- Chronologie de la Dacie
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Ceci est une chronologie des évènements relatifs à la Dacie et aux Daces.
Sommaire
Avant les Daces
Avant des Daces, qui sont des Indo-Européens classés (dès Hérodote) parmi les peuples Thraces, de nombreuses cultures, déjà agricoles dès 4500 avant notre ère, se sont épanouies dans le bassin du bas-Danube. Elles sont généralement associées aux populations mal identifiées, mais appelées par commodité Pélasges, (Πελασγοί)[1], différenciées en Pélasges vinciens ou Vinciens, auteurs de la Culture de Vinča, dans la future Dacie et l'actuelle Serbie, et en Pélasges diminiens, auteurs de la Culture de Dimini, dans le reste des Balkans[2]. Parmi les trouvailles archéologiques, nous avons:
- -6000 : une cognée, appartenant à la culture dite Starčevo-Criș
- -5000 : une mine, appartenant également à la culture Starčevo-Criș (Yougoslavie)
- -4500 : plusieurs objets portant de signes répétitifs qui pourraient être l'écriture la plus ancienne au monde, 1000 ans avant celle de Sumer.
- -4500 : de nombreux objets d'art, dont les statuettes des « penseurs » de Hamangia.
Avant Burebista
- De 2400-1700 avant notre ère, à la fin du néolithique, des peuples d'origine indo-européenne s'installent sur plus ou moins le territoire de la Dacie, en même temps que dans le reste de l'Europe. Ces peuples, que Hérodote classe parmi les Thraces, sont dits Gètes par les Grecs (Γετοί) et Daces par les Romains (Daci). Les détails de leur arrivée sont controversés, mais la plupart des auteurs s'accordent maintenant à penser qu'il ne s'est pas agi d'une simple conquête avec disparition d'une population au profit d'une autre, mais d'une lente assimilation des populations antérieures par les nouveaux venus, comme ailleurs en Europe (Ligures ou Ibères assimilés par les Celtes, Villanoviens assimilés par des Lydiens pour former les Étrusques, Étrusques assimilés par les Latins pour former les Romains, Celtes assimilés par les Romains pour former les Gallo-Romains, Gallo-Romains assimilés par les Francs pour former les Français, et ainsi de suite...).
- entre 1800 et 1200 avant notre ère, début du culte de Gabeleisos, demiurge et architecte de l'univers.
- datant de 1700-1200 avant notre ère, plusieurs trésors de l'époque thraco-gète, dont des objets d'or et d'argent,
- de 800 à 500 avant notre ère, une partie des Scythes se déplace vers l'ouest et s'intègre aux Gètes qui, à leur tour, diffusent vers le nord, l'ouest et le sud, comme on le voit sur les cartes de Ptolémée. A la même époque, qui voit une péjoration climatique dans toute l'Europe, avec abandon de nombreux sites et migrations, différentes populations celtiques, germaniques, illyriennes, italo-villanoviennes s'installent également dans la région : en Dacie, les celtes sont des Scordices (en Transylvanie et le long du Danube), tandis que les Bastarnes (dans l'actuelle Moldavie) sont des celto-germains.
- en 753 avant notre ère, fondation de Rome.
- l'an 713 avant notre ère marque le début du calendrier dace. Un prophète de Gabeleisos, du nom de Zalmoxis, aurait vécu à cette époque. Cependant, le nom de Zalmoxis a été porté par de nombreux chefs spirituels (des "Polistes", tandis que les chefs temporels étaient des "Tarabostes" et les simples citoyens, des "Comates" ou "chevelus"). L'un de ces "Polistes", selon Hérodote, aurait été initié pythagoricien et aurait ensuite regagné la Dacie, où il aurait été fort considéré, récit qui confirme la forte influence grecque sur la Dacie due à l'installation des colonies grecques vers 700-600 avant notre ère sur la mer Noire (alors Pont-Euxin).
- vers 500-300 avant notre ère, les relations entre Daces et Grecs sont à l'apogée. Les Daces leur proposent du blé, du miel, des cires, des peaux, des fourrures, du bois. Les Grecs leur offrent bijoux, céramiques, tissus fins, parfums, huiles, vin.
- vers 400 avant notre ère, Hérodote relate l'attaque des Perses sur le Danube, et les déplacements de populations consécutives (de nombreux Thraces du sud passent au nord du fleuve).
- En 335 avant notre ère, Alexandre le Grand s'attaque à son tour aux Daces en traversant le Danube, où il rencontre 4000 Tarabostes à cheval et 10.000 Comates à pied. Il voit des champs cultivés partout. Il revient avec un important butin provenant d'une seule ville (Sacidava), ce qui montre le développement et la richesse des Gètes/Daces.
- En 148 avant notre ère, la Macédoine est transformée en province romaine et les Daces montent des expéditions au sud du Danube pour piller les possessions romaines.
- En 112-109 avant notre ère, nombreux heurts avec les Bastarnes et les Romains.
- En 74 avant notre ère, les Daces prêtent main-forte aux Scordices et aux Dardanes de Mésie en lutte contre Rome.
De Burebista à Décébale
- En 60 avant notre ère, le roi Burebista unit les tribus daces en créant un état puissant sur le bas-Danube et la Mer Noire. Il réorganise efficacement l'armée, confirme les privilèges des Polistes et des Tarabostes, mais aussi les libertés des Comates, et raffermit ainsi le moral du peuple. Burebista resserre ses liens avec les cités grecques et passe alliance avec le roi Mithridate du Pont. On construit la grande cité de Sarmizegetusa, capitale du royaume, avec plus de 40 terrasses, des fortifications pour la défense et des centres cultuels, dont un observatoire astronomique/calendrier.
- En 60-59 avant notre ère, Burebista gagne toutes les batailles contre les Bastarnes, des Celtes menaçant la Dacie depuis le nord-ouest. Il rassemble ensuite une armée de plus de 200 000 hommes, et offre ses services à pour participer à Pompée dans sa guerre contre César. Les Bastarnae et les Boii sont conquis, les villes grecques d'Olbia (dans l'actuelle Ukraine) et d'Apollonia (dans l'actuelle Bulgarie) sur le Pont-Euxin tombent entre les mains de Burebista. Le royaume atteint sa plus grande extensions, couvrant les actuelles Hongrie orientale, Roumanie, Moldavie, Ukraine occidentale, Serbie et Bulgarie septentrionales.
- En 44 avant notre ère, Jules César projette de mener une expédition contre les Daces, à la fois parce qu'ils avaient soutenu Pompée, et parce qu'ils ravageaient régulièrement les provinces romaines au sud du Danube. L'attaque contre la Dacie est annulée lorsque César est assassiné.
- La même année, Burebista lui aussi est assassiné, pour les mêmes raisons que César: un pouvoir jugé excessif par l'aristocratie patricienne (Tarabostes). Le royaume est alors divisé en quatre (ou cinq, selon les sources) parties, chacune sous l'autorité d'un roi différent. L'un d'eux est Cotiso, dont Auguste aurait souhaité épouser la fille, et qu'il aurait fiancé à sa propre fille de 5 ans, Julia. Cotiso apparaît dans Horace (« Occidit Daci Cotisonis agmen », Odes, III. 8. 18) - qui, puisque l'ode est datée du 1er mars 29, fait probablement référence à la campagne de Marcus Crassus (30 av. J.-C.-28 av. J.-C.), plutôt qu'à celle de Cornelius Lentulus, consul seulement en 18 av. J.-C..
- La conquête par les Romains de la Mésie, terminée en 15 de notre ère, isole le royaume dace de la Thrace, et met en contact direct les Daces et l’Empire romain. Auguste déclare que les Daces ont reconnu la suprématie de Rome (Auguste, Res Gestae, chapitre 30), ce qui ne signifie pas qu’ils soient tous soumis pour autant.
- En 69 de notre ère, profitant des troubles à Rome (pendant l'année des quatre empereurs), les Sarmates Roxolans envahissent et pillent la Mésie, tandis que les Daces s’emparent des quartiers d'hiver des unités romaines de la rive sud du Danube. Le gouverneur de Mésie et le général romain Mucien rétablissent l’ordre romain (Tacite, Histoires, livre I, 79, livre III, 49).
La Dacie, province romaine
En fait seul le sud-ouest du pays, où l'on trouvait alors en abondance du sel, de l'or, des métaux et du bois, sera intégré pour 170 ans à l'Empire romain : le reste sauvegarde sa liberté, avec les tribus des Tyrgètes, des Costoboces et des Carpiens (les "rocailleux", qui ont donné leur nom aux Carpates).
- De 85 à 92 de notre ère, les Daces mènent deux guerres contre les Romains, sous le règne de l’empereur Domitien, et des rois daces Douros ou Diourpanaeos (Diurpanée), et de leur successeur Décébale. Lors de la première guerre de 85 à 89, les Romains subissent plusieurs revers : le légat consulaire Oppius Sabinus fut battu et le préfet du prétoire Cornélius Fuscus périt au combat (Suétone, Vie des douze Césars, Domitien, VI). Tettius Iulianus reprend l’avantage en 88, mais les Quades et les Marcomans, des Germains, attaquent à leur tour les Romains, les obligeant à une paix provisoire en 89. Décébale restitue les armes et une partie des prisonniers romains, cherchant la paix, mais reste puissant et menaçant.
- En 101-102 de notre ère, pour mettre fin à ces menaces, mais aussi pour s'emparer des ressources de la Dacie et surtout de l'or, l'empereur Trajan mène une première campagne (101 - 102) et un long siège de la capitale dace Sarmizegetusa, occupant une partie du pays. L’expédition a été longuement préparée : percement d’une route à travers la montagne, creusement d’un canal pour contourner les rapides du Danube aux Portes de Fer... Pour assoiffer la capitale, les sapeurs Romains cherchent les adductions d'eau en tuyaux de tuiles, approvisionnant secrètement la cité. Ils en bloquent quelques-unes, ais ils ne les trouvent pas toutes, et la capitale résiste.
- En 105-106 de notre ère, l'histoire de cette guerre est relatée dans Dion Cassius. L'architecte Apollodore de Damas construit un pont sur le Danube, de vingt piliers en pierre, long de 1,2 km à Drobeta (entre 103 et 105). Face à la supériorité romaine, le suicide de Décébale pour ne pas avoir à subir une capture humiliante, et pour permettre à ses Tarabostes de négocier une paix pas trop dure, marque la fin de la Dacie antique et le début de la province romaine de Dacie. Sa tête et sa main droite sont apportées à Trajan en guise de trophées de guerre, et la victoire est célébrée avec faste à Rome. En l'honneur de ces victoires au nord Danube, Trajan fait alors ériger deux monuments : la Colonne Trajane à Rome et le Tropaeum Traiani dans la localité d'Adamclisi en Dobrogée. En outre, Trajan, dans son Forum, fit ériger des statues de prisonniers daces illustres (des Tarabostes, généraux de Décébale), qui se trouvent actuellement au sommet des colonnes de l'Arc de Constantin, ultérieur.
- vers 136 de notre ère, les Daces intégrés dans l'armée romaine combattent sous leurs propres enseignes (comme auxiliaires), utilisant leur dragon qu'ils emportent partout. Ils utilisent leur propre technique de combat et l'on estime le nombre de Daces dans l'armée romaine à plus de 10.000 dans les guerres contre les Perses.
- entre 106-256 de notre ère en Dacie, et entre 15 et 580 en Mésie, une romanisation soutenue se met en place au nord de la ligne Jireček, par le mélange de populations d'origines et de langues diverses, par le commerce, l'administration et la construction de routes et de fortifications : le latin populaire devient lingua franca et cela donne naissance aux Thraco-Romains, appelés aussi Romains orientaux. Cependant, les possessions romaines sont souvent attaquées par les Daces libres (Carpiens, Costoboces, Tyrgètes) ainsi que par les Sarmates Roxolans, puis par les Huns, les Goths et d'autres "barbares", de sorte que la mainmise romaine sur le pays reste précaire. Au bout d'un moment, sous Hadrien, la Dacie, au nord du Danube, devient plus coûteuse à garder qu'elle ne rapporte en sel, or et bois, et l'empereur n'y maintient son administration et ses troupes que pour préserver la sécurité des nombreux colons romains.
- en 212 de notre ère, Caracalla étend la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'Empire romain : les Daces deviennent donc des citoyens romains.
- en 256 de notre ère, sous Gallien, les Goths traversent les Carpates et chassent les Romains de Dacie, à l'exception de quelques places fortes entre le fleuve Timis et le Danube. Aucun détail de l'événement n'est connu, mais le principal argument qui corrobore l'affirmation de Ruffius Festus : « sous l'empereur Gallien la Dacie fut perdue » est l'arrêt brutal des inscriptions romaines et des monnaies dans le pays après 256.
- en 270-275 de notre ère, Aurélien retire toutes les troupes et réinstalle les colons romains au sud du Danube, en Mésie, où il crée la province de Dacie aurélienne, où se retrouvent également une partie des Daces romanisés fuyant l'attaque des Goths, qui continue. La Dacie aurélienne fut ensuite divisée en Dacie Ripense (en grec Δακία Παραποτάμια : la Dacie des berges du fleuve - il s'agit du Danube) autour de Ratiaria (aujourd'hui Arčar en Bulgarie entre Lom et Vidin : l'évolution linguistique de Ratiaria à Artchar montre une particularité phonologique de l'aroumain : "a" préposé au "r")[3], et Dacie Méditerranéenne, autour de Serdica (actuellement Sofia, capitale de la Bulgarie). Ultérieurement la Dacie Méditerranéenne sera à son tour subdivisée en Dardanie et Dacie Méditerranéenne. La Dacie aurélienne occupe, entre 271/275 et 285, la plus grande partie de ce qui est aujourd'hui la Serbie orientale et la Bulgarie. Ultérieurement ces “Dacies” formeront, avec les provinces de Mésie inférieure et de Prévalitaine, le Diocèse de Dacie, qui disparaîtra au VIIe siècle lors de l'installation en masse des Slaves et des Bulgares, qui remplacent l'autorité impériale et submergent les Thraces romanisés locaux, ancêtres des Valaques.
L'âge pastoral, de 271 à 1300
Cette période de l'histoire des ancêtres des Roumains et des Aroumains est ainsi surnommée par les historiens roumains (en référence à l'occupation principale des Thraco-Romains) parce qu'elle ne peut être connue que surtout à travers l'archéologie, la linguistique comparée et la toponymie, tandis que les sources écrites, tant épigraphiques que paléographiques, sont très succinctes et sujettes à controverses. Cette “diète documentaire” fait appeler cette période « Âge obscur » ou « Âge sombre » par les historiens hongrois, slaves, allemands ou occidentaux qui affirment que, puisqu'il n'y a pas de sources fiables, c'est que les ancêtres des Roumains ne s'y trouvaient pas. Suivant cette position, la quasi-totalité des atlas historiques occidentaux ne mentionne même pas l'existence des locuteurs des langues romanes orientales entre 271 et 1300, bien qu'ils soient attestés non seulement par la toponymie, mais tout de même aussi par des chroniqueurs comme Théophane le Confesseur, Théophylacte Simocatta, Kedrenos, Nicétas Choniatès et Anne Comnène. L'historien roumain Neagu Djuvara remarque que : Les arguments des thèses antagonistes peuvent tous être contestés, mais ils ont le mérite d'exister, tandis qu'aucun fait archéologique et aucune source écrite n'étayent l'hypothèse d'une disparition pure et simple des roumanophones pendant mille ans, qu'ils se soient envolés avec les hirondelles pour migrer en Afrique, ou qu'ils soient allés hiberner avec les ours dans les grottes des Carpates ou des Balkans...[4]. De plus, même s'il n'y avait aucune preuve archéologique ou toponymique et aucune mention écrite, la simple existence des langues romanes orientales suffit à prouver que les Thraco-Romains ont survécu à l'arrivée des Slaves et des Bulgares dans la région.
Le plus ancien document en langue roumaine, de 1521 en alphabet cyrillique (haut), comme toutes les autres écritures jusqu'au passage à l'alphabet latin. Première écriture en alphabet latin, au XIXe siècle (bas). „Santu esci cu adeveritu, si présantu, si nu este mesura maretîei santîei tale, si dreptu esci intru tóte lucrurile tale. Ca cu dreptate si cu multa sîlintia adeverita, ne ai adusu tóte. Ca plasmuindu pe omu, si luandu terana d'in pamentu, si cu tipulu teu cinstindulu, Dumnedieule, pusulu ai in raiulu resfaçului, fogaduindui intru padia porunciloru tale, vieati'a ceea fara de mórte si moscenirea bunatatîloru tale celoru vecinice…“ (Liturgiariu) - Trans-litération vers le roumain moderne:
„Sfânt ești cu adevărat și preasfânt, și nu este măsură măreției sfinției tale, și drept ești întru toate lucrurile tale. Căci cu dreptate și cu multă silință adevărată ne-ai adus toate. Că plăsmuind pe om, și luând țărână din pământ, și cu chipul tău cinstindu-l, Dumnezeule, pusu-l-ai în raiul răsfățului, făgăduindu-i, întru paza poruncilor tale, viața cea fără de moarte și moștenirea bunătăților tale celor veșnice…“ - Traduction approximative :
„Saint es-tu vraiment, et trop saint, et il n'y a pas de mesure de la grandeur de ta sainteté, et droit es-tu dans toutes tes lucres/travaux. Car avec droitore et véritable grande assiduité tu nous a amené toutes choses. Car en créant l'humain, et en prenant de la boue de la Terre, et avec ton visage/image le honorant, Dieu ! (exclamation sous-entendue), tu l'a mis dans le paradis de l'abondance/plénitude, en lui promettant, dans la défense de tes ordres, la vie celle sans de la mort et l'héritage de tes biens celles éternelles…" - en 271, la retraite romaine est définitive au nord du Danube. Les relations commerciales continuent néanmoins avec les habitants au nord du Danube, comme le prouve l'archéologie. Suivant ces relations, le christianisme aussi s'étend au nord du Danube. La création de la Dacie aurélienne au sud du Danube est une opération politique, pour masquer le déclin de l'Empire romain et peut-être pour préparer, en cas de redressement, la reconquête de la Dacie[5].
- l'empereur roman Galère (règne de 293-311) est Dace, originaire du nord du Danube par sa mère. Parce que Galère a persécuté les chrétiens, l’auteur chrétien Lactance (vers 250, vers 325) le présente sous un jour très noir dans son livre La Mort des persécuteurs : « au moment où il est devenu empereur, il s'est déclaré l'ennemi du nom même de "Romain"; il proposa alors que l'empire soit appelé, non pas l'Empire romain, mais l'Empire dace » ; en réalité cet empereur gouverne et défend efficacement l’Empire romain pendant près de vingt ans[6].
- le 271 à 381, les Daces du nord du Danube passent sous contrôle des tribus carpiennes, des Daces libres, et forment les Carpo-Daces.
- la présence des Thraco-Romains est mentionnée au VIe siècle par les chroniqueurs Théophane le Confesseur et Théophylacte Simocatta.
- plus tardivement (du IXe siècle au XIIIe siècle) les descendants des Daces (au nord du Danube) et des Thraces (au sud du Danube) romanisés apparaissent sous le nom de Valaques (notamment dans le cadre du Regnum Bulgarorum et Valachorum ("royaume des Bulgares et des Valaques") au XIIe siècle)[7].
- néanmoins ces populations, dans leur mémoire collective et dans leurs auto-désignations (endonymes) n'oublient pas leurs origines latines, comme le montrent de nombreuses sources[8].
- la datation au carbone 14 du Rohonczi Codex donne les années 1520-1530: c'est un document de plus de 400 pages de papier fabriqué en Italie. On suppose que c'est une copie d'un original plus ancien, car il est écrit dans une langue de type roman très archaïque, proche latin vulgaire, et surtout dans une graphie peu connue, que l'on a supposée être un alphabet dace.
- le plus ancien document écrit en langue roumaine moderne date de 1521, en alphabet cyrillique gréco-slavon, car, depuis le Regnum Bulgarorum et Valachorum ("royaume des Bulgares et des Valaques") au XIIe siècle, l'église et les chancelleries des états roumains utilisaient le slavon comme langue liturgique et officielle. Entre la disparition de l'Empire romain et 1521, les Daces et les Thraces romanisés n'ont évidemment pas disparu, même si les documents les mentionnant sont peu nombreux et peu explicites... à moins, bien sûr, d'adopter le point de vue d'un Vladimir Jirinovski, selon lequel « les Roumains sont un mélange d'immigrés italiens et tziganes qui ont envahi des terres appartenant à la Hongrie, à la Russie et à la Bulgarie »[9].
Notes
- Bernard Sergent, Les Indo-Européens, édition revue et augmentée, 2005.
- J. Faucounau, Les Proto-Ioniens : histoire d'un peuple oublié, Paris, 2001
- Procope, De Aedificiis. Hiéroclès, Synecdemus, 655.1 et
- Neagu Djuvara sur [1]
- ici Voir sur
- La mort des persécuteurs, chapitre XXVII - 8 Voir sur:
- Thraco-Romains aux Valaques, et de ceux-ci aux Roumains et aux Aroumains, voir Teodor Capidan sur [2], Takis Papahagi sur [3], Ovide Densusianu : Histoire de la langue roumaine, I, Paris, 1901, DLR 1983 ou Neagu Djuvara: Cum s-a născut poporul român (Comment le peuple roumain s'est formé), Humanitas, Bucarest, 2001, ISBN: 973-50-0181-0 Sur le passage des
- Valaques“ se désignant eux-mêmes avec le nom de “Romain” datent du XVIe siècle, alors que des humanistes italiens rendent compte de leurs voyages en Transylvanie, Valachie et Moldavie. Ainsi, Tranquillo Andronico écrit en 1534 que les “Valacchi“ "s’appellent eux-mêmes Romains": "nunc se Romanos vocant" (A. Verress, Acta et Epistolae, I, p. 243). En 1532 Francesco della Valle accompagnant le gouverneur Aloisio Gritti à travers la Transylvanie, Valachie et Moldavie note que les “Valaques“ ont préservé leur nom de Romains et qu' "ils s’appellent eux-mêmes “Romei“ dans leur langue". Il cite même une phrase en roumain : "Sti rominest ?" ("sais-tu roumain ?", roum. :"știi românește ?"): "...si dimandano in lingua loro Romei...se alcuno dimanda se sano parlare in la lingua valacca, dicono a questo in questo modo: Sti Rominest ? Che vol dire: Sai tu Romano,..." in Cl. Isopescu, Notizie intorno ai romeni nella letteratura geografica italiana del Cinquecento, in Bulletin de la Section Historique, XVI, 1929, p. 1- 90. Ferrante Capeci écrit vers 1575 que les habitants de ces provinces s’appellent eux-mêmes Romanesques (“Romanesci“) : “Anzi essi si chiamano romanesci, e vogliono molti che erano mandati quì quei che erano dannati a cavar metalli...” in Maria Holban, Călători străini despre Țările Române, vol. II,p.158 – 161, tandis que Pierre Lescalopier remarque en 1574 que "Tout ce pays la Wallachie et Moldavie et la plus part de la Transilvanie a esté peuplé des colonies romaines du temps de Trajan l’empereur… Ceux du pays se disent vrais successeurs des Romains et nomment leur parler “romanechte“, c'est-à-dire romain…" in : Voyage fait par moy, Pierre Lescalopier l’an 1574 de Venise a Constantinople, fol 48 in Paul Cernovodeanu, Studii și materiale de istorie medievală, IV, 1960, p. 444. D'autres témoignages sur le nom que les Roumains se donnaient eux-mêmes viennent des intellectuels ayant connu de très près ou vécu au milieu des roumanophones. Ainsi le Saxon transylvain Johann Lebel note en 1542 que les Roumains se désignent eux-mêmes sous le nom de Romuini; « Ex Vlachi Valachi, Romanenses Italiani,/Quorum reliquae Romanensi lingua utuntur.../Solo Romanos nomine, sine re, repraesentantes/Ideirco vulgariter Romuini sunt appelanti » in: Ioannes Lebelius, De opido Thalmus, Carmen Istoricum, Cibinii, 1779, p. 11 – 12, alors que le chroniqueur polonais Orichovius (Stanislaw Orzechowski) observe en 1554 qu’ « en leur langue les Roumains s’appellent Romin d'après les Romains, et Valaques en polonais, d’après les Italiens » : "qui eorum lingua Romini ab Romanis, nostra Walachi, ab Italis appellantur" in : St. Orichovius, Annales polonici ab excessu Sigismundi, in I. Dlugossus, Historiae polonicae libri XII, col 1555. Le Croate Anton Verancsics remarque vers 1570 que les Roumains vivant en Transylvanie, Moldavie et Valachie se nomment eux-mêmes Romains (Roumains); „...Valacchi, qui se Romanos nominant...„ “Gens quae ear terras (Transsylvaniam, Moldaviam et Transalpinam) nostra aetate incolit, Valacchi sunt, eaque a Romania ducit originem, tametsi nomine longe alieno...“ in De situ Transsylvaniae, Moldaviae et Transaplinae, in Monumenta Hungariae Historica, Scriptores; II, Pesta, 1857, p. 120. Le hongrois transylvain Martinus Szent-Ivany cite en 1699 les expressions roumaines : « Sie noi sentem Rumeni » (« nous aussi, nous sommes roumains », pour le roum. : « Și noi suntem români ») et « Noi sentem di sange Rumena » (« nous sommes de sang roumain », pour le roum. : « Noi suntem de sânge român ») : "Valachos...dicunt enim communi modo loquendi: Sie noi sentem Rumeni: etiam nos sumus Romani. Item: Noi sentem di sange Rumena: Nos sumus de sanguine Romano" in : Martinus Szent-Ivany, Dissertatio Paralimpomenica rerum memorabilium Hungariae, Tyrnaviae, 1699, p. 39. Les documents historiques présentent deux graphies du mot « roumain » : român et rumân. Durant plusieurs siècles, les deux formes coexistent et sont employées d’une manière interchangeable, parfois dans le même document; « am scris aceste sfente cǎrți de învățături, sǎ fie popilor rumânesti... sǎ înțeleagǎ toți oamenii cine-s rumâni creștini » "Întrebare creștineascǎ" (1559), Bibliografia româneascǎ veche, IV, 1944, p. 6. Au Moyen Âge, l'endonyme ethnolinguistique rumân/român signifiait aussi « roturier », car les aristocraties des pays s'étendant sur les territoires habités par les descendants des Daces et des Thraces romanisés, étaient d'origine étrangère (slave, bulgare, hongroise, coumane, iasse et plus tard grecque). Pendant le XVIIe siècle, lorsque l’institution du servage connaît une extension significative, « roturier » revêt de plus en plus le sens de « serf ». Dans un processus de différenciation sémantique pendant les XVIIe et XVIIIe siècles, la forme rumân, probablement plus commune parmi les paysans, finit par identifier le sens de « serf », tandis que la forme român garda son sens ethnolinguistique : Stelian Brezeanu, Romanitatea Orientalǎ în Evul Mediu, Editura All Educational, București, 1999, p. 229-246. Après l’abolition du servage par le Prince Constantin Mavrocordato en 1746, la forme rumân, restant sans support socio-économique disparaît graduellement alors que la forme român, românesc s’établit définitivement. Enfin le nom de la Valachie, est en roumain est Țara Românească (anciennement aussi Țara Rumânească), ce qui signifie pays Roumain. Le plus ancien document connu en roumain attestant la dénomination « Pays roumain » est une lettre qu’un Neacșu écrit en 1521 au maire de Brașov pour le mettre en garde contre les mouvements des Ottomans au sud du Danube. Dans ce texte roumain, la principauté nommée par les étrangers « Valachie » est appelée « Pays roumain » (Țara Românească). Comme dans le cas de l’endonyme « roumain », la graphie du nom du pays n’est pas encore fixée, jusqu’au début du XIXe siècle les textes présentant les deux formes : Țara Românească et Țara Rumânească. Les premières attestations des “
- [4] et [5] Sources:
Bibliographie
- Victor Chapot, La Dacie dans Le Monde Romain, Albin Michel, Paris, 1951
- Yann Le Bohec : La Dacie des Romains : des provinces éphémères sur : [6]
- (en) Ion Grumeza : Dacie, pierre angulaire de l'Europe orientale antique', éd. Hamilton, 2009, Lanham and Plymouth; ISBN 978-0-7618-4465-5
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