- Édouard Lockroy
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Édouard Lockroy, né à Paris le 18 juillet 1838 et mort le 22 novembre 1913, est un homme politique français de la Troisième République. Resté fidèle à l'extrême-gauche pendant les années 1870, Lockroy se rapprocha ensuite du républicanisme opportuniste et surtout du Parti radical-socialiste, dont il devint l'une des figures de proue. Longtemps à la tête du ministère de la marine, il engagea une politique navale volontariste et expansionniste. Son passage au ministère du commerce et de l'industrie lui permit par ailleurs de soutenir activement l'édification vivement contestée de la Tour Eiffel.
Lockroy épousa le 3 avril 1877 Alice Lehaene, veuve de Charles Hugo, fils de l'écrivain Victor Hugo.
On a donné son nom, Port Lockroy, à une ancienne base scientifique de la Péninsule Antarctique.
Sommaire
Jeunesse
Édouard est le fils de Joseph Philippe Simon (1803-1891), un comédien et auteur dramatique qui prit le nom de Lockroy parce que son père, général d'Empire, lui interdisait d'employer son nom, et d'Antoinette-Stéphanie Jullien, fille de Marc Antoine Jullien (de Paris)[1].
Après avoir entamé des études artistiques, Édouard Lockroy s'engagea en 1860 sous les ordres de Giuseppe Garibaldi et participa à l'unification de l'Italie. Il passa les trois années suivantes en Syrie en tant que secrétaire d'Ernest Renan. À son retour à Paris, Lockroy devint un opposant actif au Second Empire et devint journaliste dans les colonnes du Figaro, du Diable à quatre, puis du Rappel, auquel son nom fut ensuite intimement lié. Lockroy reçut le commandement d'un bataillon au cours du siège de Paris pendant la guerre franco-prussienne de 1870. En février 1871, il fut élu député à l'Assemblée nationale sur les bancs de l'extrême-gauche. Il s'y distingua notamment en protestant contre les négociations de paix.
Carrière parlementaire
En mars, Édouard Lockroy fit partie des signataires de la proclamation organisation [Quoi ?] l'élection de la Commune de Paris, et démissionna de son mandat de député. Arrêté lors d'affrontements à Vanves, il fut emprisonné à Versailles puis à Chartres jusqu'en juin, lorsqu'il fut libéré sans procès. Elu au conseil municipal de Paris sur les listes des républicains radicaux aux élections du 30 juillet 1871, il fut incarcéré à nouveau pour la rédaction d'articles polémiques dans la presse, puis en 1872 après un duel avec Paul de Cassagnac.
Lockroy effectua son retour à la Chambre des députés en 1873 en tant que député radical-socialiste des Bouches-du-Rhône, puis d'Aix-en-Provence aux élections de 1877. Il défend alors, avec Clemenceau, François Raspail et Victor Hugo, l'amnistie pleine et entière pour les Communards.
Aux législatives de 1881, il est élu à la fois à Aix et dans le 11e arrondissement de Paris. Contraint de choisir, il porta alors sa préférence sur son mandat parisien, et fut par la suite réélu à de multiples reprises. Au cours des élections de 1893, Lockroy fut la cible d'un attentat réalisé par un cocher et un poète du nom de Moore, qui tira plusieurs balles en sa direction sans le blesser grièvement. Pendant les dix premières années de sa carrière parlementaire, le député vota avec constance pour l'extrême-gauche, mais adopta ensuite une attitude plus opportuniste : il accorda par exemple son entier soutien au ministère de Henri Brisson en 1885. En 1905, il vota la loi de séparation des Églises et de l'État.
Fonctions ministérielles
Au sein du nouveau cabinet ministériel de Charles de Freycinet, formé en janvier 1885, Lockroy obtint l'important portefeuille du Commerce et de l'Industrie, qu'il conserva sous le gouvernement de René Goblet de 1886-1887. En 1885, la popularité de Lockroy l'avait placé en tête des élections à Paris, et sa participation au gouvernement Freycinet fut perçue comme la perspective d'une réconciliation entre le radicalisme parisien et le républicanisme officiel. Son passage au ministère du Commerce et de l'Industrie lui permit notamment d'organiser les premiers préparatifs pour l'Exposition universelle de Paris de 1889 : dans une lettre pleine de mordant, Lockroy soutient l'édification de la Tour Eiffel, contre l'opinion réfractaire du Paris artistique.
Après le scandale de Panama et la crise boulangiste, Lockroy s'affirma comme l'une des principales figures du Parti radical. Il devint vice-président de la Chambre des députés en 1894 et en 1895, avant d'être nommé ministre de la Marine sous le gouvernement de Léon Bourgeois. Les réformes drastiques qu'il engagea dans son domaine de compétence alarmèrent les politiciens les plus modérés, mais il sut gagner la confiance de l'opinion et put ainsi conserver son portefeuille sous Henri Brisson (1898) et Charles Dupuy (1898-1899).
Lockroy accorda son soutien au gouvernement de Pierre Waldeck-Rousseau, mais critiqua activement la politique navale menée par Camille Pelletan sous le gouvernement d'Émile Combes de 1902 à 1905, période au cours de laquelle il accéda à nouveau à la vice-présidence de la Chambre des députés.
Ouvrages
Édouard Lockroy fut l'avocat fidèle de la politique navale française, qu'il souhaitait voir s'affirmer avec davantage de volontarisme. Il est notamment l'auteur de :
- La Marine de Guerre (1890)
- Six mois rue Royale (1897)
- La Défense navale (1900)
- Du Weser a la Vistule (1901)
- Les Marines française et allemande (1904)
- Le Programme naval (1906)
Parmi ses autres ouvrages, on compte M. de Moltke et la guerre future (1891) ainsi que le Journal d'une bourgeoise pendant la Révolution (1881), inspiré de lettres écrites par son arrière-grand-mère.
A signaler également L'Île révoltée (1877) qui retrace ses aventures auprès de Garibaldi, en compagnie d'Alexandre Dumas[2].
Il publia ses mémoires sous le titre de Au hasard de la vie : notes et souvenirs ; préface de Jules Claretie (1913)
Source
- (en) « Édouard Lockroy », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail de l’édition] [lire en ligne]
- Le Bulletin de Vote, par Gill, n° 13, sur Gallica
Notes et références
- ISBN 2747550338). Marie-Claude Delieuvin, Marc-Antoine Jullien, de Paris, 1775-1848: théoriser et organiser l'éducation, Paris, L'Harmattan, 2003, 380 pages, p. 347, note 316 (
- Voir également à ce sujet Viva garibaldi - Une odysée en 1860 d'Alexandre Dumas
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