Élections présidentielles sous la troisième république

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Élections présidentielles sous la Troisième République

Troisième République

Armoiries officieuses qui furent créées pour la Troisième République
Cet article fait partie de la série sur la
politique de la France,
sous-série sur la Troisième République

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Élections

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  • Municipales

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Sous la IIIe République, quinze élections ont eu lieu pour désigner le président de la République française.

D'après les lois constitutionnelles de 1875, le président est élu par un collège électoral constitué de grands électeurs et doit obtenir 50 % des suffrages + 1 voix pour être élu.

Sommaire

Élection présidentielle de 1873

Le 24 mai 1873, après avoir renversé le républicain Adolphe Thiers (premier président de la IIIe République, nommé par décret en août 1871), l'Assemblée nationale se réunit à Versailles pour élire un nouveau président. Six jours avant le vote, la majorité conservatrice et monarchiste s'entend sur le candidat qu'elle souhaite porter à la magistrature suprême : il s'agit de Patrice de Mac-Mahon[1]. Le grand nombre d'abstentions (380[2]) est dû à la décision de la gauche de l'Assemblée de s'abstenir.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Patrice de Mac-Mahon Légitimiste 99,74 % (390)
Jules Grévy Républicain modéré 0,26 % (1)

Lorsqu'on vient informer le maréchal de Mac-Mahon de son élection, son entourage n'a aucun mal à le convaincre de ne pas se dérober[3].

Élection présidentielle de 1879

Suite à la démission de Patrice de Mac-Mahon le 30 janvier 1879 à midi, la Chambre des députés et le Sénat se réunissent en Congrès[4] moins de huit heures plus tard (un record inégalé) pour élire le troisième président de la République du moment.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Jules Grévy Républicain modéré 84,03 % (563[5])
Antoine Chanzy Militaire 14,78 % (99)
Léon Gambetta Républicain modéré 0,75 % (5)
Paul de Ladmirault Militaire 0,15 % (1)
Henri d'Orléans Monarchiste 0,15 % (1)
Gaston de Galliffet Militaire 0,15 % (1)

Élection présidentielle de 1885

À la fin de l'année 1885, Jules Grévy, 78 ans, très affaibli, hésite dans un premier temps à se représenter[6]. Il se ravise finalement en partie grâce à Daniel Wilson. Il est facilement réélu le 28 décembre 1885.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Jules Grévy Républicain modéré 79,34 % (457)
Henri Brisson Union républicaine 11,81 % (68)
Charles de Freycinet Républicain modéré 2,43 % (14)
Divers - 6,42 % (37)

Jules Grévy entre officiellement dans son second septennat le 30 janvier 1886.

Élection présidentielle de 1887

Le 2 décembre 1887, les chambres contraignent le président Grévy à la démission suite au scandale des décorations. La nuit qui suit cette décision est une nuit de troubles ; les manifestations se multiplient, on murmure que des socialistes ont préparé une insurrection et qu'une nouvelle commune se produira si Jules Ferry est élu[7]. Inquiets, les républicains n'osent donc pas rassembler leurs voix sur l'ancien président du Conseil.

Au premier tour de scrutin le 3 décembre 1887, les républicains dispersent leurs voix entre Ferry, Freycinet et le modéré Sadi Carnot. Georges Clemenceau, redoutant l'arrivée d'un président à la personnalité trop affirmée, appelle alors à voter pour le député de la Côte-d'Or[8], suivi par Jules Ferry et Charles de Freycinet qui se désistent.

Candidats Appartenance politique Premier tour Second tour
Sadi Carnot Républicain modéré 35,69 % (303) 74,49 % (616)
Félix Gustave Saussier Conservateur 17,43 % (148) 22,73 % (188)
Jules Ferry Républicain modéré 24,97 % (212) 1,33 % (11)
Charles de Freycinet Républicain modéré 8,95 % (76) 0,60 % (5)
Félix Antoine Appert Conservateur 8,48 % (72) 0,60 % (5)
Henri Brisson Radical 3,06 % (26)
Divers - 1,41 % (12) 0,24 % (2)

Élection présidentielle de 1894

Le 25 juin 1894, le président Carnot décède des suites de ses blessures après avoir été poignardé par un anarchiste italien. C'est sous la pression de sa famille et de ses amis que le président de la Chambre des députés, Jean Casimir-Perier se résout à présenter sa candidature à la présidence[9]. Un scrutin préparatoire des trois groupes du Sénat appartenant au centre-gauche, à la gauche républicaine et à l'Union républicaine le désigne comme candidat par 180 voix sur 200 votants. Le 27 juin 1894, les radicaux lui opposent le centriste Henri Brisson, candidat pour la deuxième fois.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Jean Casimir-Perier Républicain modéré 53,37 % (451)
Henri Brisson Républicain modéré 23,08 % (195)
Charles Dupuy Républicain modéré 11,48 % (97)
Général Février Militaire 6,27 % (53)
Emmanuel Arago Républicain modéré 3,20 % (27)
Divers - 2,60 % (22)

Élection présidentielle de 1895

Le président Perier ayant démissionné au bout de six mois de pouvoir, une nouvelle élection est organisée le 17 janvier 1895. Elle semble se circonscrire entre l'austère sénateur modéré Pierre Waldeck-Rousseau, à la réputation de véritable homme d'État, et le candidat soutenu par la gauche, Henri Brisson. Ce dernier arrive en tête au premier tour mais le deuxième n'est autre que le ministre de la Marine, Félix Faure qui a décidé, pratiquement au dernier moment, d'être candidat[10]. Des deux modérés, c'est finalement Waldeck-Rousseau qui se désiste.

Candidats Appartenance politique Premier tour Second tour
Félix Faure Républicain modéré 31,00 % (244) 53,75 % (430)
Henri Brisson Républicain modéré 42,95 % (338) 45,13 % (361)
Pierre Waldeck-Rousseau Libéral 23,38 % (184) -
Divers - 2,67 % (21) 1,13 % (9)

Élection présidentielle de 1899

Après la mort prématurée du président Faure, le Congrès est à nouveau convoqué le 18 février 1899[11] pour départager Émile Loubet, candidat de la gauche soutenu par le dreyfusard Clemenceau et le modéré Jules Méline.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Émile Loubet Républicain modéré 59,48 % (483)
Jules Méline Républicain modéré 34,36 % (279)
Eugène Cavaignac Républicain modéré 2,83 % (23)
Divers - 3,33 % (27)

Élection présidentielle de 1906

Le président Loubet ayant annoncé qu'il ne sollicitait pas un second mandat, deux candidats "sérieux" s'affrontent le 17 janvier 1906 : le président de la Chambre des députés, Paul Doumer et celui du Sénat, Armand Fallières. A priori, toutes les chances sont sont du côté du premier puisque radical. Mais trop mêlé à la politique active, Doumer s'est attiré de solides inimitiés. La gauche préfère donc Fallières au radical renégat, soutenu par le centre et la droite.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Armand Fallières ARD 52,95 % (449)
Paul Doumer Radical 43,75 % (371)
Divers - 3,30 % (28)

Armand Fallières prend officiellement ses fonctions le 18 février 1906.

Élection présidentielle de 1913

Le président Fallières renonce à briguer un deuxième septennat le 17 janvier 1913. Raymond Poincaré, candidat déclaré depuis fin 1912, confirme qu'il sera bien candidat à la magistrature suprême. Dès lors, une violente campagne, menée par Paul Deschanel[12], Joseph Caillaux et Georges Clemenceau est organisée contre sa candidature. Ce dernier propose Jules Pams pour contrer la candidature du centriste.

Candidats Appartenance politique Premier tour Second tour
Raymond Poincaré PRD 49,48 % (429) 56,23 % (483)
Jules Pams Radical 37,72 % (327) 34,46 % (296)
Édouard Vaillant SFIO 7,27 % (63) 8,03 % (69)
Divers - 5,54 % (48) 1,28 % (11)

Raymond Poincaré prend officiellement ses fonctions le 18 février 1913.

Élection présidentielle de janvier 1920

Le président Poincaré ne se représentant pas, l'élection du 17 janvier 1920 semblait gagnée d'avance par le radical Georges Clemenceau. Mais les choses ne se déroulèrent pas comme prévues pour "le Tigre". En effet, la vieille du scrutin, lors du vote préparatoire, son adversaire de toujours[13], Paul Deschanel, candidat pour la quatrième fois en vingt ans, le devance de 9 voix[14]. Amer, Clemenceau, 78 ans, décide alors de quitter la vie politique. Pour le président modéré de la Chambre des députés, c'est la voie royale.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Paul Deschanel ARD 84,56 % (734)
Charles-Celestin Jonnart ARD 7,37 % (64)
Georges Clemenceau Radical 6,11 % (53)
Divers - 1,96 % (17)

Paul Deschanel prend officiellement ses fonctions le 18 février 1920.

Élection présidentielle de septembre 1920

Le président Deschanel, atteint de crises de neurasthénie, démissionne le 21 septembre 1920, huit mois seulement après son élection. Le lendemain, le président du Conseil en exercice et chef de file de la droite républicaine, Alexandre Millerand arrive en tête de la réunion préparatoire du Sénat avec 528 voix[15]. Le 23 septembre 1920, le Congrès réuni à Versailles, doit le départager du maire socialiste de Lille, Gustave Delory.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Alexandre Millerand - 88,42 % (695)
Gustave Delory SFIO 8,78 % (69)
Divers - 2,80 % (22)

Élection présidentielle de 1924

Après avoir acculé le président Millerand à la démission le 11 juin 1924, le Cartel des gauches possède toutes les cartes en main et entend en user. Cependant, à y regarder de plus près, la situation du Cartel ne relève pas d'une position si bien établie. À la Chambre, il ne dispose de la majorité qu'avec l'appui de la gauche radicale ; au Sénat, les conservateurs comptent une écrasante majorité. L'élection de Paul Painlevé reste donc loin d'être acquise.

Le poste de président du Sénat conduisant fréquemment son titulaire à l'Élysée, Gaston Doumergue commence à peaufiner sa stratégie dès la démission d'Alexandre Millerand, qui, assoiffé de revanche, lui apporte officieusement son soutien. Painlevé, sorti vainqueur de la réunion préparatoire des groupes républicains, envoie une délégation afin d'obtenir le retrait de Doumergue. Mais jouant sur les mots, celui-ci refuse de retirer une candidature qu'il n'a pas déposée[16]. En coulisse, le radical se frotte les mains puisqu'il est sûr de recueillir les voix du centre et de la droite, hostiles au Cartel, ainsi que celle de nombreux parlementaires qui redoutent de voir le républicain-socialiste arriver au pouvoir et mener une politique partisane. Le 13 juin 1924, son calcul se révèle juste.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Gaston Doumergue Radical 60,38 % (515)
Paul Painlevé PRS 36,23 % (309)
Zéphyrin Camélinat PCF 2,46 % (21)
Divers - 0,93 % (8)

Élection présidentielle de 1931

L'élection présidentielle se déroule le 13 mai 1931, sans la présence du très populaire président Doumergue qui a décidé de ne pas se représenter. Le scrutin ne fait guère de doute quant à son issue puisque le président du Sénat, Paul Doumer, candidat malheureux en 1906, part de nouveau favori. Il s'achemine d'ailleurs vers une élection sans candidat sérieux, lorsque, à deux jours du vote, on apprend la candidature du plus prestigieux homme politique du moment, Aristide Briand.

Mais lors du premier tour de scrutin, le radical se détache assez nettement, sans obtenir néanmoins la majorité absolue nécessaire à sa victoire. Le ministre des Affaires étrangères se retire alors de la course. La gauche, prise de cours par ce retrait, décide de présenter Pierre Marraud.

Candidats Appartenance politique Premier tour Second tour
Paul Doumer Radical 49,28 % (442) 57,08 % (504)
Pierre Marraud Gauche - 37,83 % (334)
Aristide Briand Indépendant 44,70 % (401) 1,36 % (12)
Marcel Cachin PCF 1,11 % (10) 1,25 % (11)
Jean Hennessy PRS 1,67 % (15) -
Divers - 3,23 % (29) 2,49 % (22)

Paul Doumer prend officiellement ses fonctions le 13 juin 1931.

Élection présidentielle de 1932

Le 6 mai 1932, l'assassinat du président Doumer, 75 ans, par un exalté russe, provoque une vive émotion en France. C'est deux jours après le second tour des élections législatives, alors que la nouvelle Chambre de gauche n'a pas encore pris ses fonctions, que se déroule l'élection présidentielle. C'est donc une assemblée de droite, élue sous les auspices de Poincaré en 1928, qui choisit le nouveau chef de l'État. Bien que les parlementaires se trouvaient encore dans leurs circonscriptions, il a fallu fixer une date au plus vite. En tant que président du Sénat, c'est Albert Lebrun qui a fixé la date de réunion du Congrès qu'il va présider : ce sera le mardi 10 mai 1932, afin de permettre aux parlementaires de regagner Versailles.

À nouveau, le nom de Paul Painlevé est évoqué, mais celui-ci décide de retirer sa candidature. Ainsi, personne ne s’étonne lorsque, le fait tenant désormais tenir de la tradition, le président du Sénat, le centriste Albert Lebrun, est élu.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Albert Lebrun AD 81,47 % (633)
Paul Faure SFIO 14,67 % (114)
Paul Painlevé PRS 1,54 % (12)
Marcel Cachin PCF 1,03 % (8)
Divers - 1,29 % (10)

Élection présidentielle de 1939

En mai 1939, le septennat du président Lebrun arrive à son terme. Une situation extérieure de la plus grande gravité se présente. La guerre semble inévitable. Son entourage tente de le dissuader de se représenter en lui faisant valoir qu'il sera la président de la Guerre, mais il semble avoir pris goût à ses fonctions et décide de faire à nouveau acte de candidature[17]. Sa personnalité effacée, le rôle politique neutre qu'il a joué sont autant d'atouts en sa faveur et, le 5 avril 1939, Albert Lebrun est investi d'un second mandat malgré le fait que la Chambre des députés soit majoritairement à gauche, suite à la victoire du Front populaire aux élections législatives de 1936.

Candidats Appartenance politique Premier tour
Albert Lebrun AD 55,60 % (506)
Albert Bedouce SFIO 16,59 % (151)
Marcel Cachin PCF 8,13 % (74)
Édouard Herriot Radical 5,82 % (53)
Justin Godart Radical 5,49 % (50)
Fernand Bouisson PRS 1,76 % (16)
François Piétri AD 1,10 % (10)
Divers - 5,49 % (50)

Albert Lebrun entre officiellement dans son second septennat le 10 mai 1939. Il est déposé à la fin de la IIIe République le 10 juillet 1940 (bien que n'ayant pas démissionné et donc pas terminé son mandat qui expire en 1946, il ne retrouve pas ses fonctions à la Libération).

C'est sur ce peu glorieux départ, qui est la conclusion d'une longue décadence, que s'achève l'histoire des présidents de la IIIe République.

Notes et références

  1. Patrice de Mac-Mahon n'en est cependant pas informé avant le jour du vote.
  2. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.33, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  3. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.33, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  4. C'est en effet ce que prévoit la Constitution de la IIIe République, adoptée quatre années auparavant.
  5. La voix du sénateur Victor Hugo en fait partie.
  6. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.42, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  7. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.46, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  8. «Votons pour Carnot, il n'est pas très fort, mais il a un nom républicain.»
  9. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.56, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  10. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.61, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  11. Alors que des nationalistes manifestent à l'extérieur.
  12. Candidat contre Poincaré bien qu'ils soient du même parti.
  13. Paul Deschanel et Georges Clemenceau sont deux parlementaires lorsque, suite à l’affaire du canal de Panamá dans laquelle Clemenceau est soupçonné, ils s’affrontent en duel à l’épée. Clemenceau en sort vainqueur puisque Deschanel est blessé au front et a la paupière droite percée.
  14. 408 voix pour Paul Deschanel contre 399 pour Clemenceau (source : homme-politique.com).
  15. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.99, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  16. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.108, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  17. Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002, p.123, Jean-Paul Ollivier, mars 2002.
  • Le nombre de voix réalisé par chaque candidat est indiqué entre parenthèses.
  • Bien qu'ils aient rassemblé des suffrages sur leurs noms, plusieurs candidats ci-dessus n'ont pas fait acte de candidature (Alfred Chanzy en 1879, Jules Méline en 1899, Georges Clemenceau en 1920, Édouard Herriot en 1939, ...).

Sources

  • Les résultats sont en grande partie tirés du site mjp.univ-perp.fr [1]
  • Le texte est inspiré de l'ouvrage Président de la République - Les vingt-deux chefs d'État français, 1848-2002 de Jean-Paul Ollivier, Sélection du Reader's Digest, mars 2002 (ISBN 9782709813143)

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