Histoire de russie

Histoire de russie

Histoire de Russie

Monumenr Millénaire de la Russie
Le monument Millénaire de la Russie (1862), conçu pour la commémoration du millième anniversaire de la venue de Riourik en tant que premier prince de Novgorod (862).

Cet article résume l'histoire de la Russie qui est le pays le plus vaste au monde et qui s'étend sur deux continents : l'Europe et l'Asie.

Sommaire

Antiquité

La première trace humaine sur ce grand territoire remonte à 300 000 ans en Sibérie centrale. Vers 4000 ans avant J.-C., dans les steppes de la Russie du sud et de l'Asie centrale, se développe la civilisation des Kourganes. Vers 2000 ans avant J.-C., les Iraniens septentrionaux, des Indo-Européens appelés Peuples des Steppes ou Cimmériens, occupent un immense territoire entre l'actuelle Pologne et l'actuelle Chine occidentale. Vers 1000 avant J.-C. d'autres Iraniens septentrionaux, les Scythes, créent un empire qui dure jusqu'au IIIe siècle de notre ère entre le Dniestr et la Volga. Vers 200 avant J.C. les Sarmates, eux aussi Iraniens septentrionaux, finissent par supplanter les Scythes.

Vers 400 après J.C., ce sont les Goths, cette fois des Germains venus du Nord, qui s'établissent dans l'actuelle Ukraine, tandis qu'en Russie d'Asie, les Huns constituent un immense empire qui s'étend sur l'Europe sous le règne d'Attila. L'empire des Huns, trop étendu et mal organisé ne résiste pas à la mort d'Attila, et les Avars s'installent à leur place et dominent la région jusqu'au VIIe siècle, remplacés à leur tour par les Khazars de religion israélite. C'est au cours de la période correspondant aux dominations des turcophones Huns, Avars et Khazars que les Slaves, en provenance des plaines de l'actuelle Biélorussie, s'établissent peu à peu sur le territoire de la Russie européenne.

Des origines de la Russie à la chute de l'empire des Tsars en 1917

Les États des Riourikides

IXe siècle (La Rus)

Les Varègues dans la steppe Eurasienne.

  • Les Varègues ont découvert et exploré les grands axes de navigations; les différents fleuves de la plaine Russe et Ukrainienne. Ils ont atteint Azoz, la Mer Noire et la Mer Caspienne. Ils ont développé le commerce, conclu des alliances et organisé des raids guerriers épisodiques. En 859 de nombreux peuples Eurasiens leur versent tribut, soit les Tchoudes, les Slaves, les Mériens et les Krivitchs. Leur influence se développe et ils s'installent solidement sur les "territoires conquis", ils élèvent des forteresses et fondent des cités, des comptoirs, qui seront les centres de leurs principautés auquel ils donneront parfois leurs noms.
  • Les Khazars qui ont établi un état dans le nord-Caucase ont pour tributaire les Polianes, les Sevarianes et les Viatichs. Les Magyars sont aussi englobés dans l'État Khazars après avoir fui les Pétchénègues; ils s'installent dans le delta du Danube.
  • 860, Les Varègues atteignent Constantinople. La politique de Byzance se mêle alors aux affaires Varègues, ces derniers qui vont tour à tour s'opposer ou s'allier à "l'Empire Grec".
  • 862, Des populations Slaves refusent de payer le tribut aux Varègues. Sans "l'autorité Varègue" , des disputes et des querelles internes éclatent dans une partie du pays. Les Princes Varègues Rurik, Siénous et Trouvor se rendent à Novgorod où la population recherche un prince pour les protéger et dissiper les désordres. Rurik (Riourik), l'aîné, devint Prince de Novgorod, l'une des principautés les plus puissantes de la Rus. Rurik figure semi-légendaire, deviendra le premier "souverain spirituel" de la Russie et d'une unité slave sous la tutelle néanmoins de princes étrangers. Certains historiens contestent néanmoins la validité de "légende de Riourik" qui est décrite dans la chronique du temps de Jadis de Nestor de Kiev. En 879, Rurik décède. Oleg le Sage, son beau-frère, reprend le titre de Prince de Novgorod et se fait protecteur d' Igor de Kiev, le fils de Rurik.
  • 882 Le prince Varègue, Oleg le Sage, de la principauté d'Igor déplace sa capitale de Novgorod à Kiev après s'être emparé de Smolensk. Le centre de la Rus se déplace de l'ouest à l'est: la Principauté de Kiev est née. Kiev deviendra la "mère des villes russes".

Xe siècle - XIe siècle (La Rus' de Kiév)

Carte des principales routes du commerce varègue : la route de la Volga (en rouge) et la route de l'Empire byzantin (en pourpre).
  • En 862 les Varègues, ou Rus, peuple Viking de commerçants et guerriers venus des pays scandinaves en empruntant le cours des fleuves et mené par leur chef Riourik, fondent un état dont le siège est d'abord à Novgorod (862) puis à Kiev (882). Cet état, appelé Rus' de Kiev, regroupe des populations slaves vivant dans la région. Les principaux chefs varègues se taillent des principautés sur les terres slaves et deviennent ainsi les premiers princes russes.

Il donneront leur nom au futur Etat russe.


  • Sous l'impulsion d' Oleg le Sage, premier prince de Kiev, la Principauté de Kiev développe les routes commerciales entre les régions de la mer Baltique et celles de la mer Noire qui utilisent le fleuve Dniepr. En 907 Oleg le Sage s'allie à l'byzantin en campagne contre les Bulgares du Danube et fixe sa résidence à Péréïaslav, sur les rives de ce fleuve; finalement les Byzantins l'en chassent mais ces campagnes débouchent en 911 sur un accord commercial avec Byzance. Durant la même période il étend progressivement son emprise sur les tribus slaves orientales.
  • 912-913 La Principauté de Kiev tente d'accroitre son influence sur de nouvelles tribus slaves dont les Drevlianes. Igor de Kiev organise une campagne vers la mer Caspienne avec 500 navires. La troupe pille Gillian, Tabaristan et Chirvan et prend un grand butin. La troupe du prince de Kiev est cependant repoussé par la suite par les Khazars. Igor doit retourner à Kiev pour reconstituer ses forces.
  • 915-916 Les Pétchénègues, un peuple de la steppe d'origine turque venu de l'Est s'établit au sud du territoire de la Principauté de Kiev. Leur habilité à cheval et au combat sont remarquables, pendant un siècle ils règneront sur la plaine.
  • 945 Igor de Kiev est tué par les Drevlianes à Iskorosten alors qu'il menait une expédition pour percevoir leur tribut.

XIIe siècle

  • Déclin de l'État de Kiev. Les incursions des turcophones Coumans (en russe Polovtsi) font fuir les paysans vers le nord-est. Création de villes-principautés nouvelles, parmi lesquelles Moscou en (1147).
  • Indépendance de la République de Novgorod.

XIIIe siècle

  • 1223 : invasion mongole (Khanat de la Horde d'Or). Parmi les Mongols, des turcophones Tatars occupent les principautés Russes.
  • 1237-1239 : destruction des Ryazan, Vladimir, Souzdal, Moscou, Rostov et d'autres grandes villes russes (excepté Novgorod) par les Tatars.
  • 1240 : destruction de Kiev.

Les princes russes deviennent les vassaux et tributaires des khans tatars. Les Tatars poussent leurs incursions punitives et leurs pillages en Russie jusqu'à la fin du XVe siècle. Leurs éclaireurs, charriers et maquignons, les Rrôms venus de l'Inde septentrionale, les accompagnent. D'autres attaques viennent de l'ouest, des féodaux catholiques suédois, allemands (chevaliers teutoniques) ou Lituaniens qui considèrent les Russes orthodoxes comme des hérétiques. L'expansion des chevaliers teutoniques est arrêtée à la bataille du lac Peïpous, mais les Lituaniens s'étendent vers l'est, les princes russes « pris entre deux feux » préférant parfois la domination catholique à la domination tatare.

XIVe siècle

Russie 1300 1796.png

XVe siècle

XVIe siècle

  • Le grand prince Ivan IV « le Terrible » (1530-1584) est le premier à porter le titre de Tsar.
  • Il lance des offensives contre les Tatars de la Volga : il conquiert Kazan (1552) (capitale de l'actuelle République du Tatarstan) et Astrakhan (1556). Cette expansion offre à la Russie son premier débouché sur une mer et permet de commercer avec la Perse en passant par la mer Caspienne.
  • La guerre contre la Pologne et la Suède (1558-1583) finit par la défaite de la Russie, qui visait un débouché vers la mer Baltique. Le khanat de Crimée pille constamment les terres frontalières de la Russie. En 1571, le khan de Crimée brûle Moscou, mais à l'année suivante les Tatars de Crimée sont vaincus non loin de Moscou à la bataille de Molodi (Voir l'article Invasions des Tatars de Crimée en Russie).
  • L'extension du servage (manque de main d'œuvre) provoque la fuite des paysans vers les marches de l'empire (on les appelle Cosaques : mot turc qui veut dire "évadé"), qui s'organisent en république. Certains groupes de Cosaques deviennent cavaliers et navigateurs. Ils sont tolérés par les Tsars dans la mesure où ils servent l'empire en conquérant de nouvelles terres à l'Est. C'est la conquête de la Sibérie par l'ataman Ermak et ses cosaques: ils y agissent comme une sorte de trappeurs, suivis par les commerçants, puis par les fonctionnaires et officiers du Tsar.

L'empire des Romanov

Les premiers Romanov (XVIIe siècle)

  • Nouvelle période d'affaiblissement : après quatre années stériles dues aux éruptions du Laki et d'autres volcans d'Islande (de 1600 à 1603 les températures nocturnes d'été étaient souvent inférieures à zéro et périclitèrent les récoltes) la désorganisation économique et politique (Smouta) commence. Les Polonais attaquent la Russie par l'ouest (1605). Ils occupent même Moscou. Les nobles russes offrent alors la couronne de Russie au fils du roi de Pologne, le prince Vladisdas. Mais une insurrection populaire chasse les Polonais de Moscou, et Michel (Mikhaïl) Romanov devient Tsar "de toutes les Russies" (c'est-à-dire de toutes les Principautés russes), et fonde une dynastie qui se perpétuera jusqu'en 1917.
  • Une révolte cosaque menée par Stenka Razine en 1670 et 1671 a lieu dans le Sud de la Russie. Saratov et Samara sont prises, et les paysans mécontents joignent Razine. Sa rébellion fut écrasée en 1671 et se termina par la mise à mort de Razine sur la Place Rouge à Moscou.

Le redressement et l'expansion de la Russie (XVIIIe siècle)

Au cours du XVIIIe siècle, Pierre le Grand (1672-1725) réalise le redressement de la Russie :

  • à l'Est il repousse les Tatars et les Kazakhs au-delà de l'Oural.
  • à l'Ouest il fait la guerre contre les Suédois (pour l'accès à la Baltique) avec l'aide de la Pologne et fonde Saint-Pétersbourg (1703), dont il fait sa capitale (1713) : fenêtre sur l'Occident, la ville prospère grâce au commerce des fourrures.

Remarque : Pour la première fois les Russes s'emparent de territoires peuplés de non-Russes dont la langue, la religion, l'organisation sociale et économique, sont différentes de la leur : Scandinaves, Polonais, Allemands des pays baltes, catholiques ou protestants.

On assiste à un renforcement de la puissance militaire russe.

L'État contrôle des territoires de plus en plus vastes : Catherine II et ses successeurs étendent la domination russe :

  • en Crimée, jusqu'au rivage de la mer d'Azov, sur des populations tatares. Objectif russe : atteindre la Mer Noire.
  • en Moldavie, sur des populations roumaines. Objectif russe : contrôler les bouches du Danube.
  • en Finlande, prise à la Suède, sur des populations suédoises et finnoises. Objectif russe : élargir l'accès à la mer Baltique.
  • en Biélorussie et en Lituanie, par les partages de la Pologne (République des Deux Nations) entre la Russie, la Prusse et l'Autriche. Sauf pendant une brève période sous Napoléon, la Pologne disparaît jusqu'en 1918. Objectif russe: rassembler les populations biélorusses et ukrainiennes sous la bannière du Tsar et se rapprocher du centre de l'Europe.

À partir de ce moment les tsars pratiquent une politique de russification, c'est-à-dire l'interdiction de parler une autre langue que le russe en public, l'interdiction d'imprimer en caractères latins, privilèges accordés à l'Église orthodoxe russe : cette politique entraîne des ressentiments nationaux locaux non seulement chez les Finnois, les Baltes, les Polonais et les Roumains, mais même chez les Ukrainiens et les Biélorusses.

L'échec des tentatives de réforme de la Russie des tsars XIXe siècle - 1917

L'objectif des tsars resta d'atteindre des mers « libres » (c'est-à-dire libres de glace l'hiver) :

  1. La Méditerranée: La Russie aide les peuples slaves des Balkans et encourage leur nationalisme contre les Turcs ottomans. Le Tsar revendique Constantinople, en tant que protecteur des chrétiens orthodoxes de l'Empire ottoman. La guerre de Crimée (1853-1856) contre les Turcs est un échec en raison de l'intervention franco-britannique. Cet effort se poursuit durant tout le XIXe siècle et au début du XXe siècle (« justifié » par la doctrine du panslavisme) : question des Détroits c'est-à-dire le détroit des Dardanelles, contrôlé par les Turcs, qui permet le passage de la mer Noire à la Méditerranée.
  2. Le golfe Persique : à la fin du XVIIIe - début du XIXe siècle, la Russie s'étend aux dépens de la Perse et de la Turquie : Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan. Il fallut ensuite presque un siècle pour conquérir la montagne caucasienne, peuplée de tribus musulmanes (Tchétchènes, Tcherkesses, etc.) (Voir l'article guerre du Caucase). La Russie s'assure aussi le contrôle provisoire du nord de l'Iran (les Britanniques au sud).
  3. L'océan Indien : conquête plus facile par la cavalerie cosaque habituée à la guerre contre les tribus nomades.
  4. L'océan Pacifique : exploration et colonisation de la Sibérie orientale (Kamtchatka : exploration en 1648, puis colonisation). Le traité de Nertchinsk en 1689 offrant la Mandchourie à la Chine prive un temps la Russie d'une mer libre. Le traité d'Aigun (cession de la Mandchourie à la Russie) en 1858 lui offre un accès plus méridional.
  • 1845 - 1880 : conquête des tribus kazakhes, de Tachkent, de Boukhara et de la Turkménie. Les Britanniques s'inquiètent de voir les Russes se rapprocher de l'Inde : leur conflit larvé se termine par la création d'un État tampon : le royaume d'Afghanistan (1907).
  • Dés la première vague d'industrialisation (1870), la Russie connaît des mouvements de grève s'exprimant principalement par la destruction des machines sur les lieux de travail. Il faut pourtant attendre la deuxième poussée d'industrialisation (1875) pour que ces grèves spontanées atteignent une certaine ampleur.

L'objectif des tsars, c'est-à-dire s'assurer un accès à des mers libres, ne fut pas atteint, mais aboutit à la création d'un immense empire colonial et à l'émergence d'une grande puissance continentale.

La Russie soviétique (1917-1991)

Article détaillé : Chronologie de l'URSS.

Dès le XIXe siècle, la Russie tsariste connaît une agitation révolutionnaire qui va en s'aggravant après une révolution ratée de 1905 et la défaite russe dans le cadre de la Guerre russo-japonaise. Suite aux pénuries causées par la Première Guerre mondiale et les difficultés de l'armée sur le front de l'Est le mécontentement populaire débouche en 1917 sur la Révolution russe qui provoque la chute du gouvernement impérial et à l'abdication de Nicolas II en mars 1917.

Malgré l'instauration successive de plusieurs gouvernements provisoires, le mécontentement continue car le nouveau pouvoir entend respecter les engagements russes vis-à-vis des Alliés et poursuivre la guerre contre l'Allemagne, l'Autriche-Hongrie et l'Empire Ottoman. Des conseils de soldats, d'ouvriers et de paysans (en russe : Soviets) se forment. Les bolcheviks sont portés par la popularité croissante de leurs mots d'ordre : « Usines aux ouvriers, terres aux paysans, paix aux peuples ». Le 25 octobre 1917 (selon l'ancien calendrier julien), les bolcheviks, menés par Lénine, organisent le coup d'État d'Octobre en s'emparant du Palais d'Hiver, où siège le gouvernement provisoire.

Un armistice signé en décembre 1917 aboutit au traité de Brest-Litovsk en mars 1918 qui cédait à l'Allemagne l'Ukraine, la Biélorussie, les Pays baltes, la Finlande et la Pologne. La moitié de la Biélorussie et les deux tiers de l'Ukraine seront brièvement récupérés après la défaite allemande, puis perdus à nouveau face aux Alliés et aux Russes blancs durant la guerre civile, pour ne rejoindre définitivement la Russie soviétique qu'en 1922).

Par ailleurs, la propriété privée industrielle et financière est supprimée et les usines et les banques, nationalisées. À la place, la propriété d'État est instaurée sur la quasi-totalité de moyens de production, sauf agricoles. Les bolcheviques annulent également les engagements russes sur les emprunts obligataires contractés par le gouvernement tsariste pour financer la guerre.

La jeune république socialiste soviétique russe (RSFSR) se dote d'une constitution fédéraliste, mais le pouvoir des Soviets est devenu fictif après l'interdiction par les bolcheviks des autres courants révolutionnaires en 1918. Instituant du parti unique, dont le principe de gouvernance est le "centralisme démocratique" basé en théorie sur le pouvoir des « soviets des ouvriers et des paysans », les bolchéviks n'obéissent en pratique qu'au bureau politique (en russe Politburo) formé par Lénine, Trotsky, Staline, Kamenev, Krestinsky, et quelques autres. Dans ce système l'organe législatif est le Soviet Suprême, mais celui-ci ne fait généralement qu'entériner les décisions du Politiburo. Vladimir Oulianov Lénine fut le véritable leader du système, et donc un chef d'État, même s'il n'en avait pas le titre.

De 1918 à 1921, la Russie et les pays voisins sont plongés dans la guerre civile, au cours de laquelle les Russes blancs (tsaristes ou républicains), les indépendantistes des différentes nationalités, la légion tchécoslovaque formée d'anciens prisonniers de guerre austro-hongrois, les anarchistes de Makhno et les armées de la France, du Royaume-Uni, du Japon et des États-Unis, s'opposèrent à l'Armée rouge mise en place par Trotsky jusqu'en 1921. Cette dernière l'emporte, en partie grâce aux dissensions internes qui désorganisent ses adversaires.

La guerre civile poussa le Politburo à décréter le « communisme de guerre », dont les mesures essentielles sont :

  • Nationalisation des petites industries, de l'artisanat et du commerce
  • Production planifiée de manière centralisée par le gouvernement
  • Stricte discipline pour les travailleurs (les grévistes pouvaient être fusillés)
  • Travail obligatoire des paysans
  • Interdiction de toute forme d'entreprise privée
  • Réquisition de la production agricole, souvent au-delà du minimum vital pour les paysans (famines)
  • Rationnement et centralisation de la distribution de nourriture.

Certains éléments du régime soviétique se mettent aussi en place à cette époque :

  • Les soldats de l'Armée rouge, recrutés d'abord sur la base de primes, subissent ensuite la conscription
  • Mise en place d'une police politique et de tribunaux d'exception, chargés d'arrêter et de juger les ennemis du régime
  • Le parti communiste devient parti unique
  • La censure de la presse et de la radio, qui tombent aux mains du parti
  • La IIIe Internationale (ou Komintern) devient l'instrument du pouvoir. Les partis communistes étrangers doivent être inféodés à Moscou et obéir aveuglément. Les révolutions de 1919 en Allemagne et en Hongrie, ainsi que les grèves dans la plupart des pays européens font penser aux soviétiques que la Révolution devient mondiale. Mais l'écrasement des Spartakistes et la démission de Bela Kun mettent fin à ces espoirs.

Grâce au communisme de guerre, Lénine et le parti communiste parviennent à se maintenir au pouvoir. Ils remportent la guerre civile et le danger d'une restauration monarchique est écarté. Au terme de la guerre civile, une terrible famine ravage la Russie entre 1921 et 1922, causant plusieurs millions de morts. Les causes de cette famine sont complexes : sécheresse, réquisitions imposées par les différents camps au cours des années précédentes, désorganisation des campagnes à la suite de la guerre et des réformes agraires, blocus des pays alliés.

La Russie est traumatisée par l'expérience de la guerre civile : la production s'effondre, de nombreux ingénieurs, techniciens, officiers, juristes, lettrés et enseignants sont morts au cours de la guerre. Ce lourd héritage marquera le fonctionnement de l'URSS jusqu'à son effondrement.

La Fédération de Russie indépendante

Carte de la fédération de Russie, dans les contours de l'Union soviétique.

La fin de l'URSS (1989-1991)

Durant la Guerre froide, l'Union soviétique fut une superpuissance. La Russie et la Biélorussie étaient alors deux des 15 républiques socialistes soviétiques fédérées au sein de l'URSS et ce jusqu'en 1991, lors de sa dissolution. Dès 1989, l'URSS commençait déjà à perdre pied sur le plan international avec la réunification allemande, la chute du mur de Berlin ou encore le retrait des troupes soviétiques de l'Afghanistan.

En juin 1990, Eltsine, président du Soviet suprême de la RSFS de Russie déclara la souveraineté de la Russie. En août 1991, le Putsch de Moscou, mené par des membres conservateurs du gouvernement communiste opposés aux réformes démocratiques (Glasnost et Perestroïka), montra à quel point le pouvoir central soviétique s'était fragilisée. Le complot échoua en grande partie grâce à l'intervention de Boris Eltsine et des réformistes qui ont ainsi renforcé leur poids dans la lutte de pouvoirs au sein du Kremlin.

Au cours de l'automne 1991 les républiques constituantes de l'URSS proclamaient, l'une après l'autre, leur indépendance sans que le président soviétique Gorbatchev ait la possibilité de s'y opposer par la force. Le 25 décembre 1991, Gorbatchev démissionne de son poste de président de l'URSS, après que Eltsine ait proclamé d'autorité, lors d'une séance au parlement, la dissolution de l'Union soviétique et l'indépendance de facto de la Russie qu'il dirige désormais.

La création d'une nouvelle Russie indépendante

En 1991, Boris Eltsine crée les institutions actuelles de l'État russe. La même année, il lance la privatisation sauvage des biens nationaux et des terres. Celles-ci profitent à un petit groupe de personnes, qui, grâce à la corruption des fonctionnaires et même de l'entourage du président, arrivent à bâtir des fortunes colossales (Roman Abramovitch, Boris Berezovski, Mikhail Khodorkovski, Rem Viakhirev, PDG du groupe Gazprom). La privatisation débridée ne profite pas à l'économie russe. De 1991 à 1995, la Russie vit des années noires : inflation de 1 000 %, chômage exponentiel, fermeture des anciennes usines russes. Le secteur de la défense est délaissé. Des bases militaires stratégiques ferment, les armes disparaissent soudainement des entrepôts pour être vendues. En même temps, la Russie doit gérer deux guerres tchétchènes, lancées par Djokhar Doudaïev, qui grâce à son agressivité contre la Russie, l'ennemi héréditaire des Tchétchènes arrive à fédérer son peuple contre « l'occupant russe ».

En 1994, l'armée russe en déliquescence entre en Tchétchénie. Eltsine avait besoin d'une guerre fulgurante et victorieuse pour prouver à son peuple que la Russie était encore une superpuissance et asseoir ainsi son autorité à la veille des élections présidentielles. Mais au lieu d’un blitz spectaculaire, la guerre s'avéra un échec militaire et humanitaire pour la Russie qui rencontra une résistance féroce de combattants de nationalités différentes, utilisant des armes lourdes très modernes.

La corruption des généraux russes et les trafics en tous genres, couplés aux techniques efficaces de résistance des « boïeviks » (guerriers) tchétchènes se termine en victoire de facto pour les Tchétchènes. Un accord de paix est signé le 31 août 1996. Cet accord conduit à un statu quo laissant à la Tchétchénie (rebaptisée "République Islamique d’Itchkérie") une autonomie gouvernementale de facto en échange d'une promesse du report des pourparlers sur l'indépendance.

Deux ans après les accords de paix, des attentats meurtriers endeuillent plusieurs villes de Russie, y compris Moscou, faisant 293 morts. Poutine accuse les dirigeants tchétchènes. Pourtant aucun tchétchène ne fut jamais mis en accusation et il semblerait que ce soit en fait le FSB qui était à l'origine de ces actes.[réf. nécessaire] La voie est ouverte pour déclarer la guerre totale contre les "terroristes" et, le 1er octobre 1999, l'armée russe intervient une nouvelle fois dans la république séparatiste.

Selon les organisations non-gouvernementales, le nombre de civils qui ont péri pendant les 2 guerres est estimé entre 100 000 et 300 000.

En 1995, la Russie commence à renouer avec la prospérité. Mais la domination des « oligarques» constitue un frein au développement du pays. Le déclin du secteur stratégique (armée, ressources naturelles) continue. En témoignent les contrats juteux signés par les majors internationales, américaines ou anglaises notamment (ex: Shell à Sakhaline). On vend aux Américains des actifs militaires russes. Ces dernières transactions finissent par éclater sous l'hostilité de l'opinion populaire.

Le 31 décembre 1999, Boris Eltsine abdique en un long discours diffusé sur NTV (chaîne de l'oligarque Goussinski) et ORT (chaîne de l'oligarque Berezovski). Il fait un mea culpa de sa gestion et s'efface au profit de son successeur Vladimir Poutine, un ancien du KGB, un inconnu de la politique, dont la rapide ascension est orchestrée par le clan Bérézovski.

Le retour d'une Russie forte

Article détaillé : Géostratégie de la Russie.

C'est sous les deux mandats de Vladimir Poutine que la Russie redevint petit à petit un acteur pesant sur les affaires mondiales. Le pragmatisme du dirigeant russe l'aidant à se concilier dans un premier temps les États-Unis au nom de la lutte anti-terroriste puis à opérer une politique énergétique musclée à l'extérieur après avoir réussi à calmer les appétits des oligarques à l'intérieur du pays et réorganiser l'économie de façon à protéger les intérêts étatiques. Le début de la présidence de Dmitri Medvedev a été placée sous un net refroidissement des relations russo-occidentales en raison de la crise Caucasienne avec la Géorgie ayant abouti à la reconnaissance de l'Abkhazie et de l'Ossétie du sud. Le Président actuel n'hésitant pas à évoquer le spectre d'une nouvelle guerre froide.

Notes et références


Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Luc Mary, Les derniers jours des Romanov, ed. de l'Archipel, 2008.
  • Pierre-Charles Levesque, Histoire de Russie, 7 volumes, 1782-1783.
  • Michel Heller, Histoire de la Russie et de son Empire, 986 p., Flammarion, 1999.
  • Marie-Pierre Rey, De la Russie à l'Union soviétique, la construction de l'Empire, 1462-1953, Hachette, 1994.
  • François-Georges Dreyfus, Une histoire de la Russie : des origines à Vladimir Poutine, éditions de Fallois, 2005.
  • Hélène Carrère d'Encausse, La Russie inachevée, Fayard, 2000.

Liens externes


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