Parti populaire français

Parti populaire français
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Le drapeau de le Parti populaire français.

Le Parti populaire français ou PPF (1936-1945), fondé et dirigé par Jacques Doriot, était le principal parti politique fasciste français en 1936-1939 et l’un des deux principaux partis collaborationnistes en 1940-1944, avec le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat.

Affiche de propagande du PPF

Sommaire

Le PPF avant guerre (1936-1940)

Historique : envolée, puis chute (1936-1939)

Le Parti populaire français est créé en juin 1936 par Jacques Doriot, ancien chef des Jeunesses communistes (JC) en 1923, député en 1924, membre du comité central du Parti communiste français (PCF), maire de Saint-Denis en 1931. Il est exclu du PCF en août 1934, car il était favorable à une alliance avec la SFIO, avant que celle-ci ne soit autorisée. Il était également le principal rival de Maurice Thorez.

Au niveau des chefs comme de celui des militants, les deux plus forts contingents de membres du PPF proviennent du Parti communiste français et des ligues nationalistes (notamment des Croix-de-feu, lassés de la modération du colonel de La Rocque), de l'Action française, de la Solidarité française et quelques personnes issues du francisme de Marcel Bucard, comme Vauquelin des Yveteaux, chargé de la propagande au PPF. En définitive, « Aux origines du PPF, on retrouve donc les deux courants de la fusion qui caractérise le premier fascisme : l’extrême-gauche révolutionnaire et le nationalisme anti-parlementaire » selon la théorie de Michel Winock[1].

Plus précisément, les premiers dirigeants du PPF seront issus des groupes suivants :

Le PPF connaît un démarrage très rapide en 1936-1937, dopé par l’anticommunisme croissant en réaction au Front populaire. En 1937, Doriot tente alors de s’imposer comme le principal leader nationaliste en constituant un Front de la liberté pour s'opposer au Front populaire, avec le Parti républicain national et social, dirigé par Pierre Taittinger (avatar des Jeunesses patriotes, également dissoutes en juin 1936), le Parti agraire et paysan français de Fleurant Agricola et la Fédération républicaine, l'un des deux grands partis de droite de l'époque. L'Action française, sans y adhérer formellement, en est très proche et soutient les candidats du Front aux élections, notamment aux législatives partielles de 1937, 1938 et 1939. Le rassemblement du Front de la liberté échoue en grande partie par des intérêts contradictoires entre les partis participants ainsi que par la question que pose le Parti social français dont l'affaiblissement est le véritable objectif du Front de la liberté.

Le PPF va ensuite intégrer de plus en plus de militants issus des classes moyennes (au détriment des ouvriers) et des chefs venus de la droite nationaliste (alors que les chefs issus de la gauche dominaient en 1936). En effet, Doriot ne va pas développer un programme communiste national, mais plutôt, sous l’influence de jeunes technocrates, un programme reprenant les idées d’une société technocratique, néo-socialiste et planiste.

Le PPF est financé par le grand patronat par l’intermédiaire en particulier de Pierre Pucheu et de Gabriel Leroy-Ladurie (directeur de la banque Worms). La haute banque est très présente : « dont la Banque Vernes, la banque Rothschild Frères, la Banque L. Louis-Dreyfus, la Banque Lazard, la BNCI et la Banque de l'Indochine[3] ». Ainsi, quand en avril 1938, une grève éclate aux usines Berliet de Vénissieux, un « comité pour la reprise du travail » chez Berliet est créé par le P.P.F. lyonnais, dont les activités sont financées par le patronat local[4].

Jusqu'en 1938, la direction du PPF se garde de verser dans l'antisémitisme, expliquant que le parti a mieux à faire que s'en prendre aux Juifs, ou a fortiori de les défendre — tout en laissant les sections algériennes et marocaines développer un antisémitisme raciste et virulent. Mais à partir de l'automne de cette année-là, les positions évoluent rapidement : l'influence du nazisme et des éléments les plus durs du fascisme italien s'affirme.

En 1938, une affiche du PPF appelle Daladier, au nom des « Nationaux » qui le « soutiennent », à procéder à « la dissolution du Parti communiste[5] ».

Le succès du PPF semble cependant n’être qu’un feu de paille, ceci pour deux raisons :

Par conséquent, « À la veille de la guerre, le parti de Doriot est en pleine déconfiture[1] ».

Profil et organisation du PPF en 1936-1939

1) Origine politique des membres du PPF : En novembre 1936 (au 1er congrès du PPF), sur 625 (ou 623 ?) membres :

En mars 1937, sur 130 000 membres, le PPF aurait compté 35 000 anciens communistes (soit 27% des membres) (Pascal Ory, Les collaborateurs). En fait alors que les anciens communistes sont nombreux en région parisienne, l’extension en province se fait en recrutant des membres des ligues. C'est plus particulièrement net en dehors de l'agglomération parisienne. La section de la Côte-d'Or, jugée représentative de la province, comptait une moitié de militants issus du mouvement de La Rocque, un tiers venus l'Action française, et seulement 10 % venus du Parti communiste ou de la SFIO[7].

2) Origine sociale des membres du PPF[8] : Au Congrès de 1936 :

  • ouvriers : 49 %
  • classes moyennes : 43 % (dont employés de bureau : 21 % ; et ingénieurs, entrepreneurs, professions libérales : 21%).
  • autres : 8%

Au Congrès de 1938 :

  • ouvriers : 37 %
  • classes moyennes : 58 % (employés et fonctionnaires, enseignants, ingénieurs, entrepreneurs professions libérales).
  • autres : 5%

(source : idem). « Après 1936, la base du PPF en France et Algérie fût de plus en plus constituée de membres des classes moyennes tout comme les cadres de mouvement et les responsables du bureau politique et du comité central[3] ».

Selon Pierre Milza (voir bibliographie), l'embourgeoisement du PPF et son corollaire, l'abandon des revendications sociales osées, seraient encore plus rapides dans le parti de Jacques Doriot que dans celui de Mussolini (ce qui est nié par de nombreux historiens du fascisme italien qui pensent que la conjonction monde ouvrier agricole et industriel avec le fascisme est indéniable au moins jusqu'en 1940).

3) Effectifs du parti : vers 100 000-120 000 membres (selon Dieter Wolf, Jean-Paul Brunet) à 60 000 (selon Philippe Burrin, Winock) à l’apogée vers 1937-début 1938. Le PPF jouira de quelques forts bastions historiques : la région parisienne, Marseille (après ralliement de Simon Sabiani et son Parti d’action socialiste) et par extension la Côte d'Azur (Nice).

4) L’Union populaire de la jeunesse française (UPJF). Le mouvement de jeunes du PPF, est créées en 1936 par 6 jeunes (3 venus des Jeunesses communistes, un des Jeunesses socialistes, un JOCiste). Son chef à Bordeaux en 1937 est le futur constitutionnaliste Maurice Duverger.

5) La presse du PPF :

Personnalités du PPF en 1936-1939

Premier bureau politique en 1936 : 8 membres (source : Robert Soucy, Fascismes français ?, 1933-1939, Autrement).

  • Chef : Jacques Doriot.
  • Secrétaire général (jusqu’en 1939) : Henri Barbé (membre du bureau politique du Parti communiste à partir de 1927, l’un des quatre dirigeants en 1929-1930, exclu du PCF en 1934, secrétaire général du PPF de 1936 à 1939.Quitte le PPF vers 1939. Sous l’occupation : rejoint le RNP).
  • Chef Afrique du Nord : Victor Arrighi (membre du Parti communiste, directeur de la Banque ouvrière et paysanne du PCF. Puis radical-socialiste de 1930 à 1936. Au PPF en 1936, puis le quitte vers 1938-1939).
  • Porte-parole : Paul Marion (membre du Parti communiste(1922), du comité central du PCF (1926), secrétaire de la section Agit-prop. En 1927-1929, à Moscou, il appartient au bureau de propagande du Komintern. Rompt avec le PC en 1929, rejoint la SFIO puis l’USR, pacifiste de gauche néo-socialiste (Notre temps). Puis rejoint le PPF (1936) ou il sera rédacteur en chef de L'Émancipation nationale puis de La Liberté. Après 1940 : sera ministre de l’information au gouvernement de Vichy, ultra-collabo).
  • Jules Teulade (membre du Parti communiste, secrétaire de la Fédération CGTU du bâtiment, délégué du Profintern en 1926-1928, écrit dans L’Humanité. Puis membre du bureau politique du PPF (1936), collabore à La Liberté, L’Émancipation nationale, Le Cri du peuple. Également co-dirigeant du Comité ouvrier de secours immédiat de 1942 à 1944).
  • Alexandre Abremski (ancien conseiller municipal communiste de Saint-Denis. Ami juif de Jacques Doriot qu’il suit en 1934. Mort accidentelle en 1938).
  • Marcel Marschall (ancien conseiller municipal communiste de Saint-Denis. Suit Doriot en 1934. Devient maire de Saint-Denis et conseiller général de la Seine. En 1948 : condamné à mort mais non exécuté).
  • Yves Paringaux (ingénieur, ex-VN des Croix-de-feu. Au PPF en 1936 puis le quitte en 1938-1939. Après 1940 : sera au cabinet de Pierre Pucheu dans le gouvernement de Vichy).

Autres membres du bureau politique en 1937-1939 : (source principale : Robert Soucy, Fascisme français ?). De 1937 à 1939, le bureau politique du PPF, au départ peuplé d’anciens communistes, va de plus en plus accueillir des nationalistes (qui domineront à partir de 1938) :

  • Pierre Pucheu (normalien, secrétaire général du Comptoir sidérurgique, ex-Croix-de-feu. Au PPF en 1936, il lui apporte des subsides patronaux. Quitte le PPF en 1938. Après 1940 : sera ministre de l’intérieur du gouvernement de Vichy. Démissionne en opposition au retour de Laval en 1942. Rejoint l'Afrique du Nord mais il est fusillé compte tenu de sa collaboration policière avec les Allemands).
  • Jean Le Can (riche entrepreneur en BTP bordelais qui a construit le port de Bordeaux. Quitte le PPF en 1938).
  • Claude Popelin (avocat, membre du Parti radical-socialiste, puis ex-responsable des VN des Croix-de-feu).
  • Robert Loustau (ingénieur des mines, catholique, membre d’Ordre nouveau puis des Croix-de-feu. Au PPF en 1936, il rédige le programme économique et social du PPF qui mélange corporatisme et technocratie. Il quitte le PPF vers 1938-1939. Après 1940 : sera directeur de cabinet de Pierre Pucheu au gouvernement de Vichy).
  • Pierre Drieu La Rochelle (écrivain. Au début des années 1920, proche des surréalistes et du parti communiste, mais aussi attiré par l'Action française (1922). Puis partisan de Clemenceau, Aristide Briand, la SDN. Au début des années 1930, il est proche des rénovateurs radicaux-socialistes : Gaston Bergery (son mentor en 1929-1933), Pierre Dominique, Bertrand de Jouvenel. À partir de 1934, se déclare fasciste, écrit dans « Lutte des Jeunes ». Au PPF en 1936, membre du bureau politique en 1938. Il le quitte en 1938 mais y revient en 1939. Après 1940 : collaborationniste. Se rallie, verbalement, à la fin au stalinisme puis se suicide).
  • Bertrand de Jouvenel (politiquement situé sur l’aile gauche du parti radical, il écrit en 1930 Vers les États-Unis d’Europe, travaille à La République (journal radical-socialiste). Puis il fonde « Lutte des jeunes » (1934). Il adhère au PPF (1936 à 1939), membre du bureau politique en 1938, puis quitte le PPF en 1939. Après 1940 : attitude ambigüe, favorable à la collaboration au début, puis opposé à la fin. Ami de Drieu La Rochelle).
  • Ramon Fernandez (1894-1944, écrivain de gauche membre de la NRF, de la SFIO (1925) puis partisan du communisme et du Front populaire, membre du CVIA[réf. nécessaire]. Puis au PPF en juin 1937, membre du bureau politique du PPF en 1938 et jusqu'à sa mort en 1944. Après 1940 : écrit dans la NRF, La Gerbe).
  • Claude Jeantet (ex-secrétaire général des étudiants de l'Action française, journaliste à Je suis partout. Au PPF en 1936, membre du bureau politique en 1938).
  • Simon Sabiani (membre du Parti communiste jusqu’en 1922, puis député socialiste indépendant, partisan d’un socialisme national, fonde le Parti d’action socialiste (PAS), parti absorbé par le PPF en 1936, ami des truands de Marseille. Devient en 1938 vice-président et membre du bureau politique du PPF).
  • Émile Masson (au bureau politique du PPF en 1938).
  • Maurice Touze (au bureau politique du PPF en 1938).

Autres responsables PPF en 1936-1939 (Chebel d’Appollonia, Robert Soucy)

  • Bertrand de Maud’huy (financier à la banque Worms, ancien membre du cabinet d’Aristide Briand, puis proche du PDP démocrate-chrétien, puis responsable des VN des Croix-de-feu, puis au PPF en 1936 (membre du comité centrale dès 1936). Quitte le PPF en 1938-1939).
  • Henri Lèbre (ex-Action française. En 1942 : participe à l’Association des journalistes antijuifs).
  • Alfred Fabre-Luce (radical rénovateur, rédacteur du Plan du 9 juillet 1934, rédacteur en chef de L’Europe Nouvelle, revue de la féministe Louise Weiss. Au PPF en 1936, puis le quitte en 1938-1939. Après 1940 : pétainiste mais opposé au STO. Il sera plus tard pour un représentant du libéralisme).
  • Jacques Martin-Sané (juriste, ex-Jeunesses patriotes. Membre du comité central du PPF vers 1937. Après 1940 : préfet sous le régime de Vichy).
  • Jean-Marie Aimot (ex-Franciste et ex-"Ami du Peuple". Membre du comité central du PPF vers 1937. Après 1945 : écrira dans Défense de l'Occident).
  • Georges Deshaires ( ?) (ex-PCF. Membre du comité central du PPF vers 1937).
  • Marius Paquereaux (maire communiste d'Athis-Mons (1928-1931), membre du bureau politique du Parti communiste(1922). Exclu du PCF en 1930. Puis membre du comité central du PPF vers 1937. Abattu en 1944 par la résistance communiste).
  • Maurice Lebrun (Joseph Serre dit) (communiste, secrétaire de rédaction à L’Humanité. Puis membre du comité central du PPF vers 1937 et administrateur de L'Émancipation nationale. Après 1940 : reste au PPF).
  • Abel Bonnard (ex-Action française, membre de l'Académie française. Après 1940 : ministre de l’Education du régime de Vichy).
  • docteur Alexis Carrel (ex-Action française, prix Nobel de médecine en 1912. Après 1940 : fonde à Vichy la Fondation française pour l'étude des problèmes humains destinée à « améliorer » la population française, et devenue en 1945 l'Ined).
  • Camille Fégy (secrétaire de rédaction de L'Humanité. Rallie le PPF en 1936 ; rédacteur en chef de "La Liberté". Après 1940 : rédacteur en chef de l’hebdomadaire La Gerbe).
  • Maurice-Yvan Sicard (né en 1910, journaliste de gauche, antifasciste. Rejoint le PPF en 1936, rédacteur en chef de L'Émancipation nationale. Après 1945, sera écrivain sous le nom de Saint-Paulien).

Autres membres du PPF en 1936-1939 :

  • Joseph Darnand (membre en 1936, également membre de la Cagoule. Après 1940 : chef de la Milice collaborationniste).
  • Jean Fontenoy (membre du Parti communiste passé au PPF en 1936. Après 1940 : co-fondateur du RNP-MSR, puis au régime de Vichy, puis à la LVF) (cf. MSR ou RNP).
  • Lucien Mangiavacca (militant PCF de Marseille, suit son ami Sabiani au PPF).
  • Pierre Andreu (groupe Ordre nouveau, sorélien) : il quitte le PPF dès décembre 1936 car le juge pas assez à gauche (cf. biographie de Drieu La Rochelle).
  • Marcel Ouette (dirigeant des Jeunesses communistes de Saint-Denis, puis rallie le PPF).
  • Paul Guérin (médecin, Croix-de-feu, puis journaliste à Je suis partout, puis au PPF. Après 1940 : président des groupements corporatifs français du PPF. Assassiné en septembre 1943).
  • Pierre Dutilleul (secrétaire de la fédération communiste du Nord. Dirigeant du Secours ouvrier international. Rejoint le PPF en 1936. Après 1940 : membre du bureau politique du PPF, président de la commission centrale de contrôle politique du PPF).

Le PPF, grand parti collaborateur (1940-1944)

Historique du PPF en 1940-1944

En 1940, le PPF est interdit, mais Doriot relance son activité politique de plusieurs manières :

  • Il crée un Rassemblement pour la Révolution nationale (RNRN) qui réunit d’anciens communistes passés au PPF : Marcel Gitton (ex-secrétaire du PCF aux côtés du Thorez et Duclos), Jean-Marie Clamamus, Marcel Capron, André Parsal, Marcel Bront, Fernand Soupé, Albert Clément, Émile Nédélec. Mais certains vont le quitter (Clamamus, Capron, Gitton) début 1941 pour créer le Parti ouvrier et paysan français, regroupant plus spécifiquement les communistes collaborationnistes (Lambert, Le Marec, page 9).
  • En octobre 1940, Doriot lance son journal, Le Cri du peuple (qu'il aurait voulu appeler L’Humanité nouvelle) (tirage : autour de 50 000 en moyenne).
  • Le PPF poursuit son activité camouflée au sein d’autres mouvements (Jeunesse, Jeunesses impériales françaises, etc.).
  • Enfin, dès avril 1941, Doriot recrée le PPF, mais c’est sa participation à la LVF qui va permettre d’obtenir une légalisation de la part des Allemands en décembre 1941.

Le PPF va alors devenir l’un des deux principaux partis collaborationnistes, grand rival du RNP de Marcel Déat. Tandis que le RNP tente d’unifier les partis collaborationnistes autour de lui, le PPF mène une ligne plus exclusive, centrée sur la forte personnalité de son chef.

Les principales différences de fond entre PPF et RNP :

  • Le style : le RNP est plus « intellectuel » et théoricien, le PPF est plus jeune et violent.
  • Les idées : tandis que le RNP tente de maintenir certains signes extérieurs de la République, le PPF prône une ligne plus clairement fasciste et violente.
  • L’empire : le RNP s’intéresse peu à l’outremer, contrairement au PPF, fort en Afrique du Nord.

Le PPF sera ouvertement antisémite. Une ligne qu’il suit en fait depuis 1938-1939 alors qu’il ne l’était pas à ses débuts (parmi les premiers dirigeants, Abremski était juif ; les grandes banques juives le soutiennent au début autant que les banques protestantes ou les catholiques). La mort accidentelle d’Abremski en 1938 ôtera à Doriot toute inhibition à ce sujet.

Jacques Doriot, qui multiplie les gestes de bonne volonté à l'égard des Allemands jusqu’à s’engager personnellement dans la LVF pour aller combattre sur le front russe, n’aura de cesse d’espérer que les Allemands lui confient le pouvoir en France. En vain. Le 4 novembre 1942, il réunit à cet effet à Paris un « Congrès du pouvoir » de 7 200 délégués (qui s’achève par de violents heurts entre les membres du PPF et la police parisienne selon Lambert et Le Marec). Mais les Allemands sont, à ce moment, partisans de la création en France d’un parti unique au sein duquel se fonderaient les mouvements collaborationnistes. Ce sera le Front révolutionnaire national (FRN) dans lequel le RNP jouera un rôle moteur et auquel le PPF refuse de se joindre (hormis Jean Fossati, qui sera exclu du PPF pour cette raison).

En 1943-1944, le PPF tente de se militariser en créant les Gardes françaises, unités de protection contre les attentats sans cesse plus nombreux qui touchent le Parti, ses dirigeants, ses militants et leurs familles. Mais les Gardes françaises seront un échec. Elles ne recevront pas d'armes, ou très peu de la part des Allemands, et ne bénéficieront que très tard d'un entraînement militaire. En 1944, le Parti met sur pied des Groupes d'action pour la justice sociale destiné à protéger les familles des militants et faire la chasse aux réfractaires au STO. Ces groupes sont plus communément appelés les Groupes d'Action du PPF ou GAPPF. Ces groupes vont échapper au contrôle du Parti pour ne plus travailler qu'au profit du Sipo/SD. Ils livrent des résistants et des juifs à leurs maîtres de la Gestapo, comme par exemple le GAPPF de Cannes. Mi-août 1944, les membres du PPF se regroupent à Nancy pour échapper aux représailles. Début septembre, ils passent en Allemagne où, le 6 janvier 1945, Jacques Doriot devient – enfin – le chef d’un « Comité de libération de la France" auquel se joignent une partie des personnalités collaborationnistes réfugiées en Allemagne. Jacques Doriot est tué par un avion sur le territoire de la commune de Menningen, le 22 février 1945[9].

Profil et organisation du PPF en 1940-1944

Jeunesses populaires françaises : en mai 1942, le PPF fédère les organisations de jeunesses du PPF ou proches (UPJF, JIF, etc.) au sein des Jeunesses populaires françaises. Chef : Roger Vauquelin des Yvetots (réactionnaire, lire plus bas).

Presse :

  • zone sud : L’Émancipation nationale. Rédacteur en chef : Maurice-Yvan Sicard (au PPF depuis les années 1930).
  • zone nord : Le Cri du peuple. Rédacteur en chef : Albert Clément (PCF, rédacteur en chef de « La Vie ouvrière » de la CGT de 1929 à 1939. Après 1940 : rallie le PPF. Abattu en 1942 à Paris par des résistants communistes). Les lecteurs y retrouvent aussi les dessins de Dubosc, ancien caricaturiste de L'Humanité.
  • l’influence du PPF est également relayée dans la presse grand public, au Petit Parisien (via Claude Jeantet) (qui tire 500 à 600 000 exemplaires pendant la guerre) et à Paris-Soir (via Pierre-Antoine Cousteau) (Pascal Ory, les Collaborateurs).

Membres du PPF collaborationniste : vers 20 000 (Handzourtel et Buffet) ou 30 000 maximum en 1943 (Azéma dans le livre dirigé par Winock).

Profil sociologique du PPF collaborationniste : ouvriers, classes moyennes urbaines, réactionnaires. Bien implanté en Afrique du nord. Parti plus jeune, violent, ouvertement fasciste que le RNP.

Profil politique du PPF collaborationniste : En 1942 (au « Congrès du pouvoir » de Doriot), sur 7 200 membres présents (venus de la région parisienne) :

- autres : vers 7 %

Dirigeants et personnalités du PPF pendant l’Occupation

Directoire du PPF en mars 1943 : (Les 9 membres du directoire (hors Jacques Doriot) dans Lambert et Le Marec, page 12) :

  • Chef : Jacques Doriot (lire plus haut),
  • Secrétaire général : Victor Barthélémy (ancien membre du Parti communiste, un des dirigeants du Secours rouge, puis passe au PPF, à la LVF, secrétaire général du PPF de 1941 à 1944. Après 1945 : cofondateur en 1972 et secrétaire général (en 1972 (ou 1975)-1978) du Front national de Jean-Marie Le Pen).
  • Simon Sabiani (lire plus haut),
  • Henri Lèbre (lire plus haut),
  • Marcel Marschall (lire plus haut),
  • Maurice-Yvan Sicard (ex-gauche) (lire plus haut),
  • Christian Lesueur,
  • Roger Vauquelin des Yvetots (extrême-droite réactionnaire, au Francisme, puis à la Cagoule, puis au PPF).
  • Albert Beugras (fils d’industriel, ingénieur chez Rhône-Poulenc, chef de l'un des services de renseignement du PPF),
  • Jean Fossati (rédacteur au journal à « La Presse libre » de la Fédération républicaine, chef des VN des Croix-de-feu d’Alger (1934-1935), va au PPF (1936), secrétaire du PPF d’Alger. Après 1943 : secrétaire du PPF (1943). Mais rejoint le Front révolutionnaire national, créé par le RNP, concurrent du PPF, donc exclu du PPF été 1943).

Autres dirigeants PPF sous l’Occupation (selon Lambert et Le Marec)

  • Émile Nédelec (aveugle de guerre, président (ou vice-président) de l'Association républicaine des anciens combattants (Arac), candidat du Parti communiste aux municipales à Paris en 1935. Après 1940 : au PPF et au Front franc),
  • Fernand Soupé (ouvrier, membre du comité central du Parti communiste, maire PCF de Montreuil. Après 1940 : rejoint le PPF en 1941. Il échappe à une exécution par la résistance),
  • Pierre Celor (membre du bureau politique du Parti communiste à partir de 1928, délégué auprès du Komintern, l’un des quatre dirigeants du PCF en 1929-1930. Exclu du PC en octobre 1932. Après 1940 : adhère en 1941 au RNP, puis au PPF en 1942, membre du bureau politique et secrétaire adjoint chargé des problèmes corporatifs au PPF).
  • Pierre Thurotte (conseiller municipal SFIO de Saint-Quentin en 1927-1933, membre suppléant de la CAP du parti socialiste SFIO, délégué national à la propagande du mouvement pacifiste et antifasciste Amsterdam-Pleyel. Après 1940 : membre du bureau politique du PPF, secrétaire national à la propagande).
  • Vincent (Émile Bougère dit) (collaborateur de l'Humanité. Rallie le PPF et devient chef de son bureau de presse sous l’occupation).
  • André Dufraisse (membre du Parti communiste, puis du PPF et de la LVF. Après 1945 : cofondateur en 1972 du Front national de Jean-Marie Le Pen, secrétaire national du FN, secrétaire fédéral (1983)[10].

Autres personnalités membres du PPF sous l’occupation (La surreprésentation des anciens communistes dans cette liste n'est pas représentative de l'ensemble du PPF).

A noter aussi que l'écrivain Louis-Ferdinand Céline, sans jamais être membre du Parti, exprimera ouvertement son soutien au PPF et à Jacques Doriot sous l'Occupation[11].

Bibliographie

Sur le Parti populaire français.

  • Dieter Wolf, Doriot : Du communisme à la collaboration, Paris, Fayard, 1970.
  • Jean-Paul Brunet, Jacques Doriot : du communisme au fascisme, Paris, Balland, 1986.
  • Jean-Paul Brunet, « Un fascisme français : le Parti populaire français de Doriot (1936-1939) », p.255-280, Revue française de science politique, volume 33, n°2, 1983.
  • Philippe Burrin, La dérive fasciste, Doriot, Déat, Bergery, Paris, Le Seuil, 1986.
  • Robert Soucy, Fascismes français ? 1933-1939 : mouvements antidémocratiques, Paris, Autrement, 2004.

Le Parti populaire français, Vichy et le fascisme en France.

  • Michel Dobry (dir.), Le Mythe de l'allergie française au fascisme, Éditions Albin Michel, 2003.
  • Rémy Handourtzel - Cyril Buffet, La collaboration... à gauche aussi, Paris, Éditions Perrin, 1989.
  • Pierre Lambert - Gérard Le Marec, Partis et mouvements de la collaboration, Paris, Ed Jacques Grancher, 1993.
  • Pascal Ory, Les Collaborateurs, collection« Points », Éditions du Seuil, 1980.
  • Robert Paxton, La France de Vichy 40-44, Éditions du Seuil, 1973.

Références

  1. a, b et c Michel Winock (dir), Histoire de l'extrême-droite en France
  2. Jacques Nobécourt, « La Rocque, etc. », note page 1007
  3. a, b, c et d Soucy, Fascismes français ?, page 320). Le PPF reçoit aussi quelques subsides italiens
  4. Nicholas Atkin, Frank Tallett, The right in France: from Revolution to Le Pen, I. B. Tauris, réédition 2003, p.204.
  5. Philippe Buton et Laurent Gervereau, Le Couteau entre les dents : 70 ans d'affiches communistes et anticommunistes, Éditions du Chêne, 1989, p. 52.
  6. chiffres officiels du PPF, repris par D. Wolf et JP Brunet, puis par les autres historiens, dont Robert Soucy, etc.)
  7. Chiffres de Pascal Ory, Les Collaborateurs, 1980
  8. Chiffres officiels du PPF, cités JP Brunet, repris notamment par Robert Soucy, Chebel d’Appollonia et Michel Winock
  9. Rendez-vous tragique à Mengen, revue Batailles n°34, mai-juin 2009
  10. Colloque de l'association française de sciences politiques
  11. http://lewebceline.free.fr/contreceline/les_lettres.htm

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