Histoire de Reims

Histoire de Reims
Article principal : Reims.

Sommaire

La région de Reims à la préhistoire

Haches polies en diorite du Néolithique retrouvées près de Reims, aujourd'hui exposées au muséum de Toulouse.

Les premières traces d'implantation humaine dans les environs de Reims remontent au Néolithique et au Chalcolithique (fin du IIIe millénaire av. J.-C.). Des champs d'urnes de l'âge de bronze y ont été retrouvés. La vallée de la Vesle a connu une occupation assez dense durant l'âge du fer. Il ne reste cependant que très peu de vestiges de ces époques sur le site de l'actuelle Reims.

Antiquité

Article connexe : Rèmes.

Durocorter, oppidum rème

L'oppidum du « Vieux Reims », situé sur les actuelles communes de Variscourt et Condé-sur-Suippe[1], était le chef-lieu des Rèmes. Ils le déplacèrent cependant vers 80 av. J.-C. lors de la construction de l'oppidum de Durocorter, sur le site qui deviendra Reims. Le nom de Durocorter signifiait en celtique « la forteresse ronde ». Pour d'autres, il provient des mots gaulois dure (« tour » ou « eau ») et cort (« métairie »), se transcrivant par « métairie bâtie près d'une tour ou des eaux »[2]. Son toponyme devint Durocortorum d'après les commentaires de Jules César et Duricortora (Δουρικορτόρα) pour Strabon.

Il n'existe que peu d'informations sur ce qu'était Durocorter avant l'arrivée des Romains puisque les gaulois se transmettait oralement le savoir[3]. Elle était cependant considérée comme la « dernière cité civilisée » au nord[4].

Les Rèmes et Rome

Le territoire des Rèmes (REMI) lors de la bataille de l'Aisne en -57.

Voyant l'avancée de l'armée de César en Gaule, les Belges s'unirent pour repousser cette invasion. Les Rèmes restèrent en dehors de la coalition et décidèrent de s'allier avec l'Empire romain. Ils envoyèrent deux députés négocier avec des offrandes à la rencontre des Romains[5]. Ils tentèrent de convaincre leurs « frères » Suessions, avec qui ils partageaient les lois et le gouvernement, de les suivre mais en vain[6]. En 57 av. J.-C., les Belges attaquèrent l'oppidum rème de Bibrax (« Vieux-Laon »)[5]. L'armée de Jules César obtint cependant la victoire[7]. Après le retrait de César, des armées belges attaquent les Rèmes. Les troupes romaines font demi-tour et viennent en aide à leurs alliés[2]. Les Suessions furent placés sous la domination des Rèmes[7]. Le territoire des Rèmes s'étendait à l'époque de la Seine à la Marne et à la Meuse[4].

En 53 av. J.-C., César ordonna au concilium Galliae de se réunir à Durocortorum pour y juger la conjuration des Sénons et des Carnutes. Les Rèmes restèrent fidèles à Rome tout au long de la Guerre des Gaules. Durocortorum fut ainsi classée parmi les cités fédérées, considérées comme indépendantes. La ville, privilégiée du fait de son alliance avec Rome, conserve ses lois, sa religion et son gouvernement[2]. Sous Auguste, leur territoire fut placé dans la province de Belgique dont Durocortorum devint la capitale.

De récents travaux archéologiques attestent même que la ville fut la deuxième plus vaste de l'Empire après Rome[8]). Sept grandes voies desservent la ville.[réf. nécessaire]

Au Bas-Empire, une muraille est construite pour défendre la ville : la surface enclose réduit considérablement la superficie de la ville (35 ha)[9]. En 357 et en 366, des invasions germaniques sont repoussées dans la région avant qu'elles n'atteignent Reims. Mais en 406, les Vandales s'emparent de la ville et la pillent. Les Rémois sont réfugiés alors dans l'église chrétienne et l'évêque saint Nicaise est décapité sur le seuil de sa cathédrale[10]. Et en 451, ce sont les Huns qui attaquent la ville.

Le Moyen Âge

Vue de la face principale de la cathédrale.

Le christianisme apparaît au milieu du IIIe siècle à cause de l'évêque Sixte et une première cathédrale est élevée au IVe siècle mais ce n'est qu'au Ve siècle que l'emplacement actuel commence à être occupé par l'Église qui y installe d'abord un ensemble épiscopal puis plusieurs cathédrales qui se succèdent jusqu'à celle qui existe aujourd'hui[11].

Saint Remi contribue également à la diffusion du christianisme dans la région rémoise aux Ve et VIe siècles. En tant qu'évêque de Reims, il négocie la soumission de Reims à Clovis, à l'actuel emplacement de l'église Saint Nicaise[12]. Le jour de Noël entre 496 et 506[13], Clovis est baptisé dans la cathédrale rémoise par Saint Remi, après avoir reçu une instruction chrétienne de sa part[14]. La tradition veut que le baptême ait lieu le 25 décembre 496, mais selon des auteurs récents, les années 498 ou 499 sont davantage probables[13],[15]. D'après Grégoire de Tours, 3 000 de soldats francs sont baptisés le même jour[16]. Selon la légende, Saint Remi oint Clovis avec la Sainte Ampoule, délivrée par un ange, sous les traits d'une colombe. C'est en raison de cette conversion du roi des Francs que de Louis VII à Charles X, excepté Henri IV, tous les rois de France seront sacrés à Reims, le plus souvent par l'archevêque de la ville[17].

À l'époque mérovingienne, Reims est l'une des capitales de l'Austrasie[18], avec Metz, plus centrale où Thierry Ier fixe sa cour en 511.

En 719, Reims est démantelée par Charles Martel ; un grand nombre de monuments rappelant son ancienne puissance et sa prospérité du temps de l'époque gallo-romaine disparaissent.

En 804, Charlemagne y reçoit le pape Léon III.

Vers l'An mil, l'archevêque de Reims, Gerbert d'Aurillac, est élu pape sous le nom de Sylvestre II.

En 1119, la ville reçoit un concile.

En 1143, la ville obtient des franchises communales, qui lui sont retirées peu après[19].

Naissance du conseil de ville

Le conseil de ville rémois est né de la guerre franco-anglaise. Après la défaite de Crécy en 1346 et surtout après celle de Poitiers en 1356, à la nouvelle de la capture du roi Jean II le Bon, la consternation fut générale sur toute la France. Toutes les bonnes villes du royaume prises d’effroi, s’attelèrent à leur propre défense[20]. Pour assurer leur protection, elles se dotèrent d’une institution. À Troyes, les habitants s’étaient munis en 1358 d’un gouvernement municipal unifié[21].

Reims suivit ce mouvement. Pour P. Varin, une nouvelle période de leur histoire s’est ouverte puisqu'un second corps, le conseil de ville, est apparu à côté de l’échevinage[22]. Pour P. Desportes « … la crise de 1358 a seulement consolidé des éléments apparus antérieurement. […] L’innovation […] réside dans cette émergence progressive à partir de 1346 d’un organisme commun à toute la ville chargé de régler les problèmes de défense. En 1358, l’archevêque principal seigneur de Reims a perdu définitivement tout contrôle sur ce corps naissant »[23].

En juin 1358, les Rémois sont entrés dans l’illégalité en portant à leur tête six notables qui ont prétendu gouverner la ville. Le 9 septembre 1358, une lettre du régent du royaume confirme cet acte et reconnaît les administrateurs élus du peuple : « … lesdits habitans […] aient entre eulz, du commun consentement de tous les habitans […] esleu six bonnes et convenables personnes pour prendre garde des ouvrages et nécessitez, seurté et tuition de la ville… »[24]. Il leur permettait de forcer tous les habitants de quelques conditions qu’ils fussent à payer des taxes imposées. Surtout, il les autorisait à changer un ou plusieurs de leurs membres s’il venait à ne plus pouvoir assumer sa fonction. Cet acte érigeait le conseil de ville en institution permanente et urbaine. Il est certain que le régent s’appuya sur les villes, en particulier Reims car la guerre ayant obligé les ruraux à se réfugier dans les villes, ces dernières possédaient « le commerce et toutes les richesses »[25].

La guerre a permis la pérennité du conseil de ville en le rendant indispensable, d’où sa présence encore à notre époque. Les prérogatives du conseil de ville concernaient à ses débuts uniquement la défense. À cette date le processus de formation du conseil est loin d’être arrivé à son terme et c’est durant la guerre de Cent Ans que les institutions urbaines connaissent un nouveau progrès : elles s’imposent[26].

La Renaissance

Le grand chantier municipal, après la guerre de Cent Ans était la réfection de la muraille d'enceinte.
Les débuts de la Réforme protestante à Reims se virent à partir de 1559 en des châteaux amis mais des rixes arrivèrent lorsque les réunions étaient publiques; des sommités sont venues à Reims comme Théodore de Bèze. La réaction de la ligue est importante par l'intermédiaire de la Maison de Guise qui est fortement implantée en ces terres avec Charles de Lorraine. Ils encouragent un fort courant de dévotions dans la ligne du concile de Trente.

Après l'accord de Paul III en 1547, l'université de Reims est créée en 1548 par le cardinal de Lorraine qui vient d'obtenir l'accord du roi; le collège des Bons enfants commence par un enseignement d'arts, puis de théologie et ensuite de droit et de médecine; en 1567 les élèves du séminaire peuvent suivre les enseignements de la faculté. Les Jésuites ouvrent aussi un enseignement à Reims.

En 1562, le massacre de Wassy active une nouvelle phase armée entre les catholiques et les protestants. Même si les confrontations armées sont rares, les troupes ravagent la campagne et obligent les gens à se réfugier dans l'enceinte de la ville. La ligue renforce son emprise sur la ville par Louis de Lorraine et Antoine de Saint Pol alors que Châlons, gouverné par Joachim de Dinteville est fidèle au roi Henri III. Mais Reims finit par faire sa soumission à Henri IV, qui fut, faut-il le dire, sacré à Chartres, et le Château de la Porte de Mars fut détruit comme symbole de la Ligue. Troubles et accalmies se succèdent avec les princes de Sedan et les ducs de Lorraine, jusqu'au traité de Liverdun de 1632.

Avec la guerre contre l'Espagne, puis la fronde, de nouveaux moments de troubles ravagent les campagnes et les milices bourgeoises de la ville protègent bien des vies mais pas de la misère[27]. Le sacre de Louis XIV amène de l'espoir qui est consacré par le traité des Pyrénées en 1659.

C'est en ce temps que la ville se dote à partir de 1757 d'un espace pour bâtir la place royale sous l'impulsion de Trudaine et Legendre, de 1627 d'un hôtel de ville, de fontaines comme celles données par Jean Godinot. Il y a des constructions prestigieuses comme le palais archiépiscopal à partir de 1498, le collège des Jésuites de Reims.

C'est une ville qui attire le commerce lointain par ses quatre foires, celle de Pâques place de la Couture étant la plus importante, qui travaille le cuir, la laine, le lin, le chanvre ses tissages feront la fortune de familles comme celle des Colberts.

La Révolution française

L'université de Reims est un grand centre de formation qui voit passer des hommes qui feront leur chemin comme Brissot, Couthon, Danton, Pétion, Prieur de la Marne, ou Saint-Just, de nouveaux cours s'ouvrent en marge de celle-ci comme des mathématiques en 1745, de dessin en 1748 à l'hôtel de ville, des cours d'accouchement en 1774 et d'anatomie en 1779 par le docteur Robin et un cours de chimie par Pilâtre de Rozier en 1780.
Le bailliage envoie des députés de Reims qui ne se font pas entendre pour leur véhémence. Elle n'est pas une ville meneuse pendant la Révolution française, elle subit surtout les périodes de disette avec une émeute de la faim le 11 mars 1789, pendant l'hiver 1793/1794 il y eut des réquisitions et l'on s'en prit aux accapareurs, ou supposés tels, il y eut une autre famine l'hiver suivant qui mit près du tiers de la population au rang d'indigents. Les édifices des religieux furent mis en vente et la Cathédrale de Reims transformée en grange à fourrage par le représentant Bô. La Sainte Ampoule détruite et les reliques de Saint Remi brûlées en place publique. Le curé constitutionnel Jules-Armand Seraine aurait sauvé une part de ses reliques.
Les massacres de Septembre font neuf morts à Reims, tués le 3 septembre 1792 par des volontaires parisiens rejoignant l’armée en campagne contre les Prussiens qui venaient de faire tomber Verdun[28].
La guillotine a fonctionné quatre fois pendant la Révolution[29].

Le XXe siècle

Le début du XXe siècle est marqué par de retentissants événements aériens qui font de Reims l'un des berceaux de l'aviation dans le monde[30]. C’est dans la plaine située au nord de Reims, à l’emplacement de l’actuelle Base aérienne 112, que sont organisés certains de ces évènements :

  • Le 21 septembre 1901, sur une esplanade longue de 1 350 mètres et large de 800, a lieu la cérémonie mettant fin aux grandes manœuvres militaires de l’Est et au cours de laquelle le tzar Nicolas II de Russie, en présence du président de la République Émile Loubet, passe les troupes en revue – un peu plus de cent mille hommes.
  • Le premier voyage aérien de l'histoire mondiale de l'aviation effectué par Henri Farman le 30 octobre 1908 entre Bouy et la Cité des Sacres (vingt-sept kilomètres), première Grande semaine d'aviation de la Champagne organisée du 22 au 29 août 1909 (premier meeting international d'aviation), seconde Grande semaine d'aviation de la Champagne organisée en juillet 1910, concours d'aéroplanes militaires de Reims d'octobre et novembre 1911 (autre première mondiale) et coupe internationale d'aviation de vitesse Gordon-Benett des 27, 28 et 29 septembre 1913 remportée par le Rémois Prévost avec 203 kilomètres à l'heure.

La garnison de Reims, importante depuis la fin du XIXe siècle, est, au siècle dernier, le lieu de stationnement de nombreuses formations militaires. Celles-ci totalisent plusieurs milliers de soldats logés dans de nombreuses casernes : caserne Colbert (boulevard de la Paix), caserne Jeanne d'Arc (boulevard Pommery), casernes Neufchâtel et Maistre (rue de Neufchâtel). En 2009, seule subsiste la caserne Colbert, désaffectée, dont la démolition, un temps envisagée, a fort heureusement été évitée grâce à la mobilisation des Rémois.

Les casernes et les unités ayant tenu garnison à Reims font l'objet d'un

Article détaillé : Garnison de Reims.

Première guerre mondiale

Bombardement de la cathédrale en septembre 1914.

La Première Guerre mondiale détruit une très grande partie de la ville. La cathédrale Notre-Dame est bombardée par des obus à partir du 4 septembre 1914[31]. C'est ce jour que les Allemands entrent dans Reims et occupent la ville jusqu'au 13 septembre. Durant cette période des obus français touchent le monument. Cependant, après la Bataille de la Marne, les français reprennent la cité[32]. C'est les 17, 18 et 19 septembre que les bombardements, cette fois-ci allemands, sont les plus violents. Un échafaudage, présent pour la restauration de la tour nord de la façade, ainsi que les combles de la grande nef et de l'abside s'enflamment. De nombreuses sculptures et vitraux sont réduits en cendres, de même pour le toit, la charpente et la reste de l'édifice[31]. Elle est par la suite gravement endommagée par de constants bombardements allemands jusqu'en 1918. Ce sont au total 300 obus qui sont tombés sur la cathédrale. À la fin de la guerre, seul le gros œuvre avait résisté au pillonage des obus[32]. Le peintre officiel des armées François Flameng, réalisa de nombreux croquis et dessins de ces événements, qui parurent dans la revue L'Illustration. La ville a fait, depuis, l'objet d'importantes campagnes de restauration qui se poursuivent encore actuellement.[réf. nécessaire] Durant toute la guerre, la ville reste à proximité du front.

Défilé de Tirailleurs sénégalais sous la Porte de Paris, en 1914
En 1924, la ville de Reims construit Le Monument aux Héros de l’Armée Noire, inauguré le 13 juillet 1924 par Edouard Daladier ministre des colonies, pour rendre hommage aux soldats noirs qui ont défendu la ville en 1918[33],[34].

La première Guerre Mondiale inclut Reims dans la zone des combats avec une ligne de front qui se situe à quelques kilomètres et notamment sur les hauteurs du fort de la Pompelle qui sera pris par les Allemands le 4 septembre 1914. C'est de là que les Allemands vont noyer la ville sous un déluge de fer et de feu. Les premiers obus tombent sur la cathédrale dès le 19 septembre, cathédrale qui sert de poste d'observation aux soldats français et qui abrite les prisonniers allemands hébergés là à la va-vite sur des couches de paille. Un échafaudage prend feu à 15 heures et la cathédrale s'embrase rapidement, la charpente de chêne prend feu et le plomb qui recouvrait la toiture fond et coule des gargouilles.[réf. nécessaire] À la fin de la guerre la ville est détruite à plus de 60 %[35], à l'instar de la cathédrale. Reims, « ville martyre » devient alors un symbole pour la France entière.

Reconstruction de l'entre-deux-guerres

La reconstruction de la ville est envisagée dès 1916 avec un premier concours qui sera suivi par un appel à concours dès la fin de la guerre sous l'égide de la Renaissance des Cités. Un débat s'entame avec l'association des Amis du Vieux Reims pour savoir s'il convient ou nom de maintenir les traces du passé ou en faire table rase pour édifier une nouvelle ville. Certains prônent le maintien de la cathédrale en ruines. Les urbanistes dont la profession apparaît dès 1911 avec la création de la Société française des urbanistes (SFU) vont plancher sur le projet. Parmi eux : Jaussely, Agache, Auburtin, Brunet, Expert, Ford, Redont, Rey… [36]Avec la publication sur l'influence du Musée social et des nécessités de la reconstruction, les premières lois d'urbanisme dites lois Cornudet de 1919 et 1924 [37], la cité devient un véritable laboratoire d'une approche nouvelle de ville et notamment la création de cités-jardins[38]. C'est là une conception nouvelle de la ville développée à la fin du XIXe siècle par Ebenezer Howard qui invente la cité-jardin[39]. Il réalisera d'ailleurs deux villes sur ce modèle : Letchworth et Welwyn dans la banlieue de Londres. La première cité-jardin ainsi créée à Reims sera le Chemin vert par le Foyer Rémois sous l'impulsion d'Émile Charbonneaux, propriétaire des Verrerie Charbonneaux. Reims sera la première ville de France à se voir ainsi doter d'un plan d'urbanisme qui englobe la totalité de son territoire, extensions comprises. La reconstruction de la ville après la première guerre mondiale s'est principalement déroulée des années 1920 à 1925, époque où se raréfient les dommages de guerre. De nombreux bâtiments du centre-ville sont donc de cette période et beaucoup d'entre eux ont été construits dans un style Art déco[40]].

Après la guerre, un grand débat s'amorce quant à la reconstruction de la cathédrale. Certains voulaient la garder en état, pour conserver le souvenir des horreurs de la guerre ; d'autres désiraient la reconstruction du monument. Cette dernière option est privilégiée et la reconstruction est confiée à Henri Deneux, directeur des Monuments historiques. Après vingt années de restauration, la cathédrale est « reconsacrée » le 18 octobre 1937 par le cardinal et archevêque de Reims Emmanuel Suhard, devant Albert Lebrun, président de la République française. La reconstruction a été permise notamment grâce à des dons américains, dont les fondations Carnegie et Rockefeller[32].

Une rame du tramway de Reims circule dans la rue de Vesle reconstruite

Pendant les années 1920, Reims est le foyer d'un mouvement littéraire d'importance : Le Grand Jeu, animé principalement par René Daumal et Roger Gilbert-Lecomte.

Il est en la ville un certain nombre de distractions, avec 7 cinémas : l' Alambra rue Emile Zola, l' Empire, l' Accin et l' Opéra place d'Erlon, l' Eden rue Jean Jaurès, le Familial place des six cadrans, le Moderne rue du Barbâtre, le Pommery boulevard Pommery et le Tivoli rue Fléchambault, le cabaret la Grande Taverne rue Carnot et le Chanteclair place d'Erlon; et de réguliers concerts donnés dans le kiosque du parc de la Patte d'Oie. Le Grand théâtre accueillant l'opérette et d'autres actions.

Seconde Guerre mondiale

Le 11 juin 1940 les Allemands entrent à Reims avec des éléments de la 45e division d'infanterie et avec l'occupation arrivent les réquisitions, le rationnement, les personnes arrêtées et fusillées. Cette occupation rappelle pour certains celles de 1870 et de 1914.
Réquisition comme l'hôtel du Lion d'Or pour la Kommandantur, la maison Demay rue Jeanne-d'Arc pour la Gestapo, les casernes qui devinrent casernes allemandes; la Feldgendarmerie s'installe au 8 rue de la Grosse écritoire. De caoutchouc, de pièces automobiles, de nourriture. De nouvelles interdictions frappent l'esprit local, plus de piégeage par collet, pas d'arme, pas de T.S.F pour les Juifs, ne pas marcher par deux de front sur les trottoirs[41] , interdiction de faire du bruit ou de faire exploser des pétards dans les rues, camouflage des lumières électriques, les automobiles allemandes immatriculées WH,WL et SS sont prioritaires, interdiction de photographier. Un couvre-feu à 22h30.
Arrestation de membres du Parti communiste le 25 janvier 1941, dont un lycéen de 17 ans. Le recensement des Juifs, des Allemands, des Russes qui résident dans l'arrondissement. Des rafles des femmes pour être conduites à l'hôpital le 22 janvier 1941, de jeunes le 10 juillet 1942 pour contrôle par la Gestapo. Une longue liste de fusillés existe, qui sont de nos jours honorés par des plaques sur les maisons, dans le square des victimes de la Gestapo. Arrestation de masse du maire Noirot et d'adjoints, du secrétaire de sous-préfecture Genry.
Quelques actes de résistance comme un drapeau tricolore planté sur la fontaine Subé le 20 avril 1941, l'assassinat du médecin Jolicoeur comme chef du Parti populaire français et du libraire Bourdain comme agent de la Gestapo ; des sabotages contre le chemin de fer ou les écluses. Les obsèques de Jacques Détré en la cathédrale sont un moment fort qui regroupe une foule considérable pour rendre hommage à ce résistant torturé à mort par la Gestapo le 28 octobre 1943, mais il y a aussi des faits de collaboration avec le passage de l'amiral François Darlan le 30 mai 1941 qui est reçu en l'hôtel de ville, des colloques de Marcel Déat, Jacques Doriot, la création d'une antenne de la Légion des volontaires français contre le bolchevisme au 79 rue de Vesle qui invite le Rémois Philippe Henriot pour une conférence et voit passer Marcel Bucard. René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy inaugure la plaque pour les fonctionnaires morts pour la France le 1er février 1943, il avait été préfet régional quelque temps avant.
Junkers installe une usine dans l'ancien Grand familistère qui faisait l'angle de la rue de Talleyrand et de la rue de Vesle, plus un atelier de réparation d'avions sur la BA 112 pour les JU 88 et JU 52. Le maréchal Erwin Rommel et Sperr[42] visitent la ville.
Le 30 août 1944 les Alliés entrent à Reims; le général Eisenhower y installe son quartier général après la libération de la ville. La reddition de l'armée allemande est signée à Reims dans une salle du collège technique et moderne (actuel lycée Roosevelt) le 7 mai 1945, à 2 h 41, par le maréchal allemand Alfred Jodl. Cette date correspond donc à la fin des combats en Europe. Le lendemain, le 8 mai 1945, à l'initiative de l'Union soviétique, une seconde signature a lieu à Berlin par le maréchal Wilhelm Keitel. Cette seconde date correspond à la capitulation sans conditions du régime allemand.

Depuis 1945

Au sortir de la guerre, comme une grande partie de la France, la ville de Reims connaît une forte urbanisation, notamment avec l'aménagement de quartiers populaires, surtout dans les années 1960-1970 (quartiers Wilson, Orgeval, Europe, Châtillons, Croix-Rouge, etc.).

En 1962, dans le cadre du rapprochement franco-allemand, Charles de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer participent à une messe pour la réconciliation à la cathédrale Notre-Dame de Reims[43].

Le 21 septembre 1996, le pape Jean-Paul II rend visite à la cathédrale de Reims pour commémorer le XVe centenaire du baptême de Clovis. Sur la base aérienne 112, il célèbre une messe devant plus de deux cent mille fidèles.

Bibliographie

  • Jean Baptiste François Geruzez, Description historique et statistique de la ville de Reims, vol. 1, Reims, Batard, Doyen, 1817, 336 p. [lire en ligne], p. 24 

Notes et références

Notes

Références

  1. Jean-Luc Massy, « Circonscription de Picardie », vol. 41, CNRS Éditions, coll. « Gallia », 1983 [lire en ligne], p. 236 
  2. a, b et c Geruzez 1817, p. 27
  3. Geruzez 1817, p. 24
  4. a et b Geruzez 1817, p. 25
  5. a et b Napoléon III, Histoire de Jules César, vol. 2 : Guerre des Gaules, Paris, Henri Plon, 1866, 583 p. [lire en ligne], p. 98-104 
  6. Amédée Thierry, Histoire des Gaulois : depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'entière soumission de la Gaule à la domination romaine, vol. 2, Paris, A. Sautelet et Cie., 1828, 414 p. [lire en ligne], p. 344-347 
  7. a et b Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, vol. 8, chap. 6 
  8. Mention sur le site de la mairie
  9. Gérard Coulon, Les Gallo-Romains : vivre, travailler, croire, se distraire - 54 av. J.-C.-486 ap. J.-C., Paris : Errance, 2006. Collection Hespérides, ISBN 2-87772-331-3, p. 21
  10. une dalle dans la nef de la cathédrale actuelle en indique l'emplacement
  11. La ville médiévale sur site de la ville de Reims. Consulté le 31 octobre 2011
  12. Geruzez 1817, p. 30
  13. a et b Michel Rouche, Clovis, histoire et mémoire - Le baptême de Clovis, son écho à travers l'histoire, volume 1, Presses Paris Sorbonne, 1997, p. 285
  14. Geruzez 1817, p. 31
  15. Léon Levillain, « La conversion et le baptême de Clovis », dans Revue d'histoire de l'Église de France, 1935, 91e éd. [lire en ligne], p. 161 
  16. Léon Levillain, Ibid., p. 182
  17. Laurent Theis, Clovis: de l'histoire au mythe, Editions Complexe, 1996, 225 p. [lire en ligne (page consultée le 31 octobre 2011)], « Aux racines de la royauté sacrées », p. 85-92 
  18. il est parfois question du royaume de Reims
  19. André Chédeville, « Le mouvement communal en France aux XIe et XIIe siècles, ses éléments constitutifs et ses relations avec le pouvoir royal » in Robert Favreau, Régis Rech et Yves-Jean Riou (directeurs), Bonnes villes du Poitou et des pays charentais (XIIe-XVIIIe siècles) : Actes du colloque tenu à Saint-Jean-d’Angély les 24-25 septembre 1999, publiés par la Société des antiquaires de l'Ouest in Mémoires de la Société des antiquaires de l'Ouest et des Musées de Poitiers, 5e série, tome VIII (2002), à Poitiers. ISBN 2-9519441-0-1, p 20
  20. GLENISSON, J. et HIGOUNET, C., Remarques sur les comptes et sur l'administration financière des villes françaises entre Loire et Pyrénées (XIVe et XVIe siècles), dans Finances et comptabilités urbaines du XIIIe au XVe siècle, Actes du Colloque international de Blankenberge, 1962, p. 31-74.
  21. BIBOLET, F., Les institutions municipales de Troyes aux XIVe et XVe siècles, Mémoire de la société académique du département de l'Aube, 1939-1953, t. 99-101.
  22. VARIN, P., Archives administratives de la ville de Reims, Paris, Documents inédits sur l'Histoire de France, 1839-1848, 5 vol., Introduction, p. VII-IX.
  23. DESPORTES, P., Reims et les Rémois aux XIIIe et XIVe siècles, Paris, A. et J. Picard, 1979, p. 563.
  24. VARIN, P., op.cit., t. 3, pp. 107-112.
  25. Ibid, p. 113.
  26. Haramila Boufenghour, Le Conseil de ville rémois dans la première partie du XVe siècle à travers son plus ancien registre de délibérations (1422-1436), mémoire de maîtrise dactylographié, université de Reims, 1995, p. 12.
  27. Le témoignage d'Odouard Coquault dans ses Mémoires
  28. Frédéric Bluche, septembre 1792. Logiques d'un massacre, Paris, Robert Laffont, 1986, ISBN 2-221-04523-8, p. 103
  29. Reims et ses quartiers, Michel Thibault, édition Alan Sutton, page 13.
  30. Présentation sur le site de la mairie
  31. a et b Louis Capitan, « Les destructions produites à la cathédrale de Reims par le bombardement allemand, observations nouvelles », dans Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 59e année, 1915, 1re éd., p. 37-44 
  32. a, b et c Le reconstruction d'un monument martyr, la cathédrale de Reims sur INA, 18 octobre 1937. Consulté le 01 novembre 2011
  33. Le Monument aux Héros de l’Armée Noire, sur le site de la Ville de Reims
  34. "Inauguré le 13 juillet 1924 par Edouard Daladier ministre des colonies, il était l’oeuvre du statuaire Moreau-Vauthier et de l’architecte Auguste Bluyssen. Constitué d’un socle en granit rapporté d’Afrique, les noms des principales batailles au cours desquelles les troupes africaines avaient été engagées pendant la Première Guerre mondiale y étaient gravés. Il était surmonté d’un bronze représentant le groupe de soldats africains du Corps d’Armée Coloniale".
  35. François Cochet, « La reconstruction de Reims après 1918 », dans Vingtième Siècle, coll. « Revue d'histoire », avril-juin 1989 [lire en ligne], p. 145-147 
  36. AUBURTIN, AGACHE, REDONT, Comment reconstruire nos cités détruites, éd. A. Colin, Paris, 1915
  37. GAUDIN Jean-Pierre, L'avenir en Plan, technique et politique dans la prévision urbaine, Ed. Champ Vallon, Seyssel, 1985
  38. TASSEL François-Xavier, La Reconstruction de Reims après 1918, illustration de la naissance d'un urbanisme d'État, thèse de doctorat en urbanisme, université de Paris-VIII, 1987
  39. HOWARD Ebenezer, To morrow : a peaceful path to real reform, Swan sonnenschein and C°, London, 1989
  40. [http://www.reimsartdeco.fr/index.php Reims ville Art déco
  41. Reims, chronique des années de guerre, J. Pernet, M. Hubert, édition Alain Sutton, 2003, page 11
  42. Reims, chronique des années de guerre, J. Pernet, M. Hubert, édition Alain Sutton, 2003, page 7 et 41
  43. Site de la mairie

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