- Oleg le Sage
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Oleg le Sage (Helgi en vieux norrois) est un prince varègue qui règne sur la Russie kiévienne de 882 à 912. Parent et successeur de Rurik, prince de Novgorod (peut-être son beau-frère), c'est un Varègue (c'est-à-dire un Viking originaire de Suède). Il reprend "l'héritage" de Rurik ; la direction des affaires de la Rus. Il régnera trente-trois ans sur la Russie kiévienne. Son successeur est Igor de Kiev.
Sommaire
Le Prince de Kiev
En 882, Oleg débute une campagne en descendant le Dniepr. Il s'empare de Smolensk puis il atteint Kiev. Par ruse, il attire Askold et Dir, les seigneurs de la cité, à l'extérieur de celle-ci où il les tue et confisque la cité en prétextant qu'ils ne sont pas d'extraction princière. Il présente Igor de Kiev comme prince et héritier de Rurik, jeune homme qu'il a pris sous sa protection. Contrairement à Rurik, qui fait figure de personnage semi légendaire, Oleg est la première figure dirigeante attestée de l'histoire de Russie. Son nom et ses actions sont signalés dans les archives byzantines.
La Prise de Byzance
En 907, Oleg décide de « marcher contre les Grecs ». Il réunit une grande troupe, des douzaines de tribus et des guerriers varègues se joignent à l'expédition : « 2 000 bateau contenant chacun quarante hommes ». Bien que les chiffres soient sans doute exagérés, l'expédition est couronnée de succès. La Chronique des temps passés décrit ainsi la campagne : « ... Il tua nombre de Grecs aux approches de la ville, détruisit quantités de palais, incendia des églises. Quant aux captifs, les uns étaient passés par le fil de l'épée, d'autres torturés, certains tués par le feu ou jetés à la mer. Les Russes firent subir bien d'autres maux aux Grecs, ainsi qu'il est coutume avec les ennemis... » Une paix est conclue en 911. Les Byzantins accordent le droit de commercer librement aux Russes dans leur capitale. Ils obtiennent un comptoir dans les faubourgs de la cité. D'autres clauses sur les échanges de prisonniers de guerre et divers aspects de jurisprudence sont également conclus. Malgré l'absence de source byzantine sur le récit de cette guerre, des sources arabes viennent confirmer la Chronique des temps passés de Nestor de Kiev.
Oleg le Sage dans la Poésie de Pouchkine
Oleg le Sage est le héros d'une cantate profane de Rimsky-Korsakov (son opus 58, d'après un poème d'Alexandre Pouchkine) dans lequel, pour échapper à la prédiction d'un mage lui annonçant que sa mort viendrait de son cheval, il abandonne sa monture et part se couvrir de gloire à la guerre. De retour, il apprend la mort de son cheval. Maudissant le mage et sa fausse prédiction, il se rend près de la rivière où gisent les os de la bête, desquels sort un serpent, qui pique Oleg[1]...
Le véritable fondateur de la Russie kiévienne et de « l'État de la Nation russe »
Si Rurik possède la paternité du mythe de la fondation de la Russie, du premier État slave et comme premier souverain de ce dernier, Rurik garde néanmoins un rôle semi légendaire, tel Romulus, Gilgamesh ou Thésée. En revanche, Oleg, est la première figure historique de l'histoire russe qui est prouvé par de nombreuses preuves, bien que certains de ses actes gardent une note toute aussi « semi légendaire », comme ceux de son beau-frère. Si Rurik était Prince de Novgorod, nous n'avons pas beaucoup de précision sur son rôle dans l'élaboration de « l'État de la Nation russe ».
Rurik donne son nom à la dynastie des souverains qui lui succéderont. Mais Oleg est le premier véritable souverain à établir cet État russe, qu'est la Russie kiévienne, appelée Rus' de Kiev par une certaine école historique ; cet ensemble de colonies varègues qui se sont transformées en comptoir, puis se sont fortifiées et qui sont devenues des cités. Oleg consolide son pouvoir sur cet État en s'inscrivant dans la succession de Rurik et en « fondant » une nouvelle capitale, Kiev, d'où il dirige sa politique. En choisissant Kiev, Oleg donne enfin une note slave à son État.
En déplaçant sa capitale de l'est à l'ouest, Oleg élabore donc le pouvoir de son État sur les Slaves de l'Ouest, tout en se rapprochant de la Sphère byzantine, avec laquelle il entrera en conflit pour imposer le commerce de la Rus' de Kiev, bien que l'expédition sur Byzance garde aussi l'aspect d'une campagne guerrière de raid pour obtenir tribut, bien typique des Varègues. D'ailleurs en ce temps d'Oleg la Russie kiévienne prend impulsion sur le commerce (qui prend racine de Novgorod vers Kiev) et cette politique guerrière qui consiste à obtenir des terres tout en protégeant les flancs de Kiev contre les peuples voisins et rivaux.
Oleg en protégeant le « fils » de Rurik comme héritier et prince et en lui confiant ensuite le pouvoir à Kiev lors de ses excursions militaires et ensuite sa succession, reprend le fameux héritage mythique de Rurik de la naissance de l'état Russe. La continuité est donc assurée et le mythe de Rurik vient confirmer la légitimité et la puissance du pouvoir établi à Kiev par Oleg. Sa politique habile lui donne le surnom du Très Sage.
En signant, en 911, un premier traité de paix avec un État civilisé, reconnu et puissant, la Russie kiévienne apparaît sur les cartes des états. Ce traité confirme également la puissance du commerce varègue, qui repousse les limites des axes de son commerce, et désormais le trône de Byzance devra tenir compte du Prince de Kiev dans sa politique étrangère. La naissance de la Russie kiévienne rappelle celle des États normands, édification étatique par une caste guerrière et commerçante, qui s'inscrit la grande dynamique de l'empreinte des Vikings en Europe.
Notes
- Orchestre, chœur d'hommes, un ténor et une basse. Durée environ 20 min. Peu joué.
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