- Combat de La Chapelle-Saint-Aubert (1794)
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Le Combat de La Chapelle-Saint-Aubert opposa Républicains et Chouans pendant la Chouannerie.
Sommaire
Prélude
Vers le début du mois de mai 1794, Joseph de Puisaye, réfugié dans le pays de Vitré, projettait une expédition sur le Morbihan afin d'y rallier des troupes et de prendre Rennes. Cherchant d'abord à réunir les forces de l'Est de l'Ille-et-Vilaine, il envoie un courrier à Aimé du Boisguy, chef de chouan du pays de Fougères et lui donne rendez-vous à La Chapelle-Saint-Aubert. Boisguy se rend comme convenu avec 300 hommes au lieu choisit mais des patrouilles républicaines dissuade Puisaye de s'y rendre. Boisguy n'en est pas informé, il envoie alors le chevalier de Baillorche patrouiller dans les environs, mais celui-ci revient une demi-heure plus tard, poursuivi par une colonne de soldats républicains[1].
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « C'est à cette époque que du Boisguy, qui n'avait point encore entendu parler de M. le comte de Puisaye, en reçut une lettre, lui demandant un entretien et lui indiquant, pour cela, un lieu de rendez-vous. Sans savoir quel était ce personnage et ce qu'il lui voulait, du Boisguy se rendit au lieu désigné, avec trois cents hommes ; il arriva à la Chapelle-Saint-Aubert, en Romagné, au jour et heure fixés, mais il n'y trouva personne, et pas même de lettre d'avis. Il envoya alors le chevalier de Bailleroche à la recherche de M. de Puisaye, avec un détachement, et, une demie-heure après, le chevalier vint donner avis qu'il venait de rencontrer une colonne de cinq cents hommes et qu'il était poursuivi[1]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Le combat
Les Chouans s'embusquent alors sur les lieux même et se déployèrent sur un front assez large possible. Les Républicains, arrivés en désordre, sont accueillis par une fusillade, suivie d'une charge des Chouans qui se jettent hors de leurs fossés. Un bref corps-à-corps s'engage, mais les Républicains prennent rapidement la fuite. Les Chouans poursuivent mais Boisguy est informé que d'autres troupes sont sorties deFougères, il arrête ses hommes et rétrograde sur La Chapelle-Saint-Aubert. Mais il est de nouveau averti qu'une colonne républicaine vient de s'embusquer à l'endroit même où le combat s'était. Peu de temps après des grenadiers républicains apparaissent sur le flanc gauche, et marchent sur les Chouans, baïonnette au canon. Mais leur capitaine est abattu par un tireur d'élite et les grenadiers, déconcertés par la mort de leur chef, prennent la fuite à leur rour, les Chouans sur leurs talons. Ils se replient sur l'embuscade de La Chapelle-Saint-Aubert et jettent le désordre dans leurs rangs. La panique finit gagne les Républicains et se répand dans leurs rangs. À la nuit tombante, Boisguy donne l'ordre de cesser la poursuite, mais une partie de son avant-garde, commandée par le chevalier de Baillorche, se porte trop en avant et se retrouve cernée par les Républicains. Selon Pontbriand, dix Chouans sont tués et le Baillorche est pris et fusillés sur-le-champ, suite à une embuscade aux abords de Fougères[1].
Récit de Toussaint du Breil de Pontbriand « Du Boisguy fit aussitôt embusquer toute sa troupe dans le lieu même, et garnit les jardins et les champs voisins environnés de fossés, en s'étendant sur le plus grand front possible. A peine avait-il pris ces dispositions que les Républicains, qui poursuivaient le détachement du chevalier, vinrent en désordre donner dans l'embuscade, où ils furent assaillis par une grêle de balles qui leur tua d'abord beaucoup de monde ; du Boisguy, les voyant déconcertés de cette attaque imprévue, crie à ses soldats de le suivre et s'élance au milieu des ennemis, mais, son pied s'étant pris dans une ronce, il tomba de l'autre côté d'un fossé, où il reçut la décharge de plus de cinquante hommes, sans être atteint ; ses troupes, voyant son danger, se précipitèrent sur les Républicains en poussant de grands cris ; on combattit un instant au corps à corps ; mais ceux-ci, voyant la longue ligne des Royalistes et les croyant plus nombreux qu'ils n'étaient en réalité, prirent la fuite ; ils furent poursuivis pendant une demi-lieue, laissant cent vingt hommes sur le champ de bataille. Du Boisguy fut arrêté par un paysan, qui avait aperçu une colonne de quinze cents hommes, sortie de Fougères aux premiers coups de fusil, et qui accourut, au péril de sa vie, pour le prévenir. Il n'eut que le temps de d'arrêter la poursuite et de rallier ses troupes ; il revenait sur la Chapelle-Saint-Aubert, lorsqu'il fut prévenu qu'une autre troupe, forte d'environ quatre cents hommes, venait d'occuper son premier champ de bataille et y était embusquée. Il avait à peine eu le temps de donner quelques ordres, quand il aperçut de l'autre côté, sur la gauche, une compagnie de cent vingt grenadiers qui s'avançait sur lui en bon ordre ; le capitaine de cette compagnie ordonna de marcher à la baïonnette, sans tirer, et cria, en même temps, aux Royalistes que toute résistance était inutile, parce qu'ils étaient cernés de toutes parts. Du Boisguy, voyant le péril, ordonne à Decroix, son ancien garde-chasse, habile tireur, d'ajuster le capitaine, qui tombe à l'instant, frappé d'une balle dans la poitrine, au milieu de ses grenadiers qui s'arrêtent étonnés et indécis ; profitant de ce moment : « Il faut vaincre ou périr, » dit-il, et, suivi des plus braves, il s'élance sur les grenadiers qui semblaient avoir perdu leur audace avec leur brave capitaine ; ils prennent la fuite et se jettent dans un tel désordre sur l'embuscade placée à la Chapelle-Saint-Aubert, qu'ils entraînent tout dans leur déroute. Un terreur panique semblait s'être emparée d'eux et gagna les troupes qui marchaient à leur secours, en sorte que, vers 8 heures du soir, on vit plus de quinze cents hommes fuyant devant trois cents et poursuivis avec tant d'acharnement que plus de trois cent d'entre eux demeurèrent sur la palce, sans que les Royalistes n'eussent perdu qu'un seul des leurs ; mais, la nuit approchant, du Boisguy essaya de rallier sa troupe ; ce fut en vain ; elle alla donner, à son tour, dans une embuscade, près de Fougères, où dix hommes furent tué, et le brave chevalier de Bailleroche, pris, au milieu des fuyards qu'il poursuivait trop vivement ; il fut fusillé sur-le-champ. Vingt-deux Royalistes furent blessés, Louis Simon, de Fougères ; Charles André, de Barenton ; François Machard, de Fougères ; Joseph le Gendre, de Dompierre ; Jean Chérel, de Lécousse ; Julien du Pontavice, de Saint-James, et Jean le Breton, de Parigné, le furent assez grièvement. Tous ceux qui formaient la troupe d'élite de du Boisguy firent des prodiges de valeur dans cette affaire, et les autres compagnies qui s'y trouvèrent ne cessèrent de se distinguer, par la suite, dans ses colonnes[1]. »
— Mémoires de Toussaint du Breil de Pontbriand
Bibliographie
- Toussaint du Breil de Pontbriand, Mémoire du colonel de Pontbriand sur les guerres de la Chouannerie, édition Plon, Paris, 1897 (réimpr. Y. Salmon, 1988), p. 80-84.
- Christian Le Boutellier, La Révolution dans le Pays de Fougères, Société archéologique et historique de l'arrondissement de Fougères, 1989, p. 340-341.
- Marie-Paul du Breil de Pontbriand, Un chouan, le général du Boisguy, édition Honoré Champion, Paris, 1904 (réimpr. La Découvrance, 1994), p.66-70.
Références
Catégories :- Chouannerie
- Bataille des guerres de la Révolution française
- Bataille sur le sol breton
- Histoire d'Ille-et-Vilaine
- Bataille de 1794
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