Campagne de Dacie de Domitien

Campagne de Dacie de Domitien

45° 30′ 20″ N 22° 43′ 29″ E / 45.5056, 22.7247

Campagne de Dacie de Domitien
Roman provinces in a 1867 school atlas.jpg
La Dacie vers le fin du Iesiècle
Dacie Romaine
Informations générales
Date de 85 à 89
Lieu Dacie Romaine
Issue apparente victoire romaine
Belligérants
Empire romain Daces et Roxolans
Commandants
Domitien Décébale
Forces en présence
100.000 entre légionnaires et Troupes auxiliaires romains 200.000 daces armés outre
les alliés Roxolans et Bastarnes
Pertes
considérables considérables

La campagne de Dacie de Domitien a eu lieu dans les années 85-88 et se déroula entre l'Armée romaine, commandée par les généraux de l'empereur romain Domitien, et les Daces du roi Décébale.

La paix entre les parties fut conclue en 89 et fut, apparemment, seule favorable aux Romains. En effet, à Décébale fut consenti le droit de se réarmer librement et d’accroître la puissance de son peuple dans les quinze années à venir, avant la définitive conquête de la Dacie avenue sous Trajan en 101-106.

Sommaire

Contexte historique

Domitien succède en 81 à son frère Titus, mort prématurément. Il adopte une politique extérieure extrêmement agressive, principalement en Occident, où il entreprend une série de longues guerres sur les confins de l’Empire, il veut ainsi rendre plus sûres ses frontières et trouver la gloire militaire.

En 82 est menée la campagne contre la population germanique des Chattes pour la conquête des monts Taunus et des Champs Décumates. L'année suivante fut lancée une offensive en Bretagne pour la conquête de la partie septentrionale de l'île contre le peuple des Caledoni. Et toujours en cette année, le peuple des Nasamoni, aux confins de la province d'Afrique proconsulaire, fut complètement anéanti, pour qu’il ne présente plus un problème le long de la frontière méridionale[1].

Prélude à la guerre

Le cassus belli fut, en 85, une invasion en force, de la part des Daces, de l'aire des Carpates, voisine de la province romaine de la Mésie, dont le gouverneur fut tué. Leur roi Duras-Diurpaneo, manœuvré par Décébale (qui peu après lui succéda), avait décidé d’envahir les territoires romains, probablement las de la pression continue des Romains sur les peuples trans-danubiens, les prétextes de souveraineté et les fréquentes interventions dans leur politique interne[2].

Domitien, déjà bien disposé à la guerre externe, n’eut aucune hésitation quand les Daces, avec leurs irruptions en territoire romain lui en fournirent l’occasion. La riposte du nouvel empereur ne se fit pas attendre longtemps.

Forces en présences

Domitien réussit à réunir une armée composée de nombreuses légions danubiennes, outre aux unités auxiliaires et vexillations légionaires comme :

Le nombre total des forces en présence du côté de l'empire romain peu être estimé autour des 100 000 hommes, dont 60 000 légionnaires et 40 000 auxiliaires.

Sur la base des données fournies par Strabon, Décébale pourrait être en mesure de rassembler une armée d’environ 200 000 hommes[4].

La guerre

Statue moderne du roi des Daces, Décébale.

Année 85

Une nouvelle crise éclate sur le Danube. Les Daces, dont la puissance avait subitement décliné après la mort du grand roi Burebista à la moitié du 1e siècle av.J.-C. et avec la division en 4 ou 5 petits états, s’étaient de nouveau réunis sous un autre souverain vigoureux, Duras-Diurpanaeus[5], le prédécesseur de Décébale[6].

Le centre du royaume dace était situé dans l’amphithéâtre naturel des monts Carpates, et ses principales citadelles fortifiées dans les montagnes de Orăştie au cœur de la Transylvanie. Les Daces décidèrent de franchir le Danube et d’attaquer la province romaine voisine de Mésie. Le gouverneur qui alla à la rencontre de l’armée dace fut battu probablement près de Adamclisi[7]. le proconsul de Mésie, Gaius Oppius Sabinus, fut tué et de nombreuses fortifications et garnisons de limes mesique furent anéanties. Seuls les campements légionaires de Oescus et Novae, réussiront à se défendre avec succès.

La riposte romaine ne se fit pas attendre. L'empereur Domitien, réunit une armée avec les vexillations provenant de diverses provinces et marcha immédiatement vers le champ des opérations avec la garde prétorienne du préfet du prétoire, Cornelius Fuscus. Domitien, au terme de l’année, pourrait avoir décidé le début de la construction d’un grand vallum en terre en Dobroudja[8].

Année 86

Buste de l'empereur Domitien.

Domitien, ayant pu rétablir l’ordre dans la province de Mésie, décida de venger l’honneur romain, organisant au début de l’été de cette année, une expédition punitive au-delà du Danube, promouvant comme commandant en chef de l’expédition en territoire dace, le préfet du prétoire, Cornelio Fusco. L’endroit où l'armée romaine traversa le fleuve n’est pas connu, mais on suppose qu’il s’agit de la même voie suivie quelques années après par Trajan durant sa première campagne dacique.

L'avancée romaine fut arrêtée au cœur du royaume de Décébale, près de Tapae, où elle subit une cuisante défaite (v. Première bataille de Tape)[9]. Ici l’armée romaine fut sévèrement battue et le préfet perdit la vie. La défaite fut tellement grave qu'elle put être comparée à celle subie par Publius Quintilius Varus quatre vingt années plus tôt en Germanie à la Bataille de Teutobourg. Et, comme si cela ne suffisait pas, l'armée romaine dut subir des pertes durant la désastreuse retraite. Et dans le butin des Daces se trouve un étendard militaire, un aigle légionnaire ou, probablement, une enseigne des prétoriens.[10]

Les Daces se contenteront d’une victoire inespérée, qui de toute manière ne pouvait pas durer longtemps. Les préparatifs romains furent intenses l’année suivante, à en juger par le succès obtenu en 88. Domitien savait que cette fois il ne pouvait se tromper. Non seulement, l’armement et les troupes en vue de la prochaine campagne se préparaient soigneusement, mais aussi les moyens diplomatiques furent déployés pour isoler et encercler Décébale, qui succéda à Duras-Diurpaneus

Année 87

Durant la trêve de cette année, la Mésie pourrait avoir été divisée en deux provinces indépendantes : la Supérieure et l’ Inférieure comme suggère Parker[11]. Il semble que la nouvelle province de la Supérieure fut unie la région ex-pannonique de la zone de Sirmium[12], certainement parce que Domitien entendait renforcer l’armée qu’il aurait utilisée l’année suivante pour une nouvelle invasion. A la Mésie Inférieure fut, en outre, joint le territoire danubien qui conduit de Drobetae à Ratiaria, actuellement l’antique Treballia[13].

Année 88

Guerrier dace.

La guerre fut reprise après un an de préparatifs. Domitien promu comme nouveau commandant en chef, un certain Lucius Tettius Iulianus lequel, traversa le Danube, probablement en face de la forteresse légionaire de Viminacium, réussit, à l’automne suivant, à rejoindre la plaine de Caransebeş, en face aux Portes de Fer, après une marche d’approche épuisante sur plusieurs colonnes, rendue difficile par les attaques continues des Daces.

Dans la localité appelée Tapae, où Trajan aurait obtenu un succès médiocre durant la première campagne de 101, se déroula une grande bataille, suivie par le défaite des Daces[14]. Iulianus, toutefois, ne marcha pas sur la capitale ennemie de Sarmizegetusa. Il en fut retenu, parait-il, par un stratagème de Décébale qui, selon Dion Cassius, aurait coupé de troncs d’arbre en les habillant en soldat bien armé et, après les avoir positionnés en défense de la capitale de la Dacie, réussit à conduire les Romains à renoncer à avancer en territoire ennemi[15].

On peut penser qu’il y eut d’autres motifs pour lesquels Lucius Tettius Iulianus reporta ultérieurement l’avance. La raison principale serait la difficulté de traverser les Portes de Fer à une période proche de l’hiver, et d’être obligé de supporter un séjour en territoire Dace jusqu’au printemps suivant, en préparation d’une marche l’année suivante sur Sarmizegetusa[16].

Année 89

Il est certain que la victoire romaine avait mis Décébale sur la défensive, mais il fut sauvé par une série d’évènements favorables :

Ces événements provoquèrent inévitablement un retrait des armées romaines de la Dacie Romaine et la stipulation d’un traité de paix. Des deux côtés, prévalurent les attitudes conciliantes et diplomatiques, et l’honneur fut sauf pour tous. Décébale devint "roi client", aussi nominalement, en gagnant la reconnaissance et l’aide des romains ; avec l'envoi d'experts charpentiers, ingénieurs et un subside annuel. Le frère Degis, fut invité à Rome pour recevoir des mains de Domitien même, la couronne pour le roi des Daces en signe d’alliance et de soumission.[17]

Conséquences

Les réactions immédiates

L'empereur romain Domitien, retourné à Rome, célébra en grandes pompes un double triomphe romain sur les Chattes et Daces, pour le tout inutile et inopportun[18]. La Dacie restait encore toute comme un état libre et indépendant de Rome.

L'impact sur l’histoire

Cette guerre, désormais bien commencée, dans laquelle Sarmizegetusa, capitale de la Dacie, était menacée de près et Décébale contraint à demander la paix, ne fut portée à son terme parce que Domitien décida de s’aventurer dans une nouvelle guerre contre les populations Suèves de Quades et Marcomans, outre aux Sarmates des Iazyges au nord du cours moyen du Danube.

L'inutile ouverture sur un autre font rendit nécessaire la conclusion de la paix avec la Dacie. Décébale fut contraint à restituer armes et prisonniers romains, se reconnaissant souverain dépendant de l’empereur, même formellement, alors que les Daces furent mis dans la condition juridique des peuples clients de Rome. Il est vrai aussi que, si d’un côté on tentait de faire un pas en avant pour la romanisation de ce territoire, de l’autre Décébale, privé de contrôle direct, pouvait accroître sa puissance par la présence des ingénieurs et des subsides envoyés de Rome. Quinze années après, une nouvelle guerre fut nécessaire pour soumettre définitivement la région et contrôler un péril aussi grand aux portes de l'Empire romain[19].

Note

  1. Dion Cassius, Storia romana, LVII, 4, 6.
  2. Dion Cassius, Storia romana, LVII, 6, 1-2.
  3. Julio Rodriquez Gonzalez, Historia de las legiones romanas, Madrid 2003, p.725.
  4. Strabon, Geografia (Strabone), VII, 3, 13.
  5. Alexandru Vulpe, Histoire et civilisation de la Dacie pré-romaine, en Trajan aux confins de l’Empire, de Grigore Arbore Popescu, Milano 1998, p.107.
  6. András Mócsy, Pannonia and Upper Mesia, Londra & Boston 1972, p.94-95. Décébale avait depuis peu incorporé la terre d’origine des Iazyges restés en Oltenia.
  7. Cambridge University Press, Storia del mondo antico, L’impero romano da Augusto agli Antonini, vol. VIII, Milano 1975, pag.614 e 685.
  8. Cambridge Univ. Press, Storia del mondo antico, L’empir romain de Auguste à Antonini, vol. VIII, Milano 1975, pag.613.
  9. Alexandru Vulpe, Storia e Civiltà della Dacia preromana, en Trajan aux confins de l’Empire, par Grigore Arbore Popescu, Milano 1998, p.108.
  10. Dion Cassius, Storia romana, LXVIII, 9, 3.
    Publius Cornelius Tacitus, De vita et moribus Iulii Agricolae, 41, minimise le nombre des pertes romaines.
  11. Parker, Roman légions, p.153.
  12. Andràs Mocsy, Pannonia and Upper Moesia, Londra 1974, p.82; Ronald Syme, Danubian Papers, Londra 1971, V, The first garrison of Trajan’s Dacia, p.90 e 105.
  13. Ronald Syme, Danubian Papers, Londra 1971, XIV, p.205.
  14. Dion Cassius, histoire romaine, LVII, 10, 1-2.
  15. Dion Cassius, Storia romana, LVII, 10, 3.
  16. Cambridge University Press, Storia del mondo antico, L'impero romano da Augusto agli Antonini, vol. VIII, Milano 1975, pag.616-7.
  17. Dion Cassius, Storia romana, LVII, 7, 1-4;
    Marcus Valerius Martialis, Epigrammata, V, 3, 1-6.
  18. Caius Suetonius Tranquillus, Vie des douze Césars, Domitien, 6.
  19. Emile Condurachi et Constantin Daicoviciu, Archeologia Mundi: Romania, Roma 1975, p.102.

Bibliographie

sources primaires

Sources modernes

  • Peter Wilcox & Gerry Embleton, Rome's enemies: Germans and Dacians, Oxford 2004. (ISBN 0-85045-473-5).
  • Emile Condurachi et Constantin Daicoviciu, Archeologia Mundi: Romania, Roma 1975.
  • AAVV, I Daci: mostra della civiltà daco-getica in epoca classica, Roma dicembre 1979-gennaio 1980.
  • R.Syme, Danubian Papers, Londra 1971.
  • András Mócsy, Pannonia and Upper Moesia, Londra 1974. (ISBN 0-41513-814-0)
  • Pat Southern, Domitian, tragic tyrant, Londra e New York 1997. (ISBN 0-41516-525-3)
  • Brian W.Jones, The emperor Domitian, Londra e New York 1993. (ISBN 0-41510-195-6)

Liens internes

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