Louis XI de France

Louis XI de France
Louis XI
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Louis XI

Titre
Roi de France
22 juillet 146130 août 1483
&&&&&&&&&&&0807422 ans, 1 mois et 8 jours
Couronnement 15 août 1461,
en la Cathédrale de Reims
Prédécesseur Charles VII
Successeur Charles VIII
Biographie
Dynastie Maison de Valois
Date de naissance 3 juillet 1423
Lieu de naissance Bourges (France)
Date de décès 30 août 1483 (à 60 ans)
Lieu de décès Château de Plessis-lez-Tours (France)
Père Charles VII de France
Mère Marie d'Anjou
Conjoint Marguerite d’Écosse
(1436-1445)
Charlotte de Savoie
(1451-1483)
Enfants Louis de France
Joachim de France
Louise de France
Jeanne de France
Anne de France
François de France
Charles VIII Red crown.png
François de France
Héritier Louis de France (1458-1460)
Joachim de France(1459)
François de France (1466)
Charles de France(1466-1483)
Résidence Château de Plessis-lez-Tours

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Rois de France

Louis XI de France, dit le Prudent, né le 3 juillet 1423 à Bourges, mort le 30 août 1483 au château du Plessis-lez-Tours (commune de La Riche, Indre-et-Loire), fut roi de France de 1461 à 1483, sixième roi de la branche dite de Valois (Valois directs) de la dynastie capétienne. Son intense activité diplomatique, perçue par ses adversaires comme sournoise, lui valut de la part de ses détracteurs le surnom d’« universelle aragne »[1],[2].

Son règne voit le rattachement de plusieurs grandes principautés mouvantes au domaine royal par des moyens parfois violents : territoires mouvants des ducs de Bourgogne (1477, confirmé en 1482 par le traité d'Arras avec Maximilien Ier de Habsbourg), Maine, Anjou, Provence et Forcalquier en 1481, par la mort sans héritier de Charles V d'Anjou, et une partie des domaines de la maison d'Armagnac, qui, brisée par l'affrontement avec le pouvoir royal, s'éteignit peu après.

La ligne directrice de sa politique fut le renforcement de l'autorité royale contre les grands feudataires, par l'alliance avec le petit peuple. Il défendit ainsi les paysans vaudois du Valpute contre l'inquisition épiscopale, en Dauphiné. La vallée de la Vallouise fut ainsi rebaptisée en son honneur.

Sommaire

Biographie

Article détaillé : Arbre généalogique des Valois.

Enfance et jeunesse

Fils de Charles VII et de Marie d'Anjou. Durant son enfance, il fut élevé par Catherine de l’Isle-Bouchard, sa marraine[3], et résida au château de Loches où une éducation de très bonne qualité fut effectuée. Il y commença en effet, à l'âge de 6 ans, à apprendre le latin, l'histoire et les mathématiques. Tout en consultant Jean Gerson, ancien chancelier de l'université de Paris, Jean Majoris, licencié ès lois, maître ès arts et théologien, réalisa un des meilleurs enseignements pour les souverains français[4]. Par conséquent, le dauphin, puis le roi pouvait maîtriser l'art de convaincre et d'ordonner, notamment en dictant un grand nombre de lettres avec précision.

Le 24 juin 1436, il épousa Marguerite d’Écosse, fille de Jacques Ier d'Écosse. Il avait 13 ans, elle 11. Il la rendra tellement malheureuse que, mourant à 21 ans, la dauphine soupira ces ultimes paroles : « Fi de la vie ! Qu’on ne m’en parle plus... ». Dès l’époque de son mariage, il commença à jouer un rôle politique. Il entra à Lyon et Vienne pour recevoir les serments de fidélité de leurs habitants. En février-mai 1437, il visita le Languedoc et mena seul la reconquête des places-fortes anglaises dans le Velay. Accompagné de son père, il fit une entrée royale dans Paris, récemment conquise par le connétable de Richemont.

En mai 1439, son père le nomma lieutenant général en Languedoc. Il put choisir lui-même ses conseillers et capitaines. En décembre de la même année, il fut transféré en Poitou, cette fois sans vrai pouvoir de décision. En février 1440, après une entrevue avec Jean II d’Alençon, il rejoignit la Praguerie, révolte de grands seigneurs mécontents, comprenant également Dunois, le maréchal de La Fayette ou encore Georges de la Trémoille. Cette rébellion du dauphin, menée depuis Niort, s’expliquait par l’absence de responsabilité où le maintenait son père — celui-ci avait constaté les effets désastreux des apanages sur l’unité du domaine royal. Sa fronde fut vite matée. Louis dut offrir sa soumission à Cusset, sous réserve néanmoins d’obtenir le gouvernement du Dauphiné, et d’autres garanties. Charles VII lui accorda le gouvernement, mais refusa le reste.

En 1441, il reprit la bataille contre les partis anglais et bourguignons. Il mena l’armée royale lors de la bataille qui se déroula du 5 juin au 19 septembre devant Pontoise. En 1443, il fit campagne contre Jean IV d'Armagnac, grand vassal insoumis. L’année suivante, il fut chargé de mener hors du royaume les bandes de « routiers », c’est-à-dire les compagnies d’armes laissées sans solde, qui vivaient de rapines. Il les conduisit en Suisse. Le 26 août 1444, il remporta la victoire de Pratteln, puis se dirigea contre Bâle où se tenait un concile où l’antipape Félix V avait été élu. Louis fut nommé gonfalonier, c’est-à-dire protecteur de l’Église, par le pape Eugène IV. Louis négocia le traité d’Ensisheim, conduisant à la paix, le 26 septembre 1444. En récompense, il fut nommé protecteur du Comtat Venaissin le 26 mai 1445.

Parallèlement, Louis consacrait ses importants revenus à se constituer une clientèle. Depuis 1437, en effet, il recevait une pension royale de 21 000 livres. Il fallait y ajouter les subsides accordés par les États qu’il débarrassait des routiers. Cependant, il restait insatisfait de sa situation. Il était frustré de n’avoir retiré que le Dauphiné de la Praguerie. À la fin de l'année 1446, ayant conspiré contre Agnès Sorel et Pierre de Brézé, il fut chassé de la Cour et se réfugia dans son gouvernement, en Dauphiné, d'abord à Romans-sur-Isère, puis à Grenoble où il fit son entrée le 12 août 1447.

Installé place Saint-André dans l'Hôtel de la Trésorerie, spécialement aménagé, il va faire son apprentissage de roi pendant 9 ans. Peu à peu, sous son administration rigoureuse, le Dauphiné devient un État nettement distinct de la France. Il réforma la fiscalité, attira à Grenoble des artisans étrangers et des banquiers juifs qui avaient été maltraités par Humbert II et fonda une université à Valence. Il transforma en 1453 le vieux Conseil delphinal en Parlement du Dauphiné, le troisième du royaume après ceux de Paris et Toulouse, faisant passer la cité au statut de capitale provinciale. Louis chargea même son conseiller Mathieu Thomassin d'établir les bases juridiques de sa souveraineté, par un volumineux bréviaire des anciens droits, honneurs et prérogatives du Dauphiné, intitulé Registre delphinal qu'il achèvera en 1456.

Louis continua à entretenir avec le roi son père des relations apparemment excellentes en lui écrivant des lettres pleines de respect. Malgré ce dévouement, le dauphin poursuivit une politique personnelle en nourrissant l'ambition de constituer un vaste fief sur les deux versants des Alpes[5]. Dans ce but, il signa un traité d'assistance avec le duc Louis Ier de Savoie, et forma le projet d'épouser sa fille Charlotte de Savoie, âgée de 6 ans seulement. Il en avertit son père qui dépêcha un émissaire en Savoie afin d'exprimer au duc sa surprise et son courroux. Mais des envoyés du dauphin Louis interceptèrent le cavalier et, sous prétexte de lui faire escorte ralentirent sa marche autant qu'ils le purent.

Enfin arrivé à destination le 8 mars 1451, ce fut pour voir les époux vêtus de velours cramoisi, franchir le seuil de la chapelle du château de Chambéry. Le 9 mars 1451, Louis épousa Charlotte de Savoie, fille du duc Louis Ier de Savoie, somptueusement dotée de 200 000 écus, dont 12 000 comptant. Néanmoins, Louis rencontra par la suite des difficultés pour entrer en possession de toute la dot. Parallèlement au mariage, Louis et le duc de Savoie avaient signé une alliance exclusive. Il profita également des bonnes grâces du pape pour s’immiscer dans les élections épiscopales.

Ses relations avec son père étaient tissées de double jeu et d’intrigues, et Charles VII furieux de ses agissements, leva une armée pour marcher contre le Dauphiné et la Savoie. Apprenant la nouvelle à Grenoble, Louis parvint cependant à négocier une trêve. Cela ne l’empêcha pas de mener une campagne de libelles contre son père, l’accusant de mœurs dissolues. Par prudence, il envoya plusieurs ambassades auprès du roi pour se justifier. Charles VII ne s'en laissa pas conter, et envoya Antoine de Chabannes à la tête d'une armée pour lui arracher le Dauphiné. Le 30 août 1456, Louis s'enfuit en Franche-Comté, puis à Louvain (duché de Brabant), en territoire bourguignon. Il y fut bien reçu, et en octobre, Philippe le Bon lui rendit hommage.

Son épouse Marguerite meurt le 16 août 1445 à Châlons-en-Champagne sans lui laisser d'enfant vivant. Le 18 octobre 1458 naît de Charlotte de Savoie Louis son premier fils à Genappe en Brabant, qui meurt à deux ans (1460). Le 15 juillet 1459, toujours au château de Genappe, naît un second fils Joachim, qui meurt quatre mois plus tard le 29 novembre (il est enseveli dans la basilique Saint-Martin à Halle). En 1460, c'est au tour d’une fille, Louise, de mourir en bas âge. En avril 1461 naît enfin un enfant qui vivra, Anne, la future Anne de Beaujeu.

Règne

Louis XI.

Mort de Charles VII

Le 22 juillet 1461, Charles VII meurt à Mehun-sur-Yèvre. Louis XI affecte l’indifférence, il est absent lors des funérailles royales à Saint-Denis. Il se fait sacrer à Reims trois semaines après avant d’entrer dans Paris le 30 août 1461. Philippe le Bon se fit remarquer avec son escorte comptant pour la moitié du cortège, et comprenant une troupe en armes. Le nouveau roi ne demeura pas longtemps à Paris. Il regagne, le 7 octobre, le château d'Amboise où sa mère Marie d'Anjou résidait. Dès le 9 octobre, il s’installe à Tours, ville gagnée à sa cause, et aussi à Amboise jusqu'à ce que le château de Plessis-lez-Tours soit bien bâti[6].

La succession d'Aragon

Sa première action de monarque fut de profiter de la crise de succession en Aragon. En effet, Alphonse le Magnanime était mort en 1458. Jean II, frère du défunt, disputait la couronne à son fils Charles de Viane. Celui-ci fut retrouvé mort en septembre 1461, ce qui déclencha une guerre civile entre Jean II et les villes, en particulier Barcelone. Louis XI tenta de s’allier aux États de Catalogne. Devant leur refus poli, il se tourna vers Jean II, lequel lui céda les revenus des comtés de Roussillon et de Cerdagne en échange de son aide. Louis XI en prit tout bonnement possession.

Il intervint également dans la querelle dynastique savoyarde. Avant que Nicolas Machiavel écrive Le Prince, il savait bien que le souverain devait se présenter au peuple afin de régner mieux. Ainsi, Louis étant à Saint-Jean-de-Luz s'en alla jusqu'à Toulouse où il arriva le 26 mai 1463, dévastée par un grand incendie (à partir du 7 mai). Il y arriva le 26 mai et y demeura 3 semaines pour soutenir la reconstruction de la ville[7]. "Le roi sur les routes (selon Jacques Heers)" devint désormais une de ses manières politiques de prédilection.

Un mois après la naissance de sa fille Jeanne en 1464, il apprend que l’enfant est boiteuse (elle fut d’une laideur proverbiale, petite, contrefaite, malingre) et décide sur le champ de la marier à son lointain cousin Louis d’Orléans, fils du poète Charles d’Orléans, dans le but avoué que le mariage restât stérile et que s’éteignît une branche capétienne rivale de la sienne. Quand il deviendra roi sous le nom de Louis XII, celui-ci obtiendra l’annulation de son mariage.

La ligue du Bien public

À l’intérieur se forma, en mars 1465, la ligue du Bien public. Très comparable à la Praguerie, elle avait à sa tête Charles de Charolais (Charles le téméraire ), fils de Philippe le Bon, qui réclamait plus de pouvoir. Son déclenchement était dû à un incident avec les Bourguignons. En 1463, Louis XI avait décidé de racheter les villes de la Somme qui avaient été cédées au duc de Bourgogne. Cette cession, décidée au traité d'Arras de 1435 devait compenser l’assassinat de Jean sans Peur à Montereau, le 10 septembre 1419. La nouvelle du rachat avait suscité la colère de Charles de Charolais qui s'était dès lors opposé à son père, Philippe le Bon. François II de Bretagne s’allia aux Bourguignons. Se joignirent à eux Jean II de Bourbon et Jean V d'Armagnac. Le mécontentement ne s’arrêtait pas aux grands vassaux. La pression fiscale avait beaucoup augmenté suite au rachat des villes de la Somme, pour 400 000 écus. Louis XI avait exigé des prêts du clergé, forcé les établissements religieux à lui fournir un inventaire de leurs biens, privé l’Université et le corps des archers et arbalétriers de Paris de leurs privilèges. Il avait supprimé la Pragmatique Sanction.

Contre la ligue du Bien Public, Louis XI se mit personnellement à la tête d’une grande offensive. Après la chute de Moulins, les Bourbons se soumirent. Louis XI fit volte-face vers Paris, menacée par les Bretons et les Bourguignons. Il livra une grande bataille à Montlhéry, le 16 juillet 1465, pleine de confusion et de sang et sans réel vainqueur, mais le siège de Paris fut brisé. Louis XI parvint cependant à négocier une paix où il ne concédait rien pour réformer l’État. Il lâcha cependant le gouvernement de Normandie à son frère. Celui-ci ne parvint pas à prendre en main son gouvernement, et dut s’exiler. Son troisième fils prénommé François naît le 4 décembre 1466 mais meurt 4 heures plus tard. Le 10 septembre 1468, par le traité d’Ancenis, Charles et François II firent leur paix, et rompirent avec les Bourguignons.

Duel avec Charles le téméraire

Louis XI préside le chapitre de Saint-Michel, dans les Statuts de l’ordre de Saint-Michel, enluminure de Jean Fouquet, 1470, Paris, BnF.

Le Téméraire lui proposa de négocier à son tour, et invita le roi dans son château de Péronne. Louis XI s’y rendit en personne. Au cours des pourparlers, Liège se rebella contre la tutelle bourguignonne. Il apparut rapidement que des commissaires royaux figuraient parmi les révoltés. Furieux, le Téméraire se retourna contre Louis XI. Personnellement menacé, le roi dut signer un traité désavantageux où en cas de manquement de sa part, les propriétés tenues par le duc de Bourgogne échapperaient à sa juridiction. Il dut accompagner le Bourguignon dans sa campagne contre Liège et regarder brûler, le 30 octobre 1468, la ville rebelle. Il dut également promettre de donner la Champagne en apanage à son frère.

Dessin représentant vraisemblement Louis XI et ayant servi de modèle au XVIIe siècle à un portrait du roi qui se trouvait au Palais-royal dans les collections des Orléans et fut vendu en Angleterre vers 1851 (Musée de l’Ermitage).

Sitôt parti, Louis XI refusa de s’exécuter et n’accorda à Charles que la Guyenne, pays pacifié depuis peu et difficile à tenir. Il fit emprisonner son conseiller, le cardinal La Balue, en 1469, année au cours de laquelle il fonda l'ordre de Saint-Michel. En 1470, le roi dénonça le traité de Péronne.

La même année, naquit son quatrième fils Charles futur Charles VIII et en 1472 un cinquième fils prénommé aussi François né à Amboise le 3 septembre 1472, qui fut titré duc de Berry mais mourut en juillet 1473.

En 1472, le Téméraire envahit de nouveau la Picardie. Il fut arrêté à Beauvais, avec l’épisode de Jeanne Hachette, mais ravagea la Normandie.

Louis XI s’allia avec le roi d’Angleterre, Édouard IV (qui avait débarqué en France avec son armée ) que Charles le Téméraire avait tenté de convaincre de reprendre les hostilités contre Louis XI . Il signa avec lui le 29 août 1475 le traité de Picquigny, mettant fin à la guerre de Cent Ans et le Téméraire entra dans une rage folle.
Il entreprit, ensuite, de réduire la puissances des grands vassaux.

En 1474, Louis XI manœuvre contre son oncle René d'Anjou, dont il désire annexer le domaine angevin. Louis XI se rend à Angers avec son armée, sous couvert d'une visite de courtoisie. René d'Anjou, qui réside dans sa résidence de chasse de Baugé, non loin d'Angers, voit arriver son neveu, le roi de France, sans se douter qu'une fois dans la cité angevine, le roi demandera les clefs de la capitale de l'Anjou. La surprise est totale. Louis XI installe aussitôt une garnison dans le château d'Angers et en confie le commandement à Guillaume de Cerisay[8].

À 65 ans, le roi René ne veut point commencer une guerre avec son neveu le Roi de France. Il lui cède l'Anjou sans combat et se tourna vers la Provence dont il était le souverain et qu’il rejoignit aussitôt[9]. Louis XI nomme Guillaume de Cerisay, gouverneur de l'Anjou, ainsi que maire de la cité d'Angers[10].L'Anjou cessa dès lors d'être un apanage et entra définitivement dans le domaine royal.

En 1475, après le traité de Picquigny, Louis XI commença à effectuer la libération de Marguerite d'Anjou, fille de René d'Anjou et qui fut reine d'Angleterre, avant d'être emprisonnée après l'exécution de son mari le roi Henri VI d'Angleterre en 1471 dans la tour de Londres. Il fallut que Louis XI paie 50.000 écus d'or pour cette libération. Le 29 janvier 1476, Marguerite regagna Rouen, aux officiers royaux. Cependant, avant de rejoindre son père à Aix-en-Provence, elle dut par conséquent renoncer à ses droits sur l'héritage angevin, en faisant un testament en faveur du roi Louis XI. C'est la raison pour laquelle elle passa en Anjou ses derniers jours sans ressources, après la mort du Roi René (1480)[11].

En 1477, quand Charles le Téméraire mourut au siège de Nancy, Louis XI tenta de s’emparer de ses États, mais se heurta à Maximilien d’Autriche, qui avait épousé la fille du défunt, Marie de Bourgogne[Note 1],[12].

La même année, il créa le Relais de poste[13]. En effet, Louis XI aimait décider de tout. Encore lui fallait-il connaître tous. Il est vrai qu'il dictait très fréquemment : "Je vous prye que me faictes souvent scavoir de voz nouvelles". C'est précisément la raison pour laquelle il organisa ce système. "C'est d'abord et avant tout pour lui : il ne peut être informé que le premier"[14].

Le traité d'Arras et les dernières acquisitions du règne

En 1482, il parvint à récupérer la Picardie et la Bourgogne, par le traité d’Arras. Par le jeu d’héritages, dont celui de René Ier d'Anjou, il entra en possession du Maine et de la Provence. Louis récupéra également la vicomté de Thouars qu’il avait repris à Nicolas d’Anjou en 1472 après qu’il eut rallié le Bourguignon.

Il attribua Talmont et Berrie à Philippe de Commynes et pour la Vicomté de Thouars, il finit par engager son attribution à Louis II de la Trémoille mais le Roi est mort avant la restitution effective de cette Vicomté.

Mort et inhumation

Premier exemple du tombeau d’un roi de France représenté en orant, Louis XI étant revêtu de son costume de l’ordre de Saint-Michel et entouré de quatre anges.

Louis XI mourut d’une hémorragie cérébrale. Il avait subi plusieurs attaques au cours de sa vie. Sur son lit de mort, il voulut avoir près de lui la Sainte Ampoule. Superstitieux, il avait interdit que l’on prononçât le mot "mort" devant lui et avait convenu avec ses officiers de l'expression codée « Parlez peu » avant de recevoir les derniers sacrements[15].

Louis XI fut inhumé dans la basilique Notre-Dame de Cléry, qu’il avait fait édifier vers 1467. A Cléry-Saint-André, la statue en cuivre et bronze doré de Louis XI, représentait le roi en habits de chasseur, priant à genoux devant Notre Dame sur un coussin aux couleurs des armes de France. Elle était l'œuvre de l'orfèvre Conrad de Cologne et du fondeur Laurent Wrine. La statue dégageait une réelle simplicité, tenant un chapeau de chasseur entre les mains et accompagné de son chien.

La mise en bière semble avoir eu lieu à Lyon : « Payements à Guillaume Gauteret, appothicayre, pour six douzeines de torches pesans deux cens quatre livres, lesquelles furent mises et emploiées pour les obsèques et seveliment du roy Loys, cui Dieu absoille, lequel seveliment fust fait en l’esglise de Lyon »[16] et « a Domynyque le peintre pour avoir feit trois douzeynes et demie d'escussons aux armes de la ville pour metre aux torches que l'on presantat a l'aussecle (obsèques) du Roi que Dieu aseolle (absolve). »[17].

Le 2 avril 1562, le tombeau du roi fut détruit par les protestants suite à la prise de la ville d’Orléans par les armées du prince de Condé.

En 1622, Louis XIII fit construire une nouvelle sépulture en marbre qui fut à son tour détruite à la Révolution française. Seuls la statue moderne du roi, de Michel Bourdin, et les quatre anges furent préservés par Alexandre Lenoir à Paris dans son Musée des monuments français).

Au XIXe siècle, le comte de Choiseul d’Aillecourt ayant rapatrié les sculptures du Musée des monuments français en 1818, le sculpteur Beauvallet puis Barberon, après avoir rapatrié les sculptures du Musée des monuments français en 1818)[18], reconstituèrent une nouvelle sépulture, classée monument historique depuis 1840, et qui figure depuis dans la nef de l'église.

Seuls la base d’un crâne scié et une mâchoire, attribués à Charlotte de Savoie, une voûte crânienne sciée, une mâchoire et un fragment de la partie nasale attribués à Louis XI, demeurent à Cléry, dans le caveau de la crypte de la basilique, le reste des ossements ayant disparu en 1792 après le passage des révolutionnaires.

La santé du roi

Sa vie durant, Louis XI est un perpétuel malade : « brûlures d’estomac, crises de foie, goutte, congestion hémorroïdaire qui l’empêche de marcher, eczéma purulent », selon Ivan Gobry qui — pour son physique — cite Basin : « Avec ses cuisses et ses jambes maigrichonnes, il n’avait, dès le premier abord, rien de beau ni d’agréable. Pire encore : si on le rencontrait en ignorant son identité, on pouvait le prendre plus pour un bouffon ou pour un ivrogne, de toute façon pour un individu de vile condition, que pour un roi ou un homme de qualité ». Ce jugement mérite d’être toutefois pondéré par l’hostilité que l’ancien évêque de Lisieux portait au roi à la suite de son bannissement du royaume en 1465. Thomas Basin entreprit de régler ses comptes, en 1473, dans une biographie censée révéler « ses ruses, ses malices, ses perfidies, ses sottises, ses méfaits et ses cruautés » sous couvert d'objectivité [19].

Toutefois, le roi ne manqua jamais de bons médecins. Aussitôt sacré, il délivra Adam Fumée enfermé dans la tour de Bourges. En effet, Charles VII et le dauphin Louis séjournèrent, au printemps 1437, en Languedoc dont Montpellier. Toute la famille royale profitait désormais des meilleurs professeurs de la faculté de médecine de Montpellier[Note 2],[20] : Adam Fumée, Déodat Bassole, Jean Martin ainsi que Robert Poitevin et Robert de Lyon diplômés de Montpellier. Aussi cette université était-elle toujours protégée et soutenue par le roi[21]. Enguerrand de Parent, doyen de la faculté de Paris, et Jacques Coitier étaient également les médecins de Louis XI. Certains devinrent les personnages importants du royaume. Ainsi, Adam Fumée fut nommé garde des sceaux de France alors que Jacques Coitier devint président-clerc dans la Chambre des comptes en 1482. Enfin, l'ancien doyen Jean Martin, maître de la Chambre des comptes sous Charles VIII.

Par ailleurs, Louis XI soutenait les projets de copie et de traduction dans ce domaine, afin que s'améliore la disponibilité des livres et des manuels de médecine en France. Par exemple, le roi faisait copier la Pratica de Jean Pacis, doyen de la faculté de Montpellier, tandis que fut achevée pour la première fois la traduction du Regimen Sanitatis Salernitatum de l'École de médecine de Salerne. Enfin Louis XI se faisait apporter des reliques de l’Europe entière et envoyait des dons à toutes les églises réputées pour leurs guérisons miraculeuses[22].

Enfants illégitimes

Louis XI eut de nombreux enfants illégitimes :

  • Jeanne de Valois (1447-1519) (légitimée le 25 février 1466, n.s.), fille de sa maîtresse Félizé Regnard, épouse en 1465 Louis de Bourbon, comte de Roussillon, amiral de France, à qui elle donne un fils, Charles de Bourbon, comte de Roussillon, mort sans postérité, et deux filles (avec une postérité dans les familles Chabannes et Arpajon) ;
  • Marie (1450-1470), légitimée, fille de sa maîtresse Marguerite de Sassenage, épouse en 1467 Aymar de Poitiers, sire de Saint-Vallier, à qui elle donne un fils mort sans postérité : Jean de Poitiers, baron de Sérignan. Veuf, son époux se remarie avec Jeanne de la Tour d’Auvergne (grand-tante de Catherine de Médicis), qui lui donne, en autres, un fils, Jean de Poitiers, père de Diane de Poitiers, favorite d’Henri II ;
  • Isabeau, de Marguerite de Sassenage, épouse Louis de Saint-Priest ;
  • 3 autres enfants de diverses maîtresses dont les prénoms nous sont inconnus.

Toutefois, un bouleversement se produit en 1473, la mort de son dernier fils légitime François. Le roi est si profondément touché qu'il fait le vœu de ne plus être infidèle à la reine Charlotte de Savoie[23]. Selon Louis XI, un des plus grands pèlerins des rois de France, il s'agissait là de l'intention de Dieu, car, après avoir subi de la Ligue du Bien public, il savait parfaitement que le Royaume, sans héritier mâle direct, pourrait être facilement désuni. Aussi devint-il fidèle afin que le Prince Charles puisse lui succéder. C'est ce qui se passa en 1483.

Notes et références

Notes

  1. Louis XI invoquait son héritage, les apanages devant retourner à la couronne en cas d'extinction de la lignée du fils de France qui en avait bénéficié pour lui et sa descendance. Ainsi, le roi écrivit le 22 août 1478 : "Monsr le chancelier, j'ay receu le seel que vous m'avez envoye par maistre Jehan du Ban, et aussi les lettres que vous m'avez escriptes par vostre homme, avec les geneologies par escript et mes droiz de la duche de Bourgongne et des contez de Bourgongne et de Boulongne, dont je vous mercye, ... Escript a Soulommes, le XXIIe jour d'aoust."
  2. Ainsi, le 27 juillet 1480, le roi expédia pour le futur Charles VIII une lettre au gouverneur de finances en Languedoc, François de Genas : "Monsr le general, je vous ay ja escript que vous m'envoyssiez maistre Jehan Martin, medecin, pour ce que maistre Guillaume Girard, qui estoit medecin de Monsr le daulphin, est trespasse, et que on m'a conseille que je prinsse en son lieu ledit maistre Jehan Martin ..." .

Références

  1. Pierre Champion, Louis XI, 2e éd., Paris, H. Champion, 1928, 2 vol.
  2. Département d’histoire, UL - Cours - HST-20718B - Travail de F.-A. Raymond (Aut. 2002)
  3. Jacques Heers, Louis XI p.23, Perrin, Paris 2001.
  4. Jacques Heers, Louis XI p. 143, Perrin, Paris 2001 ainsi que :[1] Louis XI à Loches p. 5.
  5. Selon Paul Dreyfus dans Histoire du Dauphiné, p. 117.
  6. Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome XI "itinéraire" p.5, 1909 Paris
  7. Jean Favier, Louis XI p.312, Fayard, Paris 2001 ainsi que Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI tome XI "itinéraire" p.22-23, Librairie Renouard, Paris 1909.
  8. Histoire de René d’Anjou, Louis François Villeneuve-Bargemont tome II (1446-1476) Editions J.J. Blaise, Paris : 1825
  9. Louis François Villeneuve-Trans, p. 199
  10. Répertoire des maires d'Angers (de 1475 à 1790)
  11. Jacques Heers, Louis XI, pp 83-84, Perrin, Paris 2003.
  12. Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VII, p. 148, Librairie Renouard, Paris, 1900.
  13. Histoire de La Poste: Chronologie de 1477 à 1672
  14. Jean Favier, Louis XI, moins cruel que sa légende, un fauve politique, Le Point, 18-25 décembre 2008, p. 188.
  15. Charles Pinot Duclos, Histoire de Louis XI, Volume 2, 1745, p. 488.
  16. Archives de Lyon, Comptabilité communale, 1583-1587, cote CC 0518.
  17. Archives de Lyon, Comptabilité communale, 1481-1483, cote CC 0486.
  18. Monument funéraire de Louis XI, sur la base Palissy, ministère de la Culture
  19. Gandilhon René, compte rendu du tome I de l'Histoire de Louis XI éditée et traduite par Charles Samaran aux Belles Lettres, Bibliothèque de l'école des chartes, 1963, Volume 121, Numéro 121, p. 275-276.
  20. Joseph Vaesen et Étienne Charavay, Lettres de Louis XI, tome VIII, p. 242, Librairie Renouard, Paris, 1903.
  21. Jacques Heers, Louis XI, p.351, Perrin, Paris 2003.
  22. Jacques Heers, Louis XI, p.350, Perrin, Paris 2003.
  23. Didier Feuer et Jean d'Hendecourt, Dictionnaire des Souverains de France et de leurs épouses p.117, Pygmalion, Paris 2006.

Voir aussi

Sources imprimées

  • Louis XI, Lettres choisies, introduction, notices et notes de Henri Dubois, Le Livre de Poche, collection « Lettres gothiques », 1996. 576 pages ;
  • Philippe de Commynes, Mémoires, introduction, édition, notes et index de Joël Blanchard, avec la collaboration de Michel Quereuil pour le glossaire, Le Livre de Poche, collection « Lettres gothiques », 2001. 894 pages ;
  • Thomas Basin, Histoire de Louis XI, édition et traduction de Charles Samaran, Les Belles Lettres, collection « Classiques de l'histoire au Moyen Âge », 1963-1972. 3 tomes, 356 p., 366 p. et 464 pages.

Bibliographie

Biographies
Études portant sur des aspects particuliers du règne
  • Robert Embry et René Lavalard, Louis XI et Péronne, Société archéologique de la région de Péronne, 1996 ;
  • Jean-François Lassalmonie, La boîte à l'enchanteur. Politique financière de Louis XI, Comité pour l'histoire économique et financière de la France (CHEEF), 2002 ;
  • Sophie Cassagnes-Brouquet, Louis XI ou le mécénat bien tempéré, Presses universitaires de Rennes, collection « Art & Société », 2007 ;
  • Frédéric F. Martin, Justice et législation sous le règne de Louis XI. La norme juridique royale à la veille des Temps modernes, LGDJ, collection « Collection des thèses », 2010 ;
  • Marie-Madeleine Castellani et Fiona McIntosh (éd.), « Louis XI, une figure controversée. Actes du colloque organisé à l’Université de Lille 3 (4-5 octobre 2007) », Bien dire et bien aprandre, Revue de Médiévistique, n° 27, Centre d'études médiévales et dialectiques de Lille 3, 2010 (ISBN 978-2-90730-112-1).
  • Louis François Villeneuve-Trans, Histoire de René d'Anjou: roi de Naples, duc de Lorraine et comte de Provence, Volume 2 sur Google Livres, Chez J.J. Blaise, Paris 1825

Articles connexes

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