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Charlie Hebdo
Pour les articles homonymes, voir Charlie.Charlie Hebdo {{{nomorigine}}} Pays France Langue(s) Français Périodicité Hebdomadaire Genre Presse satirique Prix au numéro 2 euros Diffusion 55 000[1] ex. (fin 2008) Date de fondation 1970 Ville d’édition Paris Directeur de publication Charb Directeur de la rédaction Riss Rédacteur en chef Gérard Biard Propriétaire Philippe Val, Cabu ISSN 1240-0068 http://www.charliehebdo.fr Charlie Hebdo est un hebdomadaire satirique français. Largement illustré, il est fait de multiples chroniques au contenu rédactionnel indépendant et pratique de temps en temps le journalisme d'investigation en publiant des reportages à l'étranger ou sur des domaines comme les sectes, l'extrême droite, les catholiques, l'islamisme, la politique, la culture, etc.
Sommaire
Histoire
Avant Charlie Hebdo
L'histoire de Charlie Hebdo commence avec Hara-Kiri. S'étant connus en collaborant au magazine Zéro destiné à donner leur première chance aux jeunes talents, Georges Bernier, alias le Professeur Choron, et François Cavanna lancent en 1960 le mensuel Hara-Kiri, « journal bête et méchant ». Choron est le directeur de publication. Cavanna, rédacteur en chef, rassemble progressivement une équipe qui comprend Topor, Fred, Reiser, Wolinski, Gébé, Cabu. Interdit de publication dès 1961, il reparaît pour être de nouveau interdit en 1966. L'interdiction est levée six mois plus tard. Lorsqu'il reparaît, certains collaborateurs ne reviennent pas, tels Gébé, Cabu, Topor, Fred. On remarque les nouveaux : Delfeil de Ton, Fournier, qui signe alors Jean Nayrien Nafoutre de Sayquonlat et Willem.
1969-1981
En 1969, c'est cette équipe, rassemblée par Cavanna qui, tout en continuant le mensuel, décide de créer un hebdomadaire. Gébé et Cabu reviennent. En février 1969, Hara-kiri-hebdo est lancé. En mai 1969 il est renommé L'hebdo hara-kiri .
En novembre 1970, le général de Gaulle meurt, alors que dix jours auparavant un incendie dans une discothèque à Saint Laurent du Pont avait fait 146 morts. L'hebdo titre en couverture, de façon sobre, sans aucun dessin, « bal tragique à Colombey - un mort » [2]. L'hebdo hara-kiri est interdit de paraître par le ministre de l'Intérieur, Raymond Marcellin. Faisant fi de l'interdiction, l'équipe décide que le journal doit continuer à paraître et trouve la parade en changeant son titre : il devient Charlie Hebdo. Ce nouveau titre vient du mensuel Charlie Mensuel, que Bernier et Delfeil de Ton avaient lancé en 1969[3]. Charlie devait son nom à Charlie Brown des Peanuts : Delfeil de Ton est pendant un an le rédacteur en chef de ce Charlie Mensuel et y publie, les introduisant ainsi aux adultes en France, les Peanuts de Charles M. Schulz (que le magazine Spirou avait déjà présentés en mini-récit à ses lecteurs, mais ceux-ci étaient des enfants). Charlie était initialement la version française du mensuel italien Linus (du nom d'un personnage des Peanuts), qui publiait des séries américaines classiques et des BD contemporaines. La plupart des séries anglo-saxonnes étaient traduites par Cavanna à partir des traductions italiennes de Linus.
Lors de l’élection présidentielle de 1974, Charlie Hebdo appelle à l'abstention[réf. nécessaire].
Charlie Hebdo, quant à lui, continuera à paraître sous ce titre et ne reprendra pas l'une de ses appellations initiales Hara-kiri hebdo ou l'hebdo Hara-kiri.
Le directeur de publication est Georges Bernier, le rédacteur en chef est Cavanna. Lors des dernières années de parution c'est « toute l'équipe » qui assure la rédaction en chef et Cavanna est nommé « ange tutélaire ». Vers 1977, le journal publia une chronique sur l'extrême droite de l'époque (le Groupe Action Jeunesse, le Groupe Union et Défense, les Groupes Nationalistes Révolutionnaires de base de François Duprat, appelés "greuneubeu", les Groupes de Base du Mouvement de Yves Bataille, ...) qui témoignait d'une objectivité et d'une connaissance surprenantes.
Le 23 décembre 1981, faute de lecteurs réguliers en nombre suffisant, la parution s'arrête au numéro 580. Un numéro 581 paraitra un an plus tard en décembre 1982 pour commenter les incidents provoqués par les anciens membres du journal, dont le Professeur Choron, lors de l'émission "droit de réponse" consacrée à la mort de l'hebdomadaire. Ce journal n'avait pas de revenus publicitaires, mais surtout pas assez d'abonnés[4]. Avant de disparaître, il lance un dernier gag, le quotidien Charlie Matin… qui ne parait que trois jours de suite.
De 1992 à nos jours
L'acte de naissance du nouveau Charlie Hebdo correspond à la démission de Philippe Val et Cabu de La Grosse Bertha suite à un différend avec le directeur de publication Jean-Cyrille Godefroy et à leur désir d'avoir leur propre hebdomadaire. Au cours d'une réunion-repas, à la recherche d'un titre, Wolinski lança « et pourquoi pas Charlie Hebdo, le titre est libre ! » La proposition fut immédiatement acceptée[5].
Philippe Val, Gébé, Cabu et Renaud apportèrent le capital pour financer le premier numéro. Une société par actions fut créée, Les Editions Kalachnikof. Ils en détiennent environ 80 % ce qui les rend quasiment propriétaires du journal et assure son indépendance. Renaud vendra ses parts à son départ du journal, et la veuve de Gébé les revendra pour 300 000 euros à la société[6].
C'est ainsi que Charlie Hebdo nouvelle mouture est né en juillet 1992. Il bénéficia pour son lancement de la prestigieuse notoriété du Charlie Hebdo historique, d'autant plus qu'on y retrouvait les signatures vedettes des années 70 : Cavanna, Delfeil de Ton, Siné, Gébé, Willem, Wolinski, Cabu et une maquette identique. Sont également présents Charb, Oncle Bernard, Renaud, Luz et Tignous. Il fut présenté et accueilli non comme un nouvel hebdomadaire mais comme la suite, la reparution de l'ancien.
Le premier numéro s'est vendu à 120 000 exemplaires[7]. Sur la page de une, la légende titre "URBA, Chômage, Hémophiles, Superphénix", on voit en dessous François Mitterrand dire « Et Charlie Hebdo qui revient ! »[8].
Le professeur Choron, à qui on n'avait pas proposé de poste qu'il ait jugé acceptable, tenta pour sa part de relancer simultanément un Hara-Kiri hebdomadaire, où travaillait aussi Philippe Vuillemin, mais sa parution fut brève. Par la suite, il lancera La Mouise, vendu par des personnes à faible revenu (étudiants, SDF…) et leur assurant quelques revenus (initiative saluée d'ailleurs par Cavanna).
Dans ce nouveau Charlie Hebdo, Philippe Val, Gébé et Cabu détiennent toutes les responsabilités. Philippe Val est directeur de rédaction, Gébé responsable artistique.
Sous la direction de Philippe Val, le journal mène des combats rappelant la lignée contestataire d'extrême gauche. En cela, il se différencie de l'ancien Charlie Hebdo sans réelle ligne ni appartenance politique particulière, ce que le talent individuel reconnu de ses collaborateurs, rédacteurs et dessinateurs - humour corrosif, contestation efficace - et la stabilité de l'équipe renforçait encore.
Le Charlie Hebdo actuel ne revendique ni cette continuité ni cette stabilité. Plusieurs collaborateurs quittent le journal, ou en sont renvoyés. Les méthodes du nouveau directeur de rédaction du journal sont contestées au sein même de la rédaction, mises au jour parfois par plusieurs cas d'opposition ou de démission (Philippe Corcuff, Olivier Cyran, Lefred-Thouron…), voire de licenciements (par exemple l'actuelle collaboratrice du Monde diplomatique, Mona Chollet) à la fin des années 1990 et au début des années 2000.
Une large diversité d'opinions s'y exprime cependant montrant que n'y existe pas de ligne éditoriale de prêt-à-penser. Comme Hara Kiri (aujourd'hui disparu), Charlie Hebdo est associé à une liberté de ton rare, et ce en son sein même, Charb ne se privant pas par exemple d'éreinter le fumeur Siné, et ce dernier incitant à voter « non » au référendum de 2005 sur la constitution européenne alors que Philippe Val milite fortement pour le "oui".
Le journal est édité tous les mercredis et publie également un certain nombre de hors-séries à périodicité variable.
2002
En novembre 2002, le chroniqueur philosophe Robert Misrahi publie une tribune sur l'ouvrage d'Oriana Fallaci La Rage et l'orgueil intitulée « Courage intellectuel » dans laquelle il fait un éloge de l'ouvrage.
Il écrit notamment : « Oriana Fallaci fait preuve de courage intellectuel. […] Elle ne proteste pas seulement contre l'islamisme assassin. […] Elle proteste aussi contre la dénégation qui a cours dans l'opinion européenne, qu'elle soit italienne ou française par exemple. On ne veut pas voir ni condamner clairement le fait que c’est l’Islam qui part en croisade contre l'Occident et non pas l'inverse. »
Cet article crée une polémique auprès de plusieurs associations qui estiment que l'ouvrage contient des propos racistes et le soutien de Misrahi à l'auteur italienne est vivement critiqué dans des publications comme Acrimed.
La semaine suivant la publication de l'article, plusieurs lettres de lecteurs choqués sont publiées dans Charlie Hebdo et une réponse de l'hebdomadaire à ces courriers désavoue le chroniqueur.
Après les attentats du 11 septembre 2001, Charlie Hebdo se désolidarise des courants d'extrême gauche qui, par antiaméricanisme passent des alliances avec des islamistes. Ces positions lui vaudront des relations conflictuelles avec cette gauche tiers-mondiste, en particulier, lorsqu'il dénonce la présence de Tariq Ramadan au FSE en 2003. Dans son éditorial du 15 novembre 2003, Philippe Val dénonce une « rhétorique immuablement semblable à celle qui innerva l’Europe d’avant-guerre » et qui, « a de quoi alarmer tous ceux qui savent comment meurent la paix et la démocratie ». Il affirme que Tariq Ramadan « est un propagandiste antisémite ». Il critique une partie de la gauche à qui il prête des positions antisémites au nom de l'antiracisme, se référant en particulier à la conférence de Durban en 2001 durant laquelle le sionisme fut assimilé à une politique raciste.
2004
Après le décès de Gébé, Philippe Val, toujours rédacteur en chef, lui succède comme directeur de la publication.
La vente est d'environ 60 000 exemplaires.
En décembre 2004, le sociologue Philippe Corcuff, chroniqueur depuis avril 2001, quitte Charlie Hebdo suite à des désaccords éditoriaux avec la direction et en particulier avec Philippe Val[9].
2006
L'affaire des caricatures de Mahomet
Tandis que le tirage régulier est de 140 000 exemplaires, le 8 février 2006 160 000 sont publiés et vendus. Le journal procède alors à deux réimpressions et 400 000 exemplaires s'écoulent[10].
Cette semaine-là, Charlie Hebdo publie la série de caricatures de Mahomet du journal Jyllands-Posten. La semaine précédente, ces dessins avaient déclenché des protestations dans des pays à majorité musulmane après que des imams danois y avaient fait campagne contre elles. Certains voient dans cette démarche, une tentative d'augmenter l'autocensure pratiquée par des pays européens à propos de l'islam.
Des organisations musulmanes françaises comme le Conseil français du culte musulman, ont demandé l'interdiction du numéro, qui contient également des caricatures de Mahomet dessinées par les collaborateurs réguliers du journal. Cette demande n'a pas abouti à cause d'un vice de procédure. Le président de la République, Jacques Chirac condamne par la suite ces « provocations manifestes ».
L'affaire des caricatures amène la publication du Manifeste des douze le 1er mars 2006.
Le 15 mars 2006, le ministère de la Culture organise une soirée en l'honneur du dessin de presse pour saluer les dessinateurs et caricaturistes après l'affaire en question. Plantu, Cabu, Wolinski et les plus jeunes Sattouf, Jul, Charb et Luz, tous les dessinateurs de Charlie sont particulièrement salués. Un hommage fut adressé aux caricaturistes, occasion, un mois après la polémique suscitée par la publication des caricatures de Mahomet, d'entendre le directeur de cabinet du ministre, Henri Paul, réaffirmer leur statut d'« acteurs de la liberté », et d'apprendre la création d'une « mission pour la conservation et la valorisation du dessin de presse », parrainée par Wolinski. L'association des amis d'Honoré Daumier, avait inspiré l'événement[11] .
Libération publie des réflexions de plusieurs dessinateurs du journal, en réaction à cette affaire :
- Charb :
« J'ai vu les dessins, c'est énormément de bruit pour pas grand-chose. En France, je parle pour Charlie, on a publié des représentations du prophète qui étaient beaucoup plus choquantes que ce qui a été publié au Danemark. Une fois, une association musulmane très minoritaire et plutôt discrète a intenté un procès à Charlie parce qu'un dessin avait mis en scène le prophète. Ils sont allés en justice, ils ont perdu. À Charlie, avant qu'on soit embêtés par les musulmans intégristes, on a eu affaire à l'extrême droite catholique. Ça s'est terminé normalement devant les tribunaux, ils ont perdu et voilà. Ils attaquent pour tester en espérant gagner et que la législation change. Les juifs, on doit constater qu'ils ne nous font pas chier. Dans Charlie, on traite surtout de l'Église catholique parce qu'elle est encore très majoritaire ».
- Luz :
« En tant qu'athée, il est évident puisque l'on est dans un pays catholique que l'on va s'attaquer plutôt aux catholiques qu'aux musulmans, et plutôt au clergé, qui est le vrai représentant de cette aliénation, qu'à Dieu. Après, tout dépend du média qui porte le message. Quand c'est Charlie Hebdo, la critique ne porte pas sur les musulmans mais sur l'aliénation dans la foi ».
- Jul :
« C'est beaucoup plus facile de faire des dessins violents sur les chrétiens que sur les autres religions. Sans doute parce qu'on est dans un pays catholique. On ne peut pas taper sur une religion minoritaire comme on tape sur une religion majoritaire. Si l'hystérie provoquée par ces dessins est aussi forte, c'est aussi parce qu'il y a un racisme antiarabe et antimusulman en Europe. Mais je trouve totalement anormal que cette affaire ne se soit pas simplement réglée devant les tribunaux »[12].
D'autres intellectuels comme le philosophe Michel Smadja dans le même journal, qui loue le travail de Charlie Hebdo, écrit à ce propos : « comment se fait-il que Charlie Hebdo et ses collaborateurs (dont Caroline Fourest) semblent un vivier d'intelligence du monde et d'honnêteté bien plus crédible que certaines unités du CNRS ? Peut-être parce que, dans la rédaction de ce journal satirique, on a conservé l'idée qu'être de gauche n'est pas une simple posture sociale, mais plutôt, avant toute prise de position, l'exigence de la lucidité »[13].
2007
Charlie Hebdo a été poursuivi par la Mosquée de Paris, l'UOIF et la ligue islamique mondiale pour la publication de deux des caricatures de Mahomet du journal Jyllands-Posten ainsi que la une dessinée par Cabu représentant « Mahomet débordé par les intégristes » déclarant que « c'est dur d'être aimé par des cons » (Le Monde du 08/02/07). Le procès de Charlie Hebdo, qui s’est tenu au Tribunal de grande instance de Paris du 7 au 8 février, a abouti à la relaxe, requise par le procureur de la République, et prononcée le 22 mars[14]. Joann Sfar a publié un compte-rendu du procès dans un de ses carnets. Le CFCM se déclara néanmoins pour sa part satisfait des attendus du jugement.
La société éditrice de Charlie Hebdo, les Editions rotatives, est bénéficiaire de 968 501 euros. Sur cette somme, 85 % ont été reversés aux actionnaires (Philippe Val et Cabu ont touché 330 000 euros, Bernard Maris 110 000 euros et Éric Portheault, responsable financier, 55 000 euros)[6].
2008
En 2008, Charlie lance sa propre maison d'édition: Les Échappés, dirigée par le dessinateur Riss.
2009
Le 12 mai, le journal indique dans un communiqué que Philippe Val quitte son poste pour rejoindre Radio France[15]. Le dessinateur et chroniqueur Charb devient le nouveau directeur de la publication et le dessinateur Riss occupe désormais les fonctions de directeur de la rédaction avec pour adjointe la journaliste Sylvie Coma.
Le départ de Philippe Val, à la tête du journal (d'abord comme rédacteur en chef, puis directeur de la publication et de la rédaction) depuis 17 ans, ouvre une nouvelle ère. François Forcadell, ancien collaborateur de La Grosse Bertha et spécialiste du dessin de presse, parle d'un Charlie 3[16]. Riss affirme qu'« il y aura plus de dessins et les textes seront plus courts, mais c’est tout ». Pour Charb, « le principal changement c’est que Charlie ne sera plus associé à [Philippe] Val. (...) On a envie de renouer avec ce qui nous rassemble : le goût de la satire. »[17]. Enfin, le journal s'ouvre à l'investigation, genre journalistique jusque là peu présent dans les colonnes de l'hebdomadaire satirique, avec les signatures de Guillaume Dasquié et Laurent Léger[18].
Positionnement
Charlie Hebdo publication satirique de tradition libertaire, à l'esprit caustique et irrespectueux, hérité de Hara-Kiri, a gardé une réputation marquée à gauche. S'il fustige toujours aussi volontiers les idées et hommes politiques de droite, il n'est guère complaisant avec les partis de gauche, qu'ils soient de gouvernement ou non. C'est un journal avant tout républicain, attaché à la défense des libertés individuelles et collectives, qui pratique parfois la liberté d'expression jusqu'en son propre sein : il n'est pas rare que les différents chroniqueurs soient en désaccord plus ou moins profond, par exemple lors du Référendum sur la Constitution européenne.
Son directeur de rédaction était, jusqu'en 2007, Philippe Val. Si ce dernier se définit comme un « social-démocrate », la rédaction de Charlie Hebdo ne suit pas nécessairement ses positions de manière tout à fait uniforme. Certains collaborateurs historiques (Siné, Cavanna) maintiennent en effet des positions divergentes.
Polémiques
Dispute avec le Professeur Choron
Georges Bernier (professeur Choron, d'après le nom de la rue du neuvième arrondissement de Paris où fut installé le siège de Hara-Kiri) était pour des raisons historiques propriétaire du titre Hara-Kiri et autres titres des éditions du Square. Le titre Charlie Hebdo ne fut jamais déposé légalement. C'est lui qui avait été directeur de toutes les publications hara-kirienne des éditions du Square et en assurait la gestion financière. Selon Cavanna, sans lui, Hara-Kiri n'aurait jamais pu exister, pas plus que les publications qui en émanèrent, dont Hara-Kiri hebdo nommé Charlie Hebdo pour seule raison d'interdiction du premier. S'il accepta de prendre tous les risques financiers (nombreux procès et mauvaises ventes pour certains titres), il fut de par sa personnalité même un très mauvais gestionnaire.
Aucune place ne lui fut réellement proposée dans le nouveau Charlie Hebdo de 1992. Sa réaction immédiate fut de lancer son propre hebdomadaire satirique nommé Hara-Kiri, qui eut peu de succès et finit par disparaître, et d'intenter un procès à Charlie Hebdo tout en laissant la disposition du titre à la nouvelle équipe pendant six mois. Pour des raisons strictement juridiques, les membres de l'équipe historique ne firent pas valoir leur droit à être ensemble les détenteurs du titre. Il y fut plaidé le droit d'auteur. Delfeil de Ton révéla toutefois dans sa chronique du Nouvel Observateur le 14 août 2008[19] que chaque membre de la nouvel équipe livra au tribunal un papier signé attestant que Cavanna était l'unique inventeur du titre. Cela pourrait être considéré comme un faux, et du reste, Delfeil de Ton n'a été ni contredit, ni attaqué en diffamation.
Cet élément n'étant alors pas connu, Georges Bernier perdit son procès. Par décision de la 3e chambre du tribunal de grande instance de Paris, le 30 janvier 1993, Cavanna est reconnu, de droit, l'auteur du titre. En 2002 il est également reconnu comme propriétaire de la formule "Hara Kiri : journal bête et méchant" qui figure dès lors dans un bandeau sur la quatrième de couverture de l'hebdomadaire regroupant les "couvertures auxquelles vous avez échappées".
Georges Bernier s'exprima de façon virulente envers Philippe Val dans son mensuel, Zéro, et lança un autre magazine satirique nommé La Mouise, vendu par et pour des SDF.
Lors de la parution du livre "Les années Charlie" en 2004, il n'est cité que brièvement dans une préface de Cavanna (il y est fait mention de l'odeur de ses cigarettes dans les locaux du journal). La plus célèbre "Une" du journal, "Bal tragique à Colombey", dont il est l'auteur [20], ne lui est pas créditée non plus.
Direction par Philippe Val
Le journal connaît des polémiques par rapport à sa ligne éditoriale et son fonctionnement interne :
- Philippe Val, membre fondateur d'Attac, fut rayé de la liste des membres fondateurs d'Attac, à sa demande. Il se trouve toutefois qu'il n'avait jamais payé sa cotisation. Le journal PLPL est critique envers Philippe Val, ce qui lui pose quelques problèmes. Philippe Val est en effet plus proche de la gauche parlementaire que de l'extrême-gauche. Sa position est bien éloignée des positions éternellement ambiguës de Choron. On lui reproche également sa stigmatisation fréquente de l'altermondialisme.
- Certains anciens collaborateurs de Charlie Hebdo comme Olivier Cyran ont participé et participent encore au journal CQFD. Libération a décrit CQFD comme le journal des déçus de Charlie Hebdo, qui a démenti... mais interdit à cinq de ses dessinateurs de collaborer à CQFD (cf. CQFD de juin 2003 [2]). Cela dit, Charlie Hebdo n'est pas une chapelle, Wolinski en restait membre même quand il travaillait de front à L'Humanité (sa collaboration à Paris-Match fut d'ailleurs presque autant contestée). De même, Charb publie régulièrement dans L'Humanité et Fluide Glacial, et Cabu dans le Canard enchaîné.
- Bien qu'indépendant de toute forme de publicité, Charlie Hebdo a tout de même conclu un accord avec le journal Libération et affiche chaque semaine dans ses pages une publicité (la seule) présentant la Une de ce journal.
- Philippe Val est particulièrement virulent envers Internet et a longtemps refusé que Charlie Hebdo s'en serve pour communiquer, par le biais d'un site web par exemple. Il a fait fermer le site d'un particulier qui faisait un résumé hebdomadaire des éditions de Charlie Hebdo. En revanche, le fait qu'il ne mette plus systématiquement son courriel en signature comme il le faisait il y a quelques années peut être vu comme une mesure de protection de sa tranquillité : sans doute pour éviter les spams et insultes faciles. Le 10 septembre 2008, cependant, Charlie Hebdo annonce en page 3 le lancement de son site Internet : www.charliehebdo.fr.
- La direction de Charlie Hebdo par Philippe Val s'achève courant mai 2009, lorsque ce dernier décide de rejoindre Jean-Luc Hees, le nouveau président de Radio France. Cette information a été divulguée par l'hebdomadaire, sans toutefois donner de détails sur le poste qu'occupera Philippe Val à Radio France.
- Charb, dessinateur et chroniqueur au sein de l'hebdomadaire, lui succède à la direction de la publication et le dessinateur Riss aux fonctions de directeur de la rédaction, avec pour adjointe la journaliste Sylvie Coma. Bernard Maris quitte ses responsabilités à la direction de la rédaction, mais il prend à sa charge l'éditorial. Enfin, Gérard Biard demeure rédacteur en chef du journal.
Licenciement de Siné
Article détaillé : Affaire Siné.- Dans le numéro du 2 juillet 2008, Siné, dans sa chronique hebdomadaire « Siné sème sa zone », ironise sur l'ascension de Jean Sarkozy. Il y fait notamment allusion aux fiançailles de celui-ci avec l'héritière, de confession juive, des fondateurs du groupe Darty, et à une possible conversion au judaïsme (rumeur lancée par Patrick Gaubert, président de la Licra dans Libération du 23 juin 2008). L'entourage de Jean Sarkozy signale[21] cette chronique à Claude Askolovitch du Nouvel observateur, qui la déclare « antisémite » sur RTL. Philippe Val, qui affirme l'avoir publiée sans la lire[22], reçoit un coup de téléphone[21] d'un proche collaborateur de Jean Sarkozy, écrit une lettre d'excuse et demande à Siné de la signer[23]. Il est également prévu que la rédaction du journal dans son ensemble signe un texte désavouant l'article de Siné. Ce texte ne sera finalement pas publié, une partie de la rédaction — notamment Michel Polac — refusant de s'y associer, mais Siné considère néanmoins cette initiative comme une « pétition contre lui » et refuse alors de présenter des excuses[22]. Philippe Val annonce dans le numéro du 16 juillet la fin de la collaboration du journal avec Siné. Celui-ci accuse alors Val d'avoir cherché un prétexte pour le licencier en raison de leur désaccord à propos de Denis Robert et Clearstream pour lequel il l'attaquait également dans le même article[24], l'avocat de Charlie Hebdo étant aussi avocat de Clearstream.
- L'éviction de Siné entraîne une vive polémique médiatique. Deux tendances opposées s'affrontent dans les médias français, l'une prenant la défense de Siné, l'autre dénonçant ses propos comme étant antisémites. Philippe Val fait l'objet de nombreuses attaques affirmant que la chronique incriminée n'aurait été qu'un prétexte pour se débarrasser d'un collaborateur historique de Charlie Hebdo avec lequel il avait très peu d'affinités. Des pétitions sont lancées dans les deux camps, et de nombreuses personnalités prennent parti pour l'un ou l'autre.
- Siné est cité à comparaître le 9 septembre 2008 devant la 6e chambre correctionnelle (presse) du tribunal de grande instance de Lyon par la LICRA pour « incitation à la haine raciale ». L'audience sur le fond a été fixée au 29 janvier 2009. Elle se tient finalement les 27 et 28 janvier 2009.
- Le 10 septembre 2008, Siné lance son propre hebdomadaire : "Siné Hebdo". Depuis sa création, il continue d'être tiré à plus de 100.000 exemplaires chaque semaine.
- Le 24 février 2009, il est relaxé à Lyon, les juges considèrent que Siné avait usé de son droit à la satire.
Équipes
Direction
Actuelle
La rédaction de Charlie Hebdo est composée de journalistes et de dessinateurs, qui sont aussi des chroniqueurs. Depuis mai 2009, le directeur de la publication est le dessinateur/chroniqueur Charb et le directeur de la rédaction est le dessinateur Riss[18]. Ce dernier a pour adjointe la journaliste Sylvie Coma. La rédaction en chef est assurée par le journaliste Gérard Biard. Enfin, le dessinateur Cabu est directeur artistique de l'hebdomadaire satirique, une fonction originale dans le milieu de la presse.
Dessinateurs
Actuels
- Babouse
- Besse
- Cabu
- Catherine
- Charb
- Coco
- Erwann
- Honoré
- Kamagurka
- Jul
- Luz
- Mougey
- Riss
- Riad Sattouf
- Schwartz
- Tignous
- Willem
- Wolinski
Anciens
- Bernar (mort en 2006)
- Blutch (auteur du feuilleton Le petit Christian paru aux éditions L'Association, dont quelques planches ont été publiées par Charlie Hebdo durant l'été 2008)
- Gébé (mort en 2004)
- Lefred-Thouron (a quitté le journal en août 1996 lorsque son dessin sur les problèmes judiciaires de Patrick Font a été refusé par Philippe Val)
- Jean-Marc Reiser (mort en 1983)
- Joann Sfar (a quitté le journal en 2005)
- Siné (licencié en juillet 2008)
- Tardi (de 1992 à 1996)
Rédacteurs
Actuels
- Agathe André
- Gérard Biard
- Stéphane Bou
- François Cavanna
- Charb
- Marine Chanel
- Sylvie Coma
- Paule Drouault
- Antonio Fischetti
- Caroline Fourest
- Philippe Lançon
- Luce Lapin
- Grégory Lassus-Debat
- Anne-Sophie Mercier
- Oncle Bernard
- Patrick Pelloux
- Michel Polac
- Jean-Baptiste Thoret
- Fiammetta Venner
Anciens
- André Adoutte (1947 - 2002). Membre de l'Académie des sciences , section Biologie animale et végétale. Professeur à l'université Paris-Sud Orsay. Directeur du centre de génétique moléculaire du CNRS.
- Sylvie Caster (Charlie Hebdo première époque)
- Coluche (Charlie Hebdo première époque)
- Mona Chollet (2001-2004, quitte Charlie Hebdo pour divergence de fond)
- Philippe Corcuff (2001-2004, quitte Charlie Hebdo pour divergence de fond)
- Olivier Cyran (1992-2002, quitte Charlie Hebdo pour divergence de fond)
- Delfeil de Ton (Charlie Hebdo première époque)
- Patrick Font
- Frédéric H. Fajardie (a quitté le journal suite à de profonds désaccords avec Philippe Val auquel il reproche son « stalinisme dans [ses] rapports à l'autre »)
- Professeur Choron (Charlie Hebdo première époque)
- Gébé (mort en 2004)
- Jean-Luc Hees (2008, campagne présidentielle américaine)
- André Langaney (chroniques scientifiques)
- Guillaume Lecointre (chroniques scientifiques)
- Jean-Patrick Manchette (1979-1982, chroniques de cinéma)
- Patrick Raynal (2005, critique littéraire)
- Renaud
- Liliane Roudière (a rejoint Siné Hebdo en février 2009[25])
- Siné (licencié en 2008)
- Emmanuelle Veil (2001-2009, a rejoint Siné Hebdo en février 2009[25])
- Philippe Val (quitte Charlie Hebdo en mai 2009 pour la direction de France Inter)
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
- Jean Egen, La Bande à Charlie[26], Éditions Stock, 1976.
- François Cavanna et Philippe Val présentent Les années Charlie 1969-2004. Éditions Hoëbeke, 2004. Recueil de unes et de dessins.
- Stéphane Mazurier, Bête, méchant et hebdomadaire. Une histoire de Charlie Hebdo (1969-1982), Buchet-Chastel, 2009.
Liens internes
- Maurice et Patapon, bande dessinée dont une aventure est publiée chaque semaine dans le journal.
Liens externes
- Site officiel de Charlie Hebdo
- Les Unes de Charlie Hebdo de 2006 à 2008 Index archives
- Les Unes de Charlie Hebdo depuis septembre 2008
- Site consacré à Charlie Hebdo et au Canard enchaîné
- Site qui analyse chaque semaine les "unes" de Charlie et Siné Hebdo
Articles critiques
- Charlie Hebdo court après les rumeurs qu’il répand, enquête de l'Association Critique des Médias
- « Une histoire de Charlie Hebdo», également sur Acrimed.
Notes et références
- ↑ «Charlie 0 Siné 1»,
- ↑ N°94 Lundi 16 novembre
- ↑ Delfeil de Ton, « Vive Siné ! », Le Nouvel observateur, n° 2281 du 24 juillet 2008, page 52
- ↑ Paradoxe : Dans les premiers numéros, le coupon d'abonnement mentionnait « Abonnez-vous, mais on aime mieux pas, sinon ça nous oblige à vous l'envoyer »
- ↑ Philippe Val, Les Années Charlie, Hoëboeke, 2004
- ↑ a et b De la bande de copains à l'entreprise prospère, Yves-Marie Labé et Dorian Saigre, Le Monde, 30/07/08
- ↑ «Cabu et Val écrivent à l'Obs»
- ↑ N°1, 1992
- ↑ BELLACIAO - Philippe Corcuff quitte Charlie Hebdo - Philippe Corcuff
- ↑ [1]
- ↑ [réf. incomplète]Cf. Le Point du 23/03/2006
- ↑ Libération
- ↑ LeMonde.fr : Du bon usage du pamphlet
- ↑ « Relaxe pour Charlie », Charlie enchaîné, 22 mars 2007.
- ↑ « Philippe Val quitte Charlie », site internet de Charlie Hebdo, mardi 12 mai 2009.
- ↑ « Vers Charlie 3 », Fait d'images - le blog de François Forcadell, 3 juin 2009.
- ↑ « Charlie Hebdo après le départ de Philippe Val », lesinrocks.com, 18 juin 2009.
- ↑ a et b «Où en est Charlie», Charlie enchaîné, 9 juil. 2009.
- ↑ Nouvelobs
- ↑ confirmé par Georges Wolinski dans le film "Choron Dernière" de Pierre Carles et Eric Martin
- ↑ a et b Éditorial de Philippe Val, Charlie Hebdo du 30 juillet 2008.
- ↑ a et b Arnaud Borrel, « Charlie hebdo zappe Siné », Marianne2.fr, 15 juillet 2008.
- ↑ « Rififi à "Charlie" », bakchich.info, 12 juillet 2008.
- ↑ « Renvoyé de "Charlie Hebdo", le dessinateur Siné veut porter plainte », Le Monde, 17 juillet 2008.
- ↑ a et b «Emmanuelle Veil rejoint Siné Hebdo», Charlie enchaîné, 25 fév. 2009.
- ↑ Interrogé à Apostrophes en présence de l'auteur sur ce qu'il pensait du livre, Cavanna suggéra "d'aller plutôt directement aux sources". Dans l'hebdomadaire, il précisa qu'il n'avait alors pas encore lu le livre, et avait trouvé celui-ci depuis "plutôt bien fait"
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