Diaspora Juive

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La diaspora juive ((he) Tefutzah, « dispersé » ou Galout, « exil ») désigne la dispersion du peuple juif à travers le monde.

Sommaire

Histoire

Diaspora pré-romaine

Après le renversement en -587 du royaume de Juda, et la déportation d'un nombre considérable d'habitants vers les vallées de l'Euphrate, le peuple juif se concentrait en deux points : Babylone et la Terre d'Israël.

Bien qu'une majorité du peuple juif, spécialement les plus riches, se trouvât à Babylone, son existence y fut difficile sous les règnes des Achéménides, des Séleucides, des Parthes, des néo-Perses et des Sassanides. Les plus pauvres ainsi que les plus fervents parmi les exilés sont retournés en Terre d'Israël pendant le règne d'Achéménès. Avec la reconstruction du Temple de Jérusalem, ils s'organisent en une communauté animée par des personnalités religieuses attachées à la Torah et à la prise de conscience de l'identité juive.

Après de nombreux aléas, spécialement les problèmes au sein de la dynastie des Séleucides d'une part, et le soutien intéressé des Romains d'autre part, la cause de l'indépendance triompha finalement. Sous le règne des Hasmonéens, l'état juif atteint une certaine dimension et annexe quelques territoires. Cependant, les discordes au sein de la famille royale et l'amplification de la désaffection des pieux, l'âme de la nation, en faveur des dirigeants, ont fait de l'état juif une proie facile pour l'Empire romain. En -63, Pompée envahit Jérusalem et Gabinius assujettit les Juifs au tribut.

Populations de la première diaspora

Durant le IIe siècle av. J.-C., les auteurs du troisième livre de l’Oracula Sibyllina s'adressent au "peuple élu" en disant : « Chaque pays et chaque mer également en est rempli ». Des témoins divers comme Strabon, Philon d'Alexandrie, Sénèque et Yosef Ben Matthias, plus connu sous son nom latinisé de Flavius Josèphe, témoignent du fait que les Juifs étaient déjà disséminés dans le monde connu[1].

La prise de Jérusalem par Pompée en 63 av EC entraîne l'envoi en esclavage de nombreux prisonniers à Rome[2]. C'est l'élément fondateur de la Diaspora en Occident.

Le roi Hérode Agrippa Ier, dans une lettre à Caligula, énumère parmi les provinces de la diaspora juive presque tous les pays grecs et non grecs de l’Orient ; et cette énumération est loin d'être complète car l'Italie et Cyrène n'y sont pas mentionnées. Des découvertes épigraphiques augmentent d'année en année le nombre de communautés juives connues. Il n'y a que peu d'informations à propos du nombre précis de ces communautés juives, et elles doivent être employées avec précaution. Après la Terre d'Israël et Babylone, c'est en Syrie que selon Yosef Ben Matthias la population juive était la plus dense ; particulièrement à Antioche et ensuite à Damas, où à l'époque de la grande insurrection, 10 000 à 18 000 Juifs furent massacrés. Philon d'Alexandrie avance le chiffre de 1 000 000 de Juifs habitant en Égypte, soit un huitième de la population. Alexandrie y était de loin la plus importante communauté, où les Juifs étaient installés dans deux des cinq quartiers de la ville. D'après le nombre de personnes massacrées en 115, le nombre d'habitants juifs de Cyrénaïque, de Chypre et de Mésopotamie devait aussi être important. À Rome, au commencement du règne d'Auguste, on comptait plus de 8 000 Juifs. Enfin, les montants confisqués par le propréteur Flaccus en 62, représentant les impôts, font croire qu'au moins 45 000 hommes, ou un total d'au moins 180 000 Juifs vivaient en Asie mineure.

Deuxième diaspora

La destruction de la Judée

Synagogues de la diaspora attestées aux deux premiers siècles.
Article détaillé : Première guerre judéo-romaine.

Le règne romain continuera jusqu'à une révolte qui durera de 66 à 70, par la prise de Jérusalem et la destruction du Temple, le centre de la vie nationale et religieuse des Juifs du monde entier. Après cette catastrophe, la Judée devint une des provinces impériale de l'Empire romain, gouvernée par un légat propréteur qui devint ensuite de rang consulaire et qui était aussi le commandant des armées romaines occupant le pays. La destruction complète[réf. nécessaire] de Jérusalem indique l'intention du gouvernement romain de prévenir la reconstruction de la nation juive[réf. nécessaire]. Néanmoins, 40 ans plus tard, les efforts des Juifs ont été récompensés avec le recouvrement de leur liberté précédente[réf. nécessaire].

Ces efforts, résolus mais peu judicieux, ont été anéantis par Trajan. Sous Hadrien, le même sort se répétera une dernière fois avec une tentative d'indépendance qui durera de 133 à 135. Depuis cette période, en dépit de quelques mouvements sans importance sous Marc Aurèle et sous Septime Sévère, les Juifs de Palestine, réduits en nombre, destitués et défaits, perdirent leur prépondérance dans le monde juif. Jérusalem est devenue ensuite sous le nom de Ælia Capitolina, une colonie romaine entièrement païenne où l'accès était interdit aux Juifs sous peine de mort.

La dispersion des Juifs

La guerre menée en Judée par Titus joua un rôle important lors de la dispersion du peuple juif à travers le monde[3]. Mais l'événément capital pour le judaïsme est la destruction du Temple qui transfère de facto l'autorité religieuse des grands-prêtres du Temple aux rabbins.

Certains Juifs furent vendus comme esclaves et déplacés, d'autres rejoignirent les diasporas existantes, pendant que d'autres commencèrent à travailler sur le Talmud. Ces derniers étaient alors généralement acceptés au sein de l'empire romain, mais avec la montée du Christianisme, de nouvelles restrictions apparurent. [réf. nécessaire]

Durant le Moyen Âge, les Juifs se répartirent en groupes distincts. On les divise communément aujourd'hui en deux grands groupes : les Ashkénazes du nord et de l'est de l'Europe et les Séfarades de la péninsule ibérique et du bassin méditerranéen. Ces deux groupes partagent une série d'histoires parallèles de persécutions et d'expulsions. De nombreux Juifs rejoignirent la terre d'Israël au XXe siècle.

Communautés juives de la Diaspora

Les Juifs ont occupé des territoires importants à travers l'Ancien puis le Nouveau Monde, et existent depuis le Ier millénaire avant l'ère commune. Des cultures juives extrêmement diversifiées ont donc existé, s'exprimant dans de nombreuses langues.

Souvent très autonomes, ces groupes ont cependant correspondu entre eux, permettant le maintien d'une identité juive relativement stable. Le rituel séfarade s'est ainsi répandu à partir d'Espagne à travers tout le bassin méditerranéen, tandis que les Juifs de Cochin (Inde) faisaient traditionnellement venir leurs livres saints du Yémen.

Les communautés vraiment isolées, comme les juifs de Chine, les Bene Israël de Bombay (Inde) ou les Falashas d'Éthiopie ont fini par s'assimiler totalement (juifs de Chine), assez largement (Bene Israël), ou par développer des formes religieuses très particulières (Falashas).

Sans être exhaustif, on peut cependant citer de grands ensembles culturels, autonomes mais plus ou moins inter-connectés.

Les communautés juives hellénisées

Celles-ci sont apparues avec l'expansion de la culture hellénistique à travers le Moyen-Orient à la suite des conquêtes d'Alexandre le Grand. Elles étaient particulièrement nombreuses à Alexandrie et Eléphantine en Égypte, ainsi qu'en Grèce ou en Anatolie. La civilisation hellène avait également pénétré la terre d'Israël (cf. Livres des Macchabées), entraînant parfois des relations conflictuelles avec les Juifs non hellénisés[4].

Leur influence sur la naissance du christianisme primitif est importante. Elles lui ont donné leur version de la Bible, la Septante (différente de la Bible hébraïque actuelle), laquelle servira de base à la Bible catholique. Leur théologie, mariant tradition juive et philosophie grecque, a également influencé les premiers théologiens chrétiens.

Après la disparition des Juifs hellénisés (convertis au christianisme ou réabsorbés par le judaïsme orthodoxe), des Juifs de culture grecque ont cependant continué à exister jusqu'au XXe siècle, à travers les Romaniotes du sud des Balkans, ayant adopté le rituel séfarade.
En effet, la Grèce, principalement Rhodes et la Thessalonique fut le berceau d'une importante communauté sépharade et d'une autre karaïte, après l'expulsion des Juifs d'Espagne en 1492. Elles ont aujourd'hui quasiment disparu, suite à la Shoah, et à l'émigration qui a suivi vers Israël.

Les Juifs originaires de la péninsule Ibérique

Les Juifs de la péninsule Ibérique s'y installèrent après la chute du Second Temple. Après la conquête arabe au VIIIe siècle, ils deviennent une communauté soumise à la double influence de la culture mozarabe (culture latine influencée par le monde arabe) et de la culture arabo-musulmane.

À partir du Xe siècle, les chrétiens réfugiés dans le Nord de la péninsule Ibérique commencent à augmenter sensiblement leurs zones d'influences, jusqu'à l'éviction des musulmans en 1492. Les Juifs passent alors sous influences culturelles espagnole et portugaise. C'est à partir de cette période qu'on peut parler d'une culture juive espagnole indépendante de la culture arabe des Juifs des époques précédentes.

Après la victoire des chrétiens contre le sultanat de Grenade, les Juifs sont expulsés dans la vague d'exaltation religieuse qui suit, d'Espagne en 1492 et du Portugal en 1496.

Les Juifs de la péninsule émigrent alors (sauf ceux qui se convertissent, devenant alors des marranes) vers l'Italie, les Balkans, les pays d'Afrique du Nord, l'empire ottoman (principalement la Syrie mais aussi le Yichouv). Les Juifs sépharades se retrouveront dans la Compagnie des Indes, atteignant les Amériques. Par ailleurs, de nombreux marranes se réfugient aux Pays-Bas, l'Angleterre et, pour certains le sud de la France (Bordeaux), rejoignant les populations provençales; la plupart se reconvertissent.

Cette population dispersée mais dotée d’une riche culture espagnole a longtemps conservé sa spécificité culturelle, parlant le Judéo-espagnol, et évitant de se mélanger avec les autres communautés juives. Son influence religieuse a été forte, puisque les communautés balkaniques et du monde arabe, quelles que soient leurs origines, ont fini par adopter les rituels religieux séfarades. Par extension elles ont été désignées comme séfarades. Les séfarades étant définis du point de vue du rituel et non de l'origine sont donc un groupe multi-culturel, regroupant des Juifs de culture arabe, berbère, espagnole ou grecque.

Les communautés balkaniques ont été décimées par la Shoah.

Les survivants ou les communautés judéo-espagnoles vivants dans le monde arabe ont émigré en très grand nombre vers Israël ou la France (pour les juifs maghrébins, où ils ont profondément marqué le paysage juif français, bien que la seconde génération tende à adopter la culture occidentale environnante). Les communautés plus modestes des Amériques ont pratiquement perdu l'usage de leur langue, ainsi que celles des Pays-bas, largement détruite par la Shoa. La culture judéo-espagnole semble en voie de disparition[5].

Les Juifs de culture allemande et est-européenne

Articles détaillés : ashkénaze, Yiddish et Histoire des Juifs en Pologne.
Des hassidim

Des Juifs sont présents en Europe occidentale depuis l'Empire romain. Vers l'an 1000, des communautés sont identifiées dans la vallée du Rhin, axées autour des villes de Worms, Spire et Magenza (Mayence), où le Rav Guershom ben Juda codifie les bases du judaïsme ashkénaze, et où l'on suppose que se forment les premières formes de Yiddish, une langue judéo-allemande.

À partir de ce centre originel, les Juifs ashkénazes se dispersent vers l'Est européen, en particulier la Pologne, l'Ukraine et la Lituanie. De ce terreau vont sortir certains des noms les plus prestigieux du judaïsme (Rachi, les Tossafistes, le Maharal de Prague, etc.).

Les populations juives de l'Est-Européen deviennent très importantes, puisque les Juifs ashkénazes représentaient 75% du judaïsme mondial vers 1880, ou 10% de la population polonaise avant la Seconde Guerre mondiale.

Grâce à leur nombre et à la tradition d'étude (originellement religieuses) du judaïsme ashkénaze, ces populations vont donner des acteurs importants à la révolution intellectuelle, scientifique et industrielle qui se met en place en Europe occidentale puis centrale entre la fin du XVIIIe siècle et le XXe siècle. Religieux ou « déjudaïsés », parfois convertis, on peut citer parmi eux Moses Mendelssohn, Karl Marx, Sigmund Freud, Edmund Husserl, Franz Kafka, Stefan Zweig ou Albert Einstein. Il est à noter l'influence du Bund dans l'émergence des mouvements révolutionnaires en Russie, ainsi que le nombre important de dirigeants bolcheviks d'origine juive (Trotsky, Kamenev, Zinoviev, Sverdlov, Radek, etc.).

C'est également ce judaïsme éclairé qui, sous l'influence du nationalisme européen a créé le mouvement nationaliste juif, le sionisme, a tenté une laïcisation de la définition de « Juif », mais aussi a produit en réaction l'ultra-orthodoxie juive.

À compter de la fin du XIXe siècle pour des raisons économiques (pauvreté) et politiques (antisémitisme, révolutions), les Juifs ashkénazes commencent une émigration massive vers le continent américain (surtout les États-Unis, mais aussi le Canada ou l'Argentine), l'Europe occidentale (surtout l'Allemagne, la France et l'Angleterre) et enfin vers la Palestine puis Israël.

La Shoa a détruit une forte proportion des communautés ashkénazes est-européennes (92% en Pologne). Entre émigration et extermination, l'Europe orientale, principal centre mondial du judaïsme au XIXe siècle est aujourd'hui devenu un centre secondaire de peuplement juif, et la culture judéo-allemande a presque disparu, les communautés restant sur place ayant largement adopté les langues locales.

Quelques groupes, comme la Edah Haredit israélienne continuent à pratiquer le Yiddish comme langue du quotidien, mais cet usage est devenu marginal ou inexistant dans presque toutes les communautés ashkénazes actuelles (en Europe, en Amérique du Nord et en Israël).

Les Juifs de culture indienne

Article détaillé : Histoire des Juifs en Inde.
Des juifs de Cochin, vers 1900.

Deux groupes actuels se sont fortement assimilés à la culture indienne traditionnelle, intégrant même le système de castes au sein de leurs propres communautés. Ce sont les Juifs de Cochin (sud-ouest de l'Inde) et les Bene Israël de Bombay (Nord-Ouest de l'Inde). Totalement indianisées sauf en ce qui concerne la religion, ces deux communautés ont largement immigré en Israël dans la seconde moitié du XXe siècle.

Les Juifs de culture éthiopienne

Article détaillé : Falashas.
Falashas (plus probablement Falash Mura), préparant le plat traditionnel, l'Injera dans le Gondar, en 1996.

Les Falasha ou Beta Israel ont une origine mal définie. Leur langue liturgique est le Guèze, une langue sémitique d'Éthiopie, qui sert aussi de langue liturgique à l'église copte éthiopienne. Leur culture est très marquée par les coutumes chrétiennes éthiopiennes. Il existe ainsi « une vaste littérature sacrée en guèze », en partie d’origine chrétienne, mais expurgée[6]. De même, jusqu’au XXe siècle, la communauté Beta Israel possédait une importante tradition monacale, probablement empruntée au monachisme des chrétiens d’Éthiopie. Cette institution a disparu dans le seconde moitié du XXe siècle. La communauté Beta Israël est donc une des communautés juives les plus influencée par la religion chrétienne (le christianisme copte d'Éthiopie est à l'inverse l'un des plus influencé par le judaïsme, par exemple à travers sa pratique de la circoncision ou son respect du shabbat).

Les Falasha ont vécu pendant des siècles dans le Nord de l’Éthiopie, en particulier les provinces du Gondar et du Tigré. Après avoir bénéficié de petits États indépendants jusqu’au XVIIe siècle, ils ont été conquis par l'empire d'Éthiopie, et sont devenus une minorité marginalisée, à laquelle il était interdit de posséder des terres, accusée d’avoir le « mauvais œil ».

Ils rentrent en contact avec le judaïsme occidental à la fin du XIXe siècle. À compter du début du XXe siècle, une redéfinition en profondeur de l'identité de la communauté se fait jour, et l'amène à se considérer désormais comme juive, et plus seulement comme Beta Israel. Cette évolution réduit progressivement les forts particularismes religieux originels et rapproche la religion des Beta Israel du Judaïsme orthodoxe.

En 1975, le gouvernement israélien reconnaît la judaïté des Beta Israël. Ceux-ci vont alors mener une difficile émigration vers Israël dans les années 1980 et 1990. En 2005, ils sont environ 105 000 en Israël. Cette culture spécifique, comme beaucoup d'autres cultures juives, semble donc en voie d'assimilation.

Les Juifs de culture turque

Ces juifs ont surtout vécu dans les zones de langue turque, à savoir l'Anatolie et le sud de l'Ukraine, lequel fut de peuplement turc de la fin de l'antiquité à sa conquête par les Russes, au XVIIIe siècle.

Cette région, au carrefour de l'Europe orientale et de l'Asie, comporta autant de Juifs ashkénazes que sépharades, originaires de Grèce ou d'Espagne.

C'est également en Turquie que se réfugia la communauté karaïte expulsée d'Espagne en 1492. Ces karaïtes européens, auxquels se joignirent les Karaïmes de Crimée, s'identifièrent particulièrement aux communautés turcophones, et finirent, cas rare au sein des communautés juives, par se redéfinir pour une partie d'entre eux comme Turcs de religion karaïte, et non plus comme Juifs. Ce ne fut pas le cas des Karaïtes d'Égypte, ni d'autres communautés karaïtes d'Europe, et 20 à 25 000 d'entre eux vivent en 2007 en Israël.

Les Juifs de culture chinoise

Article détaillé : Histoire des Juifs en Chine.
Juifs de Chine, vers le début du XXe siècle.

La théorie généralement admise est que les Juifs de Kaifeng seraient arrivés en Chine au IXe siècle par la route de la soie, en venant de Perse ou d'Inde en passant par l'Afghanistan[7]. Ils se seraient alors installés à Kaifeng, capitale de la dynastie Song (907-1279) qui régnait alors sur l'Empire du milieu.

Ils vécurent dans l'isolement le plus total, cultivant un judaïsme particulier car écarté de l'influence des rabbins d'Occident et fortement empreint de Confucianisme. Ils furent redécouverts par l'occident au XVIe siècle, quand l'un d’eux entra en contact avec le père jésuite Matteo Ricci, venu évangéliser la Chine.

Après la destruction de la dernière synagogue, vers 1850, la communauté juive chinoise perdit progressivement toute cohésion, et, ayant adopté le principe d'ascendance patrilinéaire des Chinois Han, est considérée comme ayant disparu au début du XXe siècle en tant que communauté juive, à l'exception de quelques familles.

Bien que leur histoire soit mal connue, ce judaïsme très spécifique a été une culture riche et vivante pendant au moins un millénaire.

Les Juifs orientaux

Enfants juifs en habits traditionnels, avec leur professeur, à Samarcande entre 1909 et 1915.

Les communautés juives issues de Babylone

Les communautés juives de Perse et d'Irak font partie des plus anciennes communautés juives, descendant des Juifs exilés à Babylone lors de la destruction du Premier Temple, ainsi que des communautés des temps talmudiques. Leur origine est commune, même si leurs langues ont fini par diverger.

Les Juifs de Perse et apparentés

À partir de l'empereur Cyrus II, au VIe siècle av. J.-C., les Juifs pénètrent dans l'empire perse. Des communautés de langues perses vont exister pendant 25 siècle, jusqu'au XXe siècle, non seulement au sein des frontières de l'actuel Iran, mais aussi à sa périphérie. Ces groupes ont développé des cultures particulières, parfois marquées par le zoroastrisme, et des dialectes judéo-persans.

Beaucoup sont commerçants, traversant la route de la soie, et sont à l'origine d'« implantations » le long de celles-ci, notamment les Juifs de Boukhara (une région d'Asie centrale) parlant aujourd'hui l'Ouzbek, mais longtemps de culture persane, les Juifs des montagnes du Caucase, mais aussi les Juifs de Chine et certains Juifs d'Inde. Les Radhanites pourraient également être originaires de Perse[8].

Ces communautés ont fortement régressé dans la seconde moitié du XXe siècle par émigration vers Israël et les États-Unis. Il subsiste cependant encore quelques milliers de personnes vivant dans les régions d'origine.

Les Juifs d'Irak et du Kurdistan

Les Juifs Baghdadim forment une autre communauté juive ayant vécu sur le sol irakien, jusqu'au vingtième siècle. Nombre de figures du judaïsme traditionnel en sont issues, comme le Rav Ovadia Yossef ou le Rav Itzhak Kadouri. La communauté Baghdadi des Indes est d'ailleurs issue au XIXe siècle de la famille Sassoon, ayant fait naufrage au large des côtes indiennes[9].

On peut aussi citer les Juifs du Kurdistan, habitant le territoire du Kurditan actuellement occupé par l'Irak, de culture kurde, le Kurde étant une langue indo-européenne appartenant au groupe iranien. Ces Juifs du Kurdistan possédaient également un vaste éventail de dialectes judéo-araméens.

Les Juifs de culture arabe

Juif algérien au XIXe siècle

Les Juifs du Moyen-Orient ont été sous une nette influence culturelle araméenne entre l'exil à Babylone de -586 (l'araméen étant la langue de la Babylonie et d'une large partie du Moyen-Orient antique) et l'expansion arabo-musulmane du VIIe siècle. Après cette expansion, les Juifs araméens sont devenus progressivement les Juifs arabes, absorbant en partie les communautés juives d'Afrique du Nord, pour la plupart des tribus berbères converties au judaïsme, qui n'avaient pas été influencées par l'araméen. Certaines de ces dernières ont cependant continué à utiliser des langues berbères[10].

La culture juive du monde arabe est une des plus importantes du monde juif. Elle est assez diversifiée, les Juifs du Yémen, les Juifs du Maroc, les Juifs d'Algérie, les Juifs d'Égypte, les Juifs d'Irak, ayant chacun leurs spécificités culturelles. Ces Juifs d'"Eretz Islam" furent fortement influencées par le judaïsme sépharade, à commencer par Moïse Maïmonide, né dans l'Espagne musulmane et mort en Égypte.

On peut noter que les Juifs des pays arabes ont majoritairement adopté les pratiques religieuses séfarades à partir du XVIe siècle, à tel point qu'on parle ainsi souvent de « séfarades » pour les désigner, alors que ce terme signifiait originellement et de façon plus étroite les descendants des Juifs d'Espagne. En Israël, le grand rabbin séfarade représente surtout les Juifs issus des anciens pays arabes, bien plus que ceux se réclamant d'une origine ibérique de plus en plus diluée avec le temps.

La culture juive arabe est en cours d'assimilation, les communautés ayant massivement émigrées vers la France (pour les communautés maghrébines) ou Israël dans la seconde moitié du XXe siècle).

La communauté très particulariste des Samaritains est également de culture arabe, mais absolument pas Mizrahi. De plus, son émigration partielle vers Israël a entraîné une régression de cette tradition.

Les Juifs de culture occidentale

Les premiers Juifs émigrés sur le territoire américain arrivent en 1654 dans la colonie anglaise du New York[11].

Avec l'égalité civique, dont les débuts commencent au XVIIIe siècle aux États-Unis et en France (1791), les Juifs deviennent des citoyens des pays de résidence, et tendent à s'assimiler à leurs cultures. Les langues et les cultures particularistes, jusqu'alors influencées mais pas assimilées par les cultures des pays de résidences, régressent et disparaissent.

Le fait juif cesse de plus en plus d'être marqué par des cultures spécifiques pour devenir soit une religion, soit une affirmation identitaire, ou les deux.

Les cultures dominantes deviennent celles des principaux pays de résidence, soit essentiellement la culture anglo-saxonne (USA, Canada, Australie, Afrique du Sud, Angleterre) et la culture française. Les cultures est-européennes sont aujourd'hui en forte régression du fait de l'émigration. Avec les écoles de l'Alliance israélite universelle, le français aura même été entre 1870 et 1950 la langue des élites juives du bassin méditerranéen.

La Diaspora aujourd'hui

En 2008, L'American Jewish Committee a publié, comme il est de coutume, l'American Jewish Year Book de l'année 2008 avec ses dernières statistiques démographiques[12] :

  1. États-Unis: 5 200 000
  2. France: 500 000
  3. Russie: 359 000
  4. Canada: 329 925
  5. Royaume-Uni: 297 000
  6. Argentine: 185 000
  7. Allemagne: 115 000
  8. Brésil: 96 500
  9. Chili: 75 000

La population juive mondiale comptait environ 13 millions d’âmes en 2002 (soit 0.2% de la population mondiale environ), dont 40% vivaient en Israël. La population juive d'Israël est estimée à 5 400 000 individus. Celle-ci n'est pas considérée comme faisant partie de la diaspora.

Controverse

A la fin de sa vie, en 1928, le penseur sioniste Israël Belkind publie Les Arabes en Eretz Israël, livre dans lequel il avance que l'idée d'une dispersion des Juifs après la destruction du temple par Titus est une "erreur historique"[13] :

« Les historiens de notre temps ont l'habitude de raconter qu'après la destruction du Temple par Titus les Juifs se dispersèrent dans tous les pays de l'univers et cessèrent de vivre dans leur pays. Mais là, nous nous heurtons à une erreur historique qu'il est nécessaire d'écarter pour rétablir la situation exacte des faits. »

Selon lui, « les travailleurs de la terre restèrent attachés à leur terroir » et donc les colons sionistes qui s'installent en Terre d'Israël doivent s'attendre à rencontrer en Palestine « une bonne partie des fils de notre peuple [...] une partie intégrale de nous-même et la chair de notre chair »[14] : les descendants des Juifs, convertis à l'Islam après la conquête arabe.

Une vision de la diaspora qui serait principalement le résultat d'expulsions[15] est aussi revisitée par plusieurs historiens contemporains tels Shlomo Sand et Marc Ferro qui ont respectivement écrit Comment le peuple juif fut inventé et Les tabous de l'histoire.

Marc Ferro indique ainsi que, selon lui, les juifs portugais « ont complètement oublié que, loin d'être des enfants de la diaspora - sauf une infime minorité - ils sont des Berbères judaïsés aux premiers siècles de notre ère. » Il ajoute que ces juifs portugais « croient ferme, comme les Juifs d'Europe centrale, qu'ils sont tous originaires de Palestine : ceux-ci ont oublié qu'une grande partie d'entre eux sont des convertis de l'époque du royaume Khazar. »[16]

L'ouvrage de Shlomo Sand est contesté par des historiens tels que Israel Bartal ou Anita Shapira, qui soulignent la succession d'exils et de dispersions qui ont marqué l'histoire du peuple d'Israël. Se référant à Menachem Stern, Anita Shapira explique la réalité de ces exils et la multiplicité de leurs causes : économiques, politiques[17]... Maurice Sartre affirme la réalité des diasporas de 70 EC et de 135 EC[18].

Voir aussi

Lien externe

Notes et références

  1. Les Juifs de Parthie connaissent sous les rois Arsacides une longue période de paix qui permet le développement d'importantes communautés comme celles que mentionne Flavius Josèphe, principale source sur cette période : Nehardea, Séleucie et Ctésiphon. Voir Flavius Josèphe, Antiquités juives, Livre XVIII, IX et Flavius Josèphe, Antiquités juives, Livre XX, II, ainsi que l'article Histoire des Juifs en Irak.
  2. Heinrich Graetz, « Histoire des Juifs, Deuxième époque, chapitre XI »
  3. De nombreux captifs sont emmenés à Rome comme en témoigne la description du triomphe de Titus par Flavius Josèphe. Voir Flavius Josèphe, « La guerre des Juifs, chapitre VII, 132 »
  4. cf. notamment Bereshit Rabba 1:9
  5. Shmouel Trigano sur a7.fr
  6. Les Juifs éthiopiens en Israël, P.227.
  7. Selon une autre théorie ils seraient arrivés en Chine par voie de mer. Voir Nadine Perront, Être juif en Chine, Albin Michel, 1998, Chapitre II, p.70-73. Les deux théories ne sont d'ailleurs pas exclusives l'une de l'autre.
  8. (en) Moshe Gil, The Radhanite Merchants and the Land of Radhan, p. 299–328. ; (en) Sol Scharfstein, Jewish History and You: From the Patriarchs to the Expulsion from Spain With Documents and Texts, p. 133.
  9. Claudia Roden, Le Livre de la cuisine juive, Flammarion (5 septembre 2003), Coll. Le monde des saveurs, ISBN 2080110551
  10. Voir notamment le cas des juifs berbères du Maroc, Michel Abitbol, Relations judéo-musulmanes au Maroc : perceptions et réalités, Editions Stavit, Paris, 1997, pp. 169-187
  11. André Kaspi, Franklin Roosevelt, Paris, Fayard, 1988, (ISBN 2213022038), p.301
  12. (es)Población judía mundial 2008.
  13. Israël Belkind, Les Arabes en Eretz Israël (en hébreu), Tel-Aviv, Hameïr, 1928, p.8
  14. Ibid., p.19
  15. Ainsi, le prix Nobel de littérature, Shmuel Yosef Agnon décrit-il la diaspora comme issue d'une expulsion massive des Juifs par Titus. Il déclare lors de la cérémonie de remise du prix en 1966 : « Je suis né dans une de ces villes de l'exil, issu de la catastrophe historique au cours de laquelle Titus, le gouverneur romain, détruisit la ville de Jérusalem et exila Israël de son pays ».
  16. Marc Ferro, Les oubliés de l'Histoire, dans la revue Persée : [1]
  17. *(en) Anita Shapira, Review Essay: The Jewish-people deniers, The Journal of Israeli History, Vol. 28, No. 1, March 2009.
  18. Vidéo : un entretien de Maurice Sartre sur l'ouvrage de Shlomo Sand.
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