- Henri Brisson
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Eugène Henri Brisson, né à Bourges (Cher) le 31 juillet 1835 et mort à Paris le 14 avril 1912, est un avocat, journaliste et homme politique français.
Sommaire
Biographie
Son père était avoué. Après de bonnes études au lycée de Bourges, il fit son droit à Paris. Encore étudiant, il se lia d'amitié avec des professeurs démissionnaires pour refus de serment à l'Empire, comme Frédéric Morin, Jules Barni, Eugène Despois et Ribert. À 19 ans, en 1854, il participa avec ceux-ci à la fondation, au Quartier latin, de l'Avenir, revue hebdomadaire des lettres, avec la collaboration d'Eugène Pelletan et de Catalan. Le journal l'Avenir fut supprimé peu après par jugement. Brisson y publia par exemple des articles sur Marnix de Sainte-Aldegonde et Les Révolutions d'Italie d'Edgar Quinet ainsi que Les Réformateurs au XVIe siècle de Victor Chauffour.
En 1856-57, il collabora à la feuille italienne la Ragione, journal de philosophie religieuse, politique et sociale, fondée à Turin par Ausonio Franchi. Au rang des collaborateurs de la Ragione, figuraient Charles Renouvier, Louis de Potter, Edgar Quinet et Louis Blanc. Brisson y publia des Lettres sur le mouvement littéraire et philosophique français. Il collabora également à la Revue philosophique et religieuse avec Émile Littré, Renouvier, Amédée Guillemin, Élisée Reclus et Charles Fauvety.
En 1859, avec Frédéric Morin et quelques autres amis, il contribua à la création du Progrès de Lyon, journal libéral, très hostile à l'Empire. Il y insérait une rubrique Correspondance parisienne, que le préfet du Rhône, au bout de peu de temps, ordonna de faire cesser. De 1861 à 1865, Brisson collabora au Phare de la Loire, y donnant de nombreux articles politiques, ainsi que quelques critiques littéraires, comme son grand article sur l'Histoire de la campagne de 1815 d'Edgar Quinet, et le texte de conférences qu'il fit à Paris en avril 1864 sur des pamphlétaires, tels Paul-Louis Courier et Claude Tillier.
Il alla passer l'hiver en Égypte, et il fit paraître dans la Réforme littéraire une série de lettres intitulée Au bord du Nil, mêlant charme descriptif et pensée philosophique. Il publia également dans la Revue littéraire du mois de Lille un article sur les brochures que venaient de faire paraître Ernest Renan et Charles Lemonnier. Enfin, le 30 mai 1864, il entra au Temps, fondé et dirigé par Auguste Nefftzer, et il y collabora jusqu'en 1869.
Au point de vue politique, Brisson fut du très petit nombre de ceux qui, avant Sadowa, signalèrent le danger que l'ambition de la Prusse faisait courir à la France. À cette époque, en 1866, presque tous les écrivains du parti républicain démocratique se prononcèrent pour la Prusse contre l'Autriche. Au mois de mai 1869, Brisson quitta le Temps pour entrer à l'Avenir national, dirigé avec plus de vigueur par Alphonse Peyrat. Il y resta jusqu'à la guerre de 1870.
Au point de vue philosophique, Brisson fonda avec Alexandre Massol la Morale Indépendante. Le premier numéro parut le dimanche 6 août 1865. Ce journal hebdomadaire servit d'organe à un mouvement philosophique qui partait des loges maçonniques et qui avait pour but d'opposer la morale humaine, progressive, à la morale théologique et ascétique. De 1865 à 1867, Brisson y publia, outre ses articles de polémique courante, de nombreux articles philosophiques et littéraires. Cette publication eut un succès suffisant pour que le Père Hyacinthe, qui prêchait alors à Notre-Dame, consacra ses conférences de l'Avent 1865-1866, à combattre les doctrines de la Morale indépendante.
À partir de cette période, son engagement politique, manifeste déjà depuis de nombreuses années, s'intensifia. Le 1er février 1866, il entra à la Revue Nationale et étrangère, fondée par l'éditeur Gervais Charpentier, revue libérale et littéraire où collaboraient Édouard Laboulaye, Pierre Lanfrey, Eugène Despois, etc. Brisson y publia divers articles contre la Prusse et, ce fut lui qui fut chargé de la chronique politique quand la Revue Nationale devint hebdomadaire. Il multiplia ses articles politiques dans l'Almanach de la Coopération (par exemple La Tyrannie au village ou N'oublions pas la politique) et dans le Siècle, préfaça l'ouvrage l'Angleterre et ses institutions, et, en 1868, participa à la fondation de la Revue politique et littéraire avec Gambetta, Challemel-Lacour, Allain-Targé, Clément Laurier, etc. Il écrivit des articles sur Dufaure, sur la France Nouvelle, ouvrage de Prévost-Paradol, qui y défend le gouvernement parlementaire, sur la Révolution, sur le salaire des cultes, sur la souscription Baudin. Ce dernier article lui valut de passer au tribunal. Étant avocat, il se défendit seul, mais fut condamné. Ce fut ce procès et cette condamnation qui le lancèrent définitivement dans la politique militante.
Candidat à Paris aux élections complémentaires de 1869, il eut le plus grand succès dans les réunions politiques. Nommé après le 4 septembre adjoint au maire de Paris, il donna sa démission le lendemain du 31 octobre, en même temps qu'Étienne Arago et Charles Floquet.
Candidat d'extrême-gauche, il fut élu à l'Assemblée nationale représentant de la Seine le 8 février 1871. Alors qu'il n'avait pas approuvé la Commune, il fut le premier à proposer une amnistie pour les condamnés (13 septembre 1871), mais sa proposition fut rejetée aux voix. Partisan convaincu de l'éducation primaire obligatoire, il était fermement anticlérical. Membre du groupe de l'Union républicaine, il en devint le président. Il fut également président de la commission du budget en 1879, président de la Chambre des députés le 3 novembre 1881 – en remplacement de Gambetta - jusqu'en mars 1885, où il devint président du Conseil après la démission de Jules Ferry. Mais il démissionna quand, après les élections générales de cette année-là, il n'obtint que de justesse une majorité lors du vote de crédits pour l'expédition du Tonkin.
En 1885, 1894 et 1895, il fut candidat à l'élection présidentielle, où il échoua de peu à sa dernière tentative, face à Félix Faure (361 voix contre 430 sur 801 votants).
Toujours homme public en vue, il prit une part prépondérante dans la dénonciation du scandale de Panama et fut un des candidats auxquels on pensa le plus pour la présidence après l'assassinat du président Carnot en 1894. Il redevint président de la Chambre de décembre 1894 à 1898. En juin de l'année suivante, il forma un gouvernement quand le pays fut violemment agité par l'affaire Dreyfus; il prit parti pour Alfred Dreyfus. Il eut comme secrétaire particulier un jeune avocat israélite : Louis André Caen; sa fermeté et son honnêteté augmentèrent le respect du public à son endroit, mais un vote hasardeux renversa son ministère en octobre. Comme chef des radicaux, il soutint activement les ministères Waldeck-Rousseau et Combes, particulièrement en ce qui concerne les lois sur les ordres religieux et la séparation de l'Église et de l'État. En mai 1906, il fut élu président de la Chambre des députés par 500 voix sur 581.
Il occupa les fonctions de président du Conseil des ministres à deux reprises :
- du 6 avril 1885 au 29 décembre 1885 : voir gouvernement Henri Brisson (1)
succédant à Jules Ferry (2e gouvernement), et étant à son tour remplacé par Charles de Freycinet (3e gouvernement), - du 28 juin 1898 au 26 octobre 1898 : voir gouvernement Henri Brisson (2)
succédant à Jules Méline (gouvernement Méline), et étant à son tour remplacé par Charles Dupuy (4e gouvernement).
Note : les dates de fin de gouvernement indiquées sur le Wikipedia en anglais peuvent être fausses (sur certaines pages). Elles correspondent à chaque fois à la passation des pouvoirs entre l'ancien président du Conseil, démissionnaire mais expédiant les affaires courantes, et le nouveau président du Conseil venant d'être nommé.
Citations et anecdotes
- Bien que parfois mise en doute, l'intervention du frère franc-maçon Henri Brisson, en juin 1899, à la tribune de l'assemblée nationale est demeurée célèbre et a fait l’objet de multiples illustrations: du haut de la tribune, il prend une posture peu ordinaire, il croise les doigts, paumes vers l’avant, tend les bras au-dessus de sa tête, renverse son corps en arrière (un signe appartenant au grade de maître maçon) et lance un « à moi les enfants de la veuve ! ». Ce cri, dit-on, aurait permis de rallier les députés francs-maçons présents et sauver le ministère Waldeck-Rousseau.
- « Gardez-vous de vouloir faire grand ! Combien de ceux qui s’y sont essayés ont rendu la France plus petite ».
- Le 3 mai 1883, en présence de Jules Ferry, il inaugure à Vierzon la première école nationale professionnelle (ENP). Ce lycée porte actuellement le nom de lycée polyvalent Henri Brisson[1].
Bibliographie
- Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil. Histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
Sources
- (en) « Henri Brisson », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne]
- Angelo De Gubernatis, Dictionnaire international des écrivains du jour, Florence, L. Niccolai, 1891.
Chronologies
Précédé par Henri Brisson Suivi par Jules Ferry Président du Conseil 6 avril 1885 - 29 décembre 1885 Charles de Freycinet Jules Méline Président du Conseil 28 juin 1898 - 26 octobre 1898 Charles Dupuy Félix Martin-Feuillée Ministre français de la Justice Charles Demole Notes et références
- Lycée polyvalent Henri Brisson. Consulté le 27 juillet 2010
Catégories :- Ministre de la Troisième République
- Président du Conseil de la Troisième République
- Président de l'Assemblée nationale française
- Ancien député de la Seine
- Journaliste français du XIXe siècle
- Affaire Dreyfus
- Naissance en 1835
- Décès en 1912
- Avocat français du XIXe siècle
- du 6 avril 1885 au 29 décembre 1885 : voir gouvernement Henri Brisson (1)
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