- Culture de la Lorraine
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De par sa position géographique, la Lorraine fut un lieu d'échange privilégié entre la France et les cultures germaniques. C'est ainsi que de nombreuses innovations y ont fait leur entrée avant de se répandre dans le reste de la France (musique, gastronomie, etc.). La Lorraine a également été le berceau de courants culturels originaux dont le plus fameux est assurément l'Art nouveau, porté en France par l’École de Nancy.
Sommaire
Architecture
Sur les 14 130 édifices classés Monuments historiques par le ministère de la Culture et de la Communication (2002), 643 se situent en Lorraine. On y trouve notamment des architectures religieuses romanes et gothiques, comme la l'église Notre-Dame de Galilée à Saint-Dié-des-Vosges, la cathédrale de Metz et l'abbaye de Bouzonville, la cathédrale de Toul, la basilique de Saint-Nicolas-de-Port, des châteaux tels que ceux de Lunéville (le « petit Versailles lorrain »), Cons-la-Grandville ou Commercy et de nombreux édifices civils Art nouveau à Nancy, l'architecture allemande en Moselle. L'industrie a marqué l'histoire et les paysages lorrains, et certains sites tels le Carreau de la Mine de Petite-Rosselle et le Haut-Fourneau d'Uckange ont été protégés au titre de patrimoine industriel. La place Stanislas à Nancy est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO.
Architecture vernaculaire
L'organisation urbaine des villages lorrains est très souvent caractérisée par deux éléments :
- Les maisons comprennent l'habitation et la grange et sont alignées de façon mitoyenne en front de rue.
- Ce bâti observe un recul à l'alignement d'environ 3 à 7 mètres depuis la chaussée de la rue principale. Ce recul, nommé usoir, est un espace libre d'usage privé. Ouvert sur la voie il est généralement de propriété publique. Il avait vocation à servir d'entrepôt de bois de chauffage, ou de véhicules (tel que les charrettes), voire d'outils de labours. Jusqu'au début des années 1970, il sert également d'emplacement au fumier qui, entreposé directement sur le sol laisse s'écouler librement le purin. La taille du tas, variable suivant la quantité de bétail, était alors un signe de réussite économique. Cet usage aujourd'hui disparu, l'espace libéré est parfois engazonné lorsqu'il ne devient pas un parking.
L'usoir n'est pas systématique dans les localités où l'activité de la vigne était jadis dominante.
Enfin, pour cette structure de village-rue comme dans la plupart des cas similaires en Europe, le parcellaire se répartit en franges perpendiculaires à la route principale, avec pour limite latérale le prolongement des côtés des maisons. Ceci afin d'offrir à l'occupant un accès direct à une partie (voire la totalité) de son exploitation agricole, à l'arrière.
Autre singularité architecturale: l'utilisation historique de la tuile creuse pour la couverture des toits sur une grande moitié occidentale de la région, des environs Châlons jusqu'à Metz ou Nancy. Cette zone, aussi appelée l'ilot Lorrain, est une anomalie de la réparation traditionnelle des modes de couvertures, la tuile creuse étant majoritairement utilisée dans le sud de la France[1].
Parmi les objets recensés par l'Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France, 11 611 des 104 000 objets mobiliers (base Palissy) et 6 828 des 92 000 notices d'architecture (base Mérimée) sont d'origine lorraine.
Architecture classique
- Emmanuel Héré (1705 - 1763 - architecte de Stanislas)
Théâtre
Alors que l'architecture théâtrale ne se développe réellement en France qu'à partir XVIIIe siècle, la Lorraine possède des salles de théâtre remontant au XVIe siècle. De nombreux théâtres de cour et théâtres publics se développent dans la région au XVIIIe siècle.
Il faut également citer le Théâtre du Peuple de Bussang, créé en 1895 par le poète Maurice Pottecher.
Mort prématurément à 41 ans Bernard-Marie Koltès (1948-1989), né à Metz, est l'auteur contemporain français le plus joué.
Musique
- Metz, capitale du royaume franc au VIIIe siècle joua un rôle majeur dans le développement de la liturgie chrétienne à travers le chant messin, ancêtre du grégorien. C'est une réforme du clergé, initiée par Pépin le Bref, dont le but était d'imposer le vieux-romain (chant de Rome) en Gaule qui incomba à Chrodegang, évêque de Metz et cousin de Pépin. Le chant messin, influencé par le chant des chrétiens de Gaule, (gallican) et par celui des chrétiens de l'Empire romain, prit alors son essor. Plain-chant exprimant un sujet proprement religieux, il se répandit sous l'action de Charlemagne dans tout l'Empire carolingien, jusqu'à supplanter le Chant vieux-romain à Rome. Par la suite, le chant messin fut appelé « chant grégorien »[2].
- La Lorraine est le berceau de la lutherie française. Mirecourt dans les Vosges est encore considérée comme la capitale française de la lutherie.
- Le chant anonyme du XVIe siècle En passant par la Lorraine est une chanson populaire faisant partie intégrante du patrimoine culturel français.
- Le patrimoine des orgues y très développé[3]. La Lorraine en compte plus d'un millier (dont près de 600 pour le seul département de la Moselle).
- Charles Louis Ambroise Thomas (1811 - 1898), compositeur français réputé au XIXe siècle pour ses opéras, notamment le célèbre Mignon, est natif de Metz.
- Louis Théodore Gouvy (1819 - 1898).
- Gustave Charpentier (1860 - 1956).
- Joseph-Guy Ropartz (1864-1955).
- Gaston Litaize (1909-1991), organiste et compositeur.
Artistes contemporains
Arts graphiques
- Georges de La Tour (1593 - 1652)
- Claude Gelée dit le Lorrain (v. 1600 - 1682) est un peintre lorrain, emblématique du paysage de style classique.
- Jacques Callot (1592 - 1635)
- Léon Voirin (1833 - 1887) et Jules Voirin (1833 - 1898)
- Jules Bastien-Lepage (1848 - 1884)
- Victor Prouvé (1858 - 1943)
- Émile Friant (1863 - 1932)
- Paul-Émile Colin (1867 - 1949)
- Paul Colin (1892 - 1985), affichiste.
- Francis Gruber (1912 - 1948)
- Claude Weisbuch (né en 1927)
Sculpture
- Ligier Richier, sculpteur de la Renaissance Lorraine
- Barthélemy Guibal sous Stanislas
Art nouveau
À la fin du XIXe siècle, et sous l'impulsion d'artistes comme Charles et Émile Gallé ou Louis Majorelle, la Lorraine, et plus particulièrement la ville de Nancy, devient l'un des berceaux de l'École de Nancy, une des composantes de l'Art nouveau. Cet art qui se fonde sur l'utilisation de matériaux industriels (notamment le métal), trouve des échos dans la révolution industrielle que connaît la région.
Article détaillé : École de Nancy (art).Artisanat
- faïence à Lunéville et Sarreguemines
- émaux de Longwy
- image d'Épinal
- cristal à Baccarat et Saint-Louis-lès-Bitche
- La cristallerie Daum
Saint-Nicolas
L'évêque Nicolas de Myre est le saint patron de la Lorraine, bien qu'il n'y ait jamais vécu. Le chevalier Auber de Varangéville, lors de son retour des croisades, a ramené une phalange du saint depuis la ville de Bari en Italie jusqu'à l'église du village de Port sur la Meurthe (aujourd'hui Saint-Nicolas-de-Port). Cette fonction de saint patron fut officialisée par le duc René II après la bataille de Nancy de 1477[4].
Le 6 décembre est fêtée la Saint-Nicolas. À cette occasion les enfants reçoivent des figurines en pain d'épices ou en chocolat et des bonbons. De nombreuses manifestations sont organisées dans les quatre départements : chars, défilés, feux d'artifices…
Événements culturels
- Festival Les Petits Claps : Festival du Court-Métrage Franco-Allemand de Metz (janvier)
- Festival international du film fantastique de Gérardmer (janvier - février)
- Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges (octobre)
- Festival du film italien de Villerupt (novembre)
- Festival du film arabe de Fameck
- Nancy Jazz Pulsations (novembre)
- Festival international du film documentaire sur la ruralité de Ville-sur-Yron (mai)
Langues
Dans la majeure partie de l'actuelle Lorraine, le lorrain était la langue régionale. Dialecte d'oïl oriental, proche du bourguignon et plus éloigné du champenois[5], il se décline en plusieurs variétés et s'étend au-delà de la frontière belge, où il est appelé gaumais.
Il existe également trois variétés de francique lorrain, dialectes allemands parlés dans le Nord de la région souvent désigné le platt, qui ne doit pas être confondu avec l'alsacien ainsi qu'une variété de dialecte alémanique dans le sud-est du canton de Phalsbourg (vallée de la Zorn) . À la différence du lorrain roman, les dialectes franciques et alémaniques reste parlé par près de 350 000 personnes dans le département de la Moselle. Également répandu dans certaines zones contiguës, en Allemagne, au Luxembourg, en Belgique et au nord de l'Alsace, il permet l'inter-compréhension entre les locuteurs de ces différentes régions, ainsi qu'avec la majorité des germanophones.
Ces deux zones d'influence sont situées de part et d'autre de la frontière linguistique mosellane qui passe par Audun-le-Tiche, Thionville, Boulay-Moselle, Faulquemont, Bénestroff et Sarrebourg est restée très nette et persistante jusqu'au XXe siècle. Contrairement à certaines idées reçues, cette frontière linguistique est très antérieure à l'annexion allemande de 1871. Son origine est incertaine et elle pourrait dater de plus de 2000 ans. Elle a atteint son expansion maximale en l'an 1500. La langue allemande standard s'est développée en Lorraine germanophone dès la fin du XVe siècle. Elle a été la langue des actes officiels du Bailliage d'Allemagne (partie germanophone du Duché de Lorraine) jusqu'en 1748 date à laquelle Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière, chancelier de Lorraine, fut à l'origine de la promulgation d'une ordonnance imposant le français dans les actes officiels en Lorraine. Jusque là les actes notariés, notamment, étaient rédigés en allemand (et non pas en dialecte francique) en Lorraine allemande (bailliage d'Allemagne). Il continueront à l'être jusqu'en 1773 à Rodemack, jusqu'en 1790 à Dabo, et jusqu'à leur rattachement à la France en 1793 dans les terres d'Empire (comtés de Créhange, Hanau-Lichtenberg et Nassau-Saarwerden). Même au delà, elle est restée la langue de culture et de la religion en Lorraine germanophone jusqu'au XXe siècle.
De nombreux noms de villages finissent en -court, -ville, -ing ou -ange. Il s'agit d'anciens domaines mérovingiens ou carolingiens. Le nom du propriétaire était alors combiné avec les appellatifs romans d'origine latine -court de -cortem et -ville de -villa ou germaniques -ing- qui signifient « domaine rural ». Le suffixe germanique -ing- a évolué en -ange dans la zone de fluctuation historique de la frontière linguistique.
Consulter également la liste établissant la correspondance des toponymies lorraines en français et en allemand.
Littérature
La geste des Lorrains est un cycle de cinq chansons de geste anonymes datant des XIIe et XIIIe siècles.
Philosophie
Julien Freund (1921-1993) est « l'un des rares penseurs du politique que la France a vu naître au XXe siècle »[6].
Gastronomie
Plusieurs recettes font la réputation de la gastronomie lorraine dont certaines charcuteries fumées comme le fuseau. On peut citer le pâté lorrain, la quiche, la potée lorraine ou encore le cochon de lait de Metz.
Parmi les fromages originaires de la région on trouve le brouère, le carré de l'Est, le crème de brie de Meaux et le munster géromé des Vosges.
La bergamote est un petit bonbon rectangulaire jaune originaire de Nancy. Les madeleines proviennent de Commercy. Le macaron est également d'origine lorraine. La mirabelle, fruit emblématique de la Lorraine, est utilisée dans de nombreux desserts et en eau de vie. Dans les Vosges les myrtilles sont appelées des brimbelles, d'où la tarte aux brimbelles.
Article détaillé : Cuisine lorraine..
Références
- La Lorraine: ensembles ruraux de Wallonie p36, éditions Mardaga, 1983
- Origines, article Chant grégorien de la wikipédia.
- Association d’Etude pour la Coordination des Activités Musicales (ASSECARM), , Orgues Lorraine Vosges, Metz, Editions Serpenoise, octobre 1991, 677 p. (ISBN 978-2-87692-093-4)
- Légendes lorraines de Mémoire celte, Roger Wadier 2004
- Jacques Allières, La formation de la langue française, que sais-je, éditions PUF 1982. p. 123 - 124.
- Pierre-André Taguieff, Julien Freund : Au coeur du politique (Broché)
Catégorie :- Culture lorraine
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