Guerres perso-romaines

Guerres perso-romaines

La longue série de conflits entre le monde méditerranéen et le monde Perse forme une des plus longues séries d'affrontements régionaux de l'histoire. Aucune partie n'étant capable de dominer l'autre, ceux-ci ne prirent fin qu'avec les conquêtes musulmanes.

L'empire Perse lutte depuis le début du Ve siècle av. J.‑C. contre les Grecs, puis est vaincu par les Macédoniens d'Alexandre le Grand, dont la dynastie des Séleucides prend la suite.

Les guerres entre Romains et Perse commencent lorsque les Romains, après avoir conquis la Grèce, envahissent l'Asie mineure et entrent en contact avec les Parthes vers 100 av. J.-C.. En 64 av. J.-C., l'empire Séleucide s'éteint avec Antiochos XIII Asiaticus, détrôné par Pompée qui réduit la Syrie, dernier reliquat du royaume Séleucide, en province romaine. Les Parthes, occupant les territoires séleucides plus à l'est, deviennent le « concurrent » de l'empire romain dans l’est de la Méditerranée. La civilisation et la culture des Parthes semblent reprendre celles des Achéménides, particulièrement dans leur système religieux. Elle est aussi marquée par la présence d'importantes cités grecques en Mésopotamie. L’empire Parthe, organisé de manière peu autoritaire, prend fin en 224 ap. J.-C. Il laisse la place aux Sassanides qui continuent leur guerre avec les Romains. La guerre perdure avec l'Empire byzantin et prend fin avec la conquête musulmane.

L'est de la Syrie romaine, le nord-ouest de la Mésopotamie et le contrôle indirect de l'Arménie sont les principaux enjeux de ces affrontements, mais ils peuvent aussi surgir du désir de gloire du souverain de l'un ou l'autre empire. Malgré la récurrence des conflits, d'assez longues périodes de paix existent et les deux empires ont aussi des échanges pacifiques propices au développement d'un commerce à longue distance le long des routes de la soie en direction de l'Extrême-Orient.

Sommaire

Période partho-romaine

Les premiers contacts de Sylla à Pompée

Article connexe : Guerres de Mithridate.

Le royaume d'Arménie devient une puissance régionale majeure de -95 à 66 av. J.-C. avec le roi Tigrane II le Grand, mis sur le trône par les Parthes. Tigrane s'allie à son voisin Mithridate VI, le roi du Pont, et tente avec lui de s'emparer de la Cappadoce au cœur de l'Asie Mineure. Il déclenche ainsi la réaction des Romains qui interviennent sous la conduite de Lucius Cornelius Sylla.

Le traumatisme de la défaite de Crassus

En 53 av. J.-C., sur les conseils d'Abgar II Ariamnès, Crassus franchit l'Euphrate pour affronter les Parthes mais est vaincu à la bataille de Carrhes. Peu de jours après, il est tué au cours d'une entrevue avec le général parthe Suréna. Sa tête est ensuite envoyée au roi parthe, Orodès II. On a raconté qu'il mourut d'une façon peu orthodoxe : en effet, il était si cupide que Suréna lui aurait fait couler de l'or en fusion dans la bouche en lui disant « Rassasie-toi donc de ce métal dont tu es si avide ! »[1]. Son fils, Publius Crassus, est tué au cours de la même bataille.

Une guerre avortée : les projets de Jules César

L'action de Marc Antoine et l'invasion parthe de -40 à -38

Les évènements qui suivent la mort de Jules César en Orient sont bien attestés par de nombreux historiens antiques : Plutarque, Appien, Dion Cassius. Ils n'en sont pas moins très complexes : Rome est en effet plongé dans les guerres civiles et les rivalités politiques, alors que les Parthes doivent eux aussi, à plusieurs reprises, affronter des problèmes dynastiques sérieux.

Les liens qui s'étaient tissés entre les Parthes et les adversaires romains de César - suite à l'appel du pompéien Caecilius Bassus - ne se sont pas rompus avec la mort de César. Caius Cassius Longinus l'un des meneurs de la conjuration contre César cherche à s'appuyer sur les troupes de Syrie pour contrer les héritiers du dictateur défunt. Il y rassemble un nombre important de légions. En conséquence, il ravive l'alliance de son parti avec les Parthes en négociant avec Orodès II et obtient de lui des auxiliaires parthes qui font campagne aux côtés des républicains jusqu'à la bataille de Philippes en -42. Après la déroute, certains des chefs républicains cherchent donc un asile dans l'empire arsacide, c'est le cas du fils de Titus Labienus - le légat de César en Gaule - : Quintus Labienus. Ce dernier devient une importante personnalité de la cour du roi parthe et le pousse à entreprendre une action contre la Syrie.

En -40, Orodès II lance ses troupes contre la Syrie tandis que Labienus mène une armée contre l'Anatolie du sud, parvenant jusqu'aux portes de l'Asie Mineure, en Carie. L'équilibre de l'Orient romain est bouleversé. Les princes clients des petits royaumes se soumettent aux Parthes ou sont renversés : ainsi à Jérusalem, Antigone II Mattathiah renverse et chasse les fils d'Antipater, dont Hérode, qui s'enfuit à Rome. Des monnaies parthes célèbrent la prise de Gaza. Il s'agit là de la seule invasion parthe à grande échelle sur le territoire de l'empire romain. Les Parthes peuvent se présenter comme des souverains acceptables : l'exploitation des provinces par les gouverneurs, puis les guerres civiles ont en effet sérieusement entaché l'image du pouvoir romain tandis que Pacorus, le successeur d'Orodès peut passer pour juste et modéré. Marc Antoine se trouve alors à Alexandrie, aux côtés de la belle Cléopatre et décide la reprise en main des régions orientales. Ses meilleures légions sont cependant en Occident, bien loin de la menace parthe, et il lui faut aussi s'assurer du soutien d'Octave. Marc Antoine part donc pour l'Italie, confiant la défense de l'Orient à Publius Ventidius Bassus, militaire expérimenté. Bassus écrase Labienus puis Pacorus, roi associé à Orodès. Cette victoire a un écho important et est par la suite célébrée par bien des historiens romains : Salluste et Tacite par exemple. La frontière entre Rome et les Parthes est à nouveau sur l'Euphrate en -38.

De retour en Orient Marc Antoine rétablit l'ordre romain dans les royaumes clients, aidant ainsi Hérode à chasser les Parthes de Judée et à prendre le trône en -37. L'élimination des derniers pompéiens change aussi la physionomie du problème et clarifie les choses, la confrontation entre Rome et les Parthes peut désormais être vue comme le choc de deux empires. Le grand jeu qui s'ouvre alors entre ces deux puissances est cependant encore momentanément compliqué par la présence de l'Égypte de Cléopatre, toujours indépendante. Aux côtés de la souveraine lagide, Marc Antoine peut rêver à un empire romano-hellénistique tandis que la souveraine tente de monnayer son aide pour la campagne qui s'annonce contre les Parthes. Marc Antoine la prépare par une réorganisation administrative de l'Orient romain : redéfinition des limites des provinces et redistribution des royaumes clients, mesures que la propagande augustéenne pourra présenter plus tard comme le démembrement du pouvoir romain dans ces régions au profit de l'Égypte.

Marc Antoine profite aussi à ce moment des divisions internes du royaume parthe : Phraatès IV qui s'est proclamé roi à la mort de Pacorus est confronté à une fronde de nobles parthes qui font appel, à leur tour, à Marc Antoine. Ce revirement n'est cependant que très momentané et Phraatès IV sait refaire l'unité de ses sujets puis inflige, en -36, en Arménie une lourde défaite à Marc Antoine. Ce dernier consacre l'année suivante à refaire ses forces et à neutraliser les menaces politiques venues d'Occident : le passage de Sextus Pompée en Asie Mineure - qui propose ses services aux Parthes - et surtout les réticences d'Octave à lui envoyer des renforts. L'année -34 voit un rétablissement de la situation en Arménie : Artavazde II qui l'avait trahi est capturé avant d'être éliminé, son royaume passant momentanément sous un contrôle romain direct, tandis qu'une alliance est passée avec le roi voisin de la Médie Atropatène dans l'actuel Azerbaïdjan. Les frontières avec le royaume parthe sont stabilisées tant au nord que sur l'Euphrate.

Le conflit qui éclate alors entre Antoine et Octave fait que les Romains se détournent de projets militaires sur ces frontières. Dans le même temps Phraatès IV ne cherche pas à profiter de la situation et ne se montre pas agressif. Au terme de dix ans de conflits à plus ou moins grande intensité la situation revient à un statu quo méfiant, l'humiliation de la défaite de Crassus n'étant pas effacée pour les Romains. Malgré la réussite initiale de leur invasion les Parthes n'ont pas pu installer un pouvoir durable dans la zone d'influence romaine : l'invasion s'explique plus par la situation particulière de -40 et une tentative opportuniste que par une volonté expansionniste forte. De manière semblable, Rome n'a pas les moyens de se lancer dans de nouvelles conquêtes, et même si en -38 Marc Antoine peut rêver de conquête en Mésopotamie, il doit cependant vite déchanter. Avec la victoire d'Actium en -31, le pouvoir romain unifié sous les auspices du futur Auguste peut donc sembler contraint avant tout à rechercher une solution diplomatique : les deux empires doivent coexister.

Vers une coexistence pacifique : l'époque d'Auguste

Article connexe : Politique orientale d'Auguste.

La présence d'Auguste en Orient juste après la bataille d'Actium en 30 - 29 av. J.-C. et de 22 à 19 av. J.-C., ainsi que celle d'Agrippa en 23-21 av. J.-C. puis en 16-13 av. J.-C., démontrent l'importance accordée à ce secteur stratégique territoire romain. Il est nécessaire de parvenir à un modus vivendi avec les Parthes, l'unique puissance concurrente capable de menacer Rome en Asie Mineure. Les deux empires, conscients de ce qu'ils avaient plus à perdre d'une défaite que ce qu'ils ne pouvaient raisonnablement espérer gagner d'une victoire, parviennent, non sans frictions, à s'accorder sur les conditions d'une cohabitation et Auguste peut, tout au long de son principat, concentrer ses efforts militaires sur l'Europe, comme il le désirait.

Les Arsacides acceptent qu'à l'Ouest de l'Euphrate Rome organise de fait ses possessions et États clients à sa guise. Seul le royaume d'Arménie demeure, à cause de sa situation géographique, l'objet d'un contentieux, Rome et les Parthes cherchant continuellement à placer un roi acquis à leur cause sur le trône arménien, tout en évitant une confrontation directe l'un contre l'autre. La crainte mutuelle permet à cet équilibre de perdurer tout le long du principat d'Auguste.

Les campagnes de Gnaeus Domitius Corbulo (52-63)

Article détaillé : Campagne arméno-parthe de Corbulo.

Le contexte de l'affrontement

Carte de l'Empire parthe montrant la situation de l'Arménie, État tampon avec l'Empire romain

L'influence de Rome sera solide en Arménie jusqu'en 37, lorsqu'un candidat soutenu par les Parthes revendique le trône. Jusqu'en 54, coups de forces et luttes d'influence se succèdent pour le contrôle de l'Arménie. À cette date, le nouveau roi des Parthes, Vologèse Ier investit les deux capitales, Artaxate et Tigranocerte et met sur le trône son jeune frère Tiridate[2].

Au même moment, Claude meurt, et son beau-fils Néron devient empereur. L'incrustation des Parthes dans une zone que les Romains regardent comme faisant partie de leur sphère d'influence est considérée comme un test majeur des capacités du nouvel empereur. Aussi, Néron réagit vigoureusement, nomme Gnaeus Domitius Corbulo, commandant suprême en Orient et l'envoie dans les provinces de l'est régler le problème de l'Arménie[3].

Manœuvres diplomatiques et préparation militaire

Corbulo se voit confier le contrôle de deux provinces, la Cappadoce et la Galatie (l'actuelle Anatolie), avec autorité proprétoriale puis proconsulaire (imperium)[4]. Bien que la Galatie soit considérée comme un bon terrain de recrutement (région d'origine de la Legio XXII Deiotariana) et que la Cappadoce fournissait quelques unités d'auxiliaires romains, l'essentiel des forces disponibles provenait de Syrie, dont la moitié de la garnison de quatre légions et leurs auxiliaires sont placés sous son commandement[5].

Initialement, les Romains espèrent résoudre la situation par des moyens diplomatiques : Corbulo et Ummidius Quadratus, le gouverneur de Syrie, envoient des ambassades à Vologèse, lui proposant d'envoyer quleques otages, comme le voulait la coutume[6] Vologèses, lui-même préoccupé par la révolte de son fils Vardanès, et forcé de retirer ses troupes d'Arménie, les constitue prisonniers.

Une période d'inactivité s'ensuit, bien que la question arménienne reste en suspens. Corbulo utilise ce répit pour restaurer la discipline et améliorer la préparation au combat de ses troupes qui vivaient depuis longtemps dans les garnisons tranquilles de l'Orient[7]. D'après Tacite, Corbulo démobilise tous les légionnaires trop âgés ou affaiblis, maintient l'armée entière sous des tentes pendant l'hiver rude du plateau Anatolien pour les préparer à la neige d'Arménie, et fait respecter une discipline sévère, punissant de mort les déserteurs. Mais, il prend soin de rester présent au milieu des troupes et d'en partager la dure vie[8].

Cependant, Tiridate, appuyé par son frère, refuse de se rendre à Rome, et lance même des actions dans des opérations contre les Arméniens qu'il soupconne de loyauté à Rome[9]. La tension monte, et finalement, au début du printemps 58, la guerre éclate.

Offensive en Arménie

Après un certain délai, il passe à l'offensive. Corbulo a positionné un grand nombre de ses auxiliaires dans une ligne de forts proche de la frontière arménienne sous le commandement d'un primus pilus expérimenté, Paccius Orfitus. Désobéissant aux ordres de Corbulo, il utilise certains éléments de la cavalerie auxiliaire alae récemment arrivés pour lancer un raid contre les Arméniens, qui semblaient non préparés. Son raid est un échec, et les troupes en retraite sèment la panique dans les autres garnisons[10]. Ce n'est pas un début heureux pour la campagne, et Corbulo punit sévèrement les survivants et leurs commandants[10].

Royaume arménien en 150

En dépit de ce démarrage funeste, Corbulo est désormais prêt, ayant entraîné son armée pendant deux ans. Il a trois légions à disposition, les III Gallica et VI Ferrata de Syrie et la IV Scythica[11], leurs auxiliaires et les contingents alliés des rois orientaux comme Aristobule d'Arménie Mineure et Polémon II du Pont. La situation est encore plus favorable pour les Romains : Vologèse faisant face à une grave révolte des Hyrcaniens dans la région de la Mer Caspienne ainsi que les incursions des nomades Dahae et Sacae d'Asie centrale, et est incapable de venir en aide à son frère[9].

La guerre jusqu'alors a simplement donné lieu à des escarmouches le long de la frontière. Corbulo essaye de protéger les implantations arméniennes pro-romaines de toute agression, et en retour, lance des représailles sur les alliés des Parthes. Comme Tiridate évite toute confrontation directe, Corbulo divise ses forces, afin d'attaquer simultanément plusieurs places, et ordonne à ses alliés, les rois Antioche IV de Commagène et Pharsman Ier d'Ibérie, l'actuelle Géorgie, de lancer des attaques sur l'Arménie à partir de leurs propres territoires. En plus, une alliance est conclue avec les Moschoi, une tribu vivant dans l'Arménie orientale[9].

Tiridate réagit en envoyant des émissaires pour demander les raisons de cette attaque alors que des otages sont échangés. Corbulo renouvelle son exigence que Tiridate sollicite la reconnaissance de sa couronne auprès de l'empereur[9]. Finalement, les deux camps s'accordent sur une rencontre. Tous deux étaient supposés s'y rendre avec seulement 1 000 hommes, mais Corbulo, ne se fiant pas à Tiridate, décide de prendre avec lui non seulement la IV Ferrata, mais aussi la moitié de la III Gallica. Tiridate se rend au lieu convenu, mais apercevant les Romains en ordre de bataille, et lui-aussi méfiant, ne s'approche pas et s'enfuit pendant la nuit[12]. Il lance des raids sur les équipements de l'armée qui parviennent de Trapezus sur la mer Noire, mais sans effet car les Romains ont barré les routes de montagnes avec des fortins[13].

La chute d'Artaxata

Bas-Relief figurant un archer à cheval parthe. Palazzo Madam museum. Turin

Corbulo est convaincu de s'en prendre directement aux places fortes de Tiridate. Ce n'est pas seulement fondamental pour le contrôle des environs et afin de fournir des ressources financières et des soldats, mais en plus, une telle menace conduirait Tiridate à risquer une bataille rangée, car « un roi ne défendant pas les territoires qui lui sont loyaux [...] perdrait tout prestige »[14]. Corbulo et ses subordonnés réussissent à prendre par surprise trois de ses forts, dont Volandum, « le plus puissant de tous dans la province », en moins d'un jour au prix de pertes légères, massacrant leurs garnisons. Terrifiés par cette réussite, plusieurs villes et villages se rendent[15].

Tiridate est contraint d'affronter les Romains avec son armée, quand ils s'approchent de la capitale Artaxata. La colonne romaine, renforcée par un vexillation de la X Fretensis, marche en « carré », supportée par les cavaliers et les archers auxiliaires. Les Romains avancent sous l'ordre strict de ne pas rompre la formation, et malgré des attaques répétées et retraites feintes des archers parthes à cheval, ils tiennent jusqu'à la tombée de la nuit[16]. Pendant la nuit, Tiridate retire son armée, abandonnant sa capitale; ses habitants se rendent sans délai et peuvent s'enfuir sans mal, mais la ville est incendiée, les Romains ne pouvant laisser une garnison[17].

La chute de Tigranocerte

En 59, les Romains marchent en direction de Tigranocerte, la seconde capitale de l'Arménie[18]. L'armée souffre du manque de provisions, particulièrement d'eau, dans les terres arides du nord de la Mésopotamie, jusqu'à ce qu'ils atteignent une zone plus hospitalière près de Tiganocerte. Au même moment, un complot pour assassiner Corbulo est découvert, dans lequel des notables arméniens ralliés sont impliqués[19]. Frontin décrit l'épisode dans ses Stratagèmes: quand les Romains arrivent à Tigranocerte, ils lancent la tête tranchée de l'un des conspirateurs au-dessus des murailles. Par hasard, elle tombe au milieu de l'assemblée des notables de la ville qui décident une reddition immédiate, sauvant ainsi leur ville[20]. Peu après une tentative de l'armée parthe, commandée par Vologèse de pénétrer en Arménie est bloquée par les auxiliaires, sous le commandement de Verulanus Severus[21].

Les Romains contrôlent maintenant l'Arménie, et ils installent son nouveau roi, Tigrane VI, le dernier descendant des rois de Cappadoce. Des parties de la province sont aussi cédées à des vassaux romains. Corbulo laisse 1000 légionnaires, trois cohortes d'auxiliaires et deux alae de cavaliers (environ 3 à 4,000 hommes) pour soutenir le nouveau monarque, et rentre avec le reste de l'armée en Syrie, dont il a reçu le governorat (en 60) en récompense de ses succès[21].

La contre-attaque des Parthes

Les Romains sont conscients que leur victoire est fragile. Malgré sa réticence à s'attaquer à Rome, Vologèse est forcé d'agir quand en 61, Tigrane envahit l'Adiabène, une importante région du royaume de Parthie[22]. Il prépare son armée pour chasser Tigrane[23].

En réponse, Corbulo renvoie les légions IV Scythica et XII Fulminata en Arménie, pendant qu'il dispose ses trois autres légions (III Gallica, VI Ferrata and XV Apollinaris) pour fortifier la ligne des rives de l'Euphrate, craignant que les Parthes puissent envahir la Syrie. Au même moment, il implore Néron de nommer un légat pour la Cappadoce, avec la responsabilité de conduire la guerre en Arménie[24].

Le siège de Tigranocerte lancé par le contingent d'Adiabene échoue[25]. Corbulo adresse un plénipotentiaire à Vologèse[26] au même moment les Romains quittent l'Arménie suscitant d'après Tacite des suspicions sur les motifs réels de Corbulo[27] Il est convenu que les deux parties – les troupes romaines et parthes – doivent évacuer l'Arménie, que Tigrane doit être détrôné et le statut de Tiridate reconnu. Mais le gouvernement de Rome refuse ces arrangements. Aussi la guerre reprend au printemps 62[28].

Le légat pour la Cappadoce étant arrivé, dans la personne de Lucius Caesennius Paetus, le consul romain de l'année précédente (61), il reçoit l'ordre de régler la question en ramenant l'Arménie sous administration directe de Rome.

L'armée est divisée entre lui et Corbulo. Les IV Scythica et XII Fulminata, la V Macedonica nouvellement arrivée et les auxiliaires du Pont, de Galatie et de Cappadoce allant avec Paetus, pendant que Corbulo garde les III Gallica, VI Ferrata et X Fretensis. Du fait de leur compétition pour la gloire, les relations entre les deux commandants sont tendues dès le début[27]. Il est évident que Corbulo a conservé les légions avec qui il avait passé les dernières années en campagne et a laissé à son collègue les unités les moins aguerries[29]. Les forces romaines disponibles contre les Parthes sont considérables: les six légions seules comptaient près de 30 000 hommes. Le nombre exact et la disposition des unités d'auxiliaire n'est pas clair, mais il y a sept cavaleries alae et sept cohortes d'infanterie en Syrie uniquement, soit une force de 7 à 9000 hommes[30].

Pendant ce temps, la protection de la Syrie réclame toute l'attention de Corbulo. Il crée une flottille de combat équipée avec des catapultes, construit un pont sur l'Euphrate lui permettant de prendre pied sur la rive parthe. Aussi ils abandonnent leur visées sur la Syrie et se retournent vers l'Arménie.

En 62, Paetus subit une cuisante défaite à Rhandeia : il est encerclé avec ses deux légions. Corbulo, conscient du danger ne se met pas en route immédiatement au point d'être critiqué de le faire intentionnellement[31]. Quand l'appel au secours arrive, il part avec la moitié de ses troupes syriennes et regroupe les troupes dispersées de Paetus. Mais il ne peut empêcher la capitulation de Paetus[32] Le traité qu'il signe est humiliant pour Rome qui doit abandonner tout le territoire et ses troupes sont forcées de faire un triomphe à Vologèse[33].

Les deux forces romaines se rejoignent sur les rives de l'Euphrate, près de Melitene, au milieu des accusations réciproques[34]. Corbulo refuse de relancer une campagne en Arménie expliquant qu'il n'en n'a pas le mandat et que l'armée est en trop mauvaise condition. Paetus retourne alors en Cappadoce.

Le règlement de paix

Rome, en fait, ne semble pas au courant des évènements. Tacite note avec aigreur que par décret du Sénat « des trophées pour la guerre parthe et des arches [ont été] dressés sur le Capitole[35] ». Quelles que soient les illusions des dirigeants romains, elles sont balayées par l'arrivée de la délégation parthe au printemps 63. Leurs requêtes ainsi que les déclarations de l'escorte romaine font comprendre à Néron et au Sénat ce que Paetus a caché dans ses rapports et le désastre réel[36].

Les Romains décident qu'il vaut mieux « accepter une guerre dangereuse qu'une paix humiliante »; Paetus est rappelé et le commandement des troupes est alors à nouveau confié à Corbulo. Il devient en charge de la campagne d'Arménie, avec extraordinaire imperium qui le place au-dessus de tous les autres gouverneurs et clients en Orient. Son poste de gouverneur de Syrie est transmis à Gaius Cestius Gallus[36].

Corbulo réorganise ses forces, renvoyant les troupes défaites et humiliées de la IV Scythica et de la XII Fulminata en Syrie, laissant la X Fretensis en garnison en Cappadoce, et prenant la tête des légions de vétérans III Gallica et VI Ferrata à Melitene, où l'armée d'invasion doit se rassembler. Il y ajoute la V Macedonica, qui a hiverné au Pont sans être touchée par la défaite, et les troupes fraiches de la XV Apollinaris, ainsi qu'un grand nombre d'auxiliaires et contingents des clients[37]. En 63, à la tête de cette armée puissante, il traverse l'Euphrate et suit la route ouverte cent ans auparavant par Lucullus mais les deux Arsacides, Tiridate et Vologèse refusent de livrer bataille et négocient la paix.

Ils se réunissent à Rhandeia, Vologèse dépose sa couronne aux pieds de la statue de l'empereur, promettant de ne pas la reprendre jusqu'à ce qu'il la reçoive des mains de Néron lui-même à Rome. Cependant, même si les deux armées quittent l'Arménie, elle restent de facto sous contrôle parthe[38].

Vologèse entretient ensuite de très de bonnes relations avec Rome et propose même à Vespasien l’appui d’un corps de 40 000 cavaliers parthes lors de la guerre civile[39].

La guerre parthique de Trajan (112-116)

C'est l'une des crises de succession du trône arménien qui est, pour Trajan, le prétexte pour déclencher la guerre et mettre ses pas dans ceux d'Alexandre le Grand. Khosrô Ier a en effet placé à la tête de l'Arménie Parthamasiris, sans avoir l'agrément des Romains. Trajan considère qu'il s'agit là d'une remise en cause des accords datant de Néron et organise une campagne contre les Parthes en octobre 113. En 114, l'Arménie est prise, Parthamasiris s'enfuit et la transformation de son royaume en province est prévue. Puis Trajan opère en Mésopotamie en 114/115. En 116, l'Assyrie et la Babylonie sont conquises. Avec deux armées, Trajan atteint le littoral du golfe Persique.

La victoire est cependant de courte durée : le pays s'avère très difficile à tenir et les révoltes se multiplient dans les régions nouvellement conquises, notamment au sein des populations juives. La Babylonie est confiée à Parthamaspatès. La révolte s'étend encore en 117 : l'armée et l'empereur doivent se retirer de la Mésopotamie. Trajan meurt peu après (18 août 117) à Selinus en Cilicie (Turquie actuelle), ses conquêtes et ses projets sont abandonnés par son successeur Hadrien. Les Parthes toutefois ne retrouvent pas immédiatement une influence forte sur toute la Mésopotamie : la Characène ne leur est à nouveau soumise qu'en 150.

La guerre parthique de Lucius Verus (161-166)

L'Arménie conquise, enjeu de la guerre parthique de Lucius Verus (monnaie romaine de 163)

La guerre éclate à la suite d'un désaccord entre Parthes et Romains quant à l'Arménie. Le conflit semble avoir été préparé de longue date côté parthe, mais aussi du côté romain où des opérations militaires commencèrent en vue du conflit avant la mort d'Antonin le Pieux[40]. Si, dans un premier temps, les Romains subissent de lourdes pertes, le conflit se termine à leur avantage.

En 161, une offensive parthe sur l'Arménie, ordonnée par le souverain parthe Vologèse IV, vise à placer à la tête du petit royaume un souverain favorable à la dynastie Arsacide. L'armée romaine de Cappadoce menée par le sénateur d'origine gauloise Sedatius Severianus, gouverneur romain de Cappadoce, pénètre en Arménie pour rétablir le protectorat romain. Confiant dans sa victoire, qui lui a été promise par un oracle de Glycon, Sedatius subit pourtant une terrible défaite à Elegeia, et se suicide sur le champ de bataille. Les Parthes poussent leur avantage et mènent un raid sur la Syrie où l'armée provinciale romaine n'offre pas une grande résistance. Les Parthes installent un protectorat sur l'Osrohène dont la capitale était à Édesse.

Rome dirigée depuis peu par Marc Aurèle et Lucius Verus entame alors une forte mobilisation pour garantir une puissante contre-offensive. La décision est prise d'envoyer l'un des deux empereurs, Lucius Verus, sur le théâtre des opérations, à la fois pour une meilleure coordination mais aussi pour rassurer les provinciaux. Aussi son voyage vers l'Orient se fait-il lentement et dans le luxe, ce qui lui vaudra maintes critiques : mais c'était l'affirmation du pouvoir et du faste romain, la démonstration que son agenda échappait aux pressions externes.

Cela était d'autant plus possible que les déplacements de troupes avaient été plus rapides et que la direction pratique des opérations revenait à des sénateurs expérimentés rappelés depuis d'autres provinces où toute offensive militaire avait été gelée. C'est donc Statius Priscus qui supervisa la reprise en main des affaires par Rome. Outre les garnisons orientales (8 légions) il pouvait s'appuyer sur d'importantes troupes temporairement déplacées depuis l'Occident : la légion I Minervia depuis la Germanie inférieure, la légion II Adiutrix depuis la Pannonie, la légion V Macedonica depuis la Mésie, d'autres détachements légionnaires de Pannonie et des troupes auxiliaires régulières, comme l'ala milliaria contariorum ainsi que des troupes temporaires (recrutement de Spartiates...).

L'offensive romaine se développe à partir de 162 se concentrant d'abord sur l'Arménie. Statius Priscus place à la tête du royaume reconquis Sohaemus d'Arménie et installe une garnison dans la nouvelle capitale actuelle Etchmiadzin. En 163 le contrôle romain sur l'Arménie est à nouveau accompli, et Lucius Verus prend le titre d'Armeniacus. Les troupes romaines ont par ailleurs poussé leur offensive vers le Caucase et le long de la Mer Noire.

Les opérations romaines se tournent ensuite vers la Mésopotamie avec une chronologie plus difficile à établir. Par ailleurs Statius Priscus cède la place à des généraux plus jeunes qui se trouvaient jusqu'alors sous ses ordres : Avidius Cassius, Martius Verus. Lucius Verus semble avoir fait des propositions de paix aux Parthes, qui ne furent pas acceptées. Il s'est par ailleurs rendu sur le front, mais passe l'essentiel de son temps à Antioche au milieu d'une cour brillante et controversée. En 164 il part pour Éphèse où il épouse Lucille fille de Marc Aurèle, manière sans doute pour ce dernier de resserrer les liens avec un co-empereur qui semblait peut-être plus distant et commençait à recevoir la gloire des victoires de ses légats.

En 165 au plus tard les offensives romaines accomplissent une percée en Mésopotamie, rétablissant le protectorat romain en Osrohène puis investissant Doura Europos, et préparant une marche vers les grandes cités de la Mésopotamie parthe menée par Avidius Cassius. Fin 165, sans doute, Séleucie du Tigre se rend aux armées romaines et Ctésiphon sa voisine, capitale du Grand roi Parthe, est pillée et incendiée. La victoire est totale, elle sera célébrée dans tout l'empire comme le montre la Porte Noire de Besançon.

Néanmoins les Romains ne restent pas au cœur de la Mésopotamie : Séleucie du Tigre est pillée, et les troupes romaines entament leur retour vers la province de Syrie. Les difficiles conditions de ce retour accréditeront l'idée que la peste antonine s'est diffusée à partir de la prise de Séleucie du Tigre. Avidius Cassius d'origine syrienne gagne un prestige immense dans ces victoires. Les opérations romaines se portent encore sur le haut plateaux iranien, la Médie, sans doute au cours d'un raid destiné à menacer d'un peu plus près le cœur de l'empire Arsacide. Les empereurs romains peuvent alors prendre les surnoms de Parthicus maximus et Medicus : grand vainqueur des Parthes et vainqueur des Médes (166).

La guerre se termine dans l'été 166 : le contrôle romain s'est étendu jusqu'à Doura Europos, dans la vallée du haut-Euphrate et Vologèse IV n'est plus une menace. Les provinces d'Orient sont cependant confiées pour de longues années aux généraux les plus brillants de la guerre : Martius Verus en Cappadoce, Avidius Cassius en Syrie. Les menaces sont désormais sur le Danube et les légions déplacées retournent vers les provinces menacées par les Barbares : Dacie, Pannonie sous le commandement de légats qui s'étaient aussi illustrés en Orient, comme Claudius Fronto.

En octobre 166, Lucius Verus célèbre son triomphe à Rome.

Les campagnes de Septime Sévère (194-198)

Ruine d'Hatra, cité qui tint les troupes romaines de Septime Sévère en échec.

Suite à l'assassinat de Commode en 192 un guerre civile éclate entre Didius Julianus, Pescennius Niger et Septime Sévère. En Orient, Pescennius Niger, légat de Syrie, refuse d'acclamer Septime Sévère. Son armée le proclame empereur le 9 avril. Il est bientôt soutenu par l'Égypte. Il représente un triple danger: militaire car il possède 9 légions, économique grâce à l'appui de l'Égypte et diplomatique avec les appuis que lui proposent les souverains parthes. Septime Sévère réagit avec célérité, quitte Rome en juillet 193 et se déplace en Orient. Il assiège Byzance enlevée par Pescennius Niger (elle ne capitule qu'en 195 après deux ans de siège), puis remporte deux victoires sur son compétiteur à Cyzique, fin 193, puis à Nicée au début de 194. Il obtient alors le ralliement de l'Égypte, de l'Arabie et de la Syrie. La bataille décisive a lieu à Issus au printemps 194. Pescennius Niger se réfugie à Antioche, qui est bientôt investie par les troupes de Septime Sévère, et s'enfuit probablement vers le royaume parthe. Capturé il est exécuté.

La campagne de Caracalla (215-217)

La campagne décidée par Caracalla contre les Perses, amène l'empereur en Syrie en 215, mais elle n'est guère concluante. Tué à proximité de Carrhae en avril 217, le fils de Septime Sévère est remplacé par Macrin, son préfet du prétoire. Macrin tente de poursuivre les campagnes de Caracalla et dirige l'empire depuis Antioche.

Période sassano-romaine

Campagnes de Shapur Ier (240 - 261)

La guerre entre les Sassanides et les Romains commence dès avant le milieu du IIIe siècle suite à la renaissance de la Perse sous Ardashir.

Le fils d'Ardashir, Shapur Ier, continue l'expansion de l'empire en conquérant la Bactriane et la partie ouest de l'empire Koushan tout en menant plusieurs campagnes contre Rome en envahissant la Mésopotamie romaine. Battu à Rhesaina (Syrie) en 243, il doit abandonner ces territoires mais l'année suivante, l'empereur romain Gordien III est battu à Misiche, puis assassiné par ses propres troupes. Shapour conclut alors un avantageux traité de paix avec le nouvel empereur, Philippe l'Arabe, pour reprendre ensuite le combat en 252 et battre les Romains à Barbalissos, lesquels, sous l'empereur Valerien, connurent une désastreuse défaite entre Carrhes (Harran) et Édessa (Şanlıurfa) en 260. Shapour capture Valérien qui demeure prisonnier à vie et immortalise ce triomphe en faisant graver la scène à Naqsh-e Rostam, et aussi à Bishapour, dans une version plus élaborée. Ce site contient quatre tombeaux de la dynastie Achéménide et sept des Sassanides. En 261, il pénètre en Anatolie, mais subit une défaite des Romains et d'Odenat, leur allié de Palmyre, perd son harem et tous les territoires romains qu'il avait conquis[41].

Trève (297 - 337)

Lorsque celui-ci meurt, ses successeurs immédiats n'ont que de courts règnes et la menace diminue. La région passe alors sous le commandement de nobles de Palmyre qui organisent la défense locale de l'empire. L'empereur Aurélien ramène la province de Syrie dans le giron de l'empire en 272. En 283, Carus mène de brillantes campagnes contre les Perses mais meurt après avoir pris Ctésiphon et Séleucie du Tigre.

Sous le règne de Bahram II, Ctesiphon, la capitale, est mise à sac par l'empereur romain Carus et la majeure partie de l'Arménie, après un demi-siècle de domination perse est cédée à Dioclétien[42]. Narseh, le successeur, livre une autre guerre avec les Romains et est battu en Arménie en 298. Les Sassanides doivent alors céder cinq provinces à l'est du Tigre et renoncer à leurs prétentions en Arménie et Géorgie[43]. Narseh cède son trône en 301 et meurt en 302. Son fils, Hormizd II mate les révoltes au Sistan et au Kushan mais doit céder devant la noblesse. Il est tué par des Bédouins en 309.

Constantin Ier le Grand fonde en 325 sa nouvelle capitale, Constantinople aux portes de l'Orient afin de mieux surveiller le nouveau royaume.

Campagnes de Shapur II (337 - 363)

Campagne de Julien en 363

En 337, juste avant la mort de l'empereur Constantin Ier, Shapur II brise le traité de paix conclu en 297 entre Narseh et l'empereur Dioclétien, qui avait été respecté pendant quarante ans. Un conflit d'une durée de vingt-six ans commence alors en deux séries de guerres, la première ayant lieu de 337 à 350. Shapur II tente de conquérir, avec des succès variés, les grandes forteresses de la Mésopotamie romaine: Singara, Nisibis (qu'il attaque trois fois en vain) et Amida (Diyarbakir).

L'empereur romain Constance II est toujours vaincu sur le champ de bataille. Malgré tout, Shapur II ne fait presque aucun progrès; le pouvoir militaire de son royaume n'étan pas suffisant pour une occupation durable des territoires conquis. En même temps, il est attaqué à l'est par des tribus nomades, parmi lesquelles sont cités les Chionites. Après une lutte prolongée (353–358), ils sont forcés de conclure un traité de paix, et leur roi, Grumbates, accompagne Shapur II dans sa guerre contre les Romains.

En 358, Shapur II est prêt pour entamer la deuxième série des guerres contre Rome, qui connaissent un succès plus grand. En 359, Shapur II conquiert Amida après un siège de soixante-treize jours, et il prend Singara et d'autres forteresses l'année suivante (360). En 363, l'empereur Julien, à la tête d'une forte armée, s'avance jusqu'à la capitale de Shapur, Ctésiphon et bat une armée sassanide supérieure à la bataille de Ctésiphon, mais est mortellement blessé au cours de sa retraite. Son successeur Jovien (363–364) conclut une paix ignominieuse, par laquelle les districts du Tigre et Nisibis (un total de cinq provinces romaines) étaient donnés aux Perses, et les Romains promirent de ne plus interférer en Arménie. Ce grand succès est représenté par des sculptures dans la roche non loin de la ville de Bishapur en Perse[44]; sous les sabots du cheval du roi gît le corps d'un ennemi, probablement Julien et un romain suppliant, l'empereur Jovien, demande la paix.

Shapur II envahit alors l'Arménie, où il fait prisonnier le roi Arshak II, fidèle allié des Romains, pour trahison et le fait ensuite mettre à mort.

La Perse demeure ensuite relativement en paix avec les Romains et en 395 l'empire romain est définitivement divisé entre empire romain d'occident et d'orient.

Période sassano-byzantine

Campagnes de Vahram V (420 - 422)

Les persécutions contre les chrétiens s'intensifie au début du Ve siècle et sous Vahram V de nombreux chrétiens se réfugient dans l'empire romain d'Orient. Varham V demande que les fugitifs lui soient livrés mais Théodose II refuse, et la guerre est déclarée dès 420. Elle débute par plusieurs défaites perses et de nombreux prisonniers tombent aux mains des Romains d’Orient qui s’avancent jusqu’à la province d’Azarène et la ravagent. Puis, les Romains d’Orient assiège Nisibis en Mésopotamie. Vahram décide de porter le gros de ses troupes sur cette ville. En dépit du nombre, les Perses (et de nombreux Turcs achetés) sont sévèrement défaits.

Lors d’un combat singulier fréquent dans la tradition sassanide, il oppose son champion à un Goth romanisé qui le tue. Vahram doit alors demander la paix. Elle est signée en 422 avec Théodose II pour cent ans et les chrétiens ont à nouveau la liberté de culte (en contrepartie, les zoroastriens aussi dans l’empire romain).

Campagnes de Yazdgard II (438 - 441)

Au début de son règne, Yazdgard II attaque rapidement l'Empire romain d'orient avec une armée composée de diverses nations, dont ses alliés indiens, afin d'éliminer la menace d'une reconstruction romaine — les Romains avaient construit des fortifications dans le territoire perse voisin de Carrhae — en anticipation des expéditions qui seraient faites. Les Romains sont pris par surprise et seule une forte inondation empêche les Perses d'avancer plus loin en territoire romain. L'empereur byzantin Théodose II (408–450) demande la paix et envoie personnellement son commandant au camp de Yazdgard II. Dans les négociations qui suivent en 441, les deux empires promettent de ne plus construire de fortifications dans les territoires frontaliers. Yazdgard II, bien qu'ayant l'avantage à ce moment-là, ne fait pas de demandes supplémentaires aux Romains à cause d'incursions des Kidarites en Parthie et en Chorasmie.

Khosro Ier et Khosro II (531 - 628)

Frontière entre l'empire byzantin et les Sassanides à la mort de Justinien en 565

Au début de son règne, Khosro Ier conclut une paix éternelle avec l'empereur byzantin Justinien (527–565), qui voulait avoir les mains libres pour la conquête de l'Afrique et de la Sicile. Mais ses succès contre les Vandales et les Goths causèrent la reprise de la guerre par Khosro en 540.

Il envahit la Syrie et ramène les habitants d'Antioche jusqu'à sa résidence et leur construit une ville à côté de Ctésiphon sous le nom de Khosrau-Antioche ou Chosro-Antioche. Pendant les années suivantes, il combat successivement en Lazique ou Lazistan (l'ancienne Colchide) durant la guerre lazique, sur la mer Noire et en Mésopotamie.

Les Byzantins, bien que menés par Bélisaire, ne peuvent pas grand chose contre lui. En 545, un armistice est conclu, mais la guerre Lazique continue jusqu'en 557. À la fin, en 562, une paix est conclue pour cinquante ans, dans laquelle les Perses laissent la Lazique aux Romains, et promettent de ne pas persécuter les chrétiens, à condition que ceux-ci n'essaient pas de faire du prosélytisme auprès des zoroastriens; à l'inverse, les Romains doivent encore payer des tributs à la Perse.

Références

  1. Dion Cassius, Histoire romaine livre XL, 26-27
  2. Tacite, Annales XII.50-51
  3. Tacite, Annales XIII.6
  4. Goldsworthy (2007), p. 309
  5. Tacite, Annales XIII.8
  6. Tacite, Annales XIII.9
  7. Goldsworthy (2007), p. 311
  8. Tacite, Annales XIII.35
  9. a, b, c et d Tacite, Annales XIII.37
  10. a et b Tacite, Annales XIII.36
  11. Goldsworthy (2007), p. 312
  12. Tacite, Annales XIII.38-39
  13. Goldsworthy (2007), p. 314
  14. Goldsworthy (2007), p. 315
  15. Tacite, Annales XIII.39
  16. Tacite, Annales XIII.40
  17. Tacite, Annales XIII.41
  18. Tacite, Annales XIV.23
  19. Tacite, Annales XIV.24
  20. Frontin, Strategemata, II.9.5 sur le site LacusCurtius.
  21. a et b Tacitus, Annales XIV.26
  22. Tacite, Annales XV.1
  23. Tacite, Annales XV.2
  24. Goldsworthy (2007), pp. 318-319
  25. Tacitus, Annales XV.4
  26. Tacite, Annales XV.5
  27. a et b Tacitus, Annales XV.6
  28. Tacitus, Annales XV.7
  29. Goldsworthy (2007), p. 320
  30. Sartre (2005), p. 61
  31. Tacite, Annales XV.10
  32. Tacite, Annales XV.13-14
  33. Cassius Dion, Historia Romana LXII.21 sur le site LacusCurtius.
  34. Tacite, Annales XV.16
  35. Tacite, Annales XV.18
  36. a et b Tacitus, Annales XV.25
  37. Tacite, Annales XV.26
  38. Tacitus, Annales XV.17
  39. Tacite, Histoires, Livre IV, chapitre 51.
  40. Peter Weiss, « Militärdiplome und Reichsgeschichte: Der Konsulat des L. Neratius Proculus und die Vorgeschichte des Partherkriegs unter Marc Aurel und Lucius Verus », dans R. Haensch et J. Heinrichs éd., Herrschen und Verwalten. Der Alltag der römischen Administration in der Hohen Kaiserzeit, Cologne, 2007, p.  160-172.
  41. Lactantius, De Mortibus persecutorum;Frye(1993), 126
  42. Zarinkoob(1999),199
  43. Zarinkoob, (1999), 200
  44. Stolze, Persepolis, p. 141

Bibliographie

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  • Henning Börm: Prokop und die Perser. Untersuchungen zu den römisch-sasanidischen Kontakten in der ausgehenden Spätantike. Stuttgart 2007, (ISBN 978-3-515-09052-0).
  • Averil Cameron u. a. (eds.): The Cambridge Ancient History. Bd. 12–14, Cambridge Uni. Press, Cambridge 1998–2005.
  • Beate Dignas - Engelbert Winter: Rome and Persia in Late Antiquity. Neighbours and rivals, Cambridge 2007.
  • Geoffrey B. Greatrex: Rome and Persia at War, 502–532. Cairns, Leeds 1998, (ISBN 0-905205-93-6).
  • Geoffrey B. Greatrex: Byzantium and the East in the Sixth Century. In: Michael Maas (ed.), The Cambridge Companion to the Age of Justinian. Cambridge Uni. Press, Cambridge 2005, S. 477–509, (ISBN 0-521-81746-3) (knappe Zusammenfassung der römisch persischen Beziehungen im 6. Jahrhundert mit Hinweisen auf die aktuelle Literatur).
  • James Howard-Johnston: East Rome, Sasanian Persia and the End of Antiquity: Historiographical and Historical Studies (Collected Studies). Aldershot 2006, (ISBN 0860789926).
  • Walter E. Kaegi: Heraclius – Emperor of Byzantium. Cambridge Uni. Press, Cambridge 2003, (ISBN 0521814596).
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  • Fergus Millar: The Roman Near East, 31 B.C.–A.D. 337. Cambridge/Massachusetts, 1993.
  • Stephen Mitchell: A History of the Later Roman Empire. AD 284 – 641. Blackwell, London, 2006, (ISBN 1-40510-856-8).
  • David S. Potter: The Roman Empire at Bay. Routledge, Londres et New York, 2004, (ISBN 0-415-10057-7).
  • Klaus Schippmann: Grundzüge der Geschichte des sasanidischen Reiches., Darmstadt 1990, (ISBN 3-534-07826-8).
  • Andre Verstandig: Histoire de l'Empire parthe, Bruxelles, 2001.
  • Michael Whitby: The Emperor Maurice and his Historian – Theophylact Simocatta on Persian and Balkan Warfare. Oxford, 1988.

Voir aussi


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