Babisme

Babisme
Mausolée du Báb sur le Mont Carmel (Haïfa, Israël)

Le babisme ou la foi babie (persan : بابی ها = Bábí há) est un mouvement religieux réformateur et millénariste fondé en Iran le 23 mai 1844 (5 Jamádíyu’l-Avval 1260 ap.H.), par un jeune commerçant de la ville de Chiraz, nommé Siyyid ‘Alí Muḥammad Shírází (1819-1850) et surnommé le Báb (arabe : "باب" = "la Porte").

Ce mouvement messianique fut la cause d’un grand bouleversement dans la société persane du XIXe siècle. Le babisme se répandit rapidement à travers la Perse, touchant toutes les couches de la population, du plus humble paysan au plus éminent lettré. Le clergé chiite associé au gouvernement persan réagit par une persécution féroce en martyrisant des dizaines de milliers de Babis. Il ne reste plus actuellement que quelques dizaines de milliers de disciples du Báb, qui s'appellent eux-mêmes le Peuple du Bayán et sont nommés Bábí/ Bayání / Azalí. Situés principalement en Iran et en Ouzbékistan, il est impossible de donner de chiffre exact, car ils continuent de pratiquer la dissimulation (taqīya) et vivent sans se différencier des Musulmans qui les entourent[1].

Sommaire

Environnement social

La dynastie Qájár, fondée en 1794, venait de réussir à restaurer l'unité nationale et s'apprêtait à entamer des réformes pour moderniser le pays sous la pression de la Russie au nord et de la Grande-Bretagne à l'est, qui s'opposaient dans le Grand Jeu géostratégique pour la domination de la région. Avec l'arrivée au pouvoir des Qajars, les commerçants du bazar (bazarí) et les dignitaires religieux (oulémas) chiites acquirent influence et pouvoir au sein d'une société restée féodale et soumise au clientélisme, au népotisme et à la corruption.

Le milieu du XIXe siècle fut une période d'intenses espoirs de voir se réaliser une ère messianique, aussi bien parmi les chrétiens (comme avec les adventistes) que les musulmans (comme avec le shaykhisme).

Ceux-ci attendent selon leurs traditions la venue, avant le "Jour de la Résurrection et du Jugement", d'une sorte de "messie" appelé Al-Mihdí (en arabe : المَهْديّ, ce qui signifie "le bien guidé") par les sunnites et Al-Qá'im (en arabe : القائم, ce qui signifie "celui qui se lèvera" ou le "résurrecteur") par les chiites, qui l'identifient avec le retour de "l'imam caché". Le Coran ne parle pas de cet homme, mais de multiples traditions rapportent les paroles de Mahomet (v570-632) le décrivent, comme celle-ci : "Dieu fera ressortir de la cachette Al Mihdí de ma famille et juste avant le Jour du Jugement ; même si un jour restait dans la durée du monde et il répandra sur terre justice et égalité, et éradiquera la tyrannie et l’oppression."[2].

Shaykh Aḥmad-i-Aḥsá'í (1753-1826) était un théologien chiite originaire de Bahrein, qui fonda au XVIIIe siècle en Perse et en Iraq une école religieuse, dont les membres étaient appelés Shaykhí et attendaient fermement la réapparition prochaine du Qá'im. Après son décès, c'est son disciple Siyyid Káẓim-i-Rashtí (1793-1843), qui prit la direction de l'école et promit à ses disciples que l'apparition du Qá'im était imminente. Il ne désigna pas de successeur et juste avant de mourir il leur ordonna de se mettre à la recherche du "Promis" à travers toute la Perse. C'est ainsi que Mullá Ḥusayn-i-Bushru'í (1813-1849) se mit en route après 40 jours de prière et de jeûne et rencontra finalement à Chiraz le Báb, dont il devint le premier disciple[3].

Enseignements du Báb

Da'ira babi contenant des annotations de la main du Báb

Malgré sa jeunesse et la brièveté de sa vie missionnaire, le Báb révéla l'équivalent de 500 000 versets, dont la plus grande partie a été perdue.

"Voici qu'environ cent mille lignes semblables à ces versets se sont répandus parmi les hommes, sans compter les prières invocatrices et les questions concernant la science et la philosophie[4]. Considère encore le sujet du "Point du Bayán" (le Báb). Ceux qui le connaissent savent quel est son rang avant la Révélation; mais après la Révélation, et bien que jusqu'à aujourd'hui il ait révélé plus de cinq cent mille versets sur divers thèmes, on parle cependant contre lui avec des mots tels que la plume refuse de les répéter[5]. L'univers cependant n'a jamais vu ni éprouvé une bonté comparable à celle qui émane aujourd'hui des Paroles divines, comme les pluies d'avril des nuages du Miséricordieux; car les plus grands Prophètes, dont le caractère divin et la gloire brillent comme le Soleil, n'ont apporté qu'un seul Livre dont les versets sont connus de tous. Tandis que, de ce nuage de la miséricorde divine, il a été révélé tellement d'ouvrages que nul ne peut les compter. On n'en connaît jusqu'ici qu'une vingtaine de volumes, mais combien y en a-t-il qui ne nous sont pas parvenus, ou qui sont tombés entre les mains des ennemis qui en ont fait ce que personne ne sait !"[6]

Epître de la main du Báb sous forme d'étoile Haykal

Dans son ouvrage intitulé "Sources for Early Bab Doctrine and History", Denis MacEoin décrit un grand nombre des œuvres du Báb encore disponibles, dont voici une liste incomplète classée approximativement par ordre chronologique :

  • à Shíráz avant le pèlerinage : Qayyúmu’l-Asmá’ (commentaire sur la douzième sourate coranique), Ṣaḥífiy-i-Makhdhúmíyyih (ensemble de prières) et les Épîtres au roi de Perse Muḥammad Sháh, au sultan `Abdu'l-Majíd et au gouverneur de Baghdád.
  • lors de son pèlerinage à La Mecque et Médine : Khaṣá'il-i-Sab'ih, Kitábú'r-Rúḥ (le "Livre de l'Esprit"), Ṣaḥífiy-i-Baynu'l-Ḥarámayn ("Traité entre les deux sanctuaires") et Kitáb-i-Fihrist (le "Livre du catalogue").
  • à Shíráz après le pèlerinage : Ṣaḥífiy-i-Ja’faríyyih, Khasá'il-i-Sab`ih (les Sept Attributs), Risáliy-i-Furú-i-'Adlíyyih ("l'épître sur les détails de la justice") et Tafsír-i-Súrih-i-Kawthar (commentaire sur la 108e sourate coranique).
  • durant son séjour à Ispahan : Tafsír-i-Nubuvvat-i-Kháṣṣih (commentaire sur la mission spécifique de Mahomet) et Tafsír-i-Súrih-i-Va'l-'Aṣr (commentaire sur la 103e sourate coranique).
  • durant son emprisonnement à Máh-Kú : les seconde et troisième épîtres à Muḥammad Sháh, l'épître aux `ulamá de Qazvín et au vizir Ḥájí Mírzá Áqásí, le Bayán persan (son oeuvre maîtresse), Dalá’il-i-Sab’ih (les "Sept preuves") et 9 commentaires sur le Coran (tous perdus).
  • durant son emprisonnement à Chihríq : Kitáb-i-Asmá’ (le "Livre des Noms"), Kitáb-i-Panj-Sha’n (le "Livre des Cinq Rangs"), le Bayán arabe, une épître à Ḥájí Mírzá Áqásí et Lawḥ-i-Ḥurúfát (l'épître des lettres).
  • date imprécise : Zíyárat-i-Sháh-‘Abdu’l-‘Aẓím, Ṣaḥífiy-i-Radavíyyih, Risáliy-i-Fiqhíyyih, Risáliy-i-Dhahabíyyih et Súriy-i-Tawḥíd (la "Sourate de l'Unité").

le "Promis" de l'islam

Le Báb déclara en plusieurs occasions qu'il était le "Promis" attendu par les musulmans à la "fin des temps" (Al-Mihdí ou Al-Qá'im, le "retour de l'imam caché") :

  • Lors de sa déclaration à Mullá Ḥusayn-i-Bushru'í dans sa demeure de Shíráz le 23 mai 1844
  • Au chérif de La Mecque lors de son pèlerinage aux lieux saints de l'islam durant l'hiver 1844-1845.
  • Dans ses écrits.
  • Au cours de son procès à Tabríz en juillet 1848.

Le premier titre que prit `Alí-Muḥammad-i-Shírází fut celui de Al-Báb, ce qui signifie "la porte" en arabe. Ce titre fut la cause d'une méprise de la part des chiites sur ses prétentions. Comme les quatre messagers, qui servirent de lien entre les croyants et "l'imam caché" durant la "petite occultation" (Ghaybatu'ṣ-Ṣughrá, 874-940), portaient le titre de Báb et que selon un hadith[7]Mahomet aurait dit qu'il était "la cité du savoir dont `Alí était est la porte", ils considérèrent le Báb comme un intermédiaire entre eux et "l'imam caché", dont ils attendaient le retour. C'est pour cela qu'ils accueillirent favorablement comme une rétractation ces paroles prononcées par le Báb lors de son interrogatoire à Shíráz en 1845 :

Le Báb, regardant l'assemblée, déclara: "Que la malédiction de Dieu soit sur celui qui me considère comme le représentant de l'imam ou comme l'intermédiaire entre celui-ci et les fidèles. Que la malédiction de Dieu soit aussi sur celui qui m'accuse d'avoir nié l'unité de Dieu et dénoncé le rang de Mahomet en tant que prophète, sceau des prophètes, d'avoir rejeté la vérité d'un quelconque messager du passé, ou d'avoir refusé de reconnaître le gardiennat d'`Alí, le commandeur de la foi ou de tout imám qui lui a succédé." Il monta alors sur la marche supérieure du mihráb, embrassa l'imám-jum'ih puis redescendit et alla rejoindre les fidèles pour accomplir la prière du vendredi.[8]

En fait ce qu'il affirma, ce n'était pas qu'il était la "porte" du Qá'im mais ce "Promis" lui-même, la "Porte de Dieu" (باب الله Báb'u'lláh)[9] ! Voici la déclaration qu'il fit lors de son procès à Tabríz en 1848 :

A son arrivée, le Báb vit que tous les sièges étaient occupés dans la salle, sauf celui qui était destiné au valí-'ahd. Il salua l'assemblée et, sans la moindre hésitation, alla occuper cette place vacante. La majesté de son allure, l'expression de confiance qui se lisait sur son front et, surtout, l'esprit de puissance que rayonnait tout son être semblèrent avoir, pendant un moment, étouffé l'âme de ceux qu'il avait salués. Un silence profond et mystérieux les envahit soudain. Pas une seule âme, parmi cette éminente assemblée n'osa souffler mot. Finalement, le silence qui les avait saisis fut rompu par le nizámu'l-'ulamâ'. "Pour qui vous prenez-vous ?" demanda-t-il au Báb, "et quel est le message que vous avez apporté?" "Je suis", s'exclama trois fois le Báb, "je suis, je suis le Promis! Je suis celui dont vous avez invoqué le nom pendant un millier d'années, celui à la mention de qui vous vous êtes levés, celui dont vous avez désiré l'avènement et celui, enfin, dont vous avez demandé à Dieu de hâter l'heure de la révélation. En vérité je le dis, il incombe aux peuples de l'Orient comme à ceux de l'Occident d'obéir à ma parole et de prêter serment d'allégeance à ma personne."[10]

Il revendiqua également le même rang que celui de Mahomet par des titres comme le "Premier Point" (Nuqṭiy-i-Ulà)[11], car c'est de ce "point" que proviennent toutes les lettres du Livre et tout ce qui est créé. Jésus est pour les chrétiens le "Verbe fait chair" et Mahomet est pour les musulmans un "Coran qui marche" ... pour ses disciples, le Báb est aussi la manifestation de la parole divine, le "Point du Bayán" (Nuqṭiy-i-Bayán), celui d'un livre saint pour notre époque, et ses premiers disciples sont les "Lettres du Vivant" (حروف الحي Ḥurúfu'l-Ḥayy). Il se considère comme une "Manifestation de Dieu" (en persan Maẓhar-i-iláhí, le lieu de la manifestation des qualités divines, dans un "temple humain") et les Babis le désignaient aussi par les titres Ḥazrat-i-A'lá ("présence suprême"), Jamál-I-Mubárak ("beauté bénie"), Ḥaqq Ta'álá ("vérité tout-puissante"), Ṣáḥibu'z-Zamán ("seigneur de l'ère"), Dhikr'u'lláh ("souvenir de Dieu") et Qurrat'ul `Ayn ("consolation des yeux").

le "Jour du Jugement"

L'œuvre de Báb abonde en commentaires et en explications sur les écrits religieux islamiques, comme dans son premier ouvrage intitulé Qayyúmu'l-Asmá', qui est un commentaire de la sourate de Joseph révélé en 1844, ou dans son Bayán révélé en 1847-1848, qui est une "explication" du Coran[12].

Le Báb enseigne que les notions de "résurrection", de "jour du jugement", de "paradis" et d'"enfer", utilisées dans les prophéties chiites sur la "fin des temps", doivent être comprises de manière métaphorique :

  • la "résurrection" signifie l'apparition d'une nouvelle "Manifestation de Dieu" apportant une nouvelle révélation redonnant vie à une humanité morte spirituellement[13]. Et bien que le "jour de la résurrection" soit le plus grand de tous les jours, il semble un jour comme les autres pour les négligents[14].
  • la "résurrection des morts" signifie la renaissance spirituelle sous l'influence de la révélation divine de ceux, qui sont spirituellement comme des morts par leur ignorance, leur négligence ou leur rébellion[15].
  • le "jour du jugement" signifie les conséquences de l'acceptation ou de rejet de la nouvelle "Manifestation" et de la nouvelle "Révélation" de Dieu[16].
  • le "paradis", c'est de reconnaître Dieu à travers la "manifestation" de ses qualités dans un "temple humain" et d'observer ses commandements par amour de Lui. L'"enfer" est la domination de la part animale de l'homme sur sa part spirituelle, ce qui le prive des bénédictions divines. Paradis et enfer ne sont pas des lieux physiques, mais des états de l'âme, que l'on déjà peut expérimenter au cours de la vie terrestre[17].

Le Báb écrit dans son Bayán persan qu'Adam n'était pas le premier homme et que d'innombrables générations humaines vécurent avant lui. Adam est selon lui le premier prophète d'un cycle de l'humanité, le "cycle prophétique", qui a commencé 12210 années avant la venue du Báb[18] et s'est achevé avec la révélation de Mahomet désigné par le Coran[19] comme le "Sceau des prophètes" (Khátam an-Nabiyyín)[20].

Comme l'indique en arabe son nom "باب" (b-a-b = porte), le Báb déclara être la "porte", la charnière ou "l'intermonde" (barzakh), entre deux cycles spirituels de l'humanité : le "cycle prophétique" avant lui et après lui le "cycle de la splendeur" (bahá') de l'accomplissement des prophéties, qui commence avec "Celui que Dieu rendra manifeste" et se poursuivra dans le futur avec d'autres "Manifestations" de Dieu successives[21]. Quand le Báb envoya ses disciples à travers la Perse pour annoncer son message de la "Bonne Nouvelle" de l'aube d'une nouvelle ère, il s'adressa ainsi à eux dans son "épître aux Lettres du Vivant" :

Je vous prépare pour la venue d'un grand Jour. Déployez tous vos efforts afin que dans le monde à venir, moi qui vous instruis aujourd'hui, je puisse, devant le trône de miséricorde divine, me réjouir de vos actes et me glorifier de vos exploits. Nul ne connaît encore le secret du Jour qui doit venir. Il ne peut être divulgué et nul ne peut s'en faire une idée. L'enfant nouveau-né de ce Jour sera plus avancé que les hommes les plus sages et les plus vénérables de notre temps. Le plus humble, le plus ignorant de cette époque-là surpassera en connaissances les théologiens les plus érudits et les plus accomplis de nos jours. Dispersez-vous en tous sens à travers ce pays et, d'un pied ferme, d'un cœur sanctifié, préparez la voie pour Sa venue. Ne contemplez pas votre faiblesse et votre fragilité ! Fixez votre regard sur le pouvoir invincible du Seigneur, votre Dieu tout puissant ![22]

Lois du Báb abrogeant la charia

Le Babisme se sépara clairement de l'Islam après la Conférence de Badasht du 26 juin 1848 au 17 juillet 1848. À partir de ce moment, le Bayán remplaça le Coran pour les babis et sa loi abrogea celle de la charia[23].

Parmi les nouvelles lois se trouvent le changement de la Qiblih (la direction vers laquelle les croyants doivent se tourner pour accomplir le rite de la prière) de la Ka'bih de La Mecque à la maison du Báb à Shíráz et l'abandon du calendrier islamique lunaire au profit d'un nouveau calendrier solaire appelé calendrier Badí‘. Celui-ci consiste en 19 mois de 19 jours (361) portant des "noms de Dieu", auxquels on ajoute 4 ou 5 jours intercalaires pour le faire coïncider avec le cycle solaire de 365.25 jours, dont le premier jour est Naw-Rúz et dont le dernier mois est consacré au jeûne.

Le Báb révéla aussi un ensemble de rites et de lois, souvent non complètement mis en pratique[24], et parmi lesquels on trouve :

  • ne porter d'armes qu'en cas de nécessité.
  • s'assoir sur des chaises.
  • faire attention à la propreté physique, comme les Chrétiens.
  • ne pas faire preuve de cruauté envers les animaux.
  • ne pas battre sévèrement les enfants.
  • imprimer des livres, et principalement les écrits saints.
  • ne pas étudier les "sciences", qui ne commencent et ne finissent que par des mots

Ces lois semblent modernes et tolérantes mais il existent aussi d'autres lois, qui frappent par leur sévérité envers ceux qui ne sont pas babis :

  • interdiction pour les non-Babis de vivre dans 5 provinces centrales de la Perse.
  • destruction des lieux saints des religions antérieures.
  • autodafé de tous les livres non-Babis.
  • interdiction aux non-Babis de se marier avec des Babis, et même de s'assoir en leur compagnie.
  • confiscation possible des bien des non-Babis.

D'autres rites concernent le pèlerinage, le jeûne, les funérailles, l'usage des bagues et des parfums. Denis MacEoin écrit que cette législation n'est pas destinée à être appliquée "à la lettre", mais que le Báb, visait principalement à préparer les gens à la venue de "Celui que Dieu rendra manifeste", en rénovant et revivifiant la société persane par des actes symboliques forts abolissant la loi islamique traditionnelle[25].

"Celui que Dieu rendra manifeste"

épître de la main-même du Báb à "Celui que Dieu rendra manifeste"

Le Báb annonce dans ses écrits la venue après lui de "Celui que Dieu rendra manifeste" (Man yuẓhiruhu'lláh, en arabe : من یظهر الله et en persan : مظهر کلّیه الهی ). Ce sera un être si glorieux, que le Báb lui-même affirme ne pas pouvoir décrire convenablement ses qualités : "De tous les hommages que j'ai rendus à celui qui doit venir après moi, en voici le plus grand: mon aveu écrit qu'aucune de mes paroles ne peut le décrire adéquatement, et qu'aucune référence à lui dans mon livre, le Bayán, ne peut rendre justice à sa cause."

Le Livre saint et les lois révélés par le Báb seront alors remplacés par le Livre saint et les lois révélées par "Celui que Dieu rendra manifeste" au second "Jour de la Résurrection"[26].

Dans ses écrits, le Báb fait allusion à l'importance des "neuvième" (1269 ap.H.) et "dix-neuvième" (1279 ap.H.) années après la naissance du babisme en 1844 (1260 ap.H.), ainsi qu'aux limites temporelles indiquées sous le nom de Ghiyáth ( غیاث ) et Mustagháth ( مستغاث ), dont la valeur selon la numération Abjad sont respectivement de 1511 et de 2001[27].

"Dans l'année neuf", a-t-Il [le Báb] écrit de manière explicite, faisant allusion à la date de l'avènement de la Révélation promise, "vous atteindrez au bien suprême". "Dans l'année neuf, vous arriverez à la présence de Dieu." Et plus loin : "Après Ḥín (dont la valeur numérique est 68), une Cause vous sera révélée que vous serez amenés à connaître." Il a déclaré plus particulièrement : "Ce n'est qu'après l'expiration de neuf années après la naissance de cette Cause que les réalités des choses créées seront rendues manifestes. Tout ce que tu as vu jusqu'ici n'est que la phase qui commence avec le germe humide et continue jusqu'à ce que Nous l'ayons revêtu de chair. Sois patient jusqu'à ce que tu contemples une nouvelle création. Dis : Que Dieu, le Créateur parfait par excellence, en soit béni." "Attends", déclare-t-il à ‘Aẓím, "jusqu'à l'expiration de neuf années après la Révélation du Bayán. Puis proclame : Pour cela, béni soit Dieu, le Créateur parfait entre tous." Faisant allusion, dans un passage remarquable à l'an dix-neuf, Il a donné cet avertissement : "Soyez vigilants depuis la naissance de la Révélation jusqu'au nombre de Vàhid (19) et au commencement de l'année quatre-vingts (1280 après l'Hégire)." "S'Il devait apparaître en cet instant même", a-t-Il affirmé dans son ardeur à assurer que l'imminence de la Révélation promise ne devait pas écarter les hommes du Promis, "je serais le premier à l'adorer et à me prosterner devant Lui."[28]

Testament du Báb

Transcription de la main de Ṣubḥ-i-Azal du document le nommant successeur du Báb.

En 1849, quelque temps après le martyre de Quddús, le Báb écrivit une tablette intitulée Lawḥ-i-Vasaya, qui est considérée comme son testament. Dans cette lettre, il nommait son disciple Mírzá Yaḥyá Núrí Ṣubḥ-i-Azal ("Aurore de l'Eternité") en tant que son successeur et chef de la communauté babie après sa mort, avec pour consignes[29]

  • d'assurer sa propre sécurité et celle de ses écrits, ainsi que de ce qui est révélé dans le Bayán.
  • communiquer avec les Babis et demander conseils des témoins, ainsi que de Áqá Siyyid Ḥusayn Yazdí.
  • rassembler, sceller, si besoin compléter les écrits saints de Báb pour les distribuer parmi les babis et les faire connaître parmi l'humanité.
  • inviter les hommes à embrasser la révélation du Báb.
  • décider quand sera venu le triomphe et désigner son successeur.
  • reconnaître "Celui que Dieu rendra manifeste" quand il viendra et inviter les hommes à en faire autant[30].

 

Chronologie de la dispensation du Báb

Muḥammad Sháh Qájár
Náṣiri'd-Dín-Sháh Qájár

1844 (1260 ap.H.) est l'année où le Báb déclara qu'il était le "Promis" de l'islam, dans la nuit du 22 au 23 mai à Mullá Ḥusayn-i-Bushru'í, qui devint son premier disciple et qu'il nomma la première des "Lettres du Vivant" ainsi que "la porte de la Porte" (Bábu'l-Báb)[31]. Après avoir été reconnu par les 18 "Lettres du Vivant", il envoya annoncer son message à travers la Perse, alors qu'il se rendit en pèlerinage à La Mecque avec Mullá Muḥammad ‘Alí-i-Bárfurúsh (1820-1849, surnommé Quddús, pour y déclarer solennellement sa mission. Le voyage et l'accueil qu'il y reçut lui laissèrent des souvenirs amers, mais il put écrire une lettre au chérif de La Mecque et recevoir l'allégeance de disciples à la Ka'bih[32].

1845 vit le retour du Báb en Perse et les premières persécutions. Le Báb dut renoncer à se rendre à la ville sainte de Karbilá et on l'arrêta pour le forcer à renier ses prétentions[33].

En 1846, le Báb réussit à quitter Shíráz pour trouver refuge en mars à Iṣfáhán, où le gouverneur de la ville Manúchihr Khán le protégea jusqu'à sa mort en 1847[34].

En 1847, le Báb demanda à être reçu en audience par le roi de Perse Muḥammad Sháh Qájár (1810-1848) dans la capitale de Téhéran (Ṭihrán), mais juste avant d'y parvenir il fut emprisonné en Azerbaïdjan dans la citadelle montagnarde de Máh-Kú, où il rédigea son Bayán persan[35].

Le 10 avril 1848, il fut transféré à la forteresse de Chihríq sur l'ordre du grand vizir Ḥájí Mírzá Áqásí, afin de contrecarrer l'influence grandissante du Báb[36]. Du 26 juin au 17 juillet les babis tinrent la conférence de Badasht, qui marqua la séparation définitive du Babisme d'avec l'Islam[37]. En juillet, le Báb fut jugé à Tabríz, où il confirma publiquement ses revendications, essuyant en retour moqueries et bastonnade[38]. Le 21 juillet 1848, Mullá Ḥusayn-i-Bushru'í leva au Mázindarán "l'étendard noir" de la "guerre sainte" et marcha sur la ville de Mashhad à la tête de 200 babis[39]. Cela déboucha sur le siège du mausolée de Shaykh Ṭabarsí, où les Babis se retranchèrent à partir du 10 octobre 1848.

Le 10 mai 1849, les babis assiégés se rendirent finalement après 7 mois d'une résistance héroïque face aux troupes gouvernementales commandées par le prince Mihdí Qulí Mirzá, qui s'empressa de renier sa promesse faite sur le Coran et d'exterminer les prisonniers[40]. Le Báb fut tellement affecté par le cruel supplice infligé à Quddús, qu'il resta plusieurs mois sans rien écrire. Il rédigea finalement un testament dans lequel il désignait Mírzá Yaḥyá-i-Núrí Suhb-i-Azal (1831-1912) comme son successeur à la tête de la communauté babie en attendant la venue de "Celui que Dieu rendra manifeste"[41].

1850 vit la rébellion et le massacre des Babis de Nayríz dans la province du Fárs[42] et le conflit de Zanján. Le 9 juillet 1850 à midi, le Báb fut publiquement fusillé dans la cour de la caserne de Tabríz sur l'ordre du grand vizir Mírzá Taqí Khán (1807-1852). La première salve d'un régiment arménien chrétien ne fit que couper ses liens en le laissant indemne. Devant un tel prodige, le colonel chrétien Sám Khán refusa de faire tirer une nouvelle salve et quitta la caserne sur le champ avec son régiment. C'est un régiment musulman azéri commandé par le colonel Áqá Ján Big qui se chargea de tirer la seconde salve mortelle[43]. Les restes du Báb furent jetés dans un fossé à l'extérieur de la ville. Les Babis s'en emparèrent subrepticement de nuit pour les cacher, jusqu'à leur transfert en Palestine, où ils furent déposés en 1909 dans le Mausolée du Báb du Mont Carmel.

1851 vit l'insurrection babie de Zanján noyée dans le sang[44].

Le 15 août 1852, trois Babis attentèrent sans succès à la vie du jeune roi de Perse Náṣiri'd-Dín-Sháh Qájár (1831-1896). Cet acte fut la justification d'une persécution généralisée contre le mouvement babi, dont de nombreux dirigeants furent tués comme Fáṭimih Baraghání (1817-1852, surnommée Ṭáhirih, la "Pure") et Siyyid Ḥusayn-i-Yazdí, ou emprisonnés dans la cachot souterrain du Síyáh-Chál comme Mírzá Ḥusayn ‘Alí Núrí (1817-1892, surnommé Bahá'u'lláh, la "splendeur de Dieu")[45]. C'est enchaîné dans l'obscurité, le froid et la puanteur de ce cachot, qu'il vécut une expérience mystique lui faisant prendre conscience qu'il était "Celui que Dieu rendra manifeste"[46]. Comme Bahá'u'lláh bénéficiait de puissantes protections, ses ennemis hésitèrent à le tuer comme les autres Babis et décidèrent de confisquer tous ses biens puis de l'exiler avec sa famille le plus loin possible, en espérant sa mort.

1853 fut l'année où Bahá'u'lláh débuta son exil de 40 ans avec sa famille et ses compagnons. Quand il arriva à Baghdád le 8 avril 1853, il trouva la communauté des réfugiés babis dans la plus grande confusion et la plus grande misère. Son demi-frère Mírzá Yaḥyá Núrí, que le Báb avec désigné comme "chef" des Babis dans son testament (Lawḥ-i-Vasaya), avait réussi à fuir la sanglante répression des Babis à Tákur et à atteindre Baghdád, où il vivait caché sous le nom de Ḥájí 'Alíy-i-lás Furúsh. Comme le décret d'exil signé par le roi de Perse Náṣiri’d-Dín Sháh Qájár ne le concernait pas, Bahá'u'lláh le pria de retourner en Perse pour y faire connaître le message du Báb et servir la Foi. Mais, selon une version bahaî des événements que ls Azalis considèrent comme fausse et calomnieuse, il n'en fit rien et, sous l'influence de Siyyid Muḥammad-i-Iṣfáhání, il commença à jalouser la renommée de Bahá'u'lláh, qui ne faisait que croître parmi la communauté après la révélation de "l'épître de Toutes Nourritures" (Lawḥ-i-Kullu'ṭ Ṭa'ám)[47].

Le 10 avril 1854, Bahá'u'lláh se retira dans les montagnes du Kurdistan près de Sulaymáníyyih pour vivre en ermite loin des querelles partisanes. Il ne revint que deux années plus tard à la demande des Babis, 19 mars 1856, pour reprendre la direction de la communauté agonisante[48].

Après dix ans d’exil à Baghdád, la renommée et l’influence de Bahá'u'lláh s’étaient considérablement accrues, au point d’alarmer ses ennemis qui prièrent le gouvernement ottoman de l’exiler encore plus loin. En réponse à cette requête, le grand vizir `Alí Páshá (1815-1871) et le ministre des Affaires étrangères Fu'ád Páshá (1815-1869), qui dirigeaient conjointement l’Empire ottoman, envoyèrent à Bahá'u'lláh la ferme invitation de se rendre à Constantinople. C'est juste au moment de partir, fin avril 1863 dans les jardins de Riḍván, que Bahá'u'lláh déclara à son entourage qu'il était "Celui que Dieu rendra manifeste" annoncé par le Báb[49].

Naissance de la foi bahá’íe

Schisme entre Baha'is et Azalis

Ṣubḥ-i-Azal, photographie du Capitaine Arthur Young, vers la fin de 1889 ou le début de 1890, publiée par E. G. Browne en frontispice de sa traduction du Tarikh-I-Jadid.

Après le martyre du Báb en 1850, plusieurs Babis déclarèrent être "Celui que Dieu rendra manifeste" annoncé par le Báb, mais aucun ne réussit à convaincre la communauté babie de la justesse de ses prétentions et quelques-uns se rétractèrent par la suite. Bahá'u'lláh prétendit avoir reçu la révélation qu'il était cette personne lors d'une expérience mystique qu'il vécut fin 1852 dans le cachot souterrain du Síyáh-Chál (le "trou noir"), mais il ne l'annonça à son entourage qu'en 1863 au moment de partir pour son exil à Constantinople. Cette annonce fut acceptée par beaucoup de Babis, qui gardaient en mémoire les avertissements du Báb au sujet des années "neuf" (1852) et "dix-neuf" (1863) après la naissance de la dispensation babie. Certains Babis refusèrent cette annonce, en estimant qu'elle était bien trop précoce par rapports aux valeurs numériques des termes Ghiyáth (1511) kaj Mustagháth (2001) donnés également par le Báb.

Au cours de la seconde année de l'exil à Andrinople, selon une version baha'ie des événements, que les Azalis refutent comme mensongère et calomnieuse, Ṣubḥ-i-Azal se rebella contre l'autorité revendiquée par Bahá'u'lláh, intrigua auprès des autorités turques, complota contre lui et essaya plusieurs fois de le tuer, en particulier en l'empoisonnant. Il s'ensuivit finalement un schisme entre Baha'is, partisans de Bahá'u'lláh et Azalis, partisans de Ṣubḥ-i-Azal. Ce qu'on appelle la "Plus Grande Séparation" devint officielle en septembre 1867, et peu de temps après Bahá'u'lláh révéla son "Merveilleux Livre Nouveau" (Kitáb-i-Badí`) pour réfuter les arguments de ses opposants désignés comme le "Peuple du Bayán" (Ahl-i-Bayán), et surtout de Siyyid Muḥammad-i-Iṣfahání[50].

Ce conflit, parfois sanglant et meurtrier, indisposa la Sublime Porte ottomane qui décida en 1868 de les exiler séparément à Saint-Jean-d'Acre en Palestine (ajourd'hui en Israël) et à Famagouste dans l'île de Chypre. Baha'u'llah s'éteignit à Saint-Jean-d'Acre le 29 mai 1892 et la religion indépendante (la foi bahá’íe) qu'il a fondé à partir du Babisme s'est répandue et s'est organisée à travers le monde. Ṣubḥ-i-Azal s'éteignit à Famagouste le 9 avril 1912 et sa communauté périclita au cours du XXe siècle, en ayant cependant joué un rôle certain dans la révolution constitutionnelle perse de 1905 à 1909. Il ne reste actuellement que quelques dizaines de milliers de Babis-Azalis (qui s'appellent eux-mêmes Le Peuple du Bayan) sans véritable organisation, principalement en Iran et en Ouzbékistan[51],[52].

Rang du Báb dans la foi bahá’íe

Les Baha'is sont accusés par les Azalis de renier le message du Báb et d'abaisser son rang. Bahá'u'lláh le considère en effet comme un précurseur de sa propre révélation, tout en indiquant que le Báb est une "Manifestation de Dieu" douée d'immuabilité, semblable aux autres grands fondateurs de religion comme Moïse, Jésus ou Mahomet, et que la durée extraordinairement courte de sa mission est "un mystère tel qu'aucun esprit ne peut la sonder[53]. Shoghi Effendi (1897-1957), interprète désigné de la Foi baha'ie de 1921 à 1957, explique qu'il est le héraut annoncé dans les écrits saints du passé :

Lui, le "Qá'im" (Celui qui s'élève) promis aux chiites, le "Mihdí" (Celui qui est guidé) attendu par les sunnites, le "Retour de saint Jean-Baptiste" espéré par les chrétiens, le "Úshídar-Máh" auquel les écritures zoroastriennes font allusion, le "Retour d'Élie" escompté par les juifs, dont la Révélation devait présenter "les signes et les preuves de tous les Prophètes", qui devait "manifester la perfection de Moïse, le rayonnement de Jésus et la patience de Job", Celui-là avait paru et proclamé sa Cause, puis Il était mort glorieusement après d'impitoyables persécutions. Le "Second Malheur" dont il est parlé dans l'Apocalypse de saint Jean l'Évangéliste était enfin arrivé, et la premier des deux "Messagers", dont l'apparition est annoncée dans le Coran, avait été envoyé sur Terre. La première "Sonnerie de Trompette" destinée à frapper la terre d'extermination, comme l'annonce ce dernier Livre, avait enfin retenti[54].

Notes et références

  1. Article en anglais de l’Encyclopaedia of the Orient.
  2. Musnad Ahmad ibn Hanbal, Vol 1. p 99
  3. Muḥammad-i-Zarandí : "Chronique de Nabil", chapitres 1 et 2
  4. Al-Báb : "Bayán Persan", vol.1 p.43
  5. Al-Báb : "Bayán Persan", vol.3 p.113
  6. Bahá'u'lláh : Kitáb-i-Íqán ("Livre de la certitude"), pp.103-104
  7. site al-islam.org sur la "cité du savoir"
  8. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 8, p.147
  9. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 3, p.60
  10. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 18, pp.299-300
  11. Sélections des Écrits du Báb, p.11, extrait de l'épître à Muḥammad Sháh
  12. Voir le Qur'án 75/16-19, où il est écrit qu'après avoir envoyé la "récitation" (Qur'án), Dieu se chargera d'envoyer son "explication" (Bayán)
  13. Al-Báb : Bayán Persan, 2/7
  14. Al-Báb : Bayán Persan, 8/9
  15. Sélection des écrits du Bab, 129/32-37
  16. Al-Báb : Bayán Persan 5/19
  17. Al-Báb : Bayán Persan, 2/16 et 5/19
  18. Al-Báb : Bayán Persan, 3/13
  19. Coran 33/40
  20. Sélection des écrits de Bab, 129/61-62
  21. Al-Báb : Bayán Persan, 7/13
  22. Épître du Bab aux "Lettres du Vivant"
  23. John Walbridge : "Essays and Notes on Bábí and Bahá'í History", chapitre 3 dans "H-Bahai Digital Library"
  24. Denis MacEoin : "Deconstructing and Reconstructing the Shari'a: the Bábí and Bahá'í Solutions to the Problem of Immutability dans bahai-library.org
  25. John Walbridge, "Essays and Notes on Bábí and Bahá'í History", chapitre 3 dans "H-Bahai Digital Library"
  26. Al-Báb : Bayán Persan, 2/6 et 7/13
  27. Al-Báb : Bayán Persan, 2/16, 2/17 et 3/15
  28. Shoghi Effendi : "Dieu passe près de nous", pp.40-41
  29. "The Primal Point’s Will and Testament" traduit du persan en anglais et commenté par Sepehr Manuchehri (2004)
  30. Lettre de la Maison Universelle de Justice adressée à un Baha'i le 4 août 1980 répondant à la question d'un Baha'i au sujet du rang de Ṣubḥ-i-Azal que le Báb n'avait pas nommé en lui un vrai successeur, semblable à Saint-Pierre, à l'imám `Alí ou à `Abdu'l-Bahá, mais plutôt un dirigeant ou un administrateur de la communauté babie jusqu'à l'apparition de "Celui que Dieu rendra manifeste". Ce point de vue baha'i n'est pas partagé par les Azalis, qui rappellent que Ṣubḥ-i-Azal est le successeur désigné par le Báb et refusent comme lui de reconnaître en Bahá'u'lláh "Celui que Dieu rendra manifeste" annoncé par le Báb.
  31. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 2
  32. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 7
  33. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitres 8 et 9
  34. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 10
  35. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 13
  36. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 17
  37. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 16
  38. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 18
  39. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 19
  40. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 20
  41. "The Primal Point’s Will and Testament" traduit du persan en anglais et commenté par Sepehr Manuchehri (2004) dans "Research Notes in Shaykhi, Babi and Bahá'í Studies" (Vol. 7, No. 2)
  42. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 22
  43. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 23
  44. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 24
  45. Muḥammad-i-Zarandí, op. cit., chapitre 26
  46. Shoghi Effendi, op. cit., chapitre 6, pp.126-129
  47. Shoghi Effendi, op. cit., chapitre 7, pp.131-150
  48. Shoghi Effendi, op. cit., chapitre 7, pp.150-158
  49. Shoghi Effendi, op. cit., chapitre 9
  50. Shoghi Effendi, op. cit., chapitre 10
  51. Article en anglais de la Encyclopaedia of the Orient
  52. Article en anglais de Denis MacEoin dans l' Encyclopaedia Iranica
  53. Shoghi Effendi, op. cit., chapitre 6, p.115
  54. Shoghi Effendi, op. cit., chapitre 4, pp.75-76

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • (en) Site des disciples actuels du Báb
  • (en) Article sur le Peuple du Bayán en Iran.
  • (en) Bibliographie et biographies des principaux personnages du Shaykhisme par Stephen Lambden.
  • (en) études 1 et 2 par Stephen Lambden des écrits du Báb.

Bibliographie

Pour l'étude du babisme, nous disposons des travaux fondamentaux et quasiment contemporains de l'orientaliste britannique Edward Granville Browne (1862-1926), professeur à l'université de Cambridge, et de Louis Alphonse Daniel Nicolas (1864-1938, dit "A.L.M. Nicolas"). Ce dernier était un citoyen français né en Perse, qui devint interprète en chef à la légation française de Téhéran et se convertit au babisme, devenant ainsi le premier babi occidental connu. Il traduisit en français les principaux écrits du Báb, qui furent édités à Paris dès le début du XXe siècle.

  • Al-Báb : "Le Bayán Arabe", traduit par A.L.M. Nicolas et édité par la Librairie Ernest Leroux (Paris, France, 1905) [lire en ligne].
  • Al-Báb : "Le Bayán Persan", traduit par A.L.M. Nicolas et édité en 4 volumes par la Librairie Paul Geuthner (Paris, France, 1911-14) [lire en ligne].
  • Al-Báb : Dalá’il-i-Sab’ih ("Le Livre des Sept Preuves"), traduit par A.L.M. Nicolas et édité par la Librairie Maison-neuve (Paris, France, 1902) [lire en ligne].
  • Al-Báb : "Sélections des écrits du Báb", compilé par le département de la recherche de la Maison Universelle de Justice et édité par la Maison d’édition baha’ie (Bruxelles, 1984, 1ère édition), D/1547/1984/1 [lire en ligne]
  • Bahá'u'lláh : Kitáb-i-Íqán (Le "Livre de la Certitude"), traduit du persan en français par Hyppolite Dreyfus et édité par les "Presses Universitaires de France" (P.U.F., Paris, France, 1 ° édition en 1904), (ISBN 2130401732) [lire en ligne].
  • Browne, Edward Granville : "The Bábis of Persia" dans le Journal of the Royal Asiatic Society (1889), p. 485-526 et 881-1009.
  • Browne, E.G. : "Materials for the Study of the Bábí Religion", édité par Cambridge University Press (Cambridge, UK, 1918) [lire en ligne].
  • Browne, E.G. : "Selections from the Writings of E.G. Browne on the Bábí and Bahá'í Religions", par M. Momen, édité par George Ronald (Oxford, UK, 1987) (ISBN 0853982473)
  • Browne, E.G. : "Babism", p. 333-53 de son livre intitulé "Religious Systems of the World: A Contribution to the Study of Comparative Religion" (London: Swann Sonnenschein, 1889), [lire en ligne].
  • Browne, E.G. : "The Tarikh-i-Jadid, or New History of Mirza 'Ali Muhammad The Bab" par Mirza Huseyn Hamadani, édité par Cambridge University Press (Cambridge, UK, 1893) (avec un bref résumé du mouvement babai par Subh-i-Azal) [lire en ligne].
  • Browne, E.G : "A Year Amongst the Persians", A & C Black, Ltd (Londres, UK, 1893) [lire en ligne].
  • Browne, E.G : "The Persian Revolution of 1905-1909", Cambridge University Press (Cambridge, UK, 1910), republié en 2006 par Mage Publisher (ISBN 1933823070).
  • Corbin, Henry : "En islam iranien : aspects spirituels et philosophiques", édité par Gallimard (Paris, France) en 4 tomes dans la collection TEL :
    • Tome 1 : "le shî'isme duodécimain" (1971), no 189, (ISBN 2070724042)
    • Tome 2 : "sohrawardî et les platoniciens de perse" (1971), no 190, (ISBN 2070724050)
    • Tome 3 : "les fidèles de l'amour, shî'isme et soufisme" (1972), no 191, (ISBN 2070724069)
    • Tome 4 : "l'école d'ispahan, l'école shaykhie, le douzième imâm" (1972), no 192, (ISBN 2070724077)
  • Corbin, Henry : "Histoire de la philosophie islamique", édité par Gallimard (Paris, France, 1986) dans la collection "Folio essais", no 39, (ISBN 2070323536)
  • Denis MacEoin : "The Sources for Early Bābī Doctrine and History", édité par E.J. Brill (Leiden, Pays-Bas, 1992) (ISBN 9004094628) [lire en ligne]
  • Gobineau, Joseph Arthur (Comte de) : "Religions et philosophies dans l'Asie Centrale", édité par Ernest Leroux (Paris, France, 3 ° édition, 1900) [lire en ligne]
  • Huart, Clément : "La religion de Bâb: Réformateur persan du XIXe siècle", édité par Ernest Leroux (Paris, France, 1889) [lire en ligne].
  • Muḥammad-i-Zarandí Nabíl-i-A’ẓam : "La Chronique de Nabíl" ("Dawn-Breakers"), écrit en persan à la fin du XIXe siècle, traduit du persan en anglais par Shoghi Effendi, traduit de l'anglais en français par M.E.B. et édité par la Maison d'éditions baha'ies (Bruxelles, Belgique, 1986), D/1547/1986/6 [lire en ligne]
  • Nicolas, A.L.M. : "Les Béhahis et le Báb", Journal Asiatique, 1933.
  • Nicolas, A.L.M. : "Essai sur le Chéïkhisme", 4 tomes.
    • Tome 1 : "Cheïkh Ahmed Lahçahi", Librairie Paul Geuthner (Paris, France, 1910).
    • Tome 2 : "Séyyèd Kazem Rechti", Librairie Paul Geuthner (Paris, France, 1914).
    • Tome 3 : "Le Chéïkhisme. La Doctrine", éditions Ernest Leroux (Paris, France, 1911, comme extrait de la Revue du Monde Musulman).
    • Tome 4 : "La Science de Dieu", Librairie Paul Geuthner (Paris, France, 1911).
  • Nicolas, A.L.M. : "Seyyed Ali Mohammad dit le Báb", Dujarric & Cie, Éditeurs (Paris, France, 1905) [lire en ligne].
  • Nicolas, A.L.M. : "Qui est le successeur du Báb ?", Librairie d'Amérique et d'Orient, (Paris, France, 1933) [lire en ligne].
  • Nicolas, A.L.M. : "Massacres de Babis en Perse", Librairie d'Amérique et d'Orient (Paris, France, 1936) [lire en ligne].
  • Shoghi Effendi : "Dieu passe près de nous" ("God passes by", 1944), publié par L’ASN des baha’is de France (Paris, France, 1970) [lire en ligne].


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