- Salomé (fille d'Hérodiade)
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Dans la Bible chrétienne, Salomé est l'héroïne d'un épisode des Évangiles de Matthieu (14:1-12) et Marc (6:14-29) qui a souvent inspiré les peintres, les écrivains et les auteurs lyriques : fille d'Hérodiade, elle danse devant Hérode Antipas, son beau-père. Charmé, celui-ci lui accorde ce qu'elle veut. Sur le conseil de sa mère, elle réclame alors la tête de Jean-Baptiste, qu'Hérode Antipas apporte sur un plateau.
Chez Flavius Josèphe Salomé est la fille d'Hérodiade et d'Hérode Philippe Ier. Elle épouse en première noces son oncle (le demi-frère de son père) Hérode Philippe II, puis Aristobule III roi de Petite Arménie.
Elle décéde vers 72.
Sommaire
Flavius Josèphe
Salomé n'est pas nommée dans les Évangiles, où elle est désignée simplement comme « la fille d'Hérodiade » (ou d'Hérodias selon les traductions).
C'est Flavius Josèphe qui parle de « Salomé », fille d'Hérodiade et d'Hérode Philippe Ier[1]. Sa mère quitte son mari Hérode Philippe Ier pour se marier avec le frère de celui-ci, Hérode Antipas, qui est tétrarque de Galilée. Flavius Josèphe évoque un comportement contraire aux lois nationales, sans dire exactement de quoi il s'agit. Il précise la généalogie de Salomé en ces termes :
Quant à Hérodiade leur sœur, elle épousa Hérode, qu'Hérode le Grand avait eu de Mariamne, la fille du grand-pontife Simon ; et ils eurent pour fille Salomé, après la naissance de laquelle Hérodiade, au mépris des lois nationales, épousa, après s'être séparée de son mari encore vivant, Hérode, frère consanguin de son premier mari qui possédait la tétrarchie de Galilée. Sa fille Salomé épousa Philippe, fils d'Hérode, tétrarque de Trachonitide, et comme il mourut sans laisser d'enfants, elle épousa Aristobule fils d'Hérode, frère d'Agrippa; elle en eut trois fils : Hérode, Agrippa, Aristobule.
Le récit évangélique
Dans les Évangiles, Jean-Baptiste dénonce le remariage d'Hérodiade avec Hérode Antipas et c'est pour cette raison qu'il est emprisonné.
L'Évangile selon Matthieu, 14:3-11 [2], indique :
Car Hérode, qui avait fait arrêter Jean, l’avait lié et mis en prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce que Jean lui disait : « Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme. » Il voulait le faire mourir, mais il craignait la foule, parce qu’elle regardait Jean comme un prophète. Or, lorsqu’on célébra l’anniversaire de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa au milieu des convives, et plut à Hérode, de sorte qu’il promit avec serment de lui donner ce qu’elle demanderait. À l’instigation de sa mère, elle dit : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi fut attristé ; mais, à cause de ses serments et des convives, il commanda qu’on la lui donne, et il envoya décapiter Jean dans la prison. Sa tête fut apportée sur un plat, et donnée à la jeune fille, qui la porta à sa mère.
L'Évangile selon Marc, 6:17-28 [3], indique :Car Hérode lui-même avait fait arrêter Jean, et l’avait fait lier en prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu’il l’avait épousée, et que Jean lui disait : « Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère. » Hérodias était irritée contre Jean, et voulait le faire mourir. [...] Un jour propice arriva, lorsque Hérode, à l’anniversaire de sa naissance, donna un festin à ses grands, aux chefs militaires et aux principaux de la Galilée. La fille d’Hérodias entra dans la salle ; elle dansa, et plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : « Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai. » Il ajouta avec serment : « Ce que tu me demanderas, je te le donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume. » Étant sortie, elle dit à sa mère : « Que demanderai-je ? » Et sa mère répondit : « La tête de Jean-Baptiste. » Elle s’empressa de rentrer aussitôt vers le roi, et lui fit cette demande : « Je veux que tu me donnes à l’instant, sur un plat, la tête de Jean-Baptiste. » Le roi [...] envoya sur-le-champ un garde, avec ordre d’apporter la tête de Jean-Baptiste. Le garde alla décapiter Jean dans la prison, et apporta la tête sur un plat. Il la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère.
Légendes
Selon un texte apocryphe, la Lettre d'Hérode à Pilate, Salomé mourut en passant sur un lac glacé : la glace se brisa et elle tomba jusqu'au cou dans l'eau. La glace se reforma autour de son cou, laissant apparaître sa tête comme posée sur un plateau d'argent. On situe généralement cette légende au lac de Barbazan (Haute-Garonne), près de Saint-Bertrand de Comminges. Selon Flavius Josèphe, Hérode aurait été exilé à Lugdunum près de l'Espagne[4], ce qui correspond à l'ancienne Lugdunum Convenarum. Hérodiade elle-même apparaît dans diverses légendes pyrénéennes comme un personnage maléfique[5].
Adaptations
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Gustave Moreau, 1876
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Maurycy Gottlieb, 1879
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Franz von Stuck, 1906
Peinture
Au XVe siècle, le personnage de Salomé a inspiré plusieurs maîtres des écoles allemande et flamande, parmi lesquels Rogier van der Weyden, Memling et Cranach l'Ancien. L'école italienne reprend également ce thème, notamment Botticelli, Sebastiano del Piombo, le Titien, le Caravage, Battistello Caracciolo, Guido Reni, le Guerchin ou Carlo Dolci. Certains de ces artistes, en particulier le Titien et le Caravage, consacrent plusieurs toiles à Salomé.
Au XIXe siècle, Gustave Moreau consacre lui aussi plusieurs tableaux et dessins à Salomé, entre autres Salomé dansant devant Hérode, 1876, (Los Angeles, The Armand Hammer Museum of Art & Collection), Salomé au Jardin, 1878-1885, aquarelle, (Le Caire, musée Mahmoud-Khalil), Salomé en prison et L'Apparition. De même, Aubrey Beardsley réalise plusieurs illustrations lors de la parution de la pièce d'Oscar Wilde, Salomé. Parmi les autres artistes inspirés par ce thème, on pourra citer Gustave Doré, Henri Regnault, James Tissot, Maurycy Gottlieb, Lovis Corinth, Franz von Stuck ou Gustav-Adolf Mossa.
Littérature et musique
Si le personnage de Salomé reste une figure mineure du Nouveau Testament, sa postérité littéraire est importante. Au Moyen Âge, c'est essentiellement à des fins d'édification que la jeune fille apparaît dans les récits littéraires. Dans La légende dorée de Jacques de Voragine, par exemple, Salomé la pécheresse, qui a obtenu la tête de Jean Le Baptiste est sévèrement punie pour son acte indigne : elle meurt, soit engloutie par la terre, soit anéantie par le souffle de la bouche du saint qu'elle a fait tuer. Mais c'est essentiellement au XIXe siècle, sous l'influence allemande de Heinrich Heine, que Salomé va devenir véritablement un mythe littéraire, qui influence de nombreux auteurs. L'occurrence la plus fameuse se retrouve chez Flaubert, dans le troisième de ses contes, Hérodias. Mais la figure biblique fascina aussi Huysmans, qui évoque, au chapitre V de son romans A rebours, le célèbre tableau de Gustave Moreau, Apparition (1876). C'est donc plutôt en fin de siècle, associé à la littérature dite décadente, que le mythe prend de la force. Parmi les figures de Salomé célèbres en littérature, il faut compter avec celle de Mallarmé dans son poème inachevé Les Noces d’Hérodiade, celle deThéodore de Banville dans son poème Hérodiade, extrait du recueil Les Princesses (1874, celle, parodique, de Jules Laforgue, dans son ouvrage Moralités légendaires. Mais c'est sans doute l'anglais Oscar Wilde qui donne la figure la plus fameuse du mythe, dans sa pièce Salomé. Au XXe siècle, Apollinaire trouve dans le personnage évangélique un thème poétique majeur, tandis que Michel Leiris, dans son autobiographie L'Âge d'homme, rapproche la figure biblique de sa tante Lise, laquelle a interprété le rôle de Salomé dans l'opéra de Richard Strauss.
Salomé en littérature
- La légende dorée de Jacques de Voragine
- Hérodias de Flaubert
- A rebours de Huysmans
- Les Noces d’Hérodiade de Mallarmé
- Hérodiade de Théodore de Banville
- Salomé, pièce de théâtre en un acte d'Oscar Wilde écrite en français et publiée en 1893. On y trouve la « Danse des sept voiles »
- Salomé, poème de Guillaume Apollinaire (publié dans le recueil Alcools en 1913)
- Salome, poème de Carol Ann Duffy
- exilée Salomé de Giancarlo Ciarapica théâtre, édité chez Christophe Chomant éditeur. Créé en 2007 au festival d'Avignon avec Pauline Latournerie
Salomé en musique
- Hérodiade, opéra de Massenet (1881)
- Salomé, opéra en un acte de Richard Strauss écrit en 1905, dont le livret est la traduction de la pièce d'Oscar Wilde.
- La Tragédie de Salomé, ballet de Florent Schmitt
- Salomé, opéra de Antoine Mariotte (créé en 1908)
- Salome dances for peace, quatuor pour cordes de Terry Riley (créé entre 1985-1987)
- Serge Gainsbourg cite Salomé dans la chanson Hôtel particulier de l'album concept Histoire de Melody Nelson
- La danse de Salomé est une chanson du groupe les Beautés Vulgaires dans l'album Zoo de nuit.
- Salomé est la 5e chanson de Peter Doherty pour son album solo Grace/Wastlelands.
- Salomé est une chanson de Jean-Patrick Capdevielle.
- Le groupe de rock français Eiffel fait référence à Salomé dans le morceau Shalom sur l'album Tandoori.
Cinéma
- Salomé, film de Charles Bryant de 1923,
- Salomé, film de William Dieterle de 1953,
- Salomé, film de Carlos Saura de 2002.
- Visage, film de Tsai Ming-liang de 2009 (ce film présenté en compétition de ce 62e festival de Cannes revisite le mythe de Salomé)
Divers
- Danse de Salomé, vitrail du XIIIe siècle (chapelle du déambulatoire de cathédrale de Bourges)...
- La Danse de Salomé, titre français d'un roman policier de Ruth Rendell (1965).
- Salomé, chanson de Louise Attaque (2005).
- Salomé, chanson de Peter Doherty (2009).
- Salomé, chanson de U2
- Salomé', chanson de Bernard Lavilliers
- Salomé, chanson de Jean-Patrick Capdevielle (1979)
- La Danse de Salomé, chanson des Beautés Vulgaires
- Salomé, série de bande dessinée de la collection Dédales parue chez les Humanoïdes Associés.
- Salomé, Mina, titre du disque de la chanteuse italienne 1981
- Fatale, exploring Salome, animation interactive de Tale of Tales.
Sources
- Etude du mythe de Salomé en littérature, Editions du CRDP de Paris
- Claudine Gauthier, Saint Jean et Salomé. Anthropologie du banquet d’Hérode, Tours, Éditions Lume, 2008, 304 p.
Notes et références
- Antiquités judaïques, livre 18, V, 4
- Louis Segond, disponible sur Wikisource. Traduction de
- Traduction de Louis Segond, disponible sur Wikisource.
- Guerre des Juifs et Antiquités judaïques Flavius Josèphe,
- Bernard Duhourcau, Guide des Pyrénées mystérieuses, Tchou, éd. 1985.
Voir aussi
- Portail du christianisme
- Portail Israël antique et Juifs dans l’Antiquité
Catégories :- Dynastie hérodienne
- Personnage biblique
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