- Fatiha
-
La Fatiha (arabe : الفاتحة) est la sourate d'ouverture du Coran, le livre sacré des musulmans. Elle met l'accent sur la souveraineté et la miséricorde d'Allah.
La Fatiha est dans le premier hizb et donc dans le premier juz', qui sont des divisions du coran. Elle peut être traduite par « l'entrée », « le prologue » ou encore « l'ouverture ». Mahomet la nomme « la mère du Coran » (Oumm-ul-Kitab) ; la tradition veut que ce soit la première sourate complète qui lui ait été révélée[1]. Elle est aussi appelée fātiḥat al-kitāb ou fātiḥat al-Qurʾān. Il y a environ 25 autres noms épithètes de cette sourate.
La tradition veut que les musulmans sachent au moins une sourate par cœur. Comme la Fatiha est courte et indispensable pour la prière, elle est en général apprise dès l'enfance dans les médersas ou est simplement enseignée par les parents. Elle est récitée au début de chaque unité (rakat) de prière (salat), auquel cas le terme amin (amen) y est ajouté en conclusion. Cette sourate est la seule du Coran où la formule « Bi ismi Allâhi Ar-Raḥmâni Ar-Raḥîmi » (« Au nom de Dieu, le Tout miséricordieux, le Très Miséricordieux ») constitue un verset, et non seulement un en-tête à la sourate[2]. Ce premier verset est en ouverture de toutes les autres sourates du Coran, sauf la 9e, At Tawba (le désaveu). Il est répété deux fois dans la 27e, Les fourmis.
Ce premier verset de la sourate est aussi utilisé par les musulmans en de multiples occasions de la vie courante, en particulier avant d'entreprendre une action favorable, comme manger par exemple. Il peut se réduire à cette occasion à « Bismillâh », forme contractée de « Bî ʾismi (A)llâh ». Il est l'invocation de Dieu, du nom de Dieu. La sourate elle-même est presque toujours récitée lors de la cérémonie du mariage musulman. De nombreuses pierres tombales musulmanes portent des inscriptions demandant au visiteur de réciter la Fatiha pour l'âme de la personne décédée[3].
Fatiha est aussi un prénom arabe féminin.
Sommaire
Versets de la sourate et traduction
Texte en arabe Translittération - بسم الله الرحمن الرحيم
- الحمد لله رب العالمين
- الرحمن الرحيم
- ملك يوم الدين
- اياك نعبد واياك نستعين
- اهدنا الصراط المستقيم
- صراط الذين انعمت عليهم غير المغضوب عليهم ولا الضالين
- Bismi Allāhi Ar-Raĥmāni-r-Raĥīm
- Al-Ĥamdu Lillāhi Rabbi-l-`Ālamīn
- Ar-Raĥmāni-r-Raĥīm
- Māliki Yawmi-d-Dīn
- 'Īyāka Na`budu Wa 'Īyāka Nasta`īn
- Ihdinā-ş-Şirāţa-l-Mustaqīm
- Şirāţ-Al-Ladhīna 'An`amta `Alayhim Ghayri-l-Maghđūbi `Alayhim Wa Lā-đ-Đāllīn
Une des traductions en français - Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux .
- Louange à Dieu, Seigneur de l'univers.
- Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
- Maître du Jour du Jugement dernier.
- C'est Toi [Seul] que nous adorons, et c'est Toi [Seul] dont nous implorons secours.
- Guide-nous dans le droit chemin,
- Le Chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, pas celui de ceux qui ont encouru Ta colère, ni celui des égarés.
Le « nous », première personne du pluriel par opposition au « je », indique que le fidèle prie au nom de tous et pas seulement en son seul nom[2].
Historique de sa révélation
La tradition scolastique islamique s'est interrogée sur où et quand les versets et les sourates du Coran ont été révélés à Mahomet, notamment si tel verset fut révélé à la Mecque ou à Médine. Selon Ibn Abbas et d'autres savants, la sourate Al Fatiha est une sourate mecquoise, mais selon d'autres, c'est une sourate médinoise. D'autres encore, comme Mudschahid ibn Dschabr, sont d'avis que la première partie de la sourate est apparue à la Mecque et le seconde à Médine. La première hypothèse est largement admise, bien que certains croyants pensent qu'elle a été révélée pour partie à la Mecque et pour partie à Médine. L'exégèse coranique confirme la grande importance de cette courte sourate : le commentateur du Coran andalou al-Qurtubi[4] (mort en 1272) lui consacre 67 pages dans son exégèse[5].
Les islamologues occidentaux se sont aussi intéressés à la question par la suite. Il est difficile de répondre quant à l'âge de la Fatiha, car l'apport spécifiquement islamique est ici difficile à établir. En effet, cette prière aurait pu se trouver dans les livres de prière juifs ou chrétiens[6]. Cependant, il n'y a pas de doute que la sourate était déjà apparue à la Mecque et appartenait au rituel de prière des premiers musulmans.
Place dans la prière musulmane
Après s'être orienté vers la Mecque (la gibla) l'orant dit « Allahu akbar » (« Allah est plus grand (que tous les autres) »), et commence debout la récitation de la Fatiha en langue arabe, en louant Allah et en exprimant son désir de chercher refuge auprès d'Allah contre le diable.
Il continue avec de nouveaux versets du Coran qu'il a lui-même choisis (souvent une sourate comme Al Ichlas), puis il se prosterne (le front doit toucher le sol) et termine la prière par la salutation islamique, as-salāmu ʿalaikum, adressée, selon la foi musulmane, aux deux anges assis à sa droite et à sa gauche. Auparavant il aura pu, le cas échéant, exprimer une prière de demande (dua) dans sa langue maternelle.
En raison d'un hadith[7] qui affirme que « la prière de quiconque ne récite pas la sourate Al Fatiha est invalide », de nombreux savants musulmans insistent sur l'importance de cette sourate dans leurs commentaires. En pratique, cela signifie que les musulmans qui font leurs prières quotidiennes selon les règles traditionnelles récitent cette sourate au moins 32 fois par jour.
Commentaire de la sourate
Le premier verset, dont la translittération est bismillāhir rahmānir rahīm, peut être familier à l'oreille d'un non arabe ou d'un non musulman car il est omniprésent dans les sociétés musulmanes, notamment sous sa forme contractée « Bismillâh » . Ce verset apparaît au début de chaque sourate du Coran, excepté la neuvième (At Tawba, le désaveu). Il est un verset uniquement dans la Fatiha[2]. Il est normalement dit avant de réciter une sourate ou une partie de sourate pendant la prière quotidienne, ainsi qu'avant les proclamations publiques et parfois même avant de nombreuses activités personnelles quotidiennes dans de nombreuses sociétés musulmanes. C'est un moyen d'invoquer la bénédiction d'Allah et de proclamer sa motivation avant une entreprise.
Les deux mots ar rahmān et ar rahīm sont souvent traduits par miséricordieux en français. Par exemple « le tout miséricordieux, le très miséricordieux »[8]. Ce sont deux formes linguistiques différentes de la racine triconsonontale "R-H-M" qui signifie miséricorde (Voir l'article langues sémitiques). Le mot rahmaan indique l'importance alors que rahīm évoque la permanence temporelle.
Le deuxième verset "الحمد الله" se situe parmi les phrases les plus populaires du monde arabe. Il est exprimé pour signifier qu'on se sent bien, qu'on est heureux, et même pour exprimer la consolation après une épreuve. Ce verset est aussi significatif en ce qu'il inclut une relation entre le nom d'Allah le plus commun "الله" et "رب", qui peut être traduit par « Seigneur ». Le second terme partage la même racine que l'hébreu "rabbi". Dans certains exemplaires du Coran, les deux mots apparaissent en rouge à chaque occurrence.
Statistiques
Cette sourate contient 7 versets, 29 mots et 139 lettres (ou 25 et 120, si l'on ne compte pas le premier verset). Pourtant, Ibn Kathir dit « les savants affirment que Al Fatiha consiste en 25 mots, et contient 113 lettres. » Cela est dû à une différence dans la méthode dans le décompte des lettres. Cela tient aussi au fait que comme le Coran est surtout issu d'une transmission orale plutôt qu'écrite, et il y a des méthodes légèrement différentes pour épeler les lettres. On pourrait faire une analogie avec l'anglais britannique et l'anglais américain (centre ou center).
Notes et références
- L'ordre fixé du Coran n'est pas l'ordre chronologique de la révélation coranique. C'est pourquoi cette affirmation n'a pas de caractère évident.
- Roger Caratini et Hocine Raïs, Initiation à l'Islam : La foi et la pratique, Presse du Châtelet, 2003, 203 p. (ISBN 2-84592-076-8), partie II, chap. 1 (« Les cinq piliers de l'Islam »), p. 126
- The Encyclopaedia of Islam. New Edition. Brill, Leiden. vol. 2, p. 841. (en)
- The Encyclopaedia of Islam. New Edition. Brill, Leiden, vol. 5, p. 512 (en) à son sujet :
- imprimé à Beyrouth 2006. vol. 1, p.166-233
- (all) Theodor Nöldeke: Geschichte des Korans, vol. 1, p. 110
- Résumé du Sahih Al-Boukhari, Daroussalam, 1999, p.249
- http://www.coranweb.com/ Traduction du site français Coranweb
Wikimedia Foundation. 2010.