- Bataille du Rocher de La Piochais
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La Bataille du Rocher de La Piochais (ou Rocher de La Plochais) fut une embuscade tendue aux Républicains par les Chouans le 21 décembre 1795, pendant les guerres de la Chouannerie. Ce fut la bataille la plus meurtrière pour les Républicains en Ille-et-Vilaine depuis la Virée de Galerne.
Sommaire
Le siège de Saint-Georges-de-Reintembault
Le 17 décembre 1795, les chouans attaquent Saint-Georges-de-Reintembault. Cette petite ville, peuplée de 4 000 habitants est un bastion patriote aux milieux de paroisses contrôlées par les chouans. Cependant la place dispose de solides fortifications que les chouans, dépourvus d'artillerie, ne peuvent espérer mettre à bas. En outre elle est défendue par une forte garnison de 300 à 400 soldats et gardes territoriaux. Ces derniers, connaissant bien le pays, lancent plusieurs incursions dans les paroisses blanches. Au cours de l'un des ces raids plusieurs Chouans, capturés à leurs domiciles, sont exécutés sommairement[1].
Ces exactions décident Aimé Picquet du Boisguy à attaquer Saint-Georges-de-Reintembault. Pour se faire, il réunit 2 000 de ses hommes. Boisguy tente tout d'abord de provoquer les patriotes afin de les pousser à faire une sortie, mais sans succès. Estimant que l'importante population de Saint-Georges peut donner des difficultés à la commune pour se ravitailler, il décide de faire le blocus de la ville et d'y mettre le siège, espérant que la faim poussera les républicains à se rendre. Auguste Hay de Bonteville est chargé de surveiller Fougères avec ses 1 200 soldats, il repousse plusieurs détachements. Finalement, après quelques jours de siège, les patriotes engagent des pourparlers avec les chouans. Boisguy exige d'eux la remise des armes et des munitions, la promesse de ne plus combattre contre les royalistes et la reconduite des soldats réguliers, sans armes, sur Fougères[1].
Rapport de l'administration républicaine « Citoyen général nous vous écrivons le cœur navré de douleur et l’esprit consterné ; un courrier, venu la nuit dernière de la commune de Saint-Georges-de-Reintembault, nous apprend que les chouans, repoussés dans toutes leurs attaques de vive force, ont réalisé le projet d’affamer le cantonnement et les habitants du chef-lieu, en détruisant les moulins qui faisaient leurs farines. Ils n’ont plus de pain que jusqu’au premier du mois prochain et ils ont été sommés de se rendre dans deux jours, sinon ils sont menacés de voir incendier tous les villages et enlever tous les grains et bestiaux. Depuis le 18, que nous avons écrit au général Bonnaud, nous n’avons eu aucune réponse ; nous lui écrivons encore en ce moment, mais quand recevra-t-il notre lettre ? Nous sommes contraints de la lui faire passer par des voies détournées. Nous n’avons plus qu’un espoir, et c’est en vous que nous le plaçons. Tâchez de nous envoyer sur le champ du secours. Il nous aidera à respirer et à secourir nos malheureux concitoyens jusqu’à ce que le renfort de l’armée de Cherbourg soit rendu. Les approvisionnements du magasin militaire de la place touchent aussi à leur fin et la garnison, faible par elle-même, insultée tous les jours, jusque sous les murs, ne saurait faire aucune sortie. Voilà l’extrémité où nous sommes réduits[2]. »
— Lettre du district de Fougéres au général Quantin, chef d'état-major de l'armée des côtes de Brest.
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « Le bourg de Saint-Georges-de-Reintembault avait été fortifié avec soin par les Républicains, qui y entretenaient toujours une garnison considérable. En cas d’alarme, le tocsin se faisait entendre, et trois à quatre cents habitants de cette paroisse, organisés en compagnies, couraient s’enfermer dans ce bourg, fort difficile à prendre sans artillerie. Cependant le mal qu’ils faisaient dans les paroisses royalistes, où ils pillaient et assassinaient impunément, le massacre récent de quelques soldats isolés, qu’ils avaient surpris chez eux, décidèrent du Boisguy à marcher contre eux. Il réunit donc sa colonne du Centre et celle de Normandie, pour aller prendre ses cantonnements dans cette paroisse. Il essaya d’abord de faire sortir la garnison, mais, voyant qu’il ne pouvait y réussir et pensant avec raison qu’il n’y avait pas de vivres pour le grand nombre d’hommes renfermés dans le bourg, il en fit bloquer toutes les avenues avec tant de soin que personne n’en pouvait sortir ; il fit mettre hors de service les moulins d’alentour, et conçut l’espoir de le prendre par la famine. Il avait chargé Bonteville, avec sa colonne, de surveiller Fougères. Ce dernier venait de battre et de rejeter sur Ernée un corps de trois cents hommes, qui venaient pour renforcer la garnison ; il avait repoussé une sortie que celle-ci venait de faire sur la route de Louvigné, avec une perte de deux cents cinquante hommes dans ces deux affaires, en sorte que les assiégés n’osaient plus sortir.
La garnison de Saint-Georges avait des vivres pour quinze jours, mais les gardes territoriaux et les habitants n'en avaient presque plus au bout de quatre jours; le septième, ils parlèrent de capituler. Du Boisguy leur fit dire qu'il n'exigeait d'eux que la remise de leurs armes et munitions, avec la promesse que désormais ils se tiendraient tranquilles chez eux, moyennant quoi la garnison serait reconduite sans armes à Fougères[1]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
L'armée de secours
À Fougères, les forces de la garnison sont trop faibles pour secourir Saint-Georges-de-Reintembault, cependant une colonne de 300 soldats en route pour Avranches gagne la ville le 20 décembre. L'adjudant-général Bernard, commandant de Fougères, décide alors de profiter de ce renfort pour envoyer des secours à Saint-Georges, il ajoute à cette colonne une partie de la garnison de Fougères[2], composée de soldats du bataillon de carabiniers du commandant Joré[1]. Le lendemain, la colonne, forte ainsi de plus de 500 hommes, se met en route, avec ordre de ravitailler en vivres et en munitions la place de Louvigné-du-Désert, puis de protéger l'évacuation du cantonnement de Saint-Georges-de-Reintembault[2].
Cette colonne arrive alors que les Bleus de Saint-Georges étaient peut-être sur le point d'accepter la capitulation[1]. Mais pendant la nuit, du Boisguy a été informé par Bonteville de l'arrivée à Fougères de ces renforts, aussitôt il décide de lever le siège et donne l'ordre à Bonteville de se porter sur Landéan. À l'aube, tous les chouans se rassemblent et s'embusquent au Rocher de La Piochais. La quasi-totalité de la divison de Fougères est rassemblée pour ce combat, elle est commandée personnellement par du Boisguy, secondé Auguste Hay de Bonteville, Jean Isidore de Saint-Gilles, dit « Du Guesclin », Dauguet, dit « Fleur-de-Rose », Michel Larchers-Louvières, dit « Hoche » et François Poirier dit « Sans-Chagrin ». La troupe républicaine est, selon Pontbriand, commandée par un général de brigade qui n'est pas nommé et secondé par le commandant Joré[1].
Rapport de l'administration républicaine « Hier, le commandant de l'arrondissement profita de l'arrivée d'une colonne, destinée pour Avranches et forte de trois cents hommes, pour mener à Louvigné-du-Désert des farines, des bœufs et des cartouches. Il joignit à cette colonne la faible garnison de Fougères, de manière que l'escorte était de plus de cinq cents hommes. Elle était en même temps chargée de protéger l'évacuation du cantonnement de Saint-Georges dénué de munitions et de pain[2]. »
— Rapport de du commissaire provisoire du district de Fougères au département.
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « Il avait l'espoir que ces conditions allaient être acceptées, lorsqu'il reçut, pendant la nuit qui suivit ces propositions, une dépêche de Bonteville le prévenant qu'un corps de dix-huit cents homme, venant des frontières, était arrivé la veille à Fougères, et que, le lendemain, le général de brigade qui les commandait devait marcher pour débloquer Saint-Georges.
Ces nouvelles étaient positives. Du Boisguy, voyant ses espérances ainsi renversées, prit son parti sur-le-champ; il envoya l'ordre à Bonteville d'aller se poster à Landéan et de l'y attendre, et, dans le même temps, il fit lever tous ses postes et se mit en marche avec toutes ses troupes, résolu à attendre l'ennemi à la forte position de la Piochais, où il devait passer. Il y arriva à la pointe du jour et fit aussitôt embusquer ses troupes. Bonteville et le chevalier de Saint-Gilles commandaient le centre et la droite; Dauguet, avec la colonne Normande, occupait la gauche. Du Boisguy, suivi de Louvières, Poirier, Breil et quatre cents hommes choisis, marcha pour prendre position sur les derrières de l'ennemi, lorsque l'action serait engagée. Toutes ces troupes réunies montaient à environ deux mille huit cents hommes[1]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Forces en présence
Selon le rapport républicain, leurs troupes sont fortes de plus de 500 hommes, dont 300 de la colonne d'Avranches, et les chouans sont au nombre de 6 000 à 8 000[2], cette dernière estimation est certainement surrévaluée, il est impossible que Boisguy ait pu avoir de troupes aussi nombreuses. Selon le colonel chouan Pontbriand il y a 2 800 hommes dans chaque camp, (pour les Républicains ; 1 800 hommes de la colonne d'Avranches renforcés par environ 1 000 hommes de la garnison de Fougères)[1].
La bataille
Les troupes républicaines paraissent au matin, mais elles repérent l'embuscade et ne tombent pas dans le piège. Les soldats se mettent en formation en lançant des railleries et des insultes à leurs ennemis, puis marchent baïonnette au canon. Les chouans les laissent s'approcher jusqu'à une distance de 12 mètres, puis ouvrent le feu. La décharge est meurtrière et le général ordonne la retraite, et les républicains rétrogradent en bon ordre malgré le feu des chouans. Au même moment à l'autre bout de la colonne, Boisguy, à la tête de 400 hommes, enfonce l'arrière-garde et se saisit des voitures de vivres et de pains destinés à ravitailler Saint-Georges. Les républicains sont alors encerclés, les marais sur leurs flancs les empêchent de se replier. À l'avant-garde, le général met sa troupe en formation au carré, Joré fait de même à l'arrière-garde après avoir rallié les fuyards. Mais les soldats républicains, à découvert, restent constamment sous le feu des chouans, protégés par les marais et embusqués derrière les fossés et les haies. Bonteville, Saint-Gilles et Dauguet lancent alors une charge sur le carré de l'avant-garde, les chouans en nette supériorité numérique, l'écrasent rapidement. Le carré de Joré et de ses carabiniers résiste plus longtemps, les chouans y pénétrent un instant, puis en sont délogés, avant qu'une deuxième attaque ne s'avère décisive. Les lignes républicaines sont disploquées et les soldats en déroute, s'enfuient vers Fougères. Les Républicains subissent ce jour là leur plus lourde défaite face aux chouans en Ille-et-Vilaine[1].
Rapport de l'administration républicaine « Les chouans embusqués sur quatre colonnes, l'une en uniforme gris, l'autre en uniforme rouge, l'autre en uniforme bleu et l'autre en habit de paysans, ont attaqué le convoi à hauteur du rocher de La Plochaye. L'escorte a fait une vigoureuse résistance, mais les chouans dont on porte le nombre à six ou huit mille, avaient pris une position si avantageuse que de tous côtés les républicains ont été cernés. Le convoi a été pris, également que les deux caissons qui portaient les munitions de guerre et de bouche, et l'escorte a perdu au moins la moitié des soldats qui la composaient. La majeure partie de ceux qui sont parvenus à faire jour au travers de l'ennemi est rentrée dans nos murs, les uns sans fusils, les autres sans sacs, sans chapeaux, sans souliers et même sans habits[2]. »
— Rapport de du commissaire provisoire du district de Fougères au département.
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « À peine ces dispositions étaient-elles prises que l'avant-garde des Républicains parut. Elle découvrit l'embuscade et s'arrêta court pour attendre le corps de bataille. Ces soldats, qui n'avaient point encore combattu les Royalistes, qu'on leur avait représentés comme un ramas de paysans sans discipline, les insultaient à haute voix et les engageaient ironiquement à les attendre. Le général de brigade qui commandait cette troupe, réunie à environ mille hommes de la garnison de Fougères, sous les ordres du brave Joré, se décida à enlever la position de vive force; il fit former ses pelotons et leur ordonna de marcher à la baïonnette.
Cependant, Bonteville et Saint-Gilles parcouraient les rangs, défendant de tirer sans ordre, ce qui fut si bien exécuté que la première décharge eut lieu à vingt pas. Les premiers pelotons furent presque entièrement détruits et immédiatement remplacés par d'autres qui eurent le même sort. Le général, surpris d'une résistance qu'il n'attendait pas, fit arrêter sa troupe et ordonna un mouvement rétrograde, dans l'espoir de faire sortir les Royalistes de leur position, pour les combattre avec moins de désavantage. Ce mouvement s'opéra en bon ordre, toujours sous le feu des Royalistes, auquel les Républicains ne répondaient pas; mais dans ce moment, une vive fusillade se fit entendre sur les derrières de la colonne. C'était l'intrépide Boisguy qui enfonçait l'arrière-garde et s'emparait des voitures chargées de pain et de vivres destinés pour Saint-Georges.
Pendant que Joré réunissait les fuyards de cette arrière-garde pour tenir tête à du Boisguy, le général fit former un carré long et ouvrir un feu terrible; mais Bonteville, Saint-Gilles et Dauguet descendirent alors de leurs positions, sur l'ennemi, qu'ils attaquèrent de toutes parts. Saint-Gilles combattit à la baïonnette sur la grande route, tandis qu'à l'abri des haies et des fossés, dont le pays est couvert, les Royalistes tiraient sur cette épaisse colonne, presque sans perdre un seul coup.
Du Boisguy fit des prodiges pour enfoncer le carré que Joré avait formé. Suivi de ses capitaines et des plus braves, il pénétra deux fois au milieu de ce carré, avant de rompre ces braves soldats; mais enfin ceux-ci voyant la déroute générale, prirent aussi la fuite et jamais victoire ne fut plus complète[1]. »— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Pertes
Il est certain que cette bataille se termina par une victoire écrasante des chouans. Le rapport républicain avoue que « l'escorte a perdu au moins la moitié des soldats qui la composaient », soit au moins 250 hommes[2]. Selon Pontbriand, les Chouans ont 39 tués et environ 40 blessés, il porte également le nombre des tués républicains à plus de 1 200, et estime qu'il n'y eût pas 200 hommes à rentrer sans blessure à Fougères[1]. Les corps des soldats républicains auraient été enterrés à la prairie de Chevaux-Morts[3].
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « Les insultes et les bravades des Républicains avant l'action avaient exaspéré les Royalistes, et leur firent redoubler d'efforts pour vaincre. Officiers et soldats, tous firent leur devoir et combattirent pendant trois heures avec une ardeur extraordinaire. Louvières, Poirier, Francœur, Hervé, de Lécousse; Oger, de Beaucé; Angeneau, de La Chapelle-Janson; André Charles, de Fougères; Maupilé Pierre et nombre d'autres, reçurent publiquement des éloges de du Boisguy pour leur conduite pendant cette action.
Plus de douze cents hommes restèrent sur le champ de bataille; le reste prit la fuite, et il n'en rentra pas deux cents sans blessures à Fougères.
Les Royalistes eurent trente-neuf hommes tués et environ quarante blessés, presque tous dans les attaques des carrés, qui furent faites par Saint-Gilles, Bonteville, Louvières, Dauguet et Boisguy, sur la grande route, aux deux extrémités de la colonne; car à l'attaque de leur position sur le Rocher de la Piochais et à celle qu'ils firent sur les flancs des Républicains, ils étaient si bien embusqués qu'ils ne perdirent pas un seul homme; deux seulement furent blessés.Jean Bazin, de Saint-Ouen-la-Rouërie ; Julien Loutre, de Mellé ; Pierre le Roi, de Saint-Sauveur ; Pierre Forêt, de Saint-Hilaire ; Julien Laumondais, de Sougéal ; Guillaume Maudit, du Châtellier ; Guillaume le Pauvre, de Landéan ; Julien Chénuas, de Landéan ; André Garnier, de Lécousse ; Louis Petit, de Saint-Germain ; René Roussel, de Lécousse ; François Mézette (ou Mézéray), lieutenant de Parigné ; Julien David, sous-lieutenant de Parigné ; Noël Plard, sergent, du Châtellier, furent assez grièvement blessés[1]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Conséquences
Cette défaite fut en tout cas vécue comme une véritable catastrophe par les républicains de la région. La conclusion du rapport du commissaire provisoire de Fougères à l'administration du département exagère grandement une situation pourtant dramatique, et témoigne de la panique des patriotes :
Rapport de l'administration républicaine « Qu'allons-nous devenir, citoyens, après un désastre aussi continuel ? Le découragement se jette dans la troupe et dans le cœur des patriotes qui ne peuvent, malgré leurs réclamations, obtenir la protection qu'ils méritent. Les chouans, renforcés par une affluence considérable d'émigrés et de vendéens, sont absolument maîtres du pays. Ils ne marchent plus qu'en masse et cette masse devient presque incalculable par la réunion qui se fait sans obstacles des brigands de la ci-devant Normandie, de Laval, de Vitré et d'Ernée, avec ceux de notre pays. Si l'on en croit le rapport d'un officier qui a échappé au feu des scélérats, le drapeau arboré par eux était le même que celui qu'il avait déjà vu dans une précédente affaire. Nous avons pour ennemis sur notre territoire, les chouans du Maine, de la Haute et Basse-Bretagne, de la Normandie, des Vendéens et d'une foule d'émigrés. Notre pays est donc celui sur lequel on devrait le plus ouvrir les yeux et celui qu'on néglige le plus. Nous tremblons à chaque instant d'apprendre que Saint-Georges est au pouvoir des brigands ; nous tremblons pour son cantonnement; nous tremblons que les autres n'éprouvent de suite le même sort. Nous ne pouvons les soulager ni communiquer avec eux, et si on les livre, nous aurons la douleur de voir massacrer une foule de famille patriotes auxquelles les chouans font un crime irrémissible d'avoir été constamment attachées aux principes républicains.
Nous avons écrit hier au directoire exécutif, au ministre de la guerre et au général en chef des Côtes de Cherbourg; nous leur avons peint notre position : nous ne leur avons pas dissimulé que si l'oubli cruel où l'on nous laisse continue, la perte de nos campagnes et même l'invasion du chef-lieu en seront la suite. Comment en effet pouvoir alimenter les habitants et la garnison ? Les chouans qui n'auront plus de cantonnements à attaquer se tourneront sur Fougères, intercepteront les communications et finiront par nous affamer...Nos lettres sont pressantes, mais quand seront-elles parvenues à destinations? Pas assez tôt malheureusement pour obtenir les secours qui nous sont nécessaires dans cette fâcheuse conjoncture... Il nous reste, citoyens, qu'un espoir, celui d'obtenir par vos soins et vos instances auprès des généraux qui commandent à Rennes, un envoi provisoire de troupes qui puisse au moins nous mettre dans le cas d'attendre les forces que pourra nous envoyer le général en chef des côtes de Cherbourg. Il n'y a pas un instant à perdre...Les chouans vont employer les fusils que leur a procurés l'affaire d'hier, à faire de nouvelles levées et si le remède n'est point prompt, vous apprendrez peut-être sous peu notre perte et celle de tous les patriotes de Fougères, qui, comme nous, feraient le sacrifice de leur vie plutôt que de trahir la cause de la liberté[2]. »— Rapport de du commissaire provisoire du district de Fougères au département.
Ces supplications furent entendues, le général de brigade Jean Humbert dut arriver en urgence à Fougères depuis Vitré avec 800 hommes.
En outre Gabriel d'Hédouville, général en chef de l'Armée des côtes de Cherbourg, envoie une colonne commandée par le général Rey renforcer la place de Fougères, le général Bonnaud arrive également avec 400 hommes pour renforcer les cantonnements, enfin l'adjudant-général Bernard reçoit l'ordre de maintenir à Fougères, les survivants de la bataille de la Plochais[2].
Carte
Bibliographie
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, édition Plon, Paris, 1897 (réimpr. Y. Salmon, 1988), p. 249-254.
- Théodore Lemas, Le district de Fougères pendant les Guerres de l'Ouest et de la Chouannerie 1793-1800, Rue des Scribes Éditions, 1894, p. 229-230.
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p. 477-483.
- Marie-Paul du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, édition Honoré Champion, Paris, 1904 (réimpr. La Découvrance, 1994), p. 236-254.
- François Cadic, Histoire populaire de la chouannerie, t. II, éditions Terre de Brume, 2003, p. 87-88.
Références
Catégories :- Chouannerie
- Bataille des guerres de la Révolution française
- Bataille de 1795
- Histoire d'Ille-et-Vilaine
- Bataille sur le sol breton
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