- Siège de Paris (1590)
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Siège de Paris (1590) Informations générales Date 1590 Lieu Paris Issue Belligérants Royaume de France
HuguenotsLigue catholique Commandants Henri IV de France
François de La Noueduc de Nemours
Claude d'Aumalemodifier
Le siège de Paris de 1590, oppose les troupes royales d’Henri IV favorable auxHuguenots à la Ligue catholique commandée par le duc de Nemours.Sommaire
Préambule
Après que l’Espagne eut envoyée des renforts des Pays-Bas espagnols (actuelle Belgique) et que le duc de Mayenne eu fait une sortie en mars 1590, afin de reprendre le contrôle de zones d’approvisionnement[1], Henri IV entame le siège d’Évreux pour fermer la vallée de l’Eure et protéger la Normandie, lorsque Mayenne arrive sur ses arrières.
Le 14 mars 1590, c’est la bataille d'Ivry : après un combat furieux à un contre deux, l’armée royale met en déroute les Ligueurs, qui fuient vers Chartres, Mayenne allant même jusqu’à Nantes. Les lansquenets prisonniers sont massacrés, les Suisses sont épargnés[2].Cette déroute ne décourage pas les meneurs parisiens. Ils la cachent d’abord, puis l’annoncent comme un châtiment divin. Ceux qui parlent de paix sont jetés à la Seine.
Après que les Huguenots ont pris Mantes, Vernon et mis un semblant de siège devant Pontoise, les autorités parisiennes commencent, le 22 mars, à mettre la ville en état de défense. La garnison est renforcée par l’arrivée de Charles Emmanuel de Savoie-Nemours et de Claude d'Aumale de retour d’Ivry.
Le duc de Nemours organise la défense de la ville pour la garde des places publiques, des portes, des remparts et murs de la ville et des quartiers. Il fait rentrer une grande quantité d’approvisionnement en nourriture et en munition. Il ordonne l’établissement de garnisons composées de 3 000 lansquenets et 1 000 soldats en plus de la noblesse.L'investissement
Pendant ce temps, Henri IV arrive avec une armée de 20 000 hommes qu'il divise en dix corps afin d'investir totalement Paris [3] Des corps de cavalerie sont envoyés dans la région de Palaiseau et de Longjumeau afin d'empêcher les vivres et munitions de rentrer dans la ville.
Le 30 mars les troupes du roi de France sont à Corbeil. Le lendemain elles soumettent les régions de Brie-Comte-Robert et Lagny-sur-Marne, puis de Montereau et de Moret-sur-Loing avant de mettre le siège devant Melun. Une partie de l’armée royale se dirige ensuite sur Provins, Bray-sur-Seine et Nogent-sur-Seine qui se rendent sans résistance. Le 29 avril, la petite garnison de Sens capitule, Henri IV peux alors mettre son armée en marche contre Paris.Après avoir mis le siège devant Saint-Denis, le 7 mai le roi de France commence l’investissement de la ville, ses troupes occupent les alentours de Saint-Denis et les villages de Gonesse, Louvres, Le Bourget, puis prennent possession, le 11 mai, des ponts de Saint Maur, de Charenton et de Saint-Cloud.
Le 12 mai le roi Henri IV, accompagné de François de La Noue, apparaît au Sud de Paris. Les troupes contournent la ville puis se dirigeant vers Nord elles se présentent aux abords des faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin. Une troupe de 200 à 300 hommes attaquent immédiatement, renversent les barricades, mais ils sont repoussés par défenseurs postés sur les remparts. Les assaillants perdent une centaine d’hommes et sont contraints de se replier sur Montfaucon emmenant avec eux leur capitaine, François de La Noue, blessé.
Les troupes royales occupent alors les villages entre Saint-Denis et Paris ainsi que Pantin, Aubervilliers, Saint-Ouen, La Chapelle, Montmartre ou le roi installera, dans l'abbaye de Montmartre, son quartier général pour y diriger les opérations[3].Vers la mi-mai, la garnison de Saint-Denis fait une sortie contre les huguenots installés à Aubervilliers durant laquelle elle fait plusieurs prisonniers.
Le reste des mois de mai et de la première quinzaine de juin se passent sans combat sinon la prise de la ville et du château de Beaumont-sur-Oise qui succombent après 1 mois de siège.
Le 13 juin, le roi de France apprenant que le duc de Mayenne et son armée s’approchaient de Laon, il envoye des troupes à Senlis et Compiègne et fait dresser 2 batteries d’artillerie « l’une sur Montmartre l’autre sur le haut de Montfaucon vers le Mesnil qui commencèrent à tirer et battre en ruine, vers les rues Saint-Honoré, Saint-Denis et Saint-Martin et les environs. »[4].
Le 16 juin, une délégation parisienne partie chercher du secours auprès du duc de Mayenne, est interceptée à Aubervilliers. Henri IV renvoie dans la capitale la délégation exhortant les habitants de le reconnaître comme roi, de se rendre et se soumettre à son obéissance leur promettant sûreté et liberté de conscience et de religion. La demande royale est rejetée, le siège de Paris commence.
Le siège
Paris étant investie depuis plus d’un mois, le siège jusque là passif, avait empêcher les vivres de rentrer dans la ville, ou en quantité insuffisante. Dans tous les quartiers de la ville un conseil composé de 10 personnes fut chargé du pouvoir de police et de la distribution de nourriture. Le blé venant à manquer « on commença à donner aux pauvres de la bouillie de farine d’avoine tirée du son, trempée dans l’eau, passée par un linge et sur le feu avec un peu de sel et de là on le vendait publiquement et aussi chèrement que si fut du lait, dont les pauvres et la plupart du peuple et des soldats qui ne pouvaient pas acheter du pain se nourrissaient. »[4].
- 19 au 20 juin : Dans la nuit, un groupe de lansquenets qui étaient de garde à la porte de Nesle sortent pas le faubourg Saint-Germain et se dirigeant vers Grenelle ou il interceptent une colonne de soldats du roi venant de Saint-Cloud et fait une douzaine de prisonniers.
- 23 juin : les assiégeants sont repoussés du Faubourg Saint-Martin ou ils étaient entrés.
- 24 juin : une centaine de lansquenets parisiens qui étaient sortis de la ville pour aller cueillir des pois et des fèves vers le village de Vaugirard, sont chargés par la cavalerie ennemie. Le groupe revient dans Paris avec 6 tués et plusieurs blessés.
- 25 juin : les troupes assiégeantes lancent un nouvel assaut contre le faubourg Saint-Denis qui est repoussé. Les défenseurs font une douzaine de prisonniers.
- 26 juin : les soldats d’Henri IV venant du Roule et de Chaillot, entrent à partir des Tuileries dans le faubourg Saint-Honoré tuent quelques soldats puis se replient en emmenant une vingtaine de prisonniers.
- 27 juin : nouvelle attaque contre le faubourg Saint-Honoré qui est repoussé. Les troupes du prince de Conti et du maréchal D'Aumont qui viennent renforcer le dispositif d'encerlement, vont tenir garnison à Saint-Cloud.
- 28 juin : Les assiégiés font 2 sorties. L'une au Nord par le faubourg Saint-Denis et l'autre au Sud par le faubourg Saint-Germain qui sont sans effet.
- 29 juin : Escarmouches près de Vaugirard entre une trentaine de cavalier accompagnés de piétons venant de Paris et les troupes de Conti et d'Aumont.
- 2 juillet : Une troupe, qui campait à Montmartre, attaqua la ville en s'approchant du boulevard du Moulin et du marché aux Pourceaux. Ils furent repoussés par l'artillerie située sur les remparts entre les portes Montmartre et Saint-Honoré.
Les troupes, qui campaient à Saint-Cloud attaquèrent le faubourg Saint-Germain puis se retirèrent. Dans la nuit 1 500 de ses mêmes troupes, pénétrèrent de nouveau dans le faubourg Saint-Germain avant de se replier après avoir perquisitionné plusieurs maisons. - 5 juillet : Partis de Montfaucon, 600 hommes à pied soutenu par des cavaliers attaquèrent la porte du Temple qui furent repoussés par les Suisses. Les parisiens font une sortie en direction de Vaugirard et du Pré-aux-Clercs et reviennent avec 6 prisonniers.
- 6 juillet : Partant de Saint-Cloud, les troupes d'Henri IV entrent dans les faubourgs Saint-Germain, Saint-Jacques et Saint-Marceau. Ils brulent les grains en gerbes et mettent le feu à certains endroits pillent l'hôpital Saint-Germain[5] puis se retirent en blessant à coups d'épée et de coutelas les gens qu'ils rencontrent dans les champs[4].
- 9 juillet : Assiégée depuis le mois de mai, la garnison de Saint-Denis en France capitule et est autorisée par le roi Henri IV à se retirer vers Meaux. Le même jour eu lieu un duel, « hors le faubourg Saint-Honoré, en un champ près du Roule » entre le sieur de Montglas du parti royaliste et le baron de Contenant du parti ligueur. Ce duel à 3 sortes d'armes comportait une lance chacun, un coup de pistolle et 3 coups de coutelas. Montglas fut blessé à la cuisse par le coup de pistolle les 2 chevaux blessés par un coup de coutelas sur la croupe. Les 2 hommes se séparèrent après le duel[4],[6].
- 12 juillet : Le chevalier d'Aumale à la tête de 200 lansquenets effectue une sortie par la porte Saint-Antoine jusqu'aux environs de l'abbaye. Après avoir fait fuir les ennemis, les soldats et plus de 4 000 habitants enlèvent et emmènent dans la ville le bétail, les grains, les gerbes et autres denrées.
- 13 juillet : Furieux d'avoir été chassés la veille, les huguenots brulent les champs de blé situés derrières le couvent des Chartreux et l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Ils lancent également une attaque au Nord, contre les faubourgs Saint-Denis et Saint-Martin, renverse les premières défenses et pénètrent dans les quartiers Saint Ladre et Saint-Laurens, mais sont finalement repoussé par les défenseurs.
- 14 juillet : 700 à 800 hommes soutenus par 200 cavaliers attaquent le faubourg Saint-Germain. Repoussés à coup de canon ils s'installent dans les villages de Vaugirard, Issy et Meudon.
- 15 juillet : le seigneur de Châtillon avec 1 200 hommes à pied et 400 cavaliers, viennent renforcer les troupes du roi de Navarre, et logent à Gentilly.
- 16 juillet : Nouvelle sortie des lansquenets et autres soldats et des habitants de Paris pour cueillir des grains la disette s'étant installée dans la ville.
Les pauvres et la plupart du peuple n'ont plus les moyens d'acheter du blé devenu hors de prix.
Ils sont contraint de se nourrir de « bouillies d'avoines, de pain fait de son et de marc[7] de noix ou d'amandes après en avoir tiré l'huile et d'autres pains fait avec du reste, du suif, des chandelles, de vieux oings[8] que l'on appellait pain de creton, d'herbes diverses, principalement du pourpier. Les melons et concombres étant à maturité, il furent mangé dans leur totalité même la queue et les raves.... Les chevaux, ânes, mulets et chiens furent mangés sans difficultés. Les vaches et les porcs valaient plus de cent écus pièce »[4]. En outre le beurre, le lait manquait, le fourrage pour les bêtes également. Le prix du lait fut vendu 5 sols la pinte au début du siège puis passa à 8, 10, 15, 20, 24, 30, 35 et 40 sols. La livre de beurre s'achète 12 puis 15, 20 et trente sols allant même à 3 ou 4 livres tant qu'on pu en trouver.
On trouvait du blé à grand peine. Ceux qui en possédait encore, le vendait à prix d'or. 30 écus le setier, puis 40, 50... 120 écus. A cette date, les taverniers et bourgeois vendant du vin avait fermé. On en trouvait encore à 8, 10 puis 20 sols la pinte.
- 17 juillet : Plusieurs compagnies du seigneur de Châtillon attaquent et pillent l'abbaye des Cordelières du faubourg Saint-Marceau.
Le roi de Navarre envoie une lettre aux prévôt des marchand et habitants de Paris les exhortants à se rendre à lui et à le reconnaître en tant que roi de France. - 18 juillet : Nouvelle attaque des compagnies du seigneur de Châtillon contre l'abbaye des Cordelières. Ils chassent de l'abbaye les religieuses puis poussent l'attaque sur le bout du faubourg Saint-Médard. Après plusieurs escarmouches, ils se replient et se barricadent dans l'abbaye après avoir ravager les églises.
Le chevalier d'Aumale fait une sortie par la porte Saint-Antoine avec 120 cavaliers et 400 soldats, qui se solde par la capture d'une cinquantaine de prisonniers dont le sieur d'Andelot, frère du seigneur de Châtillon et fils de l'amiral de Coligny, qui fut enfermé dans une maison rue de la Harpe.
Dans la nuit, un petit nombre assaillants attaquèrent du côté du faubourg Montmartre. Chassé à coup de canon, ils refluèrent par le boulevard du Marché-aux-Chevaux près de la porte Saint-Honoré, en dehors de la ville,mirent le feu à 2 moulins puis se retirèrent. - 18 juillet : Accrochages vers Saint-Médard et à la porte Saint-Antoine.
- 20 juillet : Les soldats du roi viennent tirer quelques coups d'arquebuse, au faubourg Saint-Marceau, blessant, rue de la Bûcherie, un capitaine de la garde de Paris, puis font retraite. Dans la soirée nouvelle attaque, venant de Vaugirard, de 300 hommes, et de quelques cavaliers, qui entrent dans le faubourg Saint-Germain et attaquent l'abbaye. L'alarme étant donnée, les assaillants furent chassé par les lansquenets parisiens et par un coup de couleuvrine qui porta au milieu de leurs troupes.
- 23 juillet : Une partie de la population parisienne se présentent au président et aux conseillers du parlement afin que soit fourni à la population du pain et autres nourritures. Le gouverneur de la ville, le duc de Nemours, fit lancer une attaque afin de rompre les barricades ennemies, positionnées dans les faubourgs. Un groupe de 600 hommes à pied et 200 cavaliers sorti par la porte de Bucy, puis se sépara en 2, une partie se dirigeant sur le faubourg Saint-Germain et l'autre sur le faubourg Saint-Marceau, à chaque extrémité de la ville, alors qu'une 3e troupe se dirigea du côté de l'Université. L'ennemi averti de la sortie, fit venir des renforts et l'attaque échoua.
- 24 juillet : Dans la soirée, la plupart des troupes du prince de Conti et du maréchal D'Aumont, qui occupaient Saint-Cloud entrèrent, après quelques résistances des troupes parisiennes, dans les faubourgs Saint-Germain, Saint-Jacques, Saint-Marceau et Saint-Victor ou ils installèrent leur campement. Malgré plusieurs tués ou blessés à coup d'arquebuse, ils fortifièrent plusieurs maisons donnant sur le fossé et barricadèrent les avenues proches des portes afin d'empêcher les sorties des assiégés.
- 25 juillet : Les assiégeants ayant percé les murs d'une maison proche du fossé, ils tirèrent dans la rue Saint-André tuant 7 à 8 passants. Une sortie fut effectuée par la porte Saint-Jacques. Après avoir mis le feu aux barricades qui fermaient l'entrée, les troupes royalistes ayant reçu des renforts, les parisiens furent contraints de rentrer dans la ville.
- 25 juillet : Les assiégeants qui tenaient le faubourg Saint-Honoré, approchèrent un canon de leur barricades et tirèrent plusieurs coups contre le pont levis et la porte Saint-Honoré qui furent gravement endommagés. Les assiégés mirent alors un canon en contre-batterie, qui fut battu par 2 autres canons installés sur le boulevard du Marché-aux-Pourceaux. Du côté de l'Université, les assiégeants attaquèrent, par escalade, les alentours des de Nesle et de la Tournelle, sans succès.
Bibliographie
- Histoire du siège de Paris sous Henri IV en 1590 d'après un manuscrit par M.A. DUFOUR 1881.
Notes et références
- Miquel, p 368
- Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980 (ISBN 978-2-7242-0785-9) p 369
- Pierre Larousse, Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle volume 12 page 267
- Histoire du siège de Paris sous Henri IV en 1590 d'après un manuscrit par M.A. DUFOUR 1881
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