- Bataille de Romagné (1796)
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La bataille de Romagné se déroula lors de la Chouannerie.
Sommaire
Prélude
Au début de l'année 1796, Boisguy tombe malade, ce qui l'empêche d'exercer son commandement. Le 11 janvier, il charge son second Auguste Hay de Bonteville d'attaquer un convoi, près de La Chapelle-Saint-Aubert, qui, parti de Rennes, se dirigeait sur Fougères. Bonteville ordonne le rassemblement de toute la division de Fougères au village de la Chène, situé entre Saint-Jean-sur-Vilaine et Romagné. Chalus commande la colonne Brutale; Saint-Gilles, la colonne Centre; et Dauguet la colonne Normande. Toutefois, le convoi passe avant l'arrivée des chouans qui ont pris du retard[1].
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « Du Boisguy était malade depuis près d'un mois, et Bonteville commandait la division de Fougères pendant son absence. Il reçut avis qu'un convoi considérable venait de Rennes à Fougères pendant son absence. Il reçut avis qu'un convoi considérable venait de Rennes à Fougères avec une escorte de dix-huit cents hommes. Du Boisguy lui fit dire de réunir ses trois colonnes et de l'attaquer. Bonteville indiqua le village de la Chène, situé entre Saint-Jean-sur-Couesnon et Romagné. Chalus commandait ce jour-là la colonne Brutale; le chevalier de Saint-Gilles et Louvières arrivèrent avec la colonne du Centre, et Dauguet, avec les Normands[1]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Selon le rapport républicain de Lebeschu, l'escorte est forte de 600 hommes, plus tard renforcée par 400 hommes[2]. Quant aux chouans, ils sont au nombre de 2 500 à 3 000[2], ce qui est probablement proche de la réalité car toute la division de Fougères était réunie. Selon Pontbriand, les Bleus ont 1 800 hommes d'escorte sans compter les renfort[1].
La bataille
Bonteville décide toutefois d'attaquer mais les colonnes chouannes manquent de coordination lors de l'attaque, et les républicains, malgré leur infériorité numérique, tiennent bon et parviennent à gagner Romagné dans lequel ils leur est plus facile de ses défendre. Les chouans attaquent sur deux côtés et pénétrent loin dans le bourg, ils sont malgré tout repoussés grâce à des renforts venus de Fougères. Le convoi gagne ensuite Fougères, pendant que les soldats épublicains retiennent les chouans. Ces derniers constatant leur échec, se replient et emportent leurs morts et leurs blessés. La bataille a surtout été meurtrière au début de l'action, les combats de rues ont causé moins de pertes, étant donné que les soldats des deux camps s'étaient retranchés[1],[2].
Rapport de Lebeschu « Le convoi que vous nous avez envoyé avec le dernier courrier, a été attaqué avant-hier par les chouans, quoique escorté de six cents hommes, et si un renfort d'environ quatre cents autres hommes, dont la majeure partie de notre garde nationale, n'avait volé à son secours dès qu'on entendit la fusillade, qui ne se passait qu'à une lieue et demi de nos murs c'en était fait du convoi; mais le renfort ayant relevé le courage ordinaire de nos frères d'armes, les chouans ont bientôt été mis en pleine déroute, quoique le rassemblement fut de deux mille cinq cents à trois mille hommes[2]. »
— Rapport au département de Lebeschu, commissaire provisoire du directoire exécutif écrit dans son rapport, 13 janvier
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « Mais il y eut du retard dans leur marche, et l'ennemi était déjà passé à leur arrivée ; néanmoins, Bonteville se décida à l'attaquer quand même, mais il y eut de l'indécison dans ses mouvements, et, au lieu de faire donner toutes les troupes à la fois, l'attaque se fit par colonnes séparées, ce qui empêcha de rompre la ligne des Républicains et leur donna le temps d'entrer dans le bourg de Romagné, où il leur était plus facile de se défendre. Bonteville fit attaquer le bourg par deux endroits à la fois, et, suivi, du chevalier de Saint-Gilles, il pénétra deux fois jusqu'aux dernières voitures du convoi, tandis que Chalus repoussait l'ennemi sur un autre point. Les Républicains se défendaient faiblement, et les Normands avançaient sur la droite et attaquaient les jardins du bourg ; déjà une partie des troupes prenait la route de Fougères, et Bonteville avait l'espoir de vaincre, lorsqu'un officier nommé Deruan, ancien gendarme de Lunéville, vint ranimer le moral était ébranlé. Il dirigea les opérations et fit marcher une partie des siens pour repousser Bonteville et Chalus ; mais ceux-ci avaient pris de bonnes positions, dont il ne put les débusquer, et le feu continuait ainsi, de part et d'autre, depuis une heure et demie, lorsqu'une partie de la garnison de Fougères parut. Déruan fit aussitôt filer le convoi, sous l'escorte de ces nouvelles troupes, et continua le combat pour protéger la marche des voitures, qui prirent la route de Fougères. Lorsque Déruan et les officiers qui commandaient la colonne républicaine les jugèrent assez loin, ils commencèrent leur retraite en très bon ordre et toujours en combattant, de manière que Bonteville ne put les atteindre. Il les suivit un quart de lieue, mais il regrettait d'avoir perdu le convoi.
Cette affaire fut bien conduite et fit honneur à Bonteville, Chalus, Saint-Gilles, Louvières, Dauguet et à tous les capitaines, qui se battirent avec intrépidité ; mais les colonnes arrivèrent trop tard au rendez-vous, et perdirent ainsi l'avantage de l'attaque, de la position, et du choix du terrain. Les Royalistes ne purent empêcher l'ennemi d'entrer dans le bourg de Romagné avec son convoi, et, dès ce moment, vu le nombre et la qualité des troupes, il était presque impossible de le forcer ; de plus, il était certain que la garnison de Fougères allait, sous peu de temps, venir au secours[1]. »— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Les pertes
Concernant les pertes, selon l'administrateur patriote Lebeschu elles sont de un officier tué et 13 hommes blessés, dont 3 dangereusement pour les Républicains tandis que celles des Chouans sont estimées à une centaine[2]. Pour Pontbriand les Chouans ont 8 hommes tués et 20 à 30 blessés tandis que les pertes des Républicains sont de 60 hommes[1].
Rapport de Lebeschu « Notre perte est d'un officier tué et 13 blessés, dont 3 très dangereusement. On ne sait jamais celle des chouans, parce qu'ils sont dans l'habitude d'enlever leurs morts et leurs blessés, mais on l'estime à 100 tués au moins et beaucoup de blessés[2]. »
— Rapport au département de Lebeschu, commissaire provisoire du directoire exécutif écrit dans son rapport, 13 janvier
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « Il (Bonteville) regrettait d'avoir manqué le convoi, perdu huit hommes qui furent tués et vingt et quelques blessés, parmi lesquels : François Brard, de Parigné ; Jean Petitpas, du Châtellier ; François Dupas, de Javené ; Pierre Rougeille, de Luitré ; Joseph Le Lardoux, du Ferré ; Guillaume Le Roux, de La Chapelle-Janson ; Georges Hubert, de Billé ; Jean Chaussière, de Bazouges ; François Couillard, de Saint-Sauveur, et Louis Mal, de Romagné, qui le furent assez grièvement.
Deruan, à son arrivée à Fougères, reçut des éloges mérités pour sa consuite. On disait que, sans lui, le convoi eût été pris. La perte des Républicains fut de 60 hommes, qui périrent presque tous au moment de la première attaque, car il y eut peu de monde tué pendant la longue fusillade qui suivit, les deux partis étant embusqués. Les Royalistes regrettaient d'avoir perdu inutilement beaucoup de munitions[1]. »— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Bibliographie
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, édition Plon, Paris, 1897 (réimpr. Y. Salmon, 1988), p. 281-284.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, 1894, p. 233.
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p. 498-499.
- Marie-Paul du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, édition Honoré Champion, Paris, 1904 (réimpr. La Découvrance, 1994), p. 280-282.
Références
Catégories :- Chouannerie
- Bataille des guerres de la Révolution française
- Bataille de 1796
- Bataille sur le sol breton
- Histoire d'Ille-et-Vilaine
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