- Bataille de Saint-Aubin-du-Cormier (1799)
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Le combat de Saint-Aubin-du-Cormier se déroula pendant la Chouannerie et vit l’attaque de la ville par les chouans.
La bataille
L’attaque commence, au matin du 5 octobre, par une embuscade contre un détachement de 40 hommes, les Républicains perdent sept hommes, dont Azéma le chef du détachement tandis que trois autres sont capturés. Les survivants se réfugient à Saint-Aubin-du-Cormier, talonnés par les Chouans qui se rendent maîtres des faubourgs. Les Bleus, renforcés par une partie des habitants se retranchent dans les postes au centre de la ville et parviennent à tenir trois heures[1],[2]. Les Chouans finirent par renoncer et se replient, ils étaient commandés par le chevalier de La Nougarède[2], commandant des divisions de Vitré et Fougères, leur nombre n’est pas connu, mais leurs forces étaient importantes selon les Républicains, et pour attaquer une petite ville comme Saint-Aubin, La Nougarède avait dû mobiliser une partie de ses troupes soit peut-être autour de 2 000 hommes. Selon le rapport de l'administrateur et prêtre constitutionnel Coutard, les pertes des Républicains sont de 11 tués, 12 à 15 blessés plus 3 prisonniers, celles des Chouans n'est pas connue mais est d'au moins 3 tués et 4 blessés[1],[2].
Rapport de l'administrateur Coutard « Un détachement de quarante hommes, commandés par le citoyen Azema, sortit à cinq heure et demie du matin, à un kilomètre de la ville, sur la route de Fougères. Il fut attaqué par une troupe de chouans considérable qui, par sa force, le repoussa sous la ville, où l’officier perdit la vie avec trois de ses hommes et trois autres de la colonne mobile de Saint-Marc-le-Blanc avec plusieurs blessés ; ils firent trois prisonniers, car trois soldats manquent et on ne les trouve point morts dans les pièces de terre. Nous n’eûmes que le temps de crier : « Aux armes ! » Aussi il n’y eut presque que les habitants du centre de la ville à pouvoir se battre, les autres n’ayant pu s’y réfugier, les faubourgs ayant été remplis de ces scélérats en un instant. Enfin, l’on se battit près de trois heures. Sept à huit de ces téméraires s’avisent d’entrer entre les postes par des maisons dont ils enfoncèrent les issues. Il en resta trois sur la place et le surplus fut blessé. Notre peu de monde nous empêcha de les engloutir tous. Enfin notre bonne contenance leur fit tellement ombrage, quoique nous n’étions à chaque poste que six à huit hommes, que leurs colonnes d’observation, plus considérables que leur avant-postes, autant que nous venons de l’apprendre par des habitants qui venaient à la ville et qu’ils arrêtèrent, heureusement nous laissèrent tranquille ;soit par faute de munitions ou de courage, et se retirèrent avec les blessés et morts qu’on leur portait et qu’ils emmenèrent avec sept à huit chevaux qu’ils prirent en notre commune.
Nous avons perdu onze hommes et douze à quinze blessés. Nous venons d’apprendre qu’ils avaient marché toute la nuit et venaient de la commune de Beaucé en grande partie, où on les voyait, le 13, de la place de Fougères, s’assembler au lieu dit la Chaudronnerais. Ils avaient envoyé quelques vedettes la veille se cacher dans les pièces de terre, autour de Saint-Aubin, pour examiner les sorties. A la pointe du jour, l’on en vit, mais l’on crut que c’était des hommes de notre piquet. Ils attaquèrent par quatre endroits, et c’est la Providence ou notre bravoure qui nous a sauvés, car il est étonnant que nous ayons pu résister à une force aussi majeure. Leur porte-drapeau fut démonté un des premiers. Sa mort fit à peu près perdre courage à leur général en chef, qui s’amusait dans ce moment à lire le passeport, avec de grandes lunettes, d’un particulier qu’ils retenaient avec eux depuis les cinq heures du matin.
Une de leurs colonnes se rendit à Vendel et l’autre, qui devait faire partie de celle de Vitré, gagna vers les rochers de Malnoë. Ils ont dû porter leurs morts en terre à Billé et leurs malades encore plus loin. Il y en avait plusieurs armés d’outils tranchants. Ils annoncèrent à différents particuliers leur retour chez nous et que la battue du général Rouland, dont le rassemblement s’était fait en notre commune, nous avait attiré cette catastrophe.
Le commandant de la force armée de Fougères avait, dit-on, l’ordre du général Rouland de faire lever notre cantonnement et, par là, de nous laisser nos propres forces. Les chouans ne nous eussent pas eus ce jour-là puisque l’officier était sorti avec son petit détachement, ce qu’il n’eût pas du faire. Nous espérons que le général Rouland aura une meilleure idée de nous qu’il ne paraissait avoir ; c’est à l’œuvre qu’on voit l’ouvrier, il ne faut jamais condamner sans entendre. Les républicains menaçaient de nous lâcher il y a quinze jours, et les chouans ont tenté de mettre le feu trois fois à une maison, près les portes. Jugez de notre sort. On a trouvé de grandes torches qui étaient préparées à cet effet. Le pauvre Azema dut dire avant de partir qu’un cadenas d’une porte avait été forcé dans la nuit.
Les colonnes d’observation étaient disposées pour empêcher les secours des communes voisines. Nous découvrons leurs ruses. Nous nous préparons à la défensive et ils ne nous aurons point, ces lâches qui recrutent même les enfants de douze ans[1],[2]. »— Rapport de Coutard, commissaire du Directoire exécutif du canton de Saint-Aubin-du-Cormier, adressé au commissaire général
Bibliographie
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, 1894, p. 313-314.
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p. 678-680.
Références
Catégories :- Chouannerie
- Bataille des guerres de la Révolution française
- Histoire d'Ille-et-Vilaine
- Bataille sur le sol breton
- Bataille de 1799
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