- Georges Wolinski
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Georges Wolinski est un dessinateur français pour la presse, né le 28 juin 1934 à Tunis, de confession juive.
Il fut dessinateur dans la revue Hara-Kiri, puis dans Action, Paris-Presse, Hara-Kiri Hebdo, Charlie Hebdo, L'Humanité et enfin Paris-Match. Il fut rédacteur en chef de Charlie Mensuel.
Sommaire
Débuts
Wolinski oscille au début entre de très différents styles, pour se fixer à terme sur un graphisme évoquant au départ celui de Copi. Rapidement, celui-ci acquiert la patte spécifique de l’auteur, qui met l’accent sur l’expressivité de ses personnages là où au contraire Copi les voulait neutres. Les événements de Mai 1968 font connaître son travail par l’éphémère revue Action, où il dessine régulièrement. C’est alors la gloire. Les personnages si typiques de Wolinski plaisent aux publicitaires (et au public !) et sont sollicités pour des campagnes de publicité d’envergure nationale :
- Immeuble « Le Broca », près du canal Saint-Martin à Paris.
- IBM (Wolinski dessine un de ses personnages qui balance ses papiers à l’ordinateur en lui disant : « Tiens, débrouille-toi! »)
- Mars (barre chocolatée)
Ces publicités seront reprochées à Wolinski par les puristes. Il les choisit pourtant au compte-gouttes, n’acceptant que celles qui lui donnent prétexte à faire des choses qui l’inspirent (la campagne du « Broca », hélas jamais reprise en album, sera hilarante[réf. nécessaire]).
Carrière
Hara-Kiri
L'Enragé
Pendant les événements de Mai 1968, Wolinski — qui a commencé par dessiner dans Action — fonde avec Siné le journal L'Enragé, dans lequel ses dessins prennent une coloration politique. Le journal disparaîtra vite, mais le ton du futur Hara-Kiri Hebdo (puis Charlie Hebdo) commence à apparaître.
France Soir
Après la parenthèse d’Action, Wolinski est sollicité pour tenir une page de contestation dans le quotidien France Soir de Pierre Lazareff, où il prend l’habitude de ne « pas seulement y contester la société, comme tout le monde, mais aussi le directeur du journal », comme il le résume. La collaboration prendra vite fin.
Charlie Hebdo
C’est dans Hara-Kiri hebdo devenu par la suite Charlie Hebdo, que Wolinski prend sa pleine mesure en dessinant de façon pratiquement hebdomadaire deux personnages repris d’Action : un gros sûr de lui et dominateur, et un maigre d’allure timide, qui tiennent des propos de café du commerce, mais toujours présentés de façon humoristique. Commençant imperturbablement par un « Monsieur », qu’on devine prononcé avec emphase, les bandes présenteront ces morceaux de bravoure typiques du style wolinskien :
- « Monsieur, je suis pour la liberté de la presse à condition que la presse n’en profite pas pour dire n’importe quoi ! »
- « Monsieur, il y a des moments où je me demande si ça valait la peine de gagner la guerre contre un homme qui nous aurait débarrassés du communisme. »
- « Le socialisme, c’est comme la marijuana : c’est peut-être inoffensif, mais ça peut conduire à des drogues plus dures comme le communisme. »
La bande hebdomadaire se nomme au début « L’évolution de la situation ». Elle inspirera ensuite plusieurs revues théâtrales de Claude Confortès, toutes nommées « Le roi des cons ».
Ce roi des cons est aussi une trouvaille de Wolinski. Avant lui, l’expression était certes usitée, mais personne n’avait jamais eu l’idée de donner au personnage un visage et moins encore un costume. Le dessinateur lui donnera celui d’un bênét invariablement coiffé d’une couronne et revêtu d’un manteau d’hermine. Ce personnage apparaît pour la première fois lorsque le Shah d’Iran organise des fêtes immenses pour les « 2500 ans de monarchie ininterrompue » à Persépolis (seule la monarchie d’Éthiopie incarnée à l’époque par Hailé Sélassié fait mieux). Tous les chefs d’État ou presque y sont conviés. Tous hésitent à assister en raison du caractère peu démocratique de ce pays (Pompidou se défaussera et enverra son premier ministre Chaban-Delmas). Un dessin soulagera d’un seul coup la tension et déclenchera l’hilarité générale. Il est titré : « Le Shah au roi des cons : "Vous avez bien fait de venir" »
L’Humanité
Le directeur du journal L'Humanité, Roland Leroy, qui apprécie l’humour de Wolinski, lui propose de devenir dessinateur officiel du journal, en lui garantissant qu’il pourra « y caracoler en toute liberté ». Au grand désespoir de François Cavanna, Wolinski accepte en donnant comme excuse que « ça l’amuse d’être honnête ». Mais il ne donne plus à ses dessins le caractère militant et parfois agressif qu’ils avaient dans Action, et opte au contraire pour un style bon enfant où il se moque presque de lui-même et où percent parfois des allusions au style du dessinateur du Monde à l’époque, qui se nomme alors Konk. Bien que dénués de ce côté grinçant qui était sa marque de fabrique, ses dessins de l’époque ne perdent rien de leur drôlerie; et puis la collaboration avec Charlie Hebdo et Hara-Kiri continue pour ce genre de dessins-là.
Prix Gat Perich
En 1998, a reçu le Prix International d'Humour Gat Perich[1].
Paris-Match
Wolinski franchira une dernière étape de sa carrière en devenant également dessinateur de presse à Paris-Match : son mode de contestation a fini par faire partie du paysage français, et Wolinski, dorénavant, de l’establishement, comme un Sempé.
Légion d’honneur
En janvier 2005, Wolinski a reçu la Légion d'honneur.
Festival d’Angoulême
Lors de l’édition 2005 du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême, Wolinski a reçu le Grand Prix de la Ville d'Angoulême.
Hannukah Harry
Associé avec Pierre Barkats, un avocat américain, Georges Wolinski s'est lancé dans une nouvelle aventure. Un petit personnage universel qui parcourt les époques interpelle le lecteur sur l'état de la planète. C'est lui qui a apporté le feu aux sauvages dans leurs grottes et il se sent un peu coupable quelque part du réchauffement climatique.
Style
Le style de Wolinski possède quelques constantes : de fréquents doubles sens, souvent à connotation coquine. Une présentation si convaincante des positions de la droite que ses lecteurs peuvent parfois se demander s’il s’agit de caricaturer des positions ou si Wolinski n’est pas réellement de droite (certains de ses dessins, sous condition qu’on les prenne au premier degré, auraient très bien trouvé leur place dans « Le Figaro »). Et en fait cette ambiguïté voulue sera elle aussi une caractéristique du travail de Wolinski : au fond, il ne hait pas la droite, il la comprend. Elle l’amuse. Elle n’a plus à ses yeux, ou plus toujours, ce caractère borné qu’il lui trouvait du temps d’Action. Elle fait partie de son paysage comme il fait d’ailleurs partie de la sienne, car les dessins de Wolinski, perçus comme plus gaulois, égrillards, irrévérencieux et frondeurs que proprement politiques sont appréciés maintenant par toute une France qui retrouve un peu d’elle-même dans ses personnages.
À l’initiative de Jérôme Duhamel, Wolinski collaborera à un livre commun avec le dessinateur du Figaro Jacques Faizant. « C’est mon bon facho », dit Wolinski. « C’est mon bon gaucho », dit Faizant. Et tous deux ajoutent en commun qu’ils n’en pensent pas un mot, mais qu’au cas où il y aurait une épuration, ils préfèrent se faire des relations dans l’autre camp à tout hasard!!
Wolinski ne se veut pas dans la vie aussi libertin que ses personnages. Il est l’auteur d’une émouvante « Lettre ouverte à ma femme », déclaration d’amour à Maryse Wolinski où il s’émerveille que sur dix ans de vie commune ils n’aient passé que trois nuits séparés. Dans sa réponse quelques années plus tard, Chambre à part, celle-ci précisera qu'ils dormaient dans le même logement, mais pas systématiquement dans le même lit.
Invité à Apostrophes où Bernard Pivot lui demande, « Mais enfin, lorsque vous draguez une minette ? », il répond avec le plus grand sérieux : « Je suis marié, monsieur Pivot. Donc je ne drague pas des minettes. Je fais l’amour avec ma femme ». Info, ou intox? Déclaration en tout cas typique de l’ambiguïté toujours voulue par l’inclassable Wolinski.
Citations
- « Le problème des allemands c'est comment ne pas revenir en arrière. Le problème des français c'est comment aller de l'avant. »
- « Il faut améliorer la condition féminine : par exemple agrandir les cuisines, baisser les éviers ou mieux isoler les manches des casseroles. »
- « La question est de savoir si nous préférons être opprimés par le communisme ou exploités par le capitalisme. »
- « A quoi ça sert d'être connecté à la terre entière si on n'a rien à se dire ? »
- « La notoriété c'est lorsqu'on remarque votre présence, la célébrité c'est lorsqu'on note votre absence. »
- « Le premier homme qui est mort a dû être drôlement surpris. »
- « Je préfère être malheureux de temps en temps parce que je n’arrive pas à obtenir ce que je veux, qu’heureux tout le temps parce que je n’ai envie de rien ! »
- « Personne n'a aucune raison de m'aimer. Donc, si on m'aime, ce sera vraiment pour moi-même. »
- « L'humour est le plus court chemin d'un homme à un autre. »
- « La majorité n'a pas le droit d'imposer sa connerie à la minorité. »
- « Les Français se masturbent plus souvent qu'ils ne se lavent les dents, car ils n'ont pas toujours une brosse à dents sous la main. »[2]
- « Quand j’emprunte une idée à un autre, j’oublie souvent de la lui rendre. »
Références
- (ca)Wolinski Anuaris.cat
- Citations Wolinsky
Liens externes
- Biographie
- Bibliographie de Wolinski
- Les femmes de Wolinski chez Les Belles des bédés
Catégories :- Caricaturiste français
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