Histoire Des Vosges

Histoire Des Vosges

Histoire des Vosges

L’histoire des Vosges pour un esprit administratif et étroit n'a de sens précis qu'à partir de la création du département, le 4 mars 1790. Un voyageur ou pèlerin du quattrocento ou XVe siècle qui "per Vouge trespassoit", c'est-à-dire littéralement "passait par les Vosges", s'interroge-t-il déjà au sujet des gens qui le nourrissent ou l'hébergent en nuitée, gens fort policés qu'administre un bailli des Vosges ? Pline l'Ancien vante l'emploi du sapin des Vosges ou de la Vôge pour la marine romaine où il a fait carrière, avec la charge de superviseur d'approvisionnement. Vosagus désigne depuis le IIe siècle après Jésus-Christ une contrée entre les territoires belges et celtes-éduens. Par extension, à cette terre de passage longtemps boisée des hautes vallées affluentes de la Moselle ou de la Meuse, vers le bassin de la Saône, les Vosges finissent par dénommer les grandes paroisses rurales ou montagnardes au sud et à l'est du cœur de la Lorraine qui apparaissent au XIIIe siècle. La vieille barrière légendaire avec les royaume celtes, reprise avec la Bourgogne se prolonge pour surplomber les Germanies méridionales, englobant le massif vosgien étalé du Nord au Sud au voisinage de l'Alsace.

Il n'en reste pas moins que le terme vosgien n'apparaît qu'au cours des années 1830, sous la plume de quelques journalistes décrivant le monde rural. Des familles ou des groupes de familles paysannes, parlant un dialecte montagnard, louent des parcelles et s'installent près de Rambervillers, sur les collines aux abords de la Moselle ou au-delà, vers la Vôge. Pour expliquer les migrations des populations montagnardes incomparablement plus nombreuses vers les basses terres, un journaliste rambuvetais les dénomme Vosgiens. Et ce faisant, sans s'en rendre compte, il crée un terme collectif qui échappe autant à son auteur qu'à l'égide du conseil général. L'adjectif s'applique en effet autant aux hommes de tous les versants du massif surplombant l'Alsace qu'aux communautés méridionales de la Lorraine, qui forment le département des Vosges.

Une histoire des Vosges, tout comme une histoire de la Belgique, est donc fort légitime. Une particularité initie l'histoire du territoire au Paléolithique : il est couvert à l'est d'une vaste calotte de glace et de neige il y a plus de 10000 ans. Il nous faut définir un territoire sans exclure les espaces limitrophes, ressources ou lieux d'échanges ou de vie pour les hommes qui l'habitent ou l'ont habité. Si l'histoire est science, il faut alors éviter la nostalgie si littéraire ou esthétique de l'attachement au terroir, l'exaltation de la communauté imaginaire ou la campagne réinventée du bon vieux temps et du temps de l'enfance et plus encore les mythes politiques, de la campagne fournissant des défenseurs patriotes à la célèbre « ligne bleue » des Vosges.

Sommaire

Un abrégé historique fort inexact

L'édition de 1883 de l'atlas de Vuillemin présente ainsi l'histoire des Vosges :

Avant la conquête romaine, les Vosges (en celte, monts aux bœufs sauvages) faisaient partie de la Belgique ; la civilisation n'y pénétra point avec les vainqueurs. Au temps de l'invasion des Barbares, les populations refoulées gagnèrent ces solitudes qui se peuplèrent bientôt de monastères et d'ermitages. Les Francs n'y firent guère sentir leur domination ; compris dans les différents partages qui amenèrent la formation de la Lorraine, ce pays vit se constituer la féodalité au profit du clergé. Les premières villes s'élevèrent à l'ombre des abbayes, qui s'arrogèrent, à l'exclusion de leurs suzerains naturels, le plein exercice des droits régaliens. Ainsi en fut-il des chapitres de Remiremont, de Saint-Dié, d'Épinal, de Poussay, de Senones, etc. Des avoués administraient les biens ; des prévôts servaient d'intermédiaires entre eux et l'autorité laïque. Ces chapitres, dont l'influence religieuse était sans limites, formaient le plus souvent une sorte de sénat républicain qui ne se reconnaissait vassal que de l'empereur et du pape. En réalité, ils devaient, pour le temporel, un hommage moins illusoire, soit à l'évêque de Metz, soit aux comtes de Toul, soit aux ducs de Lorraine.
Au XIIIe siècle, l'établissement des communes et l'adoption de la loi dite de Beaumont par les ducs de Lorraine changea la position des Vosges ; de serfs les habitants devinrent bourgeois. Malgré eux, les monastères furent obligés de s'associer à l'esprit libéral de Ferry III, et ils octroyèrent, en 1310, la grande charte, sur les plaintes et murmures de leurs sujets. Quelque temps auparavant, ce duc avait acquis des comtes de Toul la seigneurie de Mirecourt (1284) ; à la même époque, Philippe le Bel devenait possesseur de Neufchâteau, par un mariage avec l'héritière de Champagne. De leur côté, les bourgeois d'Épinal, après avoir été sous la protection de la Lorraine et du marquis du Pont, résolurent, en 1444, de se donner à la France, en dépit des vives réclamations de l'évêque Conrad. Louis XI, qui tenait peu à garder une ville séparée de ses États, la concéda au maréchal de Bourgogne, puis à Jean de Calabre, c'est-à-dire qu'il la replaça dans la maison de Lorraine (1466).
Toutes les places des Vosges tombèrent l'une après l'autre au pouvoir de Charles le Téméraire, lors de ses démêlés avec René II (1473) ; la guerre malheureuse suscitée et si vaillamment soutenue par Charles de Vaudemont, lorsqu'il prit possession du trône ducal, en 1624, sous le nom de Charles IV, leur fit partager les mêmes vicissitudes. Ce fut à Épinal que le nouveau duc fut contraint d'abdiquer en faveur de son frère, le cardinal François (1633). Mais Louis XIII n'en acheva pas moins la conquête des Vosges ; la lutte se ralluma entre le même prince et Louis XIV (1670). La paix de Ryswick y mit un terme, et l'annexion de la Lorraine, préparée par les armes victorieuses du grand roi, fut reculée d'un siècle.

Origines

Les Vosges forment une entité aux frontières méridionales et orientales de la Belgique. Les Belges orientaux font face à la menace dispersée des tribus germaniques à l'est et à la crainte du vieil anatagoniste celte au sud. L'intervention romaine hégémonique gèle la partition territoriale et impose des modus vivendi entre les peuples. Une Gaule Belgique est reconnue sous le premier empire et son essor économique, longtemps retardé par une chute démographique, commence véritablement après 80/90 attirant l'intérêt impérial et les convoitises des voisins car il se poursuit continûment jusqu'en 160.

Une tentative d'explication prudente du toponyme est donnée dans l'article sur le massif des Vosges.

Sur ce toponyme, il existe pléthore d'explications plus ou moins fantaisistes. Pour certains auteurs, le terme est construit des mots celtes vos, guez, hus, monts aux bœufs sauvages -en sanscrit vas-. Vosegus serait pour d'autres spéculateurs, un dieu mythique de la terre des Sigynnes (Σιγύννες) selon Hérodote. Ce peuple scythe nomade semblables aux Mèdes voyagent alors dans toute l'Europe, et parle le sanscrit. Sont-ce les Leuques, s'interrogent ces auteurs, qui les auraient chassés sur les bords du Danube et leurs descendants peuplent-ils à présent la Bohème ?

Antiquité et Empire romain

Amphithéâtre de Grand
  • Dans l'Antiquité, le peuplement de la contrée est multiple : peuplades de langues non indo-européennes, Indo-européens méconnus autrefois nommés Ligures venus bien avant l'âge du fer avec la roue, puis Celtes porteurs de la civilisation du fer, et enfin au troisième siècle, des Belges, dont la tribu méridionale, les Leuques rivalisent avec les Gaulois Séquanes. Les Belges sont des tribus celto-germaniques, fort mobiles. Les Belges orientaux, Trévires, Médiomatriques, Leuques ont une forte conscience de venir du même berceau rhénan, se sont rapidement partagés l'espace accaparé aux celtes repliés au sud en strate orientées, de la dépression rhénane à aux confins de la Champagne et des Ardennes. Il faut signaler que leurs possessions sont intensément celtisé au cours du sixième siècle avant JC. En effet, à la fin de la période de Hallstatt et au début de la Tène, les tribus celtes se sont intensément regroupées sur un espace restreint au nord des Alpes, du Sud de l'Allemagne au Nord de la Bourgogne, des plateaux suisses aux Ardennes. Leurs contrées deviennent après amputation des abords rhénans, attribuées aux germanies, la Belgica prima sous le règne de Rome.

L'espace politique des Belges orientaux est sous égide des Trévires au moment de la Guerre des Gaules. Leurs capitales et sanctuaires tribaux ont changé au fil du temps. Le pouvoir leuque, il est vrai secondaire et surtout marchand, semble être présent à Boviolles, puis à Nasium. L'influence de la civilisation méditerranéenne de la céramique est prégnante.

Les Romains jouant sur les rivalités et le réseau désuet d'alliance soumettent les Belges orientaux qui craignent autant l'expansion germanique que les Celtes du Val de Saône. Ils oublient d'accorder un statut de cité aux Médiomatriques, déclarent les terres leuques en province ouverte sous contrôle de la cité de Toul. Ils permettent l'installation de leurs alliés germaniques qui se fondent parmi les populations existantes.

La civilisation latine prend un essor tardif au premier siècle, mais l'Empire et le Bas-Empire laissent des traces spectaculaires autant en plaine avec le sanctuaire ou l'amphithéâtre de Grand, qu'en montagne avec la reconnaissance de grands domaines. Le quadrillage du territoire est réalisé par les voies romaines, qui régularisent les anciens faisceaux d'axes marchands des Gaulois. Les témoignages de présence gauloise subsistent fortement en montagne avec des sites de hauteurs comme le camp celtique de la Bure.

  • Les divisions administratives restent inchangées au rythme des invasions rapides. La première Gaule belgique est dévastée, parfois occupée momentanément par des Burgondes, des Alamans, des Francs. Au Bas-Empire, la christianisation opère avec lenteur depuis le coeur sacré de la cité, mais modifie considérablement les pratiques rurales. Saint Mansuy, saint Epvre, saint Élophe, saint Exupère, sainte Suzanne font des miracles à Toul ou irradient son voisinage. Après la bataille des Champs catalauniques en 455, les modestes Francs saliens, présent au nord de la Belgique seconde, sont autorisés par Aetius et l'Empire romain à avancer vers l'immense espace dévasté à l'est qu'ils nomment Austrasie. Leur intelligente et prudente stratégie, puisqu'ils sont plus faibles, est de s'associer avec tous les petits centres de pouvoir locaux, en prenant un droit de contrôle mesuré sur les vieilles cités romaines et surtout leurs voies et péages. Ils sont rejoint par les Francs ripuaires qui s'approprient une large partie septentrionale de l'espace mosan et mosellan. Luttant contre les puissants Alamans, Wisigoths et Burgondes, leur roi Clovis choisit la religion chrétienne primitive, pour s'assurer une multitude de petites clientèles alors que l'autorité des grands rois germains imposent l'arianisme, récente et séduisante hérésie. Les Francs unifiés sous égide royale laissent les échanges s'ouvrir au nord de l'Europe afin d'appeler des aides mercenaires et faire commercer des denrées des contrées lointaines.

Fin du Bas-Empire sous l'aspect du Regnum francorum mérovingien et hégémonie carolingienne

  • Le christianisme a laissé des lieux de culte hyperconcentré autour de Toul, lieu du pouvoir épiscopal et centre sacré de référence pour le territoire de la cité des Leuques. Les grands domaines mérovingiens ou les associations d'hommes solidaires s'émancipent, leurs patrons appellent une nouvelle pastorale monastique qu'ils contrôlent et développent des implantations politiques et chrétiennes, appelées bans, en montagne ou dans les contrées rurales, qui laissent une empreinte durable dans le tissus religieux : Romaric, Amé de Remiremont, Leudinus Bodo, Gondelbert, Saint Dié, …
  • Les derniers Pépinides luttent violemment contre les Étichonides pour contrôler ces hautes terres. Le conflit âpre se clôt avec la victoire de Pépin, imposant une restauration autoritaire du fisc royal et une évacuation parfois radicale des sanctuaires, vénérés par les hommes des communautés vaincues. Les bans chrétiens pillés sont soumis et les groupes d'hommes autrefois libres réduits au servage ou assujettis. Dans le sillage des nouveaux maîtres imposant la religion orthodoxe romaine s'installent les administrateurs bénédictins qui rêvent à leur tour de fonder leur abbaye, Hydulphe y parvient modestement à Moyenmoutier. Quelques décennies plus tard, Charlemagne souhaite apaiser les mesures sévères de son père et restaurent une fraction du pouvoir des bans forestiers. Songe-t-il à la stabilité de ce qui est au cœur de son grand royaume, alors qu'il chasse dans les forêts vosgiennes. Ses enfants l'imitent à Champ-le-Duc, Cornimont.

Restauration saxonne et naissance des états lorrains

  • L'évêque de Toul reprend le contrôle temporel à la fin du Xe siècle d'une grande partie de son diocèse. L'activité incessante de Saint Gérard en témoigne.
  • Gérard d'Alsace, qui a des domaines en Xaintois près de Châtenois, reçoit de l'empereur germanique le duché de Lorraine et fonde une lignée fidèle qui sert le saint Empire tout en accroissant ses terres. Ces descendants allemands, mais polyglottes, subissent l'influence franco-flamande, autant sur les plans économiques que culturelles et religieuses : liste des ducs de Lorraine. Ainsi sans qu'ils y puissent grand chose, s'installe la seigneurie franco-flamande, l'influence des moines blancs, une écriture juridique de l'ancien français, sans oublier les arts et techniques, la poésie et la littérature. Des vassaux du duc de Lorraine prenant le meilleur de cet esprit nouveau s'émancipent en affermissant un soutien politique populaire : maison de Ribeaupaire, comté de Salm qui à la fin du XVIe siècle se scinde en comté de Badonviller et principauté de Salm. Mais les Trois-Évêchés et le duché lorrains captent aussi cet héritage et commencent à se structurer petit à petit en véritables États lorrains. La maison française d'Anjou hérite de la branche aînée de Lorraine, mais doit s'allier à une branche cadette, les Vaudémont, après la défaite à Bulgnéville.
  • Menacé par le rêve d'expansion bourguignonne de Charles le Téméraire, René II préserve son duché grâce à l'aide des villes alsaciennes de la Basse Union et surtout des garanties financières généreuses du Roi de France, Louis XI. La Lorraine autonome s'émancipe de l'Empire romain germanique. Une période autonome d'apogée lorraine s'ensuit en périphérie de la puissance française bienveillante.
  • Le conflit entre Valois et Habsbourg envahit les espaces préservées. Le siège de Metz par les troupes de l'Empire permet aux troupes françaises de défendre la cité reconnaissante. Henri II, prévoyant d'autre conflit avec l'Empire, annexe les Trois-Évêchés après la chevauchée d'Austrasie.

L'époque moderne sous l'hégémonie française

  • Mais l'Empire germanique s'effondre et sombre dans une guerre civile, initialement déclenchée entre catholiques et protestants. La guerre de Trente Ans sévit. Richelieu soutient financièrement les protestants, puis décide d'intervenir. La Lorraine, terre catholique intransigeante, est envahie par les deux alliés. De nombreux massacres sont perpétrés et la destruction de toutes les places fortes est recommandée : Beaufremont, Châtillon-sur-Saône, forteresse de Châtel-sur-Moselle, Fontenoy-le-Château, Beauregard, Spitzemberg, château du Bonhomme...
  • Les Français occupent le duché. Au retour de la paix en 1648, ils annexent l'Alsace, aussi prennent-ils tous les prétextes pour contrôler et au besoin occuper temporairement les terres ducales. Les militaires à la fleur de lys y font construire des routes et ne le rendent qu'à contre-cœur. Le roi de France finit par négocier son achat en 1734 à son duc héritier François II.
  • Pour faire accepter la transition aux Lorrains, Louis XV place son beau-père Stanislas à la tête du duché. La réalité du pouvoir est entre les mains du chancelier français De La Galaizière. Une administration quasi-militaire se met en place, elle est efficace en dépit de la lourdeur des prélèvements fiscaux.
  • La Lorraine devient un État du Grand Royaume en 1766. Le sentiment patriotique s'y développe fortement dans les classes populaires alors que une large fraction de la vieille noblesse choisit de servir et parfois de s'établir dans le Saint Empire. La Lorraine méridionale connaît une croissance heurtée à l'image du Royaume.

Après la Révolution française

  • Le département des Vosges est créé le 4 mars 1790. Quelques communes à l'origine champenoises ou comtoises sont incluses parce qu'elles sont peuplées de Lorrains.
  • Les Vosges se mobilisent pour la défense de la République menacée en l'an II. Premier département à avoir versé l'impôt révolutionnaire, on donne en 1848 à l'ancienne place Royale de Paris le nom de place des Vosges. Les premières descriptions du département rappellent trois zones anciennes : la plaine à l'ouest de la Moselle, le piémont lorrain à l'agriculture diversifiée, la montagne vosgienne. Les bandes de cette segmentation se prolongent sur les départements limitrophes, Haute Saône et Meurthe. Réunir ainsi des populations différentes représentent une gageure pour le conseil général, siégeant à Épinal.
  • Pendant l'Empire et la Restauration, le département reste une contrée rurale, assez isolée, qui préserve ses vieilles activités traditionnelles, travail du fer à la frontière de la Haute-Saône et dans la montagne vosgienne, en particulier Senones et Rothau exploitant la mine de Framont, art de la faïence à Épinal et Rambervillers, et un peu partout en appoint, travail du bois et métiers du textile.
Évolution démographique
(Source : Statistiques du département des Vosges)
1791 1797 1802 1810 1820 1830 1836 1841 1846
301054 303695 314694 334169 357727 379839 411034 419992 427894


L'ère industrielle

  • Sous la monarchie de Juillet, l'essor démographique vigoureux du département se poursuit, culminant pour nombre de communes vers 1845. Celles qui en étaient dépourvues se dotent d'une église, d'une mairie et d'une école.
  • Au milieu du XIXe, abandons des vieilles activités et formes nouvelles d'industries influencées par le pôle mulhousien commencent à chambouler la répartition de la population ouvrière en forte croissance. Le premier désenclavement routier et ferroviaire consolide les activités des cantons les plus entreprenants. L'exode rural lui est concomitant et l'ouest du département aux bourgades trop faiblement industrialisées perd ses habitants.
  • Le département est amputé d'une partie de l'arrondissement de Saint-Dié en 1871 par le traité de Francfort : demi-canton de Saales, canton de Schirmeck et forêt de Raon-sur-Plaine sur le versant annexé. Les crises récurrentes de débouchés industriels après 1873, puis agricoles après 1878, amènent une érosion démographique qui se poursuit, malgré la persistance de développement industriel dans les vallées, principalement en aval et les spécialisations agricoles associées au maintien de l'artisanat traditionnel en Plaine.
Évolution démographique
(Source : Statistiques du département des Vosges)
1851 1856 1860 1866 1871 1872 1877 1890 1913
427409 405708 415845 418998 398981 392988 407082 ? 433914

En 1877, le département a une superficie de 587656 ha. La moyenne de vie y est de 38 ans.

  • La Première Guerre mondiale est particulièrement intense et meurtrière en 1914 dans les Vosges[1]. Après une avancée française en Alsace, confortant parfois des positions quasi-inexpugnables en montagne, la puissance offensive allemande vers Epinal et sa ligne de chemin de fer est stoppée sur une ligne sud-est/nord-ouest dans l'arrondissement de Saint-Dié, en particulier à Rougiville, au col des Journaux et au col de la Chipotte. Les Français résistent malgré des pertes colossales, ne cèdent aucun terrain mais, épuisés, ne peuvent plus reprendre l'initiative. Apprenant la perçée décisive en Champagne, l'état-major allemand abandonne tous ses projets de nouvelles offensives, et ordonne un repli défensif sur des positions surélevées et minutieusement choisies, abandonnant les fonds de vallées délicates à défendre. Dès qu'ils s'y sont solidement établis fin 1914, la ligne de front reste grosso modo inamovible grâce à la puissance de feu de l'artillerie de chaque camp.

Entre temps et plus occasionnellement ensuite, des luttes violentes et âpres ont lieu : c'est le cas au Spitzemberg, au Violu, à la côte 627, à la Fontenelle au Ban-de-Sapt, à la Chapelotte... où une guerre deployant des moyens industriels se mènent souvent dans les airs, sur terre et sous la terre. Mais en de nombreux endroits, le secteur vosgien reste calme à partir de 1915.

De nouvelles armes techniques, l'aviation et les commandos, sont inventées ou développées. Elles permettent de porter l'insécurité de plus en plus loin dans les lignes ennemies. Saint-Dié à 6 kilomètres de la ligne de front n'est plus bombardé qu'à l'occasion par la grosse artillerie allemande, mais aussi dès 1917 par l'aviation à l'instar d'Epinal et des villes-campements logistiques vosgiennes. Les sites stratégiques alsaciens subissent aussi de puissants bombardements franco-anglais. L'intensification de la guerre aérienne au cours des années 1917 et 1918 conduit à une maîtrise des airs par la chasse alliés.

En septembre 1918, la réduction du saillant de Frapelle par la 5°Division d'Infanterie US montre en un lieu et un temps choisi la supériorité de l'offensive alliée. Fin 1918, les tranchées allemandes sont évacuées, quasiment intactes suite à l'armistice signé le 11 novembre.

Le déclin

  • Les Vosges, à l'instar des autres départements lorrains, rentrent dans une spirale de déclins industriels et agricoles alors que des mutations profondes du mode de vie et de l'économie voient le jour.

Notes et références

  1. Sur l'ensemble du conflit dans les Vosges ainsi que sur les traces mémorielles, consultez la commission Temps de Guerre, de la Société Philomatique Vosgienne. Voir infra bibliographie.


Bibliographie sur la Lorraine du Sud ou les Vosges

Généralités :

  • Robert Parisot, Histoire de Lorraine (Meurthe, Meuse, Moselle, Vosges), Tome 1 à 4 et index alphabétique général, Auguste Picard éditeur, Paris, 1924. Impression anastaltique en Belgique par les éditions Culture et Civilisation, Bruxelles, 1978.
  • René Bastien, Histoire de Lorraine, éditions Serpenoise, Metz, 1991, 224 pages. ISBN 2-87692-088-3

Revues savantes à consulter avec profit :

  • Annales de l'Est (et du Nord), Nancy.
  • Annales de la Société d'Émulation des Vosges, Epinal, depuis 1826.
  • Bulletin de la Société Philomatique Vosgienne, Saint-Dié, de 1875 à 1999.
  • Publications de la Société d'Histoire et d'Archéologie lorraine, Metz (depuis 1890, actuellement Les Cahiers Lorrains, revue trimestrielle).
  • Publications de la Société d'Histoire de la Lorraine & Musée lorrain, Nancy (écrits lotharingistes depuis les années 1820, actuellement périodique trimestriel, Le Pays Lorrain)

Sur la Grande Guerre :

  • Guide des sources de la Grande Guerre dans le département des Vosges, Conseil général de Vosges, Epinal, 2008, 296 pages. ISBN 978-2-86088-062-6
  • Isabelle Chave (dir.) avec Magali Delavenne, Jean-Claude Fombaron, Philippe Nivet, Yann Prouillet, La Grande Guerre dans les Vosges : sources et état des lieux, Actes du colloque tenu à Epinal du 4 au 6 septembre 2008, Conseil général des Vosges, 2009, 348 pages. ISBN 978-2-86088-067-1
  • "La guerre aérienne dans les Vosges. 1914-1919", Mémoire des Vosges H.S.C. édité par la Société Philomatique Vosgienne, [hors série n°5, septembre 2009], 68 pages.
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