décrite et il n’est ni opportun, ni permis de révéler son véritable caractère aux yeux des hommes. L’unique mission des prophètes et messagers de Dieu est de guider l’humanité dans le droit chemin de la vérité. L’objet de leur révélation est d’instruire tous les hommes de telle sorte qu’à l’heure de leur mort ils puissent, dans un état de pureté, de sainteté et de parfait détachement, s’élever jusqu’au trône du Très-Haut. » Bahá’u’lláh

« Les récompenses de l’autre monde sont la paix et les grâces spirituelles, les différentes sortes de bienfaits spirituels dans le royaume divin, la réalisation des désirs du cœur et de l’âme, et la rencontre de Dieu dans le monde éternel. De même, les punitions de l’autre monde, c’est-à-dire les tourments de l’autre monde, consistent à être privé des faveurs spéciales de Dieu, des bienfaits incontestables, et à tomber dans les derniers degrés de l’existence. » ‘Abdu’l-Bahá

« La venue au monde spirituel est la seconde naissance. C’est la direction absolue, l’éternelle existence, les qualités suprêmes, l’acquisition des perfections divines et le progrès dans tous les degrés à travers les dons accordés à l’homme. » ‘Abdu’l-Bahá

Références

Notes

  1. lire cet extrait de l'épître de Bahá'u'lláh intitulée Lawḥ-i-Ḥájí Mírzá Kamálu’d-Dín
  2. Le Coran, Les femmes, IV; 125
  3. Sélections des écrits du Báb, p.115, Extrait du Dalál'il-i-Sab'ih (les "Sept preuves")
  4. Florilège d'écrits de Bahá'u'lláh, verset 34.5, p.54
  5. Florilège d'écrits de Bahá'u'lláh, verset 34.8, p.55
  6. Al-Báb : "Bayán Persan", vol.1 p.43
  7. Al-Báb : "Bayán Persan", vol.3 p.113
  8. Bahá'u'lláh : Kitáb-i-Íqán ("Livre de la certitude"), pp.103-104
  9. Bahá'u'lláh : Kitáb-i-Aqdas, introduction, p.1
  10. Numbers and Classifications of Sacred Writings texts par la Maison Universelle de Justice
  11. (en) Christopher Buck, « The Kitab-i-Iqan: An Introduction to Baha'u'llah's Book of Certitude with Two Digital Reprints of Early Lithographs », Occasional Papers in Shaykhi, Babi and Baha'i Studies (Vol. 2, No. 5, June 1998)
  12. Bahá'u'lláh : Kitáb-i-Aqdas, introduction, p.10
  13. Le Bayán persan fut rédigé par le Báb au cours de son emprisonnement dans la forteresse de Máh-kú en 1848. C’est en grande partie une exégèse du Coran, faisant référence au versets coraniques 75/16-19, où il est écrit qu’après la récitation (Qur’án), Dieu se chargera d’en envoyer l’explication (Bayán). Le Báb laissa l’ouvrage volontairement inachevé pour que « Celui que Dieu rendra manifeste » puisse le compléter lors de sa venue.
  14. Selon les écrits baha'is, Adam n'est pas le premier homme et d'innombrables générations humaines vécurent avant lui
  15. Al-Báb : Bayán Persan 3/13
  16. Qur‘án 33/40
  17. Sélection des écrits de Bab, 129/61-62, p.148
  18. Shoghi Effendi, La Dispensation de Bahá'u'lláh, pp.15-16, citant les propos de `Abdu'l-Bahá
  19. Al-Báb : Bayán Persan 7/13
  20. Shoghi effendi, Dieu passe près de nous, chap. 6, p.115-125

Articles connexes

Liens externes

  • Portail des religions et croyances Portail des religions et croyances
Ce document provient de « Religion abrahamique ».

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Dieu juif de Wikipédia en français (auteurs)

Игры ⚽ Нужна курсовая?

Regardez d'autres dictionnaires:

  • Juif Et Dieu — est une chanson écrite et interprétée par Serge Gainsbourg sur l album Mauvaises Nouvelles des étoiles, sorti en 1981. Gainsbourg y présente des arguments qui tendent à prouver que Dieu est juif. Dans le premier couplet, il déclare que Jésus de… …   Wikipédia en Français

  • Juif et dieu — est une chanson écrite et interprétée par Serge Gainsbourg sur l album Mauvaises Nouvelles des étoiles, sorti en 1981. Gainsbourg y présente des arguments qui tendent à prouver que Dieu est juif. Dans le premier couplet, il déclare que Jésus de… …   Wikipédia en Français

  • juif — juif, ive (juif, jui v ) s. m. et f. 1°   Celui, celle qui appartient au peuple hébreu, au peuple qui habita jadis la Palestine. Un Juif, une Juive (avec une majuscule). •   Les Juifs charnels tiennent le milieu entre les chrétiens et les païens …   Dictionnaire de la Langue Française d'Émile Littré

  • juif — juif, juive [ ʒɥif, ʒɥiv ] n. et adj. • judeu v. 980; juieu v. 1220, fém. juieue, juive, d où le masc. juif; lat. judæum, gr. ioudaios « de Juda », de l hébr. Yehudi, de Yehuda « Juda » 1 ♦ Nom donné depuis l Exil (IVe s. av. J. C.) aux… …   Encyclopédie Universelle

  • Juif et Dieu — est une chanson écrite et interprétée par Serge Gainsbourg sur l album Mauvaises Nouvelles des étoiles, sorti en 1981. Gainsbourg y présente des arguments qui tendent à prouver que Dieu est Juif. Dans le premier couplet, il déclare que Jésus de… …   Wikipédia en Français

  • DIEU — LE TERME «Dieu» (au singulier et avec une majuscule) renvoie dans notre culture pénétrée de christianisme à l’affirmation monothéiste de l’Ancien et du Nouveau Testament (la Bible juive, plus les premiers écrits chrétiens que les Églises tiennent …   Encyclopédie Universelle

  • DIEU - L’affirmation de Dieu — Le mot «Dieu» désigne la réalité mystérieuse que les hommes cherchent à tâtons depuis les origines. L’histoire des religions peut permettre de repérer les conditions concrètes qui ont favorisé cette fonction théogénique dont l’origine renvoie à… …   Encyclopédie Universelle

  • DIEU — DIEU, DIEUX. SECTION PREMIÈRE.     On ne peut trop avertir que ce Dictionnaire n est point fait pour répéter ce que tant d autres ont dit.     La connaissance d un Dieu n est point empreinte en nous par les mains de la nature; car tous les hommes …   Dictionnaire philosophique de Voltaire

  • Juif Assimilé — Les Juifs et le judaïsme Généralités Qui est Juif ? · Terminologie · Conversion Judaïsme : Principes de foi Noms de Dieu dans le judaïsme Tanakh (Bible hébraïque) : Torah · …   Wikipédia en Français

  • Juif assimile — Juif assimilé Les Juifs et le judaïsme Généralités Qui est Juif ? · Terminologie · Conversion Judaïsme : Principes de foi Noms de Dieu dans le judaïsme Tanakh (Bible hébraïque) : Torah · …   Wikipédia en Français

Share the article and excerpts

Direct link
Do a right-click on the link above
and select “Copy Link”