- La Coupo Santo
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La Coupo santo (provençal en norme mistralienne) ou la Copa santa (provençal en norme classique), c'est-à-dire la « Coupe sainte », est une coupe en argent acquise grâce à une souscription populaire que des écrivains et des hommes politiques catalans offrirent aux félibres provençaux lors d’un banquet qui se tint à Avignon le 30 juillet 1867, en remerciement de l’accueil réservé au poète catalan Víctor Balaguer, exilé politique en Provence en raison de son opposition au gouvernement de Isabelle II d'Espagne. Cette coupe est l’œuvre du sculpteur Guillaume Fulconis et de l’argentier Jarry.
Sommaire
Historique
Le capoulié du Félibrige en est traditionnellement le dépositaire. La coupe est présentée une fois par an lors du banquet qui se tient à l’occasion du congrès du Félibrige, dit de la Santo-Estello. Le banquet se termine par la cansoun de la Coupo (en norme mistralienne) ou la cançon de la Copa (en norme classique) qui fut écrite par Frédéric Mistral pour commémorer cet événement, sur la musique d’un noël attribué à Nicolas Saboly, mais en fait du frère Sérapion : Guihaume, Tòni, Pèire. Elle est devenue depuis l'hymne de la Provence et même l'un des hymnes des pays d'oc, à côté de Se canta. Traditionnellement, l'assistance se lève au dernier couplet.
Frédéric Mistral décrit ainsi la coupe en argent dans l'Armana prouvençau :
« Es uno conco de formo antico, supourtado pèr un paumié. I’a contro lou paumié, drecho e se regardant, dos gènti figurino que represènton coume sorre la Catalougno e la Prouvènço[1]. »
« La Prouvènço a lou bras dre autour dóu còu de soun amigo, pèr ié marca soun amistanço ; la Catalougno met la man drecho sus soun cor e sèmblo ié dire gramaci.
Au pèd de chasco figurino, vestido latinamen e lou sen nus, i’a, dins un escussoun, lis armarié que la designon.
A l’entour de la conco e en deforo, escri sus uno veto envertouriado emé de lausié, se legisson li mot seguènt "Record ofert per patricis catalans als felibres provenzals per la hospitalitat donada al poeta catala Víctor Balaguer, 1867."[2] »« E sus lou pedestau soun finamen gravado aquéstis àutris iscripcioun :
"Morta diuhen qu’es,
Mes jo la crech viva." (Víctor Balaguer)[3] »« Ah ! se me sabien entèndre !
Ah ! se me voulien segui ! (Frédéric Mistral)[4] »Paroles
Provençal (norme mistralienne) Provençal (norme classique) Français La Coupo
Prouvençau, veici la Coupo
Que nous vèn di Catalan
A-de-rèng beguen en troupo
Lou vin pur de nostre plan
refrin
Coupo Santo
E versanto
Vuejo à plen bord,
Vuejo abord
Lis estrambord
E l'enavans di fort !
D'un vièi pople fièr e libre
Sian bessai la finicioun ;
E, se toumbon li felibre,
Toumbara nosto nacioun
Coupo Santo...
D'uno raço que regreio
Sian bessai li proumié gréu ;
Sian bessai de la patrìo
Li cepoun emai li priéu.
Coupo Santo...
Vuejo-nous lis esperanço
E li raive dóu jouvènt,
Dóu passat la remembranço,
E la fe dins l'an que vèn,
Coupo Santo...
Vuejo-nous la couneissènço
Dóu Verai emai dóu Bèu,
E lis àuti jouïssènço
Que se trufon dóu toumbèu
Coupo Santo...
Vuejo-nous la Pouësìo
Pèr canta tout ço que viéu,
Car es elo l'ambrousìo,
Que tremudo l'ome en diéu
Coupo Santo...
Pèr la glòri dóu terraire
Vautre enfin que sias counsènt.
Catalan, de liuen, o fraire,
Coumunien tóutis ensèn !
Coupo Santo...La Copa
Provençaus, vaicí la copa
Que nos ven dei catalans :
A de rèng beguem en tropa
Lo vin pur de nòstre plant !
repic
Copa santa,
E versanta,
Vueja a plen bòrd,
Vueja abòrd
Leis estrambòrds
E l'enavans dei fòrts !
D'un vièlh pòble fièr e liure
Siam bensai la finicion ;
E se tomban lei felibres,
Tombarà nòstra nacion.
Copa Santa...
D'una raça que regrelha
Siam bensai lei promiers greus ;
Siam bensai de la patria
Lei cepons e mai lei prieus.
Copa Santa...
Vueja-nos leis esperanças
E lei raives dau jovent,
Dau passat la remembrança
E la fe dins l'an que ven.
Copa Santa...
Vueja-nos la coneissença
Dau verai e mai dau bèu,
E leis autei joïssenças
Que se trufan dau tombèu.
Copa Santa...
Vueja-nos la poesia
Pèr cantar tot çò que viu,
Car es ela l'ambrosia
Que tremuda l'òme en dieu.
Copa Santa...
Pèr la glòria dau terraire
Vautres enfin que siatz consents,
Catalans de luenh, ò fraires,
Comuniem toteis ensems !
Copa Santa...La Coupe
Provençaux, voici la coupe
Qui nous vient des Catalans.
Tour à tour buvons ensemble
Le vin pur de notre cru.
refrain
Coupe sainte
Et débordante
Verse à pleins bords,
Verse à flots
Les enthousiasmes
Et l'énergie des forts !
D'un ancien peuple fier et libre
Nous sommes peut-être la fin ;
Et, si les félibres tombent,
Tombera notre nation.
Coupe sainte...
D'une race qui regerme
Peut-être sommes-nous les premiers jets ;
De la patrie, peut-être, nous sommes
Les piliers et les chefs.
Coupe sainte...
Verse nous les espérances
Et les rêves de la jeunesse,
Le souvenir du passe
Et la foi dans l'an qui vient.
Coupe sainte...
Verse-nous la connaissance
Du Vrai comme du Beau,
Et les hautes jouissances
Qui se rient de la tombe.
Coupe sainte...
Verse-nous la Poésie
Pour chanter tout ce qui vit,
Car c'est elle l'ambroisie
Qui transforme l'homme en Dieu.
Coupe sainte...
Pour la gloire du pays
Vous enfin qui êtes consentants nos alliés,
Catalan, de loin, ou frères,
Tous ensemble communions !
Coupe sainte...Depuis les années 90, la Coupo Santo a été reprise comme hymne par le Rugby Club Toulonnais (RCT) et est interprétée au début de chaque match officiel joué par le club toulonnais à domicile.
Notes et références
- C'est une coupe de forme antique, posée sur un palmier. De chaque côté de ce palmier, se trouvent - debout et se regardant - deux jolies figurines qui représentent, telles des sœurs, la Catalogne et la Provence. » «
- La Provence a le bras autour du cou de son amie, ainsi elle lui témoigne son amitié ; la Catalogne met sa main droite sur son cœur et semble lui dire merci. Au pied de chaque figurine, vêtue à la mode latine et le sein nu, se trouvent, dans un écusson, les armoiries qui l'identifient. Sur le pourtour de la Coupe à l'extérieur, dans un cartouche entouré de lauriers, peuvent se lire les mots suivants : "Souvenir offert par des patriciens catalans aux félibres provençaux, pour leur hospitalité donnée au poète catalan Victor Balaguer, 1867".
- Et sur le piédestal sont finement gravées ces autres inscriptions : On dit qu'elle est morte, mais moi je la crois vive
- Ah ! si l'on savait m'entendre ! Ah ! si l'on voulait me suivre !
Bibliographie
"Louis Guillaume Fulconis (1818-1873), statuaire, une vie d'amitié (Provence, Algérie, Normandie, Paris)" www.fulconis.com
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Histoire et paroles de la Coupo-Santo sur NotreProvence.fr
- Accès aux paroles provençales et traduction française, partition et fichier MIDI.www.fulconis.com
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