- Bro gozh ma zadoù
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Bro gozh ma zadoù Vieux pays de mes pères
Hymne de Bretagne Paroles François Jaffrennou
1898Musique Evan James
1856Fichiers audio Fichier audio externe Bro gozh ma zadoù modifier Le Bro gozh ma zadoù (Vieux pays de mes pères) est un chant en langue bretonne. Il est souvent présenté comme « l'hymne de la Bretagne »[1] parfois comme « l'hymne national de la Bretagne »[2]. Il ne dispose d'aucun statut officiel. Cette œuvre reprend l'air de l'hymne national du pays de Galles, Hen Wlad Fy Nhadau (Vieille terre de mes pères), l'équivalent en cornique, reprend lui aussi l'air de l'hymne gallois. Les paroles sont celles de l'adaptation qu'en a faite François Jaffrennou en 1898 et qui s'est imposée dans l'usage.
Sommaire
Historique
Les origines galloises
Selon la légende, James James aurait imaginé l'air de la chanson tandis qu'il se promenait au bord du fleuve Rhondda, d'où le fait que le premier nom était Glan Rhondda (Les rives de la Rhondda). En le chantant à son père Evan James, un tisserand et poète de Pontypridd, ce dernier en écrit les paroles. François Jaffrennou inverse le processus et explique dans un article en 1935 que le père, « un modeste clergyman, membre du collège des bardes (gallois) sous le nom de Ap Iago » aurait écrit « un dimanche de janvier 1846… un couplet et le refrain d'un hymne patriotique qu'il intitula Hen Wlad vy nhadau (Vieux pays de mes pères). Puis, il appela son fils James James qui savait jouer de la harpe, et lui dit de composer un air pour la poésie qu'il venait d'écrire »[3].
La pièce fut jouée publiquement pour la première fois en janvier ou février 1856 à la chapelle de Capel Tabor par une chanteuse appelée Elizabeth John.
L'importation en Bretagne
En 1895, Williams Jenkyn Jones, missionnaire baptiste gallois envoyé en mission à Quimper en 1835, fait éditer un recueil de cantiques, Telen ar C'Hristen (La Harpe du chrétien). Le cantique 77, le dernier du recueil, s'intitule Doue ha va Bro (« Dieu et mon pays ») et se chante sur l'air de l'hymne gallois Hen Wlad Fy Nhadau[4],[5].
François Jaffrennou (1879-1956), alors lycéen et élève de François Vallée, s'inspire de ces paroles, tout en utilisant sa maîtrise du gallois pour remonter au texte original, créant la version que l'on connaît aujourd'hui. Considérant que Jaffrenou l'a plagié, Williams Jenkyn Jones proteste en 1904 dans une lettre adressée à la librairie Le Dault, qui attribue la paternité du chant à Jaffrennou. Il explique que le texte de Jaffrennou a « une forme un peu modifiée » de sa composition[4].
Le texte de Jaffrennou paraît en 1898 dans l'hebdomadaire, La Résistance de Morlaix, et est imprimé sur feuille volantes avec le sous-titre Henvelidigez (Adaptation). Il paraît dans le recueil de poèmes de Jaffrennou, An Delen Dir, en 1900 (« la harpe d'acier »), et est adopté dans les étudiants bretons de Rennes, qui en font leur chant de ralliement[6].
Le Bro Gozh est choisi par le jury de l'Union régionaliste bretonne et proclamé « chant national », au nom de la fraternité qui rapproche Bretons et Gallois au congrès de Lesneven le 5 septembre 1903[7].
Le 24 avril 1905 a lieu très probablement la première exécution publique parisienne à l'occasion de la première de la pièce de théâtre en breton, Marvaill ann Ene Naounek de Tanguy Malmanche. et les cartons d'invitation indiquaient que la séance allait commencer par Bro goz ma Zadou, chant national[8], Le lieu était l'actuel Théâtre du Vieux-Colombier, alors appelé Théâtre de l'Athénée-Saint-Germain.
Le père de Camille Le Mercier d'Erm, imprimeur à Niort, en fait une édition spéciale à ses frais avec une partition pour piano d'Owen Alaw[9].
En 1906, Maurice Duhamel écrit une nouvelle harmonisation pour piano et il est enregistré par Pathé frères, de Paris, sur disques phonographiques en 1910.
D'autres accompagnements on été écrits, entre autres, par Georges Arnoux et l'abbé Jean-Louis Mayet, organiste de la cathédrale de Quimper[10].
Lors de sa visite à Morlaix le 30 mai 1920, le maréchal Foch, qui avait une résidence près de cette ville, avait prononcé après avoir entendu le Bro Gozh de Taldir : « Votre chant est aussi beau que la langue qui l'exprime et que le cœur qui l'inspire. Gardez bien l'un et l'autre. »[réf. nécessaire]
Il est joué sur les quais de la gare de Guingamp en 1923 pour accueillir le président du Conseil, Raymond Poincaré, venu célébrer à Tréguier le centenaire de la naissance d'Ernest Renan. François Jaffrennou relève qu'en 1930, le président de la République, Gaston Doumergue, a pu aussi écouter son exécution sur le Cours d'Ajot à Brest par une chorale carhaisienne.
Ce chant est entonné par des otages du camp de Chateaubriant avec L'Internationale en breton, le 15 décembre 1941, lorsque le Dr Jacq, militant communiste et médecin au Huelgoat, est fusillé par des soldats allemands. Le Dr Jacq a dispensé, durant sa captivité, des cours de breton pour les autres otages du camp et mis en place une chorale bretonne.
Une rue de Lesneven, ville où il a été lancé solennellement, a reçu le nom de "Bro goz".
Actions pour une reconnaissance officielle
L'hymne a été repris à plusieurs reprises par des personnalités politiques bretonnes, ou lors d'événements officiels :
- En ouverture du procès de l'Amoco Cadiz en 1982 à Chicago par 150 élus bretons[11].
- La préfète de région Bernadette Malgorn a repris l'hymne lors d'une cérémonie officielle en 2006[12].
- Lors des rencontres de l'équipe de Bretagne de football : le 21 mai 1998 à Rennes contre le Cameroun, le 20 mai 2008 à Saint-Brieuc contre la République du Congo, le 19 mai 2010 à Ajaccio contre la Corse et le 21 mai 2010 à Bastia contre le Togo. Il est également joué le 2 juin 2011 à Saint-Nazaire contre la Guinée équatoriale.
- Lors de la finale de la Coupe de France de football 2008-2009 qui opposa 2 club bretons, le Stade rennais FC et l'En Avant de Guingamp[13]. Le président de région Jean-Yves Le Drian était intervenu pour que l'hymne soit joué[14]. C'est l'interprétation enregistrée du groupe Mouez Port-Rhu de Douarnenez qui a été diffusée au Stade de France avant le match, en dehors du protocole officiel. Le chanteur Alan Stivell le chantera quant à lui après le match[15].
- Cet hymne est également diffusé avant chaque rencontre à domicile du Stade rennais, au stade de la route de Lorient, lors des matches de championnat et de coupe[16].
- La SNCF a utilisé ponctuellement l'air de cet hymne en gares de Rennes et de Redon à la fin des années 1960[17].
Par ailleurs, est organisée en 2004 et 2010 une fête du Bro Gozh à Lesneven, avec notamment concerts, conférences et chorales. En 2011, une série de concerts avec des chorales bretonnes et galloise est organisée dans les cinq départements bretons pour promouvoir le Bro Gozh avec le soutien de la Région Bretagne à l'occasion de la Fête de la Bretagne.
Le Poellgor Bro Gozh ma Zadoù, ou comité Bro Gozh ma Zadoù, est créé en novembre 2010 « dans le but de promouvoir l'hymne national breton ». Parmi les membres fondateurs, on retrouve notamment la fédération des chorales Kanomp Breizh et celle des villes jumelées Bretagne-Pays de Galles, ainsi que l'Institut culturel de Bretagne. Le 14 mai 2011, le premier prix Bro Gozh est créé par ce comité pour récompenser « la personne, l’artiste, l’association ou l’institution ayant le mieux promu l’hymne national breton l’année précédente ». Il est remis à Alan Stivell par Lena Louarn, vice-présidente du conseil régional de Bretagne[18].
Le 24 juin 2011, le Conseil régional de Bretagne reçoit lors de sa réunion plénière Carwyn Jones, Premier ministre gallois et à cette occasion, le président Jean-Yves Le Drian évoque dans son discours d'accueil, notamment, l'hymne commun aux deux pays. Cet évènement se termine après le discours de Carwyn Jones par le Bro Gozh chanté debout par l'ensemble des conseillers régionaux[19],[20].
Le 22 juillet 2011, dans le cadre du festival de Cornouaille, le Bro Gozh est mis en valeur à l'occasion de la cérémonie du Collier de l'Hermine avec la participation des chœurs de Plomelin et Concarneau[21].
Reprises
La chanson a été reprise par plusieurs musiciens :
- Alan Stivell, sur l'album Brian Boru (1995) ;
- Tri Yann, sur les albums La Tradition symphonique (1998), La Tradition symphonique 2 (2004), et Trente Ans au Zénith (2001) ;
- Tri Bleiz Die, sur l'album Milendall (2005) ;
- Didier Squiban Trio, sur l'album Concert à Mexico (2010, enregistrement en 2008), version instrumentale pour piano et flûte ;
- Nolwenn Leroy, sur l'album Bretonne (2010) ;
- Mouezh Paotred Breizh, sur les albums E Pleiben (Coop Breizh) et An aval hag ar c'halis (Universal).
Notes et références
- Par certains journaux (Le Monde, Le Télégramme, etc.)
- Par exemple par le Comité Bro gozh ma zadoù, comité de promotion de ce chant.
- François Jaffrennou, « Origine du Bro Goz ma Zadou », An Oaled-Le Foyer breton, no 52, 2e trimestre 1935, p. 163.
- Xavier Maugendre, L'Europe des hymnes dans leur contexte historique et musical, Éditions Mardaga, 1996, 456 p. [lire en ligne], p. 99-101.
- « L'hymne national gallois » (traduction de Jacqueline Gibson), Agence Bretagne Presse Gwyn Griffiths,
- Selon la version rapportée par François Jaffrennou, alors étudiant à Rennes, dans l'article cité plus haut de An Oaled (1935).
- « Coupe de France. Jour de gloire pour le Bro gozh », Le Télégramme, 8 mai 2009.
- Gaston Esnault (1874-1971). In : Hor Yezh, n° 234, Mezheven (juin) 2003, p. 9. Texte du carton reproduit dans Gwennolé Le Menn, Istor ar brezhoneg, 4, Roll-gerioù Jabadao (1903),
- François Jaffrennou, « Origine du Bro Goz ma Zadou », An Oaled-Le Foyer breton, no 52, 2e trimestre 1935, p. 164.
- François Jaffrennou, « Origine du Bro Goz ma Zadou », An Oaled-Le Foyer breton, no 52, 2e trimestre 1935.
- « L'histoire de l'hymne breton à l'écran », Ouest-France', 24 février 2011. Jean-Laurent Bras,
- « La Préfète de Région Bretagne chante l'hymne breton pour son départ », Agence Bretagne Presse.
- « L'“hymne” breton retentira au Stade de France », Le Point, 4 mai 2009.
- « L'hymne Breton au Stade de France ? », Le Télégramme, 1er mai 2009.
- « Stivell. Un Bro Gozh au pied levé », Le Télégramme, 14 mai 2009.
- « L'hymne breton diffusé avant chaque match de Rennes à domicile », Le Télégramme, 4 septembre 2009.
- Accueil SNCF Rennes, Office national de radiodiffusion télévision française, Journal télévisé de la nuit, 11 avril 1969, 1 min 6 s, consulté sur www.ina.fr le 25 mai 2010. [vidéo]
- « Le prix Bro Gozh » Comité Bro Gozh,
- « Conseil régional. Le Bro Gozh chanté par l'ensemble des conseillers », Le Télégramme, 24 juin 2011. [vidéo]
- « Le Pays de Galles fait envie aux Bretons », Ouest-France, 25 juin 2011. Didier Gourin,
- « Le Bro Gozh ma Zadoù pour saluer les Herminés - Quimper », Ouest-France, 23 juillet 2011.
Liens externes
Catégories :- Chant patriotique
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- Chanson bretonne
- Chanson des années 1890
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