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Pour les articles homonymes, voir Masada (homonymie).
Massada
Les restes de la rampe de l'assaut romain de 73Localisation Pays Israël Judée Coordonnées Massada * Patrimoine mondial de l'UNESCO Pays Israël Subdivision Région de Tamar Type Culturel Critères (iii) (iv) (vi) Superficie 276 ha Numéro
d’identification1040 Zone géographique Europe et Amérique du Nord ** Année d’inscription 2001 (25e session) modifier Massada (de l'hébreu מצדה, metsada, « forteresse ») est un site constitué de plusieurs palais et de fortifications antiques perchés sur un socle de granite, situé en Israël au sommet d’une montagne isolée sur la pente est du désert de Judée.
Sommaire
Géographie
Les falaises du côté est, surplombant la mer Morte, sont hautes d’environ 450 mètres ; à l'ouest elles atteignent une hauteur d’environ 100 mètres. L’accès au sommet du piton est très difficile. Le sommet du plateau est plat et a la forme d’un triangle d’environ 600 mètres sur 300. Un rempart, équipé de nombreuses tours, d’une longueur de 1 400 mètres et d’une épaisseur de 4 mètres, verrouillait le sommet du plateau. La forteresse comprenait des entrepôts, des citernes qui étaient alimentées par l’eau de pluie, des casernes, des palais et une armurerie. Trois chemins, étroits et sinueux, s’élevaient jusqu’aux portes fortifiées.
Histoire
À l’origine, Massada était une simple garnison fortifiée par les premiers princes hasmonéens. Selon Flavius Josèphe, un historien juif du Ier siècle, Hérode le Grand aménagea la forteresse en trois vagues successives de travaux, entre 37 av. J.-C. et 15 av. J.-C. comme refuge contre d’éventuelles révoltes intérieures et menaces d’une invasion égyptienne. En 66, au début de la Grande Révolte contre les Romains, un groupe de rebelles juifs, les sicaires du parti nommés zélotes, prirent Massada à la garnison romaine qui y était stationnée. En 70, ils furent rejoints par d’autres Juifs et leurs familles expulsés de Jérusalem lorsque la ville fut prise par les Romains.
Pendant les trois années suivantes, ils utilisèrent Massada comme base pour se défendre des Romains.
En 72, un légat, le général commandant l’armée romaine de Judée, Lucius Flavius Silva, marcha sur Massada avec la Légion X Fretensis et 6 cohortes auxiliaires pour faire le siège de la forteresse. Les légionnaires construisirent un mur d’encerclement, puis une rampe de 100 m de haut contre la face ouest du plateau, avec des milliers de tonnes de pierres, de terre battue et de troncs d’arbres : un exploit technique. Flavius Josèphe ne signale aucune tentative importante de contre-attaque des Sicaires pendant cette construction. Les sicaires étaient sûrs que la forteresse était imprenable, et possédaient les armes prises à l’ancienne garnison romaine, des citernes d’eau et beaucoup de vivres. On raconte aussi que pour la construction de cette rampe, les Romains utilisèrent des prisonniers hébreux afin d'éviter les attaques des Sicaires, ceux-ci ne pouvant se résoudre à tuer leurs frères pour leur survie. La forteresse avait été conçue pour soutenir un long siège. Environ 8 000 Romains encerclaient un millier de rebelles et la géographie des lieux, le désert, rendait impossible une fuite.
La rampe fut achevée au printemps 73, après environ sept mois de siège, ce qui permit aux Romains d’enfoncer enfin la muraille de la forteresse avec un bélier monté sur une tour mobile. Mais quand les légionnaires pénétrèrent dans la forteresse, ils découvrirent que les défenseurs avaient mis le feu à tous les bâtiments, à l’exception des entrepôts de nourriture et qu’ils s’étaient suicidés en masse plutôt que de risquer une capture ou une défaite certaine. Les entrepôts avaient probablement été préservés pour montrer que les défenseurs avaient gardé la capacité de vivre et de choisir l’heure de leur mort. Le récit du suicide collectif semble avoir été rapporté à Flavius Josèphe par deux femmes qui ont échappé au suicide en se cachant dans une citerne avec leurs cinq enfants.
Suite aux récentes découvertes archéologiques, certains historiens ne croient plus qu’un suicide en masse ait été organisé à Massada, bien qu’ils admettent généralement que les défenseurs de Massada ont mis le feu aux bâtiments quand les murailles ont été enfoncées, et il est vraisemblable que beaucoup d’entre eux se sont tués. Flavius Josèphe décrit les sicaires comme des fanatiques violents et ne fait pas un portrait flatteur de ces hommes. Il reconstruit le discours du chef, Elazar ben Ya’Ir (dont un sur l’immortalité de l’âme) expliquant les motivations de ce suicide collectif, mais, en tant que Juif, il reste perplexe devant un tel acte. Néanmoins, le siège de Massada est devenu un récit populaire illustrant l’héroïsme face à l’oppression, et les détails les plus douteux du comportement des Sicaires sont désormais souvent relativisés. La religion juive interdisant catégoriquement le suicide mais autorisant le meurtre dans des conditions très strictes, les Sicaires se sont vraisemblablement entretués : chaque père dut supprimer sa famille puis un tirage au sort désigna les hommes qui devraient exécuter les survivants. Des tuiles servant au tirage au sort ont été retrouvées à Massada et attestent de la véracité de cette histoire. De nombreux historiens la considèrent aujourd'hui exacte dans ses grandes lignes.[réf. nécessaire]
Le site aujourd’hui
Le site de Massada a été identifié en 1842 et complètement fouillé de 1963 à 1965. Un téléphérique prend maintenant en charge les touristes qui ne souhaitent pas emprunter le sentier du Serpent, maintenant restauré sur le flanc est de la montagne. La rampe romaine s’élève toujours sur le côté ouest et peut être gravie à pied en une quinzaine de minutes, contre 40 par le chemin du Serpent.
Massada a été classée patrimoine mondial de l’UNESCO en 2001. Forteresse perchée sur un socle de granite dominant le désert, près de la mer Morte, Massada, avec ses ruines restaurées, est devenue un lieu de pèlerinage moderne pour Israéliens et touristes.
Sur les vestiges de murets court, d'un bout à l'autre du site, une large ligne noire sinueuse. Elle sert à délimiter les ruines originelles des ajouts contemporains, la plupart ayant été rehaussées de quelques rangées de pierres pour les rendre plus imposantes.
La synagogue de Massada est encore aujourd’hui fréquentée par de nombreux pèlerins.
Une église byzantine en dolomite s’élève quasiment au centre du site ; ses murs sont, aujourd’hui encore, d’une hauteur importante. Elle est dotée d’une abside à l’extrémité orientale et d’un narthex à l’ouest. À l’origine, le sol était recouvert d’un pavement en mosaïque. Des fragments subsistant des murs montrent qu’ils étaient décorés de motifs en pierres colorées et tessons de poterie.
Le « complexe de Massada »
Certains évoquent de nos jours un « complexe de Massada » ou « complexe de la citadelle assiégée » par analogie avec les événements de l'époque romaine, au cours desquels les défenseurs de cette forteresse isolée, entourée de troupes hostiles, préférèrent le suicide à la reddition. L'expression désigne l'idée selon laquelle dans une perspective sioniste Israël serait le dernier refuge, à préserver à tout prix, source de comportements irrationnels.
Le serment que prêtent aujourd’hui les soldats de l’armée israélienne est d'ailleurs : « Massada ne tombera pas une nouvelle fois » (« Chenit Matzada lo tipol »[1]שנית מצדה לא תיפול).
Le « complexe de Massada » est fondamentalement une attitude pathologique qui évoque le rapport israélien à la faiblesse (comme le « syndrome de l’Holocauste » ou le « complexe de Samson »), c’est le sentiment d’être en permanence à la portée d’une menace grave, menaçant son existence même.
Ce complexe s’est développé en réaction à l’impuissance des Juifs de la diaspora, synthétisée par le génocide des Juifs par les Nazis, et en écho au mythe fondateur d’Israël : un combat imposé par un adversaire résolu, puissant, intraitable et visant sa destruction.
Le « complexe de Massada », selon Pierre Razoux, « s’assimile à la représentation paranoïaque selon laquelle Israël est condamné à l’isolement et à la survie dans un monde hostile qui cherche sa perte. ».
Pour Frédéric Encel il « correspond à un sentiment d’isolement parmi les nations, de quasi-paranoïa face à l’hostilité ambiante, et de la nécessité conséquente de se retrancher de se fortifier à outrance. »
« La définition est toujours très négative : il s’agit d’une représentation – sorte de somme de toutes les peurs israélienne – assimilée à un lieu mythique et liée à la « primal fear, meta-fear » que représente l’Holocauste pour Avraham Burg et qui génèrerait des comportements complètement déraisonnables. » [2]
Le mythe de Massada combine de façon ambivalente une expression de puissance (prise en main de son destin, combat dans l’adversité, transformation de son environnement), un constat de faiblesse (la menace implacable, immédiate et identitaire), et une image de la détermination fondamentaliste religieuse (conserver la terre jusqu'à la mort). « Massada c’est à la fois la tombe des premiers guerriers juifs, les ancêtres de l’actuelle puissance israélienne, la religion juive constituée comme État, et l’image de l’insécurité israélienne. »[2]
Les ruines de la Citadelle furent lieu de prestation de serment des officiers de Tsahal jusqu'à la découverte de runes qui confortent la thèse du meurtre collectif avec UN seul suicide. Cette hypothèse va dans le sens de la précédente (les pères de familles tuèrent leur famille) dix personnes exécutent la communauté et les dix tirent au sort leur assassin qui sera le seul à se suicider.
Notes et références
Liens externes
- (fr) Le texte bilingue de Flavius Josèphe relatant la prise de Massada
- (fr) Une chronologie de la guerre des Juifs
- (fr) Des photos du site de Massada
- (fr) Page du site du Patrimoine mondial
- (en) Description du site archéologique par Donald D. Binder
- (en) Panorama de Massada à 360° sur mordagan.com
- Le téléfilm avec Peter O'Toole
Bibliographie
- Yigaël Yadin, Massada, la dernière citadelle d'Israël
- Mireille Hadas-Lebel, Massada, histoire et symbole, Albin Michel, 2000 (ISBN 2226076824) 159 p.
- Ernest-Marie Laperrousaz, Trois Hauts Lieux de Judée : L'Hérodium, Massada et Qoumrân, Paris-Méditerranée, 2001
- F. Gilbert, « Le siège de Massada », revue Prétorien, n°5, janvier-mars 2008.
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