- Tchang Kaï-chek
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Pour les articles homonymes, voir Tchang.Dans ce nom chinois, le nom de famille, Chiang, précède le prénom.
Chiang Kaï-chek, ou Tchang Kaï-chek, ou Chang Kaï-chek (en chinois traditionnel 蔣介石, chinois simplifié 蒋介石, en pinyin Jiǎng Jièshí) (31 octobre 1887 – 5 avril 1975) est un militaire et homme politique chinois qui fut l'un des principaux leaders du Kuomintang après la mort de Sun Yat-sen en 1925.
Il fut le chef militaire — avec le titre de généralissime — et, à diverses périodes et en alternance, le chef du gouvernement et le président de la « première République chinoise » puis, jusqu'à sa mort, le président de « République de Chine » à Taïwan.
Sommaire
Un chef militaire
Il est né à Xikou, dans le district de Fenghua, préfecture de Ningbo, province du Zhejiang, dans une famille de commerçants dont les ancêtres sont originaires de Yixing, préfecture de Wuxi, province du Jiangsu. Il suit une formation militaire dans une académie du Japon.
Chiang rejoint l'Alliance révolutionnaire de Sun Yat-sen par l'entremise de Chen Qimei en 1906. Entre 1911 et 1912, il participe aux combats de Shanghai. Il gravit ainsi les échelons de la hiérarchie du parti et devient un proche collaborateur de Zhang Renjie. À cette époque, Chiang était affilié à des sociétés secrètes de Shanghai. Il suit ensuite Sun Yat-sen dans son exil au Japon (1914) et le rejoint à Canton en 1918. Lorsque le Parti communiste chinois et le Kuomintang s'allient sous l'impulsion du Komintern à partir de 1922 pour lutter ensemble contre le pouvoir des seigneurs de la guerre et des Occidentaux, Chiang Kaï-chek est envoyé en URSS en 1923 afin d'y rencontrer les dirigeants du Komintern, d'inspecter les écoles militaires et l'organisation politique. À partir de 1924, il dirige l'académie militaire de Huangpu, constituée avec l'aide d'instructeurs militaires soviétiques. Cette académie formera une élite militaire qui sera toujours fidèle à Chiang. Lorsque les riches commerçants de Canton se révoltent en 1924 contre les taxes imposées par le Kuomintang, c'est lui qui mène les combats contre leurs milices.
Le leader du Kuomintang
Après la mort de Sun (1925), il s'arroge progressivement la direction du parti. En 1925, il devient commandeur en chef de l'Armée nationale révolutionnaire. En 1926, prétendant que la gauche prépare un complot contre le Kuomintang, il arrête les dirigeants communistes de Canton et leurs conseillers soviétiques. Ceux-ci ne furent relâchés qu'après avoir accepté de s'affilier au Kuomintang et de renoncer à leurs convictions politiques.
Ayant à présent le contrôle des forces armées du Kuomintang, il décide de lancer en juillet 1926 l'Expédition du Nord contre les seigneurs de la guerre qui contrôlaient toujours la plus grande partie du pays. Lors de cette campagne, il prend le parti d'attaquer Shanghai, mais avant que ses troupes n'entrent dans la ville, les communistes déclenchent une grève et les ouvriers prennent le pouvoir dans la ville en attendant l'arrivée des troupes de Chiang. Inquiet de la force des communistes, Chiang conclut des accords avec les Occidentaux présents dans la ville (qui garantissent leur neutralité), les milieux d'affaires chinois (qui lui promettent un soutien financier) et avec la Bande verte, une société secrète criminelle (qui infiltre les milieux ouvriers et fournit des renseignements à Chiang). Le 12 avril 1927, la Bande verte lance une attaque généralisée contre les communistes de Shanghai qui fera des milliers de morts parmi les dirigeants et les ouvriers. Chiang Kaï-chek installe ensuite le gouvernement à Nankin, défiant le gouvernement rival que Wang Jingwei a installé à Wuhan. Pendant quelques mois, trois gouvernements se disputent la légitimité en Chine : celui de Chiang Kaï-chek à Nankin, celui de Wang Jingwei à Wuhan et celui de Zhang Zuolin à Pékin. Le gouvernement de Wang Jingwei cesse cependant d'exister dès septembre 1927 et Wang se rallie à la faction de Chiang. Parallèlement, l'Expédition du Nord se poursuit et les troupes de Chiang progressent sans cesse vers Pékin.
À la fin de 1927, les opérations se ralentissent, car Chiang décide de laisser la tête du parti à Hu Hanmin et celle du gouvernement à Tan Yankai, un proche de son rival Wang Jingwei. Il s'agit en fait d'une retraite stratégique, car il craint de perdre son contrôle sur le parti. De plus, il veut arranger son mariage avec la belle-sœur de Sun Yat-sen, Song Meiling. C'est pourquoi, après un bref passage dans son village natal, il part pour le Japon afin d'y négocier avec sa future belle-famille, hostile parce que Chiang est déjà marié et qu'il n'est pas chrétien. Fin 1927, il peut finalement se marier à Shanghai. Il reprend ensuite la direction des troupes et la progression vers Pékin se poursuit facilement, notamment grâce à des accords avec certains seigneurs de la guerre. En juin 1928, Pékin tombe aux mains des troupes du Kuomintang. Cette victoire a été facilitée par la politique du Japon, qui a incité Zhang Zuolin, le seigneur de la guerre qui contrôlait la ville, à se replier en Mandchourie pour préserver les intérêts japonais. Le gouvernement de Wang Jingwei s'étant dissous, Chiang Kaï-chek apparaît comme le maître du jeu en Chine.
Dirigeant de la République de Chine
Chiang devient alors le Président du gouvernement central de la République de Chine, déplace la capitale à Nankin et instaure un régime dictatorial combinant les valeurs du confucianisme et du fascisme. En 1930, au cours de la guerre des plaines centrales, il bat la coalition rivale formée par Li Zongren, Yan Xishan et Feng Yuxiang, matant provisoirement les factions rivales au sein de l'armée et du Kuomintang. En février 1931, il fait arrêter et mettre aux arrêts domiciliaires Hu Hanmin, le chef officiel du Kuomintang, mais est contraint de le libérer peu après du fait des pressions internes au parti. Une faction du Kuomintang, menée notamment par Hu Hanmin et Lin Sen, dénonce sa dictature et demande désormais sa démission. Mais le parti est forcé de s'unir à nouveau en septembre 1931, quand le Japon envahit la Mandchourie : la défaite militaire des troupes chinoises conduit Chiang Kaï-chek à démissionner en décembre de la présidence de la République, assumée ensuite par Lin Sen. Chiang demeure néanmoins le chef de l'Armée nationale révolutionnaire et son influence reste prépondérante au sein du Kuomintang : il continue de résider dans le palais présidentiel. Les heurts à Shanghai entre les troupes chinoises et japonaises, au début 1932, confortent sa position, en le faisant apparaître comme un chef militaire indispensable face à la menace japonaise. En 1933 et 1935, il évince son rival Wang Jingwei, qu'il remplace successivement comme chef officiel du Kuomintang, puis chef du gouvernement, étant de facto le véritable dirigeant de l'autorité centrale chinoise.
Chiang poursuit son combat contre les communistes. En septembre 1933, ses troupes encerclent la République soviétique chinoise du Jiangxi, ce qui entraîne l'année suivante la fin du bastion communiste et contraint ses dirigeants à entamer la Longue Marche, pour se réfugier au Shaanxi. Par contre, Chiang évite d'affronter les Japonais, dont les intentions agressives sont de plus en plus manifestes, car il croit ses forces encore trop faibles pour pouvoir sortir victorieuses. Il faudra qu'un seigneur de la guerre, Zhang Xueliang, qui avait négocié avec les communistes, lui tende un piège et le retienne en otage pour qu'il accepte finalement de signer en décembre 1936 l'accord de Xi'an visant à constituer un front uni avec les communistes pour lutter contre le Japon.
En tant que chef du gouvernement et chef de l'armée, Chiang mena la Chine lors de la guerre de résistance contre les Japonais, pendant laquelle sa position à l'intérieur du pays s'affaiblit comparativement à celle de Mao. L'ampleur de l'invasion nippone l'amène à déménager entre 1937 et 1939 sa capitale de Nankin à Wuhan, après le massacre de Nankin, puis à Chongqing dans le Sichuan. Le siège du gouvernement demeurera dans cette dernière localité jusqu'à la fin de la guerre, entraînant une campagne intensive de bombardement par l'aviation impériale. En 1943, à la mort de Lin Sen, Chiang Kaï-chek assume l'intérim de la Présidence.
Au niveau mondial, l'influence de Chiang en fit l'un des « quatre grands » leaders des Alliés lors des conférences internationales comme la Conférence du Caire de 1943. Le 26 juillet 1945, il signa ainsi avec Truman et Churchill la déclaration de Potsdam, par laquelle les Alliés lançaient un ultimatum demandant la reddition inconditionnelle au Japon.
En 1947, la Chine adopta une nouvelle constitution. En avril 1948, Chiang Kaï-chek fut élu par le parlement Président de la République, poste qu'il occupait par intérim depuis 1943 en qualité de chef du gouvernement. Mais la guerre contre les communistes, qui avait repris dès 1946, vint bientôt mettre un terme à son autorité.
La retraite à Taïwan
Chiang tenta d'éradiquer les communistes de Mao Zedong mais ne parvint pas à ses fins, l'invasion soviétique de la Mandchourie ayant permis au PCC d'étendre ses bases dans le nord-est de la Chine. Le 21 janvier 1949, face aux succès des communistes, Chiang démissionna de la présidence, dont l'intérim fut assuré par son rival Li Zongren. Mais la faction de Chiang reprit vite le dessus et ce dernier assuma à nouveau la réalité du pouvoir, évinçant Li Zongren qui, malade, était parti se faire soigner à New York.
En décembre 1949, Chiang déplaça son gouvernement à Taipei, devenue capitale de fait de République de Chine (Taïwan), où il reprit de manière formelle ses fonctions de président, le 1er mars 1950. Un temps isolé sur la scène politique internationale, abandonné par les États-Unis, il sut à nouveau s'imposer comme un allié de poids au moment de la Guerre de Corée et des risques d'extensions de la menace communiste en Asie. Chiang Kaï-chek resta à la tête de la "République de Chine" à Taïwan jusqu'à sa mort en 1975, et continua de revendiquer la souveraineté sur l'ensemble de la Chine. Malgré une constitution théoriquement démocratique, son gouvernement demeura autoritaire, basé sur un système de parti unique et de loi martiale. Il imposa également une culture chinoise standard, en interdisant à l'école et dans les médias l'usage des dialectes taïwanais. Sa présidence vit cependant un fort développement de l'économie de Taïwan grâce au commerce extérieur. En 1978, son fils Tchang Ching-kuo devint à son tour Président de la République, et donna le coup d'envoi de la démocratisation du régime.
Vie personnelle
Noms En français : Chiang Kaï-chek Chine continentale : 蔣介石 Pinyin : Jiǎng Jièshí Wade-Giles : Chiang Chieh-shih À Taïwan : 蔣中正 Pinyin : Jiǎng Zhōngzhèng Wade-Giles : Chiang Chung-cheng En anglais : Chiang Kai-shek Nom de famille : Jiang Chinois traditionnel : 蔣 Sinogramme simplifié : 蒋 Given names nom de registre (譜名): Zhoutai (周泰) nom de lait (乳名): Ruiyuan (瑞元) nom d'écolier (學名): Zhiqing (志清), plus tard Zhongzheng (中正) prénom de courtoisie (字): Jieshi (介石), prononcé Kai-shek en Cantonais Alors qu'il était marié à Mao Fumei (毛福梅, 1882–1939), Chiang prit deux concubines : il épousa Yao Zhicheng (姚冶誠, 1889–1972) en 1912 et Chen Jieru (陳潔如, 1906–1971) en décembre 1921. Yao a élevé un enfant adopté, Wei-kuo. Chen eut une fille en 1924, Yaoguang (瑤光), qui adopta plus tard son nom de famille.
Mao Fumei mourut lors de la guerre sino-japonaise pendant un bombardement. Yao Zhicheng fuit à Taïwan et mourut à Taipei. Chen Jieru vécut à Shanghai, déménagea plus tard à Hong Kong et y mourut.
Chiang Kaï-Chek épousa également en décembre 1927 la fille de l'imprimeur Charles Song, Song Meiling, née le 12 février 1898, décédée centenaire à Long Island le 23 octobre 2003.
Il fut aussi un très bon photographe amateur, notamment pour ses clichés du Parc du Luxembourg à Paris.
Notes et références
- nouvelle constitution, il devient officiellement le Président de la République de Chine, Chiang Kaï-chek étant le premier à assumer ce titre. Le titre officiel du chef de l'État, dans le gouvernement du Kuomintang, est initialement Président du gouvernement central de la République de Chine. En 1948, avec la
Bibliographie
- Destin de la Chine, présenté et commenté par Philip Jaffe, traduit de l'américain par S. T. Vincenot et Francine Béris (Francine Bloch),Paris, Amiot-Dumont, 1949
- Crozier, Brian. The Man Who Lost China: ASIN 068414686X
- Fenby, Jonathan. Generalissimo Chiang Kai-Shek and the China he lost: 2003, The Free Press, ISBN 0-7432-3144-9
- Jung Chang, Jon Halliday, Mao. L'histoire inconnue, Paris, Gallimard, 2006, traduit de l'anglais (Globalflair, 2005) par B. Vierne et G. Liebert avec le concours d'O. Salvatori.
- Malraux, André. La condition humaine
Liens externes
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