Spirou

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Spirou
Le Journal de Spirou
Spirou.svg

Pays Drapeau de Belgique Belgique
Langue Français
Périodicité Hebdomadaire
Format A4
Genre Bande dessinée franco-belge
Prix au numéro 2,30 €
Diffusion 39 326 ex. (décembre 2007 (kiosque))
Fondateur Jean Dupuis
Date de fondation 21 avril 1938
Éditeur Marcinelle

Propriétaire Dupuis
Directeur de publication Olivier Perrard
Rédacteur en chef Frédéric Niffle
ISSN 07718071
Site web Spirou.com

Spirou[1] est un périodique de bande dessinée franco-belge hebdomadaire créé le 21 avril 1938 sous le nom de Journal de Spirou.

Imaginée par l'éditeur Jean Dupuis, cette revue a bénéficié dès sa création de la participation d'auteurs et de dessinateurs de talent. Alors que les autres grands hebdomadaires pour la jeunesse se sont arrêtés dans les années 1980 (Tintin, Pilote, la première formule de Pif Gadget…), Spirou a survécu tout en gardant dans une certaine mesure son esprit de créativité débridée initial, mais en évoluant pour la tranche d'âge visée des enfants et pré-adolescents à l'origine, aux pré-adolescents et adolescents aujourd'hui.

Ses rédacteurs en chef furent successivement Jean Doisy (1938-1955), Yvan Delporte (1956-1968), Thierry Martens (1968-1978), Alain De Kuyssche (1978-1982), Philippe Vandooren (1982-1987), Patrick Pinchart (1987-1993 et 2005), Thierry Tinlot (1993-2004), Olivier van Vaerenbergh (2005-2007), Sergio Honorez et Benoît Fripiat (intérim en 2007-2008) et Frédéric Niffle depuis le 16 avril 2008.

Sommaire

Historique

La création (1938-1939)

L'idée de la création du journal Spirou naît dans la tête de Jean Dupuis, un imprimeur belge de Marcinelle qui depuis les années 1920 s'est lancé dans la presse, avec notamment les journaux Le Moustique, spécialisé dans les programmes radios nationales et Bonne soirée, un journal féminin spécialisé dans le roman[2]. Pour diversifier encore un peu plus son lectorat, il a l'idée de créer un journal pour la jeunesse. La bande dessinée américaine inondent alors la Belgique, au travers de magazines publiés en France. Jean Dupuis, catholique pratiquant et fortement européen, trouvant que ces histoires ne coïncident pas avec la morale et le souci éducatif qu'il défend, charge son fils ainé, Paul, de trouver le profil idéal d'un journal pour la jeunesse[3].

L'étude menée par Paul coïncide avec l'idée de son père : le journal doit être représenté par un garçon très jeune, vif d'esprit et espiègle comme le lectorat qu'il doit attirer. C'est le cadet de la famille, Charles, âgé de 19 ans et passionné par les illustrés pour la jeunesse qui soumet le nom du dessinateur français Robert Velter, alias Rob-Vel. Collaborateur du journal Toto, son style, en avance sur son temps, en fait le mieux placé selon Charles Dupuis pour créer graphiquement le personnage principal du journal. Coïcidence : la femme de Velter, Davine, réalise de temps en temps des couvertures pour les autres publications Dupuis.

Le nom du journal est quant à lui trouvé par Émile-André Robert, un ami de la famille Dupuis qui mène plusieurs activités comme l'écriture de pièces et de sketchs en français et en wallon pour une radio locale la représentation d'une papeterie allemande qui fournit les Dupuis[3].

Un comité de direction familial entérine la création du journal Spirou et l'engagement de Rob-Vel. Ce dernier accepte après une seule rencontre avec Jean Dupuis[4]. Il crée ainsi le personnage de Spirou qui a, à l'origine du moins, l'apparence d'un groom, habillé dans la costume traditionnel rouge et noir des grands hôtels (au fil du temps, il adoptera un style plus décontracté, sauf pour un épisode inachevé dû à Yves Chaland et paru en 1982, qui reprend l'esthétique de Jijé et des premiers récits dessinés par Franquin). Portier au Moustic Hôtel, le jeune garçon est vif comme l'écureuil et a, de surcroît, les cheveux roux.

Article détaillé : Spirou (personnage).

Le premier numéro du journal parait le 21 avril 1938, il est composé de seize grandes pages au format classique d'avant-guerre 28x40, la moitié des pages est en couleurs alors que l'autre moitié est en noir et blanc[5]. Au sommaire de ce no 1 où la bande dessinée occupe 40 % des pages, dont l'essentiel des pages en couleur[6], Spirou par Rob-Vel qui occupe la couverture de l'hebdomadaire, l'auteur français signe d'autres série avec l'histoire à suivre Bibor et Tribar qui conte les mésaventures de deux matelots de guerre, ainsi que Babouche une série publiée sous forme de gag[7]. Sa femme Davine, anime Les Aventures de Zizette, un mélodrame à suivre au dessin expressionniste, ainsi qu'un rédactionnel intitulé La Princesse des neiges[8]. Une autre série, Aventures de Tif de Fernand Dineur, qui deviendra par la suite un grand classique de la bande dessinée franco-belge (sous le nom de Tif et Tondu) est présent dans ce premier numéro[9]. La bande dessinée américaine est aussi au rendez vous de ce premier numéro. Avec le policier Dick Tracy et le western Tex le Cow-boy la présence des bandes dessinées outre-atlantique s'explique par la volonté des Dupuis de lutter à armes égales avec les concurrents français ce qui fait que la même bande dessinée peut paraitre dans plusieurs journaux en même temps[10]. Le reste du journal est composé de romans à suivre, de jeux et de rédactionnel dont Le Fureteur vous dira rédigé par Jean Doisy[5].

Très vite le journal trouve un ton propre. Les pages de bandes dessinées sont dominées par les productions américaines. Ainsi en 1939 Red Ryder, Superman, suivis par Brick Bradford en 1940 rejoignent les héros américains présents dès le premier numéro dans les pages du journal. La bande dessinée italienne est aussi présente avec la publication de Bill l'Albatros en 1938.

Les Dupuis vont chercher à augmenter la production originale dans les pages du journal pour ne pas être trop dépendants des productions internationales. C'est pour cette raison qu'il engage le belge Jijé en 1939. Ce dernier venait de publier les deux premières aventures de Jojo dans le journal catholique Le Croisé. Sa première série Freddy Fred avec l'épisode Le Mystère de la clef hindoue est publiée dans le no 14/39. Suivi peu après par Trinet et Trinette dans le no 46/39 des personnages plus aboutis. Autre auteur maisons Rob-Vel, qui dessine toujours les aventures du héros phare du journal, ainsi que Babouche jusqu'au no 10/38 et Bibor et Tribar jusqu'au no 13/39. Sa femme Davine dessine Les Aventures de Zizette jusqu'au no 51/39. Mais une personne va véritablement se détacher dans l'équipe, il s'agit de Jean Doisy d'abord auteur de romans policiers il va très vite occuper la place de rédacteur en chef du journal et va crée une forte relation avec les lecteurs du journal, cas unique dans la presse pour la jeunesse de l'époque. Il lance dès aout 1938 le club des Amis de Spirou (A.d.S.) qui organise ses manifestations, possède ses signes de reconnaissance, son code d'honneur et des messages secrets dans le journal que seuls les membres du club peuvent déchiffrer. Jean Doisy va en outre définir le ton du journal en rédigeant la plupart des rédactionnel (Le Fureteur, contes, courrier des lecteurs, textes de Fantasio qu'il créera pour l'occasion, jeux et concours).

Les années de guerre (1939-1945)

Malgré la guerre qui débute en septembre 1939, le journal continue de paraitre. Rob-Vel mobilisé dans l'armée française continue de livrer ses planches à la rédaction par courtier spécial[11], Jijé seul dessinateur polyvalent du journal, assure les dessins d'urgence quand les planches de série manquent comme Red Ryder ou Superman[12], mais aussi les dessins des couvertures des numéros spéciaux et des recueils. Pendant une contre-attaque, Rob-Vel est blessé puis fait prisonnier à Lille[11], dans le même temps l'invasion de la Belgique disperse la famille Dupuis, Jean passe en Angleterre, Paul est fait prisonnier de guerre et Charles echappe de peu à la captivité[13]. La publication s'interrompt du 9 mai 1940 pour reprendre le 22 août 1940[14] par les efforts de Charles et René Matthews. Rob-Vel injoignable c'est Jijé qui assure l'intérim à partir du 24 octobre 1940.

L'Âge d'or (1946-1968)

Article détaillé : Âge d'or de Spirou.


Séries

Historiquement, les séries fondatrices sont L'Épervier bleu, Timour, Jerry Spring, Jean Valhardi, Lucky Luke, Buck Danny , Johan et Pirlouit (rejoints plus tard par les Schtroumpfs), Marc Dacier, Gil Jourdan, Bobo, Hultrasson, Tif et Tondu, Vieux Nick et, Les Belles Histoires de l'oncle Paul qui témoignaient d'un intérêt réel à cultiver la jeunesse et fournirent à la génération des baby boomers leurs toutes premières références culturelles : Spartacus, Choiseul, Georges Guynemer, Crépin et Crépinien, Bernard Palissy, Louis Pasteur, Abd El-Kader, Nicolas Copernic, Paul de Tarse, Jean-François Champollion, Galilée, Surcouf, Jack London, Androclès, Régulus, Charles Dickens, Roald Amundsen, Raoul Follereau, Ésope, Robert Peary, Alfred Nobel, Louis Blériot, Samuel Morse, Clément Ader, Andrew Carnegie, Charles Nungesser, Thomas Edison, Heinrich Schliemann, etc.

Parallèlement, une rubrique comme Le Fureteur et des concours aux épreuves parfois complètement déjantées suscitent l'imagination et l'inventivité de son lectorat. La créativité fut d'ailleurs longtemps à l'honneur dans le magazine, matérialisée au début par des héros comme Fantasio, puis plus tard par Gaston Lagaffe deuxième manière.

Certaines séries ont connu leur heure de gloire, même si elles n'ont été publiées longtemps, comme la rubrique 33, rue Carambole ou Le Figurant, mettant en scène un teckel la plupart du temps dessiné par Thiriet. Un « numéro spécial » rebaptisé Le Figurant Magazine lui rend hommage. D'autres rubriques ont dû leur réputation à leur qualité et leur précision comme Starter (ou Spirou-automobile) animé par Franquin puis repris par Jidéhem et Spirou-aviation animé de longues années par Jean-Luc Béghin.

Parmi les séries diffusées actuellement dans le journal, on peut citer Spirou et Fantasio, Le Petit Spirou, Cédric, Kid Paddle, Game Over, Mélusine, Parker et Badger, Zapping Génération (anciennement Les Zappeurs), Nelson, Oscar, Ludo, Violine, Tamara, Les Nombrils, Adostars (anciennement Génération égo), Jacques, le petit lézard géant, Billy the Cat, Les Démons d'Alexia, Seuls

Parmi les séries emblématiques aujourd'hui disparues, on peut citer :

  • Le Fureteur, qui partait à la recherche du pourquoi des choses. Le Fureteur coordonnait une organisation informelle de lecteurs, les ASBC (agents secrets du bien clandestin), inspirée du scoutisme ;
  • Le saviez-vous dessiné chaque semaine, très inspiré du Ripley's Believe it or not ;
  • Les Belles Histoires de l'oncle Paul, racontant chaque semaine une histoire édifiante et qui manifestait l'ambition d'ouvrir le lectorat au goût de la culture et parfois de l'actualité.
  • les Mini-récits, à plier et découper, d'abord sous forme de feuille jointe au journal et tirée en offset, puis directement dans les pages centrales du journal. Un essai de mini-livre de 8 pages joint au fascicule 418 en 1946 (On a volé les plans de la V2) était resté sans suite. Deux suppléments au Spirou no 1 000 qui permettaient de fabriquer deux mini-livres annonçaient les prémisses des mini-récits. Le premier mini-récit fut édité à titre expérimental dans le Spirou 1 107 Les schtroumpfs noirs, de Peyo. Il fut suivi par dix mini-récits hors-série insérés comme feuilles volantes dans les fascicules et non repris dans les recueils dont la première apparition de Boule et Bill ; Boule et Bill contre les mini-requins. Les mini-récits de pages centrales seront inaugurés par « Polo et les satellites » et rendront populaires les mysterns de Devos. Plus de 550 mini-récits seront publiés et contribueront au développement du journal dans les années 1960-1970.
    Parmi les auteurs de mini-récits, nous citerons : De Gieter (Pony), Deliège (Cabanon, Superdingue, Bobo), Bissot (Le baron et Juju), Turk (Archimède), Lagas (Sam et l'ours), Degotte (Le Flagada), Salvérius (Petit Cactus), Denis (Les Frères Clips) et bien d'autres. Ces mini-récits sont de retour le 21 mai 2008 avec Lewis Trondheim.
  • le maxi-récit Le métier des armes (Du casse-têtes au missile) : quatre pages en offset dans chaque numéro qui, reliées, constituaient une monographie sur l'histoire des armes et armées de la haute antiquité jusqu'à nos jours, et terminait par une prospective inquiétante ;
  • le supplément interne le Trombone illustré en 1977 pendant 30 numéros ;
  • Ces couvertures que vous ne deviez pas voir qui montrait des parodies de la couverture réelle de chaque numéro, dessinées par E411 ;
  • le Sommaire illustré sur une demi-page. Plusieurs dessinateurs ont fait leurs premières armes sur cette rubrique ;

Au nombre d'exemples de l'inventivité du journal :

  • les Transblagues, posters dont le sens changeait du tout au tout dès qu'on les éclairait par derrière
  • un « dessin animé à rayures » dessiné par Morris (effet d'animation sur une bande par une grille en celluloïd à rayures parallèles)
  • un labyrinthe en quatre dimensions (en fait, deux fois deux, sur une feuille comportant des trous permettant de passer d'un côté à l'autre).
  • ses numéros de premier avril
  • ses concours dont les épreuves, voisines des « courses au trésor» de rallyes touristiques, exigeaient « du flair, du flair et encore du flair ».
  • l'irruption sporadique de personnages en plein milieu du journal
  • un exemplaire entièrement dessiné par Bercovici.
  • un poster réunissant nombre de couvertures de bandes dessinées Dupuis, représentant au final une gigantesque tête de Spirou.
  • l'illusion d'un journal « croqué » (traces de dents et bouts de page de la forme d'une mâchoire) pour illustrer un Spirou spécial sur Les Crannibales
  • un numéro spécial strips « découpable » en quatre morceaux pour obtenir une revue adaptée à ce format.
  • un poster grandeur nature de Gaston, en quatre parties.
  • pour les 70 ans du journal, un supplément comportant 70 Spirou dessinés par 70 dessinateurs. Le numéro est tiré avec quatre couvertures différentes distribuées de façon aléatoire.
  • l'utilisation d'une page 12 bis au lieu de 13, suite à une grande saga basée sur une hypothétique malédiction.
  • huit numéros « Spécial voyage », à l'été 2006, avec à l'intérieur un cahier de bandes dessinées d'un pays en particulier.

Repères chronologique

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Titres successifs

Annexes

Bibliographie

  • Philippe Brun, Histoire du journal Spirou et des publications des éditions Dupuis, Glénat, 1975. Réed. 1981.
  • François-Xavier Burdeyron, L'Âge d'or du Journal de Spirou, Bédésup, coll. « plongée », 1985.
  • Thierry Martens, Le Journal de Spirou, 1938-1988 : Cinquante ans d'histoire(s), Dupuis, 1988.
  • [PDF] Hugues Dayez, Le Duel Tintin-Spirou : Entretiens avec les auteurs de l'âge d'or de la BD belge, Luc Pire/Les Éditions contemporaines, 1997.
  • Philippe Mouvet, Les Trésors de Spirou : 1938-1968, éditions l'Âge d'or, 1998.
  • Philippe Mouvet et Claude Decnop, Les Trésors de Spirou et le cirque, éditions l'Âge d'or, 2000.
  • Collectif, Spirou, 1938-2008 : 70 ans de suppléments, éditions l'Âge d'or, 2008.

Liens externes

  • Le site officiel du magazine.
  • Spirou sur BD oubliées, site proposant une base de donnée très complète de ce qui a été publié dans Spirou.
  • Tout Spirou, site personnel très complet sur le journal de Spirou.

Notes et références

  1. D'après le mot wallon « spirou » signifiant « écureuil » ou « enfant espiègle ».
  2. Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988) : Cinquante ans d'histoire(s), Fleurus, Dupuis, octobre 1988, 276 p. (ISBN 2-8001-1591-2), p. 13 
  3. a et b Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p. 16.
  4. Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p. 17.
  5. a et b Collectif, « Le Journal de Spirou en 1938 » sur Bdoubliees.com. Consulté le 9 mai 2010
  6. Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p.24.
  7. Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p. 37.
  8. Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p. 36.
  9. Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p. 28.
  10. Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p. 30.
  11. a et b Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p. 42.
  12. Histoire de la bande dessinée en France et en Belgique des origines à nos jours, Luçon, Glénat, 1er trimestre 1980, 158 p. (ISBN 2-7234-0137-5), p. 35 
  13. Thierry Martens, Le Journal de Spirou (1938-1988), op. cit., p. 40.
  14. Histoire de la bande dessinée en France et en Belgique, op. cit., p. 41.
  15. Aventures électroniques, yokotsuno.com. Consulté le 26 décembre 2008.
  16. Entretien de l'éditeur et du rédacteur en chef du magazine sur le site ActuaBD.com.




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