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Acrimed
Acrimed (acronyme d'« Action critique Médias ») est une association française loi de 1901 de critique des médias, créée en 1996 par deux universitaires proches de Pierre Bourdieu[1], dans la foulée du mouvement social de novembre et décembre 1995 et dans le sillage d'un appel à la solidarité avec les grévistes, en réponse à la façon dont les grands médias auraient pris parti contre ce mouvement et neutralisé l'expression de ses acteurs[2].
Constituée en « Observatoire des médias », Acrimed réunit des journalistes et des salariés des médias, des chercheurs et des universitaires, des acteurs de la vie associative et politique. Association adhérente d'Attac jusqu'en 2008, Acrimed s'inscrit dans le mouvement altermondialiste[3]. Comme Attac, Acrimed est membre fondateur de l'Observatoire français des médias (OFM).
Sommaire
Objectifs
Acrimed se donne pour but « d’intervenir publiquement, par tous les moyens à sa disposition, pour mettre en question la marchandisation de l’information, de la culture et du divertissement, ainsi que les dérives du journalisme quand il est assujetti aux pouvoirs politiques et financiers et quand il véhicule le prêt-à-penser de la société de marché »[4].
S'appuyant sur les analyses critiques d'économie et de sociologie des médias et du journalisme — et notamment sur les travaux de Pierre Bourdieu et Noam Chomsky[5] —, l'association se donne pour objectifs d' « informer sur l'information », sur son contenu et sur les conditions de sa production, ainsi que d'analyser les effets de la subordination des métiers du journalismes aux pouvoirs économiques qui dominent les médias[6] et aux pouvoirs politiques qui les maintiennent sous tutelle. Selon Acrimed, cette situation explique largement la transgression répétée des règles de la déontologie journalistique. Parmi les cibles de l'association, on retiendra la critique de toutes les formes de connivence pratiquée par une minorité de journalistes qui occupent les sommets de la profession, ainsi que la contestation des « intellectuels médiatiques » dont elle déplore l'omniprésence dans les médias.
L'association résume ses objectifs en quatre points[7] :
- Informer : informer sur l'information, son contenu et les formes de sa production, grâce à la mise en commun de savoirs théoriques, de savoirs professionnels, de savoirs militants. Une telle information repose sur une critique qui prend les choses à la racine : une critique radicale.
- Contester : contester l'ordre médiatique existant, ses concentrations pharaoniques et ses baronnies inamovibles, la prostitution de l'information et de la culture aux marchés financiers, la perpétuation d'un pluralisme anémié et, par conséquent, d'une démocratie mutilée. Une telle contestation suppose une critique qui ne se laisse pas intimider par les gardes-barrières qui contrôlent l'accès à l'espace médiatique : une critique intransigeante.
- Proposer : proposer des transformations en profondeur des médias, parce qu'ils sont aujourd'hui, pour l'essentiel, des médias dominants, c'est-à-dire des médias de la domination. Or, si un autre monde est possible, d'autres médias le sont aussi.
- Mobiliser : mobiliser et se mobiliser avec toutes les composantes disponibles pour constituer un véritable front de lutte à la mesure des enjeux : la question des médias est une question démocratique essentielle, une question politique.
Le site Acrimed
Acrimed publie sur son site web des contributions élaborées par le comité de rédaction de l'association, ainsi que des articles de correspondants, le cas échéant sous forme de tribunes libres.
Ce site dispose d'une visibilité importante sur Internet : lors du débat au sujet du Traité établissant une Constitution pour l'Europe, il a été montré par un groupe de recherche de l'Université de Compiègne qu'il était à égalité avec rezo.net l'un des principaux sites de référence sur le sujet, devancé seulement par Libération.fr[8].
Le 20 novembre 2007, Acrimed a publié une note sur le traitement des grèves dans les transports publics, accusant TF1 de surexposer les propos défavorables à la grève et ses inconvénients et de ne laisser qu'une part congrue aux propos des grévistes[9].
Autres médias
Acrimed diffuse également ses travaux et analyses sur d'autres supports. Un Magazine, présenté comme une publication intempestive et aléatoire, est diffusé selon différents modes. Les n°1 et 3 sont en vente auprès de l'association directement. Les n°2 et 4 ont été diffusés en supplément dans le journal Le Plan B. L'association a également publié trois livres chez les Éditions Syllepse :
- Médias en campagne. Retours sur le référendum de 2005 coordonné et mis en forme par Henri Maler et Antoine Schwartz.
- Médias et mobilisations sociales. La morgue et le mépris coordonné et mis en forme par Henri Maler et Mathias Reymond.
- Tous les médias sont-ils de droite ? coordonné et mis en forme par Mathias Reymond et Grégory Rzepski.
Les rédacteurs d'Acrimed participent aussi à de nombreux débats en France et à l'étranger[10].
Le journal satirique PLPL[11] présentait Acrimed comme sa « vitrine universitaire ». À quoi Acrimed réplique, ironiquement, que PLPL n'est que « l'une des succursales non franchisées d'Acrimed »[12].
Critiques
Les détracteurs de l'association, comme les journalistes Jean Quatremer[13] et Aliocha[14] se demandent où s'arrête l'étude critique des médias proprement dite et où commence l'expression de points de vue politiques sous couvert de démontage d'argumentaires de journalistes et d'éditorialistes exprimant l'avis opposé.
Le sociologue Philippe Corcuff estime que des analyses d'Acrimed recourent à des explications à tonalité conspirationniste[15]. Pour le sociologue Patrick Champagne, membre d'Acrimed, « ce donneur de leçons est [...] un faussaire »[16]. Philippe Corcuff a réagi en parlant de « bon sens stalinien » et Henri Maler, membre d'Acrimed, a parlé de cette réaction comme d'une « crise de nerfs »[17].
Notes et références
- ↑ (en) Michael Grenfell, Pierre Bourdieu, agent provocateur, Continuum International Publishing Group, 2004, p. 108-109.
- ↑ Voir l'« Appel pour une action démocratique sur le terrain des médias » (1996) et « Les médias face au mouvement social de la fin », article paru dans la revue S!lence en juin 1996.
- ↑ Eddy Fougier, L'altermondialisme, Le Cavalier Bleu, 2008, p. 43.
- ↑ Voir Acrimed se présente sur le site de l'association.
- ↑ Frédéric Delorca, « Chomsky et Bourdieu : une rencontre manquée » in Jean Bricmont et Julie Franck (dir), Chomsky, L'Herne no 88, 2007, p. 266.
- ↑ Voir l'exemple de Rupert Murdoch sur le site d'Acrimed.
- ↑ Voir le magazine n°1 d'Acrimed
- ↑ Carte des sites du débat sur le TCE établie par le groupe réseaux, territoires & géographie de l'information de l'Université de Compiègne.
- ↑ « Acrimed dénonce le traitement de la grève par les journaux de TF1 », NouvelObs.com, 13 juin 2008.
- ↑ Les débats d'Acrimed.
- ↑ Le journal PLPL (Pour Lire Pas Lu) a laissé la place au mensuel Le Plan B suite à la fusion de sa rédaction avec celle du journal Fakir.
- ↑ Voir Dans « L’Actu des médias » (février 2003).
- ↑ Voir par exemple la passe d'armes sur les modifications apportées par le Parlement européen à la directive services (ex-directive Bolkestein) entre Acrimed et Jean Quatremer de Libération. Le Monde et Libération : désinformation active sur la directive Bolkestein (Acrimed) et réponse de Jean Quatremer ainsi que re-réponse d'Acrimed
- ↑ « En finir avec Acrimed »[1], La plume d'Aliocha, en réaction à l'article Le Monde et le mouvement universitaire d'Acrimed
- ↑ « Rester critique face à la critique des médias », entretien P. Corcuff, avril 2007
- ↑ Acrimed, « Philippe Corcuff, critique « intelligent » de la critique des médias », Patrick Champagne, le 29 avril 2004. [lire en ligne]
- ↑ Voir l'ensemble des pièces du dossier (textes de Patrick Champagne, Philippe Corcuff et Henri Maler sur Bellaciao : Controverse Champagne-Corcuff-Maler 2004)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
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