- ATTAC
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Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne
Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne
Pays où des associations Attac sont présentes.Création 3 juin 1998 Type Organisation altermondialiste Siège 66, rue Marceau
93100 Montreuil
FrancePrésidents Jean-Marie Harribey
Aurélie TrouvéSite web www.attac.org L'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne[1],[2] (Attac) est une organisation altermondialiste créée en France en 1998. Elle est présente dans 36 pays[3].
Sommaire
Historique
Dans le numéro de décembre 1997 du journal Le Monde diplomatique, dans un éditorial prônant l'établissement de la taxe Tobin, Ignacio Ramonet propose l'idée de créer une « Association pour une taxe Tobin d'aide aux citoyens »[4]. Pour cela, il suggère de mettre en place une organisation défendant l'idée de cette taxe. Cet appel, lancé en pleine crise des marchés asiatiques, reçoit un grand nombre de réponses.
L'association pour la taxation des transactions pour l'aide aux citoyens, Attac, est créée le 3 juin 1998 au cours d'une assemblée constitutive[5]. Depuis, Attac est présente dans 36 pays[3]. En France, des hommes politiques, des associations, des syndicats et des particuliers sont adhérents à l'association.
L'association s'est dotée en France dès l'origine, et aussi dans certains pays, d'un « conseil scientifique » qui se veut indépendant de toute structure universitaire ou officielle. En France, ce conseil scientifique a été présidé successivement par deux professeurs d'économie, René Passet puis Dominique Plihon. Il regroupe[6] :
- des scientifiques (par exemple, l'agronome Jean-Pierre Berlan)
- des économistes (Geneviève Azam, François Chesnais, Thomas Coutrot, Jean-Marie Harribey, Michel Husson, etc.)
- des sociologues (Pierre Concialdi, Philippe Corcuff, Georges Menahem, etc.)
- des juristes (Nuri Albala, Nils Anderson, etc.)
- des personnalités engagées (telles que Susan George ou Gustave Massiah)
- des syndicalistes (comme Christiane Marty et Gérard Gourguechon).
Des membres d'Attac sont à l'origine du Forum Social Mondial de Porto Alegre et des Forums Sociaux Européens.
Attac a reçu en France le statut d'association d'éducation populaire par arrêté ministériel, ce qui lui permit notamment de recevoir des subventions[7].
Dès l'origine, Attac était une association très centralisée sur Paris. Elle bénéficiait d'un local situé à proximité du siège du Monde diplomatique dont deux salariés consacraient la majeure partie de leur temps au développement d'Attac. De même, une dizaine d'autres permanents de plusieurs associations fondatrices, notamment la Fédération des Finances CGT, la FSU, et Sud ont libéré pour Attac une part importante de leur temps (payé par leur propre organisation). Quelques mois après sa création, Attac a embauché quatre permanents salariés.
Cependant, les initiatives décentralisées de militants enthousiastes créant des « Comités locaux d'Attac », après l'automne 1998, ont surpris la direction. Cette dernière n'avait même pas envisagé l'existence de ces formations dans ses statuts rédigés avant juin 1998.
Après 1999, Attac a ainsi fonctionné sur deux modes d'organisation parallèles :
- D'un coté, un centre tout puissant soutenu au départ par ses quatre salariés et des dizaines de permanents mis gratuitement à disposition d'Attac par les associations fondatrices.
Ils programmaient les réunions[8], développaient un site internet qui a assuré très vite une très large diffusion des idées d'Attac, rédigeaient et publiaient un bulletin quasi mensuel Ligne d'Attac diffusé à la presse, aux adhérents et sympathisants, et planifiaient le développement des réseaux national (les comités locaux) et international (les autres Attac qui ont pris rapidement naissance, en Europe puis dans le monde entier). - D'un autre coté, 90, 120 puis plusieurs centaines de comités locaux autonomes se sont créés d'une façon très spontanée en France.
Répartis dans presque tous les départements, ils fonctionnent selon un principe décentralisé : des associations locales ou des organisations de fait organisant des réunions, des conférences, rédigeant des documents visant à exposer des alternatives concrètes à la « société néo-libérale » qui découlerait de la « mondialisation libérale ».
Très vite, ce difficile partage du pouvoir posa problème. Ce sont les associations dites "fondatrices" qui avaient la réalité du pouvoir dans Attac ; du fait des statuts de 1998 rédigés pour se prémunir contre le risque d'entrisme[9].
Les comités locaux n'ayant pas d'existence dans les statuts, une Conférence nationale des comités locaux (la CNCL) fut créée en 2002. C'était la première instance ad hoc qui leur donnait des moyens de délibération et d'expression important. Mais cela ne fut pas suffisant et la révolte des comités locaux recommença dès 2003.
- En 2006, après un débat très dur précédant la nouvelle assemblée générale, la direction sortante ne fut pas reconduite.
- Fin 2006, le président fondateur Bernard Cassen, le président sortant Jacques Nikonoff et plusieurs de leurs amis ne faisaient plus partie du bureau d'Attac; association qu'ils avaient pourtant fortement contribué à créer et développer[10].
En 2009, une reforme des statuts est votée par les adhérents de l'association[1],[2]. Ces nouveaux statuts officialisent la reconnaissance des comités locaux et de la conférence nationale des comités locaux (CNCL). Le nom de l'association se voit aussi modifié en « association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne ».
Attac France
Historique et organisation
Créée en 1998, Attac France a été la première association Attac. C'est une des deux associations Attac, avec Attac Allemagne, qui a actuellement le plus d'activité et de militants dans le monde. Elle a connu une croissance rapide de ses effectifs, jusqu'à plus de 30 000 fin 2005, puis une chute en 2006. Dans la brochure d’Attac de 2009 on lit que « près de 15 000 personnes ont adhéré en 2007 »[11]. 10650 adhérents sont à jour de cotisation au 30 septembre 2008[12].
Parmi les adhérents figurent aussi des membres collectifs : associations, syndicats, collectivités locales, journaux, etc. Certains membres sont issus de formations associatives, politiques ou syndicales qui comprennent un grand nombre de sensibilités différentes : écologiste, socialiste, communiste, trotskiste ou chrétienne sociale. D'autres, dont beaucoup de jeunes, ont trouvé là un premier engagement politique situé en dehors des partis.
Attac France dispose en son sein d'un groupe d'études dénommé « comité scientifique » qui lui fournit des études approfondies, notamment sous la forme de livres et de brochures, et des analyses détaillées des questions d'actualité pouvant alimenter ses campagnes. Parmi ses nombreux membres, on peut citer Jacques Cossart, son secrétaire général, les économistes Jean Gadrey et Jean-Marie Harribey ou les deux présidents successifs du Conseil scientifique, René Passet et Dominique Plihon.
Attac est dirigé par un conseil de trente administrateurs, élus pour trois ans et rééligibles. Parmi ces 30 personnes, 12 sont élues par l'assemblée générale des adhérents directs et 18 sont cooptées dans le Collège des fondateurs. Ce dernier est constitué de représentants des organisations syndicales, journaux et associations ayant participé à la création d'Attac ainsi que de nombreux membres, personnes physiques et morales, cooptés depuis.
L'année 2006 a été une année difficile pour Attac France, avec une baisse du militantisme et de vives polémiques intestines liées à une fraude électorale commise à l'occasion du renouvellement du conseil d'administration[13] .
Depuis la réélection de sa direction en juin 2006, la branche française de l'association a traversé une crise interne grave, des accusations de fraude électorale ayant été notamment portées contre son président Jacques Nikonoff[14]. Plusieurs enquêtes internes, dont l'une à laquelle a notamment travaillé l'économiste et premier président de son comité scientifique René Passet[15], ont prouvé la réalité de cette « manipulation ». A la suite de ces révélations, Jacques Nikonoff s'est trouvé contraint de démissionner.
Ces crises internes et des désaccords avec les prises de position politiques de sa direction, pour les élections européennes, puis en faveur du Non lors du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l'Europe ont conduit à une fonte importante des effectifs. Depuis 2006, l'association a ainsi perdu plus de la moitié de ses adhérents, malgré la grave crise économique de 2008-2009.[16]
L'État français et des collectivités locales ont subventionné le Forum Social Européen de Paris, organisé par Attac France ainsi qu'un certain nombre de ses universités d'été.
Présidents d'Attac France :
- Bernard Cassen (1998-2002)
- Jacques Nikonoff (2002-2006)
- Aurélie Trouvé et Jean-Marie Harribey, co-présidents (2006- )
Présidents d'honneur: Ignacio Ramonet, Bernard Cassen, Susan George
Membres fondateurs
Lors de la création de l'association en 1998, on trouve parmi les membres fondateurs d'Attac France de nombreuses personnalités. Des personnalités médiatiques ont été ajoutées rétroactivement comme membres fondateurs.
des associations :[réf. nécessaire]
- AC!
- Agir ici devenu Oxfam France-Agir ici
- AITEC (Association internationale de techniciens, experts et chercheurs)
- Les Amis de la Terre
- APEIS (Association pour l’emploi l’information et la solidarité)
- Artisans du Monde
- Association Gunter Holzmann
- CADAC (Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception)
- CEDETIM (Centre d’études et d’initiatives de solidarité internationale)
- CNAFAL (Confédération Nationale des Familles Laïques)
- Confédération générale des SCOP
- CRID (Centre de recherche et d’information sur le développement)
- Droits devant !
- Droit au Logement
- ESCOOP (Économies solidaires et coopératives)
- FFMJC (Fédération Française des Maisons de Jeunes et de la Culture)
- Golias
- MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires)
- le MRAP
- Pétition
- Raisons d’agir
- Réseaux services publics européens
- Survie
- Syndicat de la magistrature
- Syndicat de la Médecine Générale
- Transversales
- UFAL (Union des Familles Laïques)
des journaux : [réf. nécessaire]
- Charlie Hebdo
- la revue Alternatives Economiques
- le Monde diplomatique
- les Pénélopes
- Politique (Revue européenne)
- Politis
- Témoignage chrétien
des syndicats : [réf. nécessaire]
- Confédération paysanne
- Fédération des banques CFDT
- Fédération des Finances CGT
- FGTE-CFDT (Fédération générale des transports et de l’équipement CFDT)
- FSU (Fédération syndicale unitaire)
- MODEF (Confédération nationale des syndicats d’exploitants familiaux)
- SNES (Syndicat national de l’enseignement secondaire)
- SNESup (Syndicat national de l’enseignement supérieure)
- SNPTAS Equipement CGT
- SNUI (Syndicat national unifié des impôts)
- SNUIPP (Syndicat national unifié des instituteurs et professeurs des écoles)
- SUD-PTT (Solidaires unitaires démocratiques PTT)
- le Syndicat de la magistrature
- UGICT-CGT (Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens CGT)
- UNEF (Union national des étudiants de France)
- l'Union syndicale Solidaires
des individus : [réf. nécessaire]
Le « Mouvement international ATTAC »
Les 11 et 12 décembre 1998, à Paris, se tient une réunion internationale qui établit le Mouvement international ATTAC - " Mouvement international pour le contrôle démocratique des marchés financiers et de leurs institutions ". Il prône la convergence de différents réseaux militants de tous les pays contre les politiques néolibérales ; partant de la conception que les mouvements syndicaux, des droits de l'homme, écologistes, citoyens (entre autres) sont les différentes facettes de cet objectif.
Un autre de ses objectifs principaux est de pallier ce que le mouvement considère comme des dysfonctionnements de la démocratie pour le cas des pays dits démocratiques. Pour ce faire, le mouvement affiche la volonté de débattre plus collectivement, d'informer plus efficacement, de développer la démocratie participative.
Il a été décidé lors de cette conférence que le mouvement international s'organiserait sans structures hiérarchiques ni centre géographique. Une plateforme commune est tout de même posée comme référence des différents comités.
Attac est présente dans 36 pays : Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Belgique, Burkina Faso, Canada (Québec), Chili, Colombie, Costa Rica, Côte d'Ivoire, Danemark, Équateur, Espagne, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Italie, Japon, Jersey, Liban, Luxembourg, Maroc, Norvège, Pays-Bas, Pérou, Pologne, Portugal, Sénégal, Suède, Suisse, Togo, Tunisie, Uruguay, Vénézuela[3].
Objectifs, thématiques et modes d'actions
Objectifs
L'objectif initial de l'association était d'introduire une taxe sur les mouvements internationaux de capitaux afin de décourager la spéculation. Le produit de cette taxe (connue sous le nom de taxe Tobin) financerait des projets de développement écologique et social.
Depuis, Attac a élargi son champ d'intervention et s'intéresse maintenant à tous les aspects qui se rapportent au cours dominant de la mondialisation économique, qu'elle qualifie de néolibérale. Attac combat à ce titre les décisions de l'OMC, de l'OCDE ou du FMI, qu'elle ne voit pas comme des instances de régulation favorables.
Bien qu'Attac critique le fonctionnement de l'économie mondiale, qu'elle considère dominée par le « néolibéralisme », elle ne se dit pas opposée à la mondialisation en général. Elle souhaite encourager des politiques économiques respectueuses des aspects sociaux et environnementaux, affirmant que des politiques économiques anti-libérales sont possibles.
Au début de l'année 2006, Attac était considéré par le journal Le Monde comme étant en perte d'influence auprès du mouvement altermondialiste[17].
Principaux thèmes
Les principaux sujets sur lesquels travaillent Attac sont :
- Un contrôle plus étroit des marchés financiers (Attac parle de lutte contre la « financiarisation » de l'économie) ;
- Une réforme de l'OMC et des institutions financières internationales (Banque mondiale, FMI),
- La défense des biens communs et du patrimoine : eau, alimentation, information, etc. En matière d'organismes génétiquement modifiés (OGM), sa position est la même que celle de la Confédération paysanne française, membre d'Attac, à savoir contre ;
- L'annulation de la dette des pays en voie de développement. Pour l'Afrique, Attac a édité le CD Attac ta dette pour dénoncer « l'asphyxie » des pays africains selon elle victimes des intérêts d'une dette contractée il y a 40 ans et déjà remboursée ;
- La défense des services publics comme ceux relevant de la santé et au système de protection sociale. Attac s'oppose à l'instauration des fonds de pension, symbole du capitalisme populaire, et défend le financement des retraites par répartition, estimant qu'elles évitent les excès des marchés financiers. Attac s'oppose aussi à l'AGCS qui reprend certains thèmes de l'AMI ;
- La lutte contre les paradis fiscaux dont elle demande la suppression ;
- La promotion du développement durable et du commerce équitable ;
- Le refus du Traité établissant une Constitution pour l'Europe (Traité de Rome de 2004) : une bonne partie des militants de Attac France a fait campagne pour le « non » au référendum, en mai 2005.
- La promotion de la démocratie et des droits de l'Homme dans les pays non démocratiques comme la Tunisie, via ses antennes locales.
Modes d'actions
Attac participe aux manifestations altermondialistes dans le monde, dont celles visant à interpeller les grandes puissances lors des réunions internationales (G8, G20, OMC, FMI, Forum de Davos, etc.).
Pour diffuser ses idées, Attac cherche à être visible sur la scène publique et médiatique en utilisant divers moyens de communication : conférences, articles, manifestations diverses, campagnes de communication, projections de films documentaires. Deux slogans illustrent les thèses d'Attac : « Le monde n'est pas une marchandise » et « D'autres mondes sont possibles ».
Attac considère ne pas porter la responsabilité des arrachages de plants d'OGM effectués selon le « principe de précaution », ni des affrontements avec les forces de l'ordre.
Attac publie des livres de vulgarisation présentant ses thèses sur les conséquences d'une économie jugée « néo-libérale ».
Depuis sa création, l'organisation interne d'Attac repose beaucoup sur internet (listes de diffusions, site internet).
Controverses sur Attac
Diverses controverses existent sur le mode de fonctionnement, les méthodes, les propositions, les ambitions politiques d'Attac.
Attac est de fait souvent attaquée, y compris par des militants de gauche [Qui ?], dans les pays du Nord et du Sud, sur ses prises de position qui vont jusqu'à bloquer la prise de décisions aux sommets internationaux de l'OMC. Alors même que certaines de ces décisions auraient été favorables aux pays du Sud.[réf. souhaitée]
A l'intérieur du mouvement altermondialiste [Qui ?], Attac est parfois critiquée pour son réformisme face à la mondialisation néo-libérale, pour sa manière jugé parfois trop légaliste de lutter contre le néo-libéralisme.
- Les premières critiques sur Attac [Qui ?] lui reprochaient le refus de la mondialisation qui conduirait "à un repli identitaire national" ; c'est pourquoi Attac revendique le terme « altermondialiste », nuançant ainsi le terme « antimondialiste ».
- D'autres mettent également en cause sa légitimité[18] à parler au nom des peuples, des plus pauvres ou même du mouvement altermondialiste ; Attac n'étant ni une association « de masse » ni un parti politique, elle ne représente véritablement que ses propres adhérents. Cette critique a été particulièrement forte lors de la campagne contre le Traité constitutionnel européen, notamment lors de la publication des « 12 exigences » d'ATTAC France suite au rejet du texte. La publication d'un texte prenant la forme d'« exigences » adressées au Conseil de l'Europe, bien que s'agissant clairement de revendications de la seule association ATTAC France, a alors choqué ceux qui crurent [Qui ?] comprendre qu'ATTAC s'exprimait au nom du peuple suite au référendum.
- Ces mêmes adhérents ne disposent que d'un pouvoir limité face au conseil d'administration, en grande partie coopté. Certains adhérents ont dénoncé un style « autoritaire », et ont accusé les dirigeants d'avoir « verrouillé et confisqué » le pouvoir[19].
- Des économistes, comme Paul Krugman[20], pensent que les propositions d'Attac conduiraient à instaurer un protectionnisme sous couvert de « bonne conscience ».
- James Tobin (lauréat du prix "Nobel" d'économie 1981 et auteur de la taxe Tobin) s'est prononcé publiquement[21] contre le « détournement » de sa proposition par Attac, alors qu'il n'y voulait qu'un moyen de réduire la volatilité sur les marchés internationaux de capitaux. Sur le principe même de la taxe, Robert Mundell, prix "Nobel" d'économie (1999) et auteur de la théorie des zones monétaires optimales, qualifie la proposition de « taxe Tobin » de « débile » (dumb), « parce que la taxe Tobin ne supprimerait pas la spéculation, elle ne ferait que gêner les transactions ».[22]
- Plus généralement, si les travaux et les propositions d'ATTAC bénéficient d'une notoriété publique, son côté « alter » qui sous-entend la mise en œuvre des solutions alternatives laisse certains dubitatifs. Ainsi, le politologue social-libéral Zaki Laïdi reproche à ATTAC son « extrémisme » politique qui la limiterait à une position contestataire. En ce sens, il conclut son livre La Grande Perturbation sur la mondialisation par l'affirmation « La capacité de la mouvance altermondialiste à proposer des solutions alternatives reste extrêmement limitée »[23] et déclare plus spécifiquement sur Attac :
« Attac [reste] dominée par une mouvance souverainiste et néocommuniste dont le point commun est la haine historique de la social-démocratie, même s'il faut admettre l'existence dans ce mouvement d'une minorité clairement européenne et réformiste dont la direction cherche clairement à contenir l'expression. »A ces critiques, généralement adressées au mouvement altermondialiste dans son ensemble, il est répondu que celui-ci est composé d'une pluralité de points de vue et d'un grand nombre de propositions de solutions alternatives. Les différentes composantes du mouvement altermondialiste ne parviennent souvent pas à s'accorder sur des propositions communes. En ce qui concerne ATTAC France, un « Manifeste altermondialiste » est cependant paru en 2006, proposant 102 mesures pour « construire un monde solidaire, écologique et démocratique ». Selon l'écrivain libéral Johan Norberg, cette incapacité à se mettre d'accord montre que ce qui :
- « importe à ceux d'Attac : c'est l'opposition au capitalisme, au "néo-libéralisme", à la "mondialisation libérale" ou "intégration économique par les patrons" et tous les noms qu'ils lui donnent. C'est-à-dire qu'il s'agit d'un anticapitalisme socialiste des plus traditionnels, avec la "solidarité" qu'ils y associent »[24].
- Depuis début 2005, une principale source de desaffection de la gauche modérée envers Attac vient des personnes très favorables à l'intégration européenne tel Harlem Désir[25]. La campagne très virulente de l'association en faveur du « non » a vraisemblablement contribué à l'échec du référendum sur le Traité établissant une Constitution pour l'Europe en France le 29 mai 2005, c’est-à-dire au maintien des institutions de Maastricht-Nice. Alain Lipietz a ainsi dénoncé les « sottises » et le « souverainisme de gauche » de la direction d'Attac, lorsqu'ils s'opposent à ce que la loi européenne prime sur les lois nationales [réf. nécessaire] (Alain Lecourieux présentant par exemple l'article I-6[26] comme un "recul" [réf. nécessaire]), ou lorsqu'ils défendent le Traité de Nice [27]. Cependant, à la différence de ses alliés de circonstance, Attac dit agir au nom de l'Europe [réf. nécessaire], mais a attendu jusqu'à fin aout 2004, et donc la clôture des 18 mois de travaux publics de la Convention sur l'avenir de l'Europe, pour transmettre ses « 21 exigences » [réf. nécessaire] devant figurer dans le projet de Constitution.
- Très active lors du débat sur le TCE (publication de deux livres et de dizaine d'articles, nombreux meetings, ...), ATTAC n'a paradoxalement jamais abordé le thème principal sur lequel Joschka Fischer avait lancé le processus constitutionnel en l'an 2000 à Berlin, à savoir la question de la finalité de l'intégration européenne et notamment la question de son évolution progressive vers une Europe fédérale [réf. nécessaire]; préalable à la démocratisation des institutions européennes. De l'aveu même de son président d'honneur Bernard Cassen[28], cette omission est due à l'absence chez ATTAC de ligne politique claire sur cette question de fond qui lui permettrait de s'engager contre le statu quo institutionnel largement dominé par les marchandages intergouvernementaux :
« Attac a été très prudente en matière de propositions d’architectures institutionnelles européennes. Pourquoi ? Parce que le sujet nous divise profondément si on veut le traiter au plan théorique. Il y a parmi nous des fédéralistes, partisans du dépassement des États actuels pour aller à des États-Unis d’Europe, donc à un État européen qui présupposerait l’existence d’un peuple européen ou, en tout cas, l’enfanterait rapidement. Il y a aussi des partisans d’une Europe des nations ou des patries, dans une logique à dominante confédérale ; et, entre les deux, toutes sortes de positions intermédiaires. À ce seul niveau, les termes de « Constitution » et de « processus constituant » donnent déjà lieu à de vives controverses.
[...]
La bibliographie explicitant chacune de ces visions est imposante, et les thèses en présence totalement incompatibles sur de nombreux aspects, dans la mesure où elles renvoient à des convictions divergentes sur l’État, la nation, le peuple, la citoyenneté, et, pour la France, sur les conceptions profondément enracinées dans l’histoire, de la République et de la laïcité.
Il serait vain de tenter d’arriver à un consensus théorique entre nous sur ces questions. »- D'autres critiques voient dans les méthodes d'ATTAC une opposition caricaturale. Ces reproches se sont par exemple exprimés après coup sur l'affaire des brevet logiciel en Europe ou envers une affiche de campagne représentant une jeune slovaque fictive obligée de se prostituer et reprochant à la constitution européenne de ne pas s'attaquer sérieusement au problème [29].
- Enfin, dans un article paru le 5 août 2005 dans le journal Le Figaro, intitulé « Enquête : comment Attac infiltre l’école », Saïd Mahrane conclut à une tentative d'entrisme, en soulignant la proportion significative d'enseignants parmi les membres de l'organisation et la diffusion de supports de communication de l'organisation dans les écoles.
Notes et références
- ↑ a et b Nouveaux statuts d'Attac, 31 mars 2009
- ↑ a et b Résultats du vote sur les statuts et le règlement intérieur d'Attac-France, 29 juin 2009
- ↑ a , b et c « Attac est présente en »,Page d'accueil du site internet d'Attac, page consultée le 16 septembre 2008.
- ↑ Ignacio Ramonet, « Désarmer les marchés », Le Monde Diplomatique, décembre 1997
- ↑ Plateforme Attac, 6 juin 1998, Attac France
- ↑ Liste des membres du conseil scientifique d'ATTAC, 10 juin 2008, Attac, consulté le 25 novembre 2008.
- ↑ Agrément au titre de la jeunesse et de l'éducation populaire, 3 octobre 2003, Attac France
- ↑ Les réunions de son Conseil d'administration et de son Conseil scientifique prenaient place au départ dans les locaux du Monde, rue Claude Bernard, ceci jusqu'au développement de contradictions entre la direction de ce journal et celle du Monde diplomatique.
- ↑ Bernard Cassen, directeur général du Monde diplomatique a joué un rôle essentiel dans la création et la rédaction des statuts d'Attac, rédigés sur le modèle de ceux de l'association "Les amis du Monde diplomatique". Son obsession était de se garantir contre le risque d'entrisme et de laisser prendre le contrôle de "son" association par ce qu'il appelait des "coucous" infiltrés depuis l'extérieur.
- Les associations dites "fondatrices" (des syndicats, des journaux et des associations chrétiennes ou d'éducation populaire) y ont eu, dès les statuts de départ, un poids largement majoritaire (18 membres sur 30; qu'ils désignent au conseil d'administration) au titre de membres de droit d'un dit "conseil des fondateurs"; Cassen avait des liens personnels avec la majorité de ces membres et pensait donc pouvoir le contrôler. Les membres démocratiquement élu lors de l'Assemblée générale étaient donc statutairement minoritaires (seulement 12 élus sur 30 au conseil d'administration).
- De plus, les associations ont toujours consacré du temps de leurs permanents (jusqu'à plus d'une trentaine) et des moyens très importants au développement d'Attac (une autre forme d'entrisme "pratique" : ceux qui font ont le pouvoir).
- Le plus grave est qu'il était très difficile de modifier les statuts, toujours par peur du fameux risque d'entrisme. Pour ce faire, une majorité des deux tiers est nécessaire lors d'une réunion de l'assemblée générale extraordinaire convoquée à cette unique fin, laquelle nécessite elle-même un quorum représentant les deux tiers des membres de l'association. Ce qu'il n'a jamais été possible de réunir.
- ↑ Thomas Lemahieu, « ATTAC au bord de l’implosion », L'Humanité, 19 juin 2006
- ↑ Découvrez Attac en 5 minutes - Brochure 2009, http://www.france.attac.org/spip.php?article8206
- ↑ Résultats des votes des 8 résolutions - AG du 22 novembre 2008, http://www.france.attac.org/spip.php?article9257
- ↑ « La direction d'Attac ne survit pas à la confirmation d'une fraude électorale », Le Monde, 27 août 2006
- ↑ « Politis et Alternatives économiques s'engagent dans la crise d'Attac », Le Monde, 12 juillet 2006
- ↑ René Passet, « Elections ATTAC : synthèse des rapports d’experts »
- ↑ Marc Landré, Attac peine à remplir son université d'été, dans Le Figaro du 20/8/2009
- ↑ Sylvia Zappi, « Attac en perte d'influence chez les altermondialistes », Le Monde, 16 juin 2006
- ↑ Laurence Caramel, « 150 000 militants à Florence pour le premier Forum social européen », Le Monde, 7 novembre 2002.
- ↑ Laurent Jeanneau, « À Attac, le président Nikonoff mobilise contre lui », Libération, 30 août 2005.
- ↑ (en)Paul Krugman, « Missing James Tobin », New York Times, 12 mars 2002.
- ↑ (de)James Tobin, « Die missbrauchen meinen Namen », Der Spiegel, 2 septembre 2001.
- ↑ Pascal Riché, Entretien avec Robert Mundell, « La taxe Tobin est une idée idiote », Libération, 3 juillet 2000.
- ↑ Julien Nessi, Entretien avec Zaki Laïdi, « La capacité de la mouvance altermondialiste à proposer des solutions alternatives reste extrêmement limitée » Cyberscopie, mars 2004.
- ↑ Johan Norberg, « A l'Attac… et pourquoi faire ? », Euro 92, 20 mai 2002.
- ↑ Harlem Désir, « L'adieu à Attac », Le Nouvel Observateur, 2 juin 2005.
- ↑ « Article I-6 : Définition et objectifs de l'Union »
- ↑ Bernard Cassen, « Ce « calamiteux » compromis de Nice...», Le Monde Diplomatique, février 2005.
- ↑ Bernard Cassen et Alain Lecourieux, « Quelle démocratisation des institutions européennes », Propositions d’orientation du débat au sein d’Attac France, dans la perspective du Plan B des Attac d’Europe
- ↑ Cartes postales de la campagne. Consulté le 17 mars 2009 "Anna, jeune slovaque (06): Chez moi, il y a 20% de chômage, alors je suis venue travailler ici dans un salon de massage. Mais je me suis retrouvée sur le trottoir, dans les mains de la mafia. L’Europe est une plaque tournante de la prostitution, pourtant la Constitution ne cherche pas à lutter contre. Alors, il faut voter non !"
Voir aussi
Articles connexes
- Taxe Tobin
- Mondialisation
- Organisations se revendiquant altermondialistes
- Gérard Gourguechon
- ATTAC Suisse
- Les Amis de la Terre
- Mouvement alternatif
Liens externes
- Site web officiel d'Attac
- Article sur l'attitude d'Attac à Gênes en 2001 « Gênes : l'attactique des Jésuites », CNT-AIT, 20 octobre 2001.
- Elise Cruzel , « "Passer à l'Attac". Eléments pour l'analyse d'un engagement altermondialiste », Politix, n°68, 2004.
Bibliographie
- Jacques de Guenin, ATTAC, ou l'intoxication des personnes de bonne volonté, Éd. de l'institut Charles Coquelin, 2004. [présentation en ligne]
- Raphaël Wintrebert, ATTAC, la politique autrement ? Enquête sur l’histoire et la crise d’une organisation militante, Editions La Découverte, coll. « Textes à l’appui, politique et société », 2007.
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