Expedition du Nord

Expedition du Nord

Expédition du Nord

Expédition du nord
L'Armée Nationale Révolutionnaire en marche durant l'expédition

Informations générales
Date 9 juillet 1926 - 8 juin (prise de Pékin) ou 29 décembre (ralliement de Zhang Xueliang) 1928
Lieu Nord de la Chine
Issue Victoire du Kuomintang, qui revendique la souveraineté sur tout le territoire de la République de Chine

Prise du pouvoir par Tchang Kaï-chek

Rupture entre le Kuomintang et le Parti communiste chinois

Début de la Guerre civile chinoise
Belligérants
Naval Jack of the Republic of China.svg Kuomintang

Flag of the Chinese Communist Party.svg Parti communiste chinois (jusqu'en avril 1927)

Guominjun
Flag of the Republic of China 1912-1928.svg Gouvernement de Beiyang

dont :

Flag of Manchuria autonomists (1922).png Clique du Fengtian

Diverses factions militaires
Commandants
Naval Jack of the Republic of China.svg Tchang Kaï-chek Flag of the Republic of China 1912-1928.svg Wu Peifu
Flag of the Republic of China 1912-1928.svg Sun Chuanfang
Flag of Manchuria autonomists (1922).png Zhang Zuolin
Forces en présence
100 000, puis 250 000 hommes  ?
Pertes
 ?  ?

L'expédition du Nord (chinois : 北伐, pinyin : běi fá) était une campagne militaire lancée par le Kuomintang (parti nationaliste chinois, ou KMT) dans le but de soumettre les différents seigneurs de la guerre et d'unifier la République de Chine sous la bannière nationaliste.

Sommaire

Contexte

Articles détaillés : Gouvernement de Beiyang et Seigneurs de la guerre chinois (1916-1928).

Depuis 1916, la Chine était, principalement dans sa partie nord, soumise aux luttes de différentes factions militaires qui se disputaient l'autorité. Les différents gouvernements successifs au pouvoir à Pékin, très instables, étaient reconnus au plan international comme l'autorité légitime de la République de Chine. Dans le sud, à Canton, Sun Yat-sen revendiquait la légitimité républicaine et animait un gouvernement militaire visant à rétablir l'ordre dans le pays.

Le gouvernement du Kuomintang, soutenu par l'Union soviétique, fonda en 1924 l'Académie militaire de Huangpu. Cette école aboutit à la formation d'une élite de cadres militaires et d'une armée de métier, qui prit ensuite le nom d'Armée nationale révolutionnaire. Tchang Kaï-chek, instructeur à l'académie, émergea bientôt comme l'un des chefs militaires du mouvement nationaliste. Sun Yat-sen conçut le projet d'une vaste opération militaire destinée à soumettre les factions militaires du nord et à pacifier le pays.

Le parti nationaliste était, dans le cadre d'un front uni contre les seigneurs de la guerre et pour l'unification de la Chine, allié au Parti communiste chinois (PCC), dont beaucoup de membres pratiquaient la double appartenance au PCC et au KMT.

Le 12 mars 1925, Sun Yat-sen mourut, laissant un Kuomintang divisé : l'aile gauche, animée principalement par Wang Jingwei, souhaitait pour des raisons tactiques maintenir l'alliance avec le Parti communiste; l'aile droite, animée notamment par Hu Hanmin et Tchang Kaï-chek, ne faisait aucune confiance aux communistes. Les tensions entre Tchang et l'agent du Komintern Mikhaïl Borodine vinrent encore aggraver les rapports avec les communistes.

A partir de 1925 se déclencha le « mouvement du 30 mai », série de grèves générales et de manifestations contre l'impérialisme occidental et les seigneurs de la guerre chinois (dénoncés comme des agents de l'Occident). Ce mouvement était déclenché à la fois par l'émotion née de la mort de Sun Yat-sen et par la répression brutale d'une manifestation, le 30 mai 1925, dans les concessions internationales de Shanghai.

Porté par le mouvement, le Kuomintang passa à l'action et mit officiellement sur pied l'Armée nationale révolutionnaire, avec l'aide matérielle des soviétiques et le conseil d'officiers de l'Armée rouge comme Vasily Blyukher.

Le 20 mars 1926, un complot présumé contre Tchang Kaï-chek aboutit à la mise de Canton sous loi martiale et intensifia les tensions entre l'aile droite du Kuomintang, d'une part, et l'aile gauche du parti et ses alliés communistes, d'autre part.

Déclenchement

Le 9 juillet 1926, Tchang Kaï-chek prononça un discours devant 100 000 soldats de l'Armée nationale révolutionnaire et décréta le début officiel de l'expédition du nord, visant à concrétiser le projet de Sun Yat-sen. Les principaux seigneurs de la guerre visés par l'expédition étaient Zhang Zuolin qui régnait sur la Mandchourie, Wu Peifu dans la plaine centrale de Chine et Sun Chuanfang sur la côte Est.

L'armée du Kuomintang, supérieurement équipée et organisée par rapport aux factions armées des seigneurs de la guerre, avança vers la région des plaines centrales, de la Rivière des Perles jusqu'au Yang-tsé-kiang. Sur son chemin, nationalistes et communistes rencontrèrent le soutien d'une large part de la population chinoise, dont de nombreux paysans et ouvriers, qui souhaitaient échapper à l'arbitraire imposé par les Seigneurs de la guerre.

Pendant ce temps, le gouvernement du Kuomintang à Canton était parcouru de tensions du fait de la main-mise grandissante de Tchang Kaï-chek en qualité de chef militaire. En janvier 1927, Wang Jingwei déplaça le gouvernement à Wuhan pour se mettre à l'abri.

Rupture avec les communistes

Article détaillé : Massacre de Shanghai (1927).

En mars 1927, dans le cadre de l'expédition, les communistes, dirigés notamment par Zhou Enlai, animèrent une insurrection à Shanghai : les ouvriers chinois prirent le contrôle de la ville face aux troupes locales du gouvernement des seigneurs de la guerre, avant même l'arrivée de l'armée du Kuomintang. En avril, Tchang Kaï-chek, inquiet de l'influence grandissante des communistes, organisa contre eux une répression sanglante à Shanghai. Il déclencha la purge du parti de ses éléments gauchistes, prenant de facto le contrôle du parti, établissant son propre gouvernement à Nankin et réduisant à l'impuissance le gouvernement rival de Wuhan.

Victoire du Kuomintang

En moins de six mois, l'Armée nationale révolutionnaire avança vers le nord, battant les troupes de Wu Peifu et de Sun Chuanfang (dites clique du Zhili). En juin 1927, Zhang Zuolin, chef de la clique du Fengtian qui contrôlait Pékin depuis l'année précédente, se proclama chef de l'État avec le titre de Grand Maréchal du gouvernement militaire de la République de Chine. Mais le Kuomintang, par la force et par la négociation, obtenait progressivement le ralliement des autres seigneurs de la guerre, notamment Feng Yuxiang, chef du Guominjun, et Yan Xishan, chef militaire du Shanxi : les effectifs de l'Armée nationale révolutionnaire passèrent de 100 000 à 250 000 hommes.

En mai 1928, les troupes de Zhang Zuolin furent vaincues et durent battre en retraite vers Pékin. Le 3 juin, Zhang Zuolin prit lui-même la fuite, abandonnant la capitale. Le lendemain, il fut tué dans un attentat organisé par ses anciens alliés japonais. Le 8 juin, l'Armée nationale révolutionnaire pénétra dans Pékin.

Le 29 décembre 1928, Zhang Xueliang, fils de Zhang Zuolin, annonça son ralliement au gouvernement du Kuomintang et abandonna le drapeau à cinq couleurs utilisé jusque-là comme symbole du gouvernement de Beiyang, adoptant pour sa faction de Mandchourie le drapeau de la République de Chine. Cet évènement est désigné, notamment à Taïwan, sous le nom de réunification chinoise[1].

Après-coup

Nouveau drapeau de la République de Chine, adopté lors de la victoire du Kuomintang, et portant l'emblème du parti.

Tchang Kaï-chek était le principal bénéficiaire de l'expédition du nord, s'affirmant comme le chef militaire de la Chine et affermissant son contrôle sur la République. En octobre 1928, le gouvernement nationaliste siégeant à Nankin, nouvelle capitale du pays, fut reconnu au plan international comme l'autorité légitime de la République de Chine.

Malgré l'unification théorique de la Chine sous la bannière du Kuomintang, le pays n'était pas pour autant pacifié. En 1927, le soulèvement de Nanchang et le soulèvement de la récolte d’automne déclenchèrent la révolte générale des communistes, consécutive au massacre de Shanghai, ainsi que le début de la guerre civile chinoise.

Des factions armées plus ou moins indépendantes continuaient d'exister, comme celles de Li Zongren dans le Guangxi, de Yan Xishan dans le Shanxi, de Feng Yuxiang dans le nord-ouest, ou de Tang Shengzhi dans le Hunan. Plusieurs de ces factions s'allièrent pour affronter militairement Tchang Kaï-chek en 1930 dans la guerre des plaines centrales, mais furent battues. L'autorité centrale de la Chine demeurait fragile et allait bientôt devoir affronter la politique expansionniste du Japon.

Notes et références

Voir aussi

  • Portail de l’histoire militaire Portail de l’histoire militaire
  • Portail du monde chinois Portail du monde chinois
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