- Triomphe romain
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Le triomphe – en latin triumphus – était une cérémonie romaine au cours de laquelle un général vainqueur défilait dans Rome à la tête de ses troupes. À défaut de ce triomphe majeur, un général vainqueur pouvait recevoir une ovatio (ovation)[1]. À partir d'Auguste, le triomphe est réservé à l'empereur et à la famille impériale.
Sommaire
Récompense au vainqueur
Ce défilé était attribué par le Sénat romain, et constituait une récompense pour le général victorieux[1]. Il pouvait avoir lieu longtemps après sa campagne (comme celui de Jules César pour sa conquête des Gaules, achevée en 51 av. J.-C., et célébré en 46 av. J.-C.). Un des critères importants était le butin rapporté, mais il ne pouvait y avoir de triomphe si l'ager romanus, le territoire de la République, n'avait pas été augmenté. Le général vainqueur devait également avoir détenu l’imperium (comme consul, dictateur, ou préteur). Enfin, le général en chef (dux) devait ramener son armée à Rome, ce qui signifiait que la guerre était finie, l’ennemi vaincu et Rome en sécurité.
En principe, on ne pouvait pas triompher pour une victoire remportée contre d'autres Romains. Les triomphes de César en - 46, d'Octave-Auguste après la victoire d'Actium sur Marc Antoine et Cléopâtre VII, de Vespasien et Titus en 71, de Constantin Ier après la défaite de Maxence à la bataille du pont Milvius ne sont toutefois pas dénués d'un double-sens. Si seule leur victoire contre les ennemis extérieurs y était officiellement célébrée, ces triomphes marquaient aussi la fin de guerres civiles qu'ils avaient remportées.
On ne pouvait non plus triompher que d'autres hommes libres. Crassus, vainqueur de la révolte servile de Spartacus, fut ainsi amèrement frustré des honneurs du triomphe, et dut se contenter de l'ovation.
Il existait plusieurs sortes de triomphes, le plus important étant le triomphe curule. Tout général ayant obtenu le triomphe avait le droit de porter une toge particulière, la toga picta.
À partir du principat d'Auguste, le triomphe devient réservé à l'empereur seul, et à sa famille. Les généraux victorieux doivent alors se contenter de l'ovatio ou des ornements triomphaux.
Il n'était pas nécessaire à un empereur d'avoir combattu en personne pour obtenir le triomphe. En treize ans de règne, sans avoir jamais commandé personnellement une armée, l'empereur Claude (41-54) obtint le triomphe à plusieurs reprises, pour les victoires remportées par ses généraux.
Le défilé : cérémonie de retour à la vie civile
Le parcours du cortège est immuable, considéré comme un retour à la vie civile des soldats citoyens[2]. En franchissant le pomœrium, le général vainqueur abandonne son pouvoir de commandement militaire (imperium), symbole de son retour à sa condition de simple citoyen. Partant du Champ de Mars[1], où les légionnaires déposaient les armes, se détournant symboliquement du dieu de la guerre, le cortège triomphal passait au Circus Maximus, sur le Palatin, empruntait la Via Sacra (Voie sacrée) et se terminait sur le Capitole, où le général vainqueur se purifiait des souillures du sang. Il y sacrifiait lui-même des bœufs à Jupiter Capitolin, Optimus et Maximus (le plus grand et le meilleur).
Le cortège du triomphe commence par le défilé de chars de butin (œuvres d'art, monnaies et armes). Puis viennent les membres du Sénat, suivis des chefs vaincus et leurs familles. Le défilé se poursuit avec le char triomphal, tiré par quatre chevaux blancs, sur lequel le général vainqueur (imperator), le visage peint au minium comme celui de la statue de Jupiter Capitolin, couronné de laurier (symbole de victoire), passe au milieu des acclamations du public. Les légionnaires, sans armes (le défilé avait lieu à l'intérieur du pomœrium), couronnés de lauriers et de chêne, suivaient.
Au cours de cette cérémonie, tout est mis en œuvre pour rappeler à la fois au vainqueur qu'il revient à l'anonymat du citoyen ordinaire, et à la Ville qu'elle a conforté sa puissance. D'un côté, dans le chant triomphal des soldats, le général était moqué et tourné en ridicule pour éviter l'hybris et la jalousie des dieux. L'esclave tenant au-dessus de la tête du triomphateur la couronne de laurier lui répétait des formules l'appelant à la modestie comme cave ne cadas, « prends garde de ne pas tomber ! » ou Memento mori (souviens-toi que tu es mortel). De l'autre, le défilé des pancartes récapitulant les conquêtes, représentait la maîtrise de Rome sur le monde. Les citoyens désirant assister à un triomphe devaient porter obligatoirement la toge, afin de conférer plus de solennité à cette cérémonie.
Pour parachever le triomphe, un monument est parfois érigé : c’est l’origine de l’arc de Titus et de l’arc de Constantin, près du Colisée, ou du Trophée de Trajan.
Triomphes célèbres
Un triomphe célèbre est celui qui au retour de la Deuxième guerre de Macédoine voit le trésor des Macédoniens, qui est ce qui subsiste d’une part du trésor pris aux Perses par Alexandre le Grand un siècle et demi plus tôt, défiler pendant plusieurs jours.
En 61 avant J.-C., la lenteur délibérée du Sénat à faire se tenir son triomphe froissa Pompée le Grand, et contribua au rapprochement de ce dernier avec Crassus et César (conclusion du premier triumvirat, - 60).
On peut également signaler le quintuple triomphe de César pour ses victoires sur les Gaules, l'Afrique, le Pont, l'Égypte et la Palestine, qui s'étala de 46 à 45 av. J.-C., au cours desquels il offrit des festins somptueux aux habitants de Rome. Parmi les captifs à défiler derrière son char, se trouvaient la sœur de Cléopâtre, Arsinoé, et le chef de la rébellion gauloise de - 52, Vercingétorix, qui fut mis à mort au Tullianum selon la coutume, peu avant la fin de la cérémonie.
Le dernier triomphe célébré a été celui de Bélisaire pour sa victoire sur les Vandales[1].
Annexes
Notes et références
- (fr)Les triomphes sur www.cosmovisions.com. Consulté le 23 novembre 2010.
- (fr)Le triomphe romain sur faustula.free.fr. Consulté le 23 novembre 2010.
Bibliographie
- Jean-Luc Bastien, Le triomphe romain et son utilisation politique à Rome aux trois derniers siècles de la République, Rome, École française de Rome, décembre 2007, 482 pages.
Voir aussi
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