Massif des Vosges

Massif des Vosges
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Massif des Vosges
Carte topographique du massif des Vosges.
Carte topographique du massif des Vosges.
Géographie
Altitude 1 424 m, Grand Ballon
Administration
Pays Drapeau de France France
Régions Alsace, Franche-Comté, Lorraine
Géologie
Âge Rift rhénan et surélèvement depuis le Tertiaire ; roches apparentes principalement du Paléozoïque jusqu'au Trias.
Roches Roches métamorphiques, sédimentaires, magmatiques et volcaniques

Les Vosges [voːʒ][1] sont un massif montagneux situé au nord-est de la France dont la ligne de crête marque la frontière entre l'Alsace et la Lorraine, depuis l'annexion de l'Alsace par l'Empire allemand en 1871.

Son point culminant est le Grand Ballon (autrefois Ballon de Guebwiller) qui atteint 1 424 mètres d'altitude. Les ballons sont ses plus hauts sommets, à la forme arrondie.

Le massif méridional fait partie du parc naturel régional des Ballons des Vosges tandis que l'extrémité septentrionale constitue le parc naturel régional des Vosges du Nord.

Sommaire

Toponyme

Le nom des Vosges est attesté depuis l'Antiquité[2] :

  • La première mention est géographique ex monte Vosego désigne une montagne entre Gaule celtique et belgique, telle que César la décrit dans la Guerre des Gaules. Cette contrée forestière correspond à la frontière antique entre Belges Leuques et Celtes Éduens, anciens rivaux farouches. Pline, qui est chargé d’avitailler la marine romaine, connaît déjà le sapin des Vosges.
  • La seconde est une épithète de divinité Vosegus qui apparaît au Donon dans le titre Merc[urio] vosego. Pour la plupart des historiens du XIXe siècle, cet antique Vosegus est un génie des forêts obscures.
  • Une troisième inscription antique tardive du IVe siècle montre l’équivalent du terme actuel « forêt vosgienne », avec une forte connotation sauvage et menaçante, silva vosego.
  • Au VIIe siècle, Jonas de Bobbio, biographe de Saint Colomban, écrit à son propos : « Erat enim tunc vasta eremus Vosagus nomine (...). Ibi cum suis resedit » (il y avait en effet alors un vaste désert nommé Vosge (...). C'est là qu'il s'établit avec les siens).
  • On trouve encore : à Zinswiller (Bas-Rhin), vo[se]go sil[vano] ; à Gœrsdorf (Bas-Rhin), vosego sil[vano] ; à Bad Bergzabern (Palatinat), vosego ; à la Maison forestière de Breitensteiner (Bad Dürkheim), vosego ; à Bärenbrunner Hof (Pirmasens), vosego silvan[o][3].

La cité des Leuques centrée à Nasium, puis à Toul est déjà une province ouverte depuis le Ier siècle. Les Bagaudes généralisées au IIIe siècle semblent reprendre avec une violence accrue au milieu du IVe siècle et ce monde, tout en restant, paradoxalement à nos yeux, structuré dans le cadre rigoureux de la latinité et du Bas-Empire, passe sous hégémonie germanique.

Alors apparaît un terme éphémère au VIIe siècle, ce siècle de la renaissance croissante des vieilles hiérophanies - lieux du sacré - oubliées , éclairant le sens perdu du mot gaulois latinisé. Le vocable germanisé s'écrit wasgauen ou « districts ou contrées des étendues », sous-entendu « de l'ouest » selon les chercheurs alsaciens. Les aristocrates francs, puis des associations chrétiennes d'hommes solidaires autour d'intérêts communs ont émancipé des territoires et dénommé les bans au VIIe siècle. Soumises à une christianisation profonde, ce sont de véritables et nouvelles découpes du diocèse qui, à terme, instaurent une vie politique et religieuse, voire économique, autonome par rapport à la vieille cellule fondatrice du Bas-Empire que représente la cité de l'évêque. Les ducs francs d'Alsace, constatant la vacance du roi mérovingien, ont protégé les bans dès leurs fondations, puis ont accaparé à leur compte l'administration supérieure de ces grands bans quasi-autonomes, en particulier sur les confins orientaux du vaste comté de Chaumontois. Ils ont ainsi réduit momentanément l'influence de l'évêché de Toul et ont fait de même au nord et au sud de l'Elsass, c'est-à-dire avec le Nordgau pris sur l'évêché de Spire et le Sundgau capté sur l'évêché de Bâle. Les Carolingiens, restaurateurs d'une centralité du pouvoir, ont assujetti ces entités autonomes, les plaçant sous tutelle d'administrations religieuses initialement à leur service royal.

Au XIIIe siècle, le latin d’église a gardé la forme Vosagum qui évolue en Vogia ou Vosgia. L’évolution est plus rapide en ancien français où on écrit « par Vouge trespassa », ce qui signifie « il passa par les Vosges ». La Renaissance littéraire influença l’archaïsme d’écriture Vosge ou Vosges.

Le singulier "Vosge" ou "Vôge" aurait persévéré par assimilation avec le vieux mot latin singulier qui caractérise la contrée frontalière au sud de la Belgica prima.

Le pluriel désigne les anciens bans[réf. nécessaire], morcelés ultérieurement au gré des pouvoirs politiques plus ou moins sacrés, et plus tard les anciennes grandes paroisses, en particulier celles de la montagne, puis le massif montagneux lui-même.

L'historien peut en conclure que la montagne, bien que soumise à une semblable administration du Bas-Empire jusqu'au début du VIIe siècle, s'affirme en foyer germanique et que la Vôge appartient à une grande contrée précocement latinisée entre Saône et Moselle. Les études dialectales confirment cette assertion. L'ethnologie des anciennes coutumes et des vieux moyens de transports ruraux montrent des frontières au-delà de la Moselle, les zones au voisinage des voies romaines demeurant fortement romanisées

En alsacien, le massif est appelé D'Vogese. Ce terme voisin de l'allemand Die Vogesen semble avoir été formé sous l'influence du latin ecclésiastique "Vosagiensi(n)s", ce qui est relatif aux Vosges ou à Vosagum. Les voyageurs ou habitants du piémont alsaciens désignaient certains éléments du paysage visibles de loin, roches, forêts ou chaumes sommitales, éboulis ou parois escarpées, pentes boisées, broussailleuses ou en pelouses sèches, châteaux d'observation et habitats des passes fréquentées, qu'ils ont ensuite pris l'habitude d'éluder. Il reste que l'évolution phonétique du premier mot gallo-roman Vosego silvano donne le mot alsacien.

Le département des Vosges a été formé sur la partie méridionale des États de Lorraine en 1790.

Les Vosges depuis le Petit Ballon

Des terres hautes à l'ouest du graben rhénan

Les massifs des Vosges en France et de la Forêt-Noire en Allemagne ne sont géologiquement pas des montagnes. Ils apparaissent en contre-coup de l'effondrement rhénan, preuve d'une gigantesque faille active parmi d'autres qui fracturent l'Europe il y a soixante-cinq millions d'années au début du Tertiaire. La pression de l'orogenèse alpine née de la poussée de la plaque africaine sous la plaque européenne n'est qu'une des grandes causes de la reprise des mouvements tectoniques. Les failles rhénanes se prolongent facilement vers le sud à la vallée de la Saône et au couloir rhodanien et au nord de façon moins apparente jusqu'au bassin d'Oslo [4].

Le versant alsacien du massif du Hohneck

L'intense dislocation commençant à l'époque tertiaire, en particulier l'effondrement continu du fossé ou graben alsacien et la surélévation progressive des bords, aboutit à la situation actuelle, une vallée du Rhin encaissée bordée de part et d'autre par deux massifs, Vosges et Forêt-Noire, profondément faillés et décapées. La reprise de l'érosion a éradiqué les couches secondaires pour parvenir au socle arasé au début du Permien, résultat de l'effondrement et de l'érosion des montagnes de l'époque carbonifère. Des noyaux durs de roches magmatiques du type granites et des zones métamorphiques de type gneiss aujourd'hui en surface dévoilent des parties profondes du socle hercynien commun en particulier aux Vosges et à la Forêt-Noire. Dans les zones d'effondrement latérales, ils sont parfois encore recouverts par de puissantes couches de grès rouges de la fin de l'ère primaire, contenant çà et là, de fines couches rappelant des transgressions marines.

Durant l'ère secondaire, ce socle permien plus ou moins plane se couvre d'un dépôt de grès triasique rose dû à l'érosion de montagnes bien à l'ouest, puis au sud du centre de l'actuel bassin parisien. Une série d'immersions et d'émersions de cette pénéplaine sableuse par des mers plus ou moins chaudes et profondes laisse des sédimentations spécifiques que l'on retrouve en Lorraine. Car, à l'époque tertiaire, l'érosion reprend et commence à enlever les dépôts secondaires sur le nouveau massif.

Les premières grandes glaciations de l'ère quaternaire, sous forme d'inlandsis, ont contribué à activer l'érosion des couches calcaires, argileuses et gréseuses du Secondaire facilement déblayables. Les dernières glaciations ont laissé des traces dans les vallées en amont creusées en forme de paliers descendants, d'ombilics et de ressac, laissant en aval nombre de moraines et de tills. Ces surcreusements ou ces matériaux mal déblayés sont à l'origine de lacs (Gérardmer, Retournemer, Longemer...), parfois de tourbières. L'érosion glaciaire et fluvio-glaciaire a laissé de grandes vallées larges et un haut massif parsemé de ballons arrondis, dont la ligne de sommets cristallins rappellent la pénéplaine arasée avant les dépôts permiens.

La faille du fossé rhénan

Le vieux socle hercynien est prépondérant dans le sud du massif plus fortement surélevé, alors que les bassins permiens sont fréquents vers le nord du massif, où le jeu des dislocations latérales a provoqué des effondrements plus ou moins localisées. L'activité volcanique est en particulier observable dans des roches du Permien, de l'époque tertiaire et plus récemment du Miocène

Résultats d'une tectonique intense et de la proximité du graben avorté, les roches du massif sont extrêmement faillées. Le massif bouge régulièrement au niveau d'anciennes failles profondes de l'écorce terrestre, notamment sensibles à la pression de la remontée de la plaque africaine sur l'Europe. Le 22 février 2003, un séisme de magnitude 5,4 dont l'épicentre a été localisé près d'Housseras, entre Rambervillers et Saint-Dié-des-Vosges, a été ressenti dans une grande partie de la France, en particulier très loin le long des failles majeures. Un tremblement de terre de même intensité, mais plus proche de la surface causerait des dommages terribles aux habitations. Au XVIIe siècle, des pans de montagne se sont même effondrés dans la vallée de la Plaine.

Description du massif

Lac glaciaire du Schiessrothried
Le toit des Vosges
Le sommet du Grand Ballon

Le massif des Vosges offre un profil très dissymétrique, opposant le sud cristallin et le nord gréseux, l'ouest en pente douce et l'est accidenté et tombant vers la plaine d'Alsace.

Les Vosges cristallines se composent d'une crête principale en forme de J inversé, à laquelle viennent se greffer plusieurs chaînes secondaires séparant les vallées des affluents de la Moselle côté lorrain et de l'Ill côté alsacien. Au nord de la vallée de la Bruche, les Vosges gréseuses forment une suite de collines dont l'altitude diminue après le col de Saverne dans les Vosges du Nord et qui se prolonge naturellement au-delà de la frontière allemande par le massif du Pfälzerwald.

Sommets

Les 14 sommets vosgiens de plus de 1 300 m sont :

Liste à laquelle s'ajoutent d'autres sommets notables :

(kopf signifiant tête en allemand et en alsacien)

Étymologie de « ballon »

Le terme ballon est le nom usuel sous lequel on désigne les sommets principaux des Vosges. Il faut néanmoins noter que seuls quatre sommets portent réellement ce nom (Grand Ballon, Petit Ballon, Ballon d'Alsace, Ballon de Servance). On attribue volontiers cette dénomination à la forme de ces sommets arrondis par l'érosion glaciaire.

Cette version est cependant mise en doute par l'allemand Belchen qui désigne le ballon d'Alsace (Elsässer Belchen ou welscher Belchen), mais aussi le sommet de la Forêt-Noire (Badischer Belchen) et que l'on retrouve aussi dans le ballon suisse (schweizer Belchen, Belchenflue ou encore Bölchen et Bölchenflue en suisse alémanique).

Le terme Bölchen semble être un diminutif du vieux haut allemand bolla qui signifie « récipient arrondi », « bol » et de même origine indo-européenne que le latin bulla « objet sphérique » (> français boule) et désigne donc métaphoriquement « la forme arrondie des sommets ». Il se peut que Belchen représente une évolution dialectale de ce terme.

Cependant, il s'agit peut-être aussi d'une référence au culte celtique de Belenos - dieu du soleil - qui fut célébré jadis sur les éminences les plus dégagées du massif.

Ce mot Belchen compris comme Bölchen, a influencé le choix du terme français "ballon" au dix-huitième par les moines bénédictins de Senones, véritables géographes du siècle des Lumières.

Cols et tunnels

Les cols vosgiens sont généralement ouverts en toutes saisons, à l'exclusion d'une partie de la route des Crêtes, non déneigée jusqu'au printemps. Le tunnel Maurice-Lemaire, utilisé initialement pour le transport ferroviaire, a été réaménagé pour le trafic routier par APRR pendant quatre ans et a rouvert ses portes à péages le 1er octobre 2008. Le projet de tunnel entre Bussang et Urbès s'est limité à la moitié du percement et a été abandonné en 1938 faute de moyens.

Les cols vosgiens peuvent être classés en quatre catégories :

Faune et flore

Lynx boréal qui peuple le massif vosgien
La vallée du Chajoux à La Bresse
Cascade dans la forêt naturelle des Vosges
Article détaillé : Flore du massif des Vosges.

La végétation de ce massif est dominée par les résineux, épicéas, pins et sapins, rendus plus fréquents par une sylviculture développée dès le milieu du dix-neuvième siècle de manière intensive, que les hêtres et les chênes. Une caractéristiques des Vosges est la présence de chaumes, qui sont des prairies sommitales plus ou moins vastes, probablement essentiellement d'origine anthropique. On y trouve notamment des hêtres nanifiés et anémomorphosés, des myrtilles, des callunes, etc. Quelques tourbières d'altitude abritent des plantes carnivores.

Les deux emblèmes du massif sont la myrtille, communément appelée brimbelle, dont la fameuse tarte est au menu de tous les restaurants de la région, et la jonquille fêtée tous les printemps à Gérardmer.

L'agriculture traditionnelle est vivrière : pomme de terre, seigle, vergers. Elle se complète d'élevage ovin et bovin, notamment - dans les pâturages les plus montagneux - la race vosgienne dont le lait est à la base du munster.

La forêt abrite de grands animaux, cerfs, chevreuils et sangliers. Le chamois et le lynx ont été réintroduits, tandis que le loup est sans doute présent de temps à autre, des individus pouvant provenir du Jura proche. Mais l'animal symbole des Vosges reste le Grand Tétras (ou grand coq de bruyère), aujourd'hui menacé d'extinction. On trouve encore d'autres oiseaux remarquables : chouette de Tengmalm, chouette chevêchette, gélinotte des bois, pic noir, cassenoix moucheté, faucon pèlerin, cincle plongeur, etc.

Sites géologiques remarquables

Le cirque glaciaire de Frankenthal, dont les couloirs d'avalanche abritent des espèces rescapées de l'ère glaciaire, culmine à 1 363 mètres. Il est remarquable par son relief abrupt et son climat particulièrement rude.

Environnement

Comme le Sud-Est de la proche Forêt Noire allemande[5], la région vosgienne fait partie de celles qui ont été touchées par les pluies radioactives lors du passage du nuage de Tchernobyl en mai/juin 1986.

Des taux de 10 000 à 24 000 Bq/m2 ont été enregistrés 11 ans après la catastrophe de Tchernobyl dans les sols forestiers près de Saint-Jean-d'Ormont) et grâce à un vétérinaire qui a fait analyser un des sangliers tués à la chasse et apportés à l'abattoir ; la dose mesurée par l'Office de protection contre les rayonnements ionisants était de 1 700 Bq/kg de viande[6]. D'autres analyses ont donné des taux de 1 500 à 2 000 Bq/kg[7], la norme européenne étant de 600 Bq, qui pourrait aujourd’hui, dérogatoirement et uniquement en cas de crise avec situation d'« urgence radiologique » être provisoirement portée au maximum à 1 000 Bq/kg selon le Codex alimentarius, pour pouvoir être commercialisée[8]). « Compte tenu des dépôts mesurés au sol, un nombre limité de champignons, de myrtilles et de pièces de gibiers issus de cette forêt » était dores et déjà à la fin des années 1990 « susceptible de dépasser les limites de commercialisation »[7].

En 1995, des échantillons de champignons vosgiens prélevés au marché international de Rungis présentaient déjà une radioactivité de 1 à 520 Bq/kg et en mars 1997 on montrait que les dépôts de césium 137 comptaient parmi les plus élevés alors détectés en France ; trois échantillons de sol ont été faits sur un transect tracé du haut en bas du versant sud de la forêt de Saint-Jean-d'Ormont tous les 700 à 1 000 m, suivi d'un un 4e échantillon prélevé dans une prairie permanente distante d'environ 1,5 km de la forêt[7]. Ces 4 échantillons, respectivement et pour le césium 137 présentaient une radioactivité allant de 11 000 en hauteur à 13 000 Bq/m2 sous les arbres en vallée et 23 000 Bq/m2 en prairie. Or les champignons sont connus pour bioaccumuler fortement la radioactivité (en particulier la truffe du cerf, l'un des mets les plus appréciés des écureuils et sangliers sauvages). Les chanterelles locales présentaient une moyenne de 200 Bq/kg (en poids frais) pour le césium 137[7]. Les sangliers consommant d'importantes quantités de champignons, il n'est pas surprenant que les venaisons de sangliers échantillonnées aient été mesurées à des niveaux de 1 500 à 2 000 Bq/kg de césium 137 auxquels il faut ajouter une vingtaine de becquerels de césium 134 par kilogramme[7]. En avril 1997 une télédétection de rayonnement gamma émis par le sol a été faite par hélicoptère sur une partie de la forêt de Saint-Jean-d'Ormont. Sur la base des données disponible et pour 1997, l'exposition moyenne cumulée (naturelle et due aux retombées) a été estimée à 7 mSv/an pour les habitants des Vosges[7].

Sports d'hiver

Les Vosges ont été un des berceaux du ski français de compétition. En 1896 est créé par des amateurs le premier ski-club en Basse-Alsace allemande, dans l'actuel département du Bas-Rhin. Et très vite, bien avant les premières manifestations françaises, des compétitions sont organisées : course de descente, course de fond et sauts. Une des premières cartes françaises décrivant les sports d'hiver mentionne les gares de Saint-Dié, Remiremont, Belfort, Giromagny donnant accès à des zones skiables et l'emblématique Perle des Vosges, Gérardmer, fréquentée par des familles de la grande bourgeoisie parisienne été et hiver[9]. Elle mentionne le Donon, la Schlucht et le ballon d'Alsace à la frontière[10].

Durant l'entre-deux-guerres, les stations et les clubs sont en plein essor. Les skieurs du Bas-Rhin se retrouvent au Champ du Feu, ceux du Haut-Rhin au Markstein, pour ne citer que deux lieux de rencontre emblématiques. Gérardmer est une candidate malheureuse, mais nullement médiocre, à l'organisation de la première Semaine internationale du Sports d'hiver en 1924. En 1925, Charles Diebolt crée la premier école de ski moderne en France, au Lac Blanc, à Orbey.

L'Alsace compte ainsi un champion de France, René Becker, qui participe en 1936 au Jeux Olympiques de Garmisch-Partenkirchen, mais aussi pléiade de familles de skieurs de renom. Lorsque Charles Diebolt part créer la station expérimentale de Val-d'Isère, il attire des familles de skieurs alsaciens. Ainsi Jean-Claude Killy, le quadruple champion du monde, est originaire d'une famille alsacienne d'entrepreneurs établis à Sélestat.

En 1984, la fédération régionale regroupe avec une solide organisation héritière d'excellentes écoles de ski, un ensemble unifié autour du massif, comprenant Alsace, Vosges, Territoire de Belfort et Franche-Comté[11]. Même si on aménage encore pistes et téléphériques, les Vosges ne connaissent pas la même croissance que d'autres contrées alpines, jurassiennes ou pyrénéennes. Le développement du ski-loisir reste prometteur avec l'apport des skieurs de la proximité du Benelux. Avec environ 5000 compétiteurs, elles demeurent un bastion modeste du ski français.

Quelques stations modernes de ski, survivantes de la concentration des activités touristiques de moyenne montagne en crise, parsèment aujourd'hui le massif, notamment dans sa partie méridionale, où le relief est plus élevé. La plus importante de ces stations, en termes d'étendue du domaine skiable et de fréquentation est celle de La Bresse, dite La Bresse-Hohneck de 900 à 1350 m d'altitude. Du côté alsacien, il peut être notamment fait état de la station du Markstein, qui, après avoir accueilli la coupe de France de saut à ski de 1955, organise des épreuves de la coupe du monde de ski en 1983 et 1987.
La raréfaction récurrente des chutes de neige du fait du maintien des hautes pressions atmosphériques et les brusques abaissements ou remontées de la limite pluie/neige, au cours de récents hivers peu propices aux sports d'hiver, affectent grandement de nombreuses stations de faible altitude mal équipées, ne disposant pas de canons à neige[12]. C'est pourquoi nombre d'anciennes stations vosgiennes sont aujourd'hui en deçà du seuil de rentabilité et périclitent. Cependant, les bonnes conditions hivernales depuis 2008 permettent une bouffée d'oxygène considérable à l'ensemble de ces stations.

Alpinisme dans les Vosges

La pratique du ski de fond, stimulée par le fondeur Jean-Paul Pierrat, un des premiers Français à rivaliser avec les meilleurs compétiteurs sur les terrains nordiques, disposent d'espaces montagnards somptueux. Au début des années 1990, les randonnées en raquettes bien adaptées au relief vosgien à l'instar du VTT en été, connaissent un développement fulgurant.

A noter que la pratique de l'alpinisme hivernal est possible sur les pentes nord du Hohneck et sur la Martinswand, dans la zone des Spitzkopf et de manière générale sur les pentes alsaciennes du massif vosgien. On trouvera également de jolis secteurs pour la cascade de glace autour du Lac blanc.

Enneigements remarquables

2006: Les années 1969/1970 furent longtemps considérées comme les années des records en matière d'épaisseur maximale du manteau neigeux. Cependant, la multiplication des perturbations actives observées en février et mars 2006, dans des masses d'air à température très majoritairement négative, sont à l'origine d'un nouveau record identifié (après guerre) avec plus de 3 m sur les crêtes. Sur les sites réputés, la couche de neige a approché, atteint ou dépassé les 3,50 m. Voir sujets au Ballon d'Alsace ou au Grand Ballon. Cet enneigement exceptionnel est attribué précisément à une perturbation dite " Xandra " ayant "stagné" sur les Vosges pendant les journées du 3, 4 et le matin du 5 mars 2006. Ainsi, sur les sommets de plus de 1200 m, il est tombé jusqu'à 1,40 m de neige, un peu moins, plus bas, avec tassement et fonte dus à une courte période (après-midi) de redoux pluvieux.

...en mars 2006

L'hiver 2005/2006 se caractérise par une succession de perturbations plus ou moins actives, très rarement pluvieuses sur les plus hautes crêtes de plus de 1 300 m, en nombre limité au-dessus de 1 100 m, la limite pluie/neige étant souvent vers 900 à 1 000, comme en témoigne le caractère du manteau neigeux, significativement différent, autour des altitudes précitées. Les périodes d'inversion thermique synonymes de "douceur" (relative) sur les crêtes ont été limitées en importance et en durée. L'ensoleillement a été aussi déficitaire.

Tous ces facteurs sont à l'origine de cet hiver remarquable et exceptionnel ayant affecté le massif des Vosges dont les sommets ont été enneigés à partir du 16 novembre 2005. La dernière plaque de neige a disparu sous le Kastelberg vers le 20 juillet 2006.

Sports d'été

Le vol libre (principalement en parapente) est particulièrement développé dans le Massif des Vosges qui se prête très bien à cette activité. La Coupe du Monde et le championnat de France s'y sont déroulés notamment sur le site remarquable du Trehkopf - Markstein, l'un des plus beaux sites d'Europe.

Le vélo tout terrain ainsi que la randonnée pédestre y sont également très développés avec de nombreux sentiers balisés, notamment par le Club Vosgien. C'est probablement dans le massif des Vosges que sont apparus les premiers itinéraires balisés, à l'instigation du Club vosgien (créé en Alsace en 1872 par l'administration allemande[13]) ; ces sentiers ont permis le développement de la randonnée pédestre. Les premières cartographies d'itinéraires ont été réalisées pour le massif sur la base de cartes d'État-Major. Aujourd'hui un système de balisage par code de formes et de couleurs permet toujours de préparer toutes sortes d'itinéraires, en jouant sur la durée et la dénivelée, avec une facilité déconcertante. Toutes sortes de randonnées sont ainsi possibles, de la balade familiale de quelques heures, même avec de jeunes enfants, jusqu'à de longues échappées de plusieurs jours, par exemple la traversée du massif dans l'axe nord-sud en suivant les différents GR dont le GR5. La majorité des sentiers balisés ne présente aucune difficulté et ceux pouvant être dangereux sont fréquemment équipés (mains courantes, passerelles). De nombreuses fermes-auberges abritent les randonneurs tant pour les repas que pour les nuitées. Cet accueil est complété par la présence de nombreux abris de randonnée plus ou moins précaires mais qui ne permettent généralement pas d'y dormir. Malgré un couvert forestier prononcé, les Vosges offrent de nombreux points de vue très remarquables, notamment en hiver, sur les Alpes, le Jura, la Forêt-Noire, mais aussi d'innombrables lieux pittoresques et impressionnants, où le randonneur découvrira rochers mystérieux, hêtres énormes, prés piqués de fleurs, vallons discrets, lacs miroitants au soleil ou perdus sous les brumes[évasif].

Bibliographie

Géologie et nature

  • Jean-Paul von Eller, Guide géologique Vosges-Alsace, guide régionaux, collection dirigée par Charles Pomerol, 2° édition, Masson, Paris, 1984, 184 pages (ISBN 2-225-78496-5)
  • Yves Sell (dir.), L'Alsace et les Vosges, géologie, milieux naturels, flore et faune, La bibliothèque du naturaliste, Delachaux et Niestlé, Lausanne, 1998, 352 pages (ISBN 2-603-01100-6)
  • Jean-Claude Flageollet, Sur les traces des glaciers vosgiens, CNRS éditions, 2002, 212 pages (ISBN 2-271-05960-7)
  • Jean-Claude Flageollet, Où sont les neiges d'antan? Deux siècles de neige dans le massif vosgien, Presses universitaires de Nancy, 2005, 220 pages (ISBN ISBN 2-86480-867-6)
  • Jean-Claude Flageollet, « Morpho-structures vosgiennes », Géomorphologie : relief, processus, environnement, 2008, n° 2, p. 75

Sur la randonnée pédestre :

  • Jean-Louis Keller, Ballades à pied Alsace et Vosges, 6° édition, DNA La Nuée Bleue, Strasbourg, 1999 (ISBN 2-7165-0334-6)

Sur le ski :

  • Jacques Dieterlen, Les fils de la neige, histoire de skieurs, édition de la revue du ski, Strasbourg, 1936.
  • Neige dans les Vosges, Dernières Nouvelles d'Alsace, 1953, 32 pages.
  • Associations départementales de Tourisme (Vosges, Haut-Rhin), Sports d'hiver dans le massif vosgien, Loos, Paris Saint-dié, 1962.(Liste d'hôtel, calendrier de compétition).
  • Fédération Française de ski, comité régional des Vosges, Ski dans les Vosges (Annuaire 1969-1970), saison 1969-1970, Mulhouse, 128 pages.
  • Jean Steiner, Dix ans de ski dans les Vosges, Épinal, 1981, 112 pages (préface de Gaston Currien).
  • Documentaire vidéo de J.A. Raynaud, Ski de fond, Scope 2, 1981.
  • Carte de randonnées de ski de fond : Massif du Donon, carte au 1/25000°, Au Source de la Plaine, 1983.
  • Le ski dans les Vosges, Journal de la chambre de commerce et d'industrie des Vosges, N°199, janvier 1984.
  • Alain Morley, Skier dans les Vosges, Guide poche DNA, La Nuée Bleue, Strasbourg, 1990, 45 fiches (soit autant de stations, 240 pistes, 220 circuits) (ISBN 2-7165-0228-5)
  • Grégoire Gauchet, Un siècle de ski dans les Vosges, La Nuée bleue, DNA, Strasbourg et éditions de l’Est, Nancy, 2001, 112 pages. (ISBN 2-7165-0495-4)

Sur la raquette à neige :

  • Anne et Jérôme Renac, 30 ballades à raquettes dans les Vosges, du Donon au Ballon d'Alsace, édition Didier Richard, 2006, 80 pages (ISBN 2-7234-5167-4)

Sur les escalades :

  • Yannick Dissart, Pierre Argand (expert sécurité), Escalades dans les Vosges, guide édité par le comité départemental de la Fédération Française de Montagne et d'Escalade des Vosges, 165 pages (ISBN ISBN 2-9511364-0-4)

Notes et références

  1. Jean-Marie Pierret, Phonétique historique du français et notions de phonétique générale, Peeters, Louvain-la-Neuve, 1994, p. 104.
  2. Louis Détry, Marianne Mulon, Dictionnaire des noms de lieux , Les Usuels, Le Robert, 1992. Notice sur "Vosges".
  3. (de) E. Mensching, « Vosegus und die Vogesen, Die Vogesen als geographischer Begriff in römischer und frühmittelalterlicher Zeit », Pfälzer Heimat, n°1, 1982, p. 7-19.
  4. Le graben rhénan continue à être efficace comme fossé d'effondrement, mais il n'a jamais évolué en véritable zone de dissociation latérale sous forme de rift.
  5. [PDF] U. Hohmann, D. Huckschlag, Forschungsbericht – Grenzwertüberschreitende - Radiocäsiumkontamination von Wildschweinfleisch in Rheinland-Pfalz - Eine Mageninhaltsanalyse erlegter Wildschweine aus dem westlichen Pfälzerwald ; Internetdokument der Forschungsanstalt für Waldökologie und Forstwirtschaft Rheinland-Pfalz, 2004, 65 pp.
  6. Dix ans après Tchernobyl : des sangliers vosgiens au césium 137 Des analyses effectuées sur des sangliers tués lors d’une partie de chasse à Saint-Jean-d’Ormont (Vosges) en 1996 ont révélé qu’ils étaient radioactifs, Le Républicain lorrain, 23 mars 2011, consulté le 8 octobre 2011
  7. a, b, c, d, e et f Éléments d'information sur la contamination en France, N°163/164, reprenant et citant les pages 15 à 21 du rapport IPSN de mai 1997 concernant le secteur de Saint-Jean-d'Ormont
  8. Codex alimentarius, Limites indicatives pour les radionucléides dans les denrées alimentaires contaminées suite à un accident nucléaire ou un événement radiologique ; pour l’emploi dans le commerce international de 2006 (source : Ministère français de l'Agriculture ; Rapport du Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation radiologique (CODIRPA), déjà cité
  9. La carte de René Auscher, dans son livre Les Sports d'Hiver, oublie pour des raisons géopolitiques la partie alsacienne, c'est-à-dire alors allemande, du massif, où pourtant l'activité touristique hivernale est considérablement plus importante tant en équipement hôtelier qu'en afflux de pratiquants.
  10. Remarquons que le sommet du Donon est allemand. Mais il faudrait ajouter logiquement le Champ du Feu, Aubure, Orbey, le Grand-Ballon... du côté alsacien.
  11. L'Alsace en 1984 compte 29044 licenciés dans 144 clubs, à peu près repartis en 14320 adhérents bas-rhinois pour 53 clubs et 14744 adhérents haut-rhinois pour 91 clubs. Il n'y a toutefois que 3000 compétiteurs, selon l'article de M. Lauger, Le ski en Alsace, ''Encyclopédie de l'Alsace'', Édition Edisud-Total, 1984
  12. Ces mêmes phénomènes liés à des variations de pression brutales pourraient paradoxalement aussi expliqués des chutes de neige importantes et violentes, parfois même en limite de saison.
  13. Nicolas Mengus, André Huegel, Malgré nous ! Les Alsaciens et les Mosellans dans l'enfer de l'incorporation de force, Presses du belvédère, octobre 2010 (ISBN 978-2-86587-003-5), p. 22

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