Massada

Massada
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Massada
Les restes de la rampe de l'assaut romain de 73
Les restes de la rampe de l'assaut romain de 73
Localisation
Pays Drapeau d'Israël Israël
Judée
Coordonnées 31° 18′ 56″ Nord
       35° 21′ 13″ Est
/ 31.315556, 35.353611
Israel location map.svg
Massada
Massada
Massada *
Patrimoine mondial de l'UNESCO
Pays Drapeau d'Israël Israël
Subdivision Région de Tamar
Type Culturel
Critères (iii) (iv) (vi)
Superficie 276 ha
Numéro
didentification
1040
Zone géographique Europe et Amérique du Nord **
Année dinscription 2001 (25e session)
Masada.svg
* Descriptif officiel UNESCO
** Classification géographique UNESCO

Massada (de l'hébreu מצדה, metsada, « forteresse ») est un site constitué de plusieurs palais et de fortifications antiques perchés sur un socle de granite, situé en Israël au sommet dune montagne isolée sur la pente est du désert de Judée.

Sommaire

Géographie

Les falaises du côté est, surplombant la mer Morte, sont hautes denviron 450 mètres ; à l'ouest elles atteignent une hauteur denviron 100 mètres. Laccès au sommet du piton est très difficile. Le sommet du plateau est plat et a la forme dun triangle denviron 600 mètres sur 300. Un rempart, équipé de nombreuses tours, dune longueur de 1 400 mètres et dune épaisseur de 4 mètres, verrouillait le sommet du plateau. La forteresse comprenait des entrepôts, des citernes qui étaient alimentées par leau de pluie, des casernes, des palais et une armurerie. Trois chemins, étroits et sinueux, sélevaient jusquaux portes fortifiées.

Histoire

À lorigine, Massada était une simple garnison fortifiée par les premiers princes hasmonéens. Selon Flavius Josèphe, un historien juif du Ier siècle, Hérode le Grand aménagea la forteresse en trois vagues successives de travaux, entre 37 av. J.-C. et 15 av. J.-C. comme refuge contre déventuelles révoltes intérieures et menaces dune invasion égyptienne. En 66, au début de la Grande Révolte contre les Romains, un groupe de rebelles juifs, les sicaires du parti nommés zélotes, prirent Massada à la garnison romaine qui y était stationnée. En 70, ils furent rejoints par dautres Juifs et leurs familles expulsés de Jérusalem lorsque la ville fut prise par les Romains.

Pendant les trois années suivantes, ils utilisèrent Massada comme base pour se défendre des Romains.

Les restes du camp romain

En 72, un légat, le général commandant larmée romaine de Judée, Lucius Flavius Silva, marcha sur Massada avec la Légion X Fretensis et 6 cohortes auxiliaires pour faire le siège de la forteresse. Les légionnaires construisirent un mur dencerclement, puis une rampe de 100 m de haut contre la face ouest du plateau, avec des milliers de tonnes de pierres, de terre battue et de troncs darbres : un exploit technique. Flavius Josèphe ne signale aucune tentative importante de contre-attaque des Sicaires pendant cette construction. Les sicaires étaient sûrs que la forteresse était imprenable, et possédaient les armes prises à lancienne garnison romaine, des citernes deau et beaucoup de vivres. On raconte aussi que pour la construction de cette rampe, les Romains utilisèrent des prisonniers hébreux afin d'éviter les attaques des Sicaires, ceux-ci ne pouvant se résoudre à tuer leurs frères pour leur survie. La forteresse avait été conçue pour soutenir un long siège. Environ 8 000 Romains encerclaient un millier de rebelles et la géographie des lieux, le désert, rendait impossible une fuite.

La rampe fut achevée au printemps 73, après environ sept mois de siège, ce qui permit aux Romains denfoncer enfin la muraille de la forteresse avec un bélier monté sur une tour mobile. Mais quand les légionnaires pénétrèrent dans la forteresse, ils découvrirent que les défenseurs avaient mis le feu à tous les bâtiments, à lexception des entrepôts de nourriture et quils sétaient suicidés en masse plutôt que de risquer une capture ou une défaite certaine. Les entrepôts avaient probablement été préservés pour montrer que les défenseurs avaient gardé la capacité de vivre et de choisir lheure de leur mort. Le récit du suicide collectif semble avoir été rapporté à Flavius Josèphe par deux femmes qui ont échappé au suicide en se cachant dans une citerne avec leurs cinq enfants.

Suite aux récentes découvertes archéologiques, certains historiens ne croient plus quun suicide en masse ait été organisé à Massada, bien quils admettent généralement que les défenseurs de Massada ont mis le feu aux bâtiments quand les murailles ont été enfoncées, et il est vraisemblable que beaucoup dentre eux se sont tués. Flavius Josèphe décrit les sicaires comme des fanatiques violents et ne fait pas un portrait flatteur de ces hommes. Il reconstruit le discours du chef, Elazar ben YaIr (dont un sur limmortalité de lâme) expliquant les motivations de ce suicide collectif, mais, en tant que Juif, il reste perplexe devant un tel acte. Néanmoins, le siège de Massada est devenu un récit populaire illustrant lhéroïsme face à loppression, et les détails les plus douteux du comportement des Sicaires sont désormais souvent relativisés. La religion juive interdisant catégoriquement le suicide mais autorisant le meurtre dans des conditions très strictes, les Sicaires se sont vraisemblablement entretués : chaque père dut supprimer sa famille puis un tirage au sort désigna les hommes qui devraient exécuter les survivants. Des tuiles servant au tirage au sort ont été retrouvées à Massada et attestent de la véracité de cette histoire. De nombreux historiens la considèrent aujourd'hui exacte dans ses grandes lignes.[réfnécessaire]

Le site aujourdhui

Massada aujourdhui. La partie supérieure des murets, au-dessus de la ligne noire est une reconstitution

Le site de Massada a été identifié en 1842 et complètement fouillé de 1963 à 1965. Un téléphérique prend maintenant en charge les touristes qui ne souhaitent pas emprunter le sentier du Serpent, maintenant restauré sur le flanc est de la montagne. La rampe romaine sélève toujours sur le côté ouest et peut être gravie à pied en une quinzaine de minutes, contre 40 par le chemin du Serpent.

Massada a été classée patrimoine mondial de lUNESCO en 2001. Forteresse perchée sur un socle de granite dominant le désert, près de la mer Morte, Massada, avec ses ruines restaurées, est devenue un lieu de pèlerinage moderne pour Israéliens et touristes.

Sur les vestiges de murets court, d'un bout à l'autre du site, une large ligne noire sinueuse. Elle sert à délimiter les ruines originelles des ajouts contemporains, la plupart ayant été rehaussées de quelques rangées de pierres pour les rendre plus imposantes.

La synagogue de Massada est encore aujourdhui fréquentée par de nombreux pèlerins.

Une église byzantine en dolomite sélève quasiment au centre du site ; ses murs sont, aujourdhui encore, dune hauteur importante. Elle est dotée dune abside à lextrémité orientale et dun narthex à louest. À lorigine, le sol était recouvert dun pavement en mosaïque. Des fragments subsistant des murs montrent quils étaient décorés de motifs en pierres colorées et tessons de poterie.

Le « complexe de Massada »

La forteresse vue de lest

Certains évoquent de nos jours un « complexe de Massada » ou « complexe de la citadelle assiégée » par analogie avec les événements de l'époque romaine, au cours desquels les défenseurs de cette forteresse isolée, entourée de troupes hostiles, préférèrent le suicide à la reddition. L'expression désigne l'idée selon laquelle dans une perspective sioniste Israël serait le dernier refuge, à préserver à tout prix, source de comportements irrationnels.

Le serment que prêtent aujourdhui les soldats de larmée israélienne est d'ailleurs : « Massada ne tombera pas une nouvelle fois » (« Chenit Matzada lo tipol »[1]שנית מצדה לא תיפול).

Le « complexe de Massada » est fondamentalement une attitude pathologique qui évoque le rapport israélien à la faiblesse (comme le « syndrome de lHolocauste » ou le « complexe de Samson »), cest le sentiment dêtre en permanence à la portée dune menace grave, menaçant son existence même.

Ce complexe sest développé en réaction à limpuissance des Juifs de la diaspora, synthétisée par le génocide des Juifs par les Nazis, et en écho au mythe fondateur dIsraël : un combat imposé par un adversaire résolu, puissant, intraitable et visant sa destruction.

Le « complexe de Massada », selon Pierre Razoux, « sassimile à la représentation paranoïaque selon laquelle Israël est condamné à lisolement et à la survie dans un monde hostile qui cherche sa perte. ».

Pour Frédéric Encel il « correspond à un sentiment disolement parmi les nations, de quasi-paranoïa face à lhostilité ambiante, et de la nécessité conséquente de se retrancher de se fortifier à outrance. »

« La définition est toujours très négative : il sagit dune représentationsorte de somme de toutes les peurs israélienneassimilée à un lieu mythique et liée à la « primal fear, meta-fear » que représente lHolocauste pour Avraham Burg et qui génèrerait des comportements complètement déraisonnables. » [2]

Le mythe de Massada combine de façon ambivalente une expression de puissance (prise en main de son destin, combat dans ladversité, transformation de son environnement), un constat de faiblesse (la menace implacable, immédiate et identitaire), et une image de la détermination fondamentaliste religieuse (conserver la terre jusqu'à la mort). « Massada cest à la fois la tombe des premiers guerriers juifs, les ancêtres de lactuelle puissance israélienne, la religion juive constituée comme État, et limage de linsécurité israélienne. »[2]

Les ruines de la Citadelle furent lieu de prestation de serment des officiers de Tsahal jusqu'à la découverte de runes qui confortent la thèse du meurtre collectif avec UN seul suicide. Cette hypothèse va dans le sens de la précédente (les pères de familles tuèrent leur famille) dix personnes exécutent la communauté et les dix tirent au sort leur assassin qui sera le seul à se suicider.

Notes et références

Liens externes

Israel Aereal Ropeway Masada BW 1 edit.JPG

Bibliographie

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