- Jeanne Hachette
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Jeanne Laisné ou Fourquet, connue depuis le XVe siècle sous le nom de Jeanne Hachette, née le 14 novembre 1454 à Beauvais dans l'actuelle rue Jeanne Hachette[1],[2], décédée dans la même ville à une date inconnue, est une figure emblématique de la résistance française face à Charles le Téméraire.
Sommaire
Biographie
Fille de Jean Fourquet, un bourgeois, et, selon certains auteurs, ancien officier supérieur des gardes du palais de Louis XI tué à la bataille de Montlhéry (14 juillet 1465), elle est adoptée par une dame Laisné, qui l'élève jusqu'à ses dix-huit ans. Selon une autre version, la tradition beauvaisine aurait conservé le nom de sa mère[3],[4].
En 1472, Charles le Téméraire envahit le nord du royaume de France, aidé par Jean II d'Alençon. Pourtant, il met le siège devant Beauvais. Selon la tradition, Jeanne Laisné, une jeune habitante de la ville, saisit une hache pour repousser un Bourguignon qui sautait de son échelle d'assaut. Enhardies, les femmes de la ville portent poudre et armes aux combattants, jetant elles-mêmes sur les assaillants des pierres ou de l’huile bouillante. Les 80 000 assaillants sont ainsi repoussés, et l'avancée de Charles le Téméraire en France est stoppée net.
Postérité
Louis XI institua en son honneur la procession de l'Assaut, et la mémoire de Jeanne Hachette (car elle fut ainsi aussitôt désignée) est aujourd'hui célébrée à Beauvais par des défilés en costumes d'époque le dernier week-end de juin, organisés par l'association Les Amis des Fêtes Jeanne Hachette. À cette occasion, les femmes précèdent les hommes dans le cortège. Une statue monumentale de l'héroïne, œuvre de Gabriel-Vital Dubray, trône au centre de la place de la mairie, et son nom a été donné à l'un des lycées de la ville, ancien lycée de jeunes filles.
Bien que son action puisse être mise en regard de celle de Jeanne d'Arc — la Bourgogne était alors un pays tout aussi redouté que l'Angleterre — elle a été quelque peu éclipsée par celle de sa célèbre consœur.
Cependant, sa mémoire a été réactivée en 1920, au moment de la canonisation de Jeanne d'Arc, par les républicains partisans de la laïcité. L'image de Jeanne Hachette devait en effet exclure les catholiques du consensus national en proposant un équivalent laïc de Jeanne d'Arc.
L’action décisive des femmes de Beauvais fait l’unanimité parmi les historiens, mais des voix remettant en cause l’authenticité des exploits attribués à Jeanne Hachette s’élèvent au XIXe siècle. Dans un article intitulé « Les on-dit de l’histoire. Jeanne Hachette » et paru dans le journal L'Assemblée nationale du 19 février 1850, l'érudit Paulin Paris nie même l’existence de Jeanne Hachette, jugeant qu'aucun auteur du XVe siècle n'en parle et que le premier ouvrage à en faire état est l'Histoire de Navarre d'André Favin, parue en 1612[5].
La défense de Beauvais par Jeanne Hachette constitue le morceau de bravoure du film Le Miracle des loups de Raymond Bernard, réalisé en 1924.
Débat sur l'existence réelle de Jeanne Hachette
Dans « Les effacé(e)s de l'Histoire (3/6): Jeanne Hachette, la guerrière », article paru dans le journal Le Monde le 30 juillet 2008, Philippe-Jean Catinchi et Josyane Savigneau expliquent :
« Dans une récente biographie de Charles le Téméraire (1433-1477) due à Henri Dubois (Fayard, 2004), elle n'est pas mentionnée, fût-ce pour récuser son existence historique. Elle était pourtant, depuis des siècles, une héroïne. Jusqu'au cinéma, dans le film Le Miracle des loups, de Raymond Bernard, en 1924. Mais elle avait disparu dans la version tournée par André Hunebelle en 1961.
A-t-elle donc vraiment existé ou est-elle seulement la figure mythique symbolisant la mobilisation des femmes et des jeunes filles de Beauvais face à l'agresseur ? Pour le biographe du Téméraire, la réponse semble certaine. Au moins aurait-il pu ne pas totalement effacer cette Jeanne-là, partir de sa légende, revivifiée au XXe siècle, quand, en 1920, Jeanne d'Arc est canonisée. Pour la gauche anticléricale, Jeanne Hachette devient alors le pendant laïque de la Pucelle. »Liens internes
Notes et références
- Nicolas-Jules-Henri Gourdon de Genouillac, Les françaises à toutes les époques de notre histoire, A. Hennuyer, 1909, 466 pages, p. 82.
- Gabrielle Claerr-Stamm, Pierre de Hagenbachle : le destin tragique d'un chevalier sundgauvien au service de Charles le Téméraire, Altkirch, Société d'histoire du Sundgau, 2004, 242 pages, p. 113.
- p. 150-151 Alfred Tranchant, Jules Ladimir, Les Femmes militaires de la France, Paris, Cournol, 1866, 464 pages,
- p. 22 Fourquet d'Hachette, « Hachette (Jeanne Fourquet, surnommée) », dans Jean-Chrétien Ferdinand Hoefer (dir.), Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, 1858, tome 23,
- Philippe Tamizey de Larroque, « De l'existence de Jeanne Hachette », dans Revue des questions historiques, Librairie de Victor Palmé, vol. 1, 1866, p. 610 [texte intégral]
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