- Bataille de Saint-James (1800)
-
La deuxième bataille de Saint-James opposa, en 1800, les chouans et les républicains lors de la Chouannerie.
Sommaire
Prélude
La guerre avait repris le 25 octobre 1799, mais dès le 18 décembre, une trêve avait été conclue entre les républicains et les chouans, suite à la chute du Directoire. Aimé Picquet du Boisguy s'était remis de la blessure qu'il s'était faite lors de son évasion à Saumur et avait regagné sa division de Fougères à la fin du mois de décembre 1799. Il s'empressa de réorganiser ses troupes, mais peu de temps après son arrivée, il fut invité à se joindre à une conférence à Pouancé. Ce fut là qu'il apprit que les généraux républicains Brune et Chambarlhac faisaient marche sur l'Ouest. Cette information le décida à poursuivre la guerre et il repartit sur Fougères. Boisguy ignorait toutefois si les garnisons républicaines de Fougères, Avranches ou Vitré avaient l'intention de rompre la trêve et ne voulut pas attaquer le premier.
Finalement ce fut la garnison d'Avranches qui rompit la trêve. Le 20 janvier 1800, près de Saint-James, le chouan François Julien Morel d'Escures, colonel de la division de Saint-James, de l'Armée catholique et royale de Normandie, et ses 200 hommes furent attaqués et battus par 800 républicains venus d'Avranches et trouvèrent refuge dans la division de Boisguy qui se trouvait à ce moment à Parigné et était forte de 1 200 hommes. Boisguy décida donc de passer à l'action et porta sa troupe au village de Montjoie-Saint-Martin, près de Saint-James, afin d'attaquer la place pour le lendemain.
La bataille
Le 21 janvier, Boisguy divisa sa troupe en deux colonnes égales, la première passa à vue de la garnison de Saint-James dans le but de la pousser à faire une sortie. Boisguy espérait l'attirer dans un piège et comptait sur la deuxième colonne pour lui barrer la retraite. Selon Pontbriand, 400 soldats républicains tentèrent alors une sortie, mais se replièrent très rapidement, pressentant le piège et perdant toutefois, selon Pontbriand, 26 hommes dans la sortie.
Boisguy, face à cet échec, se porta avec ses hommes sur La Croix-Avranchin et y fit reposer sa troupe. Les chouans prirent ensuite la route de Montanel, leur avant-garde commandée par Louis Picquet du Boisguy, le frère d'Aimé. Ce dernier était en chemin lorsqu'il apprit que la garnison de Saint-James allait à sa rencontre. Les chouans s'embusquèrent alors sur la route de Montanel à La Croix-Avranchin. Les républicains tombèrent dans le piège et furent mis en déroute en un quart d'heure et poursuivis sur 3 km jusqu'au village de Vauzel, situé entre La Croix-Avranchin et Saint-James. Mais lorsque les chouans arrivèrent à cet endroit, la situation se renversa. Le général républicain Dumoulin, à la tête de 600 hommes, avait rallié les soldats de la garnison de Saint-James. Dumoulin estima alors que les chouans tenteraient de les poursuivre jusqu'à cette ville. Il fit alors poster ses hommes en embuscade. Les chouans apparurent alors, commandés par Bertrand de Saint-Gilles, et tombèrent dans l'embuscade, furent battus, prirent la fuite et rejoignirent les troupes de Boisguy. Ce dernier fit à son tour poster ses 1 000 hommes en embuscade. Selon sur la Pontbriand, Boisguy apprit d'un prisonnier républicain capturé par Saint-Gilles, le nombre de ses ennemis, soit 4 000 hommes, mais selon les rapports républicain, les forces de la colonne de Dumoulin n'étaient que de 500 à 600 hommes. Boisguy envoya alors des cavaliers, demandant à son frère Louis de le rejoindre d'urgence.
Dumoulin attaqua alors les positions défendues par Boisguy, mais il fit l'erreur de ne pas déployer assez ses troupes permettant aux chouans d'occuper un front plus large. Le combat dura une demi-heure et les chouans parvenaient toujours à tenir, au bout de ce temps, Louis du Boisguy arriva en renfort, à la tête de 400 hommes. Le combat continuait lorsque soudainement les républicains furent attaqués dans leurs dos par 800 à 900 hommes, commandés par Auguste Hay de Bonteville. Dumoulin tenta alors de s'opposer à cette attaque, mais les républicains formaient une masse serrée et ne purent se redéployer. L'attaque de Bonteville avait, en conséquence, jeté le désordre et la confusion dans leurs rangs. Saint-Gilles en profita et enfonça leur flanc droit et Boisguy contre-attaqua pressant les républicains de plus en plus. Dumoulin ordonna alors la retraite mais elle ne put s'opérer en bon ordre et les républicains prirent la fuite.
Le général Dumoulin avait fait plusieurs erreurs lors de la bataille. Tout d'abord, il n'avait pas profité de l'embuscade qu'il avait tendu à Saint-Gilles pour charger les chouans et provoquer le désordre dans leurs rangs, ainsi ils avaient pu se replier sans problème et se réorganiser. La deuxième erreur fut de ne pas avoir déployé un front suffisamment étendu qui ne put prendre les chouans de flanc. La dernière faute fut de ne pas avoir placé de troupes en réserves qui auraient pu s'opposer à Bonteville.
Les pertes
Les estimations des pertes du combat furent très variées et déformées à des fins de propagande. Un premier rapport, publié par un journal républicain donna le chiffre de 500 morts ou blessés du côté des chouans et de 4 morts et 8 blessés du côté des républicains et attribua la victoire à ces derniers. Ce rapport réduisit également le nombre des chouans à 1 500 alors que le général Dumoulin avait estimé leur nombre à 5 000. Le républicain Hautraye fit un autre rapport, il donna le nombre de 22 morts et 35 blessés chez les républicains et 60 à 80 morts ou blessés chez les chouans, en avouant que les chouans furent victorieux. De son côté, le colonel chouan Toussaint Du Breil de Pontbriand donna le nombre de 80 morts ou blessés pour les chouans, comme ce nombre se retrouve sur deux rapports sans liens entre eux, il est probablement exact. Pontbriand estima également les pertes républicaines à 600 morts et 300 blessés, ce qui en revanche, semble ici très excessif.
Rapport de l'administrateur Hautraye « Le général Dumoulin ne s'était pas fait rendre un compte bien exact de la perte de part et d'autre, car il eût appris qu'il y a eu vingt-deux tués et de trente à trente-cinq blessés du côté des républicains et de celui des chouans, à qui resta l'avantage du champ de bataille, soixante à quatre-vingt tués ou blessés, au plus[1]. »
— Rapport de Hautraye, commissaire de Louvigné-du-Désert.
Bibliographie
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p.699-701.
- Toussaint Du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand, 1897, p.426-430.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Editions, 1894, p.336-337.
- Marie-Paul Du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, édition Honoré Champion, Paris, 1904 (réimpr. La Découvrance, 1994), p.426-430.
- Léon de La Sicotière, Louis de Frotté et les insurrections normandes, 1793-1832, t. II, Plon, 1889, p. 452-454. gallica
- Félix Jourdan, La chouannerie dans l'Avranchin, 2e partie, 1907, p.248-249. [1], p.238.
Références
Catégories :- Chouannerie
- Bataille des guerres de la Révolution française en Normandie
- Bataille de 1800
- Histoire de la Manche
Wikimedia Foundation. 2010.