Hérodote le Grand

Hérodote le Grand

Hérode Ier le Grand

Hérode Ier le Grand (en hébreu הורדוס הגדול), fils d'Antipater, est né à Ascalon en 73 av. J.-C. et mort à Jérusalem en 4 av. J.-C. Il est roi de Judée de 37 av. J.-C. à 4 av. J.-C.

Pièce de cuivre d'Hérode

Hérode le Grand est l'un des personnages les plus importants de l'histoire de l'époque du Second Temple. Son histoire est surtout connue par les écrits de Flavius Josèphe. Grand bâtisseur, il fut placé sur le trône de Jérusalem par les Romains. Pour garantir la séparation du culte et de l'État, il retire le pouvoir politique aux prêtres, qui n'ont plus qu'un rôle spirituel. Par peur des complots, sa folie passagère l'amène à faire assassiner son épouse Mariamne ainsi que plusieurs de ses enfants. Sa cruauté et son impopularité ont laissé des traces dans l'Évangile selon Matthieu : selon celui-ci, les Sages ayant annoncé la naissance à Bethléem du « roi des Juifs » et Hérode l'ayant fait chercher, il aurait ordonné la mise à mort de tous les enfants de la ville âgés de moins de deux ans. L'épisode est parallèle à celui de la mort des enfants hébreux mâles ordonnée par Pharaon, au début de l'Exode, et pourrait avoir une consistance historique[1].

Sommaire

L'ascension au pouvoir

La Judée au temps d'Hérode

Antipater nomme en 47 av. J.-C. son fils aîné Phasaël stratège de Jérusalem et son fils cadet Hérode stratège de Galilée. Le succès d'Hérode en Galilée provoque la jalousie du grand prêtre Hyrcan II et de l'aristocratie. Hérode est sommé de se justifier devant le sanhédrin. Appuyé par le gouverneur de Syrie Sextus César et à la suite d'une intervention ambiguë du leader pharisien Saméas (Shemayah ?), Hérode est acquitté. Sextus César le nomme alors stratège de Cœlé-Syrie et de Samarie (46 av. J.-C.).

Après le meurtre de César le 15 mars 44 av. J.-C., Antipater et son fils Hérode se rallient au gouverneur de Syrie, Caecilius Bassus, ex-partisan de Pompée. Celui-ci s'empresse de demander un tribut de 700 talents qu'Antipater répartit entre les notables du royaume. Hérode s'acquitte de son tribut de 100 talents. Comme Malichus, chargé de la région de Gophna, Emmaüs, Lydda et Thamna tardent à verser le tribut, Cassius commence à marcher sur ce district, mais Antipater le prévient par un versement de 100 talents. Antipater lui-même tombe victime de la jalousie de Malichus qui l’empoisonne. Hérode, appuyé par Cassius qui l'a nommé intendant de Syrie, venge son père en faisant assassiner Malichus près de Tyr (43 av. J.-C.).

En 42 av. J.-C., le départ de Cassius de Syrie entraîne des troubles en Judée. Antigonos, fils d'Aristobule essaie en vain d'entrer en scène, tandis que le tyran de Tyr, Marion, s'empare d’une partie de la Galilée. Après la victoire d'Antoine et d'Octave à Philippes (42 av. J.-C.), plusieurs délégations juives viennent se plaindre auprès d’Antoine des fils d’Antipater, Phasaél et Hérode. En réponse, Antoine nomme Phasaél et Hérode tétrarques chargés de l’administration de la Judée.

En 40 av. J.-C., les Parthes envahissent la Syrie-Palestine et soutiennent Antigonos comme prétendant au trône de Judée au détriment d'Hyrcan II. Les deux partis s’affrontent dans Jérusalem. Le général Parthe invite Phasaél et Hérode à se rendre auprès de son chef le satrape Barzapharnès pour faire la paix. Hérode refuse, mais Phasaél accepte avec Hyrcan II. Ils sont bientôt emprisonnés par les Parthes. Hérode met sa famille en sécurité à Massada et va chercher du renfort à Pétra. Les Parthes s'emparent de Jérusalem. Phasaél se suicide et Hyrcan II est emmené prisonnier par les Parthes en Parthiène après qu’Antigonos lui a déchiré l'oreille pour l'empêcher d'exercer à nouveau la fonction de grand-prêtre. Antigonos devient roi et grand-prêtre.

Hérode, mal reçu par le roi de Nabatène Malichos Ier, rejoint Alexandrie puis Rome. Bien reçu par Antoine et Octave, il est proclamé roi de Judée par le Sénat romain en décembre 40 av. J.-C..

Hérode reprend pied en Palestine avec l'appui de l'armée romaine victorieuse des Parthes. Il s'empare de Joppé, délivre sa famille à Massada. Mal soutenu par le général romain Silo, il doit abandonner l'attaque de Jérusalem. Pendant l’hiver 38 av. J.-C., maître de la côte, de l'Idumée et de la Samarie, il achève de prendre le contrôle de la Galilée en pourchassant les bandes de brigands et maquisards. Comme le général romain Machaeras a une attitude ambiguë, Hérode rencontre Antoine à Samosate et celui-ci donne des instructions précises à Sossius, le gouverneur de Syrie.

Pendant l'absence d'Hérode, la situation de ses partisans empire : Joseph, frère d'Hérode, est tué dans une embuscade près de Jéricho, la Galilée se révolte et les notables partisans d'Hérode sont noyés dans le lac de Génésareth. Renforcé par les deux légions de Caius Sosius, Hérode reprend le contrôle de la Galilée et de Jéricho et bat les partisans d’Antigonos près d'Isana. Au printemps 37 av. J.-C., il met le siège devant Jérusalem qui tombe au bout de cinq mois. Antigonos se rend à Sossius qui le fait décapiter sur la demande d’Hérode. Hérode prend le titre de roi des Juifs.

Le règne

Hérode, tableau de Théophile Lybaert

Hérode consolide son pouvoir de 36 av. J.-C. à 25 av. J.-C., fait exécuter 45 notables du parti d'Antigonos, probablement des Sadducéens membres du Sanhédrin. Le Sanhédrin lui-même ne dispose plus que d'un pouvoir judiciaire religieux. Hérode fait revenir Hyrcan II de Babylone et nomme grand-prêtre Ananel. Il s'allie aux Hasmonéens par son mariage avec Mariamne, fille d'Alexandra et petite-fille d'Hyrcan II. Il fait nommer grand-prêtre à l'âge de 17 ans Aristobule III, frère de Mariamne (35 av. J.-C.), puis le jugeant trop populaire, le fait noyer dans une piscine près de Jéricho. S'appuyant sur Cléopâtre d'Égypte, Alexandra obtient qu'Hérode soit convoqué devant Antoine. Appuyé par ses présents, Hérode parvient à se justifier. À son retour, il fait exécuter son beau-frère Joseph et emprisonner Alexandra.

En 31 av. J.-C., Cléopâtre obtient d'Antoine la région de Jéricho et un tribut des Nabatéens. Comme ceux-ci cessent bientôt de payer le tribut, Cléopâtre exige d'Hérode qu'il leur déclare la guerre.

Hérode, ayant vaincu les Nabatéens, rencontre Octave à Rhodes après sa victoire à Actium. Octave confirme la royauté d'Hérode (printemps de l'année 30 av. J.-C.) et lui restitue la région de Jéricho à laquelle il ajoute Gadara, Hippos, Samarie, Gaza, Anthédon, Joppé et la tour de Straton.

Hérode fait alors périr les derniers membres de la famille hasmonéenne : Hyrcan II (30 av. J.-C.) puis sa propre épouse Mariamne (29 av. J.-C.) et sa belle-mère Alexandra (la fille d'Hyrcan II) (v.28 av. J.-C.). La mort de Mariamne, la seule de ses dix femmes qu'il aimait, accusée d'infidélité par Salomé I, la sœur d'Hérode, accable le roi de chagrin et le laisse au bord de la folie. Du fait de ces exécutions, (dont celles de trois de ses propres fils qu'il suspectait de comploter pour l'évincer du pouvoir), Hérode acquiert la réputation d'un tyran sanguinaire et paranoïaque.

Le bâtisseur

Reconstitution du Temple d'Hérode

Utilisant la technologie romaine, Hérode se lance dans de grands travaux de construction de 25 av. J.-C. à 13 av. J.-C. : théâtre et amphithéâtre de Jérusalem, puis reconstruction du Temple de Jérusalem à partir de 20 av. J.-C. qui est un immense chantier où travaillent jusqu'à dix mille ouvriers. Il restaure la forteresse du Temple (Antonia) et les murailles de Jérusalem, fonde et rebâtit de nombreuses autres villes : Sébaste (Samarie), Panéion, près des sources du Jourdain, Césarée (Tour de Straton ainsi qu'un temple sur une colline dominant le port), Agrippium (Anthédon), Antiparis (Apheq), Phasaélis (au nord de Jéricho), ainsi que de nombreuses forteresses : Cypros, Hérodion, Massada, Alexandréion, Hyrcania, Machéronte. Il élève aussi des monuments publics dans plusieurs villes de la côte méditerranéenne, à Tripoli, Ptolémaïs, Byblos, Béryte, Tyr, Sidon, Laodicée, Ascalon, dans les îles (Cos, Rhodes) ainsi qu’à Damas, Antioche, Athènes et Sparte. Le port artificiel de Césarée, sur une côte plate et pauvre en mouillages, est un des plus grands travaux d'ingénierie de cette période.

L'héritage

le temple de Jérusalem d'après Christian van Adrichom (1533-1585)

À la mort d'Hérode Ier le Grand, son royaume, conquis grâce à un mélange d'habileté diplomatique et de guerre impitoyable, est divisé entre ses 3 fils, Archélaos recevant la moitié du royaume (Judée) et le titre d'ethnarque, Hérode Antipas et Philippe recevant chacun un quart du territoire, respectivement la Galilée et la Transjordanie, ainsi que les titres de tétrarques. Plus tard, le royaume d'Hérode disparaîtra et la Judée sera incorporée à la Syrie.

Nicolas de Damas, professeur, ami et conseiller d'Hérode écrit 144 livres historiques à la louange d'Hérode. Il constitue un dossier des divers documents officiels concernant le droit des Juifs de la Diaspora, notamment en Asie Mineure et dans les îles ioniennes.

La bienveillance d'Hérode pour les Grecs païens et les Samaritains lui a valu l'hostilité des Pharisiens. Flavius Josèphe prétend qu'à la veille de sa mort, il avait voulu ordonner un massacre des docteurs pharisiens « pour être sûr que les Juifs pleureraient après sa mort ». Au contraire, un courant juif minoritaire, les Hérodiens, le considérait comme le Messie annoncé[réf. nécessaire].

La tradition chrétienne, à partir des Évangiles, est constamment hostile à Hérode. Elle lui attribue le massacre des Innocents. Dans l'iconographie et dans les mystères médiévaux, il est représenté en vieillard cruel et tyrannique.

Le tombeau

« Aussitôt s'élevèrent des acclamations en l'honneur d'Archélaüs les soldats, rangés par bataillons, vinrent, avec le peuple, lui promettre leur dévouement et invoquer sur lui la protection de Dieu. Ensuite on s'occupa des funérailles du roi. Archélaüs n'épargna rien pour qu'elles fussent magnifiques. Il étala tous les ornements royaux qui devaient accompagner le mort dans sa tombe. Sur un lit d'or massif, constellé de pierreries, était jeté un tapis de pourpre brodé de couleurs variées : le corps reposait sur cette couche, enveloppé d'une robe de pourpre, la tête ceinte du diadème, surmontée d'une couronne d'or, le sceptre dans la main droite. Autour du lit marchaient les fils d'Hérode et la foule de ses parents, et après ceux-ci les gardes, les mercenaires thraces, germains et gaulois, tous dans leur équipement de guerre. Tout le reste de l'armée formait escorte ; elle s'avançait en armes, accompagnant en bon ordre les généraux et les commandants ; venaient, enfin, cinq cents serviteurs et affranchis, portant des aromates. Le corps fut ainsi transporté sur un parcours de 200 stades jusqu'à Hérodion, où il fut enseveli comme le roi l'avait prescrit. Ainsi finit le règne d'Hérode. »

— Flavius Josèphe[2]

Le 7 mai 2007, une équipe d'archéologues menée par le professeur Ehud Netzer, de l'Université hébraïque de Jérusalem, a annoncé avoir découvert la tombe d'Hérode au sommet du mont Hérodion, à une douzaine de kilomètres au sud de Jérusalem[3]. Les fouilles ont été entreprises en 1950 par un groupe de moines franciscains, puis reprises en 1972 par des archéologues israéliens sous la direction d'Ehud Netzere.

Notes

  1. Voir Autour de la figure d'Hérode, par Michel Remaud
  2. Flavius Josèphe (trad. René Harmand, révisée et annotée par S. Reinach et J. Weill), Guerre des Juifs, Livre I, Société des études juives, Paris, 1900-1932, partie XXIII; 9 
    voir aussi Flavius Josèphe, Antiquités judaïques, Livre XVII, partie VIII; 2-3 
  3. Voir Découverte archéologique : le tombeau d’Hérode par Michel Remaud.

Voir aussi

Articles connexes

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