- Ordre de chevalerie
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Les ordres de chevalerie apparaissent au XIVe siècle. S'ils affirment dans leur statuts leur volonté de régénérer la chevalerie ou plutôt l'esprit chevaleresque, leur création s'explique aussi par des raisons politiques. Beaucoup d'ordres disparurent rapidement, mais certains encore en vigueur, ne doivent pas être confondus avec les créations, au XIXe siècle principalement, de pseudo ordres, dits ordres de fantaisie.
Sommaire
Origine
Malgré l'invention d'ordres imaginaires tels qu'un prétendu ordre de la Sainte-Ampoule que Clovis aurait fondé en 496, les ordres de chevalerie sont un phénomène de la fin du Moyen Âge. Ils s'inscrivent en partie dans la succession des ordres militaires apparus lors des Croisades et de la Reconquista, il s'agissait alors d'ordres de moines-soldats. Il faut peut être rechercher la création du « moine-soldat » dans les Chevaliers de Saint-Pierre (milites Sancti Petri), milice créée en 1053 par le pape Léon IX pour lutter contre les Normands d'Italie du Sud, à la Bataille de Civitate[1] ou dans la mise en place de l'ordre des chanoines du Saint-Sépulcre, après la prise de Jérusalem en 1099, par Godefroy de Bouillon. C'est en Espagne qu'apparaissent les premiers ordres laïcs, aussi précurseurs des ordres de chevalerie, ce sont les hermangildas, groupes de paysans, inspirés des ribats, qui s'engagent par serment à protéger les chrétiens[2].
Leur création répond également à une exigence politique. La vassalité avait perdu son aspect exclusif et malgré une tentative de renouveau avec l'hommage lige, beaucoup de nobles relevaient de plusieurs suzerains. Dans leurs statuts, les ordres de chevalerie rétablissaient une fidélité exclusive envers le grand-maître, qui est toujours le prince créateur ou l'un de ses successeurs.
L'amour courtois largement développé à partir du XIIe siècle par les troubadours ou encore l'esprit chevaleresque, illustré à l'exemple du cycle arthurien des Chevaliers de la Table Ronde, aidèrent à former la « mythologie[3] » des ordres de chevalerie au XIXe siècle marqué par la création de pseudo-ordres de chevalerie se réclamant sans raison d'un illustre ordre de chevalerie historique.
Sur le modèle des ordres de chevalerie, les souverains européens mirent en place des ordres honorifiques à partir du XVIIe siècle. Bien que ces nouveaux ordres soient des corps auxquels les nouveaux membres doivent s’agréger, d’où le nom d’ordre, ils se distinguent des ordres de chevaleries par plusieurs caractéristiques : ils sont hiérarchisés en plusieurs classes (alors que les ordres de chevalerie n’ont qu’une seule classe), ne récompensent pas uniquement les nobles et ont souvent un champ de spécialisation, honorant les militaires ou les diplomates... ou encore plus simplement les personnes civiles en vertu de leurs mérites.
Une grande partie des ordres de chevalerie est éteinte, en raison même des circonstances qui déterminèrent leur création et qui ont cessé d'exister. D'autres, au contraire, sont arrivés jusqu'à nous, dépouillés seulement des formes qui n'étaient plus en harmonie avec les mœurs, les usages et les coutumes de notre société. Plusieurs ordres de chevalerie ont évolué vers une fonction d'ordre honorifique, sans pour autant modifier leur structure.
Date d'apparitions des différents ordres
- L'ordre de la Jarretière (Angleterre) : 1334
- L'Ordre de l'Étoile (France) : 1351
- L'ordre du Collier (Savoie) : 1364
- L'ordre de l'Hermine (Bretagne) : 1381
- L'ordre du Porc-Épic (duché d'Orléans) : 1393
- L'ordre du Lévrier (Barrois) : 1416-1421
- L'ordre de Saint-Hubert (Barrois, puis Lorraine) : 1422
- L'ordre de la Toison d'or (Bourgogne) : 1430
- L'ordre de la Cordelière (Bretagne) : XIVe ou XVe siècle
- L'ordre de l'Hermine et de l'Épi (Bretagne) : XVe siècle
- L'ordre du Loup (Hainaut) : XVe siècle
- L'ordre de Saint-Michel (France) : 1469
- L'ordre du Saint-Esprit (France) : 1578
- L'ordre du Chardon (Écosse) : 1687
Notes et références
- A. Demurger (2005) p. 25
- Desmond Seward (2008) Les Chevaliers de Dieu, Les ordres religieux militaires du Moyen Âge à nos jours, Perrin, Paris, p. 131
- David Hult, 'Gaston Paris and the invention of courtly love', in R. Howard Bloch and Stephen G. Nichols (éd.), Medievalism and the Modernist Temper, Baltimore, 1996, p. 192-224
Bibliographie
- D'Arcy Jonathan Dacre Boulton, The knights of the crown: the monarchical orders of knighthood in later medieval Europe, 1325-1520, Boydell Press, 2000,
- Les Ordres du roi. Comte de Colleville. François Saint-Christo. 1925. Réédition à Versailles 2001. Cet ouvrage traite des Ordres royaux: l'Étoile, Saint Michel, Saint Esprit, Saint-Louis, Saint Lazare, Mérite militaire. Outre un historique pour chaque ordre, il donne la liste des chevaliers par promotion. L'ouvrage est agrémenté d"une importante table des noms cités. "il est vrai qu'on trouve en ses pages bien des renseignements qu'on trouverait difficilement ailleurs". (Michel Popoff, in Recueil des chevaliers de l'Ordre de Saint Michel)
- Études sur les ordres de chevalerie du roi de France, et tout spécialement les ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit. de Hervé Pinoteau. 1995. Outre les ordres du Saint-Esprit et de Saint-Michel, ce livre aborde l'ordre, actuel et controversé, de Saint-Lazare et de Notre-Dame du Mont-Carmel.
- Bernard Marillier, « Les ordres de chevalerie médiévaux », dans Histoire médiévale, n° 42, juin 2003, p. 48-49 ;
- Bernard Marillier, « De Saint-Georges à Saint-Michel », dans Histoire médiévale, n° 42, juin 2003, p. 50-55 ;
- Bernard Marillier, « L'ordre de la Toison d'or », dans Histoire médiévale, n° 42, juin 2003, p. 56-59 ;
Liens internes
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